Ja 2860 61 du 01 au 141115 plus mali

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Côte d’Ivoire Ce qui attend Ouattara

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • no 2860-2861 • du 1er au 14 novembre 2015

numéro double en vente deux semaines

jeuneafrique.com

enquête Comment sont protégés nos Chefs d’état dossIer auto Spécial 10 pages

À la recherche du temps perdu u

20 pages

Réformes, Nord, élections, croissance, armée… À mi-mandat, le président Ibrahim Boubacar Keïta mesure les espoirs – et les impatiences – de ses compatriotes. édition mali France 6 € • Algérie 350 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 6 € • Canada 11,90 $ CAN • DOM 8 € • Espagne 7,20 € Éthiopie 95 birrs • Grèce 8 € • Italie 7,20 € • Maroc 40 DH • Mauritanie 2000 MRO • Norvège 75 NK • Pays-Bas 7,20 € • Portugal cont. 7,20 € RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1950-1285



le plus

de Jeune afrique

POLITIQUE Tic-tac, tic-tac…

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NOrd-MaLI Pourquoi ça bloque ÉcONOMIE Parents pauvres dIasPOra Bien dans leur boubou

mali

À la recherche du temps perdu

© ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA

Réformes, Nord, élections, croissance, armée… À mi-mandat, le président ibrahim Boubacar Keïta mesure les espoirs – et les impatiences – de ses compatriotes.

jeune afrique

n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015



Le Plus de Jeune Afrique

le plus

de Jeune afrique

mali

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À la recherche du temps perdu

Prélude Mehdi Ba

Une fois les lampions éteints

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camouflet infligé au gouvernement par n bain de jouvence… Les 21 et 22 octobre, le président Ibrahim les chefs de la ville rebelle, qui dissuadent Boubacar Keïta (IBK) a eu droit depuis deux ans les représentants de l’État aux fastes d’une visite d’État en central d’y poser le pied. En mai 2014, pour avoir bravé cet interdit, Moussa France – une première depuis l’indépendance. Audiences avec les plus hautes Mara, alors Premier ministre, avait proautorités de la République, Champsvoqué une tragique réaction en chaîne. Élysées et bâtiments publics pavoisés Ajournées à trois reprises, les élections communales et régionales prévues ce aux couleurs du Mali, honneurs militaires 25 octobre ont été reportées sine die. aux Invalides, conférence à la Sorbonne… Sans parler des promesses de financement Signe que le régime ne peut organiser ce (plus de 3 milliards d’euros) reçues lors scrutin tant attendu sous peine d’entériner de la conférence internationale « Bâtir une partition du territoire entre le Mali un Mali émergent », qui s’est tenue au gouverné par Bamako et un mythique siège de l’OCDE. Pendant ces quaranteAzawad, devenu le laboratoire d’une « discrimination positive » à la malienne. huit heures, choyé par la France et par les partenaires techniques et financiers, après deux années de mandat, IBK aura Si IBK bénéficie d’une confortable savouré son retour en grâce. majorité à l’Assemblée nationale, son Cette apothéose diplomatique, il la opposition (ouvertement) et les principaux partenaires du régime (en off) ne se doit en grande partie à la signature en juin, à Alger, d’un accord de paix censé privent pas d’exprimer leur scepticisme. enterrer la hache de guerre entre les autoLe début de son mandat est entaché de rités maliennes et la Coordination des soupçons de scandale et de népotisme. On mouvements de l’Azawad (CMA), qui réunit les Le ministre de l’Éducation voulait se groupes armés touaregs. rendre à Kidal le jour de la rentrée Si la potion est amère, puisqu’elle ouvre la voie à des classes. Il a dû y renoncer. une décentralisation tellement poussée que ses détracteurs, au Mali, critique également son goût du voyage à dénoncent les prémices d’un fédéralisme l’étranger au détriment du pays profond, des régions du Nord frisant l’autonomie, la l’insécurité grandissante dans des régions communauté internationale y voit quant jusque-là préservées, sans parler du bilan à elle la solution de la dernière chance mitigé, aux yeux des Maliens, des opérapour un pays en souffrance, dont de vastes tions Serval et Barkhane et de l’action de pans de territoire ne sont plus totalement la Minusma. Tandis que l’armée française contrôlés par l’État et où des milliers de est soupçonnée de tropisme pro-Touaregs, réfugiés n’ont encore pu regagner leur les Casques bleus se voient, eux, reprocher terre. une neutralité de mauvais aloi. Une fois les lampions éteints, c’est « On ne balaie pas la chambre pour cette réalité moins glorieuse qui attend mettre les déchets sous le lit », dit un à Bamako le chef de l’État, dont la gouproverbe local. Pour nombre de Maliens, vernance n’a rien d’une sinécure. Le voir flotter sur l’avenue mythique de la 19 octobre, jour de rentrée scolaire à Kidal, capitale française le drapeau vert, or et le ministre de l’Éducation a dû renoncer rouge de leur pays ne saurait atténuer la in extremis au projet de se rendre dans ce douleur de ne plus le voir orner le goubastion touareg du Septentrion. Nouveau vernorat de Kidal. ● jeUne AfriqUe

n O 2860-2861 • dU 1 er AU 14 nOvembre 2015

Politique tic-tac, tic-tac…

p. 98

oPPosition Very important person p. 101 Démocratie troubles de l’élection

p. 102 norD-mali Pourquoi ça bloque

p. 105

interView moussa mara, ancien Premier ministre p. 108 économie Parents pauvres

p. 114

tribune mamadou igor Diarra, ministre de l’Économie et des Finances p. 119 DiasPora bien dans leur boubou p. 122 rePortage bogolan reprend son élan p. 128


le Plus de Jeune Afrique

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© Joe Peney/ReuteRs

mAli

Tic-tac, tic-tac… frAnçois-xAvier frelAnd

A

u début du mois de juillet, il était donné pour mort. Les dernières apparitions le montraient « le teint blafard, l’air abattu, comme sonné », reconnaît un proche du pouvoir. Pendant un week-end, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre dans tout Bamako. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avait disparu des écrans. Lui, l’homme des médias, si affable d’habitude, beau parleur, adepte du subjonctif, avait « avalé son micro ». La communication de la présidence avait évoqué un voyage diplomatique en Turquie,

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les faiseurs de rumeurs claironnaient qu’il était parti en catimini se faire soigner d’une maladie « grave » dans un grand hôpital d’Istanbul. Et puis il est revenu, le dimanche 12 juillet, après quelques jours seulement, tout sourire, conviant les caméras de télévision au pied de son avion pour prouver qu’il était toujours à la tête de l’État. Jamais il n’y eut autant de clichés pris que ce jour-là. IBK était de retour, immortel, dans son soyeux boubou bleu, avec ses éternelles lunettes de soleil. « Tout cela illustre bien l’état du Mali aujourd’hui, un pays en proie aux rumeurs », estime Soumaïla Cissé, principal opposant et ancien candidat à la présidentielle de l’Union pour la république et la démocratie (URD), qui jeune afrique


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t À Bamako, le 9 août 2013, durant l’entredeux-tours de l’élection présidentielle.

Ses opposants lui reprochent la corruption, la cherté de la vie et la recrudescence des attaques jihadistes. Il répond en brandissant les bons chiffres de l’économie. À mi-mandat, Ibrahim Boubacar Keïta se sait condamné… à réussir.

évoque une « désillusion générale face à l’insécurité grandissante, à la corruption, à la cherté de la vie ». Depuis juin, malgré l’accord de paix au Nord signé entre Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en présence des principaux représentants de la communauté internationale (ONU, Union africaine, Union européenne, États-Unis, France, lire p. 105), de violents accrochages ont régulièrement lieu à Ménaka ou à Anéfis, entre combattants touaregs et milices pro-Bamako de la Plateforme. Plus inquiétant, ces derniers mois, les attaques jihadistes se sont succédé au centre et au sud du pays, à la frontière avec le Burkina Faso, visant jeune afrique

Ses priorités: le renforcement de l’armée et la légitimité de l’État.

la plupart du temps des militaires maliens. La prise d’otages meurtrière de Sévaré le 7 août, cinq mois après la fusillade du bar restaurant La Terrasse, à Bamako, a donné l’impression que la menace terroriste était partout. Jamais, depuis l’invasion islamiste en 2012, l’armée malienne n’est apparue aussi fragilisée face au harcèlement des jihadistes. « L’urgence pour IBK, c’est de renforcer son armée et la légitimité de l’État », analyse Michel Galy, spécialiste de l’Afrique subsaharienne et professeur à l’Institut des relations internationales (Ileri), à Paris. « Le problème, c’est qu’il donne l’impression d’être en partie sous tutelle, notamment de la France à travers l’opération Barkhane. Les soldats français ont ● ● ● n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015


Le Plus de J.A. Mali t Battage du riz dans la région de Ségou (Centre).

bien comprendre les aspirations du peuple et il a pris conscience de l’humiliation vécue durant la crise », estime Mahamadou Camara, son ancien directeur de cabinet. jardin vert. La meilleure défense, c’est l’attaque,

© Sven Torfinn/PAnoS-reA

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mis en place un incroyable système militaire nomade transfrontalier, qui leur permet pour une durée indéterminée de contrôler toute la bande sahélienne sans en référer au pays souverain. » ●●●

famille. Et, face à une nation assiégée, IBK

donne l’impression de se retrancher dans son palais, entouré de ses proches, au sein desquels les membres de sa propre famille occupent les premiers rangs. Les tempêtes médiatiques se succèdent, notamment lors de la révélation de deux scandales de corruption qui ont défrayé la chronique. Selon plusieurs rapports d’enquêtes de nouveaux buildings publiés en 2014, l’acremplacent les vieux quisition d’un second baraquements déblayés avion présidentiel et à coups de bulldozers. l’achat d’équipements militaires auraient dissimulé des surfacturations d’environ 40 milliards de F CFA (61 millions d’euros). Les critiques fusent, mais le descendant du fondateur de l’empire du Mali, Soundiata Keïta, qui ne cache pas son admiration pour l’autre Keïta, Modibo, le père de la nation, calme le jeu et cherche les soutiens ailleurs. Par exemple auprès du roi du Maroc, Mohammed VI, venu deux fois en visite d’État. « Le début du mandat a été assez difficile pour IBK. Les voyages pour nouer de nouveaux partenariats et évoquer la question du Nord l’ont éloigné de la population, mais il y revient… Il aime n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

dit-on. Face à l’adversité, le président IBK répond par des chiffres. En 2014, après une très longue période de récession, la croissance a dépassé les 7 %, grâce surtout à la meilleure santé du secteur agricole, longtemps en crise. En moins de deux ans, le pays a retrouvé sa deuxième place de producteur de coton en Afrique, juste derrière le Burkina. En partie grâce à une bonne pluviosité, les dernières récoltes de riz ou de mil sont excellentes. « IBK a compris que le Mali était le jardin vert de l’Afrique de l’Ouest. En modernisant le secteur, notamment grâce à la réalisation de grands projets hydroagricoles, au développement des entreprises agroalimentaires et à la distribution d’un millier de tracteurs aux paysans, le Mali redevient une puissance agricole », poursuit Mahamadou Camara. Malgré l’insécurité latente, les investisseurs reviennent eux aussi dans un pays où tout est à faire ou à refaire (lire pp. 114-115). Les principaux grands hôtels de la capitale affichent complet, à l’image du Radisson Blu, ultrasécurisé et qui a plus que doublé sa capacité d’accueil en 2013, passant de 70 à 193 chambres. « Étrangement, la crise du Nord a eu un effet bénéfique sur nos réservations, puisque nous avons dû recevoir un certain nombre de délégations lors des négociations et sommets pour la paix. Et, surtout, nous voyons à nouveau débarquer des hommes d’affaires français, mais aussi du Maroc, du Sénégal ou d’Afrique australe, spécialistes de la construction, des télécoms ou de l’informatique. Le plus dur est derrière nous », se réjouit Gary Ellis, le directeur général du Radisson Blu. Depuis un an, dans le quartier d’ACI 2000, de nouveaux buildings remplacent lentement les vieux baraquements déblayés à coups de bulldozers. Au grand dam des habitants les plus pauvres, qui en ont été expropriés. Bamako se prépare ainsi à accueillir le sommet Afrique-France de décembre 2016. Cet événement majeur, où se presseront des dizaines de délégations africaines, doit permettre au Mali de montrer un nouveau visage, à la fois dynamique et apaisé.«Mêmesitout n’estpasréglé,l’accorddepaix au Nord a signé la fin d’un conflit. C’est un acquis considérable. Le pays va retrouver sa quiétude », s’enthousiasme Oumar Keïta, historien et nouvel ambassadeur du Mali à l’Unesco. À mi-mandat, IBK a encore deux ans et demi pour convaincre les plus sceptiques. Après tout, « le prince du Mande » est aussi surnommé le « Kankélétiki », l’homme du « je dis, je fais ». ● jeune afrique


À la recherche du temps perdu

Very important person Depuis février, l’opposition bénéficie d’un statut officiel censé lui permettre d’exercer un contre-pouvoir. Son chef de file : Soumaïla Cissé, le patron de l’Union pour la République et la démocratie.

