Ja 2864 du 2911 au 051215 plus togo

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Enquête Jihadistes made in Morocco

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • no 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

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Le pLus

de Jeune Afrique

PANORAMA Le soft power, c’est Faure

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TRibuNe Kako Nubukpo, ancien ministre de la Prospective ÉcONOMie Les banquiers misent sur Lomé… Et vice versa LOisiRs Opération détente

TOGO

5 ans

pour tout changer © ÀPRÉSENT

Une décennie après son arrivée au pouvoir, Faure Gnassingbé entend donner la priorité au social au cours de son troisième mandat. Les défis ne manquent pas…

jeune afrique

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Le Plus de Jeune Afrique

Le pLus

de Jeune Afrique

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TOGO

5 ans

pour tout changer

Prélude D’un Gnassingbé l’autre

d

refondé l’ex-parti unique, sorti le togo de ix ans et dix mois de solitude pour un palais où poussent l’orbite exclusivement française, remis désormais les herbes folles. l’armée dans ses casernes et fait naître une Lomé ii, à la périphérie de la nouvelle classe de gestionnaires de l’État. Volubile, omniprésent, infatigable coucapitale togolaise, ne s’est jamais remis de la disparition du grand baobab de Pya. reur de sommets et de conférences, très Le silence, la nostalgie et les sortilèges actif sur la scène panafricaine et médiaont envahi les pièces sombres et glacées teur impénitent, le « vieux » fréquentait entre lesquelles nomadisait Gnassingbé volontiers sa villa des maréchaux à Paris. eyadéma, d’audiences en réunions, de Lui n’y met plus les pieds. ses horizons l’aube au crépuscule. Évanouis les coursont ailleurs : asie, italie, Golfe, autre tisans inutiles, disparus les ministres en génération, autres destinations pour ce souffrance encombrant les salons pour chef d’État résolument mondialisé. d’interminables attentes sur les canapés, Faure est célibataire, fort peu commuenvolés les serviteurs muets de champagne nicant et parfois imprévisible, capable rosé et de brochettes pimentées. de cultiver son jardin secret loin des regards et des radars, quitte à laisser Lomé ii est désert et sa déco kitsch, prospérer les rumeurs récurrentes sur mi-Gbadolite, mi-Yamoussoukro, n’est plus qu’un souvenir. Faure Gnassingbé, ses pseudo-disparitions. successeur depuis une décennie, n’a jamais aimé Au-delà de toutes leurs différences, l’endroit. non loin de là, il le fils ne tuera jamais le père. s’est fait construire un nouveau palais par les Chinois, Freud n’est pas togolais. et la géographie intérieure des lieux en dit long sur la différence de si sa première élection, en 2005, fut personnalité entre le père et le fils. tapis calamiteuse, les autres, et en partirouge, marbre gris, mobilier sobre, toiles culier celle du 25 avril dernier, l’ont de maîtres togolais, climatisation aussi définitivement racheté de ce péché originel – il faut dire qu’il n’eut guère d’efforts discrète que ses visiteurs triés sur le volet et silence feutré, à peine interrompu par le à fournir pour déliter une opposition qui pschitt régulier des désodorisants. se chargea elle-même, avec application, de la besogne. Arrivé au pouvoir à l’instar d’un Joseph Kabila, c’est-à-dire comme une balle de Consensuel et policé là où son père était ping-pong posée sur un jet d’eau dont l’éjecclivant et tonitruant, Faure Gnassingbé tion paraît à court terme inéluctable, Faure a vu eyadéma s’éteindre dans l’avion Gnassingbé a été élevé à l’ombre tutélaire présidentiel, le samedi 5 février 2005 écrasante d’un chef omnipotent dont il se vers 9 heures, quelque part au-dessus dit fier, mais qui l’a contraint à se forger une de la tunisie. de ce choc est née, de son personnalité invisible jusqu’à son accession propre aveu, la communion indissoluble à la présidence. elle s’est, depuis, révélée et, qui, au-delà de toutes leurs différences de conformémentàunprocessusclassiqueque style, de tempérament et de gouvernance, mohammed Vi ou ali Bongo ondimba ont l’unit à son géniteur : la foi en dieu. « dieu aussi expérimenté, il lui a fallu reconquérir était très important pour lui, il l’est aussi le fauteuil suprême, au grand dam de ceux pour moi », dit-il. dès qu’il le peut, Faure qui pensaient pouvoir le contrôler. Gnassingbé prie. sans doute est-ce pour cela que le fils ne tuera jamais le père. Faure a mis à l’écart ses parrains, ses « tontons » et sa famille. il a totalement Freud n’est pas togolais. ● jeune afrique

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© ÀPRÉSENT

François SOUDAN

jeune afrique

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Panorama Le soft power, c’est Faure p. 68 IntervIew robert Dussey, ministre des Affaires étrangères p. 70 exécutIF esprit d’équipe

p. 72

oPPosItIon même pas caP ?

p. 76

trIbune Kako nubukpo, ancien ministre de la Prospective p. 80 économIe

Fiscalité. Quand les fraudeurs passent à la caisse p. 81 Mines. Ça repart pour les phosphates p. 82 Agro-industrie. Heureux qui peu importe p. 84 Finances. Les banquiers misent sur Lomé… et vice versa p. 88 LoIsIrs opération détente

p. 98

Foot éperviers, sortez !

p. 102

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Le Plus de Jeune Afrique

togo

Le soft power, c’ Le chef de l’État reste aussi discret que mystérieux. L’objectif de son troisième mandat est, lui, tout à fait clair : priorité à la politique sociale.

F

aure Gnassingbé a le triomphe modeste. Réélu le 29 avril, avec 58,75 % des suffrages exprimés, pour un troisième mandat de cinq ans, il a finalement fait annuler la cérémonie d’investiture en grande pompe que préparait son entourage, estimant que la sobre, brève et incontournable prestation de serment devant la Cour constitutionnelle, le 4 mai, était largement suffisante. Le président togolais est un

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georges DoUgUeLI, envoyé spécial

chef d’État discret. Il parle peu, sort rarement et apprécie davantage la pénombre de son cabinet que la lumière des estrades. « Où est donc passé Faure ? » s’interrogeait la presse nationale alors que, sitôt réélu, il n’était plus apparu en public pendant quelques jours. La rumeur s’était aussitôt emparée de son cas, insinuant qu’il était décédé mais que la nouvelle était tenue secrète par les services de la présidence… Même à ce point d’élucubration, Faure jeune afrique


’est Faure Gnassingbé a toujours pris le parti de laisser dire. Et laissant donc libre cours aux (hypo)thèses les plus diverses qui ne manquent pas d’être régulièrement avancées sur sa timidité, feinte ou réelle, son célibat assumé, son style vestimentaire à la fois décontracté et austère, etc. À 49 ans, dont dix à la tête de l’État, le fils du général Gnassingbé Eyadéma, nonobstant ce halo de mystère, continue de tracer sa route. Ses détracteurs ne s’y attendaient pas. Pour eux, le frêle trentenaire au pas hésitant qui, début 2005, avait été propulsé dans un fauteuil présidentiel trop grand pour lui semblait voué à un destin éphémère. Mauvaise analyse. jeune afrique

p Faure Gnassingbé à Milan (Italie), le 21 août, pour la Journée du Togo organisée dans le cadre de l’Exposition universelle 2015.

© louis vincent

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Le voilà reparti pour un troisième quinquennat, qu’il exercera avec son style, sans coups d’éclat ni forfanterie. Dans son ombre travaillent son fidèle conseiller, le juriste français Charles Debbasch, quelques proches et fidèles placés au gouvernement (lire pp. 72-74), à l’instar de Gilbert Bawara, passé du portefeuille de l’Administration territoriale à celui de la Fonction publique lors du remaniement de septembre dernier, ou encore de Robert Dussey, aux Affaires étrangères (lire pp. 70-71). En revanche, ceux qui avaient sous-estimé les capacités du jeune chef d’État sont tombés de haut. À commencer par Kpatcha Gnassingbé, l’éruptif frère faiseur de rois, qui fut limogé du ministère de la Défense après quatre années de cohabitation délétère avec son demi-frère, qui le fit arrêter, en 2009, après la révélation par les autorités américaines d’un complot qu’il aurait ourdi contre lui. Il est incarcéré depuis sept ans à la prison civile de Lomé pour atteinte à la sécurité de l’État. Autre chute fracassante, celle de Pascal Bodjona. L’ancien directeur de cabinet de Faure Gnassingbé et tout-puissant ministre de l’Administration territoriale, arrêté et inculpé en 2012 après avoir été cité dans une affaire d’escroquerie internationale impliquant un businessman émirati, est toujours incarcéré à la prison de Tsévié. En disgrâce également: le conseiller naguère influent Barry Moussa Barqué (l’une des éminences grises de Gnassingbé Eyadéma), l’ex-directrice des Impôts Ingrid Awadé, qui a vu son étoile pâlir, ou encore l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général Atcha Titikpina, poussé à la retraite. Faure Gnassingbé est aussi parvenu à mettre hors jeu ses opposants les plus virulents (lire pp. 76-77), à l’instar de Gilchrist Olympio ou de Yawovi Agboyibo. Ces derniers mois, il a su apprivoiser son rival Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), jusqu’à s’en faire un allié, et est parvenu à contenir la fougue de Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et candidat du Combat pour l’alternance politique (CAP) à la dernière présidentielle, au point de rogner dans l’électorat traditionnellement acquis à l’opposition. FILS RENOUÉS. Son pouvoir consolidé, il lui

reste à faire revenir pleinement le pays dans le jeu diplomatique. De taille modeste, le Togo ne s’interdit désormais plus de jouer dans la cour des grands. Même s’il devait avoir lieu en novembre et qu’il a été reporté, le sommet sur la sécurité et la sûreté maritime qui doit se tenir à Lomé en mars prochain est censé y contribuer. Ce sera aussi l’occasion de montrer le nouveau visage du pays dont Faure a hérité en 2005, alors perclus de dettes, appauvri par le délabrement de ses infrastructures, par une Administration corrompue et, surtout, par un embargo international n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015


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Le Plus de J.A. Togo qui a duré quatorze longues années, la coopération avec l’Union européenne n’ayant repris qu’en novembre 2007. « Le pays ne bénéficiait plus du concours financier des bailleurs de fonds, nous n’avions plus investi dans les infrastructures, rappelle Adji Otèth Ayassor, le ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances. Depuis, nous avons renoué les fils de la coopération avec nos partenaires, et leur retour nous a permis de bénéficier de financements pour relancer les grands travaux. » Résultat, le pays est un immense chantier. Après l’inauguration d’un troisième quai l’an dernier réalisé par Togo Terminal (filiale de Bolloré Africa Logistics), l’agrandissement du port de Lomé se poursuit avec, notamment, l’objectif de renforcer les capacités logistiques de ce point d’entrée névralgique vers l’hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger). La nouvelle aérogare de l’aéroport de Lomé sera entièrement opérationnelle d’ici à quelques mois (lire p. 96) et le gouvernement envisage d’investir dans les voies ferroviaires qui vont vers le nord, ne serait-ce que pour évacuer le minerai de fer, qui devrait être exploité par un groupe indien. reCenTrAGe. Mais, pour les cinq années à venir,

le gouvernement devra concentrer son attention sur les moyens d’améliorer les conditions de vie des Togolais et d’alléger le coût du panier de la ménagère. « Avec l’aide de la BAD, nous avons d’ores et déjà mis en place un fonds de finance inclusive doté de 12 milliards de F CFA [près de 18,3 millions d’euros] lors du dernier exercice, explique Adji Otèth Ayassor. Nous mettons des ressources dans ce fonds, qui les place dans les établissements de microfinance, lesquels les prêtent à des personnes à faible revenu, surtout aux femmes. » Le gouvernement prévoit d’augmenter la dotation de ce fonds sur l’exercice 2015-2016. Les déficits en services essentiels (eau et assainissement, électricité, etc.) devraient également se réduire quelque peu, notamment grâce au projet de complexe hydroélectrique mené conjointement avec le Bénin. Pour financer ces infrastructures, le gouvernement compte sur les retombées de sa récente réforme des finances publiques, avec la création de l’Office togolais des recettes (OTR, lire p. 81), réforme qui s’accompagne de mesures visant à l’élargissement de l’assiette fiscale. Il n’exclut pas non plus le recours aux marchés financiers et à de nouveaux partenaires tels que la Banque islamique de développement (BID). « Nous voulons montrer que tout le monde compte, que chaque Togolais bénéficie de l’attention du gouvernement », résume Cina Lawson (lire p. 73), la ministre de l’Économie numérique, pour souligner cette volonté de « recentrage » social du nouveau quinquennat. Ce que chaque Togolais ne manquera pas de vouloir vérifier dans les mois à venir. ● n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

IntervIew

robert Dussey « Si le chômage des jeunes perdure, on court à la catastrophe » Créer des emplois et améliorer les conditions de vie de la population ? Le gouvernement est dans les starting-blocks, comme l’explique le ministre des Affaires étrangères.

