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Avec ses 6 millions dâhabitants, la capitale Ă©conomique de la CĂŽte dâIvoire est au bord de lâasphyxie Et les multiples projets de construction en font un chantier permanent. Si la nĂ©cessitĂ© dâune modernisation est admise, certains soulignent le lourd prix Ă payer pour les plus modestes.
Onditsouventquâ« Abidjan est doux », mais ce matin la vie y ressemble plus Ă un enfer Lâair est humide et diablement polluĂ©. Sur le boule vard François-Mitterrand, les voitures jouent du pare-chocs et du klaxon. Plus dâune heure que lâaccĂšs menantauPlateauestcomplĂštement bouchĂ©. Un apprenti, les cheveux teints en blond, court au milieu de la voie Des centaines dâautomobilistes patientent. Ă quelques centaines de mĂštres, le nĆud du problĂšme pour ces dizaines de milliers dâAbidjanais quiserendentchaquematintravailler auPlateau,lacitĂ©administrativedela capitale Ă©conomique ivoirienne : les travaux du « 5e pont » et de la baie de Cocody.
Long de 1,5 km, lâouvrage comprend un pont et un viaduc, de respectivement 634 m et 260 m de hauteur, deux Ă©changeurs et leurs bretelles de liaison. Lâensemble a Ă©tĂ© conçu pour venir en complĂ© ment de lâambitieuse marina, chĂšre Ă Alassane Ouattara, qui doit abriter un port de plaisance, des activitĂ©s de loisirs, notamment des parcs dâattractions, des restaurants et des hĂŽtels de luxe. Les travaux rendent la circulation impossible dans cette partie trĂšs frĂ©quentĂ©e dâAbidjan. Chaque jour, il faut y rivaliser dâingĂ©niositĂ© ou de patience pour avancer. Souvent des deux.
Cela aurait pu ĂȘtre anecdo tique si ce chantier Ă©tait le seul en cours Ă Abidjan. Depuis plusieurs annĂ©es, la capitale Ă©conomique est un chantier Ă ciel ouvert qui traduit une volontĂ© de moderniser et de dĂ©congestionner la ville, car celle-ci explose. Selon le dernier recensement (2021), elle concentre
36 % de la population urbaine de CĂŽte dâIvoire. Alors Abidjan, cet archipel citadin lovĂ© autour de la lagune ĂbriĂ©, faisant parfois office de frontiĂšre entre certaines communes, sâĂ©tend. Inexorablement, la ville semble destinĂ©e Ă engloutir les communes avoisinantes.
La voie express de Bassam longe lâaĂ© roport FĂ©lix-HouphouĂ«t-Boigny. Sur le trottoir, jeunes et moins jeunes observent les avions sâĂ©lancer dans le ciel en survolant lâocĂ©an. AprĂšs lâaĂ©roport, voici les quartiers dâAdjouffou et de Gonzagueville et leurs milliers de petites maisons en tĂŽle Ă perte de vue. Changement de paysage de lâautre cĂŽtĂ© de la voie : ici, les autoritĂ©s ont Ă©rigĂ©, sur le modĂšle de la promenade des Anglais, Ă Nice, une promenade en bord de mer, oĂč les habitants viennent marcher, prendre du bon temps ou faire du sport sur une piste cyclable de 8 km qui serpente au milieu dâune vĂ©gĂ© tation bien ordonnĂ©e, Ă©clairĂ©e au photovoltaĂŻque
Hassan, 65 ans, conduit sa Toyota RAV 4 avec lâassurance dâun habituĂ©. IlhabitePort-BouĂ«tdepuisbientĂŽtun demi-siĂšcle, et son environnement a bien changĂ©. « Ils ont pris 30 m pour agrandir la voie et construire cette promenade. Toute une partie du quartier a Ă©tĂ© dĂ©guerpie, et les habitants sont allĂ©s sâentasser de lâautre cĂŽtĂ© de la voie », raconte-t-il.
Cette voie express, qui sâĂ©tend sur plusieurs centaines de mĂštres, dĂ©bouche sur un rond-point qui marquelafindelavilledâAbidjan.Les dizaines de kilomĂštres qui mĂšnent Ă la ville de Grand-Bassam Ă©taient, il y a encore quelques annĂ©es, plantĂ©s dâune vĂ©gĂ©tation luxuriante.
Archipel citadin lové autour de sa lagune, la ville semble destinée à engloutir les communes avoisinantes.
Aujourdâhui,lesconstructionssesont tellement Ă©tendues quâil est difficile dâĂ©tablir une vĂ©ritable frontiĂšre entre les deux villes.
SchĂ©ma similaire un peu plus au nord. BordĂ©e par la lagune, Bingerville fut la deuxiĂšme capitale coloniale entre 1900 et 1934, aprĂšs Grand-Bassam. Elle a vu sa popula tion grimper en flĂšche ces derniĂšres annĂ©es, passant de 35000 habitants en 2000 Ă plus de 60 000 actuelle ment AprĂšs la Palmeraie et le camp militaire dâAkouĂ©do, le boulevard François-Mitterrand descend sur la droite vers Bingerville. On aperçoit la lagune en contrebas. Les projets immobiliers fourmillent, nichĂ©s dans un paysage vallonnĂ©.
Yeanzi, artiste ivoirien de 34 ans, habite Bingerville depuis une dizaine dâannĂ©es. Câest lĂ que, dans son atelier, il apporte les derniĂšres retouches Ă son projet le plus rĂ©cent : la crĂ©ation dâun incubateur dont lâambition est dâaccompagner chaque annĂ©e une dizaine de crĂ©a teurs qui sortent dâĂ©cole dâart. En dix ans, ce fils dâAbidjan a vu sa ville, et son lien avec elle, Ă©voluer. Selon lui, ce nâest pas le dĂ©veloppement quâil faut pointer du doigt, car « il permet Ă la citĂ© de grandir », mais ce sentiment dâ« expansion incontrĂŽlĂ©e ».
« On voit Abidjan sâĂ©largir et se rapprocher des villes limitrophes. Et on se demande si cette expansion est rĂ©flĂ©chie Ici, il y a un problĂšme crucial de canalisation, et dâĂ©vacuation des eaux On a lâimpression que, malgrĂ© les intempĂ©ries, ce nâest pas pris en compte dans lâexpansion
de la ville. Ce manque de contrÎle est assez inquiétant », estime t-il.
Signe dâune certaine vitalitĂ© et dâune volontĂ© de modernisation, le branle-bas de combat dans lequel se trouve Abidjan depuis plusieurs annĂ©es a aussi mis les franges les plus dĂ©munies de la population Ă rude Ă©preuve. Parfois salutaires voire nĂ©cessaires, les dĂ©guerpisse ments accompagnent chaque grand projet de construction. Rocade Y4 voie de contournement dâAbidjan â, « 4e pont » reliant Yopougon Ă Cocody, ligne 1 du mĂ©tro « Abidjan est une ville en transformation, en chantier permanent. Mais cette transformation se fait au dĂ©triment des plus pauvres », dĂ©plore SĂ©kou Sylla, prĂ©sident de lâONG Colombe Ivoire, qui accompagne les victimes de dĂ©guerpissement.
Les autoritĂ©s ont annoncĂ© la destruction, dâici Ă 2025, de 132 quartiers prĂ©caires, oĂč vivent prĂšs de 1 million de personnes.
« Tous ces projets sont pensĂ©s pour amĂ©liorer la vie des populations. Mais ils entraĂźnent dâĂ©normes sacrifices pour les plus dĂ©munis, en met tant des milliers de familles dans la rue », explique-t-il. Les promesses dâindemnisation ont Ă©tĂ© largement tenues pour compenser les dĂ©sa grĂ©ments liĂ©s Ă la construction du « 4e pont », mais ce nâest pas le cas
pour le chantier du métro. Le projet est qualifié par le Premier ministre Patrick Achi, de « révolution qui va transformer la façon dont nous vivons Abidjan, en termes de mobilité et de déplacements facilités, de congestion et de pollution réduite ».
En théorie, prÚs de 500 000 personnes pourront emprunter chaque jour les rames de ce métro long de 38 km et ponctué de 18 stations. Il faudra alors environ une demi-heure pour traverser la ville du nord au sud. Mais pour que ce métro voie le jour, il faut faire place nette sur son tracé Plus de 9000 foyers et entreprises sont concernés, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes.
« Le mĂ©tro est aujourdâhui un calvaire pour les populations concernĂ©es Les responsables du projet nâont jamais respectĂ© le cahier des charges, dâAnyama Ă Port-BouĂ«t. Des immeubles qui nâĂ©taient pas concernĂ©s ont Ă©tĂ© rasĂ©s dans le but dây faire construire des rĂ©sidences de plus haut standing », dĂ©nonce SĂ©kou Sylla.
La modernisation dâAbidjan se fait-elle au dĂ©triment des plus pauvres, inexorablement rejetĂ©s aux extrĂ©mitĂ©s de la ville? En 2019, le ministre de la Construction, Bruno KonĂ©, a annoncĂ© la destruction, dâici Ă 2025, de 132 quartiers prĂ©caires, oĂč vivent prĂšs de 1 million de personnes. « Mais que compte faire le gouvernement pour ces populations ? Quelle est sa politique pour les pauvres ? Abidjan est devenue une ville de riches », conclut le prĂ©sident de lâONG Colombe Ivoire.
La ministre du Plan et du Développement détaille la stratégie adoptée par le gouvernement pour rendre la capitale économique ivoirienne plus attractive pour les investisseurs.
Le 15 juin 2022, le groupe consultatif du Plan national de dĂ©veloppement (PND) ivoirien, qui court sur la pĂ©riode 2021-2025, sâest rĂ©uni Ă Abidjan. La rencontre sâest soldĂ©e par un succĂšs, les annonces dâinves tissements dĂ©passant trĂšs largement lâobjectif fixĂ©. OĂč en est aujourdâhui la mobilisation de ces financements extĂ©rieurs, et quelle est la stratĂ©gie de dĂ©veloppement mise en place, Ă la fois pour le pays et pour sa capitale Ă©conomique? Kaba NialĂ©, la ministre chargĂ©e du dossier, fait le point.