I

BK aura tenu sa promesse. En février, l’Assemblée nationale a adopté la loi relative au statut de l’opposition. Avant la présidentielle de 2013, le chef de l’État et son principal concurrent, Soumaïla Cissé, s’étaient tous deux engagés, en cas de victoire, à doter le camp adverse d’un statut officiel lui permettant d’assumer pleinement son rôle de contre-pouvoir. En tant que président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), parti de l’opposition disposant du plus grand nombre de députés, Soumaïla Cissé en est donc devenu le chef de file. À ce titre, il peut, à sa demande, être reçu en audience par le président de la République et le Premier ministre pour évoquer des questions d’intérêt national. Disposant du rang de ministre sur

le plan protocolaire, il peut également être associé aux visites des personnalités étrangères, recevoir des diplomates accrédités au Mali et être reçu par eux, ou se voir confier des missions.

chef de l’État. Or c’est seulement quand nous saurons quels moyens l’État consent à nous allouer en matière de bureaux, de collaborateurs et de véhicules que nous pourrons exercer véritablement un contrôle sur l’action gouvernementale. » Le leader de l’URd peut être associé Selon Soumaïla Cissé, à des visites de personnalités une autre disposition importante, celle qui et se voir confier des missions. donne un droit d’accès égal « Dans nos pays, la démocratie ne peut aux médias d’État, est encore loin d’être être effective que si l’État aide financièrepassée dans les mœurs : « Sous le précément les partis politiques, les syndicats et dent gouvernement, la chaîne nationale la presse », résume Soumaïla Cissé. S’il se et une chaîne privée m’avaient interviewé félicite de l’adoption de la loi, le président simultanément. Mais, au moment de la de l’URD met toutefois un bémol : « Le diffusion, la RTM avait coupé au mondécret fixant les conditions dans lestage toutes les critiques que je formulais quelles le chef de l’opposition mène ses contre l’action du gouvernement. » ● activités n’a toujours pas été pris par le MehdI Ba, envoyé spécial

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Le Plus de J.A. Mali

démocratie

Troubles de l’élection? L’insécurité dans le Nord a conduit le gouvernement à décider un énième report des scrutins régionaux et communaux. Même l’opposition acquiesce : c’est dire !

«

L

es reports finissent par créer des dénis de droit. On ne peut pas y recourir indéfiniment. » À la miseptembre, face aux représentants des partis politiques, Abdoulaye Idrissa Maïga, le ministre de l’Administration territoriale, semblait tenir pour acquis que l’élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du district de Bamako se tiendrait bien le 25 octobre, conformément au calendrier annoncé six mois plus tôt par le gouvernement (lire p. 108111). Le Mali pouvait-il se permettre de repousser plus longtemps, en dépit d’une situation sécuritaire défaillante, cette échéance électorale initialement prévue en avril 2014 (pour les communales) et qui avait déjà fait l’objet de trois reports successifs après avoir été couplée avec les régionales ? « La léthargie doit-elle continuer ? » s’interrogeait le ministre, n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

tout en faisant observer que le mandat des élus locaux était arrivé à échéance depuis dix-huit mois. Las ! Ce 23 septembre, un communiqué officiel annonçait le report sine die du double scrutin. Certes, rarement depuis l’accession au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) une mesure aura suscité un tel consensus au sein de la classe politique et des groupes armés, parties prenantes à l’accord de paix d’Alger signé en juin. « Il est impossible de tenir ces élections car les autorités maliennes ne sont pas représentées sur l’ensemble du territoire », résume Tiémoko Sangaré, le président de l’Adema-PASJ, parti membre de la majorité présidentielle. Dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao ou Mopti, des gouverneurs, préfets et sous-préfets ont en effet dû abandonner leur poste face à la menace terroriste. Comment, dans ces conditions,

les candidats pourraient-ils faire campagne, et l’État assurer la bonne tenue du scrutin ? Même son de cloche au sein des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare An Ka Wuli), un parti d’opposition. « Les conditions qui ont justifié ces reports successifs n’ont pas évolué, le retour de l’Administration dans les régions du Nord n’est pas encore effectif », avertissait en août leur président, Modibo Sidibé, ajoutant qu’il en allait de même pour celui des réfugiés et que « les conditions sécuritaires restent des plus précaires ». Un point de vue que partage Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, pour qui il convient de prolonger le mandat des élus locaux jusqu’à ce que les obstacles au scrutin aient été surmontés. NORMALISATION. En juillet-août puis

en novembre-décembre 2013, à la suite de l’accord signé en juin à Ouagadougou entre les autorités de la transition et les groupes rebelles touaregs, les élections présidentielle et législatives avaient pu se tenir du nord au sud du pays. Mais « après les événements de mai 2014 à Kidal, l’État a reculé », reconnaît Soumeylou Boubeye Maïga, l’ancien ministre de la Défense déchu après la débâcle de l’armée jeune afrique


À la recherche du temps perdu malienne dans le fief des Ifoghas, sur mouvements d’autodéfense, loyaliste, à fond d’exécution de plusieurs préfets et demander d’une même voix un énième sous-préfets. report du scrutin. Censé définir les conditions d’une Dernier point de litige : l’État malien normalisation définitive dans le nord du ayant entamé les négociations avec les pays, l’accord d’Alger vient compliquer groupes armés de la CMA dans un rapport la tâche du ministre de l’Administration de force défavorable, il a, selon l’oppoterritoriale (lire p. 105). En effet, le texte sition, fait la part belle aux revendicaprévoit l’élection des conseillers régiotions de ses interlocuteurs, entérinant naux et celle du président de l’assemblée une décentralisation poussée qui, selon régionale au scrutin universel direct, alors qu’ils sont Certains redoutent qu’une aujourd’hui élus au suffrage décentralisation poussée équivaille indirect. Ce qui implique que la loi électorale doive à une autonomie déguisée. être révisée pour être mise plusieurs leaders politiques, flirterait en conformité avec l’accord, sauf à entériavec une autonomie déguisée. « Le Mali ner un régime à deux vitesses en matière aura désormais huit petits IBK », ironise de collectivités territoriales. Par ailleurs, le texte signé à Alger fixe Tiébilé Dramé, le président du Parti pour pour les régions du Nord une période la renaissance nationale (Parena), qui transitoire de dix-huit à vingt-quatre avait officié comme conseiller spécial au mois avant que des élections puissent s’y moment de l’accord de Ouagadougou. tenir. Ce qui a conduit les frères ennemis Une allusion aux pouvoirs, jugés exorbide la Coordination des mouvements de tants, des présidents de région tels qu’ils l’Azawad (CMA) et de la Plateforme des sont définis par l’accord d’Alger. « Dans

chacune de ces régions-États dotées de pouvoirs étendus, le président cumulera les fonctions de président de l’exécutif régional, de président de l’assemblée régionale et de chef de l’Administration », s’inquiète Dramé, qui rappelle en outre que les délibérations de l’assemblée régionale seront désormais exécutoires, l’État ne disposant plus que d’un pouvoir de contrôle a posteriori. éChelonnées. Pour le gouvernement,

la tenue de ce scrutin couplé tourne donc au casse-tête. Un temps évoquée, l’hypothèse d’élections échelonnées – d’abord dans le Centre et dans le Sud, puis à Bamako et enfin dans les régions du Nord – a suscité la défiance de la classe politique. « Organiser l’élection uniquement dans les zones contrôlées par l’État reviendrait à cautionner la partition dans les zones à prétentions sécessionnistes », estime Tiémoko Sangaré, pour qui la seule issue au blocage actuel consiste à hâter la mise en œuvre de l’accord. ● mehdi ba

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éNERGIE DU MALI - SA

PUBLI-INFORMATION

NETTE AMÉLIORATION EN FOURNITURE D’ÉLECTRICITÉ Les usagers ont constaté en 2015 une nette amélioration dans la fourniture de l’électricité par rapport aux années précédentes. M. Doroh Berthé Directeur Général de EDM-sa s’en explique.

L’ Le Président IBK lance les groupes de la nouvelle centrale de Bougouni.

amélioration par rapport aux années précédentes découle de la synergie des efforts des différents acteurs du secteur au plan national, mais aussi par l’accompagnement des sociétés d’électricité sœurs de la sous-région par le biais de l’interconnexion sans oublier l’appui constant de l’état grâce à qui les tarifs sont accessibles à toutes les catégories de consommateurs. Il y a aussi le climat social apaisé qui prévaut désormais entre les partenaires sociaux à travers une intersyndicale créant la cohésion, plus de réacti-

vité d’anticipation et d’engagement, toute chose qui permet de travailler en toute sérénité conformément au slogan de l’entreprise « une équipe, un esprit, un service ». La demande en électricité de 2015, ressortait un déficit important (30 MW) qui nécessitait d’être couvert, puisque l’objectif était pour la société de ne pas avoir de délestage en 2015.

Dans le cadre de la solidarité entre les sociétés sur le réseau interconnecté, nous avons bénéficié de l’appui en puissance de la CIE (Côte d’Ivoire) Sénélec (Sénégal), de la SOMELEC (Mauritanie) et malgré parfois leurs contraintes locales. Nous les remercions. Comme vous le savez une part importante de la production d’électricité d’EDM-SA est à base thermique (gas-oil et fuel oil 180 dit fuel lourd). La disponibilité en combustibles, constitue un élément essentiel dans la production d’électricité qui a été fortement améliorée grâce au soutien de l’état et aussi de la CEDEAO (à travers le WAPP) par élan de solidarité d’un volet d’appui d’urgence en rapport avec la période de crise que le Mali a connu. Dans les grands centres du septentrion, des actions ardues ont été réalisées à travers l’apport de groupes neufs si ce n’est la construction de nouvelles centrales comme à Gao mais aussi à San (centre du pays) ; permettant de rétablir la fourniture de l’électricité qui est aussi facteur de sécurité. Il est donc aisé de constater que l’accompagnement de l’état a été un facteur clé dans ce processus d’amélioration de la continuité de service. Je rappelle que l’année dernière certains points de liaison ou de transit posaient souvent problème dans la distribution du fait de saturations perturbant la desserte. Beaucoup de ces goulots d’étranglement ont été traités grâce à des investissements nouveaux. Je mentionnerai aussi l’accompagnement adéquat de nos fournisseurs de combustibles et autres équipements, qui comprennent les enjeux du secteur.

• Maintenir les opérations de location de groupes (58 MW dont 40 MW à Dakar et 18 MW à Bamako) ;

En résumé chacun a bien joué sa partition et il me plait de remercier notre aimable clientèle pour sa haute compréhension notamment pendant les périodes de perturbations passagères sur le réseau.

• Soutenir le financement des réparations de mise à niveau de la centrale SOPAM (opérateur privé) dont les groupes étaient

Nous préparons activement le passage de la pointe 2016 avec la même volonté d’être à hauteur de souhait. n

DIFCOM/FC - Photos : DR

Direction Générale : Boîte Postale 69 Bamako - Mali Tél. : +223 222 30 20 +223 222 30 61 Fax : +223 222 84 30

Ainsi, en accord avec le Gouvernement à travers le Ministère de l’énergie et de l’Eau, il a été décidé de :

presqu’à l’arrêt. Ce qui a permis d’avoir une puissance de 30 MW contre une dizaine avant.


© EMMANUEL DAOU BAKARY

Mali Le Plus de J.A.

p Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères, avec des représentants du MNLA, à Bamako, le 15 mai. nord-mali

Pourquoi ça bloque L’accord d’Alger, signé en juin, était censé apporter la paix et la réconciliation. Problème : ni le gouvernement, ni l’opposition, ni les rebelles n’en sont vraiment satisfaits.

P

«

ersonne n’a dit que l’accord d’Alger était un bon accord. » En avril, le président Ibrahim Boubacar Keïta résumait en ces termes le bilan du processus de négociations qui allait aboutir, en juin, à la signature d’un texte « pour la paix et la réconciliation au Mali ». « Lorsqu’on comprend le sens profond du mot négocier, on en déduit qu’il y a eu des compromis, pas des compromissions », avait-il ajouté. « C’est un accord mou, dont la mise en œuvre sera ardue », considère de son côté Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, pour qui la délégation malienne, faute d’avoir défini clairement ses objectifs, s’en est remise un peu trop facilement à la médiation conduite par l’Algérie. Finalement, ce compromis ne satisfait pleinement personne. Ni la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui s’est abstenue pendant deux mois de parapher l’accord, avant de se résoudre à le signer sous la contrainte ; ni le gouvernement malien, qui a proposé une douzaine de pages d’amendements, lesquels n’y ont pas été intégrés ; ni l’opposition, qui dénonce un texte négocié sans concertation, alors qu’il prévoit une jeune afrique

refonte en profondeur de l’architecture institutionnelle du pays. Autre difficulté: la résolution de la crise dépend aujourd’hui d’une multitude de groupes armés dont les scissions et rivalités rendent d’autant plus délicate la mise en œuvre du processus de paix. D’un côté, les trois organisations rebelles touarègues réunies au sein de la CMA.

De l’autre, les divers groupes d’autodéfense communautaires, ralliés aux autorités maliennes et qui composent la Plateforme des mouvements républicains. Le plus puissant d’entre eux, le Groupe d’autodéfense touareg Imghads et alliés (Gatia), soupçonné d’être une émanation de l’armée malienne, voue une haine tenace à la CMA. Une animosité qui s’est traduite, en août, par des combats à Anéfis (plus de vingt morts), en violation du cessez-le-feu décidé à Alger. Et qui illustre la difficulté à traduire en actes les engagements pris en matière de désarmement et de cantonnement des groupes armés, préalables à la démobilisation et à la réinsertion des combattants. déPossédé. Troisième interrogation,

et non des moindres : quel sera le visage du nouveau Mali, dont les bases, définies dans l’accord, doivent donner lieu à des réformes réglementaires, législatives et constitutionnelles ? Pour la plupart des leaders de l’opposition, le texte ouvrirait la voie à un processus de décentralisation tellement poussé que l’État central se trouverait, de facto, dépossédé de la plupart de ses prérogatives régaliennes. « Cet accord dessine, sans discussions sérieuses avec le reste du pays, les contours d’un autre Mali, s’inquiète Tiébilé Dramé, du Parti pour la renaissance nationale (Parena). Il ne traite pas les causes profondes de la crise du Nord ni celles de l’effondrement de l’État et de l’armée en 2012, [mais] contient les ferments de la partition du pays et d’une guerre civile intercommunautaire. » ● mehdi ba

la minusma entre deux feux La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dont le mandat a été prolongé en juin pour accompagner la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger, est plus que jamais dans une position très inconfortable. Sur le terrain, ses 9 000 militaires, déployés dans les régions de Kidal, Gao et

Tombouctou, ont payé un lourd tribut : 42 morts et 166 blessés en deux ans. Il n’empêche, de Bamako à Gao, les Casques bleus font l’objet d’une grande défiance, qui se traduit régulièrement par des manifestations d’hostilité. La population leur reproche notamment d’affaiblir les groupes d’autodéfense pro-Bamako, de ne pas protéger efficacement les civils et d’entretenir

une complicité inavouée avec les groupes rebelles touaregs en vue de favoriser la partition du pays. « Les Maliens comprennent difficilement le mandat d’interposition de la Minusma, admet Soumeylou Boubèye Maïga, l’ancien ministre de la Défense. À leurs yeux, elle devrait être aux côtés des forces armées maliennes. » ● m.b. n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

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mali STRATÉGIE & CROISSANCE dIRECTION GÉNÉRALE dES ImpôTS

L’AdmINISTRATION fISCALE RESpECTERA L’ObjECTIf fIxÉ pAR LE GOuvERNEmENT ≥ S’inscrivant en droite ligne des orientations et des exigences du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la pauvreté (CSCRp), la nouvelle Administration fiscale s’est engagée dans un vaste programme de réformes avec comme ultime objectif l’atteinte de l’objectif d’un taux de pression fiscale de 17% du pIb du mali.

