JA 3095 DU 1er DECEMBRE 2020 INTER ESPAGNE

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DÉCEMBRE 2020

INTERVIEW EMMANUEL MACRON

« Entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour »

NO 3095 – DÉCEMBRE 2020

OBJECTIF

SPÉCIAL DAKAR 16 PAGES

ISMAÏL OMAR GUELLEH « Comment Djibouti est devenu incontournable » Un entretien avec le chef de l’État

SAHARA Mourir pour Guerguerat ? TCHAD Test électoral crucial SPÉCIAL 20 PAGES

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L’Afrique en quête d’un nouveau leadership Qu’il semble loin le temps des Senghor, Houphouët, Sankara, Bourguiba ou Mandela… Confrontée à des défis de plus en plus complexes, l’Afrique a pourtant plus que jamais besoin de dirigeants visionnaires, intègres et courageux, capables de les relever. 20 PAGES


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INTERNATIONAL ESPAGNE-AFRIQUE

La reconquête

La ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Arancha González, lors d’une livraison d’aide humanitaire à Niamey, au Niger, le 8 octobre 2020.


J

Madrid regarde de plus en plus en direction du continent. Et entend s’appuyer sur son Plan Afrique III pour dépasser la problématique migratoire et relancer un véritable partenariat.

MAEC/JAVIER HERNÁNDEZ

MARIE VILLACÈQUE, À MADRID

e u d i 5 n o v e m b r e 2 0 2 0. Connectés depuis Madrid, Las Palmas, sur l’île Grande Canarie, et Accra, via le Centre international Kofi Annan de formation au maintien de la paix (KAIPTC), plusieurs experts africains et espagnols débattent en ligne – Covid-19 oblige – de la sécurité au Sahel. Leur objectif ? Mettre en lumière la contribution de l’Espagne pour la paix en Afrique de l’Ouest. La ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya, est rentrée, au début d’octobre, d’une tournée au Niger et au Tchad en qualité de présidente de l’assemblée générale de l’Alliance Sahel. En tant que membre depuis janvier 2018, le pays est engagé dans 91 projets, pour lesquels une enveloppe globale de 124 millions d’euros a été dégagée pour l’ensemble de la région. L’Espagne prendra également la tête de la mission EUTM Mali, en janvier 2021, dont elle constitue le plus important contributeur en matière d’effectifs. Enfin, la Guardia Civil espagnole dirige le projet GAR-SI Sahel, de l’Union européenne (UE), pour créer des unités de gendarmerie au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et au Niger. En déployant tous ces efforts et quantité de ressources pour la paix et le développement en Afrique de l’Ouest, Madrid entend jouer un rôle de premier plan sur le continent. Depuis l’adoption du Plan Afrique III, en mars 2019, la péninsule Ibérique a mis le cap sur l’Afrique dans son ensemble. Bien plus ambitieux que les deux précédents, ce plan s’articule autour de quatre objectifs : paix et sécurité, croissance économique, consolidation des institutions africaines et régulation des flux migratoires, sans aucune limite dans le temps, et ce pour la première fois. Certes la crise sanitaire mondiale a entraîné de nombreux imprévus. « J’avais plus de 1 million d’euros de budget pour le Plan Afrique III et je n’ai presque rien dépensé, regrette Raimundo Robredo Rubio, directeur général pour l’Afrique au ministère des Affaires étrangères (lire p. 90). Nous avons par exemple reporté la venue de maires africains à Madrid à l’automne ou encore un programme d’échange avec l’Union africaine entre fonctionnaires espagnols et africains. » Cependant la plupart des promesses annoncées se sont déjà concrétisées. Une antenne diplomatique a été ouverte avant l’été à N’Djamena, portant à vingt-quatre le nombre d’ambassades en Afrique subsaharienne, soit le quatrième

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ESPAGNE-AFRIQUE

réseau le plus important pour un pays européen en Afrique. Avec, pour chaque ambassade présente sur le continent, une série d’objectifs propres à appliquer. À Dakar, le premier institut Cervantès hors Maghreb vient de voir le jour, mais si un directeur a été nommé à sa tête, une équipe recrutée et formée, son inauguration a été reportée à 2021, faute de locaux pour l’instant. « La demande de cours d’espagnol reste importante en Côte d’Ivoire, où nous pensons ouvrir un deuxième institut Cervantès », explique Raimundo Robredo Rubio. « La