P

rofesseurdephilosophie devenu conseiller diplomatique du président togolais, Robert Dussey (43 ans) dirige le portefeuille des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine depuis septembre 2013. À peine rentré du sommet sur la migration de La Valette (Malte), il prépare celui sur la sécurité et la sûreté maritimes, qui doit se tenir à Lomé en mars 2016. jeune Afrique : Selon la feuille de route du gouvernement, le quinquennat qui s’ouvre sera très social. Comment votre ministère compte-t-il y prendre part ? rOBerT DuSSeY : Ces der-

nières années, nous avons mis l’accent sur les réformes et sur la construction des infrastructures, mais nous sommes conscients qu’il n’y a pas que cela. La hausse de la croissance, dont le taux pourrait atteindre 6,6 % du PIB en 2016, ne se ressent pas encore sur le pouvoir d’achat des ménages. Ces prochaines années, nous souhaitons donc améliorer la vie des Togolais, leur apporter l’eau et l’électricité, faire en sorte que chacun puisse manger à sa faim… Nous espérons aussi pouvoir doter Lomé d’un centre hospitalier digne de

ce nom et améliorer la couverture hospitalière du pays. Comment la diaspora peutelle mieux contribuer au développement du pays ? et quels sont les objectifs de « réussite Diaspora » ?

Sur 6 millions de Togolais, environ 2 millions vivent à l’étranger – 1,5 million en Afrique et 500000 sur d’autres continents. Parmi eux, certains ont en effet des compétences dont notre pays pourrait bénéficier. Nous avons donc lancé un appel à candidatures pour qu’ils se manifestent. Un jury indépendant va sélectionner les meilleurs profils dans six catégories. Les candidats retenus seront présentés lors de la semaine de la diaspora, du 10 au 17 janvier. Dans le cadre d’un dispositif de codéveloppement, pour lequel nous avons le soutien du Pnud, de la Banque africaine de développement et de l’Union européenne, ceux qui voudront rentrer au Togo afin de monter un projet pourront bénéficier d’un financement pour faciliter leur retour et leur installation. Le Togo s’apprête à accueillir un sommet sur la sécurité et la sûreté maritimes. quels en sont les enjeux ? jeune afrique


5 ans pour tout changer traitée comme un problème. Dans notre perception, elle n’est pas négative.

t Le chef de la diplomatie, dans les locaux de Jeune Afrique, à Paris.

© Vincent Fournier/J.A.

Estimez-vous que les dirigeants africains offrent à leurs jeunes un avenir suffisamment intéressant pour les dissuader de quitter leur pays ?

L e p r é s i d e n t Fa u r e Gnassingbé s’est engagé pour la réussite de ce sommet, qui se tiendra en mars. Tout est fin prêt et, dans les jours qui viennent, nous en connaîtrons la date exacte. Cinq sujets seront abordés : la piraterie ; la traite des êtres humains, qui touche aussi à la question des

migrants ; la pêche illégale ; la pollution marine ; ainsi que la contribution de la mer au développement du continent. Nous mettrons un accent particulier sur la migration. En six mois, plus de 1 780 Africains sont morts en Méditerranée…Mi-novembre, lors du sommet de La Valette

sur la migration, nous avons plaidé pour que les Africains qui prennent des risques sur les océans en quête d’un avenir meilleur en Europe soient mieux traités. Pendant des siècles, ce sont les Européens quiontémigré. Le mouvement s’est aujourd’hui inversé. La migration ne devrait pas être

Ils font en général d’importants efforts pour retenir les jeunes, qui représentent la moitié de la population de la plupart de nos pays. Au Togo, nous savons qu’il est urgent de résoudre la question de leur employabilité, de trouver une meilleure adéquation entre formation et emploi, de faciliter la création de PME pourvoyeuses d’emplois, sinon nous ne pourrons pas les empêcher de vouloir partir. Et si le chômage des jeunes devait perdurer, alors nous irions vers une catastrophe. Regardez les rangs de Boko Haram et des Shebab : ils recrutent parmi les jeunes qui n’ont pas de travail… Je pense que nos dirigeants en sont conscients et font ce qu’ils peuvent dans un contexte économique qui ne nous est pas toujours favorable. ● Propos recueillis par GEorGEs DoUGUELI

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Le Plus de J.A. Togo

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Exécutif

magic system Dans les coulisses du Palais comme au sein du gouvernement, ces sept personnalités forment une équipe de choc.

Patrick daté Tévi-Benissan 54 ans, secrétaire général de la présidence

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© aPRÉSENT PouR J.a.

ycée privé Sainte-Geneviève de Versailles (en banlieue parisienne), École des mines de Paris et MBA à la Northwestern University (près de Chicago) ; carrière à la City, à Londres, chez Bankers Trust, Deutsche Bank, puis Royal Bank of Scotland… Patrick Daté Tévi-Benissan fait partie de ces Togolais de la diaspora superdiplômés et ayant fait leurs armes dans de grands groupes étrangers que Faure Gnassingbé à lui-même démarché pour qu’ils rejoignent son équipe. « Recruté » par le chef de l’État fin 2011 pour coordonner son think tank économique (le Togo Presidential Investment Advisory Council, TPIAC), ce spécialiste de la finance a pris la direction du secrétariat général de la présidence en août 2012 pour remplacer Arthème Ahoomey-Zunu, qui venait d’être nommé Premier ministre. Depuis, Patrick TéviBenissan s’est imposé comme l’incontournable cheville ouvrière de l’administration du nouveau palais de Lomé II. Tout discret soit-il, comme son patron, qu’il conseille sur nombre de questions économiques, allant des mines à l’énergie en passant, évidemment, par les finances. ● Edmond d’ALmEIdA, à Lomé

Adji otèth Ayassor 63 ans, ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances et de la Planification du développement

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© aPRÉSENT PouR J.a.

l est l’inoxydable grand argentier de Faure Gnassingbé. À la tête du portefeuille de l’Économie et des Finances depuis 2007, « le prof » fait partie de la garde rapprochée du président togolais et tient avec fermeté les cordons de la bourse de l’État. Impassible et inamovible, malgré la réserve d’ennemis qu’il s’est inévitablement constituée, y compris au sein du sérail, au fil des années et des réformes qu’il a orchestrées. On se rappelle de la violence des attaques dont il a été l’objet lors de la réforme des régies financières (douanes et impôts), désormais fusionnées au sein de l’Office togolais des recettes (OTR, lire p. 81), ou à la veille du dernier remaniement. Désormais ministre d’État et numéro deux du gouvernement, Adji Otèth Ayassor assure n’avoir d’autres priorités que celles imposées par les deux têtes de l’exécutif, le Premier ministre et le chef de l’État, dont il a manifestement toute la confiance. ● E.d’A.

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5 ans pour tout changer

Cina Lawson 42 ans, ministre des Postes et de l’Économie numérique

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ropret et silencieux, le cabinet de Cina Lawson n’a rien d’un repaire de geeks. Pour en avoir fait un véritable laboratoire d’idées en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), la ministre de l’Économie numérique est cependant perçue comme telle par ses compatriotes. Diplômée de Sciences-Po Paris et de la KennedySchool of Government de l’université Harvard, elle est « tombée par hasard dans les télécoms » à la faveur d’un passage chez Alcatel-Lucent, à Paris. Débauchée du groupe Orange par Faure Gnassingbé en 2013 pour entrer au gouvernement, cette « diaspo » qui a grandi à Neuilly-sur-Seine, en région parisienne, est souvent suspectée d’être le « cheval de Troie » des intérêts étrangers. Elle a beau assurer que ces jeunes venus de France et du Canada, qui travaillent parfois tard au ministère, ne sont que

des stagiaires non rémunérés, les critiques sur l’embauche des étrangers dans ses services ne s’arrêtent pas. Pourtant, ces enfants de la mondialisation qui font équipe avec de jeunes Togolais sont d’un apport précieux pour la boîte à idées de « Cina ». Ses collaborateurs sont en train de créer un service de messagerie .gouv pour l’ensemble des membres du gouvernement, qui, jusqu’à présent, devaient utiliser leurs adresses électroniques personnelles. Et, sous son impulsion, du 3 au 13 décembre, se tient par ailleurs la troisième édition du Forum des jeunes entrepreneurs. Elle a aussi organisé le concours AppsTogo (en avril), l’Africa Code Week (en octobre, qui promeut l’apprentissage de la programmation informatique par les jeunes) et, parallèlement, monte un tech hub, qui comportera un incubateur de start-up. ● GeorGes DoUGUeLI

Thiburce Magnim solitoki esso 66 ans, ministre d’État chargé des Affaires présidentielles lu et réélu député à plusieurs reprises, moult fois ministre (notamment de la Communication et de la Culture en 1995 et, plus récemment, ministre d’État de la Fonction publique et de la Réforme administrative, de 2010 à 2012, puis de l’Enseignement primaire et secondaire jusqu’en septembre 2013), l’ancien séminariste est désormais ministre d’État chargé des Affaires présidentielles, sans toutefois être membre du gouvernement Klassou. Les choses n’ont pas toujours été aisées pour Thiburce Solitoki Esso sous la présidence de Faure Gnassingbé. Lorsque ce dernier décide, en 2012, de dissoudre le Rassemblement du peuple togolais (RPT, parti présidentiel) pour créer l’Union pour la République (Unir), Solitoki Esso est condamné à couler avec l’ancien parti unique, dont il était secrétaire général depuis 2006. Mais « doté d’impressionnantes qualités humaines », comme le reconnaît l’un de ses anciens camarades de séminaire, il est nommé, en septembre 2013, ministre chargé des Affaires présidentielles. Homme de communication, Solitoki Esso est titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication obtenu à l’université Paris-II. Il a été nommé à la tête de la télévision d’État en 1979 par Eyadéma. Aujourd’hui conseiller du président, il mène pour lui certaines missions délicates, notamment les prises de contact politiques. ● e.D’A. JEuNE afriquE

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Le Plus de J.A. Togo

Guy Madjé Lorenzo

58 ans, ministre de la Communication, de la Culture, des Sports et de la Formation civique

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© aPRÉSENT PouR J.a.

lancé, corpulence athlétique, cheveux légèrement grisonnants… Vu de loin, Guy Lorenzo a de forts traits de ressemblance physique avec le chef de l’État, son ami depuis le milieu des années 2000. Après avoir effectué une grande partie de son parcours professionnel en France, à la Coface et chez Natexis, il est rentré au Togo en 2005, au lendemain de l’accession à la magistrature suprême de Faure Gnassingbé. Ministre délégué auprès du président de la République chargé du Commerce et de la promotion du secteur privé de 2008 à 2010, il était depuis conseiller économique du chef de l’État jusqu’à son retour au gouvernement, en juin dernier. Discret, mais politiquement efficace, Guy Lorenzo a coordonné la campagne 2015 de Faure Gnassingbé à Agou, région autrefois favorable à l’opposition et dont est originaire la mère du président. ●

Payadowa Boukpessi

61 ans, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales

P

lusieurs fois ministre sous Eyadéma, Payadowa Boukpessi a été le tout premier commis aux Finances de Faure Gnassingbé, au lendemain de son élection, en 2005. Limogé de son portefeuille en 2007, il n’est cependant jamais entré en conflit avec le chef de l’État depuis lors. Véritable animal politique, il est redevenu député et a assuré la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée nationale jusqu’en août 2013. Très impliqué dans les activités du nouveau parti présidentiel – où il est notamment connu pour sa philanthropie –, Payadowa Boukpessi a été nommé en tant que représentant du parti Unir au sein de la Ceni en février dernier, comme Dèdèriwè Abli-Bidamon. Et son retour à un ministère stratégique au gouvernement est comme un clin d’œil fait aux ex-dignitaires du régime tombés en disgrâce sur l’importance, dans le schéma de gouvernance de Faure Gnassingbé, de la notion de « réserve de la République ». ● E.D’A.