▲ Siège de la Direction générale des impôts à Bamako.

S

ous l’impulsion de la modernisation de son administration, du renforcement de l’informatisation et l’équipement de ses différentes structures, la Direction générale des Impôts a successivement relevé tous les challenges proposés par le Gouvernement en matière de recettes budgétaires.

PUBLI-INFORMATION

Ainsi, de 2003 à 2014, les recettes recouvrées par la Direction Générale des Impôts ont régulièrement augmenté, passant de 122 milliards de F CFA à 561 milliards de F CFA.

▲ L’inspecteur des Impôts Sidima Dienta, Directeur Général des Impôts

Au titre de 2015, les prévisions de recettes, initialement fixées à 610,303 milliards de F CFA, ont été portées, sous l’impulsion du premier responsable de l’hôtel des finances, Monsieur Mamadou Igor Diarra, à 630 milliards de F CFA par la Loi de Finances rectificative, adoptée à l’issue du Collectif budgétaire de juin. Dans une conjoncture caractérisée par la baisse du cours de l’or, les réalisations

globales de recettes se sont élevées, de Janvier à Septembre 2015, à 458,300 milliards de F CFA. Pour le reste de l’année, la Direction générale des Impôts reste optimiste quant à la réalisation des 630 milliards de F CFA assignés par le Gouvernement. À cet effet, elle axera ses efforts sur la mise en œuvre de mesures fiscales au nombre desquelles figurent la réforme du taux de la taxe sur la téléphonie (TARTOP), de celui de la Taxe sur les Activités Financières (TAF), la lutte contre la fraude et l’intensification de la poursuite des Restes à Recouvrer La Direction Générale des Impôts reste engagée pour la sauvegarde de son image de marque, celle d’une administration qui a successivement relevé les différents challenges fixés depuis sa création. Ces performances lui valent actuellement un taux de contribution de 53 % aux recettes budgétaires ■


mali STRuCTuRE & fONTIONNEmENT dIRECTION GÉNÉRALE dES dOuANES

Le niveAu de recettes de L’Année 2014, Atteint en MOins de 9 MOis POur L’Année 2015

E

n 2014, année caractérisée par un contexte socio-économique morose doublé d’une crise sociopolitique lancinante, l’Administration des Douanes n’a pas répondu à toutes les attentes. Appréciée principalement à l’aune des résultats budgétaires, elle avait, à l’époque, accusé un manque à gagner substantiel. Sur une prévision de 385 milliards de F CFA, elle n’aura réalisé que 341,9 milliards de F CFA au 31 décembre 2014.

À l’entame de l’année 2015, il paraissait a priori évident que les séquelles de cette situation impacteraient négativement les performances de l’Administration des Douanes. Heureusement, tel ne fut pas le cas dans la mesure où le tout nouveau Ministre de l’économie et des Finances, Monsieur Mamadou Igor Diarra, qui venait de prendre en charge les destinées de ce département le 13 janvier 2015, a su vite imprimer, grâce à son leadership très fort, une dynamique impressionnante au niveau de l’Administration des Douanes.

dIRECTION GÉNÉRALE dES ImpôTS dIRECTION GÉNÉRALE dES dOuANES

www.finances.gouv.ml

Très attentif, il se mit à l’écoute du service pour conduire à leur terme l’ensemble des réformes institutionnelles et organisationnelles restées longtemps inappliquées. En matière de gestion de ressources humaines, il a opéré les choix judicieux et procédé rapidement à la dotation du service en équipement de pointe. Les résultats immédiatement obtenus ont été très édifiants. Dès janvier 2015, l’Administration des Douanes a renoué avec la performance. Elle obtient des résultats spectaculaires, en nette progression d’un mois à l’autre. Partis d’un niveau mensuel initial de 30 milliards de F CFA en fin d’année 2014, les résultats fiscaux engrangés par le service sont passés graduellement à 35 milliards de F CFA, à 38 milliards de F CFA et à 40 milliards de F CFA et frôlent aujourd’hui les 45 milliards de F CFA. En fin septembre 2015, le niveau de recettes réalisé a été de 346,408 milliards de F CFA dépassant déjà les réalisations totales de l’année 2014. Sur un tout autre plan, celui de la lutte contre le trafic illicite et la criminalité transfrontalière, l’Administration des Douanes mieux équipée s’est réorganisée

▲ L’inspecteur Général Modibo Kane KEITA, Directeur Général des Douanes

et a amélioré ses méthodes d’intervention. Les résultats atteints, à ce jour, sont suffisamment édifiants, d’importantes saisies de substances nocives ont été opérées. Le niveau des saisies effectuées à mi-parcours, au mois de juillet 2015 dépassent largement ceux de l’année 2014. À titre d’exemple, sur les médicaments contrefaits, les saisies opérées s’élèvent à environ 170 millions d’unités de produits pharmaceutiques à usage humain. ■

DIFCOM / PHOTOS : D.R.

≥ L’application des réformes nécessaires et la modernisation des outils ont rapidement rendu son efficacité à l’Administration douanière.


Le Plus de J.A. Mali INtervIew

Moussa Mara « Mon horizon, c’est la mairie de Bamako » On lui prête des ambitions présidentielles. Pourtant, l’ancien Premier ministre affirme se concentrer sur les scrutins locaux. Il est l’un des rares à plaider pour que ceux-ci se déroulent au plus vite.

© vincent fournier/J.A.

108

p Le leader du parti Yéléma, en octobre 2014.

P

endant neuf mois, il a dirigé le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avant de devoir céder la place, en janvier 2015, à un septuagénaire discret et consensuel, Modibo Keïta, moins enclin à faire de l’ombre au chef de l’État et aux ténors de son parti que ce quadra réputé ambitieux, qui avait rallié la majorité présidentielle après avoir lui-même brigué la magistrature suprême en 2013. Fils d’un officier qui fut le compagnon de putsch de Moussa Traoré, Moussa Mara, 40 ans, est apparu sur la scène n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

politique tardivement, après avoir fait ses armes dans la commune IV de Bamako, son bastion, tout en assurant en parallèle la direction de son cabinet d’expertise comptable. Aujourd’hui candidat à la mairie de la capitale, le président du parti Yéléma est l’un des rares leaders à plaider pour la tenue rapide des élections communales et régionales, qui devaient être organisées le 25 octobre mais qui ont été reportées in extremis en raison de l’insécurité qui prévaut dans plusieurs zones du nord du pays. Il s’en explique à Jeune Afrique.

jeune afrique: Comment les élections locales pourraient-elles se tenir alors que sur plusieurs portions du territoire l’administration malienne n’est pas représentée? Moussa Mara: Depuis deux ans, que

cesoitentantqueministredel’Urbanisme, Premier ministre ou ex-Premier ministre, je suis hostile à ces reports successifs. Il ne faut pas rêver: la présence de groupes jihadistes ou sécessionnistes et de réseaux de trafiquants dans le nord du pays est une réalité qui ne va pas s’estomper à court terme. Face à une situation ● ● ● jeune afrique



110

Le Plus de J.A. Mali structurellement problématique, dont lerèglementprendradutemps,ilesthasardeux de conditionner l’organisation des élections à un retour à la normale. Par ailleurs, un scrutin local est, par définition, une élection de proximité destinée à installer des élus qui auront toute légitimité à fournir des services dont les populations ont grandement besoin, dans le Nord comme dans le Sud. Enfin, 90 % de la population vit dans des régions où il n’y a aucun problème de sécurité. Généraliser à l’ensemble du territoire un problème circonscrit ne me semble donc pas logique. Et pourtant, face à la pression d’une large frange de la classe politique, le gouvernement a choisi de reporter une nouvelle fois ces élections.

●●●

accompagner l’État, dans l’attente d’élections ultérieures. Au gouvernement de mettre sur pied ces collectivités locales transitoires sans s’interdire d’organiser des élections dans le reste du pays. Cela serait conforme à l’accord de paix sans entrer en contradiction avec nos textes de référence.

au gouvernement. Personnellement, je compte proposer le 27 décembre pour les communales – partout où cela est possible – et avril 2016 pour les régionales et le district de Bamako, où je suis moi-même candidat. Les élections pourraient être organiséesdemanièreséquentielle;leplus important, c’est de les organiser.

Cette option ne serait-elle pas une manière de masquer le problème fondamental: que la souveraineté de l’État ne s’exerce pas sur l’ensemble du pays?

L’accord d’Alger représente-t-il un bon compromis?

Il est évident que l’administration n’est pas présente à Kidal et qu’on ne peut y organiser des élections. Mais la région de Kidal représente seulement 12 des 703 communes du Mali. En concerta-

Certains ont tout intérêt à ce que l’insécurité et les trafics se perpétuent. Les dispositions de l’accord d’Alger en matière de gouvernance locale ne compliquent-elles pas la donne en créant un système dérogatoire pour le Nord ?

En réalité, cet accord permettrait de sortir de l’impasse. Car il précise que le gouvernement peut mettre en place dans le nord du pays, pendant une période transitoire de dix-huit à vingt-quatre mois, des administrations provisoires nommées en concertation avec les parties signataires afin que ces collectivités locales puissent

tion avec les protagonistes concernés, le gouvernement pourrait donc décider de désigner dans cette région des autorités transitoires pour une durée de dix-huit mois. On pourrait en faire de même dans les communes de la région de Gao, où la situation est compliquée. Cette hypothèse fait redouter à certains une partition du pays. C’est absurde. Notre coalition de la majorité présidentielle, l’Alliance pour le Mali [APM], réfléchit à une date qui pourrait être soumise

Sa mise en œuvre nécessite évidemment une forte volonté politique. Or tous les acteurs n’y ont pas forcément intérêt. Certains ont davantage à gagner à ce que l’insécuritéperdure,qu’ils’agissedeperpétuer les trafics ou de pallier une légitimité qui leur fait défaut sur le terrain. D’autre part, on a vu apparaître une constellation d’acteurs plus ou moins identifiés, et des rivalités communautaires ou politiques entre groupes rebelles qui, souvent, dégénèrent. Du 20 juin au début d’août, le comité de suivi de l’accord était parvenu à enclencher une dynamique positive. Un chronogramme relatif à sa mise en œuvre devait être adopté lorsque l’incident d’Anéfis, survenu en août entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements d’autodéfense, a gelé ce processus. Le gouvernement malien doit dorénavant assumer le leadership de la mise en œuvre de l’accord. Or il me semble qu’il n’occupe pas suffisamment l’espace, politiquement, diplomatiquement et médiatiquement.

reMANieMeNt Mystère

«

A

h bon ? Il y a eu un remaniement ministériel au Mali ? » Cette interrogation ironique d’un leader de l’opposition traduit la relative incompréhension qui a accompagné l’annonce, le 24 septembre, d’un réaménagement cosmétique difficile à décrypter. « Il fallait sanctionner le ministre de la Sécurité après le scandale de la pénurie des passeports, qui a posé d’énormes problèmes aux Maliens désireux de voyager », analyse un proche d’IBK. Le général

n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

Sada Samaké s’est par ailleurs retrouvé sous le feu des critiques en raison de la recrudescence de l’insécurité dans la capitale. Le départ du ministre de la Justice, Mamadou Diarra, s’expliquerait quant à lui par son manque de volontarisme dans la gestion des procédures portant sur des affaires de corruption. À l’inverse, le remplacement d’Ousmane Koné au ministère de la Santé a surpris alors que le Mali avait obtenu de bons résultats dans la lutte contre Ebola.

Quant à la scission en deux portefeuilles distincts du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale d’une part et du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation d’autre part, elle demeure énigmatique. Reste la question du Premier ministre. Modibo Keïta, ce septuagénaire effacé, avait été choisi par IBK en janvier 2015 pour apaiser les tensions qu’avait provoquées, au sein du parti présidentiel, le magistère de l’intrépide Moussa Mara,

soupçonné d’avoir son propre agenda. « Il est davantage un coordinateur administratif qu’un Premier ministre, analyse un proche d’IBK. D’entrée, il avait rassuré les cadres du RPM (Rassemblement pour le Mali) en leur annonçant qu’il ne comptait pas exercer la fonction pendant plus d’un an. » À l’heure où le Mali doit traduire en actes les dispositions de l’accord d’Alger, chacun, à Bamako, s’attend donc à ce qu’un nouveau remaniement, plus conséquent cette fois, pointe M.B. à l’horizon. ● jeune afrique


À la recherche du temps perdu Le processus de paix implique l’adoption de textes législatifs ou réglementaires. Au gouvernement de prendre l’initiative et de manifester sa volonté. Votre visite à Kidal, en mai 2014, a tourné à la déroute pour votre délégation, qui s’est retrouvée sous le feu des rebelles. La regrettez-vous ?

les populations. Ce projet avait alors fait l’objet d’un large consensus, de la majorité à l’opposition, en passant par la société civile. Comment peut-on m’imputer la responsabilité de crimes contre des préfets et des civils perpétrés par les groupes armés lors de cette visite où ma délégation a été attaquée? J’étais le Premier ministre du Mali, territoire dont Kidal fait partie.

Ma visite à Kidal, en mai 2014, était justifiée. J’étais le Premier ministre du Mali. Cette visite visait à conforter l’administration, elle n’avait rien de politique. Lorsque j’ai été nommé Premier ministre, j’ai fait le constat qu’il était souhaitable que je me rende à Kidal, en vertu de la feuille de route édictée par le président. Il fallait que le gouvernement soit présent sur le terrain et que l’administration soit dotée des moyens lui permettant de servir

La débâcle de l’armée qui s’est ensuivie vous a-t-elle coûté votre poste ?

