Pdf ja 2943 plus tunisie

Page 1

Idées Réinventer l’Algérie N° 2943 • du 4 au 10 juin 2017

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT

Sénégal Pétrole : au-delà des fantasmes

jeuneafrique.com

TUNISIE ET POURTANT ELLE TOURNE…

Maroc Les leçons d’Al Hoceima

Spécial 14 pages

Le président de l’Assemblée nationale

• La découverte d’une cache d’armes au domicile de l’un de ses proches sera-t-elle l’affaire de trop ? • Le dilemme d’Alassane Ouattara • Interview exclusive : « On me fait un procès en sorcellerie » ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1 900 F CFA • ISSN 1950-1285




COMMUNIQUÉ

Il vise à une efficacité opérationnelle, une orientation clients ciblée, un pilotage plus stratégique et proactif, une maîtrise optimale des risques avec une valorisation du capital humain avec une évolution des métiers. Avec la participation de l’État tunisien à hauteur de 23,4 % et d’organismes publics pour 26,74 % de son capital, la BNA et son réseau de 174 agences affichent un résultat net de 140 MDT soit 20,7 % de mieux que le prévisionnel.

L’ANNÉE DES PERFORMANCES

A

vec pour valeurs, l’éthique, l’efficience centrées sur son cœur de métier et ses équipes, la Banque Nationale Agricole

(BNA) se positionne comme banque citoyenne au service de l’économie du pays et proposant, dans la proximité, un service moderne et de qualité basé sur des valeurs d’éthique et des règles prudentielles élevées. Créée en 1959, l’établissement a d’abord une vocation agricole pour se diversifier dans les années 90 ; à cette date là, la BNA entame sa première mutation et restructuration correspondant aux exigences de modernisation de ses outils et méthodes de gestion afin de s’adapter aux différentes mutations entrainées par la libéralisation de l’économie et son ouverture sur l’extérieur. 26 ans plus tard, elle continue à être en phase avec des temps et un environnement qui change et amorce en 2016, l’an I d’un vaste plan de transformation qui ambitionne la mise en place d’une organisation moderne inspirée des meilleures pratiques.

Engagée dans l’industrie, l’agriculture et la pêche ainsi que les services, la BNA se classe comme second établissement bancaire avec des dépôts de 7 026 MDT. Ces performances sont le fruit d’une meilleure collecte des dépôts, d’un octroi des crédits efficient, de la maîtrise des risques et du renforcement de la productivité des effectifs. Des indicateurs au vert mettent le vent en poupe à la BNA qui, sur cette étape, définit sa politique de développement et de réorganisation du réseau, implémente des procédures de gouvernance, évalue ses potentialités managériales et travaille à sa nouvelle image avec la mise en place d’une politique de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la création de la fondation BNA. Banque à visage humain, elle ne néglige pas pour autant son système de sécurité et l’intégration de nouveaux systèmes notamment en e-banking et pour la gestion de son front et back office. Autant d’éléments de refonte qui permettront à la BNA de mener sa mission répartie en trois volets : la promotion et le soutien aux opérateurs économiques en mettant à leur disposition les produits et les services les plus adaptés, répondre aux attentes de sa clientèle de particuliers en lui offrant l’appui de son réseau et consolider son positionnement en tant que premier contributeur au financement de l'agriculture et de l'agro-industrie tout en gardant son statut de banque universelle.

INDICATEURS DE PERFORMANCES - RÉSULTATS 2015 À 2016 Montants en MDT

2015

2016

VARIATION %

PRÉVISION

TAUX RÉALISATION

Dépôts clientèle

6 247

7025

+ 12,46 %

6741

104,2 %

Encours des crédits nets

6 819

7 372

+ 8,10 %

6 816

108,2 %

Chiffre d'affaires

620

675

+ 8,86 %

649

103,9 %

Produit net bancaire

335

379

+ 12,98 %

364

104,1 %

Charges opératoires

190

202

+ 6,5 %

235

85,8 %

Résultat brut d’exploitation

26

154

+ 485,13 %

114

135,4 %

Résultat net de l’exercice

25

140

+ 452,16 %

116

120,7 %

Données : COMMUNICATION FINANCIÈRE BNA MAI 2017



TOURISME MÉDICAL, L’EXCELLENCE POUR OBJECTIF

CHIFFRES CLÉS

Source Banque africaine de développement (BAD) ➦ 370 000 patients en 2013 ➦ 42 000 en 2003 ➦ 1 MDT de chiffre d’affaires en 2013 Source ministère de la Santé ➦ 90 établissements de soin multidisciplinaires ➦ 7 000 lits Source ministère du Tourisme et de l’Artisanat ➦ 60 centres de thalassothérapie ➦ 150 000 curistes

Un très haut niveau de compétence du personnel médical et paramédical, dont la formation de pointe et le savoir-faire sont reconnus à l’international, des équipements de dernière génération et la qualité des établissements de soins par-

ticipent à l’essor de cette filière qui ne cesse de monter en gamme. À ces facteurs humains et à des infrastructures aux normes s’ajoute un coût largement compétitif pour des prestations identiques – une greffe de moelle osseuse est facturée environ 60 000 euros en Tunisie contre près de 640 000 en France. Qualité des prestations, tarifs compétitifs et une prise en charge globale souvent meilleure attirent des patients venus principalement d’Europe pour des spécialités chirurgicales, remboursées par leur système de sécurité sociale quand les conventions bilatérales existent. Ce développement n’est pas dû uniquement à une conjoncture économique qui incite les patients à se tourner vers d’autres destinations, il est indicateur de confiance vis-à-vis d’une médecine tunisienne qui, depuis son émergence dans les années post-indépendance, a fait ses preuves en dispensant des soins aux ressortissants de pays voisins tels que la Libye, l’Algérie et la Mauritanie en quête de prestations médicales indisponibles chez eux. Une unité culturelle et de langue, des dessertes aériennes fréquentes assurées par Tunisair, participent à compléter l’offre d’un plateau technique médical haut de gamme à des tarifs défiant toute concurrence. Proximité géographique, climat et offre de services contribuent à faire de la Tunisie la deuxième destination mondiale, après la France, en matière de thalassothérapie, d’autant que des packages permettent de combiner intervention chirurgicale et convalescence ou rééducation en centre de thalassothérapie avec un suivi de bout en bout depuis l’arrivée jusqu’au départ.

www.tourisme.gov.tn

www.discovertunisia.com

Destination balnéaire et culturelle, la Tunisie se distingue également depuis plus de 10 ans par son tourisme médical et de santé. Un secteur qui englobe les soins de base et le bien-être, la thalassothérapie et spa, le thermalisme mais aussi, et surtout, les traitements médicaux et les soins dentaires ainsi que les interventions chirurgicales et les prestations destinées aux seniors et aux personnes à mobilité réduite. Outre la chirurgie esthétique et les traitements de l’obésité pour lesquelles la Tunisie est réputée, elle satisfait de plus en plus à un large éventail de demandes sur des spécialités dont l’ophtalmologie, la pneumologie, l’allergologie et le traitement de l’infertilité. Avec des moyens techniques performants, le corps médical tunisien se distingue dans divers secteurs de la chirurgie en milieu hospitalier, notamment les greffes rénales, la greffe de la moelle, les interventions cardio-vasculaires, la chirurgie cardiaque, la chirurgie cœlioscopique, la chirurgie orthopédique, neurologique, carcinologique et la chirurgie dentaire, niche de marché qui a vocation à s’élargir.


Désormais la Tunisie valorise ce savoir faire et le fait savoir d’autant que les recettes générées relèvent de l’exportation et soulignent la capacité du pays à proposer des services diversifiés et compétitifs tout comme l’industrie pharmaceutique, autre fleuron économique pionnier en Afrique. Pour accompagner les initiatives privées, les autorités, notamment le ministère du Tourisme et de l’Artisanat et celui de la Santé conjuguent leurs efforts, avec d’autres départements, pour la mise en place de labels aux

normes, l’accréditation d’agences de voyage spécialisées et la facilitation d’obtention de visas quand ils sont exigés. Un ensemble de dispositions qui conforte l’attractivité de la destination et consolide l’essor d’un secteur porteur qui, à moyen terme, proposera des résidences médicalisées destinées aux retraités en milieu balnéaire. Une diversification du produit touristique tunisien sur un marché qui ambitionne de doubler son score à l’horizon 2020 et d’être un hub régional du tourisme médical.

RÉPARTITITON DES PATIENTS ÉTRANGERS PAR SPÉCIALITÉ

Médecine 36,3 %

Chirurgie ophatalmologique 13,9 % Réa/USIC 3,2 % Gynécologie-Obstétrique 4,7 %

Chirurgie 37 %

RÉDUIRE LES DISTANCES Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso, Afrique du Sud, Bénin, Congo… Sur tous ces territoires, et bien d’autres du continent, l’équipe d’ophtalmologues de l’ONG tunisienne Nadi El Bassar est bien connue et appréciée. Les caravanes sanitaires qu’elle organise depuis 1980 ont permis d’engager une lutte efficace contre la cécité en Afrique mais également de promouvoir la formation des spécialistes tuni-

01 Avenue Mohamed V- 1001 Tunis

siens et de nouer des liens forts entre confrères. Cette initiative humanitaire, ainsi que les nombreux praticiens qui exercent en Afrique, ont fait de la médecine tunisienne une référence dans le bassin subsaharien. Pour rapprocher les patients africains de la Tunisie, la compagnie nationale Tunisair innove et multiplie les dessertes sur l’Afrique. Aux 8 pays africains et 10 capitales du continent qui composent son réseau, Tunisair adjoint de plusieurs nouvelles dessertes via Tunis avec l’ou-

verture de la ligne Conakry (Guinée) sur une fréquence de deux vols par semaine, puis une desserte en bihebdomadaire de Cotonou (Bénin) via Abdijan qu’elle dessert déjà quotidiennement. Dès l’été 2018, Douala (Cameroun) et N’Djamena (Tchad) seront reliées à Tunis ; Libreville (Gabon) complétera le réseau en 2019. Avec 62 liaisons hebdomadaires fin 2017, Tunisair contribue à raccourcir les distances pour rapprocher les patients africains du pôle médical tunisien.

Contact : ontt@ontt.tourism.tn

DIFCOM / PHOTOS/ COPYRIGHT MCM TUNISIE.