LES CANARIES, TÊTE DE PONT IDÉALE À 2000 kilomètres de Madrid, 2,2 millions d’Espagnols vivent en Afrique. Distant seulement d’une centaine de kilomètres des rivages du continent, l’archipel des Canaries est l’une des dix-sept régions autonomes espagnoles et pourrait bien devenir la tête de pont du royaume vers l’Afrique. C’est ce que semble souhaiter Madrid depuis le lancement du Plan Afrique III, en 2019. Les Canaries possèdent de nombreux atouts: bonnes infrastructures de transports, un port – à Las Palmas – qui manutentionne 1,2 million de conteneurs chaque année; un savoir-faire reconnu en matière d’énergies renouvelables, de désalinisation d’eau de mer, de biotechnologies et d’aquaculture; un régime économique et fiscal spécial qui prévoit des exemptions et des réductions d’impôt sur les sociétés… Plus de 180 entreprises canariennes travaillent dans une quinzaine de pays africains. La compagnie aérienne Binter Canarias assure 38 vols hebdomadaires vers Casablanca, Marrakech, Nouakchott, Dakar, Praia ou encore Banjul. Grâce à son statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne (RUP), l’archipel bénéficie aussi du programme de coopération Interreg Mac (Madère-Açores-Canaries), financé à 85 % par les fonds européens, qui lui permet de renforcer son intégration régionale en associant les pays voisins d’Afrique occidentale. Implantée à Grande Canarie, la Casa África, organisme public dépendant du ministère des Affaires étrangères, joue un grand rôle dans le renforcement des liens politiques, économiques et culturels avec le continent voisin, en organisant notamment de nombreux événements à travers l’Espagne ou en Afrique. M.V.

culture espagnole est la grande oubliée en Afrique. » Historiquement, l’Espagne n’a jamais été très présente au-delà du Maghreb. Elle est pourtant l’un des seuls pays européens à être géographiquement africain, avec ses enclaves marocaines de Ceuta et de Melilla, mais plus encore grâce aux îles Canaries – distantes de moins de 100 km du continent –, un atout sur lequel elle ne cesse de parier (lire encadré). Depuis le mois de septembre, la reprise de la route maritime migratoire vers les Canaries a fait de l’archipel la principale porte d’entrée vers l’Europe, avec un migrant sur deux ayant transité par l’Espagne. Avec 5328 arrivées au mois d’octobre, l’archipel a enregistré son plus haut chiffre mensuel de ces dix dernières années. Le renforcement des contrôles dans le détroit de Gibraltar a poussé les migrants à délaisser les routes méditerranéennes, et la crise due au coronavirus n’a fait qu’accroître le nombre de personnes décidées à prendre le chemin de l’Europe. Le gouvernement espagnol a amorcé des négociations avec l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) qui pourraient impliquer la coopération du Sénégal et de la Mauritanie, mais il cherche surtout à contribuer plus largement au développement socio-économique des pays africains. Déjà, depuis 2015, son aide publique au développement (ADP) a bondi, passant de 104,15 millions d’euros à 672,79 millions d’euros en 2019. Madrid sait aussi pouvoir compter sur d’importants réseaux éducatif et sanitaire.

Un marché qui reste attractif

Au mois de juillet, le ministère de l’Industrie et du Commerce a présenté sa nouvelle stratégie Horizonte África, afin de renforcer la présence économique et institutionnelle espagnole sur le continent (lire interview pp. 92-93). Malgré une croissance en berne, en raison du coronavirus, le marché africain reste attrayant pour le secteur privé espagnol en quête de nouvelles perspectives de développement. À la suite des grands groupes, de plus en plus d’entreprises ibériques parient désormais sur le Maroc comme plateforme vers l’Afrique

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Indra, l’une des principales sociétés mondiales de technologie et de conseil, aide les entreprises énergétiques africaines à mener une gestion de l’énergie plus efficace et durable. En outre, Indra performe dans le développement de projets électoraux clés en main et le soutien aux missions d’observation électorale. La société, présente en Afrique depuis 1995 et disposant de bureaux en Algérie, au Kenya, en Libye, au Sénégal, au Mozambique, en Afrique du Sud et au Maroc, est devenue l’un des partenaires incontournables du développement technologique du continent.

erronées comme des retards dans la mise à jour des paiements clients. Elle facilite également la réalisation des procédures de recrutement et des demandes d’informations via les canaux numériques, accélérant la prise de décision et améliorant la qualité du service client.

À travers sa filiale Minsait, le groupe accélère la modernisation du secteur de l’énergie avec des projets de transformation digitale comprenant la mise en place de solutions technologiques qui gèrent déjà plus de 20 millions de clients sur le continent. En outre, il dispose d’un centre d’excellence énergétique à Nairobi, à travers lequel les solutions commerciales conçues par Minsait sont maintenues et développées pour répondre aux défis et aux opportunités des entreprises énergétiques et des services publics de la région.

Les solutions de Minsait pour le secteur des Utilities (Eau, Energies, Gaz) ont été mises en œuvre dans plus de 350 sociétés d’électricité, d’eau, de pétrole et de gaz dans près de 50 pays à travers le monde. Aujourd’hui, plus de 100 millions de clients dans le monde sont gérés à l’aide de systèmes développés par la société mondiale de conseil et de technologie.