Je ne suis pas parti de la primature à cause de Kidal. Demandez aux Maliens ce qu’ils pensent de ma visite! À mon retour, j’ai été accueilli triomphalement. Après la déroute militaire du 21 mai, les gens ont été douchés, mais ils demeuraient persuadés qu’il fallait y aller. C’est pourquoi

le président a salué mon courage et mon patriotisme. Je suis parti de la primature pour des raisons qui appartiennent au chef de l’État, qui est le dépositaire de la légitimité populaire. Ce n’était pas une sanction différée. Vos ambitions personnelles n’ont-elles pas contrarié le président IBK ?

Tout le Mali me prête le rêve d’être président. Mais mon horizon, c’est la mairie de Bamako. À chaque jour suffit sa peine. J’ai de vraies ambitions pour Bamako, après avoir été maire de la commune IV, qui fait office de vitrine de la capitale. Je pense avoir l’expérience, les aptitudes et l’énergie pour transformer la ville. Et je reste membre de la majorité présidentielle, bien décidé à accompagner le président pour que son mandat soit fructueux, après deux années difficiles en raison du contexte. ● Propos recueillis à Bamako par MehdI Ba

La Société Z travel a été créée en 2007 par le jeune Promoteur Djibril ZOROME et s’est imposée comme leader sur le marché de la location de véhicules, de la billetterie et du Tourisme au Mali.

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Société Immobilère et Foncière du Mali

SIFMA

Visite du chantier des 600 logements en construction à Kati-Sicoro. Le PDG de la SIFMA, Mamadou G. Coulibaly (veste bleue) accompagne une délégation du ministère de l’Habitat.

L’immobilier autrement Très impliquée dans la réalisation de logements au Mali et au Sénégal, la Société Immobilière et Foncière du Mali (SIFMA-SA) affirme son engagement dans le développement économique et social du pays.

F

ace à l’explosion des centres urbains en Afrique – la progression de leur population est évaluée à 16 % par an –, les gouvernements engagent d’importants programmes de logements sociaux. Au Mali, le Président Ibrahim Boubacar Keïta veut en bâtir 50 000. Le plus souvent, ces réalisations reposent sur l’élaboration de Partenariats publicprivé (PPP). Il s’agit de contrats dans lesquels le secteur privé financent les travaux, qui lui sont remboursés par l’État, après la fin des travaux, alors qu’il est propriétaire et prélève des loyers. La réussite de telles opérations repose sur la confiance : les autorités publiques veulent s’appuyer sur des entrepreneurs privés dont le savoirfaire est confirmé dans les métiers de la construction. Ils doivent en outre disposer d’une capacité financière suffisante pour mener à bien les chantiers.

Partenaire de confiance Le fondateur de la Société Immobilière et Financière du Mali (SIFMA) fait partie de ces partenaires de confiance. Mamadou Guédiouma Coulibaly a créé la SIFMA en 2002 pour se consacrer à l’immobilier et à la construction, après

une carrière d’une dizaine d’années comme ingénieur conseil, spécialiste des grands travaux. Diplômé de l’École nationale des ingénieurs de Bamako, titulaire d’un mastère spécialisé en infrastructures de transport de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris (ENPC), Mamadou G. Coulibaly avait créé son propre bureau d’études en 1991 : Mali Génie Civil et Ingénierie (MGCI). Aujourd’hui, MGCI est un cabinet d’ingénierie réputé au Mali et à l’international. De son côté la SIFMA, qui viabilise des parcelles à bâtir et gère un patrimoine foncier de plus de 950 hectares, emploie 25 collaborateurs permanents, tous professionnels du BTP, de l’immobilier et de l’urbanisme. En un peu plus de dix ans d’existence, en tenant ses engagements, la SIFMA a su établir de solides relations avec plusieurs institutions de financement, ce qui lui permet de mener à bien ses chantiers. Elle collabore notamment depuis 2004 avec Shelter-Afrique, institution de financement de l’habitat soutenue par 44 États africains, la Banque africaine de développement (BAD) et la Société africaine de réassurance. Cette coopération lui a permis de convaincre d’autres financiers, au premier rang desquels


Le sérieux de la SIFMA lui a permis d’obtenir, en mars 2015, un contrat pour la construction d’une nouvelle tranche de 500 logements à Kati-Sicoro, à 15 km du centre-ville de Bamako. La société est déjà présente sur ce nouveau pôle urbain, où 600 logements sont en voie d’achèvement et où elle en avait déjà livré 350 en 2011. De plus, le gouvernement a donné son accord pour lui confier,

Fort de ces succès, le PDG de la SIFMA a entrepris en 2014 d’ouvrir plusieurs filiales en Afrique. Sa société est désormais présente en Côte d’Ivoire, sous le nom de SIFCO, au Congo-Brazzaville (SIFCON), au Togo (SIFTO) et au Sénégal (SIFSEN). Dans ce dernier pays, Mamadou G. Coulibaly fonde de grands espoirs sur la construction de logements dans le nouveau pôle urbain

Mamadou G. Coulibaly (à droite) et sa fille Khadija (en médaillon) lors de l’opération « Un élève, un cartable ». Sa société a équipé 500 écoliers lors de la rentrée scolaire 2015-2016.

Un fort impact social « Kati est devenu un bassin d’emplois et un havre de paix. c’est en partie grâce à nos chantiers », se félicite le pDG de la sifma. sa société gère la construction de 600 logements dans cette commune de la banlieue de Bamako, ce qui représente plus de 1 500 employés et une importante charge de travail « car les délais sont très courts », ajoute mamadou G. coulibaly. convaincu de la nécessité de mener jusqu’au bout l’engagement social de son entreprise, il vient de s’engager, pour la deuxième année consécutive, dans l’équipement des enfants en matériel scolaire. au total, 500 élèves en ont bénéficié lors de cette rentrée scolaire 2015-2016. Et le pDG de la sifma compte en équiper deux fois plus l’année prochaine.

de Diamniadio, à 45 km à l’est de Dakar, au voisinage du nouvel aéroport international. En mai 2015, il a été retenu par la Société nationale des habitations à loyers modérés (SNHLM) pour la réalisation de 3 400 logements. Il a également obtenu un accord de principe de la SICAP SA pour 1 000 autres.

Bamako dans la course internationale En parallèle, la SIFMA développe une activité de promoteur immobilier à Bamako. Elle intervient sur trois nouveaux pôles urbains de développement socio-économique. Le premier, la Zone d’Habitat et d’Affaires de Bamako Ouest (ZHAF) dénommée Rokiaville, est située à Sikoro-Sananfara, à sept minutes du centre-ville. Elle propose déjà 700 logements de différentes catégories, implanté dans un parc paysager de près de 400 hectares où seront édifiés des hôtels, commerces, restaurants, ainsi qu’une zone d’activité et d’affaires comprenant des immeubles de bureaux. Vient ensuite le Centre d’Affaires, d’Habitat Résidentiel et de Tourisme (CEFHART), prévu sur 200 hectares sur la Colline du Méguétan, qui surplombe Bamako Est. Il s’agira d’un nouveau quartier de standing, dont les villas seront proposées notamment aux hommes d’affaires et aux Maliens de l’étranger, qui constituent le cœur de la clientèle privée de la société. Enfin, le projet phare de la SIFMA se nomme ZAFTKO, pour Zone d’Affaires et de Tourisme de Kolimagni. Il s’agit d’édifier un nouveau centre d’affaires et de tourisme de 150 hectares sur la colline de Kolimagni, qui bénéficie d’une vue imprenable sur la capitale. Tous ces projets ont pour ambition de rehausser l’image internationale de la capitale malienne en renforçant son attractivité. Une ambition que le PDG de la SIFMA entend partager avec les partenaires financiers qui le soutiennent depuis le début, ainsi qu’avec les grands acteurs africains et internationaux de l’immobilier.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

Un savoir-faire qui s’exporte

dans les cinq années qui viennent, 15 000 des 50 000 logements du programme présidentiel, ce qui représenterait la création de quelque 30 000 emplois au total. Mamadou G. Coulibaly a déjà lancé la recherche des financements et se déclare optimiste pour le lancement des travaux d’une nouvelle tranche d’ici au début 2016.

PUBLI-INFORMATION

figure Ecobank-Mali, la filiale malienne du premier groupe bancaire panafricain, qui est souvent chef de file dans le montage des opérations financières de la SIFMA.


Le Plus de J.A. Mali lesquels cette stratégie pourrait être mise en œuvre: le sous-sol, le commerce transsaharien et la boucle du Niger.

économie

Parents pauvres

Le sous-sol. Contrairement aux fan-

Gao, Kidal, Tombouctou : trois régions à la traîne, qu’il est urgent de sortir du dénuement. En tirant le meilleur parti de leurs ressources naturelles et en les désenclavant.

tasmes locaux, ce n’est ni l’or, ni le pétrole, ni l’uranium qui sortiront le septentrion de la misère. « On peut rêver de bonnes surprises », lit-on dans le rapport, mais les perspectives les plus encourageantes reposent sur le phosphate, le calcaire et le manganèse. Le phosphate est présent à Tilemsi (cercle de Bourem, dans la région de Gao), où des Canadiens l’exploitent à petite échelle. Une véritable industrie

M

inistères, bailleurs de fonds et ONG sont unanimes : la paix et donc le développement du Mali dépendent de l’évolution de trois régions : Gao, Kidal et Tombouctou, qui couvrent 66 % du territoire national, mais abritent seulement 8,8 % de la population (1,5 million d’habitants sur 16 millions). Sauf catastrophe, l’économie devrait continuer de croître au rythme de 5 % par an (lire encadré p. 115). C’est honorable. Tout le problème consiste à diffuser cette croissance vers ce septentrion d’autant plus oublié du pouvoir central qu’il est loin d’être stabilisé militairement et politiquement. Pourtant, l’argent ne manque pas, comme le prouvent les annonces faites lors de la conférence qui s’est tenue, le 22 octobre, au siège parisien de l’OCDE : les bailleurs de fonds ont

promis 3,2 milliards d’euros, la France s’engageant à hauteur de 360 millions. Plus de 600 millions d’euros seront affectés au développement des régions du Nord. Car l’urgence, comme le résume Laurent Bossard, directeur du Club du Sahel de l’OCDE, est « de tirer la population du désespoir et de lui redonner de la fierté, ce qui Phosphate, manganèse et suppose de trouver un rôle calcaire offrent les perspectives à ce gigantesque espace ». Un objectif sur lequel s’est les plus encourageantes. penché le secrétariat du Club du Sahel dans son rapport « Les des engrais pourrait naître de ce gisement gigantesque (plusieurs dizaines régions maliennes de Gao, Kidal et Tombouctou : perspectives nationales de millions de tonnes) et aider les sols et régionales », publié le 22 octobre en maliens à retrouver leur fertilité. réponse à l’article 31 de l’accord d’Alger, Le calcaire est, lui, présent dans un gisement de 45 millions de tonnes situé qui préconise l’élaboration de stratégies de développement adaptées aux réalités dans le Gourma, à cheval entre les régions socio-économiques et culturelles locales. de Tombouctou et de Mopti. La chaux qui Le document recense trois secteurs dans en serait extraite permettrait à l’Afrique de l’Ouest de réduire ses importations, estimées à 250 000 tonnes par an. PREMIERS SIGNES DE REPRISE… Le manganèse a été découvert près PIB par habitant* Taux 32,8 d’Ansongo, non loin des frontières burkid’investissement (à prix courant en $) nabè et nigérienne. Dix millions de tonnes, global* 30,5 que voudrait exploiter une entreprise aus(en % du PIB) 765,9 tralienne et qui pourraient être exportées 25 726,4 après transformation via la future ligne de 706,6 18,2 18,5 2014 chemin de fer Dori-Ouagadougou. 672,2 199

Le commerce transsaharien.

2012 2013 2013

2014

308

2015 2016

7,22 2012

Croissance (en %)

5,05* 4,97*

1,69

2014

2015

2016

Flux d’investissements directs étrangers

(millions de $)

2013

2014

2015

n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

398

… MAIS L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES RESTE À AMÉLIORER

0,02 2012

2013

2016

* Estimations

2011

556

SourceS : FMI, cNuceD

114

Contrairement à une idée reçue, le Nord n’est pas un cul-de-sac. Certes, aujourd’hui le commerce légal y est inexistant. Mais il serait possible de jouer sur la complémentarité avec l’Algérie. Un exemple ? Le Mali dispose d’un cheptel de 12 millions de bovins, alors que son voisin importe massivement sa viande du Brésil, de France et d’Inde. « Le potentiel de coopération entre les deux rives du Sahara est très important et dépasse la seule sphère alimentaire [sic] », souligne le rapport, qui propose de mener « une réflexion prospective ».