Jeune Afrique : Combien de projets du PND concernent Abidjan, et quel est leur Ă©tat dâavancement?
Kaba NialĂ© : Abidjan est la capi tale Ă©conomique Lâessentiel des activitĂ©s Ă©conomiques en CĂŽte dâIvoire se dĂ©roule autour de cette grande ville de 6 millions dâhabitants, qui grandit vite et produit lâessentiel de la richesse du pays. DĂšs 2011, le prĂ©sident de la RĂ©publique, Alassane Ouattara, a lancĂ© un certain nombre de projets importants qui concernent la mobilitĂ© urbaine, lâassainissement, la construction et lâurbanisation, et les infrastructures portuaires.
Prenons lâexemple des projets dâassainissement qui permettront de gĂ©rer la question des eaux de pluie Lorsquâil pleut Ă Abidjan, il y a parfois des inondations, des Ă©boulements, et quelquefois des
morts tragiques Il faut Ă©galement trouver une rĂ©ponse Ă la question de lâĂ©coulement des eaux usĂ©es et des ordures mĂ©nagĂšres que nous gĂ©nĂ©rons au quotidien. Une sĂ©rie de projets vise le mĂȘme objectif : par exemple, lâamĂ©nagement de la baie de Cocody, estimĂ© Ă 188 milliards de F CFA [287 millions dâeuros], dont la construction du « 5e pont ». La BAD finance la gestion intĂ©grĂ©e du bassin versant du Gourou, non loin de lĂ , qui entre dans sa deuxiĂšme phase.
et de Grand-Bassam. Le Projet dâas sainissement et dâamĂ©lioration du cadre de vie du district autonome dâAbidjan [Paaca], estimĂ© Ă 40,962 milliards de F CFA et financĂ© par la BAD, permettra entre autres la rĂ©habilitation et lâextension de 82,15 km de rĂ©seaux dâassainisse ment des eaux usĂ©es dans les zones nord et sud, et la rĂ©alisation de 16,15 km de canaux de drainage des eaux pluviales
Une des prĂ©occupations majeures Ă Abidjan est la mobilitĂ©. Quâest-ce qui est prĂ©vu pour faciliter le transport urbain? OĂč en sont les travaux de la ligne 1 du mĂ©tro dâAbidjan?
Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de projets est en phase de dĂ©marrage, telle que le Projet dâassainissement et de rĂ©silience urbaine [Paru] Il concerne la construction dâinfrastructures de gestion des dĂ©chets solides, la construction dâune dĂ©chetterie Ă Bingerville, la rĂ©alisation dâin frastructures de drainage des eaux de pluie et la mise en place de services pour lâattĂ©nuation des risques dâinondation dans les communes dâAttĂ©coubĂ©, de Koumassi, de Marcory, de Cocody, de Yopougon
Les travaux de la ligne 1 avancent bien.IladĂ©jĂ falluconcevoirleprojet, se mettredâaccordsur letrajet,mener des Ă©tudes, mobiliser les financements. Actuellement, nous payons les purges annuelles de recasement, câest-Ă -dire les droits des personnes dĂ©placĂ©es ou affectĂ©es par le projet. Impossible de mener un projet Ă bien sans tenir compte de ses consĂ©quences sociales. Concernant le calendrier, la libĂ©ration des emprises est en cours, sachant que 2025 est un dĂ©lai dĂ©jĂ repoussĂ© Pour le moment, nous sommes dans les temps.
En ce qui concerne la mobilitĂ© urbaine en gĂ©nĂ©ral, nous dĂ©velop pons plusieurs solutions. Le projet de transport urbain de la ville dâAbidjan est terminĂ© Ă 75 %, avec notamment les travaux dâamĂ©nagement de
Tous les projets dâamĂ©nagement font lâobjet dâune Ă©tude dâimpact social et environnemental.
lâĂ©changeur du rond-point de la mairie dâAbobo et de la voie de contour nement « Y4 ».
Abidjan est devenue la vitrine du dĂ©veloppement de la CĂŽte dâIvoire. Mais cela a entraĂźnĂ© lâaugmentation des loyers, et rendu plus difficile lâaccĂšs Ă la propriĂ©tĂ©. Quelles peuvent ĂȘtre les rĂ©ponses Ă ce problĂšme?
La ville grandit vite et cela crĂ©e une certaine pression sur le foncier Les classes vulnĂ©rables et moyennes se retrouvent Ă la pĂ©riphĂ©rie. LâĂtat doit faire face Ă la demande croissante de logements sociaux et donner de quoi satisfaire Ă la fois les acteurs Ă©cono miques et les populations.
Le but est dâaccompagner les producteurs et les assureurs. LâĂtat a donc diversifiĂ© la qualitĂ© de son offre. Avant, la politique consistait Ă faire de la vente directe uniquement. Aujourdâhui, on privilĂ©gie la location de logements sociaux, mais aussi la location-vente. Il faut constituer un fonds de garantie
pour les assureurs car, comme vous le savez, nous avons une population trÚs orientée vers le secteur informel dont les revenus ne sont pas toujours réguliers. Un fonds de garantie aux logements sociaux [FGLS] a été mis en place pour soutenir les acqué reurs, ainsi que les constructeurs et promoteurs.
LâĂtat constitue une rĂ©serve fonciĂšre qui couvre la voirie, le drainage, lâassainissement, lâĂ©lectricitĂ©, et la SociĂ©tĂ© ivoirienne de construction et de gestion immobiliĂšre [Sicogi] a Ă©tĂ© remplacĂ©e par lâAgence nationale de lâhabitat, chargĂ©e de porter cette politique.
Combien de logements visezvous Ă terme?
Dans le cadre de la mise Ă dis position de logements sociaux dans Abidjan et sa pĂ©riphĂ©rie, nous prĂ©voyons la construction de 150000 logements dâici Ă 2025.
Dans votre politique de développement urbain, comment
prenez-vous en compte la question environnementale?
Tous les projets dâamĂ©nagement, avant financement, doivent faire lâobjet dâune Ă©tude dâimpact environnemental et social. Les partenaires au dĂ©veloppement accordent une attention particuliĂšre Ă ce volet Ces Ă©tudes, pilotĂ©es la plupart du temps par lâAgence nationale de lâenvironnement, conditionnent lâoctroi dâun crĂ©dit.
OĂč en est le projet du « 4e pont », financĂ© par la BAD, dont vous ĂȘtes la gouverneure pour la CĂŽte dâIvoire?
Il est en retard, du fait des dĂ©guerpissements et des purges. Ă la suite dâun certain nombre dâaccidents mortels et dâincidents sur le chantier, le projet a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par le dĂ©partement de sauvegarde environnemental et social de la BAD Des procĂ©dures de sauvegarde ont Ă©tĂ© mises en place avec lâopĂ©rateur, et le projet a repris normalement. Les travaux suivent leur cours.
Avant le match de qualification pour la CAN 2023 entre la CĂŽte dâIvoire et la Zambie, au stade de Yamoussoukro, le 3 juin.
Cinq villes accueilleront les matchs de la prochaine Coupe dâAfrique des nations. Si Yamoussoukro disposait dĂ©jĂ dâun stade rĂ©pondant aux normes internationales, il a fallu en construire partout ailleurs
Ă ABIDJAN
Câ est la course contre la montrepourterminerles travaux de la 34e Ă©dition de la Coupe dâAfrique des nations (CAN), qui devrait se dĂ©rouler en janvier et fĂ©vrier 2024. Le prĂ©sident Ouattara suit de prĂšs lâĂ©volution de chacun des chantiers qui ont coĂ»tĂ© prĂšs de 500 milliards de F CFA (762 millions dâeuros), pour les stades et les aires dâentraĂźnement des 24 Ă©quipes qualifiĂ©es.
Le ComitĂ© national dâorganisation (Cocan),prĂ©sidĂ©parlâancienministre des Sports François Amichia, compte dans ses rangs des reprĂ©sentants de la FĂ©dĂ©ration ivoirienne de football (FIF), plusieurs ministĂšres et autres reprĂ©sentants de lâĂtat. AprĂšs des mois de tensions entre le comitĂ© et le ministĂšre des Sports, le calme
est revenu entre les parties aprĂšs un arbitrage du Premier ministre, Patrick Achi.
Dâabord prĂ©vue du 23 juin au 23 juillet 2023, la compĂ©tition a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (CAF) au dĂ©but de lâannĂ©e 2024, officiellement pour des questions mĂ©tĂ©orologiques En effet,aucours delâĂ©tĂ©,laCĂŽtedâIvoire connaĂźt de fortes pluies, exposant le
Le gouvernement est déterminé à tenir les délais pour effectuer des tests avant le début de la compétition.
pays Ă des risques Ă©levĂ©s dâinondations. Pour lâintĂ©gritĂ© physique des joueurs, lâĂ©preuve reine de la CAF a Ă©tĂ© reportĂ©e, ce qui allonge les dĂ©lais de livraison des stades.
« Nous serons dans les temps, le timing sera respectĂ© Ce sera lâune des meilleures CAN jamais organisĂ©es », promet Paulin Danho, le ministre des Sports. Cinq villes ont Ă©tĂ© choisies pour accueillir la compĂ©tition : Abidjan, la capitale Ă©cono mique, Yamoussoukro, la capitale politique, la grande ville de BouakĂ©, San Pedro, le second port du pays, et Korhogo, situĂ©e dans le Nord. En tout,sursixstades,cinqsonttoujours en travaux. Seul le stade olympique de Yamoussoukro, dâune capacitĂ©
de 20000 places, est dĂ©jĂ opĂ©rationnel et accueille des matchs internationaux. Dans les autres, les stades HouphouĂ«t-Boigny (40000 places) et ĂbimpĂ© (60000 places) Ă Abidjan, Ă BouakĂ©(40000places),Ă SanPedro (20000 places) et Ă Korhogo (20000 places), les travaux sont en cours dâachĂšvement.