Parmi ses projets les plus récents dans ce domaine, la mise en œuvre d’une solution avancée de gestion d’entreprise commerciale intégrée chez Abuja Electricity Distribution Company (AEDC), au Nigéria, a permis d’automatiser l’ensemble du processus commercial et d’augmenter l’efficacité de la collecte grâce à l’option de prépaiement incluse dans la solution et à la détection rapide des factures

DES ÉLECTIONS PLUS SÛRES La filiale d’Indra compte aussi sur des références remarquables dans l’exécution de processus électoraux à travers le monde qui pourraient servir de référent d’excellence en Afrique. Il s’agit de projets d’une grande complexité technique et logistique due à la pénétration technologique, à l’orographie et aux conditions météorologiques extrêmes. Ces références couvrent la collecte, le traitement et la compilation des résultats électoraux, ainsi que la fourniture de matériel électoral

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(isoloirs, kits électoraux et encre indélébile), et ont été exécutées avec un grand succès en garantissant l’absence totale d’erreurs. La société a également fourni des services de soutien dans les missions d’observation électorale (MOE) auprès d’organisations internationales. Minsait, qui a développé plus de 400 projets électoraux impliquant plus de 4 milliards d’électeurs dans le monde, dispose également de technologies adaptées au contexte pandémique actuel qui contribuent à la distanciation sociale, garantissent la sécurité dans la numérisation des processus et facilitent la réduction des coûts pour les administrations publiques, à la fois le jour du scrutin et pendant toutes les phases pré-électorales et post-électorales. Ces technologies comprennent notamment des solutions de vote en ligne sous blockchain privée, qui permettent à l’autorité électorale de fournir des informations en temps réel et de manière sécurisée aux observateurs, auditeurs ou autres partis politiques, ou encore la nouvelle génération de vote électronique assisté pour les isoloirs des bureaux de vote afin d’éviter tout contact avec les bulletins de vote physiques et les foules lors de leur collecte. La société propose également des solutions spécifiques de suivi des assemblées parlementaires, qui facilitent le vote télématique et la participation des élus aux sessions depuis n’importe quel lieu et appareil (ordinateur, tablette ou mobile), en évitant les contacts et en offrant le maximum de garanties de légitimité, transparence et sécurité.

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INDRA améliore l’efficacité du secteur énergétique africain et permet des élections plus sûres


INTERNATIONAL

ESPAGNE-AFRIQUE

les stratégies dirigées vers le continent, il prépare notamment la première Mesa África, en novembre à Madrid. Cet organe de consultation des acteurs civils en Afrique (ONG, think thank, secteur privé) « est un outil très novateur qui n’a d’équivalent dans aucun autre département du ministère », insiste Raimundo Robredo Rubio. Comme pour bien montrer que l’Afrique reste bel et bien la priorité de la politique extérieure espagnole.

subsaharienne. C’est le cas par exemple du basque Tudefrigo, spécialisé dans le transport réfrigéré, qui s’est installé à Tanger en 2011, d’où il dessert aussi la Mauritanie et le Sénégal. Afin de donner un nouveau dynamisme aux objectifs de la politique africaine espagnole, le gouvernement a nommé un diplomate en mission spéciale pour le Plan Afrique III, Alberto Virella, ancien ambassadeur au Sénégal entre 2015 et 2020. Chargé de coordonner toutes

Raimundo Robredo Rubio, le Monsieur Afrique

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n 2017, le gouvernement dirigé par M a r i a n o R a j o y, chef de file du Parti populaire (PP – droite), décide de remettre en place la direction générale pour l’Afrique, au sein du ministère des Affaires étrangères, un service qui avait disparu en 2008, en pleine crise économique, faute de budget. Lorsqu’il nomme à sa tête Raimundo Robredo Rubio, le diplomate est loin du continent africain, puisqu’il est alors le numéro deux à l’ambassade espagnole du Chili depuis trois ans. Aujourd’hui âgé de 49 ans, Robredo raconte, amusé,

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qu’il a posé le pied pour la première fois en Afrique, à 18 ans, lors de son service militaire aux îles Canaries. Après des études en économie, il suit un master de droit de la concurrence à Toulouse, en France, quand son compagnon de classe ivoirien l’invite au mariage de sa sœur à Abidjan. « L’événement durait une semaine, je

suis resté un mois, raconte Raimundo. À mon retour, j’ai obtenu une bourse avec l’Institut de commerce extérieur (Icex) et j’ai demandé à partir pour Lagos plutôt que pour New York. » Un lien s’est forgé. L’année suivante, il s’envole pour le Ghana avec l’entreprise Ibadesa et se consacre sur place à l’achat et à la vente de café et de cacao. Robredo ne retrouve le continent que quelques années plus tard. Devenu diplomate, il arrive de Tokyo pour prendre son poste de conseiller culturel et de coopération à l’ambassade de Pretoria, en Afrique du Sud. Suivra le Sénégal, trois ans plus tard, en tant que premier conseiller (2009-2011), avant son retour à Madrid à

Entreprise espagnole de conseil, d’ingénierie et d’exécution de projets « clé en main ». Experts en agriculture, pêche, développement rural, marchés et infrastructures. Plus de 25 ans d’expériences dans l’étude, la conception et la construction de projets dans le monde entier. Travaux et projets réalisés dans plus de 20 pays d'Afrique. Nous contribuons au progrès, au développement durable et à la qualité de vie dans les régions où nous sommes présents. Basés à Madrid (Espagne), nous intervenons sur 4 continents et possédons des filiales en Angola, au Sénégal, en Haïti, en République Dominicaine et au Royaume-Uni. www.incatemaconsulting.es

la Direction générale de planification et d’évaluation des politiques pour le développement (2011-2012), puis au sein du cabinet du président du gouvernement, comme responsable de l’Afrique subsaharienne et de la coopération au développement. « Mes enfants sont nés à Pretoria et à Dakar, je garde un souvenir particulier de ces années », souligne Robredo. Confirmé par la gauche à son poste de directeur général pour l’Afrique en 2018, le diplomate, qui sillonne désormais régulièrement le continent, est le symbole d’une continuité dans la politique africaine espagnole, quelles que soient les étiquettes politiques. M.V.