Marc Dèdèriwè Abli-Bidamon 51 ans, ministre des Mines et de l’Énergie

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arc Dèdèriwè Abli-Bidamon a longtemps fait des envieux dans les coulisses du pouvoir togolais. Ancien directeur général de Togo Cellulaire, puis patron des Douanes, il était considéré comme très proche du chef de l’État jusqu’à son éviction, en 2011, de la direction de la régie financière désormais disparue. Certains disaient de lui qu’il était « tombé en disgrâce » à cause de sa proximité avec l’ex-tout-puissant ministre de l’Administration territoriale, Pascal Bodjona, incarcéré depuis août 2014 pour son implication présumée dans une affaire « d’escroquerie internationale ». Pourtant, il semble que la réputation d’efficacité de Dèdèriwè AbliBidamon à accomplir ses missions ainsi que la confiance du clan présidentiel ne l’aient pas abandonné. En février dernier, deux mois avant la présidentielle, il a été nommé membre représentant de la majorité au sein de la Commission électorale

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nationale indépendante (Ceni). Et, pour ceux qui pouvaient encore en douter, sa nomination, en juin, au très stratégique ministère des Mines et de l’Énergie est perçue comme une réhabilitation pleine et entière au sein de l’équipe exécutive. ● E.D’A. jeune afrique



Le Plus de J.A. Togo Politique

Même pas CAP? La coalition du Combat pour l’alternance politique s’est fissurée avant la présidentielle. Depuis, l’opposition est presque silencieuse. Le temps de revoir ses positions et, pourquoi pas, de se renouveler.

F

ini de faire campagne. Le scrutin passé, Jean-Pierre Fabre a repris son siège à l’Assemblée nationale auprès des 16 autres députés de son parti, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Arrivé deuxième avec 35,19 % des suffrages exprimés à la présidentielle du 25 avril dernier, l’opposant a renoncé à mobiliser ses partisans pour qu’ils contestent dans la rue le résultat des urnes. Cet échec – le deuxième depuis qu’il a rompu avec son mentor, Gilchrist Olympio, lors de la présidentielle de 2010, pour se positionner en principal challenger de Faure Gnassingbé –, Fabre l’impute pourtant « aux nombreuses irrégularités » qui auraient faussé l’issue du scrutin à son détriment. Mais, curieusement, les lendemains de l’après-présidentielle ont été moins agités qu’en 2010. Jean-Pierre Fabre, « le président autoproclamé des plages de Lomé », comme le surnomment ses détracteurs, fait profil bas, fuit la presse et a mis une sourdine à son habituel discours de victimisation. A-t-il fait le deuil de ses ambitions présidentielles ? « Pas du tout, assure l’un de ses proches. Nous prenons le temps de tirer les enseignements de cette élection. » LÉTHARGIE. En ce début de nouveau quinquennat, le leader de l’ANC n’est pas le seul à se faire discret. L’ancien Premier ministre Me Yawovi Agboyibo et son confrère Me Dodji Apévon, le duo à la tête du Comité d’action pour le renouveau (CAR), semblent aphones. Pour protester contre le refus du pouvoir de revoir la composition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les deux

opposants avaient appelé au boycott du scrutin. Mais ils n’ont pas obtenu de fléchissement significatif du taux de participation, qui a été de 60,99 % des inscrits, contre 65 % en 2010. Signe évident de léthargie, plus aucun des ténors de l’opposition ne parle des réformes institutionnelles et constitutionnelles dont ils avaient pourtant fait une condition de leur participation à la présidentielle, exigeant notamment l’introduction de la limitation du nombre de mandats et le passage à un mode de scrutin à deux tours.

montré favorable au projet de l’Union pour la République [Unir, le parti présidentiel], qui préparait la modification constitutionnelle pour consacrer le principe d’une élection à deux tours et celui de la limitation du nombre de mandats, à la seule condition que l’on ne demande pas la rétroactivité de la loi », explique Gerry Komandéga Taama, président du Nouvel Engagement togolais (lire ci-contre). « J’ai proposé que nous soutenions l’initiative, d’autant que, en ce domaine, le principe juridique de rétroactivité n’existe dans aucun autre pays. » Ce fut un non catégorique des autres partis du CAP 2015 qui a poussé Gerry Taama à être candidat en solitaire. « Pourtant, nous tenions là l’occasion d’obtenir l’alternance à moyen terme », conclut ce dernier. IMPOPULAIRES. Les principaux lea-

ders de l’opposition ont dit non (et le projet de loi n’a pas été soumis au vote du Parlement), mais ils n’avaient pas de plan de rechange. À l’évidence, ÉCLATEMENT. Sans majorité à l’Asseml’ANC et ses alliés évitent les décisions blée nationale, l’opposition n’avait pas les impopulaires susceptibles de déplaire moyens de faire adopter ces dispositions. L’initiative revenait donc à la majorité à ceux qui, parmi leur électorat, restent et au gouvernement, qui, de son côté, radicalement opposés au fils et succesa montré des signes de bonne volonté seur du général Gnassingbé Eyadéma. pour faire évoluer la Constitution, au Principalement localisé dans le sud du point de créer une commission ad hoc pays et historiquement issu du Comité chargée d’y réfléchir. de l’unité togolaise (CUT, le parti du président Sylvanus Olympio, assassiné en 1963), cet électorat Fabre fait profil bas et fuit la a quitté les rangs de l’Union des presse. Agboyibo et Apévon forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio pour rejoindre semblent aphones… l’ANC. Mais l’opposition est vite retombée En attendant, avec le retrait de l’oppodans ses travers. Fabre en tête, les leasant historique Gilchrist Olympio et le ders de la coalition des principaux partis rapprochement qui s’est opéré entre d’opposition, le Combat pour l’alternance Agbéyomé Kodjo, le président de l’Orgapolitique en 2015 (CAP), ont en effet exigé nisation pour bâtir dans l’union un Togo que la disposition relative à la limitation solidaire (Obuts) et la majorité, l’Unir peut donc tranquillement préparer les des mandats ait un effet rétroactif, ce qui aurait eu pour conséquence d’exclure législatives de 2018. Le parti du président Faure Gnassingbé fera tout pour obtenir le chef de l’État sortant de la course à une majorité écrasante à l’Assemblée la présidentielle. Point qui a d’ailleurs nationale (où il dispose actuellement de provoqué l’éclatement du CAP. 62 sièges sur 91) et pourra ainsi réformer « Le clash entre mon parti et le CAP 2015 est survenu lorsque je me suis à sa guise. ● GEORGES DOUGUELI © Vincent Fournier/JA

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5 ans pour tout changer questions à Gerry Komandéga Taama Président fondateur du Nouvel Engagement togolais (NET)

« il faut se débarrasser des racines du vote régionaliste » Gerry KOM an DÉG a TaaMa: Que la politique au

apresent

Togo meurt de l’absence d’innovation et de l’incapacité à produire un nouveau discours. Je continue cependant de croire qu’il est indispensable qu’une nouvelle classe politique commence à émerger. Le danger est que, dans quinze ou vingt ans, on risque fort de se retrouver avec une sorte de vide, parce que les leaders politiques d’aujourd’hui n’auront pas assuré ce renouvellement.

L

e président du Nouvel Engagement togolais (NET), le parti qu’il a créé en 2012, a un parcours atypique. Après une licence en sociologie à l’université de Lomé, Gerry Komandéga Taama intègre l’école supérieure militaire française de Saint-Cyr, dont il sort officier et diplômé d’une maîtrise en droit international humanitaire. Il sert ensuite dans un régiment blindé auTogo, avant de partir pour la Côte d’Ivoire dans le cadre d’une mission onusienne de maintien de la paix. En 2008, il démissionne de l’armée pour créer ses entreprises, dans

la sécurité et dans l’édition. Il dirige notamment les éditions Moffi, où il a lui-même publié un roman, Parcours de combattants (2009) et un recueil de nouvelles, Chroniques de la caserne (2010). Pour sa première candidature, Gerry Taama est arrivé en quatrième position à la présidentielle du 25 avril dernier et, à 40 ans, il est l’une des rares figures crédibles du renouvellement de l’opposition togolaise. jeune afrique : quels enseignements avez-vous tiré de votre participation à la présidentielle ?

qu’entendez-vous par là ?

Une partie de l’opposition actuelle est régionaliste et radicalisée. Son électorat constitue une minorité qui bloque l’émergence d’un nouveau discours. C’est à cause d’elle que le Combat pour l’alternance politique [CAP] est dans l’impasse. Pour en sortir, de nouveaux leaders doivent pourvoir émerger, s’inscrire dans la durée et sensibiliser les jeunes. À court terme, cela semble peine perdue car Jean-Pierre Fabre [le leader de l’Alliance nationale pour le changement, ANC] exerce une fascination telle sur ces électeurs que, quelle que soit la situation, ils se disent « nous, c’est Fabre ou rien ». Il faut donc travailler sur le

long terme pour se débarrasser des racines du vote régionaliste. regrettez-vous d’avoir été candidat ?

Non, mais je ne le referais plus de la même façon. Je reconnais avoir commis des erreurs, car ma décision de me porter candidat date de décembre 2014, ce qui était trop tardif. Non seulement il me fallait rattraper ce retard, mais les gens ne sont pas dupes quand ils nous voient débarquer au dernier moment. J’aurais dû aussi mieux rationaliser mes dépenses. J’ai perçu de l’État 76 millions de F CFA (115861 euros) de fonds de campagne, et j’ai fini avec une ardoise, que je rembourse encore, de 19 millions de F CFA… Sans compter que, à cause du zèle de certaines personnes, mes entreprises sont exclues de la commande publique. Le système en place doit tenir compte du fait que nous jouons un rôle républicain et qu’il est aussi de son devoir de nous éviter d’être dans de telles difficultés. Mais quand j’en parle, en général, on me répond : « C’est bien fait pour toi ! » ● Propos recueillis à Lomé par GeOrGes DOuGueLi

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Le Plus de J.A. Togo

Tribune

Un si long chemin vers l’émergence KaKo nubuKPo Ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques du Togo, Global Leader Fellow à l’université d’Oxford, Royaume-Uni

Nombre de chercheurs pour 1 million d’habitants

890

en Chine,

710

au Brésil,

35

au Togo

l

es plans d’émergence africaine se suivent et se ressemblent. Ils sont généralement conçus par les grands cabinets internationaux de consulting. Il en est de même des tables rondes des bailleurs de fonds pour leur financement, qui se tiennent à Paris, un peu comme si les responsables africains actaient de fait leur incapacité à financer ces plans sans intervention de l’extérieur. Cela est symptomatique de l’extraversion économique de notre continent, barrière insidieuse et tenace à la réussite de tout programme d’émergence. Le Togo devra éviter cet écueil et se tourner résolument vers les voies endogènes pour sa transformation structurelle. Cependant, pour baliser le chemin, il est utile de rappeler les principales caractéristiques des pays dits émergents. Ces derniers se singularisent par une croissance rapide, une industrialisation accélérée, un taux d’urbanisation élevé, une population jeune, un essor de la classe moyenne, des infrastructures commerciales en amélioration et un développement notable du commerce, ainsi que par un système légal en rénovation, un environnement des affaires risqué mais en voie d’assainissement et, enfin, par un développement soutenu des marchés financiers, avec une capitalisation boursière croissante. Les déterminants structurels de l’émergence sont donc la bonne qualité des institutions, la disponibilité du capital physique, la formation du capital humain, la promotion du progrès technique et de l’innovation, et, enfin, la mise en œuvre de politiques publiques idoines (politiques commerciale et de change, politiques budgétaire, monétaire et sectorielles).

