JA 3117 30 septembre 2022 Objectif Abidjan

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 En mĂȘme temps. Conscient du recul de son influence,Paris tente de rĂ©activer sa politique dans la rĂ©gion, dans un contexte de tensions. Une mission en eaux troubles pour Emmanuel Macron
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OBJECTIF ABIDJAN

En perpétuelle extension

Avec ses 6 millions d’habitants, la capitale Ă©conomique de la CĂŽte d’Ivoire est au bord de l’asphyxie Et les multiples projets de construction en font un chantier permanent. Si la nĂ©cessitĂ© d’une modernisation est admise, certains soulignent le lourd prix Ă  payer pour les plus modestes.

JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202268 UNE VILLE, SES DÉFIS

Onditsouventqu’« Abidjan est doux », mais ce matin la vie y ressemble plus Ă  un enfer L’air est humide et diablement polluĂ©. Sur le boule vard François-Mitterrand, les voitures jouent du pare-chocs et du klaxon. Plus d’une heure que l’accĂšs menantauPlateauestcomplĂštement bouchĂ©. Un apprenti, les cheveux teints en blond, court au milieu de la voie Des centaines d’automobilistes patientent. À quelques centaines de mĂštres, le nƓud du problĂšme pour ces dizaines de milliers d’Abidjanais quiserendentchaquematintravailler auPlateau,lacitĂ©administrativedela capitale Ă©conomique ivoirienne : les travaux du « 5e pont » et de la baie de Cocody.

Long de 1,5 km, l’ouvrage comprend un pont et un viaduc, de respectivement 634 m et 260 m de hauteur, deux Ă©changeurs et leurs bretelles de liaison. L’ensemble a Ă©tĂ© conçu pour venir en complĂ© ment de l’ambitieuse marina, chĂšre Ă  Alassane Ouattara, qui doit abriter un port de plaisance, des activitĂ©s de loisirs, notamment des parcs d’attractions, des restaurants et des hĂŽtels de luxe. Les travaux rendent la circulation impossible dans cette partie trĂšs frĂ©quentĂ©e d’Abidjan. Chaque jour, il faut y rivaliser d’ingĂ©niositĂ© ou de patience pour avancer. Souvent des deux.

Cela aurait pu ĂȘtre anecdo tique si ce chantier Ă©tait le seul en cours Ă  Abidjan. Depuis plusieurs annĂ©es, la capitale Ă©conomique est un chantier Ă  ciel ouvert qui traduit une volontĂ© de moderniser et de dĂ©congestionner la ville, car celle-ci explose. Selon le dernier recensement (2021), elle concentre

36 % de la population urbaine de CĂŽte d’Ivoire. Alors Abidjan, cet archipel citadin lovĂ© autour de la lagune ÉbriĂ©, faisant parfois office de frontiĂšre entre certaines communes, s’étend. Inexorablement, la ville semble destinĂ©e Ă  engloutir les communes avoisinantes.

FrontiĂšre

La voie express de Bassam longe l’aĂ© roport FĂ©lix-HouphouĂ«t-Boigny. Sur le trottoir, jeunes et moins jeunes observent les avions s’élancer dans le ciel en survolant l’ocĂ©an. AprĂšs l’aĂ©roport, voici les quartiers d’Adjouffou et de Gonzagueville et leurs milliers de petites maisons en tĂŽle Ă  perte de vue. Changement de paysage de l’autre cĂŽtĂ© de la voie : ici, les autoritĂ©s ont Ă©rigĂ©, sur le modĂšle de la promenade des Anglais, Ă  Nice, une promenade en bord de mer, oĂč les habitants viennent marcher, prendre du bon temps ou faire du sport sur une piste cyclable de 8 km qui serpente au milieu d’une vĂ©gĂ© tation bien ordonnĂ©e, Ă©clairĂ©e au photovoltaĂŻque

Hassan, 65 ans, conduit sa Toyota RAV 4 avec l’assurance d’un habituĂ©. IlhabitePort-BouĂ«tdepuisbientĂŽtun demi-siĂšcle, et son environnement a bien changĂ©. « Ils ont pris 30 m pour agrandir la voie et construire cette promenade. Toute une partie du quartier a Ă©tĂ© dĂ©guerpie, et les habitants sont allĂ©s s’entasser de l’autre cĂŽtĂ© de la voie », raconte-t-il.