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BTESA : Infrastructures et solutions de télécommunications pour l’Afrique Qui est BTESA ? Un groupe technologique espagnol de premier plan avec un facteur unique : fabricant des meilleurs équipements de radiofréquence et intégrateur de systèmes pour des solutions clé en main.

de systèmes multidisciplinaires pour garantir l’interopérabilité et la performance des équipements en situation environnementale difficile (instabilité énergétique,températures et humidité élevées).

BTESA déploie des réseaux terrestres et fournit aussi une large gamme de systèmes et de solutions technologiques comme des Data Centers, des centrales solaires, des solutions IoT, des projets de défense militaire ou encore des routes intelligentes pour des clients habituels que sont les gouvernements,les diffuseurs télévisuels, les opérateurs de télécommunications et régulateurs, les sociétés de satellite et les fournisseurs d’accès Internet (FAI) entre autres.

Quels sont les défis des télécommunications en Afrique ? Réduire le gap technologique est une priorité et je suis heureux de voir que l’Afrique se développe rapidement, réduisant ainsi l’écart avec les continents les plus avancés voire dans certains cas, surpassant l’Europe. A titre d’illustration, BTESA a construit un réseau de TNT au Burkina Faso avec les technologies les plus avancées, ce qui a permis, entre autres, la naissance de près de 20 chaînes de télévision, la création d’un centre d’opérations réseau (NOC) avancé et la régionalisation de contenus.

Ayant réalisé de grands projets dans des pays complexes, qu’est-ce qui fait votre différence ? Tout est une question de qualité de service. Nos réseaux desservant des millions de personnes, aucune panne de service n’est acceptable. Mais paradoxalement, puisqu’il s’agit de service, c’est en fait la fiabilité du matériel qui est l’élément le plus important à garantir. BTESA l’a bien compris il y a plus de 20 ans lors de ses premiers développements en Amérique Latine et en Afrique quand la société avait développé un service d’intégration

Cependant, on peut faire mieux. Les administrations doivent mener une politique favorable aux investissements notamment en matière de taxes et de douanes qui sont des leviers facile pour accélérer la digitalisation, améliorer l’efficacité du travail et augmenter automatiquement le PIB. Dans quels domaines des améliorations sont-elles nécessaires ? La qualité des réseaux cellulaires en fait partie. Les déploiements de ré-

José SABATER, Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale

seaux s’accélèrent mais la qualité n’est pas toujours suffisante : mauvaise qualité de la voix, coupure des appels ou débits de données insuffisants sont fréquents.Pour améliorer la qualité, BTESA propose des campagnes de mesure QoS personnalisées et des services de conseil. L’accès à Internet en zones urbaines / rurales en est un autre, nécessitant des systèmes sans fil et sans interférence. Pour y palier, BTESA développe des équipements point-à-multipoints pour aider les FAI à fournir un service fiable. Que pouvez-vous faire pour aider l’Afrique ? Ce qui compte, c’est ce que vous faites de votre position.Alors que la plupart des entreprises viennent en Afrique pour faire des affaires,BTESA apporte des solutions tout en favorisant le transfert technologique et l’emploi local. Le business vient après. Depuis 2015, notre priorité est d’être encore plus près du terrain en Afrique: nous souhaitons entendre les problèmes des décideurs et y apporter des solutions. Pour ce faire, nous avons créé des bureaux régionaux en Afrique de l’Ouest et Centrale.


INTERNATIONAL

INTERVIEW

JOAN CORTADELLAS/MINCOTUR

À Barcelone, le 15 octobre.

Reyes Maroto

« Bien nous positionner sur le continent constitue l’une de nos priorités » PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE VILLACÈQUE

Ministre de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme, elle est à l’initiative de la stratégie « Horizonte África », destinée à soutenir la présence des entreprises espagnoles sur le continent. Et plaide pour une plus grande intégration économique entre l’Afrique et l’Europe. 92

no3095 – DECEMBRE 2020

Jeune Afrique : Votre ministère a présenté en juillet sa nouvelle stratégie, « Horizonte África ». De quoi s’agit-il ? Reyes Maroto : C’est une stratégie

commerciale et financière destinée à aider nos entreprises à se développer sur le marché africain. Elle vise également à y renforcer la présence de l’Espagne en général. Notre pays porte un intérêt très particulier à l’Afrique, pour des motifs politiques, migratoires ou sécuritaires, et bien nous positionner sur le continent est un de nos objectifs en matière de politique commerciale.

En quoi est- elle différente des approches précédentes de l’Espagne?