* Étude 2013 souce BAD 2014

Chirurgie plastique et réparatrice 4,8 %



LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX Cap sur la bataille des municipales

59

INTERVIEW Ghazi Jeribi, ministre de la Justice TRIBUNE Le devoir de rêver à nouveau! ParYoussef Seddik REPORTAGE Dans les pas de l’ambassadeur de l’UE

TUNISIE

Sur le qui-vive

© C. FOHLEN/DIVERGENCE

Citoyens, milieux d’affaires, communauté internationale… L’inquiétude demeure palpable et les défis sont nombreux. Pourtant, lentement mais sûrement, le pays avance.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017



Le Plus de Jeune Afrique

61

Prélude Frida Dahmani

Retrouver la foi

JEUNE AFRIQUE

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

ENJEUX Cap sur la bataille des municipales INTERVIEW Ghazi Jeribi, ministre de la Justice TRIBUNE Le devoir de rêver à nouveau, parYoussef Seddik SOCIÉTÉ CIVILE Face au pessimisme, la relève se mobilise

FINANCES Une Bourse en plein essor

p. 62

p. 66

p. 67

p. 70

p. 72

INTERVIEW ThourayaTriki, économiste en chef à la BAD p. 77

ANDREA ROTILI

I

La fracture est là. Les Tunisiens aspil suffit d’un rien. Une rumeur, une information mal présentée ou incomplète raient à un État juste et découvrent qu’il est et les Tunisiens s’inquiètent. Citoyens, gangrené. Ils ne se reconnaissent ni dans les discours identitaires que leur servent milieux d’affaires, communauté internales partis ni dans l’Assemblée qu’ils ont tionale… Dès qu’un événement inattendu pourtant élue. Ils sont mis en présence survient en politique ou qu’un mouvement de nouvelles calamités : la corruption, la social s’intensifie, tout le monde est en alerte. En cause : l’absence de visibilité due contrebande et le terrorisme. Comme s’il y avait eu méprise quelque part. Comme au déficit de communication des autorités; une perte de confiance et le sentiment si la population ne pouvait plus agir sur d’être instrumentalisé par la politique. Le les choix de société pour tenter de mettre désenchantement qui s’est installé a été un terme aux dérives. La responsabilité des politiques est engagée, mais aussi largement analysé et commenté au fil des celle d’une société civile qui a perdu son crises qui ont secoué le pays depuis la chute de l’ancien régime en 2011. Mais, au-delà élan, éreintée par six ans de vigilance et de des faits, les Tunisiens ont la sensation mobilisation. Pourtant, la Tunisie avance, que leur destin leur échappe au point que, et son parcours, bien que chaotique depuis par une sorte d’atavisme culturel, ils se complaisent Les entreprises privées n’ont pas à évoquer le pire. Voire à le flanché, et les femmes sont devenues convoquer, comme une fatalité. Épiphénomènes montés des vigies de la démocratie. en épingle, lecture tronquée des faits, tout est bon pour nourrir une 2011, est exceptionnel. Au lendemain du fameux « vrai-faux » Printemps arabe, le sorte de catharsis permanente qui profite pays a su tirer son épingle du jeu de la de la Toile et des médias pour se déverser. Le phénomène n’est pas négligeable ; sur realpolitik qui a rebattu les cartes de la près de 11 millions de Tunisiens, 57,1 % région. Et, si la stabilité de la Tunisie est fortement liée à la résolution des conflits utilisent assidûment Facebook et se sentent pour la plupart investis d’un rôle de lanchez son voisin libyen, le pays résiste, plie mais ne rompt pas. Les entreprises ceur d’alerte, sans prendre la mesure de la privées n’ont pas flanché malgré la crise toxicité et de la désinformation engendrées par les réseaux sociaux. économique sévère, les jeunes sont un vivier d’initiatives, et les femmes, par leur mobilisation, sont devenues des vigies La révolution web 2.0, comme elle avait de la démocratie. Autant d’indicateurs été qualifiée, devient paradoxalement positifs qui devraient susciter un retour un enfermement qui déconstruit une de confiance, mais les Tunisiens, sevrés liberté d’expression en quête d’exutoire pendant près de soixante ans de leurs faute d’autres espaces. La confusion est droits, ont du mal à croire en ce qu’ils d’autant plus grande que l’émotion prime ont accompli. Leur envie est pourtant là, l’analyse. À lire tous ces augures, le pays est au bord du gouffre et sous la menace et l’espoir demeure. Le soutien populaire, très large et spontané, apporté à Youssef d’une catastrophe imminente qui finirait Chahed, le chef du gouvernement, dans par l’achever. Bien entendu, les Tunisiens espèrent éviter une telle issue, mais, mainsa campagne contre la corruption lancée tenus dans le doute sur les intentions du le 22 mai, montre combien les Tunisiens pouvoir, ils se prémunissent contre le attendent seulement un signe d’encouragement de leurs responsables politiques pire, à défaut de pouvoir influer sur les pour retrouver foi en eux-mêmes. choix politiques.

CULTURE Movida à la sauce tunisienne

p. 80

DANS L’AIR DU TEMPS Be in, « Be Tounsi » p. 83


Le Plus de Jeune Afrique

Cap

ENJEUX

ANADOLU AGENCY

ONS ABID POUR JA

ONS ABID POUR JA

62

Les premières locales de l’aprèsrévolution se tiendront le 17 décembre, sept ans tout juste après l’immolation de Mohamed Bouazizi. Même si ni les formations politiques ni les institutions chargées de l’encadrer ne sont tout à fait prêtes, le scrutin est très attendu.

sur la bataille des N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

JEUNE AFRIQUE


63

SAMY GHORBAL,

CITIZENSIDE

E

Les leaders des partis mobilisent leurs troupes (de g. à dr.): Rached Ghannouchi (Ennahdha), Hafedh Caïd Essebsi (Nidaa Tounes), Yassine Brahim (Afek Tounes) et Mehdi Jomâa (Al Badil Ettounsi).

envoyé spécial

nfin ! Après plus de deux ans qui devait organiser le scrutin et garantir son bon déroulement. de tergiversations, la tenue des Le principal défi à relever pour les partis élections municipales, les premières de l’ère démocratique, sera leur capacité à se déployer. Ils devront présenter au total 7 000 candidats s’ils soua été fixée. Le scrutin se déroulera le 17 décembre prochain, haitent être présents partout. Un objectif hors d’atteinte pour la plupart des formations, date qui coïncide avec le septième anniverà l’exception des islamistes d’Ennahdha et, saire de l’immolation de Mohamed Bouazizi, héros maudit d’une révolution qui a apporté peut-être, de Nidaa Tounes, leur adversaire son lot d’espoir… et de désenchantements. partenaire de coalition gouvernementale. Depuis 2011, les 350 municipalités sont Ennahdha est une machine politique qui géréespardesimplesdélégationsprovisoires, dispose d’une armée de militants disciplinés, nommées, qui se chargent d’expédier les implantée sur l’ensemble du territoire. Ses affaires courantes, et la crise du pouvoir comités locaux sont à pied d’œuvre depuis local est devenue insupportable pour les plusieurs mois. Nidaa, en revanche, n’a touTunisiens, qui ont vu les constructions anarjourspasréussiàs’organiserdepuissadouble chiques proliférer et les ordures s’entasser victoire aux législatives et à la présidentielle de 2014. La formation, créée en 2012 par sur les trottoirs. C’est l’un de leurs principaux sujets d’exaspération. Béji Caïd Essebsi (BCE), reste engluée dans une crise interminable au niveau de ses Pour les formations politiques, qui vont instances dirigeantes. Les militants qui ne devoir mobiliser les électeurs, comme pour s’en sont pas détournés se sentent désemles autorités, garantes du bon déroulement du processus, la bataille électorale qui s’annonce ne sera pas une Les municipalités sont gérées par partie de plaisir (lire encadré). des délégations provisoires, qui « La logistique d’un tel scrutin est très lourde. Le code des colexpédient les affaires courantes. lectivités locales date de 1975, le nouveau n’a toujours pas été adopté… parés et abandonnés. Un temps, les obserComment former les candidats si on ne vateurs ont même spéculé sur l’éventualité connaît pas à l’avance l’étendue de leurs de listes communes avec… Ennahdha! Une prérogatives ? » s’alarme Larbi Chouikha, hypothèse rejetée catégoriquement par son dirigeant, Hafedh Caïd Essebsi, fin janvier. politologue et ancien membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections « Nidaa ne fera pas de coalition, mais compte rassembler et s’appuyer sur les notabilités (Isie). Et de poursuivre: « Le plus inquiétant, locales en leur accordant des investitures à mon sens, c’est que les conditions d’une campagne normale ne sont pas réunies dans l’espoir de limiter les dégâts », décrypte un cadre du mouvement qui s’est mis en aujourd’hui. Plusieurs régions, à Tataouine, à Kairouan, au Kef, à Kasserine sont en congé des instances nationales. ébullition, et l’on imagine mal des candidats PREMIERS PAS. L’équation sera encore plus sillonner les municipalités dans ce contexte. Il faut espérer une accalmie d’ici à la rendélicate pour les formations de moindre trée, sinon les choses risquent d’être très taille, qui devront choisir la stratégie la plus compliquées. » Ces mouvements sociaux judicieuse pour compenser leur manque de étaient, pour la plupart, pacifiques, mais moyens humains et financiers. Les premiers le Sud a connu des épisodes de tension pas d’Al Badil Ettounsi (L’Alternative tuniextrême les 21 et 22 mai. Autre incertitude : sienne), le dernier-né de la scène politique, la pagaille qui règne au sein de l’Isie, dont fondé par l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa, seront scrutés à la loupe. le président, Chafik Sarsar, vient de démis« Nous n’irons pas aux élections pour faire sionner (lire JA n° 2940, du 14 au 20 mai, de la figuration, mais parce que nous voupp. 12-14). Or c’était lui, théoriquement, lons proposer une alternative pour changer le quotidien de nos concitoyens, explique Mohamed Nahali, l’un des lieutenants de Jomâa. Pas question cependant de disperser nos forces. Nous travaillons à identifier les municipalités où nous pensons avoir des chances de gagner et des solutions pour agir.

municipales JEUNE AFRIQUE

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017


64

Le Plus de JA Tunisie Nous ne ferons alliance localement que si nous estimons n’être pas assez forts pour gagner seuls. Ce qui importe d’abord, c’est le programme. Il faut que nous tombions d’accord sur une vision, un plan d’action, des solutions concrètes et efficaces. Nous pourrons nous allier avec des partis déjà existants, si cette convergence se vérifie au niveau local. Mais nous privilégierons les alliances avec les indépendants et la société civile. Le pays regorge de talents. Nous voulons aider à faire émerger les leaders de demain, au niveau local et régional, c’est notre philosophie, notre différence aussi, car nous ne sommes pas un parti traditionnel. » GÉOMÉTRIE VARIABLE. La stratégie est légèrement

différente du côté d’Afek Tounes. Renforcée par la tenue de son congrès, la formation de Yassine Brahim revendique désormais 14000 adhérents et aborde les municipales avec ambition et méthode. « Pour nous, c’est le scrutin le plus important, estime Zeineb Turki, l’une des figures montantes du parti. Nous espérons prendre la tête de deux ou trois grandes municipalités, remporter une dizaine de villes moyennes et, au total, faire élire 600 à 700 conseillers municipaux. Le mouvement est déjà implanté dans la moitié de 350 circonscriptions municipales. Nous allons cependant identifier les zones les plus propices avant de jeter nos forces dans la bataille. » Les sociaux-libéraux d’Afek n’ont pas encore arrêté de doctrine au sujet d’éventuelles coalitions, mais ils rejettent par avance l’idée d’alliances à géométrie variable, qui ne feraient qu’accroître la confusion et brouiller le message du parti. En revanche, ils se montrent beaucoup plus ouverts à l’idée de listes communes avec la société civile et des personnalités indépendantes.