Cette voie express, qui s’étend sur plusieurs centaines de mĂštres, dĂ©bouche sur un rond-point qui marquelafindelavilled’Abidjan.Les dizaines de kilomĂštres qui mĂšnent Ă  la ville de Grand-Bassam Ă©taient, il y a encore quelques annĂ©es, plantĂ©s d’une vĂ©gĂ©tation luxuriante.

NABIL ZO RK OT
Archipel citadin lové autour de sa lagune, la ville semble destinée à engloutir les communes avoisinantes.
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Aujourd’hui,lesconstructionssesont tellement Ă©tendues qu’il est difficile d’établir une vĂ©ritable frontiĂšre entre les deux villes.

SchĂ©ma similaire un peu plus au nord. BordĂ©e par la lagune, Bingerville fut la deuxiĂšme capitale coloniale entre 1900 et 1934, aprĂšs Grand-Bassam. Elle a vu sa popula tion grimper en flĂšche ces derniĂšres annĂ©es, passant de 35000 habitants en 2000 Ă  plus de 60 000 actuelle ment AprĂšs la Palmeraie et le camp militaire d’AkouĂ©do, le boulevard François-Mitterrand descend sur la droite vers Bingerville. On aperçoit la lagune en contrebas. Les projets immobiliers fourmillent, nichĂ©s dans un paysage vallonnĂ©.

Déguerpissements

Yeanzi, artiste ivoirien de 34 ans, habite Bingerville depuis une dizaine d’annĂ©es. C’est lĂ  que, dans son atelier, il apporte les derniĂšres retouches Ă  son projet le plus rĂ©cent : la crĂ©ation d’un incubateur dont l’ambition est d’accompagner chaque annĂ©e une dizaine de crĂ©a teurs qui sortent d’école d’art. En dix ans, ce fils d’Abidjan a vu sa ville, et son lien avec elle, Ă©voluer. Selon lui, ce n’est pas le dĂ©veloppement qu’il faut pointer du doigt, car « il permet Ă  la citĂ© de grandir », mais ce sentiment d’« expansion incontrĂŽlĂ©e ».

« On voit Abidjan s’élargir et se rapprocher des villes limitrophes. Et on se demande si cette expansion est rĂ©flĂ©chie Ici, il y a un problĂšme crucial de canalisation, et d’évacuation des eaux On a l’impression que, malgrĂ© les intempĂ©ries, ce n’est pas pris en compte dans l’expansion

de la ville. Ce manque de contrÎle est assez inquiétant », estime t-il.

Signe d’une certaine vitalitĂ© et d’une volontĂ© de modernisation, le branle-bas de combat dans lequel se trouve Abidjan depuis plusieurs annĂ©es a aussi mis les franges les plus dĂ©munies de la population Ă  rude Ă©preuve. Parfois salutaires voire nĂ©cessaires, les dĂ©guerpisse ments accompagnent chaque grand projet de construction. Rocade Y4 voie de contournement d’Abidjan –, « 4e pont » reliant Yopougon Ă  Cocody, ligne 1 du mĂ©tro « Abidjan est une ville en transformation, en chantier permanent. Mais cette transformation se fait au dĂ©triment des plus pauvres », dĂ©plore SĂ©kou Sylla, prĂ©sident de l’ONG Colombe Ivoire, qui accompagne les victimes de dĂ©guerpissement.

Les autoritĂ©s ont annoncĂ© la destruction, d’ici Ă  2025, de 132 quartiers prĂ©caires, oĂč vivent prĂšs de 1 million de personnes.

« Tous ces projets sont pensĂ©s pour amĂ©liorer la vie des populations. Mais ils entraĂźnent d’énormes sacrifices pour les plus dĂ©munis, en met tant des milliers de familles dans la rue », explique-t-il. Les promesses d’indemnisation ont Ă©tĂ© largement tenues pour compenser les dĂ©sa grĂ©ments liĂ©s Ă  la construction du « 4e pont », mais ce n’est pas le cas

pour le chantier du métro. Le projet est qualifié par le Premier ministre Patrick Achi, de « révolution qui va transformer la façon dont nous vivons Abidjan, en termes de mobilité et de déplacements facilités, de congestion et de pollution réduite ».

Calvaire

En théorie, prÚs de 500 000 personnes pourront emprunter chaque jour les rames de ce métro long de 38 km et ponctué de 18 stations. Il faudra alors environ une demi-heure pour traverser la ville du nord au sud. Mais pour que ce métro voie le jour, il faut faire place nette sur son tracé Plus de 9000 foyers et entreprises sont concernés, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes.