Horizonte África s’articule autour de deux axes. Le premier, financier, propose des mesures liées au Fonds pour l’internationalisation des entreprises [Fiem] telles que le renforcement du financement concessionnel dans les secteurs présentant un intérêt particulier. Nous avons également introduit des changements dans la politique de la Compagnie espagnole d’assurance-crédit à l’exportation [CESCE]. Enfin, la Société espagnole de financement du développement


[Cofides] souhaite renforcer ses relations avec d’autres entreprises bilatérales européennes et ouvrir une délégation à Casablanca, d’où elle couvrira ses opérations en Afrique subsaharienne. Le second axe est institutionnel, et son but est d’augmenter la présence de nos conseillers de l’administration économique et commerciale espagnole sur le continent en organisant des missions régulières et en renforçant nos capacités sur place. Nous allons rationaliser le réseau des bureaux économiques et commerciaux de l’Espagne à l’étranger (Ofecomes) et en ouvrir un nouveau, sous peu, à Addis-Abeba. Notre stratégie est ambitieuse, mais nous ne devons pas oublier que nos ressources restent modestes, notamment en matière de personnel. Nous nous concentrons donc sur les pays et les secteurs clés. Comment identifiez-vous les pays et les secteurs qui sont intéressants pour l’Espagne ?

Pour sélectionner les pays, nous avons consulté certaines entreprises espagnoles, ainsi que les bureaux Ofecomes en Afrique, afin de prendre en compte les perspectives des différents marchés, leur solidité économique et leur sécurité juridique, la présence et l’intérêt porté par les entreprises espagnoles ainsi que les possibilités qui s’offrent à elles. Nous avons dans le même temps identifié une série de secteurs propres à chaque

TOUS LES ÉTATS MEMBRES DE L’UNION EUROPÉENNE SONT TENUS D’AMÉLIORER LEURS RELATIONS COMMERCIALES. pays, comme les infrastructures liées à l’énergie, à l’eau et à l’assainissement en Côte d’Ivoire ; la gestion des déchets au Sénégal ; l’agro-industrie en Algérie, le transport ferroviaire ou la production et la distribution d’électricité au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda. Au Maroc, nous concentrons notre attention sur les énergies renouvelables et le secteur de l’eau. Comment évolue justement la place du Maroc dans la stratégie de l’Espagne, mais également dans celle des entreprises espagnoles ?

Le Maroc est bien sûr un marché de grande importance de par sa position géographique. Il est notre premier partenaire commercial en Afrique, notre huitième client dans le monde, et 45,6 % de toutes les exportations espagnoles sur le continent africain en 2019 lui étaient destinées. Le royaume est également le onzième fournisseur de l’Espagne au niveau mondial, mais aussi la première destination pour les investissements espagnols en Afrique. Pour toutes ces raisons, sa présence au cœur de la stratégie Horizonte África est bien entendu évidente. Elle

Construire le progrès ensemble...

renforcera davantage son rôle de hub espagnol sur le continent africain ces prochaines années. Est-ce que le Covid-19 a changé les priorités espagnoles en matière d’échanges avec l’Afrique ?

La pandémie a eu un effet négatif indiscutable sur l’économie mondiale, et les pays africains n’y ont pas échappé. Mais le FMI a annoncé en octobre qu’aucun des pays d’Afrique subsaharienne sélectionnés dans notre stratégie ne connaîtra de croissance négative de son PIB en 2020. Nous restons donc convaincus que les perspectives des pays africains à moyen terme seront excellentes. Nos priorités sur le continent ne vont pas changer.

Beaucoup de pays s’intéressent aujourd’hui au continent africain. Qu’est-ce que l’Espagne peut lui apporter par rapport à ses concurrents européens mais aussi asiatiques ?

L’Espagne a une position privilégiée avec le continent africain, qui représente un marché naturel pour nos entreprises. Elles sont à l’origine

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INTERVIEW

de projets d’envergure comme la station d’épuration de Gabel el-Asfar en Égypte, la plus grande d’Afrique. Les produits espagnols sont devenus des références dans certains pays d’Afrique où nous pouvons apporter une valeur ajoutée et un savoir-faire.

Ils voient l’Afrique comme un continent riche de possibilités. Nous avons deux types d’outils pour les appuyer institutionnellement. D’une part, les Accords pour la promotion et la protection réciproque des investissements (Appri), qui sont des traités bilatéraux contenant des mesures et des clauses destinées à protéger les investissements privés. Nous sommes en pleines négociations avec le Kenya et la Côte d’Ivoire. D’autre part, nous avons des outils financiers comme la Fiem et la Cofides. Dans le cadre de la stratégie Horizonte África, il est d’ailleurs prévu que cette dernière joue un rôle actif en investissant avec des entreprises espagnoles dans des opérations menées sur le continent. Que pensez-vous de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale en Afrique (Zlecaf) et quelles

Nous sommes convaincus que cette initiative aura des effets très positifs sur la prospérité des pays africains et qu’elle contribuera à leur dynamisme. C’est donc une excellente nouvelle pour l’Espagne. Mais il ne faut pas oublier que l’élimination effective des obstacles au commerce est toujours une tâche ardue et complexe, d’autant plus si le nombre de pays est élevé. Pour cette raison, nous voulons réaffirmer notre soutien et notre confiance aux autorités compétentes en la matière.