Pour son émergence, ce dernier doit donc augmenter de manière drastique son niveau d’investissement, son volume de crédits à l’économie, et investir davantage dans la recherche. Plus généralement, cinq principaux défis semblent paver la route de cette émergence togolaise: • l’amélioration de la qualité des institutions, dans le souci d’assurer leur stabilité, leur bonne gouvernance, et de promouvoir la confiance entre les citoyens, et entre les citoyens et les gouvernants, • l’augmentation du volume et de la productivité du capital physique, avec la poursuite de la politique des grands travaux, une mutualisation accrue des ressources et la réduction des coûts et des incertitudes liés à l’investissement privé, • la promotion du capital humain, afin d’assurer le plein-emploi et de tirer meilleur profit du fort potentiel d’une population très jeune, • l’accélération de l’innovation technologique, à travers une augmentation des ressources nécessaires aux projets, une meilleure accessibilité auxTIC et des moyens supplémentaires aux centres de recherche du pays, • la mise en cohérence des politiques publiques via un effort accru en matière de compatibilité dynamique entre les orientations des politiques macroéconomiques, sectorielles et microéconomiques. À cet égard, la superposition des discours néolibéral sur le plan macroéconomique, mercantiliste sur le plan sectoriel et de ceux fondés sur la préservation des droits humains (OMD, puis ODD) sur le plan microéconomique porte les germes d’une improvisation fortement préjudiciable à l’émergence du pays et de l’ensemble du continent.

Passé cet inventaire, en ce qui concerne l’émergence du Togo, il est aisé de constater qu’il y a « loin de la coupe aux lèvres », comme l’écrivait Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi. Par exemple, le taux d’investissement en Chine est le plus élevé de celui des pays émergents avec un ratio de 47 % du PIB, contre 18 % pour leTogo; le niveau des crédits à l’économie pour l’Afrique du Sud est de 153 % du PIB, contre 23 % pour le Togo (soit 6,67 fois le niveau de crédits à l’économie togolaise). En matière d’innovation, le nombre de chercheurs est de 890 pour 1 million d’habitants en Chine, de 710 au Brésil et de 35 auTogo.

LeTogo peut réussir. Il dispose de ressources humaines de qualité, d’un capital physique et d’infrastructures en croissance régulière, de conditions agroécologiques clémentes, d’une démographie dynamique et d’une forte capacité d’innovation – comme en témoigne le succès de ses jeunes entrepreneurs sur les scènes africaine et mondiale. Il lui faut cependant refonder les bases de son contrat social par un dialogue inclusif et sincère, gage de la promotion de la confiance entre les citoyens. C’est ensemble que nous préserverons le legs de nos parents, et c’est ensemble que nous préparerons l’avenir des générations futures. ●

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5 ans pour tout changer Fiscalité

Quand les fraudeurs passent à la caisse Après sa première année d’exercice, malgré la fronde menée par les puissants syndicats des régies financières, l’office togolais des recettes affiche un bilan plutôt positif.

J

usqu’à son lancement officiel en février 2014, l’Office togolais des recettes (OTR), qui est une fusion « à la rwandaise » de l’administration des douanes et de celle des impôts, était perçu par de nombreux Togolais comme « une blague » ou comme un subterfuge de la majorité dont le seul but serait d’écarter quelques personnalités devenues encombrantes. Pourtant, ce projet pilote soutenu par la BAD et le FMI est en passe de prouver son efficacité et pourrait s’étendre progressivement à d’autres pays d’Afrique francophone. De leur côté, le syndicat des impôts et celui des douanes n’ont pris conscience de l’ampleur et de la réalité de la réforme que tardivement, après la nomination, mi-janvier 2014, du commissaire général de l’OTR, le Rwando-Canadien Henry Gaperi (ce dernier était jusqu’alors conseiller au Fonds monétaire international en matière de politique et administration des recettes pour plusieurs

pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique cenle commerce et à lutter contre la cortrale). Sur les 2 030 agents issus des deux ruption). Il a également mis en place anciennes administrations des douanes un numéro vert et une adresse électroet des impôts, l’OTR n’a réengagé, après nique pour recueillir les plaintes des concours, que 52 % d’entre eux, et l’effeccontribuables. Sur les routes, dans les tif total du personnel (nouvelles recrues marchés et au sein des administrations, comprises) a été réduit de 17 %. les mécanismes de perception ont été Cette restructuration a provoqué des renforcés. mouvements de protestation et une fronde contre l’otR n’a réengagé que 52 % le nouvel office a été des agents des ex-administrations âprement menée dans les médias comme sur le terdes douanes et des impôts. rain. À tel point que, dans Au Port autonome de Lomé (PAL), une adresse à la nation du 26 avril 2014, l’un des principaux contributeurs au le chef de l’État a dû lui-même rassurer les agents des régies en soulignant que budget de l’État, les mesures désormais la réforme n’était pas dirigée contre eux. imposées par l’Office suscitent régulièrement la colère des transitaires et Plaintes. Dès le premier semestre des déclarants en douane, ainsi que de 2014, l’OTR a rendu obligatoire la déclacertains commissaires en douane dérouration de patrimoine pour ses agents tés par l’introduction imminente d’un et le paiement des recettes fiscales par nouveau mode d’organisation basé sur voie bancaire (mesure visant à faciliter l’e-tax, dont l’informatisation intégrale des procédures douanières à travers le Guichet unique du commerce extérieur (Guce). HUMeUR. Mais les mouvements d’hu-

meur des uns et des autres n’ont pas érodé la détermination des responsables de l’OTR à lutter contre l’informel. Et les résultats sont au rendez-vous. En 2014, l’OTR a ainsi récolté 457,9 milliards de F CFA (environ 700 millions d’euros, soit 10 % de plus que les prévisions), dont 54,3 milliards de F CFA supplémentaires de recettes douanières et fiscales par rapport à 2013 et 379 milliards de F CFA de recettes fiscales liquides (en hausse de 23 %). Pour l’année en cours, l’Office table sur un montant total de recouvrement de 480,4 milliards de F CFA et espère se rapprocher des 500 milliards pour l’exercice 2016, notamment grâce à l’introduction de nouvelles mesures comme la facture normalisée, l’application du tarif extérieur commun (TEC) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la consolidation de la culture d’entreprise. ● edMond d’alMeida, à Lomé jeune afrique

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Le Plus de J.A. Togo IndustrIes extractIves

Ça repart pour les phosphates La filière bénéficiera d’un grand coup d’accélérateur avec le méga-projet de Kpémé, attribué en septembre à l’israélien Elenilto et à son partenaire chinois Wengfu. de 1,5 million de tonnes pour l’année 2015, malgré le mouvement de grève de ses travailleurs au premier semestre, qui a conduit à suspendre les opérations pendant plusieurs semaines sur ses sites de la région Maritime, à Hahotoé (30 km au nord-est de Lomé) et à Kpémé (32 km à l’est de Lomé). Si le plan de relance 2011-2015 arrive à échéance, l’État compte bien poursuivre le redressement de la filière. Il s’est notamment rapproché du puissant groupe marocain OCP, numéro un du secteur, afin que ce dernier noue un partenariat avec la SNPT. Mais pour le moment, le principal défi pour Marc Ably-Bidamon, le ministre des Mines et de l’Énergie, c’est l’aboutissement du mégaprojet d’exploitation et de transformation de phosphate carbonaté et d’engrais de Kpémé, l’un des plus grands gisements en Afrique subsaharienne p Sur l’un des sites d’extraction de la SNPT, dans la région maritime. (avec des réserves estimées à plus de 2 milliards de tonnes). ans les années 1980 et 1990, les Les résultats ne se sont pas fait attendre, Au terme de quatre ans de négociations phosphates constituaient la même s’ils sont encore loin de l’objectif de etd’unappeld’offresinternational(auquel principale source de recettes 2,5 à 3 millions de tonnes espéré en 2011, participaient l’australien Balamara d’exportation et représenlors du démarrage du plan de relance : la Resources et l’indien Coromandel), le taient 40 % des recettes de l’État. Mais production est repassée à 1,1 million de développement de ce projet a finalela production annuelle du pays a énortonnes en 2012 et est restée stable en 2013. ment été confié, début septembre, au mément régressé, passant de 3,39 millions Selon le dernier rapport consortium formé par de tonnes en 1989 à 800 000 en 2009, à réalisé par le cabinet bri- des hauts et des bas Elenilto (filiale du groupe cause de la vétusté des installations, d’une tannique Moore Stephens (Production en millions de tonnes) Engelinvest, contrôlé par mauvaise gestion et de l’incapacité de LLP pour l’Initiative pour l’Israélien Jacob Engel) l’Office togolais des phosphates puis de la transparence dans les et son partenaire stratél’International Fertilizers Group-Togo industries extractives gique, le chinois Wengfu. (Itie-Togo), publié en sep(dissous) à investir. L’investissement pour la 1989 2015 Depuis 2010, le gouvernement a mis tembre, la filière phosphate construction de l’usine de 3,39 1,5 production d’acide phosen place un plan de relance de la filière a généré 24,3 milliards de estimé à plus de 200 milliards de F CFA F CFA, soit 27 % du total phorique et d’engrais est (près de 305 millions d’euros) d’invesdes recettes d’exportation estimé à 1,4 milliard de tissements sur la période 2011-2015 afin du pays en 2013, après le dollars (environ 1,3 mil2009 de doper la production. Cette stratégie clinker (43,5 milliards, soit liard d’euros), financé à 0,8 s’est appuyée sur la Société nouvelle des 49 % des recettes à l’export) 60 % par Elenilto et à 40 % phosphates du Togo (SNPT, publique), et juste devant l’or (21,5 milliards, 24 %), par Wengfu, qui prévoient de commerdirigée par Michel Kézié. Une première qui sont les deux autres principaux procialiser, d’ici à trois ans, au moins 3 milphase a consisté à remettre à niveau et à duits miniers exportés par le pays. lions de tonnes de phosphate de roche moderniser toutes les installations exisconcentré, 500000 t d’acide phosphorique tantes et à ouvrir deux nouvelles mines, défi. Après un investissement de 6 milet 1,3 million de tonnes de fertilisants par à Dagbati et à Nyita, dans le sud du pays, liards de F CFA en 2014, une production an. De quoi apporter une véritable valeur près de Lomé. La seconde phase a porté de 1,11 million de tonnes et un chiffre ajoutée et un grand coup d’accélérateur sur l’acquisition de moyens logistiques d’affaires en hausse (à 57,75 milliards de au redéploiement de la filière ● de pointe. F CFA), la SNPT table sur une production BAUdELAiRE MiEU, envoyé spécial © Jacques Torregano pour J.a.

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Le Plus de J.A. Togo

© jacques Torregano pour j.a.