« Le mĂ©tro est aujourd’hui un calvaire pour les populations concernĂ©es Les responsables du projet n’ont jamais respectĂ© le cahier des charges, d’Anyama Ă  Port-BouĂ«t. Des immeubles qui n’étaient pas concernĂ©s ont Ă©tĂ© rasĂ©s dans le but d’y faire construire des rĂ©sidences de plus haut standing », dĂ©nonce SĂ©kou Sylla.

La modernisation d’Abidjan se fait-elle au dĂ©triment des plus pauvres, inexorablement rejetĂ©s aux extrĂ©mitĂ©s de la ville? En 2019, le ministre de la Construction, Bruno KonĂ©, a annoncĂ© la destruction, d’ici Ă  2025, de 132 quartiers prĂ©caires, oĂč vivent prĂšs de 1 million de personnes. « Mais que compte faire le gouvernement pour ces populations ? Quelle est sa politique pour les pauvres ? Abidjan est devenue une ville de riches », conclut le prĂ©sident de l’ONG Colombe Ivoire.

OBJECTIF ABIDJAN

Kaba Nialé

« L’essentiel de la richesse du pays est produit ici »

La ministre du Plan et du Développement détaille la stratégie adoptée par le gouvernement pour rendre la capitale économique ivoirienne plus attractive pour les investisseurs.

Le 15 juin 2022, le groupe consultatif du Plan national de dĂ©veloppement (PND) ivoirien, qui court sur la pĂ©riode 2021-2025, s’est rĂ©uni Ă  Abidjan. La rencontre s’est soldĂ©e par un succĂšs, les annonces d’inves tissements dĂ©passant trĂšs largement l’objectif fixĂ©. OĂč en est aujourd’hui la mobilisation de ces financements extĂ©rieurs, et quelle est la stratĂ©gie de dĂ©veloppement mise en place, Ă  la fois pour le pays et pour sa capitale Ă©conomique? Kaba NialĂ©, la ministre chargĂ©e du dossier, fait le point.

Jeune Afrique : Combien de projets du PND concernent Abidjan, et quel est leur Ă©tat d’avancement?

Kaba NialĂ© : Abidjan est la capi tale Ă©conomique L’essentiel des activitĂ©s Ă©conomiques en CĂŽte d’Ivoire se dĂ©roule autour de cette grande ville de 6 millions d’habitants, qui grandit vite et produit l’essentiel de la richesse du pays. DĂšs 2011, le prĂ©sident de la RĂ©publique, Alassane Ouattara, a lancĂ© un certain nombre de projets importants qui concernent la mobilitĂ© urbaine, l’assainissement, la construction et l’urbanisation, et les infrastructures portuaires.

Prenons l’exemple des projets d’assainissement qui permettront de gĂ©rer la question des eaux de pluie Lorsqu’il pleut Ă  Abidjan, il y a parfois des inondations, des Ă©boulements, et quelquefois des

morts tragiques Il faut Ă©galement trouver une rĂ©ponse Ă  la question de l’écoulement des eaux usĂ©es et des ordures mĂ©nagĂšres que nous gĂ©nĂ©rons au quotidien. Une sĂ©rie de projets vise le mĂȘme objectif : par exemple, l’amĂ©nagement de la baie de Cocody, estimĂ© Ă  188 milliards de F CFA [287 millions d’euros], dont la construction du « 5e pont ». La BAD finance la gestion intĂ©grĂ©e du bassin versant du Gourou, non loin de lĂ , qui entre dans sa deuxiĂšme phase.

et de Grand-Bassam. Le Projet d’as sainissement et d’amĂ©lioration du cadre de vie du district autonome d’Abidjan [Paaca], estimĂ© Ă  40,962 milliards de F CFA et financĂ© par la BAD, permettra entre autres la rĂ©habilitation et l’extension de 82,15 km de rĂ©seaux d’assainisse ment des eaux usĂ©es dans les zones nord et sud, et la rĂ©alisation de 16,15 km de canaux de drainage des eaux pluviales

Une des prĂ©occupations majeures Ă  Abidjan est la mobilitĂ©. Qu’est-ce qui est prĂ©vu pour faciliter le transport urbain? OĂč en sont les travaux de la ligne 1 du mĂ©tro d’Abidjan?

Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de projets est en phase de dĂ©marrage, telle que le Projet d’assainissement et de rĂ©silience urbaine [Paru] Il concerne la construction d’infrastructures de gestion des dĂ©chets solides, la construction d’une dĂ©chetterie Ă  Bingerville, la rĂ©alisation d’in frastructures de drainage des eaux de pluie et la mise en place de services pour l’attĂ©nuation des risques d’inondation dans les communes d’AttĂ©coubĂ©, de Koumassi, de Marcory, de Cocody, de Yopougon

Les travaux de la ligne 1 avancent bien.IladĂ©jĂ falluconcevoirleprojet, se mettred’accordsur letrajet,mener des Ă©tudes, mobiliser les financements. Actuellement, nous payons les purges annuelles de recasement, c’est-Ă -dire les droits des personnes dĂ©placĂ©es ou affectĂ©es par le projet. Impossible de mener un projet Ă  bien sans tenir compte de ses consĂ©quences sociales. Concernant le calendrier, la libĂ©ration des emprises est en cours, sachant que 2025 est un dĂ©lai dĂ©jĂ  repoussĂ© Pour le moment, nous sommes dans les temps.

En ce qui concerne la mobilitĂ© urbaine en gĂ©nĂ©ral, nous dĂ©velop pons plusieurs solutions. Le projet de transport urbain de la ville d’Abidjan est terminĂ© Ă  75 %, avec notamment les travaux d’amĂ©nagement de

PROPOS RECUEILLIS À ABIDJAN PAR AÏSSATOU DIALLO
Tous les projets d’amĂ©nagement font l’objet d’une Ă©tude d’impact social et environnemental.
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202272 OBJECTIF ABIDJAN

l’échangeur du rond-point de la mairie d’Abobo et de la voie de contour nement « Y4 ».

Abidjan est devenue la vitrine du dĂ©veloppement de la CĂŽte d’Ivoire. Mais cela a entraĂźnĂ© l’augmentation des loyers, et rendu plus difficile l’accĂšs Ă  la propriĂ©tĂ©. Quelles peuvent ĂȘtre les rĂ©ponses Ă  ce problĂšme?

La ville grandit vite et cela crĂ©e une certaine pression sur le foncier Les classes vulnĂ©rables et moyennes se retrouvent Ă  la pĂ©riphĂ©rie. L’État doit faire face Ă  la demande croissante de logements sociaux et donner de quoi satisfaire Ă  la fois les acteurs Ă©cono miques et les populations.

Le but est d’accompagner les producteurs et les assureurs. L’État a donc diversifiĂ© la qualitĂ© de son offre. Avant, la politique consistait Ă  faire de la vente directe uniquement. Aujourd’hui, on privilĂ©gie la location de logements sociaux, mais aussi la location-vente. Il faut constituer un fonds de garantie

pour les assureurs car, comme vous le savez, nous avons une population trÚs orientée vers le secteur informel dont les revenus ne sont pas toujours réguliers. Un fonds de garantie aux logements sociaux [FGLS] a été mis en place pour soutenir les acqué reurs, ainsi que les constructeurs et promoteurs.

L’État constitue une rĂ©serve fonciĂšre qui couvre la voirie, le drainage, l’assainissement, l’électricitĂ©, et la SociĂ©tĂ© ivoirienne de construction et de gestion immobiliĂšre [Sicogi] a Ă©tĂ© remplacĂ©e par l’Agence nationale de l’habitat, chargĂ©e de porter cette politique.

Combien de logements visezvous Ă  terme?

Dans le cadre de la mise Ă  dis position de logements sociaux dans Abidjan et sa pĂ©riphĂ©rie, nous prĂ©voyons la construction de 150000 logements d’ici Ă  2025.

Dans votre politique de développement urbain, comment

prenez-vous en compte la question environnementale?

Tous les projets d’amĂ©nagement, avant financement, doivent faire l’objet d’une Ă©tude d’impact environnemental et social. Les partenaires au dĂ©veloppement accordent une attention particuliĂšre Ă  ce volet Ces Ă©tudes, pilotĂ©es la plupart du temps par l’Agence nationale de l’environnement, conditionnent l’octroi d’un crĂ©dit.

OĂč en est le projet du « 4e pont », financĂ© par la BAD, dont vous ĂȘtes la gouverneure pour la CĂŽte d’Ivoire?