Non-inscrits et abstentionnistes En 2014, sur 8 millions de citoyens majeurs, seulement 5,3 millions étaient inscrits sur les listes électorales, dont 31,64 % ne sont pas allés voter aux législatives d’octobre et 39,9 % se sont abstenus pour la présidentielle de décembre

Le vainqueur du scrutin est déjà connu : ce sera l’abstention… Tous les ingrédients paraissent malheureusement réunis: à la crise de la représentation et à la déception des Tunisiens vis-à-vis de leur classe politique s’ajoute le discrédit qui frappe les partis auprès de certaines catégories de la population, en particulier les jeunes. « On peut parler de divorce, j’observe cette tendance chez mes étudiants, constate Larbi Chouikha. C’est un refus du politique, qui suscite au mieux le désintérêt et les sarcasmes, et, au pire, le rejet. Les jeunes privilégient d’autres formes d’engagement: la sphère associative. Ou la religion. » Lesmunicipalesvont-elleschamboulerlepaysage politique tunisien? Faut-il s’attendre à une victoire sans appel d’Ennahdha ? Augurent-elles un vote sanction contre Nidaa Tounes ? Les partis protestataires, à l’instar d’Attayar (Le Courant démocratique), la formation de Mohamed et Samia Abbou, qui ont fait de la dénonciation de la corruption leur cheval de bataille, vont-ils enregistrer une percée? À ce stade, tout pronostic serait prématuré. Les islamistes font objectivement figure de favoris, car leurs luttes intestines ne débordent pas des cénacles de leur parti. Cependant, les sondages régulièrement publiés indiquent tous, pour l’instant, une certaine résilience de Nidaa Tounes. Un phénomène que les analystes expliquent par la notoriété du mouvement et par la popularité de BCE, son fondateur. Deux éléments qui suffisent pour l’instant à atténuer l’amertume des électeurs du camp moderniste. « Aujourd’hui, on ne sent pas monter l’idée d’un vote sanction, confirme Zeineb Turki. L’enjeu réside plutôt dans la gouvernance locale. Mais, prudence, la campagne n’a pas encore véritablement commencé… »

LOCALES ENCORE BANCALES ?

L

e scrutin du 17 décembre concernera les 350 municipalités du pays. La Constitution du 27 janvier 2014, dans ses articles 131 à 142 consacrés au pouvoir local, leur attribue des « compétences propres » et les dote de l’autonomie administrative et financière. L’étendue des pouvoirs des exécutifs locaux n’est cependant pas précisée : c’est à la loi de le faire. Problème : le code des collectivités locales n’a toujours pas été débattu – et a encore moins été adopté – par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Un retard inhérent aux dysfonctionnements du régime parlementaire tunisien, mais qui devrait être rapidement corrigé. Des sources gouvernementales laissent N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

entendre que le texte devrait bientôt passer en Conseil des ministres. Les grandes lignes d’un consensus auraient été dégagées entre Ennahdha et NidaaTounes, les deux principaux partis du pays par leur poids. Le mode de scrutin sera inchangé par rapport aux législatives de 2014 : il se déroulera en un tour, à la proportionnelle au plus fort reste, à l’échelle de chaque municipalité. La nouveauté tient à la composition du corps électoral.Tous lesTunisiens résidents en âge de voter seront concernés, y compris les membres des forces de sécurité. Ce point a fait l’objet des discussions les plus âpres au Parlement. LesTunisiens de la diaspora (plus de 1 million d’inscrits) seront en revanche exclus

de la consultation, car ils ne sont pas rattachés à une municipalité. L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) doit lancer une campagne de sensibilisation en juin afin de mobiliser une dernière fois les non-inscrits et de rafraîchir la liste électorale. Mais la torpeur estivale et le désenchantement citoyen risquent d’en démotiver plus d’un. À l’issue du scrutin, les recours et les éventuelles contestations des résultats devront en théorie être adressés à la Cour constitutionnelle, seule compétente. Mais ses membres n’ont toujours pas été désignés, en raison du retard pris dans l’installation du Conseil supérieur de la magistrature (lire p. 66). SAMY GHORBAL JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

TEMPS FORT POUR LA BANQUE DE L’HABITAT (BH)

B

anque universelle depuis 1992, la Banque de l’Habitat est aujourd’hui un groupe intégré autour des métiers de la finance, composé par la banque et des filiales spécialisées dont les Assurances Salim, Modern Leasing, BH Invest Intermédiaire en Bourse, Sovipel, spécialiste en promotion immobilière, ainsi qu’une société de recouvrement et une société de gestion de portefeuille. Institution financière clé en Tunisie, la BH est le fruit du partenariat public/privé et a étendu ses financements, outre ceux destinés au secteur immobilier, à l’ensemble des secteurs économiques. Elle se distingue en étant l’une des banques les plus actives dans le financement du commerce international en Tunisie. Favorisée par une stratégie axée sur une politique de diversification avec une intervention plus accrue dans les secteurs à forte valeur ajoutée, conjuguée au renforcement des synergies entre les filiales du groupe et soutenue par une consolidation de ses compétences humaines, l’activité de la Banque s’est soldée par un Produit Net Bancaire (PNB) de 307,5 MD, traduisant une progression annuelle de 15,4 %, et un Résultat Brut d’Exploitation (RBE) de 192,5 MD, en amélioration de 17,3 %. La BH, banque publique tunisienne, entame

une nouvelle étape et mise sur l’extension de son réseau avec pour objectif d’atteindre 150 agences fin 2018. Elle doit également ses indicateurs positifs à la mise en place d’un plan de restructuration 2015-2019, axé prioritairement autour de la gouvernance, l’organisation, la gestion des risques, la stratégie commerciale, les ressources humaines et le système d’information. Ces résultats lui ont valu d’obtenir en 2016, une ligne de crédit de 60 millions d’euros octroyée par la Banque africaine de développement (BAD). Destinée aux PME tunisiennes, elle permettra aussi à la BH de soutenir sa croissance sur le marché tunisien et de renforcer sa présence en Afrique. Côté développement, le groupe est déterminé à consolider sa présence sur le continent africain et compte mettre à profit son expertise en assistance technique pour se positionner comme partenaire de banques dans plusieurs pays. Le groupe envisage des prises de participations pour créer de nouveaux relais de croissance et diversifier ses sources de revenus. Pour accompagner les entreprises tunisiennes sur les marchés africains, le groupe, qui est représenté au Burkina Faso et au Congo-Brazzaville, ambitionne de renforcer sa présence sur le continent en donnant la priorité aux pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

18 avenue Mohamed V- 1080 Tunis - Tél. : (+216) 71 126 413

www.bh.com.tn


Le Plus de JA Tunisie INTERVIEW

Ghazi Jeribi « Les magistrats ont des droits, ils ont aussi des devoirs »

improductives, le gouvernement – sans ingérence ni dans l’institution judiciaire ni dans le CSM – a proposé d’attribuer cette prérogative au président de l’ARP [Assemblée des représentants du peuple] pour combler la vacance. Au vu des divisions,leprojetdeloiadoptémetégalement en place le mécanisme des réunions du CSM pour éviter tout blocage.

Institutions bloquées, lois obsolètes, juges corrompus… Et si tous ces travers étaient bientôt du passé ? Le ministre de la Justice dévoile quelques mesures de la refonte, très attendue, du système judiciaire. Dans son bureau, à Tunis.

Y aura-t-il une nouvelle carte judiciaire?

ONS ABID POUR JA

66

M

agistrat, et untemps avocat, Ghazi Jeribi, 61 ans, traite ses dossiers avec minutie et pragmatisme. Il a identifié les leviers indispensables à la refonte de l’institution judiciaire pour que celle-ci puisse œuvrer en toute indépendance, en conformité avec la nouvelle Constitution. L’ancien champion de basket (il fut international dans l’équipe nationale de 1975 à 1985) sait qu’il faudra du souffle, de l’endurance et des accélérations pour venir à bout de cette tâche titanesque, qui repose aussi, dit-il, sur un travail collectif entre ses équipes, les députés et la société civile. JEUNE AFRIQUE : Où en est la réforme ? GHAZI JERIBI : La justice, en tant que

système qui a la confiance de ses usagers, estunepierreangulairedudéveloppement. Plusieurs commissions travaillent à revoir les textes, mais le diagnostic révèle déjà une chaîne pénale trop longue, avec une moyennedehuitanspourletraitementdes affaires… Ce qui est contraire au principe d’un procès équitable. Sont en cause le rôle limité du parquet, l’encombrementauniveaudel’instruction, sans compter les procédures complexes N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

pour ce qui est de la corruption et du terrorisme. On prévoit donc d’allouer plus de moyensauparquet,deréduirelesmaillons de la chaîne et d’« outiller » les magistrats, notamment par de la formation.

Rapprocher la justice des citoyens permet d’accélérer les délais et de la rendre moins coûteuse. Douze chambres régionales du tribunal administratif seront donc installées dans chaque circonscription où opère une cour d’appel. Elles seront l’embryon et le noyau des tribunaux de première instance, qu’il faudra installer dans le cadre de la décentralisation. Et comment lutter contre la corruption au sein de l’institution ?

L’indépendance et l’efficacité de la justice sont liées à ses moyens. Nous recrutons donc des magistrats supplémentaires, notamment pour le tribunal administratif et la Cour des comptes, ainsi que du personnel pour renforcer le pôle de lutte La mise en place du Conseil supérieur contre le terrorisme et le pôle financier de la magistrature (CSM) était bloquée pour la lutte contre la corruption. depuis plus d’un an. Comment Avec le soutien de l’Union euroavez-vous débrouillé cette péenne, nous préparons un Président situation ? système d’accès à l’informadu tribunal Parachever le protion qui sera opérationnel administratif de 2007 à cessus de la transition dans moins de six mois 2011, le magistrat a dirigé et se conformer à la et servira à lutter contre le Haut Comité du contrôle Constitution, c’est-àla corruption en limiadministratif et financier au début de la transition. Il a aussi tant les interventions dire garantir l’équilibre été chargé du portefeuille intermédiaires. entre les pouvoirs et les de la Défense dans le droits et libertés, supUn dispositif de formagouvernement Jomâa posent la mise en place tion des magistrats, pour les (2014-2015) faire gagner en compétence et d’institutions constitutionnelles pérennes, dont le CSM les sensibiliser à l’indépendance, complétera l’ensemble et, loin de tout et la Cour constitutionnelle. C’est un vide juridique qui a créé le corporatisme, l’inspection générale jouera blocage : selon la loi, seul le président également son rôle de contrôle. Enfin, un de l’instance provisoire pouvait convocode de déontologie inscrira l’éthique quer la première réunion du CSM, or du métier. Il ne suffit pas de revendiquer celui-ci est parti à la retraite. La solution des droits, le magistrat doit aussi mettre en avant ses devoirs. Et les accomplir. aurait dû émaner du corps des magistrats, mais, après quatre mois de médiations Propos recueillis à Tunis par FRIDA DAHMANI JEUNE AFRIQUE


Sur le qui-vive

TRIBUNE

Sécularisation : le devoir de rêver à nouveau ! YOUSSEF SEDDIK Philosophe, anthropologue et islamologue

E

n l’an 1956, à peine sorti du long sommeil – toutefois bien agité – de la colonisation, mon pays donnait à la génération de l’ado que j’étais un formidable rêve. Et un rêve éveillé, cette fois ! Nous nous y sommes engagés, mes camarades et moi, dès nos premiers pas dans le prestigieux collège Sadiki, parfaitement plurilingue. Nous y fréquentions en effet Chabbi et Gibran, Diderot et Hugo, Poe et Wordsworth, Goethe et Schiller, mais aussi, et dans leur antique langue, Xénophon et Homère, Apulée et Sénèque. Nos profs, enfin souverains chez eux, nous apprenaient à le devenir, en gravant sur nos visages et dans nos têtes ensoleillées une patrie neuve et ouverte à tous les bons vents. Pourtant, c’est seulement ces dernières années, depuis 2011, que j’ai mesuré l’ampleur de la grande illusion et de l’amer savoir que nos élites intellectuelles ont cru insuffler pendant près d’un siècle pour servir de rempart contre l’assaut des ignorances, chaque fois plus monstrueuses et plus mortifères. Comme dans Le Désert desTartares, de l’Italien Dino Buzzati, nos regards de vigiles se sont épuisés à scruter un horizon désespérément vide, quand l’ennemi était parmi nous et en nous, diffus et partout, rongeur de nos énergies à combattre le moment venu.