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p Cacaoyère près de Kpalimé, dans la région des Plateaux. Agriculture

Heureux qui peu importe Du café au cacao en passant par le coton, le riz ou l’huile de palme, on produit enfin plus et mieux. Et pas seulement pour l’export.

l

e gouvernement poursuit son Projet d’appui au secteur agricole (Pasa) 2011-2016, dont l’investissement est de 75,5 millions de dollars (71 millions d’euros) sur six ans, financés conjointement par l’État et, à hauteur de 37 millions de dollars, par ses partenaires multilatéraux, dont la Banque mondiale, le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) et le Programme d’intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (GFRP). Malgré quelques tâtonnements, ce plan a permis d’augmenter les capacités productives des principales filières

agropastorales et halieutiques : riz, soja, maïs, fruits, élevage et pêche pour les principaux produits vivriers, cacao, café et coton pour ceux à l’export. RENTE. Un accent particulier a été mis sur

les cultures de rente, à commencer par le cacao. Le Togo en est un petit producteur comparé à son voisin ghanéen (deuxième producteur mondial avec 850 000 tonnes par an), mais « grâce à la mise en œuvre du Pasa, la récolte de cacao devrait atteindre 12 000 t pour la saison 20142015 [contre 7 500 t en 2008] », souligne Enselme Gouthon, le secrétaire général du

Comité de coordination pour les filières café et cacao. « Nous visons 18 000 t pour la prochaine campagne, ajoute-t-il, et comptons parvenir à 30 000 t à l’horizon 2018. » Les producteurs reçoivent sous forme de subvention des produits phytosanitaires, de l’engrais et de nouvelles variétés de plants, qui leur permettent de produire 1 t à l’hectare, contre 300 kg auparavant. La récolte de café devrait pour sa part atteindre 11000 t à la fin de la saison, contre5000 t avant le lancement du Pasa. Désormais, l’objectif est de franchir le cap des 35 000 t d’ici trois ans. Quant à la campagne cotonnière 2014-2015, elle a permis de récolter 113 000 t de cotongraine, contre 77 850 t en 2013-2014, soit une hausse de 45 %. Et même si le rendement à l’hectare reste faible – ce qui est en passe d’être corrigé, assure le ministère de l’Agriculture–,lafilièreviseuneproduction de 200 000 t d’ici à 2020. Côté production vivrière, étant donné quelepaysimporteenviron18000td’huile depalmeparan,l’Étatencouragelaplantation de palmeraies industrielles. Financés par le groupe mauricien Kalyan Agrovet Investments (lire ci-dessous), quelque 52000 palmiers sont en train d’être plantés à Agou (Sud-Ouest, dans la région des Plateaux) sur une superficie de 250 ha, qui sera étendue à 1 000 ha d’ici à la fin de 2016. L’investissement de Kalyan, estimé à 65 millions de dollars, comprend aussi la construction d’une usine d’une capacité de production de 24 000 t d’huile par an d’ici à 2022. Assez pour couvrir la consommation locale et exporter un peu. En plus de la plantation de Kalyan, une superficie additionnelle de 5 000 ha sera mise en valeur par de petits exploitants locaux sous contrat avec l’unité principale, dont la production alimentera aussi l’usine. ● BAUDElAIRE MIEU

Chair de poule!

f

inmars,legroupemauricien Kalyan Agrovet Investments a lancé les travaux d’aménagement d’un centre avicole commercial intégré à Badja (à 40 km au nord de Lomé) et à Ando (10 km plus au nord), avec la bénédiction du chef de l’État, du gouvernement, des élus et des chefs traditionnels locaux. Et pour cause : Kalyan est en

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train d’investir 12 millions de dollars (plus de 11 millions d’euros) pour la construction d’une ferme de production de poulets de chair (capacité de 400 000 volailles) et de pondeuses (100 000 têtes), d’une écloserie (240000 poussins), d’une unité d’abattage (1000 oiseaux/h) et d’une provenderie (5 t/h). Sans oublier la mise en culture de 1 000 ha

de maïs et autres céréales pour l’alimentation des différents élevages, ni la transformation des résidus (os, etc.) et du fumier, qui pourront être utilisés comme engrais organique. À la clé, la création de quelque 300 emplois directs. Le groupe vise une production annuelle de 24 millions d’œufs et de 4 000 à 4 500 t de viande de volaille prête à

consommer d’ici cinq ans, lorsque les unités seront en pleine activité. Cela devrait permettre de réduire de moitié les importations de chair de poulet du pays. L’écloserie et la provenderie pourront quant à elles fournir des poussins et des aliments de qualité et à moindre coût aux aviculteurs locaux. ● CéCIlE MANCIAUX jeune afrique


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AménAgement et infrAstructures

Cherche appartement ou maison Effet de l’essor démographique et de la croissance, Lomé est en plein boom immobilier. Mais l’offre en logements sociaux et économiques reste très insuffisante.

À

Lomé, les chantiers résidentiels se multiplient. Le célèbre boulevard du 13-Janvier, principale avenue de la métropole, témoigne à lui seul de cette frénésie de construction, et la vente de terrains est également en plein boom. Mais force est de constater que, dans les principaux quartiers de la capitale, la classe moyenne et les populations vivant au-dessous du seuil de pauvreté ne parviennent pas à trouver de maison ou d’appartement où se loger, que ce soit en location ou à l’achat. La population loméenne continue de croître à un rythme soutenu, la ville se construit et s’agrandit, mais l’offre de logements sociaux et « économiques », notamment pour les fonctionnaires et les jeunes actifs du privé – de plus en plus nombreux –, stagne. Cité Mokpokpo, l’Espoir. En 2008, conscient du problème, le gouvernement avait déjà souligné qu’il tenait à trouver des solutions pour permettre à toutes les catégories sociales du pays d’accéder à la propriété et à un logement n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

abordables, allant de 7 à 17 millions de décent. Et c’est finalement fin janvier F CFA (environ 10 700 à 26 000 euros). dernier qu’un premier programme de L’ensemble du programme devrait être construction de 1 000 logements sociaux livré en 2018. a été lancé. Principalement destiné aux fonctionnaires de l’État (catégories A1, FiNANCEMENt. Selon le ministre de A2 et B), il s’inscrit dans la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’Économie et de Finances, Adji Otèth l’emploi (Scape). Ayassor, les particuliers pourront acquérir ces logements via des crédits immobiliers À la suite d’une enquête foncière et après négociation avec les occupants, les sur quinze ou vingt ans, avec des taux pouvoirs publics ont retenu un terrain d’intérêt raisonnables. L’État compte sur de 12,5 ha à Adidogomé ( banlieue nord-ouest Fin janvier, l’état a lancé un de Lomé) pour accueilpremier programme d’habitat, lir le projet, baptisé cité Mokpokpo (« espoir », en destiné à ses fonctionnaires. langue éwée). La réalisation du programme a été confiée à le secteur privé pour soutenir sa politique deux opérateurs étrangers, la Société et, à cet égard, plusieurs banques préivoirienne de promotion immobilière sentes dans le pays, notamment Orabank, (Sipim) et le marocain Abri 2000. La cité, BIA et Banque Atlantique, se sont engaoù sont également prévus la construction gées à proposer aux fonctionnaires des d’une école et l’aménagement d’espaces plans de financement adaptés. La Caisse verts, comprendra 420 maisons de plainrégionale de refinancement hypothécaire pied (de type 2, 3 et 4 pièces), ainsi que de l’Union économique et monétaire 120 appartements en immeubles collectifs ouest-africaine (UEMOA) participe elle qui seront commercialisés à des prix aussi au projet. ● EdMoNd d’AlMEidA jeune afrique


5 ans pour tout changer

À l’abri des grosses coupures

U

 Les résidences Citéales, quartier Tokoin-Wuiti, dans le centre de la capitale.

SGI Société de bourse 1996 : Création 1997 : Agrément CREPMF1/ Membre de la BRVM 1998 : Démarrage des activités 2001 : Dépositaire de trois Fonds Communs de Placement commercialisés par la société de gestion d’OPCVM, OPTI ASSET MANAGEMENT créée par la SGI-TOGO 1

Autorité de régulation du marché.

ne fois n’est pas coutume. Alors que la plupart des métropoles ouest-africaines sont confrontées à une crise énergétique (qui s’est aggravée ces derniers mois), Lomé est parvenu à combler son déficit en électricité grâce à la centrale thermique construite et gérée par ContourGlobal, qui a été mise en service en avril 2010. L’opérateur américain a signé en 2006 un accord de concession d’une durée de vingt-cinq ans avec le gouvernement togolais pour cette unité d’une capacité installée de 100 MW. Si sa construction a été au centre de polémiques, notamment liées à son coût (un investissement de plus

de 145 millions d’euros), l’ouvrage permet aujourd’hui aux Loméens d’avoir de l’électricité au moins 95 % du temps. « Si vous observez la situation dans d’autres pays de la région, on peut dire que la construction de la centrale de Lomé a été une bonne décision. Aujourd’hui, elle permet au Togo d’éviter les coupures importantes », explique Cheick Oumar Sylla, le directeur général Afrique de ContourGlobal. Et même si les difficultés persistent sur le réseau de distribution, l’alimentation de tous les foyers et, surtout, de toutes les unités industrielles de la capitale est désormais assurée. ● E.D’A.

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Le Plus de J.A. Togo

© aprésent

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p L’imposant siège de la Banque ouest-africaine de développement, au cœur du centre-ville. Finance

Les banquiers misent sur Lomé… Et vice versa Plusieurs établissements financiers panafricains et internationaux ont établi leurs QG régionaux dans la capitale togolaise. Peut-elle pour autant rivaliser avec Abidjan, ou même Dakar ?

L

omé tient le cap, bien résolu à gagner son pari de devenir l’une des principales plateformes de services financiers en Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, la capitale est parvenue à attirer sur sa zone franche les sièges d’institutions et de groupes financiers de premier plan. Imposants, celui de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD, sur l’avenue de la Libération) et, juste à côté (sur le boulevard circulaire), celui de la Banque n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

d’investissement et de développement de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC, bras financier de la Cedeao), sont les QG historiques des deux institutions. Envergure ouest-africaine oblige et compte tenu des chantiers majeurs en cours ou en projet dans la sous-région, leurs opérations financières et leurs levées de fonds sont de loin les plus importantes parmi celles opérées depuis Lomé.

La capitale togolaise accueille également le siège continental de banques panafricaines comme Orabank (avenue du 24-Janvier) et Ecobank (sur le boulevard du Mono), ainsi que celui du capital-investisseur Cauris Management, installé au sein du complexe de la BOAD. Désormais, c’est la KfW, l’institution financière publique allemande spécialisée dans l’aide au développement et à l’exportation, qui règle les derniers détails de son installation à Lomé, prévue dans les prochains mois. Quant à la construction du siège togolais de la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC), commencée en décembre 2014, elle se poursuit sur le jeune afrique


5 ans pour tout changer boulevard du 13-Janvier. Le bâtiment de neuf étages devrait être livré vers la fin de 2016 ou le début de 2017. Zone franche. Pour rester dans

cette dynamique, il s’agit cependant de continuer à marquer des points face aux métropoles économiques régionales, comme Dakar, qui abrite le siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et surtout Abidjan, où la Banque africaine de développement (BAD) a désormais repris ses quartiers et qui héberge notamment la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), ainsi que les sièges régionaux de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD). La concurrence est d’autant plus rude depuis que la locomotive ivoirienne a laissé derrière elle la décennie de crise politique et renoué avec la croissance. Ainsi, dès 2012, Atlantic Financial Group (AFG), le holding de Banque Atlantique, a quitté son quartier général de Lomé pour emménager à Abidjan.