DES ÉCHANGES COMMERCIAUX AU BEAU FIXE… (en millions d’euros)

Exportations Importations % des échanges commerciaux de l’Espagne 7,7

7,6

46 278

45 865

27 724

27 206

17 667

18 554

18 659

2017

2018

2019

7,2

41 820 24 154

Vous représentez le gouvernement espagnol auprès de la Commission européenne pour renforcer les relations commerciales avec l’Afrique. Comment cela se traduit-il ?

… QUAND LES INVESTISSEMENTS STAGNENT (stocks en millions d’euros)

3,1

3,4

4 025

4 030

2,3

3,7

3,3

4 843

4 831

3 215 SOURCE MINCOTUR

Comment les investisseurs espagnols perçoivent-ils l’Afrique aujourd’hui et comment les soutenez-vous sur place ?

peuvent en être les retombées commerciales pour l’Espagne ?

% des échanges commerciaux de l’Espagne 2014

2015

2016

2017

2018

Tous les États membres de l’UE sont tenus d’améliorer leurs relations commerciales avec le continent africain. Récemment, nous avons entamé des pourparlers pour la mise en place de Zones de libreéchange approfondies et complètes (DCFTA) avec le Maroc et la Tunisie. Concernant l’Afrique subsaharienne, avec l’expiration de l’accord de Cotonou, en 2020, des négociations sont en cours pour un nouveau partenariat entre l’UE et le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

ICEX, RÉSEAU EXPORT L’Institut espagnol pour le commerce extérieur (Icex), organe du ministère de l’Économie, encourage l’internationalisation des entreprises ibériques et promeut les investissements entre l’Espagne et le reste du monde. Il fournit des informations économiques et sectorielles sur les pays

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no3095 – DECEMBRE 2020

concernés, précise les climats d’affaires, indique les meilleurs moyens d’accéder à de nouveaux marchés. Ses conseillers offrent également des services personnalisés aux entreprises. L’Icex se focalise davantage sur l’Afrique depuis le lancement de la stratégie Horizonte África. Il dispose

de seize bureaux économiques et commerciaux à travers le continent, qui travaillent avec les différentes institutions multilatérales africaines sur le financement de projets, les déclarations d’appel d’offres, mais aussi à l’organisation de rencontres avec le secteur privé, telles que le

Partenariat multilatéral pour le développement au Sénégal, en mars 2019. L’institut a organisé début novembre deux séminaires en ligne sur les conséquences du Covid-19 sur les marchés kényan, égyptien, éthiopien, sénégalais, ivoirien et nigérian. M.V.



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ÉCONOMIE

Un morceau d’Afrique à Tarragone celui de l’agriculture, où elle va avoir besoin de machines outils pour accroître sa production », observe-t-il, conscient que l’Espagne pourrait dans ce domaine avoir un rôle à jouer. Mais il en voit également bien d’autres, comme l’élevage ou encore les produits phytosanitaires. En témoignent les avancées d’Afepasa, entreprise de fertilisants qui s’est imposée au Kenya et en Tanzanie dans le traitement des fleurs et des tomates. La chambre de commerce accompagne essentiellement les petites et moyennes entreprises du pays. Notamment les plus innovantes d’entre elles. Certest Biotec, société de Saragosse, est, par exemple, par venue à vendre à l’Égypte plus de 1 million de tests pour diagnostiquer le Covid-19. « L’Espagne est encore relativement méconnue dans certaines parties de l’Afrique par rapport à des pays comme la France. Notre première mission est donc déjà de parler de nous… »

DR

Le directeur de la Chambre de commerce de la ville espagnole de Tarragone, Roberto Barrons Perello, en Afrique du Sud.

Sans surprise donc, cette chambre de commerce privée est la première d’Espagne à renouer avec les voyages sur le continent après la longue interruption imposée par la pandémie. Pourquoi le Kenya ? « Par simple opportunité, nous avons vu qu’il était possible de voyager dans ce principal marché d’Afrique de l’Est », indique Roberto Barrons, qui, pour

l’occasion était accompagné de dix entreprises. « On a un peu l’impression d’être revenus dans les années 1990 : le trafic aérien s’est nettement réduit, il est plus incertain », expliquet-il, ajoutant avoir limité les missions à un pays, contre trois d’habitude. « Avec la pandémie, l’Afrique se rend compte de sa dépendance dans nombre de secteurs comme

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peine vient-il de poser ses valises de retour du Kenya que déjà il évoque un prochain voyage, cette fois au Cameroun. « En Afrique, on sait bien que pour faire des affaires il faut se rendre sur place, la présence est valorisée, sinon cela ne fonctionne pas », s’exclame Roberto Barrons. Plein d’énergie, le directeur de la Chambre de commerce de Tarragone, ville au sud de Barcelone, en Catalogne, sait de quoi il parle. Pionnier infatigable sur le continent, il aura en l’espace de vingt-cinq ans conduit plus de 1500 entreprises espagnoles (pas seulement catalanes) dans le cadre de missions commerciales dans près de 40 pays africains. « En 1998, nous nous sommes tournés vers l’Afrique subsaharienne où de nombreux marchés restaient à explorer pour l’Espagne », se souvient-il après avoir défriché pas moins de 14 pays au rang desquels le Congo et la RD Congo, la Sierra Leone, le Tchad et le Soudan du Sud.