Derniers ouvrages parus

Le Coran. Autre lecture, autre traduction, éd. de l'Aube, 2016, 256 pages

JEUNE AFRIQUE

Ce que le Coran doit à la Bible. Un dialogue contemporain sur l’islam et le judaïsme, avec Isy Morgensztern, éd. La Découverte, 2016, 240 pages

Tunisie, la révolution inachevée. Entretiens avec Gilles Vanderpooten, éd. de l’Aube, 2014, coll. « Conversation pour l’avenir », 204 pages

Unissons-nous ! Des révolutions arabes aux indignés. Entretiens avec Gilles Vanderpooten, éd. de l’Aube, 2011, coll. « Conversation pour l’avenir », 118 pages

Dès ce jour où Rached Ghannouchi, gourou tunisien de l’islam « politicien » a atterri à l’aéroport de Tunis-Carthage, après vingt ans d’exil volontaire, accueilli par le même hymne qui, jadis, a célébré l’entrée du prophète Mohammed à Médine en 622 (l’an I de l’hégire), nous avons tous souri à l’inanité de cette mise en scène d’un mimétisme caricatural. De même, lors du triomphe en 2012 de ce parti, Ennahdha, aux élections de l’Assemblée nationale constituante (ANC), son secrétaire général, devenu chef de l’exécutif, a accentué le trait et le ton de ce que nous avions pris pour un excès d’emphase. Dans son premier meeting, à Sousse, il a en effet évoqué « un instant divin, lahdha rabbanyya ! », c’est-à-dire « annonciateur du Ve califat ! » Cinq ans après ces deux séquences « inaugurales » que la gent politique et intellectuelle dite « progressiste » a prises pour de la vaine rhétorique, nous constatons, partout, l’enracinement d’Ennahdha et de l’islam politique le plus têtu et le plus radical, des rouages de l’État au plus intime des comportements sociaux. Le chemin vers la sécularisation du vécu citoyen et de l’espace civil, que les réformes engagées et imposées par la seule stature autoritaire de Bourguiba avaient ouvert, alors qu’il nous semblait être une vaste autoroute, paraît aujourd’hui obstrué. Il semble désormais loin, très loin de nos rues, de nos écoles, de nos lycées, de nos universités, de nos médias, ces textes vivifiants pour les esprits avides de liberté qui faisaient débattre jeunes et moins jeunes sur l’avenir de la culture humaniste et seulement humaine. Ceux de l’ÉgyptienTaha Hussein ou de son contemporain tunisien Tahar Haddad. Ceux qui, comme tant d’autres dans Le Grand l’univers islamique, nous ont Malentendu. fait rêver à un monde et à des L’Occident face sociétés où l’humain, seul, au Coran, gère ses « affaires » ici-bas, éd. de l’Aube, 2010, coll. abandonnant les « affaires du « Monde Ciel » à « Celui-là qui y règne en cours », sans partage » et, surtout – du 171 pages, moins pour l’islam sainement rééd. 2016, coll. compris et pratiqué –, sans « Aube poche essais » « conseillers » autoproclamés. N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

67


Tunis : +216 71 79 66 79 Abidjan : +225 49 80 87 48 Casablanca : +212 05 29 01 37 00

Kinshasa : +243 824 34 15 72 YaoundĂŠ : +237 696 72 20 63


▲ Entretien avec Slah Ben Turkia, Président-Directeur Général du Groupe Université Centrale

L’Université Centrale L est e un des fleurons de l’enseignement supél rieur privé en Tunisie, r comment s’est effecc tué t son déploiement ? 1993 a signé le démar1 rrage du groupe Univversité Centrale, qui ss’est poursuivi en 2001 avec l’université cena trale, puis l’académie t d’art de Carthage AAC d en e 2008. Aujourd’hui, le groupe compte sept institutions d’ens seignement post-secondaire dans des domaines et des spécialités aussi variés que la santé, le droit et la gestion, les langues et les métiers de l’audiovisuel, l’ingénierie, les technologies de la télécommunication, les arts, la formation professionnelle et la formation exécutive. Avec 7 000 étudiants originaires de 20 pays, quelques 2 000 diplômés par an, 1 000 enseignants et experts, le groupe Université Centrale fait la différence par une culture centrée sur l’étudiant, ses besoins, son potentiel et son avenir professionnel. Quelles sont les spécificités du groupe ? Son unicité est en lien avec sa vocation et son engagement à révéler le potentiel de chaque étudiant. Convaincu que chaque jeune, chaque étudiant a un potentiel énorme qui attend d’être découvert puis sculpté et révélé, nous avons mis en place un accompagnement rapproché et une pédagogie innovante appuyée sur les « soft skills », dont les langues étrangères, la maîtrise de l’outil informatique, la prise de parole en public, la résolution de problèmes, le design thinking... qui renforcent les savoirs et les enseignements théoriques dispensés. Pour consolider un environnement estudiantin adéquat aussi riche que varié, une unité « student life » accompagne les activités parascolaires de nos étudiants ; une formule qui marche puisqu’ils l’appellent « la direction du bonheur ». Clubs, événements estudiantins, sports, musique, cinéma sont une ouverture sur le monde et sur les opportunités qu’il offre. Nos étudiants ont été au festival

de Cannes, sont champions nationaux de volley-ball et ont participé cette année à plus de 200 événements estudiantins. Cela contribue à faire la force de nos formations. Quelles sont les orientations futures de l’université avec le développement de nouveaux modes d’enseignement et de formation ? Depuis deux ans, nos offres ont été repensées autour de quatre axes : renforcer l’excellence académique et l’ouverture à l’international, une student life riche et un engagement sans faille à la réussite professionnelle de nos diplômés. Des programmes co-construits avec des employeurs mettent en adéquation les programmes de l’Université Centrale et les besoins du marché de l’emploi. Avec de nouveaux laboratoires de simulation en santé et en droit, la simulation de cas est devenue l’un de nos outils pédagogiques principaux. Le programme d’Executive MBA destiné aux cadres moyens et supérieurs permet de leur assurer une évolution professionnelle dans des conditions optimales. À la rentrée 2017, une nouvelle école des nouvelles technologies de l’information et des télécommunications confirmera la position du groupe en matière d’enseignement de pointe. Dans combien de pays du continent êtesvous présents ? Comment vous faitesvous connaître ? Avec l’ouverture de notre capital au fonds d’investissement anglais Actis en 2014, l’Université Centrale a adhéré à la plateforme d’éducation panafricaine EMKH, présente en Tunisie via nos institutions mais aussi au Maroc avec l’université Mundiapolis. D’autres partenariats au Maroc et en Afrique du Sud seront incessamment annoncés. Notre stratégie de déploiement sur le continent s’appuie sur l’adhésion d’institutions existantes bien implantées dans leur pays et leur environnement. Cette approche permet la mise en place d’une culture africaine et internationale d’autant plus rapide mais aussi plus efficace puisque ces partenaires nationaux nous permettent une meilleure compréhension de l’écosystème local. l

www.universitecentrale.net


Le Plus de JA Tunisie SOCIÉTÉ CIVILE

Face au pessimisme, la relève se mobilise La politique, l’économie, la société… Rien ne va ? Pourtant, un réel changement est en cours. De nouvelles têtes émergent, qui avancent avec d’autres références et ont une vision moderne du pays.

U

ne conjoncture socio-économique peu réjouissante, une instabilité politique récurrente et des divisions identitaires ont laminé la belle euphorie qui s’était emparée des Tunisiens à la chute de l’ancien régime, en 2011. À entendre les uns et les autres, dans le pays, rien ne va. Ce n’est ni tout à fait faux ni tout à fait vrai. Pourtant, derrière une Tunisie qui fait grise mine, il en est une autre qui émerge. Positive et déterminée, elle pose les jalons d’un réel changement, même si elle bute encore contre un système sclérosé par des décennies de mauvaises pratiques.

Patrons, artistes, juristes, intellectuels, associatifs… Dès qu’ils ont les coudées franches, ils passent à l’action. Durant la conférence Tunisia 2020, les promesses d’investissement recueillies par la Tunisie comme signe de confiance ont focalisé toutes les attentions. C’était l’objectif. Mais bien peu ont relevé que, à la faveur de cette manifestation, une nouvelle classe d’entrepreneurs et de dirigeants était apparue, avait pris la parole et joué un rôle majeur pour convaincre les partenaires. Fini les entreprises familiales gérées sur le mode patriarcal. Les héritiers ont certes repris le flambeau mais ils ont

insufflé, pour être dans la compétitivité, un nouveau mode de gouvernance et ont rajeuni les rangs des cadres sans pour autant nier l’apport des anciens. « Une nouvelle génération est là et elle a contribué à maintenir le secteur privé la tête hors de l’eau », précise Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), la patronne des patrons. BÂTON DE PÈLERIN. En effet, depuis 2011, le pays reste pris dans la tourmente de la crise économique. Mais force est de reconnaître que les entreprises privées, même si elles souffrent, continuent d’être le fer de lance de l’économie. D’autant que le secteur public est à la peine pour équilibrersescomptes,fautederessources. Un marché restreint, une fermeture de la

Ghazi Mrabet 40 ans, avocat Il est sans nul doute l’avocat préféré des jeunes Tunisiens pour avoir fait de l’abrogation de la loi 52, qui pénalise lourdement les consommateurs de stupéfiants, son cheval de bataille. Avec quelques militants, le jeune ténor du barreau a lancé une initiative citoyenne et indépendante, #AlSajin52, pour sensibiliser l’opinion et les décideurs. Après trois ans d’activisme, Ghazi Mrabet a largement contribué à l’adoption, en avril 2017, d’un amendement qui donne désormais aux juges la possibilité de tenir compte de circonstances atténuantes. « La société civile a fini par gagner cette première bataille. Le combat continuera », précise ce passionné de football, bien F.D. déterminé à faire bouger les lignes.