Lâarchitecture de ces infrastructures sportives, malgrĂ© leurs capacitĂ©s plafonnĂ©es, nâa rien Ă envier Ă celles des pays europĂ©ens. Les officiels de la CAF enchaĂźnent les visites dans le pays pour sâassurer de lâavancement des chantiers et de la qualitĂ© des pelouses. En mars, VĂ©ron Mosengo-Omba,lesecrĂ©tairegĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©dĂ©ration, avait, accompagnĂ© de spĂ©cialistes, effectuĂ© une tournĂ©e dâinspection afin de vĂ©rifier lâĂ©tat des systĂšmes dâĂ©lectrification des stades et celui des pelouses, ainsi que le drainage. Un mois plus tĂŽt, il sâĂ©tait rendu dans la ville de San
Pedro pour visiter le village CAN, oĂč seront construites plus de 32 villas sur 6 ha, Ă cĂŽtĂ© du stade de 20 000 places.
Deux autres villages verront le jour, Ă BouakĂ© et Ă Korhogo, avec le mĂȘme nombre de villas. Le gouvernement est dĂ©terminĂ© Ă finir les travaux pour effectuer des tests avant le dĂ©but de la compĂ©tition. On accĂ©lĂšre donc la cadence!LePremierministre,Patrick Achi, a visitĂ© les diffĂ©rents chantiers de la compĂ©tition au dĂ©but de lâĂ©tĂ©. Il a reconnu les retards enregistrĂ©s dus Ă la pandĂ©mie de Covid 19. Certains ouvrages accusent entre quatorze et quinze mois de retard, que le gouvernement sâefforce Ă rattraper
Mais la CAN ne se limite pas aux infrastructures sportives. LâĂtat investit aussi massivement dans les routes : celle de la cĂŽte, principal axe long de 353,5 km qui relie Abidjan Ă
San Pedro, est en cours de rĂ©habilitation Ă hauteur de 300 milliards de F CFA. Le rallongement de lâautoroute du nord de Yamoussoukro Ă BouakĂ©, villes distantes de 95 km, est en cours de rĂ©alisation pour 172 milliards de F CFA.
Le segment YamoussoukroTiébissou (60 km) est déjà terminé.
Ă Abidjan, pour fluidifier la circulation pendant la compĂ©tition, une voie de contournement calquĂ©e sur le modĂšle du pĂ©riphĂ©rique parisien est en chantier. Lâinvestissement est estimĂ© Ă 74 milliards de F CFA.
Le poumon Ă©conomique de la CĂŽte dâIvoire est fortement congestionnĂ© Ă cause de lâurbanisation accĂ©lĂ©rĂ©e.
Cette rocade permettra, depuis lâaĂ© roport dâAbidjan, de rallier la commune dâAbobo,prĂ©cisĂ©ment ĂbimpĂ©, oĂč est situĂ© le plus grand stade du pays, avec ses 60000 places. Des travaux qui auraient dĂ» se terminer en juilletâŠ
Avec son centre de conférences, ses logements et ses bureaux, il pourra accueillir de grands événements internationaux.
BAUDELAIRE MIEUAbidjan rĂȘve en grand avec son projet de Parc des expositions, dans le sud de la ville, sur la route de lâaĂ©roport international FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny. PensĂ©e et entamĂ©e par le dĂ©funt Premier ministre AmadouGonCoulibalyquandilenvisageait dây prĂȘter serment sâil avait Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, cette nouvelle infrastructure porte une grande ambition.
Son intĂ©rĂȘt le plus Ă©vident est dâoffrir des espaces adĂ©quats pour accueillir de grandes confĂ©rences internationales,maisaussidessalons et certains Ă©vĂ©nements sportifs. En effet, le Palais des congrĂšs du Sofitel Ivoire dâAbidjan, avec sa salle de 1 300 places, est devenu trop exigu.
Le nouveau complexe, dĂ©veloppĂ© par le groupe PFO Africa et ses partenaires, dont le belge Besix, les français JL Event et Vinci Ănergie, pour un montant estimĂ© Ă 53 milliards de F CFA (81 millions dâeuros), devra permettre Ă la capitale Ă©conomique ivoirienne de rivaliser avec les grands centres urbains
comme Johannesburg, Le Caire ou Casablanca.
Le nouveau Parc des expositions sera composĂ© dâune salle de confĂ©rences de 5 200 places, de trois pavillons dâune surface totale de 7 500 m2 et dâun conventioncenterde 9 000 m2 en forme de grande nef, avec une toiture dĂ©bordante. Ce dernier aura un usage polyvalent, avec ses gradins rĂ©tractables qui permettront dâaccueillir des compĂ©titions sportives.
Ă terme, le parc devrait pouvoir recevoir entre 6 000 et 10 000 personnes dans ses diffĂ©rentes configurations. Des cĂ©lĂ©brations religieuses ou des Ă©vĂ©nements politiques pourront aussi sây dĂ©rouler.
Le projet compte aussi deux hĂŽtels un trois-Ă©toiles dâune capacitĂ© de 100 chambres et un cinq-Ă©toiles de 150 chambres â, des bureaux et des commerces. Dans un deuxiĂšme temps, une marina devrait venir complĂ©ter lâensemble Elle permettra de rallier directement la baie de Cocody par la mer. Mais la
prioritĂ© reste lâachĂšvement des sites de confĂ©rences et dâexpositions, car la CĂŽte dâIvoire souhaite y accueillir, du 21 au 27 novembre 2023, la Foire commerciale intra-africaine (IATF), une initiative de la Banque africaine dâimport-export Afreximbank, en partenariat avec la Banque africaine dedĂ©veloppementpourlapromotion de la Zone de libre-Ă©change conti nentale africaine (Zlecaf)
LegouvernementivoirienareportĂ© Ă octobre 2023 le Salon international de lâagriculture et des ressources animales (Sara), lâun des rendez-vous emblĂ©matiques du secteur agricole, afin de lâorganiser au Parc des expositions. Le prochain Salon de lâautomobile et celui de la dĂ©fense sây tiendront.SouleymaneDiarrassouba, ministreduCommerce,delâIndustrie et des PME, qui assure la maĂźtrise dâĆuvre pour le compte de lâĂtat, ne cache pas sa satisfaction : « Le chantier avance en conformitĂ© avec le cahier de charges. Tout se passe bien, etlesdĂ©laisseronttenus »,assure-t-il. La premiĂšre phase des travaux doit sâachever Ă la fin de cette annĂ©e.
Chantier du futur Parc des expositions.Lesservices de transport Ă©tant modernisĂ©s, les dispositifs pour lâamĂ©lioration de la mobilitĂ© et de la sĂ©curitĂ© routiĂšre mis en place, dĂ©sormais, Quipux Afrique souhaite proposer sa stratĂ©gie ciblĂ©e sur une «SmartMobility ». Explications.
Quipux Afrique,entreprisespĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement de solutions technologiques appliquĂ©es au systĂšme de transport aamorcĂ© son activitĂ© en 2013, en CĂŽtedâivoire.Ă lâissue dâun appel international lancĂ© par le MinistĂšre de lâĂconomie et des Finances, lâorganisation sâestengagĂ©e dans la conception, lâingĂ©nierie, la mise en place et lâexploitationdâun systĂšme de gestion intĂ©grĂ©e des activitĂ©s de transportsterrestres.
Quipux Afrique,entreprise spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement de solutions technologiques appliquĂ©es au systĂšme du transport aentamĂ© sa premiĂšre aventure en 2013, en CĂŽte dâivoire, dans le cadre dâune premiĂšre concession pour la conception, lâingĂ©nierie, la miseenplace et lâexploitation dâun systĂšme de gestion intĂ©grĂ©e des activitĂ©s de transport terrestre obtenu Ă lâissue dâun appel international lancĂ© par le MinistĂšre de lâĂconomie et des Finances.
En investissantunpeu plus de 12 milliards danscetteĂ©tape de plusdans la modernisation du secteur routier, lâentreprisea optimisĂ© les procĂ©dures de traitement et de dĂ©livrance des documents administratifs du transport routier en yintroduisant plusdâefïŹcacitĂ© et de cĂ©lĂ©ritĂ©
Un ïŹnancementqui apermis la construction de centredegestion intĂ©grĂ©e dans presque tous les chefs-lieux de rĂ©gions amĂ©liorant ainsi lâaccessibilitĂ© Ă lâadminis trationdes transports. La miseenplace dâune plateforme technologiquepermettantune gestion en temps rĂ©el, la production de statistiques, le suivi opĂ©rationnel et la coordination surlâensemble du territoire, la sĂ©curisation desrecettes avec la miseĂ disposition de moyens de paiement en ligne
Lâautre acquis de ce partenariat aĂ©tĂ© la miseenplace dâune base de donnĂ©es unique qui apermettredecrĂ©er un Ă©cosystĂšmepour mettreĂ ladisposition des populationsetdelâadministration, un cer tain nombre dâoutils de natureĂ faciliterla mobilitĂ© desbiens et des personnes, de renforcer lâautoritĂ© de lâĂtat,dâavoir un dispositif de contrĂŽle en ligne en temps rĂ©eletdâorientation des politiquesde transport. Aujourdâhui, cettebase de donnĂ©es permet lâautomatisation de la gestion des infractions et lâimplantation de systĂšmes de transport intelligents.
EnfĂ©vrier2021, le Gouvernement arenou velĂ© la conventiondeconcession de Qui pux Afrique SA, en lâĂ©tendant au projet de mise en place du SystĂšme de Transport Intelligent(STI) et dâune fourriĂšre administrative. Cette dĂ©cisionmarqueĂ©galement lâaccord ofïŹciel pour lâapplication de la vidĂ©o-verbalisation en CĂŽte dâivoire
Lâapproche classiquedelamobilitĂ©, rĂ©duiteĂ lanotion de transport depuis de nombreuses annĂ©es, aĂ©voluĂ© vers une logiquedeservice.LaSmart Mobility se retrouve au carrefour de deux secteurs :le secteur du numĂ©rique et le secteur des transports.Cet outil donneĂ chaque usagerlâopportunitĂ©dedevenir acteurdesa mobilitĂ©.Ellemet Ă disposition unesolution complĂštequi optimise la mobilitĂ© et intĂšgre sesattentes.