Outre la création de la zone franche, les autorités togolaises ont adopté successivement un code des investissements innovant et attractif et un code des marchés publics en adéquation avec les normes et standards internationaux. Elles mettent désormais les bouchées doubles pour que les infrastructures numériques indispensables aux transactions financières soient à niveau.

la compagnie panafricaine dessert aujourd’hui 22 destinations dans 19 pays d’Afrique occidentale et d’Afrique centrale). LoBBYInG. Après des tournées en Asie et

en Europe l’an dernier, l’exécutif poursuit son lobbying au niveau continental et international pour attirer de nouvelles institutions financières et d’aide au développement à Lomé, sous la houlette du ministre de Le gouvernement a entrepris de l’Économie et des Finances, courtiser quelques grands fonds Adji Otèth Ayassor, et de son homologue aux Affaires d’investissement asiatiques. étrangères, Robert Dussey (lire pp. 70-71). « Notre modèle est Elles ne manquent pas non plus de Singapour, qui est la deuxième place rappeler les progrès réalisés et les chantiers en cours en matière de dessertes financière d’Asie, explique ce dernier. Et routière et aérienne, notamment à nous renforçons notre coopération pour mieux nous inspirer de son exemple. » l’aéroport international GnassingbéCes derniers mois, le gouvernement a Eyadéma (dont le nouveau terminal est sur le point d’être inauguré, lire d’ailleurs entrepris de courtiser quelques grands fonds d’investissement asiatiques p. 96). Ni que c’est à l’aéroport de Lomé pour qu’ils viennent s’installer au Togo. ● qu’Asky Airlines a implanté son hub BaudeLaIre MIeu en 2010 (depuis la capitale togolaise,

L’OFFICE TOGOLAIS DES RECETTES, UNE ADMINISTRATION FISCALE ET DOUANIÈRE INTÉGRÉE MODERNE ET EFFICIENTE

Première administration fiscale et douanière de l’espace UEMOA, l’OTR intègre les anciennes directions générales des impôts et douanes. Elle marque la volonté du Président de la République son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé de réformer structurellement l’économie Togolaise. Dès le démarrage de ses activités en janvier 2014, l’OTR a mis en route un important programme de réformes et de modernisation, notamment : l la mise en place d’un système de collecte des recettes fiscales et douanières par les banques commerciales. A ce jour, plus de 80 % des recettes sont directement collectées par les banques et transférées au compte du trésor public par la BCEAO ; l la migration de Sydonia++ à Sydonia World plateforme interactive pour les déclarations en douane et les opérateurs économiques avec la possibilité de faire les déclarations en ligne et gagner un temps précieux ; l l’introduction de la facture normalisée TVA en vue de maximiser la collecte de cet impôt leader.

Ces réformes et modernisation ont eu pour effet : l une amélioration significative de la qualité de service rendu aux contribuables ; l la traçabilité et la sécurisation des recettes fiscales et douanières colletées ; l une réduction de la durée moyenne (de 11 jours à 3 jours) du transfert des recettes collectées pour le compte du trésor public ; l une facilitation des échanges et la célérité de traitement des déclarations douanières à travers la maîtrise de la gestion par analyse des risques à travers le module de sélectivité de Sydonia World où, actuellement, 50 % des importations déclarées passent aux circuits vert et bleu (déclarations à risque faible où il n’y a pas de contrôle en première ligne) et les 50 % restant aux circuits orange (pour une vérification documentaire) et rouge (vérification documentaire et physique des marchandises déclarées) ; l une réduction de la durée moyenne, (de 22 à 3 jours), entre la déclaration en douane et la main levée des marchandises en douanes ; l un accroissement de 27 % en 2014 par rap-

DIFCOM/DF

Un modèle de bonne gouvernance fiscale

port à 2013 et de 24 % en 2015 par rapport à 2014 des recettes fiscales et douanières liquides collectées. Parmi les reformes en cours, il y a entre autre : l l’automatisation complète des opérations de déclaration et de paiement en ligne des impôts et taxes intérieurs (l’immatriculation, déclaration, vérification/contrôle, compte courant fiscal unique du contribuable) et la « M » (déclaration et paiement par téléphone mobile des impôts et taxes). l l’automatisation des opérations administratives et de gestion des ressources humaines, comptables et financières.

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Le Plus de J.A. Togo questions à Moyeme Baniab Directeur de Société générale Togo

« nous arrivons sur un marché très concurrentiel » Le groupe français a ouvert sa première succursale dans le pays en juin. il espère devenir un acteur de référence en se concentrant d’abord sur le segment corporate.

P

our piloter son implantation au Togo, le groupe français Société générale (SG) s’appuie sur l’expérience d’un professionnel local. Moyeme Baniab a démarré sa carrière à la Banque internationale pour l’Afrique (BIA Togo) et, au début des années 2000, il a intégré la Banque populaire des Caisses d’épargne duTogo, dont il fut directeur général adjoint avant d’en prendre les commandes. Il dirige désormais la première succursale de Société générale Bénin, ouverte à Lomé en juin et qui, dans un premier temps, s’adresse à une clientèle corporate : multinationales, sociétés d’État, ONG et organismes régionaux ou internationaux, mais aussi PME et groupes locaux. jeune Afrique : qu’est-ce qui a incité Société générale à s’établir à Lomé ? MOYeMe BAniAB : Le

groupe arrive auTogo dans un environnement en forte mutation, qui, sur le plan économique, se caractérise par des réformes importantes, des investissements massifs dans des secteurs clés, avec notamment la modernisation des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires.

Tout cela s’inscrit dans un contexte politique stable depuis plusieurs années, crée les conditions d’une croissance robuste, et le pays espère tirer des dividendes de ses investissements. L’environnement bancaire plus particulièrement est très attractif. Lomé compte 16 établissements de crédit, dont 14 banques, et la concurrence est rude. Nous arrivons sur un marché que nous savons hyper difficile et concurrentiel. Mais nos premiers pas sont très intéressants, avec des résultats encourageants qui ont dépassé nos attentes. C’est-à-dire ?

Avant même notre ouverture, nous nous sommes engagés sur des apports de financements de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA au profit de l’État togolais, nous préparons actuellement trois grosses opérations dans des projets d’infrastructures routières et, par ailleurs, nous avons un encours de crédit non négligeable pour le secteur privé. Donc, malgré notre position de challenger, nous devrions rapidement devenir un acteur de référence. quels sont vos défis ?

© Pita/aPrésent Pour J.a.

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Le premier d’entre eux, qui est justement d’installer l’image du groupe, est déjà en partie gagné puisque SG bénéficie d’une excellente réputation sur le marché international. Nous voulons aller plus loin en enracinant cette image auTogo, où SG est pour le moment la seule enseigne internationale du marché, et faire du groupe un acteur majeur du paysage bancaire national. Cela passe évidemment par notre connaissance intime du marché, par l’expérience du groupe en Afrique [où il est désormais présent dans 18 pays]. Mais il faut en même temps proposer une offre forte, avec une qualité totale de services – qui est

l’ADN de SG –, en essayant d’anticiper au maximum les évolutions du marché. envisagez-vous d’ores et déjà d’étendre votre réseau ?

Nous avons estimé que nous n’étions pas encore suffisamment armés pour nous lancer dans les activités de détail. Notre objectif pour le moment est donc de nous concentrer sur le segment corporate, pour accompagner le développement de l’économie togolaise. La priorité n’est donc pas d’ouvrir nombre d’agences, mais nous serons là où il le faudra pour servir nos clients. ● Propos recueillis par BAudeLAire Mieu



Le Plus de J.A. Togo Business

Un homme de réseaux PDG de la société d’informatique Cib-Inta, président de la Chambre de commerce et d’industrie et proche du chef de l’État, Germain Essohouna Meba est l’un des patrons les plus influents du pays.

À

53 ans, Germain Essohouna Meba dirige l’une des plus anciennes sociétés d’informatique du pays, Cib-Inta, et, depuis octobre 2014, il a été élu à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie du pays (CCIT), dont il était jusqu’alors le premier vice-président. « J’ai compris très tôt que mon avenir serait dans l’autoentrepreneuriat », aime à rappeler le self-made-man. Il vient également, le 19 novembre, de prendre la présidence de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones en remplacement d’Albert Yuma (RD Congo). À douze ans, alors que ses camarades occupent leur temps libre à jouer au foot, Germain Meba aide sa mère à élever des cochons qu’il vend à de grandes boucheries jusqu’à 25000 F CFA par tête (environ 40 euros), une belle somme à l’époque. Il obtient brillamment son baccalauréat en 1986, commence ses études supérieures à l’université de Lomé (ex-université du Bénin) et à celle d’Abomey-Calavi (à Cotonou), puis, en 1988, bénéficie d’une bourse du gouvernement togolais, qui lui permet d’aller étudier l’informatique à Toulouse, dans le sud-ouest de la France – un cursus qu’il complétera plus tard par un master en Inde.

FORMATION. Le jeune diplômé fait le pari risqué de rentrer à Lomé dès 1992, en pleine période d’instabilité politique. « Nombre de mes amis ont tout fait pour m’en dissuader, mais je sentais bien que mon avenir était au Togo », explique-t-il. Compte tenu du contexte sociopolitique et économique, les premières années du retour sont difficiles. Germain Meba ne regrette pas son choix pour autant. Il devient professeur au lycée technique d’Adidogomé (banlieue de Lomé) et à l’École nationale d’administration (ENA). « À cette époque, j’ai cependant toujours gardé en tête l’objectif de créer ma propre boîte », souligne-t-il. En 1996, alors qu’il était contractuel au ministère du Plan, où il était chargé d’automatiser un programme d’investissements n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

© aprésent pour j.a.

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p Le self-made-man a étendu ses activités au transfert de fonds.

publics et son budget, l’une de ses connaissances de la diaspora confie à Germain Mebalagestiond’unesociétédefourniture de matériels et solutions informatiques à Lomé. Les affaires marchent bien et, rapidement,Germain Mebadécide d’enfin sauter le pas et de se mettre à son compte. Dès l’année suivante, avec un apport d’environ 1,2 million de F CFA (près de 2000 euros), somme qu’il a pu mettre de

reculées. Outre la fourniture de matériel et desolutionsinformatiques,l’entreprises’est dotée d’un centre de formation, l’Institut des nouvelles technologies appliquées (Cib-Inta), avec des filières pour les étudiants en informatique, en communication et management des entreprises, en partenariat avec la Sikkim Manipal University, une université indienne reconnue pour ses formations pointues dans les nouvelles technologies, et L’entreprise compte une centaine l’Indian Institute of Hardware Technology (IIHT). Dans ses d’implantations à travers le pays centres de Lomé, de Kara et et poursuit son expansion. de Sokodé, tous équipés de salles informatiques, la struccôté notamment grâce à un contrat de ture dispense des cours de niveau licence, consultation sur un projet de la Banque master et brevet de technicien supérieur mondiale, l’entrepreneur crée Carrefour (BTS), et à Lomé, Kpalimé, Atakpamé, InformatiqueBureautique(CIB).Lasociété Sokodé, Kara et Dapaong, des formations emploieaujourd’huiplusde500personnes au brevet de technicien (BT) ainsi que des et compte une centaine d’implantations à formations professionnelles à la carte, y traverslepays:elleestprésentedanstoutes compris par cours du soir. les grandes villes togolaises et poursuit son Par ailleurs, Cib-Inta a diversifié ses expansion dans des localités moyennes et services. Il est notamment fournisseur jeune afrique


5 ans pour tout changer d’accès internet de Togo Telecom et a développé des activités dans le domaine du transfert de fonds, national et international, sur toute l’étendue du territoire (Chrono Cash, Flooz, Wari) et qui couvrent plus de 80 % des opérations de ce secteur dans le pays. POLITIQUE. Élu député en 2013 sous

l’étiquette de l’Union pour la République (Unir, au pouvoir), Germain Meba refuse

cependant d’être considéré comme un homme politique. Malgré son mandat parlementaire et ses fonctions à la CCIT, ce protestant père de quatre enfants accorde encore la plus grande partie de son temps à son entreprise. Son amitié avec le chef de l’État – qu’il considère comme « l’homme providentiel pour rassembler les Togolais » – remonte à 1998, à l’époque où CIB, qu’il venait de créer, traversait une passe

Béatrice Oloa, afropolitaine optimiste Depuis son installation à Lomé, la directrice de l’agence Icon & Co. Group a créé le Dîner des icônes, qui réunit des stars du monde des affaires. Objectif : montrer que le continent a d’incroyables talents.