ONS ABID POUR JA

Moez Bouraoui 49 ans, fondateur de l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (Atide) En 2011, ce professeur d’urbanisme et d’aménagement du territoire a lâché une carrière entre Paris et Beyrouth pour revenir enTunisie et se consacrer à la transition démocratique, par « devoir de “redevabilité” envers un pays qu’[il] aime », en fondant l’Atide. Partant du principe que le droit de vote est l’un des droits fondamentaux de l’homme, il s’attache – avec des compagnons, tous bénévoles – « à protéger les urnes » et à imposer l’Atide F.D. comme force de proposition et contre-pouvoir. N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

ONS ABID

70

JEUNE AFRIQUE


Sur le qui-vive Libye et un dinar qui se dévalue n’ont pas empêché les entreprises d’innover, d’aller chercher des contrats et des partenariats à l’extérieur. La Tunisie mise sur ses classiques, le secteur privé opère une montée de gamme, entre autres dans l’agriculture. Les fruits et légumes, conditionnés pour la plupart, sont expédiés vers l’Europe, mais également vers le Moyen-Orient ; l’huile d’olive, qui rafle les meilleurs prix internationaux, a trouvé ses marques au Japon et aux États-Unis. « Son exportation a sauvé la balance commerciale en 2015 », rappelle d’ailleurs le ministre de l’Agriculture, Samir Taïeb. Les privés prennent aussi leur bâton de pèlerin. Bassem Loukil, patron du groupe Loukil(fondéparsonpère),sefaitsherpa,à travers le Tunisia-Africa Business Council, qui, depuis 2016, accompagne les entreprises tunisiennes dans leur prospection des marchés africains. Petites mais non moins ambitieuses, nombre de start-up

évoluent sans autre contrainte que celle de l’innovation, et beaucoup parmi elles s’illustrent par leur réussite et remportent le jackpot, comme BeThree, spécialisée dans le domaine biomédical, qui évolue désormais à l’international, en particulier aux États-Unis (voir JA n° 2913, du 6 au 12 novembre 2016, p. 88). C’est aussi le cas d’Ismaïl Ben Sassi, 25 ans, fondateur d’ilboursa.com, le premier site boursier du

le circuit officiel cherche ses marques, les privés prennent l’initiative et comptent d’abord sur les Tunisiens eux-mêmes pour relancer le secteur. « Le premier donneur d’ordre est le client local », assure la propriétaire d’une maison d’hôtes, un mode d’hébergement qui a le vent en poupe. Mais l’exemple le plus marquant est la vivacité de la société civile, qui compte plus de 19000 associations. Certes, beaucoup sont inopérantes, mais certaines, inscrites comme Nombre de PME et de start-up vigies de la démocratie – réussissent, sans autre contrainte comme Al Bawsala, l’observatoire de l’Assemblée que celle de l’innovation. ou le Forum tunisien pour pays (lire pp. 72-73), ou encore de Tahar les droits économiques et sociaux – sont Remadi et de son application Manuskrit, devenues des acteurs incontournables une librairie en ligne innovante. du processus de transition, aux côtés de « Libres de tout faire », claironnait un structuresplusanciennes,tellesquel’Assorécent slogan de l’Office national du touciationtunisiennedesfemmesdémocrates (ATFD) et la Ligue tunisienne des droits risme tunisien (ONTT). Y compris dans ce de l’homme. domaine, les Tunisiens n’ont pas attendu FRIDA DAHMANI, à Tunis ce précepte pour lancer des projets. Quand

Badreddine Ouali 50 ans, PDG du groupe Vermeg, président du Réseau Entreprendre Tunisie et promoteur du projet Smart Tunisia

JACQUES TORREGANO POUR JA

Emblématique d’une nouvelle génération aux manettes du secteur privé, Badreddine Ouali vit « l’optimisme comme une décision ». Une attitude positive qui réussit aux initiatives de ce PDG, qui estime que « tout le monde doit contribuer, comme il peut et comme il veut », au développement du pays. Au sein de son Réseau EntreprendreTunisie, ce patron encourage et accompagne la création d’entreprise. Avec SmartTunisia, un programme destiné aux entreprises de l’offshoring, il a permis de créer 9 000 emplois directs. Il s’est également attelé à la promotion des compétences en matière d’économie numérique via la FondationTunisie pour le F.D. développement, créée en 2016.

Leïla Toubel

52 ans, comédienne et dramaturge

JEUNE AFRIQUE

colère ». Ses prises de position sans concession et sa détermination à s’opposer publiquement aussi bien à l’obscurantisme qu’à certaines pratiques du pouvoir ont fait d’elle une égérie et un exemple de courage. F.D.

DR

Seule sur scène dans ses dernières créations – Solwen, en 2015, et Hourya, en 2017 –, Leïla Toubel est une voix libre, qui dénonce les dérives et confirme qu’elle ne peut « dissocier l’artiste de la citoyenne, qui a choisi d’être une indignée et de crier sa

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

71


Le Plus de JA Tunisie

72

FINANCES

Une Bourse en plein essor

L

acessionprogramméedecertaines des participations non stratégiques détenues par l’État tunisien dans les secteurs industriel et financier, dont le principe a été annoncé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, va-t-elle réveiller la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) ? « On peut l’espérer, l’opération pourrait animer un marché morose et permettre de surmonter l’attentisme des investisseurs, que les incertitudes économiques rendent frileux », estime Ismaïl Ben Sassi, le fondateur du site d’informations spécialisées ilboursa.com. « Certes, le marché principal souffre indéniablement d’un problème de liquidités, et les titres faisant l’objet de mouvements importants, à l’instar de la SFBT [Société de fabrication des boissons de Tunisie], Carthage Cement ou Euro-Cycles, se comptent sur les doigts de la main, poursuit l’analyste. Mais les “bons papiers” trouvent toujours preneur, et les vingt-trois brokers [intermédiaires en Bourse] de la place savent mobiliser les investisseurs. » À la fin de 2016, la capitalisation boursière s’élevait à 19,3 milliards de dinars (7,9 milliards d’euros), en hausse de 8,2 %

en glissement annuel. C’est évidemment bien mieux que la performance globale de l’économie tunisienne, dont la croissance a plafonné à 1,3 % en 2016. Mais ces indicateurs témoignent surtout d’un phénomène de rattrapage. Car, avec une capitalisation égale à 25 % du produit intérieur brut (PIB), la BVMT reste loin derrière les 55 % affichés par la Bourse de Casablanca, la deuxième place financière du continent derrière celle de Johannesburg. PARENTS PAUVRES. Tunis ne compte

encore que 81 sociétés cotées. Cette taille modeste du marché boursier s’explique en partie par la dimension encore très familiale du capitalisme tunisien. Par ailleurs, les grandes sociétés du pays ne sont pas encore toutes cotées, même si la tendance actuelle penche en faveur d’une multiplication des introductions en Bourse. « Les groupes industriels éprouvent des difficultés à se refinancer auprès du secteur bancaire, et les conditions en Bourse sont nettement moins onéreuses, explique Ismaïl Ben Sassi. Cette évolution ne peut qu’être bénéfique à l’économie.

ONS ABID POUR JA

Après avoir engagé une série de réformes et ouvert son marché via des partenariats stratégiques, la place tunisienne gagne en compétitivité, même si le nombre de sociétés cotées reste modeste.

Être coté impose des contraintes de transparence, d’information, de performance, et les sociétés présentes en Bourse sont globalement mieux gouvernées que les autres. » L’une des particularités de la BVMT tient au poids des valeurs bancaires et financières (assurances et sociétés de leasing), qui représentent plus de 60 % de la capitalisation ; les valeurs industrielles et, dans une moindre mesure, technologiques (télécommunications) faisant office de parents pauvres. Une distorsion qui n’est pas près de s’atténuer, si le plan de restructuration des banques publiques (privatisation de la

MOURAD BEN CHAABANE, BROKER ET BULLDOZER

L

ONS ABID POUR JA

e 19 mai, le conseil d’administration de la BVMT s’est doté d’un nouveau président : Mourad Ben Chaabane, 48 ans. Dirigeant de MAC SA, l’un des principaux intermédiaires en Bourse (70 salariés, détenu à 80 % par le groupe koweïtien Al Kharadi via sa filiale Al-Amal Investment), ce diplômé de l’Institut supérieur de gestion de Tunis est un courtier ambitieux qui se compare volontiers à un

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

« bulldozer de la finance ». Critique sur la gestion qu’il jugeait trop passive de son prédécesseur et concurrent malheureux, Khaled Zribi, Ben Chaabane souhaite « démutualiser l’institution » et faire entrer des banques dans le tour de table. Ardent défenseur du « projet de loi de réconciliation », un projet très controversé porté par la présidence de la République tunisienne, il aurait

bénéficié d’appuis politiques. Khaled Zribi, dont le bilan était pourtant unanimement salué, n’a pas démérité. En dépit d’une conjoncture délicate, il a su réinsuffler du dynamisme à la place de Tunis et a multiplié les partenariats internationaux, jalons de développements futurs. Mais cette élection, très disputée, s’apparentait pour lui à la bataille du pot de terre contre le pot S.GH. de fer. JEUNE AFRIQUE


Sur le qui-vive La capitalisation s’élevait à 7,9 milliards d’euros fin 2016, en hausse de 8,2 % par rapport à 2015.

Banque de l’habitat et, plus tard, de la STB) va à son terme. Sous la houlette de son ancien président Khaled Zribi – remplacé le 19 mai par Mourad Ben Chaabane (lire encadré) –,

la BVMT a engagé une série de réformes Les contraintes administratives et réglevisant à lui faire gagner en compétitimentaires qui pesaient sur les invesvité et en attractivité. Le projet « Tunis tisseurs étrangers, leur interdisant de place financière » a été lancé au début passer le seuil des 60 % dans le capital d’une entreprise tunisienne, ont été d’avril, et l’ouverture du marché financier national via des partenariats démantelées, ce qui devrait en théorie augmenter la part stratégiques avec Euronext (le principal opérateur de ces derniers dans la Fondée capitalisation bourde la zone euro), ainsi en 1969, la BVMT qu’avec le Nasdaq sière (qui s’élevait n’a véritablement pris son seulement à 25 % américain, devrait essor que dans les années se poursuivre. jusqu’à présent). 1990, lorsque les réformes visant Les sukuks (proL’objectif est de à moderniser les mécanismes de duits de finance la doubler d’ici à financement de l’économie ont fait islamique, com2020. sentir leurs effets. Celles-ci ont patibles avec la Un scénario optiété couronnées par la création, miste qui risque charia) peuvent en 1994, d’un Conseil du cependant d’être aussi marquer marché financier contrarié par le climat une opportunité de d’incertitude autour du développement. La finalité de toutes ces taux de change futur du dinar. Si la devise tunisienne continue sa actions est d’accroître le rôle de la Bourse dans le financement de l’éconodangereuse dégringolade, les potentiels investisseurs étrangers risquent en effet mie réelle. L’entrée en vigueur, effective de surseoir à toute décision, tant que depuis avril, du nouveau code des invesle cours de la monnaie n’aura pas été tissements, âprement négocié, peut doper les perspectives d’internationalisation. stabilisé. SAMY GHORBAL

73


Le Plus de JA Tunisie AIDE AU DÉVELOPPEMENT

Sur les pas des bailleurs Depuis 2011, les institutions internationales suivent le pays de près, jusque sur le terrain. Reportage à Sidi Bouzid, en compagnie de l’ambassadeur de l’Union européenne, Patrice Bergamini.