Un certain nombredâoutils ont Ă©tĂ©mis en place. Objectifs: faciliter la mobilitĂ©des biens et des personnes,renforcer lâautoritĂ©delâĂtat,bĂ©nĂ©ïŹcier dâun dispositif de contrĂŽle en ligne et dâorientation des politiques de transport
En CĂŽte dâivoire plusieurs initiativesde mobilitĂ©sont dĂ©jĂ en cours,notamment la dĂ©tection automatiquenon seulement des infractionsaucode de la route mais aussi desdĂ©fauts de documents de transport et la gestion Ă©lectronique desamendes liĂ©es, la gestion du stationnement,lecovoiturage, la billettique, le dĂ©sencombrement de la congestion pourneciterque ceux-lĂ .
GrĂąceĂ uneapproche digitale,Quipux Afrique avec MOBILITY BY QUIPUX envisage de Mutualiser les Ă©quipements de collecte existants,IntĂ©grer toutes les solu tions pour faciliter lâaccĂšs aux services offertsaux usagers clients, FĂ©dĂ©rer toutes les initiatives autour dâune plate-forme unique,Exploiter et gĂ©rerlesystĂšme de mobilitĂ© pourlecompte de lâĂtat. Uneini tiative dâun cout de 17 milliardsdeFCFA.
Ă 62 ans, le ministre de la Construction, du Logement et de lâUrbanisme est chargĂ© de lâambitieuse politique du logement social Cet ancien financier manie la calculatrice et le compas pour refaire dâAbidjan le vĂ©ritable toit de la CĂŽte dâIvoire.
FRANĂOIS-XAVIER FRELAND
Comme tout bon provin cial, Bruno NabagnĂ© KonĂ© a dâabord rĂȘvĂ© dâAbidjan en regardant des cartes postales. Il y a mis les pieds pour la premiĂšre fois Ă lâĂąge de 17 ans, en vacances chez des parents. NĂ© le 6 septembre 1960 Ă Kouto, dans le Nord du pays, quelques semaines aprĂšslâindĂ©pendance,BrunoNabagnĂ© KonĂ© a tout vu de son pays avant de
dĂ©couvrirlacapitale :« MonpĂšreĂ©tait militaire, on nâarrĂȘtait pas de voya ger de caserne en caserne : BouakĂ©, Korhogo, Sassandra, Daloa, BouaflĂ©, Dimbokro, etc. Pour moi, Abidjan, câĂ©taitunrĂȘvedâenfant,lagrandeville avec des tours comme dans les films amĂ©ricains.LapremiĂšrefoisquejelâai visitĂ©e, câĂ©tait Ă pied, pour tout voir, dans les moindres dĂ©tails. Les quar tiers de Treichville, dâAdjamĂ©, voir
la mer à Port-Bouët⊠mais surtout découvrir le Plateau. »
De culture sĂ©noufo, il conserve un attachement Ă Kouto et sa rĂ©gion, incarnĂ©s par sa grand-mĂšre mater nelle, Ă laquelle il est trĂšs liĂ© depuis le dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de sa mĂšre LâĂ©lĂšve studieux sâĂ©prend de littĂ©rature fran çaiseetrĂȘvededevenirmĂ©decin
ISSAM ZE JL Y POUR JA
ouarchitecte.QuandsesĂ©tudeslui en laissent le temps, il adore jouer au basket, une passion qui ne le quittera jamais : il est aujourdâhui prĂ©sident dâhonneurdelaFĂ©dĂ©rationivoirienne de basket-ball. Bruno KonĂ© fait toute sa scolaritĂ© dans des Ă©tablissements catholiques, notamment au cĂ©lĂšbre collĂšge Saint-Viateur de BouakĂ©, oĂč il obtient un bac scientifique
PassĂ© par lâĂcole supĂ©rieure de commerce dâAbidjan (Esca) et HECParis, Ă Jouy-en-Josas, Bruno KonĂ© dĂ©marre sa carriĂšre au cabinet Arthur Andersen (1985-1988), aujourdâhui Andersen Consulting. Il y croise son futur patron, Patrick Achi, chef de mission, qui remarque les qualitĂ©s humaines et professionnelles de ce jeune social-libĂ©ral, futur militant ouattariste Bruno KonĂ© va gravir une Ă une les marches de la rĂ©ussite Ă Abidjan, en assumant diffĂ©rents postes de directeur financier chez Chanic (1988-1991), Sifcom (1998 2001),avantdâĂȘtrerecrutĂ©en2003par CĂŽte dâIvoire Telecom, opĂ©rateur his torique du pays. Il en devient le direc teur gĂ©nĂ©ral deux ans plus tard, avant de rejoindre la direction du groupe France TĂ©lĂ©com-Orange, Ă Paris, en 2008,oĂčiloccupesuccessivementles postesdedirecteurdelâauditfinances et de directeur des affaires rĂ©glemen taires et institutionnelles de la zone Afrique Moyen-Orient Asie.
Son exil Ă Paris est de courte durĂ©e. En 2011, un certain Amadou Gon Coulibaly, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence de la RĂ©publique, lâap pelle en le priant de revenir au plus vite Ă Abidjan. Respectueux de ses engagements professionnels dâalors, il hĂ©site, rate un premier vol, puis sâenvole pour lâinconnu et apprend, lors dâune escale, quâil vient dâĂȘtre nommĂ© ministre des Postes et des Technologies de lâinformation et de la communication. En dĂ©couvrant la nouvelle sur sa messagerie, Bruno KonĂ© ferme les yeux et se revoit enfant, jouant de la trompette dans la fanfare du collĂšge pour la venue du prĂ©sident HouphouĂ«t-Boigny Tout un destin. Le lendemain, aprĂšs ses premiers entretiens avec le prĂ© sidentAlassaneOuattaraetlePremier ministredâalors,GuillaumeSoro,ilest
dĂ©signĂ© porte-parole du gouverne ment. Fin orateur, loyal Ă son camp, Bruno KonĂ© monte doucement dans la galaxie Ouattara, dâautant plus que le prĂ©sident est lâoncle de son Ă©pouse.
En 2018, Gon Coulibaly est Premier ministre. Il apprĂ©cie son sens du travail bien fait, « sa rigueur de financier » et lui propose un nou veau poste, plus risquĂ© Avant de lui prĂ©ciser son affectation, il le prĂ© vient : « Aucun ministre nâest sorti de ce ministĂšre avec un bon nom, on compte sur toi »⊠Bruno KonĂ© devient ministre de la Construction, du Logement et de lâUrbanisme. Ă lâĂ©poque, les interminables litiges dans le foncier, les nombreux scan dales, dont celui des « dĂ©guerpis », ces habitants pauvres dĂ©logĂ©s manu militari de leurs logements insalubres, ont terni lâimage de son prĂ©dĂ©cesseur
« Aucun ministre nâest sorti grandi de ce ministĂšre, on compte sur toi », lâa-t-on prĂ©venu.
50000 habitations de ce type par an, pendant les dix prochaines annĂ©es », prĂ©cise-t-il.ConsidĂ©rĂ©parfoiscomme « trop technocratique », lâĂ©lĂ©gant ministre nâhĂ©site pas Ă se rendre sur les chantiers, casque sur la tĂȘte, et donne souvent des consignes pour penser, et Ă©riger, des bĂątiments plus Ă©cologiques. « Nous avons la chance dâavoir des architectes trĂšs compĂ© tents, qui ont bien pris en compte toute la richesse de nos savoir-faire africains traditionnels. Par exemple, nous essayons de privilĂ©gier la venti lation naturelle des bĂątiments, plutĂŽt que la climatisation, vu la densifica tion de notre habitat. »
« Câest drĂŽle parce que je nâavais pas vraiment fait dâĂ©tudes pour cela, mais quelque part ma fonction rejoint mes rĂȘves dâenfant. Je considĂšre mon rĂŽle primordial pour assurer le bien-ĂȘtre des Ivoiriens. Avoir un toit, ĂȘtre bien chez soi est un droit fondamental. On ne travaille bien, on nâest heureux que lorsquâon est bien logĂ©. Partout, le bĂątiment contribue fortement Ă la production Ă©conomique et Ă la crĂ©a tion dâemplois. Malheureusement, malgrĂ© nos efforts, nous nâavons pas encore atteint les objectifs dĂ©finis. »
Quatre ans aprĂšs sa prise de fonc tions, le bilan de Bruno KonĂ© Ă la tĂȘte de ce ministĂšre est plutĂŽt positif, mal grĂ© quelques couacs et retards. Un ambitieux projet de modernisation de la gestion du foncier urbain est en cours de rĂ©alisation : 30000 loge ments sociaux ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© construits.
« On estime aujourdâhui les besoins en logements sociaux Ă 600 000, dont 500 000 Ă Abidjan. Notre ambition est de construire 40000 Ă
Ces derniĂšres annĂ©es, lâeffondrement dâune quinzaine dâimmeubles mal conçus est venu Ă©corner son image de « bĂątisseur ». « Depuis 2020, nous avons durci la loi et renforcĂ© la surveillance, notamment Ă tra vers la Plateforme collaborative de contrĂŽle des constructions (PCCC), qui implique dĂ©sormais les mairies. » Ce qui nâempĂȘche pas une nouvelle fiĂšvre immobiliĂšre Ă tendance verti cale de sâemparer dâAbidjan : la future tour F, rĂ©alisĂ©e par Pierre Fakhoury, devrait redonner Ă Abidjan son statut degrandecapitalerĂ©gionale ImaginĂ© etattendudepuisquelquesdĂ©cennies, cet immense Ă©difice qui aura la forme dâun masque africain, sixiĂšme tour de la citĂ© administrative de la ville, deviendra la plus haute dâAfrique.