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Données contact: export@capsa.es / capsafood.com


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERT

Mediterrania Capital Partners C/ Diputación, 246 - 1º 08007 Barcelona - ESPAGNE Tél. : +34 93 445 1142 E-mail : communications@mcapitalp.com

www.mcapitalp.com

Promouvoir le développement des PME en Afrique D ans un contexte de récession mondiale, les marchés émergents seront les moteurs de la croissance économique au cours des prochaines décennies. L’Afrique continue d’offrir des opportunités d’investissement très attrayantes – en particulier dans le segment des PME – tout en ayant un impact social et en offrant une solide rentabilité.

Nous considérons la menace du Covid-19 comme une turbulence à court terme dans un marché en croissance à long terme. La pandémie a clairement eu un impact négatif, mais les fondamentaux du continent africain sont toujours là : une population jeune et en croissance, ainsi qu’une classe moyenne en expansion. En Afrique, la population devrait passer de 1,2 milliard aujourd’hui à environ 2 milliards d’ici 2050.C’est un marché très dynamique, et ces tendances créent un énorme besoin dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des services financiers inclusifs et des biens de grande consommation. Le capital-investissement a un rôle important à jouer dans le développement des PME africaines dans tous les secteurs, et en particulier pour les entreprises de taille moyenne - c’est l’un des meilleurs outils dont disposent les entrepreneurs pour stimuler la croissance de leurs entreprises.

Les sociétés de capital-investissement comme Mediterrania Capital Partners soutiennent les entreprises non seulement en les finançant, mais également en leur apportant de la discipline, en identifiant les bonnes stratégies et en améliorant tous les aspects des entreprises, des opérations aux ressources humaines.

Chez Mediterrania Capital Partners nous nous concentrons sur la création de valeur et travaillons pour garantir la croissance de notre portefeuille grâce à des plans stratégiques personnalisés, à l’amélioration opérationnelle et au soutien des équipes de direction. Quel que soit le produit

Albert ALSINA, Fondateur et CEO de Mediterrania Capital Partners

spécialisée dans l’investissement dans les PME consolidées et les entreprises de taille moyenne en Afrique.Avec des bureaux à Abidjan, Alger,Barcelone,Le Caire,Casablanca

Nous nous concentrons sur la création de valeur et travaillons pour garantir la croissance de notre portefeuille grâce à des plans stratégiques personnalisés ou le service, le secteur et les pays dans lesquels elles opèrent, notre modèle de création de valeur aide les entreprises de Mediterrania Capital à devenir plus fortes, plus efficaces et plus rentables tout en renforçant leur compétitivité et leur croissance à long terme.

et La Valette, Mediterrania Capital Partners adopte une approche proactive et pratique pour mettre en œuvre la stratégie de croissance des entreprises de son portefeuille en pilotant les processus de création de valeur et d’ESG.Aujourd’hui, les sociétés du groupe et les sociétés de portefeuille de Mediterrania Capital Partners

À propos de Mediterrania Capital Partners Mediterrania Capital Partners est une société de capital-investissement

réalisent un chiffre d’affaires annuel de plus de 1,5 milliard d’euros et emploient plus de 20000 personnes en Afrique.


INTERNATIONAL

ESPAGNE

La nouvelle Armada

TYPSA

BTP, eau et énergie, transports, agrobusiness… Toujours plus nombreuses en Afrique, les entreprises espagnoles y diversifient leurs activités. Portrait de trois fleurons du secteur privé implantés de longue date sur le continent.

Typsa trace sa route Au début d’octobre, Typsa a remporté deux appels d’offres pour la supervision des premières phases du chantier du parc technologique de Luanda, piloté par le chinois Huawei. Projet du gouvernement angolais et de la Banque africaine de développement (BAD), ce parc devrait ouvrir ses portes en décembre 2021. Ce nouveau contrat vient compléter le carnet de commandes – déjà bien rempli – en Afrique du géant espagnol du BTP. Des

commandes dont les montants atteignaient 45 millions d’euros en 2019, soit une progression de 100 % depuis 2015. Sur le continent, le groupe emploie environ 80 personnes et réalise 7 % de son chiffre d’affaires global, évalué pour 2019 à 250,6 millions d’euros. Les équipes de Typsa supervisent actuellement la construction de l’aéroport international de Bugesera, au Rwanda, et celle du barrage de Kalaa Kebira, en