À

la fin de mars, sur le marché Patrice Bergamini dit être chaque fois central de Sidi Bouzid, la pré« épaté » par les gens et par leur détermisence de Patrice Bergamini, nation à s’en sortir. « Ils ont la capacité ambassadeur de l’Union de produire de vraies belles histoires. européenne (UE) en visite en Tunisie, La difficulté est de donner les moyens de générer une attitude positive, avec attirait une foule de badauds. Un étranles bons relais sur le terrain. » ger accompagné du gouverneur et des dignitaires de la région suscite forcément Il se souvient d’un vieil homme, à Sfax, la curiosité dans cette ville du centre qui avait dénoncé l’utilisation de coudes en cuivre – moins onéreux, mais plus du pays où la révolution a démarré, polluants que ceux en PVC – dans les en décembre 2010. Même si elle n’est évacuations d’eau qui venaient à peine désormais plus une étape obligée des officiels tunisiens en tournée à l’intérieur d’être installées. Et il disait vrai. « Je dois des terres. Le diplomate français Il dit être chaque fois « épaté » – natif de Marseille, il a par les gens et par leur effectué son service national au sein de l’ambassade détermination à s’en sortir. de France à Tunis en 1995 – ne semble aucunement gêné par ces démontrer aux députés européens que l’argent de l’UE investi à l’extérieur est attroupements. Au contraire, c’est l’occautile et permet de faire la différence, et sion pour lui d’entendre les populations locales. « Je ne viens pas jouer l’inspecaux partenaires publics comme privés, teur des travaux finis, explique-t-il. Je suis hommes d’affaires et ONG, que nous ne là pour voir comment je peux rectifier sommes pas là pour nourrir la corrupet améliorer l’apport de l’Union, car tion locale », résume Patrice Bergamini. les relations ne sont pas uniquement économiques et commerciales. » Une FAUSSE BONNE IDÉE. L’UE sait qu’elle a manière de s’assurer sur le terrain que des cartes à jouer dans des pays en pleine les 800 000 euros de dons octroyés à la reconstruction tels que la Tunisie et a pour ville par l’UE ont bien été employés, et cela mis en place des leviers économiques et financiers importants. Sur la durée à de bonnes fins. de son mandat, jusqu’en 2020, Patrice Le marché central de Sidi Bouzid, le plus grand du pays, est justement Bergamini dispose de 1,2 milliard d’euros de dons et de 3,2 milliards de crédits, financé par ces fonds. Ce qui n’empêche soit 4,6 milliards, qui correspondent à pas une marchande de quatre-saisons la moitié des besoins de la Tunisie sur de se plaindre d’un loyer trop cher, en vendant au passage quelques fruits à trois ans. Pour 2017, 300 millions d’euros seront ventilés, pour moitié en appuis l’ambassadeur. budgétaires et pour l’autre en appels à projets. BELLES HISTOIRES. Passage obligé par l’hôpital et par l’école, où l’UE a fourni « La Tunisie est le seul pays de la région des équipements et financé des rénosur lequel tous les pays de l’UE partagent vations. Dans les quartiers populaires une unité de vue et un même diagnostic. Nous avons une obligation de résultat, de Frayjia et d’Ouled Chalbi, restauou plutôt un impératif de non-échec rés par l’Agence de réhabilitation et de immédiat, et devons constater que l’inrénovation urbaine (Arru) et l’UE, on le vestissement est bien orienté et que l’on remercie. « Avec un environnement et une voirie remis à neuf, notre quotidien n’est pas dans la fameuse “fausse bonne est meilleur ! » se réjouit le patron d’un idée” », rappelle l’ambassadeur. Il travaille salon de coiffure. en concertation avec le gouvernement N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

DR

74

tunisien. Il écoute les voix des moins favorisés. Il entend aussi le monde des affaires. À Henchir el-Fendri, exploitation agricole tenue par le groupe Sadira, on lui expose les difficultés rencontrées à l’exportation. La Tunisie n’ayant pas ratifié, comme le Maroc, les accords agricoles avec l’Europe en 2014, la cagette de fruits est taxée de 5 euros de droits de douane supplémentaires… C’est trop pour l’exploitant, qui se voit privé de l’accès à un marché de proximité important. Les déplacements en région, les réalisations depuis 2011 et les rencontres, aussi bien avec les responsables locaux qu’avec les représentants de la société civile, ont affiné l’approche de l’UE, qui cible de manière transversale le développement des régions intérieures ainsi que la consolidation de la protection des droits des femmes et des jeunes. JEUNE AFRIQUE


Sur le qui-vive

Le diplomate européen de 47 ans a pris ses fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Tunisie en septembre 2016.

Ce sont eux que Bergamini rencontre, en cette fin de journée à Sidi Bouzid, pour des échanges hors de la présence des notables. « Les régions intérieures sont le levier qui obligera le littoral, qui

reste immobile, à faire partie du changement. Les femmes et les jeunes, eux, sont les garde-fous, les forces de rappel et les piliers de cette démocratie. Ils ont plus de convictions que d’ambitions

personnelles, et il faut mettre en lumière ces sources de lumière », conclut l’ambassadeur, sous le ciel virant au bleu nuit de Sidi Bouzid. FRIDA DAHMANI, envoyée spéciale à Sidi Bouzid

75


La Tunisie, destination privilégiée du bien-être C’est aujourd’hui, C une évidence, la u Tunisie T

est

une

destination priviléd giée du bien-être. g Avec ses stations A tthermales et ses centres c de thalass sothérapie, elle a entamé une montée des marches qui lui a permis de devenir la deuxième destination mondiale de thalassothérapie. Monsieur Rzig Oueslati, Directeur général de l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie, nous

COMMUNIQUÉ

fait le point sur le secteur de l’hydrothérapie en Tunisie. Comment se présente aujourd’hui le secteur de l’hydrothérapie en Tunisie ? Nous avons toujours appréhendé la question de l’hydrothérapie en Tunisie dans sa globalité, c’est-à-dire avec ses trois composantes : thermalisme, thalassothérapie, spas et eaux conditionnées. Bien évidemment, la spécificité de chaque produit est prise en considération. Une telle complémentarité se trouve en harmonie avec la mission de l’ONTH, dans la mesure où l’État lui a confié la responsabilité de développer le secteur. Le littoral tunisien accueille une soixantaine de centres de thalassothérapie. Dans l’arrière-pays, nous disposons aussi bien d’établissements thermaux que de sources d’eaux minérales. Enfin, dans les centres urbains, nous avons les spas. Pour la thalassothérapie, l’alliance de la technologie la plus avancée aux hautes performances des compétences professionnelles, l’adéquation d’une gestion hôtelière et médicale des plus rigoureuses aux enjeux de la qualité, à la beauté des sites, à la clémence du temps et à l’accueil, dont la réputation n’est plus à démontrer, ont fait de la thalassothérapie une activité à part entière. C’est une valeur intrinsèque de la destination Tunisie.

Et pour le thermalisme ? Quant au thermalisme, nous avons aujourd’hui une meilleure visibilité sur le secteur, ce qui nous aidera à promouvoir les méga-projets que nous avons instruits dans les moindres détails et qui n’attendent plus que la venue d’investisseurs pour en démarrer les divers chantiers. D’ailleurs lors de notre participation à la Conférence de Tunis sur l’investissement « Tunisia 2020 », ils ont été soumis à l’attention des investisseurs. Ils ont suscité l’intérêt de nombre d’entre eux. Ces projets sont la ville thermale d’El Khbayet, à Gabès, Bent Jdidi, dans le gouvernorat de Nabeul, le projet de Grand Korbous, dans le même gouvernorat, les stations thermales d’Hammam Lif, dans la banlieue sud de Tunis, et de Djebel Oust, dans le gouvernorat de Zaghouan. L’ISO vient d’adopter une nouvelle norme internationale 17680 relative à la thalassothérapie... L’organisation internationale de normalisation (ISO), premier producteur mondial de normes internationales d’application volontaire, a récompensé les efforts des experts tunisiens par l’adoption de la nouvelle norme internationale 17680 relative à la thalassothérapie. Il s’agit au fait de la première norme arabo-africaine adoptée par l’ISO. Elle servira comme un référentiel international pour la Certification des Centres de Thalassothérapie et par conséquence un outil de mise à niveau du secteur de l’hydrothérapie. Est ce que vous avez prévu des programmes de copération avec le continent africain ? Nous sommes convaincus que le continent africain représente un vrai gisement d’opportunités pour l’hydrothérapie tunisienne. Nous venons de démarrer, sous les directives du gouvernement tunisien, un plan d’action vers l’Afrique. La Chine a fait appel à nous pour installer son premier centre de thalassothérapie, à Kinda Jimo. De même la République de Cuba, tout comme nos amis algériens. Que dire donc des pays amis et frères du même continent ? Je ne laisse pas passer cette occasion sans lancer un appel aux investisseurs du continent africain à venir investir dans le thermalisme tunisien spécialement. Nous mettrons à leur disposition, outre la liste des opportunités d’investissements dans le secteur, ainsi que les avantages d’investissement, notre expertise et notre know-how en la matière. 10 rue de Médine 1002 Tunis Belvédère Tél. : (+216) 71 287 861 Tel: +216 71 844 566 - Fax: +216 71 791 868 E-mail: o.thermalisme@email.ati.tn

www.hydrotherapie.tn


Le Plus de JA Tunisie

77

INTERVIEW

Thouraya Triki

Économiste pays en chef au département Afrique du Nord de la BAD, à Tunis

« Le pays doit revoir son modèle de développement »

M

embre fondateur de la Banque africaine de développement (BAD), la Tunisie est l’un de ses principaux bénéficiaires, avec 2,9 milliards de dollars [2,6 milliards d’euros] de prêts (dont 139 millions de dollars au secteur privé) et 50 millions de dollars de dons depuis 2011. Et c’est à Tunis que l’institution vient d’installer l’un de ses bureaux régionaux. JEUNE AFRIQUE : Quelles sont les priorités de la BAD en Tunisie ? THOURAYA TRIKI : Depuis la révolu-

tion, notre priorité est d’agir aux côtés du gouvernement tunisien pour réduire les disparités régionales, lutter contre le chômage et créer un environnement des

affaires favorable à l’investissement, avec une croissance plus forte et plus inclusive. Et ce via des appuis aux réformes et aux investissements publics, notamment dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie, des infrastructures routières et de l’agriculture.

est insuffisante pour créer les emplois dont le pays a besoin et pour garantir la pérennité de son système de protection sociale. Cela suppose un réexamen du modèle de développement de la Tunisie et la mise en œuvre rapide d’un ensemble de

Nous nous efforçons de promouvoir la culture entrepreneuriale. Par exemple, en 2017, environ 610 millions de dollars devraient être alloués à ces deux derniers secteurs ainsi qu’aux technologies de l’information et de la communication. Le développement des énergies renouvelables est aussi une priorité Nous approuv priorité. approuverons par ailleurs cette année le nouvveau document de stratégie 2017-20021 du pays, avec pour piliers lee renforcement de l’industrie et e l’amélioration de la qualitté de vie dans les gouvernorrats prioritaires. Nous enccourageons aussi le renforccement de la coopération n Sud-Sud, notamment par p le biais d’une étude stratégique s sur les opportu unités d’échanges entre la T Tunisie et l’Afrique subsahaarienne. Qu’es st-ce qui entrave aujou urd’hui le développeme ent économique du pays p ?

Depuis 2012, vous soutenez le projet Souk At-Tanmia pour le développement de l’entrepreneuriat en Tunisie, quels en sont les résultats ?

Ce partenariat compte aujourd’hui 161 projets lauréats portés par 36 % de femmes, 66 % de jeunes et 50 % de chômeurs, pour un chiffre d’affaires global de 11,1 millions de dinars [4,1 millions d’euros]. Il a déjà permis de créer 1137 emplois, et des centaines d’autres devraient l’être dans les deux prochaines années. Trois éditions ont été financées par les mêmes bailleurs de fonds : le RoyaumeUni, les États-Unis et le Danemark. D’autres partenaires (entités publiques et privées, organisations de la société civile, établissements universitaires) offrent par ailleurs un soutien à la fois financier et technique à des entrepreneurs tunisiens qui contribuent concrètement, par leur dynamisme, au développement de leur pays. Ensemble, nous nous efforçons aussi de promouvoir la culture entrepreneuriale en Tunisie, où une majorité de jeunes diplômés préfèrent la sécurité de l’emploi dans la fonction publique à la création d’entreprise. Propos recueillis par REBECCA CHAOUCH

DR

Faace aux défis, force est de constater que la Tunisie T a su faire preeuve de résilience, en n particulier grâce à la l qualité de ses in nstitutions. L’un d des pr incipaux p problèmes est le r ralentissement de la croissance, qui

réformes d’envergure portant, en particulier, sur le secteur financier, les entreprises publiques et le marché du travail. Des étapes importantes ont été franchies ces deux dernières années, il faut capitaliser ces efforts et continuer à avancer.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017


Concept novateur et révolutionnaire, Senior Interim se positionne comme la passerelle entre l’expérience, l’ambition et la réussite.