« Abidjan se particularise par sa modernitĂ©, attrayante et futu riste Cette tour sera lâun des mar queurs dâune CĂŽte dâIvoire forte et ambitieuse⊠Mais ce nâest pas du bling-bling! Nous sommes dans un environnement oĂč manquent des bureaux, des surfaces commerciales, des hĂŽtels, etc. Cette tour contribuera Ă la rĂ©duction de ce dĂ©ficit et pourra abriter une partie de notre adminis tration », sâenthousiasme le ministre.
Bruno KonĂ©, grand mĂ©lomane Ă ses heures, amateur de jazz et de reggae, regarde du haut du bĂątiment de son ministĂšre, rĂ©cemment rĂ©habilitĂ©, Abidjan renaĂźtre de ses cendres, avec peut-ĂȘtre en tĂȘte les paroles de lâun de seschanteursprĂ©fĂ©rĂ©s,AlphaBlondy : « Jâai une chance inouĂŻe, Dieu a fait de moi un tisserand de rĂȘves. »
Le dĂ©veloppement de la capitale Ă©conomique a longtemps fait la part belle au bĂ©ton. Aujourdâhui, citoyens et entreprises prennent conscience du rĂŽle vital du reboisement, et le paysage commence Ă changer.
FRELANDDans certains kiosques dâAbidjan, de vieilles car te s postale s en Technicolor, lĂ©gĂšrement oxydĂ©es par lâhumiditĂ© et le temps, donnent une idĂ©e de ce que la capitaleĂ©conomiqueivoirienneĂ©taitdans les annĂ©es 1980 Quelques tours de bĂ©ton lui donnaient dĂ©jĂ son allure amĂ©ricaine, entourĂ©es dâimportants halos de verdure⊠Abidjan respirait. LâĂ©crivain et journaliste Venance Konan nâa pas oubliĂ© cette Ă©poque « Au Plateau, il y avait encore, Ă cĂŽtĂ© des bĂątiments modernes, de trĂšs vieux arbres qui rappelaient ce quâavait pu ĂȘtre la ville avant la coupe sauvage de ses arbres, pour certains multicentenaires, par des habitants qui nâavaient pas encore conscience de leur importance, pas plus sur le planvitalquesurleplanesthĂ©tique. »
LespremiĂšrescampagnesdereboisementĂ AbidjanontcommencĂ©sous lâimpulsion dâune femme, Adrienne Soundele, qui, dĂšs 2013, lance le projet « Une Ă©cole pour cinq hectares ». LâidĂ©eestsimple :ilsâagitdeconscientiser la jeunesse en faisant appel aux Ă©lĂšves des principaux collĂšges de la capitale pour reboiser. Originaire dâAboisso, Adrienne Soundele a grandi dans la forĂȘt. Câest en observant disparaĂźtre avec tristesse des pansentiersdecelle-ciquâelleadĂ©cidĂ© de sâengager dâabord Ă Abidjan, dans son quartier des Deux-Plateaux « Jâai commencĂ© par planter des acacias, des tecks, des bambous chez moi. Au dĂ©but, les voisins me prenaient pour unefolle.Ilsdisaientquelesbranches les gĂȘnaient. Jusquâau jour oĂč jâen ai surpris un sâabritant dessous alors quâil pleuvait. Ă partir de ce moment, on mâa fichu la paix. Jâai alors vendu deuxRolexpourcrĂ©ermafondationet agir Ă une plus grande Ă©chelle. »
Adrienne Soundele est trĂšs vite remarquĂ©e par le ministĂšre des Eaux etForĂȘts,quisoutientalorssonaction de sensibilisation dans les Ă©coles. En 2015, la fondation Soundele reçoit le premier prix du reboisement, remis par leprĂ©sidentAlassaneOuattaraen personne Mais la tĂąche est immense. En cinquante ans, la CĂŽte dâIvoire a perduprĂšsde90 %desesforĂȘts,selon leschiffresduministĂšredelâEnvironnement. En mai 2021, Ă lâinstigation de lâInstitut national des administrateurs de CĂŽte dâIvoire (INAD-CI), le PlanvertestlancĂ©parleministĂšredes Eaux et ForĂȘts pour inciter les sociĂ©tĂ©s Ă engagerleurRSE(responsabilitĂ© sociale des entreprises) dans la refo restation, afin de recrĂ©er des puits de carbone.
Ted Azouma, le visionnaire directeur exĂ©cutif de lâINAD-CI, est Ă lâorigine de ce projet. « Nous demandons aux entreprises membres de notre asso ciation un financement et de partici per directement au reboisement. On essaie de planter des espĂšces locales, comme le niangon ou lâokoumĂ©. Pour aller plus loin, nous faisons sortir nos partenaires de leurs bureaux Nous avons dĂ©jĂ organisĂ© cinq campagnes avec des administrateurs, des ban quiers, des dĂ©putĂ©s, des hommes dâaffaires⊠Ils viennent planter des arbres le week-end avec leurs enfants, câestutileetjoyeuxĂ lafois. »Lâobjectif initial visait Ă replanter 10 ha de forĂȘt par an, sur dix ans, de 2021 Ă 2032âŠ
RĂ©sultat, les campagnes de reboisement ont si bien fonctionnĂ© que prĂšs de 40 ha de forĂȘt ont dĂ©jĂ vu le jour! La BFCI et le cabinet Deloitte notamment sont partenaires dâune action dont les effets commencent Ă se faire sentir dans le quartier
Houphouët-Boigny
En juillet, 3 ha ont aussi Ă©tĂ© plantĂ©s dans la forĂȘt classĂ©e dâAudouin, sur la commune de Jacqueville Ă lâavenir, les campagnes de reboisement devraient cibler davantage les quartiers populaires dâAbidjan. « En CĂŽte dâIvoire, les gens nâont pas encore la culture du reboisement. Au dĂ©but, ils ne comprennent pas trop, car, dans leur esprit, on plante dâabord un arbre qui rapporte Avant toute chose, nous organisons des campagnes de sensibilisation dans les quartiers pour gagner la confiance des habitants », prĂ©cise Ted Azouma.
Petit Ă petit, le reboisement, considĂ©rĂ© dĂ©sormais « dâutilitĂ© publique », sâest institutionnalisĂ©. Afin dâenrayer la dĂ©gradation des forĂȘts, un accord de prĂȘt et de don pour un montant de 7,5 milliards de F CFA (11,4 millions dâeuros) a Ă©tĂ© signĂ© rĂ©cemment entre le ministĂšre ivoirien de lâĂco nomie et des Finances et la Banque mondiale « Ăa commence Ă bouger, se rĂ©jouit Venance Konan, on voit de plus en plus de clĂŽtures de protection autourdesparcsforestiersabidjanais RĂ©cemment, un groupe hĂŽtelier a dĂ» renoncerĂ sâimplanterauparcDahlia Fleur, prĂšs de Bingerville, grĂące Ă la forte mobilisation citoyenne! »
Administrateurs, banquiers, dĂ©putĂ©s, hommes dâaffaires viennent planter des arbres le week-end avec leurs enfants.
Pouvez-vous vous présenter ?
AprĂšsunecarriĂšredanslabanquedâaffaires Ă Londres, jâai fondĂ© le cabinetĂ Abidjan en 2015. Nous travaillons dans troisdomaines :lerenforcementdes compĂ©tences, lâorganisation de confĂ© rences institutionnelles et la modĂ©ration ainsi quelâaccompagnementdes PME/TPE. Le cabinetaunleitmotiv, lâexcellence,etalâambition dâĂȘtreun catalyseur de performances au service desentreprisesetdesindividus.
En matiÚre de renforcement des capacités, comment vous différenciez-vous de la concurrence ?
Lecabinetmetlâaccentsurlaformation en matiĂšredâattitudes comportemen tales qui sont Ă notre avis nĂ©cessaires pour un accroissement de productivitĂ© etledĂ©veloppementducapitalhumain Ă dĂ©fautdelasimple technicitĂ©. Nous proposonsunlarge portefeuille de formations pour nos4cibles: Conseil dâadministration, ComitĂ© de Direction, Team Leader et lesjeunes. Ces forma tions concernentlagouvernance,la gestion de lâintelligenceĂ©motionnelle, le managementopĂ©rationnel, la santĂ© mentale,leleadershipetlaprisedeparole en publicpourneciter quecellesci.Noussommes de vraisspĂ©cialistes des«softskills». Kaizene organise Ă©galementdes re traitesstratĂ©giques. Ces rĂ©unions permettentdefairelepointsurlastratĂ©gie de lâentreprise,d'Ă©valuerles progrĂšs
danslamiseenĆuvre et de rĂ©ïŹĂ©chir auxmodiïŹcationsĂ apporter. UnautrefacteurdiïŹĂ©renciantessentiel rĂ©sidedanslefaitquetoutesnosforma tions sont100%bilingues français-an glais.
Pour quelles raisons vous ĂȘtes-vous lancĂ©s dans lâorganisation de confĂ©rences ? LâAfriqueest confrontĂ©eĂ un dĂ©ïŹcit importantenmatiĂšre dâinfrastructures, un sujet surlequel jâai travaillĂ© lorsque jâĂ©tais dans la banque dâaf faires.En2021, le cabinetaorganisĂ© desconfĂ©rences surledĂ©veloppement desinfrastructuresdanscinqpaysde larĂ©gion (Afrique du sud,CĂŽte dâIvoire, Ăthiopie,Rwanda et SĂ©nĂ©gal) ainsi que des confĂ©rences institutionnelles telles quelaCOP-15.
Durant nos confĂ©rences surles in frastructuresnousavonsun«plus»:des masterclassou«étudesdecas»avecla participationdâĂ©tudiantsdâuniversitĂ©s situĂ©es dans lespaysoĂčsetiennentles confĂ©rences. Il nous sembleessentiel de nous adresserĂ ceux quiserontles dĂ©cideursdedemain.