Il est en retard, du fait des dĂ©guerpissements et des purges. À la suite d’un certain nombre d’accidents mortels et d’incidents sur le chantier, le projet a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par le dĂ©partement de sauvegarde environnemental et social de la BAD Des procĂ©dures de sauvegarde ont Ă©tĂ© mises en place avec l’opĂ©rateur, et le projet a repris normalement. Les travaux suivent leur cours.

ISSAM
ZE JL Y POUR
JA
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MESSAGE

Avant le match de qualification pour la CAN 2023 entre la Cîte d’Ivoire et la Zambie, au stade de Yamoussoukro, le 3 juin.

En attendant la CAN

Cinq villes accueilleront les matchs de la prochaine Coupe d’Afrique des nations. Si Yamoussoukro disposait dĂ©jĂ  d’un stade rĂ©pondant aux normes internationales, il a fallu en construire partout ailleurs

À ABIDJAN

C’ est la course contre la montrepourterminerles travaux de la 34e Ă©dition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui devrait se dĂ©rouler en janvier et fĂ©vrier 2024. Le prĂ©sident Ouattara suit de prĂšs l’évolution de chacun des chantiers qui ont coĂ»tĂ© prĂšs de 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros), pour les stades et les aires d’entraĂźnement des 24 Ă©quipes qualifiĂ©es.

Le ComitĂ© national d’organisation (Cocan),prĂ©sidĂ©parl’ancienministre des Sports François Amichia, compte dans ses rangs des reprĂ©sentants de la FĂ©dĂ©ration ivoirienne de football (FIF), plusieurs ministĂšres et autres reprĂ©sentants de l’État. AprĂšs des mois de tensions entre le comitĂ© et le ministĂšre des Sports, le calme

est revenu entre les parties aprĂšs un arbitrage du Premier ministre, Patrick Achi.

D’abord prĂ©vue du 23 juin au 23 juillet 2023, la compĂ©tition a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e par la ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (CAF) au dĂ©but de l’annĂ©e 2024, officiellement pour des questions mĂ©tĂ©orologiques En effet,aucours del’étĂ©,laCĂŽted’Ivoire connaĂźt de fortes pluies, exposant le

Le gouvernement est déterminé à tenir les délais pour effectuer des tests avant le début de la compétition.

pays Ă  des risques Ă©levĂ©s d’inondations. Pour l’intĂ©gritĂ© physique des joueurs, l’épreuve reine de la CAF a Ă©tĂ© reportĂ©e, ce qui allonge les dĂ©lais de livraison des stades.

Retards

« Nous serons dans les temps, le timing sera respectĂ© Ce sera l’une des meilleures CAN jamais organisĂ©es », promet Paulin Danho, le ministre des Sports. Cinq villes ont Ă©tĂ© choisies pour accueillir la compĂ©tition : Abidjan, la capitale Ă©cono mique, Yamoussoukro, la capitale politique, la grande ville de BouakĂ©, San Pedro, le second port du pays, et Korhogo, situĂ©e dans le Nord. En tout,sursixstades,cinqsonttoujours en travaux. Seul le stade olympique de Yamoussoukro, d’une capacitĂ©

INFRASTRUCTURES
ISS OUF SANOGO/AFP
BAUDELAIRE MIEU,
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202276 OBJECTIF ABIDJAN

de 20000 places, est dĂ©jĂ  opĂ©rationnel et accueille des matchs internationaux. Dans les autres, les stades HouphouĂ«t-Boigny (40000 places) et ÉbimpĂ© (60000 places) Ă  Abidjan, Ă BouakĂ©(40000places),Ă SanPedro (20000 places) et Ă  Korhogo (20000 places), les travaux sont en cours d’achĂšvement.

L’architecture de ces infrastructures sportives, malgrĂ© leurs capacitĂ©s plafonnĂ©es, n’a rien Ă  envier Ă  celles des pays europĂ©ens. Les officiels de la CAF enchaĂźnent les visites dans le pays pour s’assurer de l’avancement des chantiers et de la qualitĂ© des pelouses. En mars, VĂ©ron Mosengo-Omba,lesecrĂ©tairegĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©dĂ©ration, avait, accompagnĂ© de spĂ©cialistes, effectuĂ© une tournĂ©e d’inspection afin de vĂ©rifier l’état des systĂšmes d’électrification des stades et celui des pelouses, ainsi que le drainage. Un mois plus tĂŽt, il s’était rendu dans la ville de San

Pedro pour visiter le village CAN, oĂč seront construites plus de 32 villas sur 6 ha, Ă  cĂŽtĂ© du stade de 20 000 places.