Tunisie, où elles apportent également leur assistance technique pour la réalisation de six usines de dessalement. Typsa a aussi conçu le projet d’autoroute entre Zeway et Arsi Negele, en Éthiopie. En mars, le groupe a été désigné pour travailler sur le projet de réhabilitation des 330 kilomètres de la ligne ferroviaire Belabo-Ngaounderé, au Cameroun, avec un budget de 208 millions d’euros. En 2021, il s’attellera au chantier de 170 kilomètres de routes tracées dans le Cabinda angolais. Arrivé sur le continent africain dans les années 1970 pour la supervision du barrage Al-Izdihar, en Algérie, Typsa a depuis largement renforcé sa présence dans une trentaine de pays, avec des bureaux permanents en Tunisie, au Maroc et au Kenya. Le groupe s’appuie également sur sa filiale Agrer, acquise en 2012 et déjà très expérimentée puisque c’est à la fin des années 1950 qu’elle implantait son premier projet sur le continent, en RD Congo. Sa filiale portugaise Tecnofisil, basée à Lisbonne, lui a aussi permis de pénétrer le marché lusophone (GuinéeBissau, Angola, Mozambique, Malawi). MARIE VILLACÈQUE

Marguisa, l’atout polyvalence Comme elle l’annonce fièrement, la compagnie espagnole Marguisa est le premier opérateur maritime de la Guinée équatoriale. Et cela depuis plus de trente ans, quand le transporteur, alors tout juste lancé, s’appelait encore Mare s de Guinea SA . Devenue depuis Marguisa,

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no3095 – DECEMBRE 2020

la compagnie s’est vite fait un nom sur l’ensemble du continent, qui est, aujourd’hui encore, son principal marché. Dès ses origines, Marguisa s’est attaché à connecter l’Espagne à son ancienne colonie africaine, essentiellement pour transporter des grumes

et du bois scié. La compagnie a depuis diversifié ses activités, puisqu’elle est présente sur les trafics conteneurisés, rouliers et polyvalents (vrac solide, colis lourds, fret industriel…). Son appartenance à l’entité Sea & Ports, également active dans le secteur de la manutention

portuaire, lui a permis de renforcer sa présence en Afrique, où elle compte une vingtaine d’implantations disséminées le long des côtes entre la Tunisie et l’Angola, mais également en Amérique latine, en Asie et dans les ports d’Europe du Nord. Marguisa a également,


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INTERNATIONAL

avec le temps, complété sa flotte. Elle dispose aujourd’hui de cinq porte-conteneurs d’une capacité de 3 600 équivalents vingt pieds (EVP) pour réaliser ses sept rotations hebdomadaires, dont cinq sur l’Afrique, auxquels se sont ajoutés deux navires polyvalents pour des services mensuels. Ainsi organisée, Marguisa semble avoir trouvé sa vitesse de croisière sur le continent. Surtout que, depuis octobre, la compagnie a lié son destin à celui de United Heavy Lift (UHL) pour créer United Marguisa Lines (UML), spécialiste du transport de colis lourds et autres vrac industriel. Une manière de soutenir l’augmentation de ses activités locales, dans la foulée de la croissance économique africaine. Une dynamique que le Covid-19 a à peine freinée et que Francisco Duran, son directeur, espère bien relancer « en développant les activités d’UML en Afrique de l’Est ou en [s’]intéressant au développement du secteur des hydrocarbures, au Mozambique notamment ». OLIVIER CASLIN

INDRA

ESPAGNE

Le groupe est présent sur le continent depuis 1995 (ici, le siège, à Madrid).

Indra, numériquement vôtre Ces dernières années, nombre de pays africains ont investi dans leurs infrastructures de transport (aéroports, ports, routes) et d’énergie tout en accentuant leur développement urbain. Aujourd’hui, ils ont besoin de rendre ces divers équipements plus sûrs et plus performants à travers les technologies et les solutions numériques. C’est là qu’intervient Indra. Présent en Afrique depuis 1995, le groupe a d’abord pris pied au Maghreb, principalement dans le domaine des technologies appliquées aux différents modes de transports (aérien, ferroviaire, maritime, routier) et au secteur de la défense. Il se concentre aujourd’hui dans la gestion du trafic aérien – où il travaille avec les principaux fournisseurs de service de navigation tels que l’Asecna, qui couvre dix-sept pays – et de l’énergie. Ses deux directions régionales au sud du Sahara sont installées à Dakar pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, et à Nairobi pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. C’est également au Kenya qu’Indra a installé son centre d’expertise technique pour l’ensemble du continent. Le groupe espagnol a récemment démarré la mise en place du système de gestion intégrée de la compagnie électrique et des eaux de Gambie (Nawec), financé par la Banque mondiale. « Nous sommes l’une des principales références du continent dans ces secteurs, souligne Emeric Osmont, directeur pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Nous regardons avec de plus en plus d’intérêt les projets de transformation numérique des administrations publiques et des gouvernements : finances, justice, santé, tourisme, ainsi que les domaines de la biométrie et des processus électoraux. » Indra accompagne actuellement les gouvernements marocain et algérien dans leur transformation numérique lors de programmes tels que le Projet Smart City de Casablanca ou le système de gestion et d’information fiscale de la Direction générale des impôts en Algérie. Sur ses 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, Indra a réalisé près de 400 millions d’euros dans la région Asie, Moyen-Orient et Afrique (Amea). M.V.

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