Le 3e pilier de votre activitĂ©, lâaccompagnementdes PME/TPE, se veut Ă©galement innovantâŠ
Noussommespartis dâun constat :la majoritĂ©desPME/TPEdeCĂŽtedâIvoire ontbesoin dâun accompagnementface auxenjeuxstratĂ©giquesetopĂ©rationnelsrencontrĂ©s. CrĂ©er une entreprise
ne suïŹtpas si le dirigeant ne maĂźtrise passon Ă©cosystĂšme ou nâest pas correctementstructurĂ©. Nousavons misenplaceunesolutionglobaledâac compagnement«3en1»
Il sâagit dâun packagecomposĂ© de troisservices :unaccompagnement sur-mesure en fonction des besoins de lâentreprise (business plan, structuration, Ă©tudedemarchĂ©,recherche de partenaires, formations), une formule de petit dĂ©jeuner pour PME, et lâhĂ©bergementdansunespace de coworking. Le produit «3en1» a rencontrĂ©unvif succĂšs auprĂšs de nos clients.
Quels sont vosprojets pour lâavenir ? Noussouhaitons nous dĂ©velopper en Afrique, notammentenAfrique de lâEst, une zone Ă fort potentiel de croissance.Par ailleurs, nous souhaitons intensiïŹer les actions de forma tionauprĂšsdesjeunesetdesfemmes. Nouslefaisons dĂ©jĂ , parexemple,en tant quepartenairedelâAgence Em ploiJeunes quidĂ©pend du ministĂšre de la Promotion de la Jeunesse et de lâEmploidesJeunesdeCĂŽtedâIvoireet dâONU FEMMES. En plus de siĂ©ger Ă plusieursconseilsdâadministrationet aïŹndepouvoirĂȘtreunagentdechan gement,jedonneĂ©galementdescours dâentrepreneuriatdansdes universitĂ©sinternationales en CĂŽte dâIvoire. BĂątir lâĂ©liteafricaine de demain fait partiedelâADNducabinet.
Ăconomies dâĂ©nergie et prĂ©servation de lâenvironnement obligent, cettefigure de lâarchitectureivoirienne appelle Ă nepas multiplier les bĂątiments de grande hauteur.
Néà Gagnoa, fils de fonctionnaire, Guillaume Koffi,63ans,a vĂ©cu une enfancesans coupeni croquis, «normale ». Il suit une partie de sa scolaritéà BouakĂ© avant de dĂ©mĂ©nagerĂ Abidjanpourpasserson bac.Son pĂšre le rĂȘve en pharmacien, maislâarchitecturesâimposenatu rellement Ă lui. «LelycĂ©e se trouvait juste Ă cĂŽtĂ©de lâhĂŽtelIvoire. Jâavais donc dĂ©jĂ desrĂ©fĂ©rents. Je me promenais beaucoup au Plateau, oĂč il y avaitdesvitrineschicsdans de beaux immeubles⊠Jâaimaismebalader aussi danslequartier de Cocody, pour regarder lesvillas modernes, et Ă Treichville,oĂčvivait ma nd-mĂšr
DiplĂŽmĂ© de lâĂcole spĂ©ciale dâarchitecturedeParisen1984,iltravaille quelquesannĂ©es dans lâagence de JacquesLabro,PrixdeRome, connu pour avoir dessinĂ© la station de ski dâAvoriaz (Haute-Savoie). «Mais il y avait davantage de besoins en CĂŽte dâIvoire. »Alors Guillaume Koffi rentre Ă Abidjan en 1985 et fondeson proprecabinet en 1992.Septans plus tard, il sâassocie avec un de ses plus talentueux employĂ©s,Issa DiabatĂ©, pour crĂ©erladĂ©sormaiscĂ©lĂšbre agence Koffi &DiabatĂ©.
RĂ©compensĂ©par le World ArchitectureAwardsen2018, GuillaumeKoffi,prĂ©sident de lâordre desarchitectesde2006 Ă 2014, tĂ lâorigine de la crĂ©ation la premiĂšreĂ©cole dâarchitecturedâAbidjan, «pourassurer la relĂšve». TrĂšs sensiblesĂ lapro blĂ©matique environne mentale,prochesdes concepts Ă©cologiques desBrĂ©siliensMarcio Kogan et Isay Weinfeld ou du Vietnamien Vo Trong hia, Koffi et DiabatĂ© Ă©laborent deshabitats durables, Ă©coresponsables,etdesimmeubles tertiaires aux quatre coins de lâAfriquede lâOuest,desRĂ©sidences Chocolat, Ă Abidjan, Ă la CitĂ©ministĂ©rielle,Ă Cotonou.Rencontre.
GuillaumeKoffi : Je suis trĂšs trĂšs inquiet, dâautant plus que nous serons lesplus touchĂ©spar leseffets nĂ©gatifs du rĂ©chauffement climatique.LasĂ©cheresse,lagestion du cycle de lâeau, câestĂ©videmment un sujetqui touche particuliĂšrement lâAfrique⊠Nous avons ici un gros dĂ©ficit dâinfrastructures dâassainis sement que le gouvernement tente de rĂ©soudre. ĂAbidjan, ellesont Ă©tĂ© conçuespour1 million et demi dâhabitants,alorsque la villeencompte aujourdâhui prĂšs de 7millions. Sans parler du dĂ©fi de lâĂ©nergie :jesuis de la gĂ©nĂ©ration qui avĂ©cusansclimatisation dans lesannĂ©es1960, avant que lâon gĂ©nĂ©ralise cessys tĂšmesĂ©nergivorespourles Ă©difices publicsâŠ
Il esturgentderĂ©flĂ©chir,etdetrouverdes solutions durablesĂ toutes cesproblĂ©matiques. ĂlâĂ©poque colo niale, il yavait deshĂŽpitauxsans climatisation, car lâarchitecturetenait compte de lâaĂ©rationnaturelle.Ily a Ă©galement desrĂ©fĂ©rencesdâarchitec turetraditionnelle localetellesque lesTata Somba,qui, par leur organisationspatiale toutenrondeuretleur toitureconique,favorisent leseffets de cheminĂ©epour laventilation naturelle⊠Ăa aĂ©tĂ© dâailleursune source dâinspiration pour concevoir le MusĂ©e international du Vaudou, Ă Porto Novo,auBĂ©nin.
«LesRĂ©sidencesChocolat», quevousavezinaugurĂ©esen2016 surlaRivieraGolf,Ă Abidjan,intĂ© graientdĂ©jĂ lesnouveauxdĂ©fis dudĂ©veloppementurbain,dont larationalisationdelâespaceetle respectdelâenvironnementâŠ
CâĂ©tait dâabord une rĂ©ponse Ă lâĂ©talement urbain. Vu le prix du foncier, nous avions voulu ĂȘtre efficaces en matiĂšredâoccupationdusoletmutualiserlesĂ©quipements,letoutdansune architecture durable Depuis, nous avonsengagĂ©laconstructiondâAbatta Village, Ă trente minutes du Plateau, sorte de smart city sĂ©curisĂ©e. Câest un concept similaire aux RĂ©sidences Chocolat, Ă une Ă©chelle diffĂ©rente. Il y a eu les rĂ©sidences Cacao, avec 6 villas, puis Chocolat avec 32 loge ments. Abatta Village possĂšde dĂ©jĂ 216 logements. Abatta II comprendra 600logementssupplĂ©mentairesâŠCe sontdesĂ©coquartiers,avecunemixitĂ© fonctionnelle : lâeau de pluie est stockĂ©e et rĂ©utilisĂ©e pour lâarrosage, les dĂ©chets valorisĂ©s, et la verdure prĂ©sente sur plus de 60 % de la zone.
Avez-vousdâautresprojetsdece type?
Nous travaillons actuellement sur le projet dâEbrah, un petit village lagunaire de la commune de Bassam. Câest unprojet portĂ©parses habitants pour transformer les ambitions individuelles des propriĂ©taires terriens en un projet collectif, structurĂ© et pĂ©renne. Nous Ă©vitons ainsi la vente tous azimuts de terrains et permet tons de renouer avec la planification urbaine qui fait tant dĂ©faut. Mais il faut une forte implication de lâĂtat pourrĂ©duirelescoĂ»tsdecession.Câest unevillenouvellemodernequivapermettreĂ diffĂ©rentesclassessocialesde se loger⊠30000 logements sont prĂ©vus, dont 90 % dâappartements. Avec delaplacepourlâagricultureurbaine : des potagers partagĂ©s.
LesRĂ©sidencesChocolattout commeAbattaVillagenesont pasdesbĂątimentstrĂšsĂ©levĂ©s. Lâarchitectureverticaleest-elle incompatibleaveclesprĂ©occupationsenvironnementales?
Pas forcément : nous avons des résidences de cinq à six étages pour rester à échelle humaine et éviter
les coĂ»ts prohibitifs dâentretien des immeubles de grande hauteur. Dans les annĂ©es 1970, il est vrai quâAbidjan ressemblait Ă une ville sud amĂ©ricaine avec sa concentration dâimmeubles de grande hauteur sur le Plateau. Aujourdâhui, il faut favoriser la mixitĂ© fonctionnelle des quartiers, qui sâarticule autour dâune mobilitĂ© plusdouce CertainsdĂ©cideursrĂȘvent encore dâun « DubaĂŻ des tropiques ». Personnellement, je ne suis pas fĂ©ru de ce type dâurbanisme Nous militons pour une ville humaine, avec des espaces verts et des Ă©quipements Ă partager Le beau ne se traduit pas forcĂ©ment par la verticalitĂ©.
dĂ©veloppent de façon anarchique, possĂšdent leur propre centre dâaf faires et commercial, fonctionnent en autarcie⊠Il faudrait de vrais professionnels pour accompagner cette Ă©volution et Ă©viter les accidents de parcours, comme les effondrements dâimmeubles. Il faudrait plus dâarchitectes et dâurbanistes pour conduire la planification et contrĂŽler le dĂ©veloppement urbain. Nous ne sommes pas assez nombreux.