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encontrer Béatrice Oloa tient parfois de la mission impossible. De Paris à Lomé en passant par Bruxelles, Yaoundé et Cotonou, elle jongle entre les rendez-vous et ses téléphones portables, toujours connectée à internet. À 43 ans, la femme d’affaires belge d’origine congolaise (RD Congo) aime à se présenter comme une « afropolitaine » qui se sent chez elle où qu’elle soit en Afrique. Comme au Togo, où elle s’est installée l’an dernier pour suivre son mari, cadre chez Siemens et muté à Lomé. « En arrivant ici mi-2014, souligne Béatrice Oloa, j’ai été impressionnée par le nombre de banques, de sociétés d’assurances, de transport, etc. Bref, par le dynamisme de l’activité économique dans le pays. » Entrepreneuse et communicante dans l’âme, Béatrice Oloa veut voir et montrer l’Afrique comme une terre propice pour les affaires et regorgeant de nombreux talents à valoriser. Après un master en sciences et technologies de l’information et de la communication à l’Université libre de Bruxelles (ULB, 19931998), la jeune femme a rejoint Western Union en 1999, dans la capitale belge, puis à Paris, où elle était chargée de la stratégie marketing du groupe à l’égard de la diaspora africaine en Europe. En 2008, elle s’installe au Cameroun et crée Icon & Co. Group, agence de conseil en image et communication, au sein jeune afrique

de laquelle elle développe d’importantes activités de marketing et d’événementiel au service d’entreprises, d’institutions et d’ONG. Activités qu’elle poursuivra de retour à Paris, mi-2012, jusqu’à son départ pour Lomé. ChIC ET VIP. Depuis le début de cette

année, la directrice d’Icon & Co. Group a lancé dans la capitale togolaise le Dîner des icônes, un rendez-vous économique et médiatique dont le but est de mettre en lumière le parcours d’entrepreneurs africains qui ont réussi et, grâce à leurs témoignages, d’encourager les jeunes à

particulièrement difficile, et où Faure Gnassingbé était encore inconnu du commun des Togolais. Ce dernier a alors sauvé la jeune entreprise en lui permettant d’obtenir un prêt pour répondre à un appel d’offres. « Lorsque je suis allé le remercier poursongeste,sesouvientGermainMeba, Faure Gnassingbé m’a juste répondu qu’il l’aurait fait pour n’importe quel autre compatriote passionné par son métier. » ● EdmOnd d’ALmEIdA

« créer leur business », explique-t-elle. Et d’ajouter : « C’est un signal fort, qui montre que l’Afrique a des solutions et ne doit plus être présentée en termes de problèmes. La jeunesse a besoin de l’exemple de ces réussites africaines, qui déploient leur activité sur le continent et aux quatre coins de la planète. » Pour le côté chic et VIP, ces « dîners networking » (comprenez : de mise en réseau) sont organisés autour des meilleures tables de la capitale togolaise, notamment au Beluga ou à l’hôtel Sancta Maria. La recette fonctionne. Les trois premières éditions ont remporté un franc succès. Chacune d’elles a accueilli une soixantaine de participants (patrons, cadres, jeunes entrepreneurs, ministres, diplomates, journalistes…) autour d’invités d’honneur : le Togolais Didier Acouétey, président du cabinet de recrutement AfricSearch (le 28 février), l’Ivoirien Jean Kacou Diagou, PDG fondateur du groupe d’assurance et de banque NSIA (le 3 juillet), et Reckya Madougou, ex-garde des Sceaux, ancienne ministre béninoise de la Microfinance et de l’Emploi des jeunes et experte internationale en finance inclusive et accompagnement au développement (le 26 septembre). Béatrice Oloa, qui a déposé la marque Dîner des icônes auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, compte faire de son concept un rendez-vous bimestriel et l’exporter dans d’autres villes du continent. ● E.d’A.

t Arrivée à Lomé l’an dernier, la femme d’affaires belge d’origine congolaise (RD Congo) se sent chez elle où qu’elle soit en Afrique. n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

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Le Plus de J.A. Togo Hôtellerie

Vieux liftés et jeunes premiers De l’emblématique hôtel du 2-Février au Sarakawa, les anciens palaces de la capitale togolaise font une cure de jouvence. Mais se voient concurrencés par quelques petits nouveaux.

Accor, se refait lui aussi une beauté. « Des travaux d’embellissement de la façade sont en cours, toutefois nous ne prévoyons pas d’extension du nombre de chambres », explique Manoel Parrent, le directeur du marketing opérationnel et de la communication Afrique & océan Indien du groupe. PANORAMIQUE. Sur le front de mer, bou-

© charles placide pour j.a.

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u L’hôtel du 2-Février et sa tour de 102 m de haut.

E

n nationalisant l’hôtel du 2-Février, en novembre 2014, et en concédant sa gestion pour trente ans au groupe mauricien KalyanHospitalityDevelopment(KHD)via sa filiale locale, KHD-Togo, l’État togolais (qui reste propriétaire de l’établissement) répondait à un double objectif : il souhaitait que ce palace mythique, qui faisait la fierté des Togolais, soit enfin rouvert, et voulait s’assurer du renforcement de la capacité d’hébergement de la capitale, dont l’ambition est de pouvoir accueillir de grands événements régionaux.

L’ancien palace a fait l’objet d’une réhabilitation complète, réalisée par le groupe de BTP sud-africain ZPC Hospitality, pour un investissement de plus de 45 milliards de F CFA (69 millions d’euros), dont 28 milliards ont été mobilisés par un pool bancaire piloté par la Banque ouest-africaine de développement. Désormais doté de 256 chambres, 64 appartements et de 3600 m2 d’espaces de réunion, il devrait rouvrir ses portes en décembre, sous l’enseigne Radisson Blu du Rezidor Hotel Group. Non loin de là, près du boulevard du Mono, l’Ibis Lomé-Centre, exploité par

levard du Mono, doté de 120 chambres et d’une piscine olympique, le Sarakawa, qui était exploité par Accor via son enseigne Mercure, a quant à lui été renationalisé mi-2014. Le ministère de l’Économie et des Finances a reçu plusieurs offres pour sa reprise, et, en attendant, en a confié la gestion à une équipe de direction et a commencé des travaux de modernisation. À quelques rues du Sarakawa, sur l’avenue Sylvanus-Olympio, l’Hôtel du Golfe a rouvert mi-septembre après plus de deux ans de travaux. Agrandi, il compte désormais 33 chambres et arbore un restaurantterrasse panoramique au quatrième étage, avecvueimprenablesurlamarina,l’ancien wharf de Lomé et le grand marché voisin. Plus au nord, lové dans une contre-allée du boulevard du 30-Août, le Mint Hotel a ouvert en juillet. Ce discret établissement de charme ne dispose pour le moment que d’une dizaine de chambres, mais son promoteur, William Sowah, compte en aménager 20 de plus. Enfin, si les travaux ne sont pas encore tout à fait finis, le groupe Onomo a inauguré son hôtel (127 chambres, boulevard du Mono) miseptembrepourpermettreàsonpersonnel de se perfectionner en attendant l’accueil des clients début 2016. ● BAUdElAIRE MIEU

TERMINAl AU TOP

l

a nouvelle aérogare de l’aéroport international Gnassingbé-Eyadéma (dont toutes les routes d’accès ont déjà été rénovées) doit être livrée d’ici à la fin de l’année et, après deux à trois mois de tests, elle sera ouverte au trafic commercial dans le courant du premier trimestre de 2016. Financé à hauteur de 150 millions de dollars (environ 141 millions n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

d’euros) par China Exim Bank et construit en trois ans par l’entreprise chinoise Weihai International EconomicTechnical Cooperative Co. (WIETC), le nouveau terminal s’étend sur une superficie de 21 000 m2 et dispose de 4 rampes télescopiques qui donnent un accès direct aux avions. Il va permettre de drainer un flux de voyageurs de

2 millions de passagers et de 50 000 tonnes de fret par an (contre 600 000 passagers et 15 000 t de fret par an actuellement). De quoi faire de l’aéroport de Lomé « le plus moderne de l’espace Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] », selon Pierre Konga Walla, consultant en aéronautique. « Ce nouveau terminal

ultramoderne et ultrasécurisé devrait répondre aux attentes des compagnies aériennes et, bien sûr, des voyageurs », confirme le colonel Gnama Latta, directeur de l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac). De nouveaux transporteurs seraient d’ailleurs en discussion avec les autorités togolaises pour desservir la capitale. ● EdMONd d’AlMEIdA jeune afrique


Orabank Togo avance à pas de géant

E

n deux ans, Oragroup, holding du réseau bancaire Orabank, est devenu l’un des principaux établissements d’Afrique de l’Ouest francophone, présent dans douze pays. Cette expansion s’illustre par la fusion-acquisition du groupe bancaire BRS (Banque Régionale de Solidarité) présent dans les huit pays de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine). En 2014, Orabank Togo a fusionné avec la Banque Togolaise de Développement (BTD) à l’issue du processus de privatisation engagée par l’État togolais. En 2015, suite à l’acquisition par Oragroup SA de 51 % du capital du Groupe BRS (Banque Régionale de Solidarité), BRS Togo devient Orabank. Elle est aujourd’hui une entité d’envergure dominante, dotée d’une situation financière confortable. Elle offre une large gamme de

Le siège Orabank Togo. >

Un service de qualité, innovant et de proximité Malgré une concurrence vivace, la part de marché d’Orabank Togo progresse, aussi bien en termes d’emplois que de ressources. Sur les trois premiers trimestres de 2015, le nombre de comptes affiche une progression d’ensemble de 16 %, dont 11 %, pour les comptes d’entreprises (8 827 comptes) et

29 % pour les particuliers (11 091 comptes). À fin septembre 2015, la banque compte 36 agences réparties sur l’ensemble du territoire. D’autres implantations sont en cours : Orabank Togo a pour ambition d’étendre son réseau afin d’être plus proche des populations et de répondre à leurs besoins. La banque compte environ 337 collaborateurs dynamiques et professionnels, tous au service d’une clientèle variée et capables de répondre à tous leurs besoins en produits et services bancaires. Autant d’atouts pour une participation encore plus consistante au développement de l’économie togolaise. Désormais leader du paysage bancaire togolais, par ses résultats, forte d’opérations de fusion réussies, Orabank Togo aborde l’avenir avec sérénité et assurance.

Chiffres-Clés*

Sur les six premiers mois de 2015, Orabank Togo fait aussi bien que sur la totalité de l’exercice 2014.

2012

2013

2014

2015

Total du bilan

170,8

373, 6

418,5

427,9

Produit net bancaire

10,1

21,7

22,1

12,1

Crédits à la clientèle

93,9

230,3

278,6

292,3

Dépôts à la clientèle

97,7

216,1

256,4

279,3

Résultat net

4,6

6,5

5,4

2,4

effectifs

105

332

302

315

*Montants en milliards de F CFA.

11, avenue du 24 Janvier BP 325 - lomé, Togo Tél.: (+228) 22 21 62 21 Fax : (+228) 22 21 62 25

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

Guy SAUVANET, Directeur général d’Orabank Togo.

produits et services à une clientèle composée en grande partie de particuliers, de grandes entreprises, de TPE/PE, PME/PMI, de commerçants et professions libérales. Pour répondre aux besoins des populations Orabank Togo finance non seulement tous les secteurs d’activité mais promeut aussi la culture de l’épargne auprès de ses clients.


Le Plus de J.A. Togo

© pita/aprésent pour j.a.

98

p Sur la plage du Marcelo Beach Club. SORTIR

Opération détente À Lomé, l’industrie des loisirs semble avoir de beaux jours – et de belles nuits – devant elle. Du nord de la ville au bord de mer, petit aperçu des restaurants, clubs et animations qui valent le détour.

L

omé n’est certes pas Abidjan, pourtant, depuis quelques années, la capitale togolaise rattrape son retard en matière d’ambiance. Chaque mois s’ouvrent de nouveaux établissements qui prouvent que, malgré la crise, l’industrie des loisirs a de beaux jours – et de belles nuits – devant elle. Et chaque fin de semaine, en plus des Loméens, la ville voit déferler une vague de touristes en quête d’animation : Togolais en vacances ou en week-end, expatriés, touristes au long cours ou de la région… Tels les voisins béninois qui, du jeudi soir au lundi, prennent d’assaut les « spots » branchés de l’agglomération – à tel point que les voitures immatriculées « RB » (République du Bénin) sont parfois les plus nombreuses dans certains quartiers. Pendant longtemps, le lieu de rassemblement privilégié des « boucantiers » (ceux qui friment avec des marques de luxe et « claquent » leur argent dans les gadgets et les sorties…) était Dékon, n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

quartier d’affaires et populaire du centre-ville. Si ce dernier compte encore quelques lieux branchés ou de charme, il en a cependant perdu l’exclusivité, au profit de nouveaux quartiers.