Deux autres villages verront le jour, Ă  BouakĂ© et Ă  Korhogo, avec le mĂȘme nombre de villas. Le gouvernement est dĂ©terminĂ© Ă  finir les travaux pour effectuer des tests avant le dĂ©but de la compĂ©tition. On accĂ©lĂšre donc la cadence!LePremierministre,Patrick Achi, a visitĂ© les diffĂ©rents chantiers de la compĂ©tition au dĂ©but de l’étĂ©. Il a reconnu les retards enregistrĂ©s dus Ă  la pandĂ©mie de Covid 19. Certains ouvrages accusent entre quatorze et quinze mois de retard, que le gouvernement s’efforce Ă  rattraper

Rocade

Mais la CAN ne se limite pas aux infrastructures sportives. L’État investit aussi massivement dans les routes : celle de la cîte, principal axe long de 353,5 km qui relie Abidjan à

San Pedro, est en cours de rĂ©habilitation Ă  hauteur de 300 milliards de F CFA. Le rallongement de l’autoroute du nord de Yamoussoukro Ă  BouakĂ©, villes distantes de 95 km, est en cours de rĂ©alisation pour 172 milliards de F CFA.

Le segment YamoussoukroTiébissou (60 km) est déjà terminé.

À Abidjan, pour fluidifier la circulation pendant la compĂ©tition, une voie de contournement calquĂ©e sur le modĂšle du pĂ©riphĂ©rique parisien est en chantier. L’investissement est estimĂ© Ă  74 milliards de F CFA.

Le poumon Ă©conomique de la CĂŽte d’Ivoire est fortement congestionnĂ© Ă  cause de l’urbanisation accĂ©lĂ©rĂ©e.

Cette rocade permettra, depuis l’aĂ© roport d’Abidjan, de rallier la commune d’Abobo,prĂ©cisĂ©ment ÉbimpĂ©, oĂč est situĂ© le plus grand stade du pays, avec ses 60000 places. Des travaux qui auraient dĂ» se terminer en juillet


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Un nouveau Parc des expos pour devenir un hub régional

Avec son centre de conférences, ses logements et ses bureaux, il pourra accueillir de grands événements internationaux.

Abidjan rĂȘve en grand avec son projet de Parc des expositions, dans le sud de la ville, sur la route de l’aĂ©roport international FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny. PensĂ©e et entamĂ©e par le dĂ©funt Premier ministre AmadouGonCoulibalyquandilenvisageait d’y prĂȘter serment s’il avait Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, cette nouvelle infrastructure porte une grande ambition.

Son intĂ©rĂȘt le plus Ă©vident est d’offrir des espaces adĂ©quats pour accueillir de grandes confĂ©rences internationales,maisaussidessalons et certains Ă©vĂ©nements sportifs. En effet, le Palais des congrĂšs du Sofitel Ivoire d’Abidjan, avec sa salle de 1 300 places, est devenu trop exigu.

Le nouveau complexe, dĂ©veloppĂ© par le groupe PFO Africa et ses partenaires, dont le belge Besix, les français JL Event et Vinci Énergie, pour un montant estimĂ© Ă  53 milliards de F CFA (81 millions d’euros), devra permettre Ă  la capitale Ă©conomique ivoirienne de rivaliser avec les grands centres urbains

comme Johannesburg, Le Caire ou Casablanca.

Le nouveau Parc des expositions sera composĂ© d’une salle de confĂ©rences de 5 200 places, de trois pavillons d’une surface totale de 7 500 m2 et d’un conventioncenterde 9 000 m2 en forme de grande nef, avec une toiture dĂ©bordante. Ce dernier aura un usage polyvalent, avec ses gradins rĂ©tractables qui permettront d’accueillir des compĂ©titions sportives.

À terme, le parc devrait pouvoir recevoir entre 6 000 et 10 000 personnes dans ses diffĂ©rentes configurations. Des cĂ©lĂ©brations religieuses ou des Ă©vĂ©nements politiques pourront aussi s’y dĂ©rouler.