La boucle du Niger. Le document

appelle enfin à « une grande ambition pour le fleuve », car la pression jeune afrique


À la recherche du temps perdu quand gouvernance rime avec confiance

L

a forte croissance qu’a connue le Mali en 2014 (7,2 %) s’explique par un phénomène classique de rattrapage après des mois de crise et par le retour de l’aide internationale. Celle qui s’annonce pour 2015 (4,9 %, selon le FMI) est davantage conforme à la réalité économique du pays. Malgré cette apparente dégradation et la faiblesse des cours de l’or et du coton, principaux produits d’exportation du Mali, la conjoncture s’améliore. Les récoltes sont bonnes. La forte baisse du prix du pétrole a permis de doubler la taxe sur les carburants depuis 2013 – sans que cela suscite de fièvre populaire – et de limiter la croissance du déficit budgétaire. Autre bonne nouvelle : entre le gouvernement et les bailleurs de fonds, la confiance est rétablie. L’achat d’un avion présidentiel et l’extravagant contrat de fournitures militaires ne sont plus qu’un mauvais souvenir. La clause « d’intérêt national » qui avait permis de les conclure en catimini est désormais mieux encadrée, et les ministres responsables ont été écartés. La lutte contre l’enrichissement illicite progresse, avec la publication du patrimoine des dirigeants (mais pas des députés) et la création d’une sorte de Cour des comptes. Enfin, la reprise de l’aide a permis de solder les arriérés de paiement de l’État, qui pénalisaient le secteur privé. Reste le problème du déficit structurel d’Énergie du Mali (EDM), qui vend son courant à perte. Les subventions de l’État étaient de 5 milliards de F CFA en 2010, de 30 milliards en 2012 et de 57 milliards en 2014. Gageons que les a.f. 42 milliards budgétisés pour 2015 ne suffiront pas… ●

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démographique (80 % de la population du septentrion réside à proximité du Niger), l’ensablement du cours d’eau, la faible irrigation et l’enclavement dû au manque de routes empêchent l’agriculture, la pisciculture et l’élevage de s’y développer, mettant la population à la merci des aléas climatiques. Ces projections séduisantes ne peuvent faire oublier que les travaux de la route NionoGoma-Coura-Tombouctou, essentielle pour relier le nord et le sud du pays, n’avancent pas. Les fonds sont débloqués, les engins sont là. Pas les conditions minimales de sécurité. De même, à 130 km de Gao, le barrage de Taoussa dispose des crédits nécessaires à sa construction, cruciale pour toute la région. Son chantier est à l’arrêt, par manque de sécurité, là encore. Deux cents projets seraient ainsi en panne en raison des risques encourus par les ouvriers. Certes, le développement renforce la sécurité,maislasécuritéprécèdeledéveloppement. Si Kidal n’est pas à nouveau électrifiée, si les liaisons routières Nord-Sud ne sont pas améliorées, l’accord de paix d’Alger pourrait ne plus être crédible aux yeux de la population du septentrion et devenir caduc. ● alain faujas

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Le Plus de J.A. Mali la plus ancienne des filiales du groupe Bank of Africa au deuxième rang par les actifs et au troisième par les revenus. À ce rythme-là, elle devrait décrocher la première place d’ici peu. « Cette croissance n’est pas due à des opérations ponctuelles mais à une stratégie interne, mise en place depuis quelques années », explique l’un de ses dirigeants. prudentes. Si les banques marocaines

connaissent un tel succès, ce n’est pas seulement en raison de leur (grand) dynamisme. Elles profitent aussi d’une concurrence locale plutôt pâlotte. Seul Ecobank, numéro un du marché par les revenus, compte réellement. BNP Paribas et sa filiale Bici-Mali ne se font guère remarquer. Quant à la Société générale, qu’Attijariwafa Bank a coiffée sur le poteau en 2008 lors de la privatisation de p Le siège de la BIM, filiale d’Attijariwafa Bank, à Bamako. la Banque internationale pour le Mali, banques elle est toujours absente. Outre qu’elles bénéficient d’une réelle présence des entreprises marocaines (Maroc Télécom, Royal Air Maroc, Alliances), les banques de Casa bénéficient de leur implantaÀ Bamako, les filiales des groupes bancaires du royaume tion en France, où elles ont développé contrôlent plus ou moins directement la moitié des actifs d’importants réseaux, et qui reste l’un des du secteur. Un motif d’inquiétude ? principaux pays émetteurs de transferts d’argent vers le Mali via sa nombreuse MCE Bank prend le BDM, et toutes deux sont liées par un diaspora… contrôle de la BDM, la partenariat technique assez conséquent. Pour l’heure, à Bamako, cette domiBanque de développe« BMCE ne veut pas d’un rapprochement nation marocaine croissante ne suscite ment du Mali. » Cette plus poussé, explique un connaisseur du pas de polémique. Elle est davantage annonce, diffusée le 15 avril au matin dossier. Cela lui donnerait un poids trop surveillée à Casablanca, où la Banque par le site Infomédiaire, l’une des sources important sans vraiment accroître son centrale s’inquiète des risques liés à d’information économique les plus suil’engagement très important des groupes influence. Et puis Othman Benjelloun vies au Maroc, a laissé pantois plus d’un bancaires qu’elle surveille dans certains tient à respecter un équilibre avec l’État observateur. Au Mali, en effet, les banques malien, l’autre grand actionnaire de la pays subsahariens. « À Bamako, le poids marocaines sont déjà omniprésentes: les BDM. » Qui, de surcroît, accepterait de des banques marocaines n’est pas un sujet trois filiales contrôlées par Attijariwafa de discussion, confirme Bank, Banque populaire et BMCE Bank Alain Lenoir, administrateur Banque atlantique Mali a doublé représentent plus d’un tiers des actifs banindépendant à la BDM. Elles son total de bilan en deux ans, caires du pays, contre 27 % en moyenne sont plutôt prudentes dans dans l’UEMOA. Si la BDM s’y était ajoutée, attijariwafa possède 80 agences… leur approche du marché la part des Marocains aurait atteint d’un et ne cherchent pas à s’afficoup 50 %. Un chiffre incroyablement confier la moitié de son secteur bancaire cher ou à s’imposer comme des banques à des mains étrangères ? marocaines. » Mené depuis quelques élevé… si l’annonce du 15 avril s’était révélée exacte. Pourtant, rien ne semble arrêter les mois par un Burkinabè, le management banques marocaines à Bamako. En deux de Banque Atlantique Mali ne compte pas Or, contacté par J.A., Mohammed Agoumi, directeur général délégué chargé exercices, Banque Atlantique Mali a de Marocains. Dirigé entre 2013 et 2015 des activités internationales, dément doublé son total de bilan, qui a bondi par Mamadou Igor Diarra, jusqu’à sa aussitôt l’information. « Erronée », dit-il. de 47,5 % pour la seule année 2014. nomination au poste de ministre de l’ÉcoDepuis plusieurs années, le rapprocheAttijariwafa Bank connaît une croissance nomie et des Finances, BOA-Mali a choisi ment de BDM, première banque du Mali, plus modeste, mais a développé le prinun Marocain pour lui succéder. Mais Bouchaib Fachar est un connaisseur du avec Bank of Africa Mali, la filiale de la cipal réseau de distribution du pays, avec pays, puisqu’il avait déjà été entre 2008 BMCE Bank, fait débat, y compris au 80 agences. Le cas de BOA-Mali est le plus et 2012 directeur général adjoint de la sein du groupe marocain : BMCE Bank impressionnant : la valeur de ses actifs BDM. ● Frédéric Maury détient plus d’un quart du capital de la a crû de 58,9 % l’an dernier, propulsant © SébaStien RieuSSec pouR J.a.

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baby boom La concurrence est féroce. Pas de quoi décourager le patron du groupe minotier Sahel, qui veut faire de celui-ci le leader de la transformation de céréales dans la sous-région.

p Devant les Moulins du Sahel, à Bamako.

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l a pour ambition assumée de devenir le principal meunier de la bande sahélienne. Et ne compte pas s’arrêter là. Le plan de développement de son groupe, le bien nommé Sahel, prévoit d’affecter 30 milliards de F CFA (45,7 millions d’euros) d’ici à 2017 à l’implantation de plusieurs moulins jusqu’aux confins de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), notamment au Bénin et en Côte d’Ivoire. À 58 ans, le Malien Houd Baby, dont le holding, Houd Investissement, intervient aussi dans le négoce, l’hôtellerie, l’immobilier et la distribution de gaz, n’a qu’un but : devenir le leader de la transformation de céréales dans la sous-région. C’est en 2007 que l’homme d’affaires décide de prendre pied sur le marché très rentable de l’agroalimentaire. Le groupe Sahel, qui chapeaute d’abord les Moulins du Sahel dès le début de leurs activités, en 2011, puis les Grands Moulins du Ténéré (GMT Niger), investit en 2013 dans une unité de transformation du blé à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. Ce n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

projet, estimé à 3,2 milliards de F CFA, sera opérationnel dès la mi-2016 grâce au soutien de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) à hauteur de 1,9 milliard de F CFA, complété par un apport de différentes banques locales. Outre qu’il créera 120 emplois, il offrira au pays la possibilité de réduire ses importations. success-story. Pour Houd Baby, la

© EmmanuEl Daou Bakary

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Son groupe contribue notamment à la lutte contre la malnutrition ou le paludisme ainsi qu’à la prévention du VIH. Cette success-story s’est toutefois heurtée aux dures réalités du marché de la meunerie dans cette partie de l’Afrique. Si les principaux rivaux de Houd Baby sont loin d’avoir le même rayonnement sous-régional, leur concurrence n’en est pas moins féroce. Au Mali, où la part de marché des Moulins du Sahel avoisine les 45 %, les Grands Moulins du Mali (GMM) et les Moulins modernes du Mali (M3) cherchent à grignoter ses positions. En Côte d’Ivoire, pas moins de trois opérateurs importants se partagent le secteur : les Grands Moulins d’Abidjan (groupe Mimran), les Moulins modernes de Côte d’Ivoire (groupe Carré d’or) et les Moulins de Côte d’Ivoire (LMCI). Au Sénégal, les Grands Moulins de Dakar (Mimran), la Nouvelle Minoterie africaine (NMASanders) ou FKS (filiale du groupe turc Basturk) contribuent à alimenter une surproduction régionale qui se répercute sur les prix et sur le rendement des usines, qui tournent en sous-régime. farInes. « Les Grands Moulins, en sur-

capacité à Dakar et à Abidjan, déversent leur production au Mali », s’inquiète Houd Baby. Le patron du groupe Sahel déplore en outre qu’une « concurrence déloyale » contribue à accroître les tensions sur ce marché disputé, alors que « certains opérateurs ne respectent pas les règles douanières ». Sans oublier les farines en provenance d’Algérie – où le blé est subventionné à 50 % – ou de Mauritanie, qui

transformation des céréales locales, du riz au mil en passant par le maïs et le sorgho, ou importées, comme le blé, est devenu « un marché porÀ la mi-2016, une usine ouvrira teur, où beaucoup reste à faire à bobo-dioulasso, au burkina. pour contribuer au renforceavec 120 emplois à la clé. ment de la sécurité alimentaire dans cette zone ». Avec pour slogan « Nourrir l’Afrique ensemble », inondent la zone de manière « sauvage », le businessman, qui entendait à l’origine pour reprendre l’expression de Houd « participer à la promotion de l’agriculture Baby. Si l’augmentation annuelle de la malienne » et « accompagner la politique demande permet d’atténuer quelque peu de développement » du gouvernement, le phénomène, le Malien doit pourtant a par ailleurs déployé un plan d’action bien l’admettre : « À l’heure actuelle, le en matière de responsabilité sociétale et marché est saturé. » ● environnementale des entreprises (RSE). mehdI ba jeune afrique


À la recherche du temps perdu

Tribune

Après l’effort, le réconfort

MaMadou igor diarra Ministre de l’Économie et des Finances du Mali

A

près avoir été ministre de l’énergie, des mines et de l’eau en 2008, j’ai pris la tête de l’hôtel des finances en janvier dernier. dans un contexte particulièrement difficile. ma première tâche a été de restaurer la confiance entre mon ministère et les acteurs économiques de mon pays, ainsi qu’avec ses partenaires extérieurs. pour cela, j’ai rapidement dû prendre des mesures vigoureuses pour rendre la gestion des finances plus crédible en accroissant la mobilisation des ressources, à travers des réformes fiscales et la lutte contre la fraude ; en réduisant dans le même temps les délais de paiement et en réglant les arriérés de l’état. autant de réformes qui ont apporté une bouffée d’oxygène à notre économie. l’annulation des 45 milliards de F CFa [68,6 millions d’euros] de dette avec la France, le retour de l’aide au développement, ainsi que la signature de nombreuses conventions de financement portant sur la réalisation d’un grand nombre de projets illustrent ce retour de confiance de nos partenaires. Grâce à cette politique volontariste, le mali a connu un taux de croissance de 7,2 % en 2014, et les chiffres attendus pour 2015 sont du même ordre. Cette croissance est d’autant plus profitable aux plus pauvres que la hausse des prix à la consommation est sous contrôle. les principaux indicateurs macroéconomiques suivent une tendance encourageante. et les finances publiques ont recouvré leur santé. en ce qui concerne les opérations avec l’extérieur, le compte courant de la balance des paiements s’est considérablement amélioré ces douze derniers mois, ce qui traduit le gain de compétitivité de l’économie malienne.

l’ensemble de ces opérations a bénéficié du soutien du secteur bancaire aux différents acteurs économiques. les crédits à l’économie, en constante hausse, atteignent un encours de 1 576,5 milliards de F CFa. soit une hausse de 8,1 % en un an. en plus de s’appuyer sur un secteur bancaire solide, le ministère souhaite élargir l’accès au crédit en lançant un vaste programme de relance de la microfinance. avec, déjà, de bons résultats. Ces bonnes performances renforcent notre crédit auprès de nos partenaires extérieurs, à commencer par le Fmi. le mali vient justement de mener avec succès le dernier round de discussions avec ses experts dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FeC), dont il a respecté tous les critères de réalisation. Pour conforter cette relance économique, le mali mobilisera 453 milliards de F CFa au terme de l’année 2015 sur le marché sousrégional, où le pays jouit à nouveau d’une bonne cote. Ce qui laisse augurer de belles perspectives.toujours selon le Fmi, le taux de croissance prévu pour 2016 s’établirait à 5,4 %. Une projection rendue largement possible par la signature de l’accord pour

Des finances publiques assainies, une inflation maîtrisée, une croissance de 7,2 % en 2014… la paix et la réconciliation au mali, le rétablissement progressif de la sécurité et l’appui sans faille des partenaires techniques et financiers (ptF) du mali, à la suite de la conférence de paris. les efforts déployés par le gouvernement, notamment dans le secteur de l’agriculture, devraient également prochainement porter leurs fruits. pour que fleurisse à nouveau le mali. ●

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COmmuniQuÉ

Pari mutuel urbain du mali un nouveau départ, plus de jeux, des recettes en hausse le Pmu malien fait sa mue pour offrir des paris hippiques organisés dans les meilleures conditions, ainsi que de nouveaux jeux. À la clé : du divertissement, de l’emploi, des recettes pour l’État et la réalisation de dizaines de projets d’intérêt public. ✔ « Plus qu’un jeu, un plaisir »

Q

uelques mois ont suffi pour remettre le PMU-Mali sur les rails. La société n’avait plus de patron depuis deux ans, faisant notamment les frais de la crise politico-sécuritaire qui a frappé le pays. La nomination en janvier 2015 par le président Ibrahim Boubacar Keïta, d’Arouna Modibo Touré (voir photo), un jeune cadre dynamique et intègre, surdiplômé - École nationale d’administration de Bamako, Sciences Po Paris, École supérieure de commerce et des affaires de Paris - spécialiste des questions financières et ancien directeur général de l’ANPE, a eu l’effet d’un électrochoc salvateur.

il était temps que le PMU-Mali redonne de l’envie à ses clients et à ses employés, un objectif résumé dans son nouveau slogan : « Plus qu’un jeu, un plaisir… » Peu à peu, l’intérêt des joueurs diminuait, la motivation des employés et des centaines de revendeurs présents dans toutes les villes s’amenuisait, tout comme les recettes de l’État en taxes diverses. À supposer que l’entreprise ait fini par disparaître, c’était aussi la fin des projets d’intérêts publics qu’elle finance avec ses bénéfices. Car le Pmu n’est pas seulement un jeu de hasard qui passionne une grande partie des maliens. il intervient aussi dans des actions humanitaires à travers la construction d’infrastructures sanitaires et éducatives.