à vins qui fleurissent dans ses différents quartiers. La référence en la matière est La Route des Vins, sur le boulevard du 24-Janvier, mais d’autres établissements, quoique plus modestes d’apparence, offrent désormais des crus de qualité APRÈS L’EFFORT. Importée depuis et un cadre convivial qui attirent une quelques années par des expatriés, la clientèle jeune. C’est le cas de la Cave mode de l’afterwork (rendez-vous juste Tabis, à Djidjolé, qui propose vin, bière « après le travail »), privé ou public, en et alcools importés. petit ou en grand comité, se démocratise. Côté restauration, Le Beluga et Notamment parce que certains établisLe Patio s’imposent comme les meilsements ont aménagé des espaces qui leures tables de Lomé. Réservés à une clientèle aisée, ces lieux accueillent chaque jour le Les boîtes de nuit n’ont plus la gotha du monde politique cote. Les jeunes préfèrent le cadre et des affaires. La réputation du Beluga, situé dans plus doux des bars d’ambiance. le quartier populaire de Bè, s’y prêtent, comme le bar-restaurant proche du centre-ville et des grandes Le Balkan, situé en face du stade omnisentreprises, n’est plus à faire. Quant au ports de Kégué. Patio, ouvert en juillet dans le nouveau Lomé s’est par ailleurs découvert une quartier administratif de Lomé II (près passion pour la dive bouteille, comme en de la présidence, de la primature, des témoignent les nombreux « caves » et bars ministères et ambassades), il gagne à être jeune afrique


5 ans pour tout changer

© pita/aprésent pour j.a.

q Le Fief Pub Club, à Hanoukopé, quartier sud du centre-ville.

connu. Outre ces deux établissements, les restaurants des grands hôtels (Ibis, Sarakawa, Sancta Maria, etc.) restent appréciés, à juste titre, par la clientèle d’affaires et les touristes. SHOWS. Pour ce qui est des grands

événements culturels et musicaux, le Palais des congrès de Lomé a perdu un peu de terrain face à la concurrence du stade municipal et, surtout, à celle

du Grand Rex, qui accueille désormais les stars et les concerts les plus en vue de la capitale. Ce dernier est situé en face du Montecristo Night-Club (où le footballeur Emmanuel Adebayor a ses habitudes). Dans l’ensemble, les boîtes de nuit perdent elles aussi de leur superbe. Le légendaire Byblos ayant fermé ses portes, Le Privilège (nightclub de l’hôtel Palm Beach) est le seul survivant des grands clubs historiques

qui faisaient les nuits de Lomé il y a encore quelques années. Aujourd’hui, les jeunes leur préfèrent le cadre plus doux des bars d’ambiance, par ailleurs plus accessibles d’un point de vue financier. Ainsi Le Fief Pub Club, à Hanoukopé (vieux quartier du sud du centre-ville), qui allie décoration soignée, bonne ambiance et tarifs compétitifs, est devenu l’un des établissements les plus fréquentés de la capitale. Plus au ● ● ●

99


Le Plus de J.A. Togo ● ● ● nord, sur le boulevard Jean-Paul-II, le bar-restaurant Le Refuge, lifté et agrandi depuis un an, en plus des shows qu’il accueille (concerts, spectacles de danse, événements…), dispose désormais d’une pizzeria qui permet d’assouvir à moindres frais les faims nocturnes des fêtards.

PÉTANQUE ET TOBOGGANS. Enfin,

parmi les lieux de détente préférés des Loméens et des touristes, il ne faut pas oublier les plages de sable blond qui bordent le sud de la capitale. « Lorsqu’on a la chance d’avoir l’une des plus belles côtes d’Afrique de l’Ouest, il s’agit d’en profiter au maximum », souligne dans un large sourire Alex Amouzou, rencontré au Marcelo Beach Club. Avec le Pure Plage, c’est l’une des plages privées les plus appréciées de Lomé : hôtel et bungalows avec piscine, restaurant, bar, paillotes et transats avec vue sur la mer, beachvolley, activités nautiques, etc. Chaque week-end, ces deux complexes situés au sud-est de la capitale, près de Baguida, accueillent des milliers de Loméens et de touristes en quête de farniente et de bon temps. Au menu, bonne musique, concerts, soirées à thèmes, barbecues… Ils sont désormais concurrencés par le centre de loisirs et de vacances O Lodge, qui a ouvert en février à 30 km au sud-est du centre de la capitale. Situé sur le lac Togo, le nouveau complexe antistress dispose d’une petite capacité hôtelière (une dizaine de chambres), d’un restaurant, d’un bar et de multiples arguments de poids, dont deux piscines (avec toboggans), des aires de jeux et des animations pour les enfants et les adolescents, un terrain de pétanque, des catamarans, kayaks et petits bateaux à moteur, sans oublier une foule de transats et de parasols. Ici, deux maîtres mots : loisirs et relaxation. ● EdmONd d’ALmEIdA

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100

p Au Lounge Beach Club, tout nouveau et premier bar à cigares de la capitale.

VOLUTES à VOLONTÉ

a

mbiance cosy, en hauteur, avec vue imprenable sur le port de Lomé… Le premier bar à cigares du pays a ouvert en juillet à Baguida, en proche banlieue de Lomé. Les amateurs ne sont plus contraints de bouder leur plaisir ni de devoir s’isoler dans les jardins d’un hôtel ou les recoins d’un pub pour tirer quelques coupables bouffées. Du jeudi au samedi, dès la tombée de la nuit, ils sont désormais nombreux à emprunter la voie caillouteuse et sinueuse partant du boulevard du Mono (route nationale 2,

sur le front de mer de la capitale) pour rallier le Lounge Beach Club – dont le parking, constellé de grosses cylindrées allemandes, françaises et même américaines, affiche le standing des habitués de l’établissement, géré par Chrystal Lawson. Situé dans l’enceinte du complexe Marcelo Beach Club (qui comprend déjà un restaurant), le Lounge est bâti sur un seul niveau, en hauteur, où l’on accède donc par un escalier. Ici, point d’espaces privés ou semi-privés, juste un grand salon, ponctué

PREMIÈRE SOCIÉTÉ HÔTELIÈRE DU TOGO

Un hôtel 4 étoiles au cœur de la capitale, à l’entrée du grand marché de Lomé « Assigamé », le plus grand centre commercial à ciel ouvert du pays…

Bienvenue à l’hôtel du Golfe Hôtel «««« étoiles

10 avenue Sylvanus Olympio, B.P. 12868, Lomé -Togo Tél. : (+228) 22 21 65 45 / 22 21 02 78 hoteldugolfelome@gmail.com www.hoteldugolfe-lome.com

de fauteuils et de tables estampillés artisanat local, et un bar. La décoration est douce et chaleureuse, la musique raffinée, distillée selon une programmation propre à bercer les volutes de fumée et les oreilles des clients. Lesquels ont à leur disposition toute la gamme des spécialités made in Cuba (Cohiba, Trinidad, Montecristo, Romeo y Julieta, Partagas, Cabañas, etc.). Cerise sur le gâteau : la terrasse du Lounge, avec vue panoramique sur le port de Lomé et ses lumières. ● BAUdELAIrE mIEU



Le Plus de J.A. Togo

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Football

Éperviers, sortez! La sélection manque de moyens et souffre de l’organisation erratique de sa fédération. Exaspérés, certains internationaux, dont serge Gakpé, tirent la sonnette d’alarme pour que « ça bouge ».

E

LUCA ZENNARO ANSA/EpA

n octobre, lassés par les approximations récurrentes de la Fédération togolaise de football (FTF) et de regarder jouer les autres sélections africaines pendant les dates Fifa, les internationaux togolais se sont fendus d’un communiqué mouillé d’acide à l’attention de la FTF, lui demandant de faire preuve d’un peu plus de professionnalisme à l’avenir. Quelques jours plus tôt, cette dernière avait en effet adressé aux joueurs un courrier les informant que le match amical prétendument prévu le 13 octobre contre l’Égypte, au Caire, n’aurait finalement pas lieu. Et pour cause : les Pharaons, qui ne semblaient pas avoir été mis au courant de cette rencontre, devaient déjà jouer contre la Zambie, le 11 octobre, aux Émirats arabes unis… C’est donc la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et poussé les Éperviers à rendre leur exaspération publique. « Mais nous aurions dû prendre cette initiative plus tôt, car cela fait des années que nous sommes confrontés à des difficultés majeures », admet Serge Gakpé.

À 28 ans, l’international franco-togolais joue au sein de la sélection nationale depuis octobre 2009. « Nous étions tous à bout, poursuit-il. Il fallait faire quelque chose pour faire réagir… Que les choses changent. » MIRACLE. Avec quelques autres, Gakpé

a donc exprimé son ras-le-bol. « Trop de problèmes perdurent. D’une part, on ne joue pas assez de matchs amicaux « Tout se fait toujours “à l’arrache”. quand il y a des dates Fifa. On ne peut donc Et cela nous empêche de nous pas préparer convenaconcentrer sur le terrain. » blement les matchs officiels qualificatifs pour la CAN [Coupe d’Afrique des nations] l’équipe), l’initiative des joueurs n’a pas ou la Coupe du monde. Ensuite, il y produit d’effets pendant la confrontation a les questions des équipements, des avec l’Ouganda en novembre, lors des terrains d’entraînement, de l’hébergequalifications pour la Coupe du monde ment, des primes, etc. Tout est toujours 2018. « La pelouse du terrain d’entraîfait “à l’arrache”. Et toutes ces choses nement était tondue, mais c’est tout », maugrée Gakpé. Perdants à domicile nous perturbent et nous empêchent de nous concentrer sur le terrain », s’agace (0-1) comme à Kampala (0-3), ils sont éliminés. l’ancien international français des moins de 21 ans. « On nous demande d’avoir Formé à l’AS Monaco, Serge Gakpé a quitté cette année le FC Nantes (France) pour rejoindre le Genoa CFC (club de la classe moyenne de Gênes, en Italie) et est l’un des rares Éperviers à évoluer dans un championnat majeur du Vieux Continent. « Il est clair que si rien ne change vraiment, on risque de voir des joueurs hésiter à venir en sélection, poursuit-il. Je suis très attaché à ma sélection nationale, comme le sont les autres internationaux. Ce qu’on demande, c’est que ce soit un peu plus carré, même si on sait qu’en Afrique certaines choses sont plus compliquées qu’en Europe. » Les deux matchs que les Éperviers livreront fin mars 2016 contre la Tunisie en éliminatoires de la CAN 2017, où ils ont effectué un départ parfait (2 victoires en 2 rencontres), sont très attendus par Gakpé. « Il y a intérêt à ce que des choses bougent… », conclut le joueur, peinant de plus en plus à masquer son agacement. ●

p L’attaquant togolais Serge Gakpé a rejoint mi-2015 le club italien du Genoa CFC. n o 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

des résultats et parfois on en obtient d’intéressants, car nous avons un effectif de qualité, poursuit-il. Mais dans ces conditions, on ne peut pas nous demander de rivaliser avec les meilleurs, alors que nous le pourrions… Nos résultats sont moyens car on ne nous permet pas de travailler dans des conditions sereines, et c’est vraiment dommage. Dans l’état actuel des choses, toutes nos performances relèvent presque du miracle ! » Soutenue par le Belge Tom Saintfiet, le sélectionneur des Éperviers – qui commence à comprendre où il a mis les pieds (le Togo a vu défiler treize entraîneurs en quinze ans) –, et par l’ensemble du staff technique (où figure notamment Jean-Paul Abalo, l’ancien capitaine de

ALExIs BILLEBAULT jeune afrique


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