La sociĂ©tĂ© est en pleine mutation. La cuisine, qui Ă©tait autrefois le cĆur de la maison en Afrique, se rĂ©duit comme peau de chagrin.
Jâhabite aux RĂ©sidences Chocolat, et bientĂŽt Ă la rĂ©sidence Les Flamboyants, conçue par Koffi & DiabatĂ© et en cours dâachĂšvement. Vous savez, lâarchitecte est dâabord un animateur social⊠Nous organisons mĂȘme des pots entre voisins pour Ă©changer, discuter notamment des problĂšmes de la rĂ©sidence⊠Par exemple,quandonaconçuChocolat, on a prĂ©vu une grande esplanade pour que les enfants puissent jouer. Or nous nâavions pas imaginĂ© que la population de la rĂ©sidence nâaurait pas dâenfants en bas ĂągeâŠ
LegouvernementivoirienalancĂ© unvasteplandeconstructionde logementssociaux:pourquoi nâenconstruisez-vouspasplus?
Nous apportons un appui significatif au programme de logements sociaux Ă OuĂšdo, Ă Parakou et Ă Porto Novo, au BĂ©nin. Nous aimerions participer davantage au logement social Ă Abidjan⊠Nous restons Ă lâĂ©coute et Ă ladispositiondes donneursdâordre. Mais attention, je suis contre les lotis sements « Soweto », ce mitage urbain qui gangrĂšne les villes africaines. Il faut privilĂ©gier un style dâhabitat intermĂ©diaire, plus dense, et mettre un frein Ă lâĂ©talement urbain.
Commentvoyez-vouslâĂ©volution rĂ©centedâAbidjan?
Il faut impĂ©rativement la maĂźtriser. Ă notre niveau, nous essayons de professionnaliser son dĂ©veloppement avec les exemples de Chocolat, dâAbatta et dâEbrah. La ville se construit malheureusement sans les architectes et plus vite que nous ne la pensons⊠Certains quartiers se
Nous sommes face Ă une sociĂ©tĂ© en pleine mutation. Les jeunes couples vivent Ă lâheure de la mondialisation, et cela influence tout. La cuisine, qui Ă©tait autrefois le poumon de la maison en Afrique, se rĂ©duit aujourdâhui comme peau de chagrin. Les gens ne rentrent plus chez eux dĂ©jeuner, ils mangent le foutou en livraison. Lâarchitecte doit accompagner ce changement
JâespĂšre que nous contribuons Ă Ă©crire cette page de lâarchitecture ivoirienne. Nous nâavons pas encore de commandes sur dâautres continents mais nous espĂ©rons que cela viendra⊠Les architectes africains installĂ©s en Afrique ne bĂ©nĂ©ficient malheureusement pas de la mĂȘme publicitĂ© que les architectes africains installĂ©s en Europe⊠Ăa ne mâempĂȘche pas de saluer au passage leur remarquable travail, qui favorise lâĂ©mulation et crĂ©e des vocations. Ils font notre fiertĂ©. Pour lâheure, nous nousconcentronssuruneproduction locale.
Abidjannâest-ellepasentrainde redevenirlacapitaledelâarchitec turemodernedelâAfrique?
AGROCI est une sociĂ©tĂ© sĆur du groupe KirĂšne, rĂ©fĂ©rence dans le sec teur de lâindustrie agroalimentaire en Afrique de lâOuest. La sociĂ©tĂ© est installĂ©e en CĂŽte dâIvoire depuis 2020 : elle produit et commercialise, depuis son usine de Bonoua, situĂ©e Ă 75km dâAbidjan, la marque dâeau minĂ©rale naturelle KirĂšne ainsi que jus de fruits PrĂ©ssĂ©a et les boissons au fruit PrĂ©s sĂ©a Fresh.
AGROCI ainvesti Ă cejour plus de 40 millions dâeuros, grĂące notamment Ă lâappui apportĂ© par la SociĂ©tĂ© Fi nanciĂšre Internationale (SFI). Plus de 1000 emplois directs et indirects ont Ă©tĂ© créés.
franchissement des frontiĂšres en livrant des produits et denrĂ©es sĂ»rs et ïŹables aux consommateurs.
Les avantages de cette certiïŹcation sont nombreux et concrets.
Cette certiïŹcation ainsi que dâautres labels similaires nous permettent dâappliquer dans notre entreprise des pratiques et procĂ©dures reconnues Ă lâĂ©chelle internationale.
Le respect de la norme nous oblige Ă dĂ©ïŹnir clairement nos processus opĂ© rationnels, Ă ïŹxer des objectifs et Ă les mesurer.Cetravail est essentiel pour construire une entreprise productive et efïŹcace.
Câest un outil de communication inte ractive. La norme est un facteur innovant pour la gestion des risques et la communication structurĂ©e et maĂźtrisĂ©e dans toutes les directions, en interne comme en externe, avec nos fournisseurs et clients. Elle garantit une maĂźtrise efïŹcace des dangers.
mentaires au bĂ©nĂ©ïŹce des parties prenantes, internes et externes.
EnïŹn, elle favorise lâengagement des Ă©quipes, notamment en matiĂšre de productivitĂ©.
Cela impact Ă©galement les clients et les consommateurs. Ceux-ci ont la garantie que tous nos produits sont sĂ»rs et sont fabriquĂ©s en respectant des standards internationaux. Câest une assurance de qualitĂ©, de sĂ»retĂ© et de ïŹabilitĂ©
Comment contribuez-vous Ă la protection de lâenvironnement ?
Quelle que soit la taille de lâentreprise ou la nature des produits, les producteurs de denrĂ©es alimentaires sont responsables de la sĂ©curitĂ© de leurs produits et du bien-ĂȘtre des consommateurs. La norme ISO 22 000, relative au management de la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires, aide notre entreprise Ă identiïŹer et Ă maĂźtriser les risques qui menacent la sĂ©curitĂ© alimentaire. Ce label permet de rassurer les acteurs de la chaĂźne mondiale dâapprovisionnement en produits agro-alimentaires et de faciliter le
Câest un engagement qui sâinscrit dans la dĂ©marche HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) et des autres plans de prĂ©vention qui garantissent la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires.
Elle permet dâaccroĂźtre la satisfaction des clients en amĂ©liorant la gestion des rĂ©clamations, le contrĂŽle quali tĂ© et le suivi de la satisfaction de la clientĂšle.
Elle facilite lâaccĂšs Ă denouveaux mar chĂ©s comme, par exemple, les chaĂźnes de fast-food internationales (KFC, Bur ger King, etc.) et les marchĂ©s publics qui exigent cette norme.
Elle augmente la transparen matiÚre de sécurité des denré
Ălâinstar du Groupe KirĂšne, AGROCI aunengagement fort en faveur de la protection de lâenvironnement et du dĂ©veloppement durable. Cet engagement se traduit par le ïŹnancement de projets de valorisation des dĂ©chets plastiques, notamment les bouteilles plastiques avec des structures comme COLIBA pour le tri et la collecte et RECYPLAST pour le compactage et la transformation. Environ 200 millions
FCFAont Ă©tĂ© investis dans la RSE depuis notre adhĂ©sion Ă lâAIVP (Asso ciation Ivoirienne de Valorisation des DĂ©chets Plastiques).
Nous avons rĂ©cemment investi dans une ligne de production en verre pour la production de lâeau minĂ©rale KirĂšne et de lâeau minĂ©rale KirĂšne gazĂ©iïŹĂ©e.
Cet emballage est recyclable et rĂ©pond directement aux problĂ©matiques dâen vironnement et de qualitĂ©.
ans un bureau de sa villa du quartier chic de Palmeraie, Ă Abidjan, Ange FrĂ©dĂ©rick Balma se dĂ©sespĂšre. « Il y a actuellement trop de promesses non tenues dans lâĂ©cosystĂšme tech ivoirien », lance le fondateur de Lifi-Led, une start-up spĂ©cialisĂ©e dans la connectivitĂ© des zones rurales et des villes intelligentes. Pour ce membre engagĂ© de la communautĂ© tech abidjanaise, le remaniement ministĂ©riel dâavril 2022, qui a entĂ©rinĂ© la disparition du portefeuille du NumĂ©rique, augure mal de lâadoption dâun Startup Act ivoirien
Ayant trĂšs tĂŽt planchĂ© sur un projet de loi visant Ă dynamiser lâentrepreneuriat dans les technologies et lâin novation, le pays dâAfrique de lâOuest avait pourtant tout pour faire partie des pionniers, aux cĂŽtĂ©s du SĂ©nĂ©gal et de la Tunisie. Le projet a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en Conseil des ministres le 19 octobre 2021. InterrogĂ© par Jeune Afrique en avril 2022, le ministre Roger Adom se montrait confiant : « Les textes sont prĂȘts, il faut avoir une conversation avec le ministĂšre des PME et celui de lâInnovation pour savoir qui mĂšne le projet », confiait-il quelques semaines avant dâapprendre son Ă©viction du gouvernement.
Depuis, et malgrĂ© la validation au dĂ©but de 2022 par Alassane Ouattara dâune feuille de route gouvernementale ouvrant la voie Ă un plan dâinvestissement de 3 milliards dâeuros
afin de mettre en Ćuvre « la stratĂ©gie nationale de dĂ©veloppement du numĂ©rique 2021-2025 », le dossier semble au point mort.