✔ Nouvelle organisation, nouvel habillage

depuis la prise de fonction de m. touré, la nouvelle équipe dirigeante du PMU-Mali a consolidé les acquis dont elle a hérité et elle a lancé une série de mesures pour redevenir l’un des plus importants opérateurs de pari mutuel hippique d’afrique de l’Ouest. l’habillage visuel et sonore des programmes qui lui sont destinés sur la télévision nationale, l’Ortm, ont été modernisés

et le site internet a été revu pour améliorer l’esthétique et la navigation.

✔ Un « Grand prix de la Nation

»

de gala

le Grand prix de la nation, l’événement phare de la Fédération malienne des Sports équestres, qui perdait de son éclat, a été grandiose cette année, relevé par la présence du Premier ministre modibo Keïta. Organisé le 14 juin dernier au Champ hippique de bamako grâce au soutien du sponsor officiel, le PMU-Mali, il a accueilli la participation de 65 chevaux. l’objectif à moyen terme est de créer une presse spécialisée dans le sport équestre et de pouvoir parier sur des courses organisées au mali, et non plus seulement en France.

✔ Sponsoring et visibilité

Outre le Grand prix de la nation, le PMU-Mali a été en juillet dernier partenaire de l’« afrobasket » masculin des mois de16 ans, qui s’est tenu au Palais des sports de bamako. la société est également le sponsor officiel de la Coupe du mali de football, à partir des phases de quarts de finale.

✔ Une nouvelle gouvernance

dès sa prise de fonction, la direction du Pmu-mali a initié un nouvel organi-


✔ Informatisation et sécurisation des recettes

tous les aspects budgétaires, comptables et financiers de l’opérateur de paris ont été informatisés. m. touré, lui-même ancien responsable financier de l’aniCt, a mis à contribution son expérience pour faire en sorte que l’information financière soit désormais traitée en temps réel. les jours de course, le Pmu génère beaucoup de recettes et des outils ont été développés pour permettre leur traçabilité. en avril dernier, un record absolu de la masse à partager a ainsi été atteint, avec plus de 364 millions de F CFa.

✔ Création de nouveaux jeux

en matière de paris sur les courses hippiques, le PMU-Mali réalise l’un des plus importants chiffres d’affaires d’afrique de l’Ouest. depuis 2003, il détient aussi le monopole de l’organisation de tous les jeux de hasard dans le pays. C’est pourquoi l’État lui a fixé un objectif ferme visant à développer de nouveaux jeux de grattage, loto sportif, loteries, tombolas et autres.

✔ Création d’emplois

le PMU-Mali compte environ 800 travailleurs aujourd’hui, dont 600 vacataires qui lui prêtent mainforte les jours de courses, en traitant manuellement les tickets vendus. l’objectif de la direction de la société est d’automatiser ces tâches fastidieuses tout en maintenant et en pérennisant les emplois. Comment ? en permettant la reconversion des employés à travers la création de nouveaux produits.

Une entreprise d’intérêt public

Depuis le début de l’année, les recettes du PMU-Mali ont augmenté de 34 % et la société vise un chiffre d’affaires de 80 milliards de FCFA en 2015, contre 65 milliards de FCFA l’année dernière. Une bonne nouvelle pour les recettes de l’État, mais aussi pour la lutte contre la pauvreté. Car, grâce aux ressources qu’il mobilise, le PMU-Mali contribue à la réalisation d’œuvres sociales. Depuis le début de l’année, il a permis la construction de centres de santé, participé à la rénovation de medersas (écoles) et fourni des denrées alimentaires aux plus démunis durant le mois du ramadan. Poursuivant ses progrès, le PMUMali a l’intention de participer à des programmes aussi ambitieux que ceux qu’il finançait par le passé, comme la construction de maternités, d’écoles, de lycées, d’amphithéâtres, ou encore de travaux d’assainissement et l’équipement des commissariats de police en véhicules, pour des dizaines de milliards de F CFA d’investissement.

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gramme pour parfaire son fonctionnement et sa gestion, en prenant en compte les préoccupations du personnel et du comité syndical, rétablit dans ses droits.


Le Plus de J.A. Mali

© AnissA michAlon

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Diaspora

Bien dans leur boubou Ils sont entre 6 000 et 10 000, pour la plupart soninkés, à vivre à Montreuil, en banlieue parisienne. Leur plus grande fierté ? Envoyer des fonds au pays. Et surtout, y construire une maison.

«

V

ous êtes ici chez vous, vous faites ce pays, et en même temps vous participez au développement du Mali. Montreuil vous appartient, au même titre que Kayes ou Bamako, vous travaillez ici, vous construisez là-bas, vous êtes chez vous ici et là-bas », s’enflamme Djeneba Keïta, l’adjointe au maire chargée du développement économique. Derrière elle, assis sur un banc, à côté de hauts représentants soninkés et d’un marabout, Patrice Bessac, le maire, flanqué de son écharpe tricolore, applaudit en opinant. Et ajoute : « J’ai vu lors de mon récent n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

séjour à Kayes tout ce que vous faites là-bas, vous pouvez être fiers de vous, nous aussi, nous avons besoin de vous ! » À Montreuil, les Français d’origine malienne sont plus chouchoutés qu’ailleurs. Entre 6 000 et 10 000 d’entre eux, sur les 57 000 que compte l’Hexagone, habiteraient cette agglomération de banlieue parisienne que l’on surnomme « la deuxième ville du Mali », soit un peu plus de 10 % de la diaspora. Le 17 octobre, ils sont venus par centaines, vêtus pour certains de grands boubous soyeux, retrouver des « copains du village » dans la grande salle Art déco de l’hôtel de ville, lors d’une

p Dans une chambre du foyer Rochebrune, à Montreuil.

fête soninkée, l’ethnie la plus représentée au sein de la communauté malienne de France. Pour beaucoup, les fêtes de Montreuil sont l’occasion de se « rappeler le pays », de discuter, aussi, des difficultés du moment. Comme l’insécurité grandissante dans le Nord malgré les opérations militaires, qui complique l’envoi de fonds pour achever la construction d’une maison ou soutenir financièrement un clan. « Depuis quelques années, les Maliens de France sont de plus en plus angoissés à l’idée de voir leur argent détourné, explique l’adjointe au maire. Ce phénomène se produit notamment lors des transferts de fonds, via Western Union par exemple, lorsque des individus, profitant du fait que certains noms sont très répandus, usurpent des identités pour empocher l’argent à l’arrivée. Autre jeune afrique


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Le Plus de J.A. Mali phénomène inquiétant : les coupeurs de route, de plus en plus nombreux sur l’axe Bamako-Kayes. » Diara Bougary a quitté son village natal de Tambakara au début des années 2000, et vit depuis au foyer Félix-Faure d’Aubervilliers, où il partage avec les derniers arrivés un quotidien modeste. Chaque mois, comme tous ses « voisins », il envoie de l’argent au pays. Mais, afin d’éviter de payer des commissions trop élevées, il préfère faire parvenir ses économies en recourant à ce qu’il appelle « le système malien ». Ceux qui rentrent au pays jouent les porteurs de valises pour les autres. Non sans difficultés ! Il faut passer le barrage des douaniers français et maliens, qui interceptent parfois des liasses de billets dissimulées et rarement déclarées. Lorsque l’intermédiaire est passé entre les mailles du filet, il doit rejoindre le village sans se faire détrousser. Pour atteindre Kayes, p Maison d’un Malien ayant vécu en France. Quartier de Kalaban-Coura, à Bamako. la route est longue – 400 km en six ou huit heures – et bien souvent déserte. ou trois ans qu’on galère un peu. Dans voisine de Romainville, sur un long bou« Il y a trois mois, avec plusieurs collèlevard pluvieux et triste, Sékou se dit ce climat dégradé, quand les gens sont gues du foyer, on avait envoyé plus de 15000 euros. Quelqu’un a dû récupérer le privilégié. « Dans la communauté, je suis dans le besoin, il y en a qui sont prêts à un de ceux qui gagnent le mieux leur vie », voler leur propre cousin. » fax par lequel on avertissait nos parents. explique-t-il. Aujourd’hui, grâce à un L’ethnophotographe Anissa Michalon Quand notre intermédiaire est arrivé à salaire mensuel avoisinant les 2400 euros suit depuis dix ans le cheminement Bamako, il a pris une voiture pour Kayes. net, Sékou mène de front deux projets. de migrants du foyer Rochebrune de Des bandits lui ont coupé la route et l’ont rançonné. On a tout perdu. » Le premier, c’est la construction d’une Montreuil. Elle a fait à diverses reprises Diara est ouvrier dans une usine maison commencée il y a vingt ans au le voyage avec eux jusqu’au village pour d’encre d’imprimerie. Son salaire menvillage, près de Kayes. Sa mère, veuve, découvrir ces fameuses « maisons » et suel ne dépasse pas les 1 300 euros. un vieil oncle, sa première femme et ses tenter de « capter leur âme ». « Ces villas Chaque mois, il en envoie entre 200 et cinq enfants y habitent déjà, même « s’il symbolisent une réussite personnelle, 400 à sa famille. La moitié analyse-t-elle. Elles s’élèvent sur plusieurs est consacrée à l’achat de étages dans un style parfois ostentatoire. Douaniers, coupeurs de route… nourriture, le reste va à la Parce qu’elles sont le fruit d’immenses Pour ceux qui transportent construction d’une « maisacrifices, leurs propriétaires suivent de son en dur ». D’après la près, et parfois avec inquiétude, les étapes de l’argent, le périple est risqué. photo qu’il nous montre, de leur construction, qui peut prendre n’y a pas encore tout le confort », avouedes décennies. Pour eux, ces maisons celle-ci est loin d’être terminée. « Avec la t-il. Le second projet est un « investissont le but de toute une vie. » guerre et l’insécurité, ce n’est pas facile. sement personnel ». « Je fais construire Dans la salle de réception de l’hôtel Mais on n’a pas le choix, pour nous les une maison de deux étages à Bamako, de ville de Montreuil, après les discours, Soninkés, c’est plus qu’une obligation, du côté de la route de Guinée, après le réunis autour d’un plat de riz au gras c’est un devoir », confie-t-il. quartier ACI-2000, tout près de chez le et d’une « boisson gazeuse », ceux qui président IBK », précise-t-il, un brin de sont venus pour se retrouver préfèrent malice. Sékou Bathily fait partie de malice dans le regard. « Au plus fort de la relativiser. « La maison que je construis, l’association Les amis de Bada, qui a j’ai pas les fenêtres, il me manque le toit, crise, on avait de la peine à faire parvenir organisé la fête soninkée de Montreuil. Ce garçon lumineux et toujours souriant l’argent, les banques fonctionnaient mal mais le plus dur est fait. Même si pour a longtemps travaillé au « black » dans les et personne ne voulait rentrer au pays. le moment ce sont les bêtes qui en proComme il y avait pénurie de matériaux, fitent », ironise Traore Madimakan, qui, cuisines d’un restaurant parisien avant le prix du sac de ciment avait explosé. arrivé en France en 2009, travaille comme de suivre une formation de technicien Les ouvriers ont fini par demander à agent de propreté dans le métro. Il ne d’ascenseur et de pouvoir vivre décemment. Dans son nouvel appartement de être payés davantage parce que c’est cache pas son inquiétude, mais conclut, 40 m2 qu’il loue (« sans aide de l’État », devenu risqué, etc. Bref, tout le monde philosophe : « Petit à petit, l’oiseau fait précise-t-il), situé dans la commune prend sa commission, et ça fait deux son nid. » ● François-Xavier FrelanD n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

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LA BDM SA pLuS quE jAMAiS NuMéro uN

Nouveau pacte d’actionnaires, nouveaux dirigeants : la première banque du Mali confirme ses objectifs stratégiques. Pour mieux servir l’économie nationale.

CoMMuNiqué

Nouvelle gouvernance Le Conseil d’Administration du 25 avril a ensuite entériné la mise en place d’une nouvelle gouvernance de la BDM SA, pour se mettre en conformité avec la réglementation de la Commission bancaire de l’UEMOA, l’autorité de contrôle. Cette réforme et le pacte d’actionnaires prévoient la désignation par l’État malien du président du conseil d’administration (PCA) et du directeur général. Ce sont désormais l’ancien Premier ministre Hamed Mohamed Ag Hamani, PCA, et Amadou Sidibé, directeur général, qui ont la charge de conduire la Banque de développement du Mali. Ambitions confirmées Ces deux étapes étant franchies, la BDM SA entend bien poursuivre son expansion dans le pays et dans la sous-région pour accompagner le dynamisme économique du Mali et soutenir tous les Maliens dans le développement de leurs activités sur tous les marchés. Sur le marché domestique, la BDM SA poursuit sa politique de couverture du territoire. Déjà présente dans le pays avec près de 50 agences, elle compte ouvrir cinq nouvelles agences par an.