C’est une alternative et une 2e chance pour toutes celles et tous ceux dont la vie commence à 50 ans. Une vitrine pour ces cadres supérieurs, cadres moyens, enseignants, ingénieurs... qui veulent partager leurs expériences en mettant à la disposition des entreprises tout le background professionnel acquis tout au long de leurs carrières respectives. Résolument tournée vers l’employabilité et la pérennité des entreprises, Senior Interim est la vitrine pour faire savoir aux entreprises le savoir-faire de nos aînés prêts à relever les nouveaux défis et surtout à apporter leurs expertises managériales et décisionnelles pour maintenir le cap de la performance.


COMMUNIQUÉ

Solidement installée en Tunisie, Senior Interim va s’internationaliser avec des implantations prochaines en Algérie, au Maroc, en Égypte, dans les pays du Golfe, en France, en Allemagne et aux États-Unis avec un bureau à New-York. Senior Interim est une plateforme transgénérationnelle, intemporelle, pluridisciplinaire et transfrontalière qui fait de la compétence, du savoir-faire, de la maturité du savoir-diriger un socle insubmersible à l’épreuve de l’âge, du temps et des frontières avec des missions dans les petites, moyennes et grandes entreprises, en Tunisie et dans tous les autres pays du monde.

Je m’abonne à l’édition DIGITALE ■ 1 an d’abonnement

1 AN

48 numéros au tarif de 79,99 €

soit plus de 55% de réduction par rapport au prix de vente unitaire en kiosques numériques

48 NUMÉROS + 3 HORSSÉRIES

Je m’abonne à l’édition PAPIER

1 an d’abonnement 48 numéros + 3 hors-séries

■ FRANCE 135€ ■ UE/MAGHREB/CFA 175€ ■ RESTE DU MONDE 215€

1 AN

soit plus de 35% de réduction par rapport au prix de vente unitaire en kiosque

48 NUMÉROS

Comment les Marocains s’imposent au sud du Sahara

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • HORS-SÉRIE

NO 46

jeuneafrique.com

LE CLASSEMENT DES

200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année •

PORTRAITS De Casa à Douala, elles sont les reines de la finance

CIMENT De Dakar à Douala, Dangote rebat les cartes REPORTAGE Dans l’antre du malien Toguna, roi des engrais

INTERVIEW Amine Bouabid « Mes ambitions pour Bank of Africa »

INVESTISSEMENT Le groupe Mabrouk cale à l’étranger, accélère en Tunisie PORTRAITS Ces DRH au cœur des stratégies de croissance africaines

HORS-SÉRIE NO 44

jeuneafrique.com

ENQUÊTE INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES, SERVICES MOBILES

Notre classement exclusif des 54 pays africains

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année

UNION AFRICAINE Les grands défis

18e ÉDITION

PALMARÈS EXCLUSIF 2017

premières entreprises africaines France 6 € • Algérie 360 DA Allemagne 8 € • Autriche 8 € Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN DOM 8 € •Éthiopie 95 Birr • Italie 8 € Maroc 45 DH • Mauritanie 1 800 MRO Norvège 75 NOK • Portugal 8 € Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT Zone CFA 3 200 F CFA ISSN 1959-1683

+33 (0)144301807 Mes coordonnées :

Dans un contexte économique difficile, le chiffre d’affaires des grandes compagnies du continent recule. Pour la troisième année consécutive.

ÉDITION GÉNÉRALE

HORS-SÉRIE NO 45

INTERNATIONAL Obama et l’Afrique, l’heure du bilan

jeuneafrique.com

ÉCONOMIE Faut-il croire au libre-échange ?

MODE Y a pas que la sape !

ZONE FRANC Le Maroc écrase la France AFRIQUE DE L’OUEST Charles Kié, un Ivoirien à Lagos

Pour les abonnements entreprises, merci de nous contacter au

INTERVIEWS Abdennour Bidar et Ngozi Okonjo-Iweala

Comment les révolutions digitales vont changer l’assurance et la banque en Afrique

Spécial

FINANCE  Banques  Capitalinvestissement

 Bourse  Assurances  Mobile banking

ÉDITION GÉNÉRALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 € • États-Unis 13 $ US • Éthiopie 95 Birr • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1800 MRO • Portugal 8 € Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1959-1683

18 E ÉDITION

ÉDITION GÉNÉRALE

L’ingéniosité a un prénom – Senior – et l’espoir a un nom : Intérim. Et c’est cette savoureuse combinaison entre l’expérience, l’ambition et le dynamisme qui va faire de Senior Interim le portail privilégié de la 2e chance pour ces Tunisiens pleins d’entrain pour servir, se rendre utiles et prodiguer leurs valeureux conseils aux entreprises.

BULLETIN à renvoyer avec votre réglement à : iABO 11, rue Gustave-Madiot - 91070 Bondoufle - France

France 7,90 € • Algérie 420 DA • Allemagne 9 € • Autriche 9 € • Belgique 9 € • Canada 13,99 $ CAN • Espagne 9 € • États-Unis 15$ US •Éthiopie 110 birrs• Guadeloupe 9€ •Guyane12 € • Italie 9 € •Maroc 50 DH • Martinique 9 € • Mauritanie 2500 MRO • Mayotte 12 € • Portugal cont. 9 € • Réunion 9 € • Royaume-Uni 8,50 £ • Suisse 15 FS • Tunisie 8 DT• Zone CFA 4800 F CFA ISSN 1959-1683

La vie commence à 50 ans ! Tel est le leitmotiv de Senior Interim qui se positionne comme alternative, comme chance et surtout comme vitrine pour ces cadres moyens, ces cadres supérieurs, ces techniciens, ces enseignants, ces ingénieurs… pour exposer leurs compétences, leur dynamisme et leur savoir-faire à des entreprises qui aspirent à la pérennité et à l’excellence dans un marché de plus en plus concurrentiel.

L’Afrique en

2017 Toutes les clés pour comprendre les (r)évolutions du continent

Avec les contributions deII

Patrice Talon, Dominique Ouattara, Donald Kaberuka, Ali Benmakhlouf, Glez, Biram Dah Abeid, Fatima Denton, Acha Leke, Yonov Fred Agah, Yves Aubin de La Messuzière, Katsumi Hirano, Aimé Bonny, Antonio M.A. Pedro, Jonathan Ledgard, Bruno Losch

3 FOIS PAR AN, DES HORS-SÉRIES INDISPENSABLES ET COMPLÉMENTAIRES POUR APPROFONDIR L’ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE DE L’AFRIQUE

Mlle

Mme

M.

Nom* :........................................................................................................................................... Prénom* : ................................................................................................................................... Société : ....................................................................................................................................... Adresse* : ................................................................................................................................... ..........................................................................................................................................................

Code Postal* :

Ville* : ......................................................................

Pays* : ..................................................... Téléphone mobile*: ........................................... E-mail* : .................................................. @ ................................................................................ * Champs obligatoires.

Mon règlement :

Je règle par : N° CB : Expire fin :

Chèque (joint à l’ordre de SIFIJA)

Carte Bancaire

3 derniers chiffres inscrits au dos de ma carte bancaire

CVV :

Virement bancaire: CIC Paris EST Taitbout GCE 11 bis, Bd Haussmann - 75009 Paris I BAN FR76 3006 6106 6000 0100 4680 237

Date et signature obligatoires

Offre valable jusqu’au 30/06/2017 en France métropolitaine. Les articles peuvent être achetés séparément. Prix de vente au numéro : 3,80 € - Numéro double : 6 € - Hors-série Finance et hors-série 500 entreprises : 6 € - Hors-série État de l’Afrique : 7,90 €.Jeune Afrique est une publication de SIFIJA,S.C.Aau capital de 15000000 € au 57 bis,rue d’Auteuil,75016 Paris,France - SIRET784 683 484 00025. Conformément à la loi informatique et liberté du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant en écrivant à serviceclient.ja@jeuneafrique.com

Tél. : (+216) 31 346 346 contact@seniorinterim.net

www.jeuneafrique.com/abonnements/ +33(0)1 84 18 10 56

abonnement-ja@jeuneafrique.com

I-Abo - Service abonnement Jeune Afrique 11, rue Gustave-Madiot - 91070 BONDOUFLE - France

JA0617

C’est aussi une vitrine et un moyen de visibilité pour les quinquagénaires du monde entier pour exposer leurs CV aux entreprises là où elles se trouvent, de Tunis à Alger en passant par Paris, New-York, etc.


Le Plus de JA Tunisie

80

AFP

ANDREA ROTILI

Jazz à Carthage, en avril.

CULTURE

Movida à la sauce tunisienne De Dream City, à Tunis, au Sicca Jazz, au Kef, en passant par les Journées du documentaire de Djerba, les festivals d’initiative privée ont trouvé leur public et font bouger les régions.

C

est le Festival de la médina – dont la 35e édition se tient à Tunis du 30 mai au 17 juin – qui donne le top départ de la saison estivale des festivals, lesquels s’enchaîneront jusqu’à la fin d’août un peu partout à travers le pays. L’un des temps forts est le vénérable Festival de Carthage, qui jouera cette année sa 53e session, du 13 juillet au 19 août. Organisées soit par le ministère de la Culture, soit par les communes, nombre de ces manifestations ne répondent cependant pas à une réelle politique culturelle. Déficitaires, leurs programmes restent sans originalité et leurs formats gagneraient à être dépoussiérés. Mohamed Zine el-Abidine, musicologue et ministre de la Culture, a opté pour la formule du partenariat publicprivé, qui s’avère gagnante. « L’éveil d’une nation », grande exposition sur la période du réformisme en Tunisie, portée par la Fondation Olfa Rambourg, qui a drainé plus de 40 000 visiteurs au palais Ksar es-Saïd du Bardo, entre le 27 novembre 2016 et le 27 février 2017, démontre que la recette fonctionne. N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017

Il en est de même pour Jazz à Carthage, interdit », souligne son directeur artistique qui, depuis douze ans, fait swinguer le et directeur général, le danseur chorégraphe Sofiane Ouissi. Tout-Tunis au printemps – cette année, ce Les offres culturelles diversifiées ont fut du 31 mars au 9 avril. Son promoteur, Mourad Mathari, se bat pour une qualité trouvé leur public, font bouger les régions de la scène culturelle et compte sur la et suscitent un tel intérêt qu’elles créent renommée du festival pour convaincre un courant qui s’apparente à une véritable movida version tunisienne. Depuis les sponsors. « Il n’y a pas de concurrence entre public et privé, mais il faut en finir 2015, Sicca Jazz met Le Kef (Nord-Ouest) avec les règlements obsolètes, les lenà l’honneur et est devenu un événement teurs administratives et les procédures pour lequel on vient de loin. Cette année, entre le 15 et le 19 mars, plus de 5 000 feslourdes pour qu’un artiste étranger puisse se produire en Tunisie, explique-t-il. Pour tivaliers ont vécu des soirées magiques et avoir un écho à l’étranger, un festival se prépare un an à On vient désormais depuis Tunis l’avance ! » SPONSORS MILITANTS.

pour participer à cet hommage à la paix qu’est la Fête des bergers.