En attendant un sursaut des politiques, nombreux sont les porteurs de projet qui tentent dâavancer sans le soutien de lâĂtat. « Ce qui manque, câest plus lâaccompagne ment des jeunes entrepreneurs que les financements », assure un ancien responsable de Taxijet, service pionnier de VTC Ă Abidjan. Lui qui
ne tiennent pas le mĂȘme discours « Abidjan dispose des infrastructures suffisantes pour en faire une place attractive, indique RĂ©gis Bamba. Lâenvironnement fiscal nây est pas si lourd, la desserte dâĂ©lectricitĂ© est stable, et la ville hĂ©berge une classe moyenne prĂȘte Ă consommer »
Si Djamo ne nourrit pas dâattente particuliĂšre concernant un futur Startup Act, câest aussi que, en allant, trĂšs tĂŽt, lever des fonds Ă lâĂ©tranger, elle a gagnĂ© une indĂ©pendance qui fait dĂ©faut Ă beaucoup dâautres En avril 2021, elle a Ă©tĂ© sĂ©lection nĂ©e pour suivre le programme de Y Combinator, incubateur star de la Silicon Valley.
prĂŽne un modĂšle interventionniste Ă lâimage de ce que la France fait avec Bpifrance estime que « câest Ă lâĂtat de mettre Ă disposition des experts capables de suivre plusieurs entreprises en mĂȘme temps. Cela rassurerait les banques ». Il souligne aussi la nĂ©cessitĂ© de mieux former les fonctions support comme les mĂ©tiers de la finance, du commerce et de la logistique.
Dâautres entrepreneurs, comme RĂ©gis Bamba et Hassan Bourgui, fondateurs de la fintech Djamo,
Bien que rĂ©alisĂ©e Ă distance Ă cause des restrictions de voyages liĂ©es Ă la pandĂ©mie, cette expĂ©rience de trois mois lui a permis de se lier Ă lâĂ©cosystĂšme tech amĂ©ricain en prĂ©sentant notamment son projet Ă des centaines dâinvestisseurs des Ătats-Unis. BĂ©nĂ©ficiant dĂ©jĂ du soutien financier dâun business angel comme Youcef Es-Skouri, direc teur des produits chez DropBox, la start-up emploie plus de 100 personnes, revendique une croissance mensuelle de 20 % et prĂ©pare une premiĂšre levĂ©e de fonds (sĂ©rie A) Ă six chiffres. Depuis sa crĂ©ation en 2020, Djamo a levĂ© au moins 425000 dollars sans aucun coup de pouce de lâĂtat.
Parmi les entreprises innovantes qui fleurissent dans la capitale Ă©conomique, deux camps sâopposent.
Les uns rĂ©clament un cadre favorisant leur dĂ©veloppement, les autres avancent sans rien demander Ă lâĂtat.
Ăcrivaine, scĂ©nariste et rĂ©alisatrice
JeuneAfrique:Est-cequeles habitantsduquartiersesont appropriéAya?
MargueriteAbouet: Ils vivent Aya! Je suis souvent sur place, Ă Yopougon. Quand je me prĂ©sente anonymement, tout le monde sâen moque. Mais lorsquâils apprennent que je suis la scĂ©nariste dâAya, les gens me sautent dessus. On me souffle mĂȘme des idĂ©es. Les Ivoiriens sont super fiers, car cette BD est connue dans le monde entier : en France, au Canada, au BrĂ©sil, au Sri Lanka, et mĂȘme en Asie du Sud. Ce personnage fait vraiment Ă©cole. Câest une ambassadrice, car elle fait des Ă©tudes et veut rĂ©ussir Aya Ă©tait un personnage de fiction qui ne lâest plus.
Quelschangementsmajeurs avez-vousobservésà Yopougon encinquanteans?
Yopougon nâest plus ce petit quartier ouvert, aĂ©rĂ© et propre que jâai connu dans mon enfance, dans les annĂ©es 1970. La classe juste nâexiste plus. Je ne parle pas de la classe moyenne, mais de celle dont les enfants ne manquaient de rien et mangeaient trois fois par jour. Ceux-lĂ avaient au moins un de leurs deux parents qui travaillait, et ils partaient en vacances au village, chez les grands-parents. Aujourdâhui, ces parents nâont pas de retraite et doivent installer des baraquements de fortune devant leur maison pour vendre tout et nâimporte quoi. Ils vivent avec leurs
enfants et leurs petits-enfants. Des piÚces ont été ajoutées à la maison avec les moyens du bord pour accueillir tout le monde Tout cela change la physionomie du quartier.
Quâest-cequecettepaupĂ©risation traduit-elle?
Que le pays rĂ©gresse. Une grande partie de la population est marquĂ©e par la guerre civile. Câest celle qui occupe les bas-fonds de la ville minĂ©s par des trafics en tout genre : drogue, amours tarifĂ©sâŠ
Les gens vivent dans la pauvretĂ© et doivent choisir lesquels de leurs enfants iront Ă lâĂ©cole, en gĂ©nĂ©ral les garçons. Les enfants des rues, que lâon appelle « les microbes », disparaissent. Ils sont abandonnĂ©s, certains sont tuĂ©s. On ne sâintĂ©resse
jamais Ă eux. On pourrait les former et les remettre sur le droit chemin.
Comme toutes les grandes villes, Abidjan sâĂ©tend de plus en plus. Et pas forcĂ©ment dans le bon sens. Il y a plus de 200 ghettos en CĂŽte dâIvoire, qui ont Ă©tĂ© installĂ©s en plein cĆur dâAbidjan, notamment dans les quartiers chics comme Cocody. Ăa vous change une ville. On construit de beaux Ă©changeurs et de jolis ponts, mais la population est lĂ©sĂ©e. DĂšs HouphouĂ«t, on a vu le petit plateau se crĂ©er, ce « petit Manhattan » bien industrialisĂ©, installĂ© lĂ pour ce soit la premiĂšre chose que les Ă©trangers voient en arrivant Ă Abidjan. CâĂ©tait magique Ă lâĂ©poque.
Or, aujourdâhui, ce nâest pas possible de laisser les gens vivre dans ces conditions, oĂč les rĂ©seaux de criminalitĂ©, comme les narco trafiquants venus du Niger et du Maroc, sont puissants. De petites associations viennent en aide aux enfants dĂ©laissĂ©s des ghettos, qui sont droguĂ©s la plupart du temps et commettent des larcins, mais elles sont dĂ©passĂ©es par la situation. PrĂšs de la moitiĂ© de la population est pauvre, le salaire moyen ne dĂ©passe pas 100 euros par mois, et le chĂŽmage est trĂšs Ă©levĂ© chez les jeunes. Abidjan est une mĂ©galopole, mais son taux de croissance ne profite pas Ă tous.
Propos recueillis par Eva Sauphie PA TRICK GAILLARDIN / HANS LU CAS Couverture de lâalbum de Marguerite Abouet Aya de YopougonFin 2020, Afriland First Bank, la premiĂšre banque camerounais, aadoptĂ©unprojetdâentreprisedevant activitĂ©entre2021et2025etdontlâopĂ©rationnalisatio au nouveau Directeur GĂ©nĂ©ral CĂ©lestin GuelaSimo. prisedefonctionoïŹciellele28juillet2022,lenouvea gĂ©nĂ©ralsâexprimesurlesdĂ©ïŹsquilâattendent
Parvenirausommet est difficile. Sâymaintenirlâestdavantage.Etesvousconfiantenlâavenir? Afriland First Banksemaintient au sommet de la hiĂ©rarchie bancaire depuis plus de dix ans grĂące Ă lâinnovation permanente. Pour nous, lâactivitĂ© bancaire nâa jamais consistĂ© Ă oïŹrir lesmĂȘmes produitsĂ tout le monde.Nous recherchons continuellement des solutions adaptĂ©esaux besoins de chaque cible. Dans ce sillage et Ă titre dâexemple, nous oïŹrons des produitsdeïŹnanceislamiqueĂ une ciblespĂ©ciïŹquequinesâaccommode pas des principesdela ïŹnance conventionnelle.
Pendant22ans,etĂ partirdepostes detravaildiïŹĂ©rents,jâaicontribuéà lâaccompagnementpersonnalisĂ©des acteurs Ă©conomiques dontcertains sont devenusdes champions internationaux.Decepointdevue, oui, jâai conïŹanceenlâavenir.Cet avenir est tracĂ©dans notreplan stratĂ©gique2021-2025quiconstitue notreboussole.
Le totalbilan dâAfriland First Bank est toujours aussi Ă©levĂ©. Ce leadership danslâactivitĂ© bancaire nationaleva-t-il de pair avec la qualitĂ©duportefeuilledecrĂ©dit?
Le danger pourtoute banqueest de rĂ©aliserledĂ©ïŹ de la soliditĂ© au dĂ©triment de la maĂźtrise des risques. Heureusement, pour nous, nos eïŹorts visant la soliditĂ©sont combinĂ©s Ă untravail rigoureux de respect desratios prudentiels Ă©dictĂ©sparnotrerĂ©gulateur.Ilsâagit derĂ©aliserdesobjectifsquantitatifs
tout en veillant Ă laconform des opĂ©rations et Ă lamaĂźtr desrisquesliĂ©sĂ lâactivitĂ©.Cet ïŹexibilitĂ© est Ă mon avis l secretdelapĂ©rennitĂ©.Afriland FirstBankveutallerloindans lâĆuvre de contribution Ă unecroissanceĂ©conomique sur le plan national et danslazoneCemac.Câest pourquoi nos Ă©quipes veillent jour et nuit au respect de ces exigences rĂ©glementaires. Toute chose qui nous garantit aujourdâhui une meilleure qualitĂ©deportefeuillecrĂ©dit
On constate quâAfriland First Bank ouvre de nouvelles agences enmĂȘmetempsquâelleinvestitdans lesproduitsdigitaux. Cela nâest-il pascontradictoire?
LeproïŹlduclientdenotrecontexte est un proïŹlhybride, certains qualiïŹentcelade«phygical»:Ă lafois inscritdansunrepĂšregĂ©ographique (point de vente physique)et atteignable par de nouveaux canaux de communication tels que lâordinateur ou le tĂ©lĂ©phone. Câest la raison pour laquelle nous allions maillage du territoire et investissementdansledigital.Notre rĂ©seaudâagences se densiïŹeaufur etĂ mesurequenousdĂ©veloppons nos produits de banque Ă distance etdelibre-servicebancaire:E.First, Sara Banking, SARAMoney Par ce double investissement,nous optimisons notre contribution Ă lapolitique gouvernementale dâinclusionïŹnanciĂšre.