▲ Siège social de la BDM sa

La BDM SA confirme également sa vocation de développement dans l’UEMOA. Initiée en 2006 avec la création de la Banque de l’Union de Guinée-Bissau, elle est amplifiée cette année avec l’ouverture de la Banque de l’Union de Côte d’Ivoire et la Banque de l’Union du Burkina Faso. L’objectif est de mieux accompagner le développement des activités des Maliens à l’étranger ; il avait déjà conduit à la BDM SA à ouvrir une représentation en France, en Espagne et au Congo-Brazzaville. ■

Amadou Sidibé

Directeur général de la BDM SA

’est à un banquier confirmé, fin C connaisseur de la BDM , que les autorités maliennes ont confié sa

la conduite de la première banque du pays, en même temps qu’elles mettaient en œuvre les recommandations de l’UEMOA en matière de gouvernance. Économiste, diplômé de l’ENA de Bamako et du Centre d’études financières, économiques et bancaires de Paris, Amadou Sidibé était auparavant directeur du pôle financier et juridique de la BDM sa. Il a gravi tous les échelons au sein de la banque, où il était arrivé à la faveur de la fusion avec la BMCD. Il a la ferme intention d’accentuer le soutien de la banque qu’il dirige dans le développement économique du pays, tant à l’intérieur (agriculture, infrastructures, particuliers, logements) qu’à l’international. BDM SA : Avenue Modibo Keïta, Bp 94 Bamako MALi - Tél. : (+223) 20 22 20 50

www.bdm-sa.com

DIFCOM / Creapub - © V. FOURNIER POUR J.A.

Nouveau pacte d’actionnaires À la fin de 2014, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé de se retirer du capital de la BDM SA, où elle était présente pour des raisons historiques – quoiqu’en contradiction avec ses missions de Banque centrale. Son retrait a donné lieu à une redistribution du capital entre les autres actionnaires que sont l’État malien, la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), le groupe marocain BMCE Bank et des privés maliens. À l’occasion de l’Assemblée générale de la BDM SA, qui s’est tenue le 11 avril dernier à Bamako, la nouvelle répartition des parts a été consacrée dans un pacte d’actionnaires qui confirme la place de l’État malien dans la conduite de la BDM SA.

© BDM SA

La BDM SA vient de connaître une mutation importante. Comme celle qu’elle avait connue au début des années 2000, lors de la fusion-absorption de la Banque malienne de crédit et de dépôts (BMCD), cette nouvelle étape n’affecte ni les clients, ni le personnel. Elle renforce sa position de première banque du pays et lui permet de poursuivre sa stratégie de croissance.


Cabinet d’architecture ACART « Il ne faut pas copier le passé, mais s’en inspirer » Architecte bien connu dans les milieux professionnels du BTP au Mali, Hassoun Dicko plaide pour une architecture alliant la modernité aux usages locaux.

L

auréat d’une douzaine de concours d’architecture,

Hassoun Dicko gère le Cabinet d’architecture ACART SARL qu’il a créé à Bamako il y a une vingtaine d’années. Jeune architecte, la liste des projets réalisés ou en cours de réalisation qui portent sa patte est impressionnante (voir l’encadré).

▲ Banque Malienne de Solidarité

Discret, Hassoun Dicko se méfie du « Star System », car cela ne fait que satisfaire l’ego de l’architecte, le plus souvent au détriment du projet sur lequel il travaille. Pour lui, c’est le projet qui doit être la « Star » et encore, à certaines conditions. Ce n’est pas parce qu’il est grand, ou parce qu’il brille. C’est parce que ce projet est une réponse pertinente aux exigences du programme architectural qu’il peut être « Star ».

▲ Vue extérieure de la Maison des Maliens

▲ Direction nationale de l’hydaulique

SeS principaLeS référenceS

Voici quelques uns des projets et réalisations d’Hassoun Dicko : l Agence de la BCEAO à Sikasso l Agence de la BCEAO à Man, Côte d’Ivoire, en collaboration avec Archi2000) l Palais de la Cour Constitutionnelle du Mali l Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) l Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) l Centre aéré de Bamako l Direction Nationale de la Géologie et des Mines (DNGM) l Siège de l’Inspection des Finances l Sièges de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt public pour l’emploi (Agetipe), de l’Agence d’exécution des travaux routiers (Ageroute) et de l’Agence d’exécution des travaux d’infrastructures et d’équipements ruraux (Agetier) l Siège de la Banque malienne de solidarité (BMS) l Futur siège de la Société malienne de patrimoine de l’eau potable (Somapep) l Futur Siège de la Direction nationale de l’hydraulique l Nouveau siège d’Ecobank Mali - Mission M.O.D en collaboration avec ARCHI 2000 l Laboratoire National de Métrologie l Centre de Formation des Collectivités Territoriales (CFCT)

▲ Bceao


COMMUNIQUÉ Hassoun Dicko est bien entendu un ardent défenseur de la tradition architecturale de son pays. Mais, comme toute tradition, il faut savoir l’adapter au monde moderne. Le Mali est en effet connu dans le monde entier pour le célèbre style soudano-sahélien, dont la plus belle illustration est la mosquée de Djenné, classé au patrimoine mondial de l’humanité. « Dans la pratique, cet atout indéniable est un véritable frein au développement de notre profession d’architecte », explique-t-il. Des bâtiments modernes… En effet, l’engouement international suscité par cette architecture historique a fortement encouragé les décideurs, mais aussi certains professionnels, à vouloir « imposer » ce style aux bâtiments publics du monde moderne. La mosquée de Djenné est réussite artistique qu’il faut cependant garder dans son contexte. Elle était une réponse pertinente

… Qu’il faut savoir adapter L’architecte Dicko va plus loin : « Il ne me paraît pas opportun de parler d’architecture malienne ou africaine, mais plutôt d’architecture au Mali ou en Afrique. Le véritable challenge est en effet de concevoir des bâtiments modernes adaptés aux conditions climatiques et économiques en te-

nant compte des spécificités culturelles locales. » D’autant plus que la culture n’est pas figée, que les mentalités évoluent, que les matériaux changent et les techniques constructives aussi. S’il ne faut pas s’enfermer dans un ghetto stylistique, il ne faut pas non plus tomber dans la facilité en se lançant dans le mimétisme d’un soi-disant « style international ». En résumé, la bonne démarche conceptuelle serait la suivante : - Respecter les exigences fonctionnelles du programme, - Tenir compte du climat et de l’environnement socioculturel, - Briller par l’originalité créatrice et philosophique du projet en cherchant l’inspiration dans ses racines mentales et spirituelles les plus profondes afin d’y puiser une architecture authentique dont l’ambition ne serait pas seulement de servir le Mali ou l’Afrique, mais l’humanité tout entière.

▲ Faculté des Sciences Economiques et de Gestion ▲ Creapub/DIFCOM - Photos : ACART

▲ Direction Nationale de la Géologie et des Mines

à un programme architectural de l’époque, réalisé avec les matériaux et les techniques de construction de l’époque. « Le style Haussmannien fait aujourd’hui le charme de Paris, mais il ne serait pas convenable de vouloir le reproduire dans les conceptions parisiennes actuelles », ajoute Hassoun Dicko. En d’autres termes, il est certes utile de vouloir mettre en valeur ses traditions, et même de s’inspirer du passé. Mais cela ne doit aucunement consister à copier ce passé. Au contraire, il faut savoir s’en servir pour favoriser une impulsion créatrice vers l’avenir.

▲ Siège social de la SOMAPEP

▲ Résidence des hôtes

Cabinet d’architecture ACART, Faladié Sokoro, BP 7019 Bamako - Tél. : (+223) 20 20 68 25 / Fax : (+223) 20 20 68 31 www.hassoun-dicko-architecte.com


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Le Plus de J.A. Mali reportage

Bogolan reprend son élan Le célèbre studio fondé par Yves Wernert et Ali Farka Touré tente de renouer avec le succès. En misant sur son ouverture à de nouvelles musiques et sur la qualité de son acoustique.

Q

uel point commun entre l’Islandaise Björk, les Français Ours (fils d’Alain Souchon) et Matthieu Chedid, l’Américaine Dee Dee Bridgewater et la griotte malienne Bako Dagnon? Tous ont chanté au studio Bogolan, l’un des hauts lieux de la scène musicale bamakoise. Nichée dans une ruelle cabossée du quartier de Quinzambougou, la maison discrète qui abrite ce monument du patrimoine culturel national ne paie pas de mine. Bogolan est pourtant considéré comme LE studio d’enregistrement de Bamako et a accueilli les plus grands noms de la musique. Il naît en 2002, sous un double parrainage prometteur. Son principal artisan ? YvesWernert,uningénieurdusonfrançais, qui collabore avec Mali K7, le premier fournisseur de l’industrie musicale nationale. Il se lie d’amitié avec le légendaire Ali Farka Touré, dont la musique métisse le blues et les sonorités traditionnelles maliennes. Les deux hommes installent le studio Bogolan dans la même rue que Mali K7, raccourcissant ainsi la chaîne de production – de l’enregistrement au pressage et à la vente des cassettes. Yves Wernert apporte un soin tout particulier à la conception acoustique du lieu. « Ce n’est pas une maison qui a été réaménagée, précise Olivier Kaba, son administrateur général. C’est une pièce conçue dès l’origine pour héberger un studio. » L’agencement des matériaux (briques en terre traditionnelles, laine de roche…), l’épaisseur des murs, la qualité du matériel, tout a été pensé pour que la prise de son des instruments acoustiques soit optimale. « Les sons qui sortent d’une kora ou d’un n’goni [un luth généralement dotédequatrecordes]sontfaibles,doncon entend aussi les bruits alentour », explique Olivier Kaba. Au studio Bogolan, grâce au savoir-faired’YvesWernert,cesbruitsparasites deviennent imperceptibles. « C’est le son du désert », plaisantait Ali Farka Touré. À Bamako règne alors un bouillonnement musical qui assure les beaux jours du studio. Dans ce lieu-carrefour, d’autant n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

plus prisé qu’à l’époque les studios professionnels sont rares dans la capitale, se croisent rappeurs, griots et stars de la pop. Les plus grands noms de la musique malienne viennent y enregistrer leurs opus: Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Rokia Traoré, Amadou & Mariam, Habib Koïté, Tinariwen, Djelimady Tounkara, Cheikh Tidiane Seck, Bassekou Kouyaté… RACHAT. Mais en 2007, un an après lamort

d’Ali Farka Touré, Yves Wernert décide de quitter le Mali et de céder ses parts. Des propositions de rachat capotent in extremis.OlivierKaba,unejeuneingénieur du son franco-guinéen installé depuis quelques années à Bamako, où il collabore avec Mali K7 et Yves Wernert, se met en tête de sauver le studio. N’ayant pas les moyens de le racheter seul, il se tourne vers le producteur sénégalais Ibrahima Sylla, fondateur du label Syllart Records et parfois surnommé le Quincy Jones de la musique africaine. « Il a racheté discrètement la majorité des parts car il ne voulait pas que le meilleur studio de Bamako mette la clé sous la porte », raconte sa fille, Binetou Sylla, qui a repris la direction du label depuis le décès de son père, en 2013.

À la fin des années 2000, d’autres lieux concurrents commencent à apparaître. « Avec les studios lancés par Salif Keita, Tiken Jah Fakoly ou Toumani Diabaté, Bogolan a perdu son monopole, même s’il demeurait une référence », raconte Olivier Kaba. Comme pour tout empire, à l’apogée succède le déclin. En janvier 2012, une rébellion touarègue venue du Nord et alliée à des mouvements jihadistes provoque une réaction en chaîne. L’armée

Collector

S

orti en 2013, le coffret Mali All Stars : Bogolan Music illustre mieux qu’un long discours le sillon creusé pendant une décennie par Yves Wernert, Ali Farka Touré, Ibrahima Sylla et Olivier Kaba. Composé de deux CD, d’un DVD et d’un livret, ce collector revisite les heures de gloire du studio à travers ses hôtes les plus prestigieux. Un premier CD s’attarde sur

les représentants de la « tradition » malienne, de Tessalit à Kayes en passant par Ségou : Oumou S a n g a r é , To u m a n i D i a b a t é, B o u b a c a r Traoré (alias KarKar), Tinariwen… Le second CD, « Le Mali autour du monde », vagabonde d’Africando à Björk et de Rokia Traoré à Damon Albarn. Quant au DVD Mali All Stars, commenté par le journaliste Soro Solo, il retrace l’histoire de la musique malienne

Coffret Mali All Stars, Bogolan Music Metisrecords/Universal

grâce à des images d’archive et à des interviews de producteurs, d’artistes ou d’ingénieurs du son. ● M.B. jeune afrique


SébaStien RieuSSec

malienne est défaite. Une large portion du pays est occupée. Et, à Bamako, un putsch militaire chasse du pouvoir Amadou Toumani Touré à la veille de l’élection présidentielle. Le Mali, humilié, aura besoin du soutien de l’armée française, en 2013, pour éviter l’implosion. « Ces événements ont eu des répercussions fâcheuses pour la scène artistique, rappelle Bako Traoré, un administrateurcultureldevenulenouveau gérant du studio. Avec l’instauration de l’état d’urgence pendant plusieurs mois, les concerts et manifestations publiques

p L’orchestre de dix koras de Ballaké Sissoko, en juillet.

la qualité reconnue de son matériel et de sa conception. « Lorsqu’on veut ressentir quelque chose d’humain, on en revient au studio », ajoute Kaba. mécénat. « Ce n’est pas le genre d’endroit

où l’on gagne de l’argent, sauf lorsqu’une star internationale vient faire une session d’une semaine », admet Binetou Sylla, pour qui le soutien apporté par Syllart Records au studio Bogolan relève clairement d’une forme de mécénat. Mais le Oumou Sangaré, toumani diabaté, prestige attaché à dee dee Bridgewater, Björk… tous ce lieu récompense sont passés par ce lieu emblématique. la jeune femme, qui s’efforce, depuis deux ont été interrompus, et le milieu de la ans, de le redynamiser en suscitant une musique en a pâti. » synergie avec le label dont elle a repris le Depuis les élections présidentielle et flambeau. « Le studio Bogolan, expliquelégislatives de 2013, l’activité du studio t-elle, doit être un vecteur d’ouverture reprend progressivement. Mais les temps musicale en phase avec Syllart Records, ont changé. « Aujourd’hui, avec un ordiavec qui je veux produire des artistes de nateur et deux micros, des petits débrouilma génération, dans différents courants lards font des choses incroyables », résume musicaux. » « Dans le domaine de la Olivier Kaba, selon qui « la mode des culture, la rentabilité n’est pas l’indicagrands studios est révolue ». Toutefois, teur le plus pertinent », analyse Olivier dans le contexte malien, où les ensembles Kaba, bien décidé à écrire un nouveau acoustiques et les instruments traditionchapitre de Bogolan. Malgré les revers nels restent importants, le studio Bogolan de fortune. ● conserve une clientèle attitrée en raison de mehdi Ba, envoyé spécial à Bamako jeune afRique


Le Plus de J.A. Mali football

Alain Giresse « quand on m’a proposé de revenir, je n’ai pas hésité » L’ancien international français est de nouveau sélectionneur de l’équipe nationale malienne. Objectif : briller à la CAN 2017.