Est-ce le rôle de l’État d’être opérateur culturel ? En guise de réponse, l’initiative privée a pris les devants et impose un ton nouveau à la scène artistique. Ainsi, malgré les embûches, l’association L’Art Rue a investi la médina de Tunis depuis 2008, où elle organise Dream City, une biennale multidisciplinaire et interculturelle, « comme une manière de s’inscrire dans l’espace public qui était

ont fait le bonheur des commerçants de la ville. « Cette 3e édition est encourageante, mais nous sommes surtout fiers d’avoir fait des émules dans la région. Dougga vient aussi de lancer son festival de musique [Dougga Fest, les 29 et 30 avril] », se réjouit Ramzi Jebabli, avocat et fondateur de Sicca Jazz. Il s’était familiarisé avec les circuits artistiques et événementiels en créant un JEUNE AFRIQUE


Sur le qui-vive

Comédien en représentation au mont Sammama, près des maquis jihadistes (ici le 25 décembre 2016).

café-théâtre à Tajerouine (Nord-Ouest), en 2008. Le financement de son festival reste classique: fonds propres, sponsors et subventions des ministères du Tourisme et de la Culture lui permettent de boucler

une programmation préparée en concertation avec des amis, managers d’artistes. Hors des sentiers battus, le mont Sammama (Ouest), fief des menées jihadistes en 2013, devient une scène engagée

contre le terrorisme, avec la Fête des bergers, créée en 2012 par le Centre culturel de la montagne. Poésie, musique, littérature, résidences artistiques et performances sont d’abord destinées aux habitants de la région, mais on vient désormais depuis Tunis participer à cet hommage aux pâtres et à la paix. Mieux, pour sa 6e édition, le festival a accueilli du 18 au 21 mai des artistes de douze pays (Algérie, Congo, Guinée équatoriale, France, Pays-Bas, Italie, Espagne, Colombie, Mexique, Uruguay, Argentine, Brésil). Depuis 2016, la menace terroriste a fait migrer de Douz (Sud) à Djerba les Journées du documentaire, organisées par Hichem Ben Ammar. La 6e édition de Docs Days s’est tenue sur l’île du 23 au 28 mars. « J’ai mis un point d’honneur à pérenniser ce festival du documentaire soutenu par des sponsors militants », précise le cinéaste, qui tempête contre les stratégies des ONG et ambassades. « Sous le couvert de l’arrosage à coups de subventions, elles contribuent à la désertification du champ culturel, estime-t-il. Le saupoudrage ne permet pas de construire des actions FRIDA DAHMANI pérennes. »

81


* À chaque instant son goût

www.vitalait.net

Bienvenue à bord et bonne lecture

Retrouvez-nous sur vos compagnies aériennes préférées


Le Plus de JA Tunisie

83

DANS L’AIR DU TEMPS

Be in, « Be Tounsi » Passementeries, babouches, bijoux… Depuis un an, tout le monde veut porter sa pièce d’artisanat local. Une manière d’affirmer son identité et, pour les stylistes, de revisiter la tradition.

E

© NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM

n quelques mois, « Be Tounsi », le slogan qui invitait à porter un produit de l’artisanat tunisien, a généré un véritable phénomène de société. Rien ne laissait présager un tel engouement quand, en mars 2016, Faten Abdelkefi, une blogueuse passionnée d’artisanat, crée « Cet été je m’habille tunisien », une page Facebook sur laquelle elle diffuse ses coups de cœur et publie des photos d’elle portant une pièce du patrimoine tunisien en signe de soutien à de petits métiers qui périclitent. L’initiative personnelle lancée comme une boutade est rapidement devenue celle d’un collectif, désormais organisé en une communauté qui dicte ses tendances et compte plus de 35000 membres, essentiellement des femmes. « Nous redécouvrons notre patrimoine. C’est rendre hommage à notre passé et à notre tunisianité que de les remettre au goût du jour », assure l’une d’elles. Pourtant, cette « tunisianité » n’a jamais été vraiment oubliée, surtout dans les régions où les fêtes familiales et les mariages sont encore l’occasion d’arborer les tenues traditionnelles locales.

Les Tunisiennes des villes abandonnent les caftans et autres parures venues d’ailleurs qu’elles avaient adoptés pendant des décennies, certaines ressortent les vêtements de leurs grands-mères, d’autres sont en quête de la pièce à sequins unique, celle qui a déjà « un vécu » et pourrait intégrer leur propre histoire… Au cœur de ce phénomène, la question de l’identité. Comme si la recrudescence du port du voile et l’apparition de tenues afghanes avaient, tel un coup de semonce, sonné le réveil de la préservation du patrimoine et d’un mode de vie à la tunisienne. SÉRIES LIMITÉES. L’inconscient collectif

a réagi en mettant l’artisanat à l’honneur. Les créateurs aussi. Le jeune designer Sofiane Fantar cherchait une écharpe et ne trouvait rien à son goût, alors il l’a conçue. Depuis, l’Atelier Fantar revisite le patrimoine tunisien et le décline en une gamme d’accessoires en soie, où chaque pièce est Balghas version Samarkand.

unique. Thouraya Ouahada, promotrice de la marque Samarkand, a suivi le même mouvement et propose moult variations chics et décalées, en séries limitées, pour un monoproduit : l’incontournable et célèbre balgha, la babouche tunisienne. Le ton est donné et suivi, au point que femmes et hommes politiques ainsi que personnalités en vue prennent grand soin d’arborer une touche tunisienne lors de leurs apparitions officielles. Mais rien de folklorique : on joue sur les matières, les broderiesfaitesàlamainavecmodernité… C’estlecréneauqu’achoisiSoniaFekih,qui conçoit la ligne de bijoux Habiba Jewellery. Matières nobles, pierres naturelles et ce qu’il faut de fantaisie, ses créations séduisent et ont même été exposées dans une boutique de la Cinquième Avenue, à New York, tandis que d’autres stylistes partent à la conquête de Dubaï. En Tunisie, ces marques devenues célèbres à travers la valorisation des métiers artisanaux se sont fait une clientèle par le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux et quelques rares points de vente. Cela fait partie du phénomène. Leurs adresses, presque confidentielles, s’échangent commeunprécieuxsésame,pourêtredans l’air du temps. Conséquence de cet engouement, les prix s’envolent. Najib Belhaj, un créateur de Mahdia qui défend le travail des brodeuses m a h d o i s e s, s e demande quelle durée de vie aura ce marché une fois passé l’effet de mode. « Tant qu’il y a création, on ne risque pas DR la saturation », rétorque la designer Fatma Sammette (fondatrice de Kerkenatiss, qui valorise le travail des brodeuses et des tisserands de Kerkennah). Elle s’inquiète surtout de la raréfaction de la matière première et de ses coûts exorbitants. D’autres redoutent les contrefaçons. Car les industriels, qui ont flairé la bonne affaire, commencent déjà à ourdir des collections inspirées de la tradition et de l’artisanat tunisiens… Et produites à la chaîne. FRIDA DAHMANI

Savoir-faire des brodeuses de Kerkennah, dans une boutique Kerkenatiss. JEUNE AFRIQUE

N 0 2943 • DU 4 AU 10 JUIN 2017


Une Success Story Tunisienne

L

a direction régionale de la Société Tunisienne de Banque (STB) à Bizerte, est en effervescence ; depuis le 11 avril,

elle a déployé la solution bancaire Carthago conçue par le groupe BFI International.

Cette direction régionale au nord de Tunis COMMUNIQUÉ

disposant d’une large variété d’opérations et de clientèle, était le terrain idoine pour lancer la mutation de la Banque et de son Système d’information. Après la réussite de cette première étape, la STB (168 agences) s’est lancée dans la généralisation de cette expérience à la fois sur l’ensemble de ses directions régionales et auprès de ses services centraux d’ici à l’automne 2017. Grâce à la qualité de ses ressources, la forte implication de la direction générale et la synergie avec son partenaire BFI, la STB s’est donné les moyens de réussir sa transformation digitale et d’offrir à ses clients des solutions innovantes quelles attendent.

Samir Saied, Directeur général de la STB nous en parle :

Première banque publique, la Société Tunisienne de Banque (STB) amorce une phase de mutation, quelles en sont les étapes ?

www.stb.com.tn

Depuis juillet 2016, la STB a lancé sa stratégie de transformation et de restructuration. Nos équipes se sont attelées à mettre à jour le système de notation interne, à moderniser


nos infrastructures, à revoir le système de cartes bancaires. Une action de refonte à 360 degrés qui a concerné aussi bien la gestion des ressources humaines, qu’une nouvelle approche client et le volet sécurité. La mise en place de ce programme a donné lieu à de nombreuses formations notamment pour les chefs d’agences ainsi que les directeurs. Pour la première banque publique en Tunisie, il s’agit de redémarrer nos actions de manière participative avec les collaborateurs afin d’inscrire la reprise de croissance dans la durabilité. Quel rôle joue le global banking dans cette stratégie ? Cet outil va permettre à la STB d’accéder à la digitalisation dans les meilleures conditions possibles, de repenser l’architecture de la banque pour la rendre prête à l’Open Banking. Une manière d’être aussi dans la proximité et attentifs vis-à-vis d’une clientèle fidèle qui nous a soutenu dans les moments difficiles, ce dont nous sommes très fiers. Se doter d’un tel système d’information rend la STB apte à communiquer plus et mieux avec notre clientèle et permet d’être en phase pour traiter avec efficacité les dossiers des PME et des Fintech. Quels sont les effets de la mise en place du système Carthago ? Au niveau interne, le gain en efficience et en pertinence est indéniable. Des tâches redondantes ont été absorbées par le système d’information, ce qui nous permet de nous concentrer au mieux sur notre métier de banquier en plaçant le client au cœur de notre activité. L’avantage au niveau externe est que le client a désormais accès à l’information en temps réel et peut suivre ses opérations courantes instantanément.

L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE H AU SERVICE DES S BANQUES B AFRICAINES NE

BFI

ade dans l’édition et Groupe africain leader gic l’intégration de progiciels financiers, BFI nq accompagne plus de 200 banques et institutions financières dans 22 pays sur le continent africain. s Forts de nos 25 ans de succès en Afrique, cl nous faisons bénéficier nos clients de solutions grâ adaptées à leurs besoins grâce notamment à notre fer de lance Carthago, qui permet de couvrir l’ensemble des métiers de la ba banque. Intégrant les dernièress technologies de MP SOA...), Carthago l’information (J2EE, ESB, BMP, a été conçu pour permettre le remplacement de orm l’intégralité du système d’information mais aussi, ité de compléter les et grâce à sa totale modularité, co solutions existantes par des composantes à fort retour sur investissement. ons Carthago Digital À cet égard, notre solutions av offre, en totale intégration avec votre système turr d’information, une ouverture omnicanal à aleu u ajoutée pour la l’ensemble des services à valeur clientèle Retail et Corporate. pro o Enfin, notre démarche éprouvée de mise en e im m œuvre, basée sur une forte implication de nos e réelle ré é ressources expertes et une volonté de antirr la bonne fin de partenariat, permet de garantir co o vos projets quelle qu’en soit la complexité.

Pour les 60 ans de la STB, nous aspirons à ce qu’elle soit une banque universelle en prise directe avec son temps, innovante et ouverte sur son environnement immédiat et régional afin qu’en 2020 elle reprenne sa place naturelle en remontant sur le podium des meilleures banques tunisiennes.

DIFCOM / Photos STB / BFI

Quels sont les objectifs de la banque pour ses 60 ans en 2018 ?

www.bfigroupe.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.