T

rois ans après un premier passage remarqué, Alain Giresse reprend les rênes de l’équipe nationale malienne. Après deux années compliquées (et qu’il ne veut pas commenter) au Sénégal, l’ancien international français, 63 ans, espère à présent retrouver un peu de sérénité sur le banc d’une sélection qu’il souhaite emmener jusqu’aux sommets. jeune Afrique : Votre retour au Mali juste après la CAn 2015 était-il une évidence ? AlAin Giresse: On peut voir les choses

ainsi. Je n’étais parti qu’à peine trois ans plus tôt, avec une troisième place à la CAN en 2012. J’étais resté en contact avec des responsables de la fédération, ainsi qu’avec quelques joueurs. Comme mon premier passage à la tête des Aigles s’était plutôt bien passé, j’avoue ne pas avoir trop hésité quand on m’a proposé de revenir.

malien ne se porte pas si mal. Le Stade malien a atteint la phase de poules de la Coupe de la CAF et, à Bamako, certains clubs comme le Stade malien, Djoliba ou le Real Bamako sont plutôt bien structurés. Les sélections nationales de jeunes se comportent assez bien, la sélection nationale A tient son rang… Il y a aussi des académies assez performantes, dont celle de Jean-Marc Guillou et le Centre Salif-Keita. Le pays dispose d’un réservoir de joueurs intéressant. Et l’accent est mis sur la formation. la préparation du match amical face au Burkina faso (4-1) le 9 octobre a été perturbée par une menace de grève des joueurs, agacés par des problèmes de primes et d’organisation…

Bien sûr. Les Maliens ont beaucoup souffert du conflit qui a touché le nord du pays et qui a eu quelques conséquences dans la capitale. On ne peut pas parler de peur, mais on ressent une certaine inquiétude. Les gens savent que le danger n’est pas très loin. Circuler est moins facile qu’avant. En tant qu’Occidental, je me sens relativement à l’aise, même si je ne vis pas en permanence au Mali.

Ce qui a posé problème, ce n’était pas tant la question des primes et de leur montant après le match nul au Bénin [1-1] en qualifications pour la CAN 2017 que le principe. Les joueurs ont juste demandé au ministère des Sports de tenir ses engagements, financiers ou portant sur l’organisation des stages et des matchs. Par exemple, un ostéopathe français qui n’avait pas été payé en septembre n’était pas là pour le stage avant le match face au Burkina Faso. Je comprends les revendications des joueurs. Ils souhaitent évoluer dans un cadre professionnel, afin de se consacrer uniquement au terrain. Pour moi aussi il n’est pas simple de préparer des matchs, même amicaux, dans un contexte aussi pesant.

quel regard portez-vous sur le football local ?

seydou Keita, le capitaine historique des Aigles, rejouera-t-il avec la sélection ?

la situation du pays a beaucoup évolué. le ressentez-vous quand vous êtes à Bamako ?

Il y a des problèmes entre certains clubs et la fédération. Plusieurs équipes ont déclaré forfait en raison de désaccords profonds, d’autres ont été reléguées. Pourtant, malgré cette crise assez profonde et la situation du pays, le football n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

Son retrait n’est peut-être pas définitif, mais, même si au Mali certains pensent qu’il est éternel, il aura 36 ans en janvier. Il joue avec l’AS Roma à très haut niveau, cela fait plus de quinze ans qu’il porte le maillot des Aigles, il est légitime qu’il se

Dave Winter/icon Sport

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p Lors du match amical Mali-Burkina Faso, à Troyes (France), le 9 octobre.

pose la question de savoir s’il souhaite continuer ou non. De toute manière, en plus du cas personnel de Seydou, la sélection est en phase de renouvellement partiel. Des joueurs partent, d’autres arrivent. Cela fait partie de la vie des sélections. C’est un travail intéressant, qui prend plus ou moins de temps. Mais dès qu’il s’agit de football, les gens ne sont pas toujours très patients… ● Propos recueillis par Alexis BilleBAulT jeune afrique


VERS UNE RECOMPOSITION DU SECTEUR BANCAIRE MALIEN Fusion de la Banque malienne de solidarité-sa et la Banque de l’habitat du mali-sa sous la vision et l’impulsion du ministre de l’Économie et des Finances du mali, mamadou Igor DIaRRa, le paysage bancaire malien et ouest-africain s’apprête à vivre l’un des challenges les plus importants de son histoire. Il s’agit, de la fusion de deux grandes banques du mali (l’une 6e et l’autre 10e), deux établissements bancaires ayant développé un savoirfaire avéré dans leurs domaines respectifs : la Banque malienne de solidarité (Bms-sa) et la Banque de l’habitat du mali (Bhm-sa).

L

e capital social des deux banques est détenu par des actionnaires privés et par l’État, ainsi que par certains de ses démembrements à gestion autonome et fonctionnant avec les outils et l’esprit du secteur privé.

COMMUNIQUÉ

C’est ainsi que dans le cadre de la restructuration de la Banque de l’Habitat du Mali (BHM-sa), il était prévu la réduction de la part de l’État dans le capital de celle-ci en vue de sa privatisation. Dans le même temps, le Ministre de l’Économie et des Finances a été saisi par la Banque Malienne de solidarité (BMs-sa) pour la restructuration de son capital. Le Gouvernement de la République du mali a décidé de régler les deux problèmes ensemble en portant à l’approbation du Conseil des ministres du 18 mars 2015, la fusion de la Bhm-sa avec la Bms-sa. Cette décision des autorités prise en Conseil des Ministres vise à créer une grande banque plus solide dans l’objectif de consolider les missions dévolues aux deux établissements et de renforcer leur management.

JUsTIFICaTION DE L’OpÉRaTION DE FUsION La BHM-sa a été créée suite à la transformation de la société des Chèques Postaux et de la Caisse d’Épargne (sCPCE). Elle a rencontré, quelques années seulement après sa création, d’importantes difficultés qui ont conduit à sa mise sous surveillance rapprochée par la Commission Bancaire en 1998. Le Conseil des Ministres, lors de sa session du 29 décembre 2009, a adopté une stratégie de restructuration et un plan de désengagement de l’État dans le capital de la banque. Le capital initial de la BHM-sa a subi de nombreux aménagements visant à renforcer ses fonds propres, affectés par des pertes significatives. La dernière augmentation du capital pour éponger les pertes s’est accompagnée d’une opération accordéon qui s’est traduite par une réduction du capital à 11 milliards de F CFa. Cette évolution expose l’État à des risques budgétaires permanents, décriés à la fois par les autorités nationales et par les partenaires au développement. L’objectif visé est de mettre fin à une telle situation.

RaIsONs DU ChOIX D’UNE FUsION DE La Bhm-sa aVEC La Bms-sa Pour justifier le choix de la fusion de la BHMsa avec la BMs-sa, il convient de rappeler que la BMs-sa, à l’instar de la BHM-sa, évolue dans un domaine à prédominance sociale. La BMs-sa est une Institution en bonne santé qui s’est faite une place dans le paysage bancaire malien. Elle


est actuellement engagée dans un processus de restructuration de capital visant à remplacer les actionnaires défaillants par des repreneurs plus crédibles. Par ailleurs, la BMs-sa a opté pour une stratégie ambitieuse de développement sous- régional. À cet effet, elle a obtenu en février 2015 l’agrément de la Commission Bancaire de l’UMOa pour s’établir en Côte d’Ivoire. La fusion de la BHM-sa avec la BMs-sa permettra de disposer d’une institution de taille facilitant son déploiement régional.

▲ Futur siège social de la Bms-sa

Le président Directeur Général de la Bms-sa, m. Babaly Ba

À la lumière de ce qui précède, les autorités ont jugé opportun et pertinent de mutualiser les moyens de ces deux institutions pour plus d’efficacité, d’où le changement d’option pour la BHM-sa, qui consiste à abandonner la stratégie de privatisation au profit de celle de la fusion avec la BMs-sa. L’expérience de la BMs-sa dans une précédente opération similaire est un facteur important pouvant en garantir le succès. En effet, l’opération de fusion-absorption de Crédit Initiative par la BMs-sa s’est déroulée sans fermeture d’agences ni licenciement. Le risque informatique de migration se trouve atténué par le fait que les deux établissements utilisent aMPLITUDE comme système d’information avec une société française basée à Tours (France).

▲ siège social de la Bhm

COMMUNIQUÉ

Le Directeur Général de la Bhm-sa, m. Lanfia KOITa

La situation des deux banques telle que présentée ci-dessus, fait apparaître un avantage indéniable à les fusionner pour en faire un établissement solide, doté d’un niveau de fonds propres lui permettant de participer de façon efficace à l’amélioration de l’inclusion financière et du financement de l’économie, notamment : • Les Petites et Moyennes Entreprises ; • Les Institutions de Micro-finance ; • Les Professionnels de l’Immobilier ; • Les Grandes Entreprises ; • La Clientèle Institutionnelle et les Projets ; • Les Particuliers, etc. au-delà des raisons évoquées, les opérations de fusion sont fréquentes et même recherchées dans le milieu financier, surtout pour les banques non affiliées à un réseau comme la BHM-sa et la BMs-sa. selon le Ministre de l’Économie et des Finances, Igor DIaRRa, la fusion ne peut pas être un frein à la reprise des parts d’actions, notamment de celles de l’État, par des partenaires de référence. Elle pourrait, au contraire, rendre la nouvelle entité plus attrayante.


à noter qu’au 30 juin 2015, les principaux indicateurs financiers agrégés des deux Banques se présentent ainsi qu’il suit : Emplois : 336 milliards de F CFa Ressources : 361 milliards de F CFa Total Bilan : 407 milliards de F CFa au 31 décembre 015, ils devront se présenter comme suit : Emplois : 384 milliards de F CFa Ressources : 390 milliards de F CFa Total Bilan : 470 milliards de F CFa. avec ces chiffres agrégés au 30 juin 2015, les deux banques devront se hisser à la 1re place des Banques du Mali en termes d’emplois, 3e place en termes de ressources et 4e place en termes de total du bilan. En outre, ces différentes positions s’amélioreront considérablement avec la fusion effective des deux entités qui bénéficieront des effets de synergies.

ÉTaT D’aVaNCEmENT DU pROCEssUs DE FUsION aBsORpTION DE La Bhm-sa paR La Bms-sa Depuis le 18 mars 2015, les cadres des deux banques s’activent à la réalisation effective de cette fusion qui permettra à la future entité d’offrir à sa clientèle une amélioration de ses conditions de banque et de lui faire bénéficier de meilleure qualité de services. Du côté de la BMs-sa, les équipes sont mobilisées autour de son Président Directeur Général, M. Babaly Ba, anciennement haut cadre de la Banque Centrale des États de l’afrique de l’Ouest (BCEaO), notamment chef de service Crédit à la BCEaO-Mali et conseiller technique en charge des Banques, Micro-Finance et Établissements financiers auprès du Ministre de l’Économie et des Finances du Mali. Il préside, avec succès, aux destinées de cette Banque depuis sa création en 2002. Du côté de la BHM-sa, la mobilisation générale se fait autour de son Directeur Général, M. Lanfia KOITa, anciennement Directeur Général adjoint de la BMs-sa. Il dispose d’une riche expérience exclusivement bancaire exercée au sein de trois grandes banques de la place, où il a occupé de hauts niveaux de responsabilités.

De l’avis des deux dirigeants, le processus de fusion avance à grands pas et ceci est constaté par l’accomplissement, à date, de beaucoup de diligences : • La validation de la fusion par les organes sociaux des deux banques, à savoir le conseil d’administration et l’assemblée Générale Extraordinaire, • La réalisation à 81 % par les 10 sous-comités de convergence des travaux d’harmonisation des pratiques et processus métier au niveau des deux banques, • La validation par le comité de fusion paritaire de toutes les grandes décisions d’harmonisation et de choix des experts et consultants qui lui ont été soumis par le comité de convergence. Les deux banques sont assistées par plusieurs consultants et experts dont la plupart ont rendu les conclusions de leurs travaux : • Le commissaire à la fusion et aux apports (cabinet KPMG) • Le conseiller à la fusion (cabinet Cepro-Universal de KODJO Mablé, ancien haut cadre de la BCEaO) • Le conseiller juridique à la fusion (Docteur en droit privé et en droit notarial aboubacar sekou sOW) • Le cabinet informatique FINETECH (associés Canadiens, sénégalais et Maliens) pour l’harmonisation et l’intégration des systèmes d’information de la BHM et de la BMs. • La société sOPRa Banking amplitude (société de droit français basé à Tours), propriétaire des logiciels des deux Banques (DELTa BaNK) qui travaille en vue de la fusion des deux bases de données et le paramétrage métier dans le core-banking. • Le cabinet de communication REVERsO Group, affilié au groupe français HaVas Word Wide, en charge de l’accompagnement marketing et communication des deux Banques avant et post fusion. Il devra en outre proposer un nouveau nom pour la banque fusionnée, proposer une charte graphique définissant le logo, le slogan, les couleurs, la police, etc. Enfin, il convient de noter que l’opération se passe sous la vigilance des commissaires aux comptes des deux entités. Par ailleurs, le dossier d’autorisation préalable de fusion-absorption de la BHM-sa par la BMs-sa a fait l’objet de dépôt auprès de la Banque Centrale des États de l’afrique de l’Ouest (BCEaO). après cette étape, l’opération de fusion ne sera effective qu’après signature de l’arrêté de fusion-absorption par le Ministre de l’Économie et des Finances. ■

DIFCOM/Creapub - Photos : DROITS RÉSERVÉS

pRINCIpaUX INDICaTEURs DE La Bms-sa ET DE La Bhm-sa


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