IATF et Sara

Le projet compte aussi deux hĂŽtels un trois-Ă©toiles d’une capacitĂ© de 100 chambres et un cinq-Ă©toiles de 150 chambres –, des bureaux et des commerces. Dans un deuxiĂšme temps, une marina devrait venir complĂ©ter l’ensemble Elle permettra de rallier directement la baie de Cocody par la mer. Mais la

prioritĂ© reste l’achĂšvement des sites de confĂ©rences et d’expositions, car la CĂŽte d’Ivoire souhaite y accueillir, du 21 au 27 novembre 2023, la Foire commerciale intra-africaine (IATF), une initiative de la Banque africaine d’import-export Afreximbank, en partenariat avec la Banque africaine dedĂ©veloppementpourlapromotion de la Zone de libre-Ă©change conti nentale africaine (Zlecaf)

LegouvernementivoirienareportĂ© Ă  octobre 2023 le Salon international de l’agriculture et des ressources animales (Sara), l’un des rendez-vous emblĂ©matiques du secteur agricole, afin de l’organiser au Parc des expositions. Le prochain Salon de l’automobile et celui de la dĂ©fense s’y tiendront.SouleymaneDiarrassouba, ministreduCommerce,del’Industrie et des PME, qui assure la maĂźtrise d’Ɠuvre pour le compte de l’État, ne cache pas sa satisfaction : « Le chantier avance en conformitĂ© avec le cahier de charges. Tout se passe bien, etlesdĂ©laisseronttenus »,assure-t-il. La premiĂšre phase des travaux doit s’achever Ă  la fin de cette annĂ©e.

Chantier du futur Parc des expositions.
TESS JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202278 OBJECTIF ABIDJAN

QUAND LE CITOYEN DEVIENT ACTEUR DE SA MOBILITÉ

Lesservices de transport Ă©tant modernisĂ©s, les dispositifs pour l’amĂ©lioration de la mobilitĂ© et de la sĂ©curitĂ© routiĂšre mis en place, dĂ©sormais, Quipux Afrique souhaite proposer sa stratĂ©gie ciblĂ©e sur une «SmartMobility ». Explications.

Quipux Afrique,entreprisespĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement de solutions technologiques appliquĂ©es au systĂšme de transport aamorcĂ© son activitĂ© en 2013, en CĂŽted’ivoire.À l’issue d’un appel international lancĂ© par le MinistĂšre de l’Économie et des Finances, l’organisation s’estengagĂ©e dans la conception, l’ingĂ©nierie, la mise en place et l’exploitationd’un systĂšme de gestion intĂ©grĂ©e des activitĂ©s de transportsterrestres.

Quipux Afrique,entreprise spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement de solutions technologiques appliquĂ©es au systĂšme du transport aentamĂ© sa premiĂšre aventure en 2013, en CĂŽte d’ivoire, dans le cadre d’une premiĂšre concession pour la conception, l’ingĂ©nierie, la miseenplace et l’exploitation d’un systĂšme de gestion intĂ©grĂ©e des activitĂ©s de transport terrestre obtenu Ă l’issue d’un appel international lancĂ© par le MinistĂšre de l’Économie et des Finances.

En investissantunpeu plus de 12 milliards danscetteĂ©tape de plusdans la modernisation du secteur routier, l’entreprisea optimisĂ© les procĂ©dures de traitement et de dĂ©livrance des documents administratifs du transport routier en yintroduisant plusd’efïŹcacitĂ© et de cĂ©lĂ©ritĂ©

Un ïŹnancementqui apermis la construction de centredegestion intĂ©grĂ©e dans presque tous les chefs-lieux de rĂ©gions amĂ©liorant ainsi l’accessibilitĂ© Ă l’adminis trationdes transports. La miseenplace d’une plateforme technologiquepermettantune gestion en temps rĂ©el, la production de statistiques, le suivi opĂ©rationnel et la coordination surl’ensemble du territoire, la sĂ©curisation desrecettes avec la miseĂ disposition de moyens de paiement en ligne

L’autre acquis de ce partenariat aĂ©tĂ© la miseenplace d’une base de donnĂ©es unique qui apermettredecrĂ©er un Ă©cosystĂšmepour mettreĂ ladisposition des populationsetdel’administration, un cer tain nombre d’outils de natureĂ faciliterla mobilitĂ© desbiens et des personnes, de renforcer l’autoritĂ© de l’État,d’avoir un dispositif de contrĂŽle en ligne en temps rĂ©eletd’orientation des politiquesde transport. Aujourd’hui, cettebase de donnĂ©es permet l’automatisation de la gestion des infractions et l’implantation de systĂšmes de transport intelligents.

EnfĂ©vrier2021, le Gouvernement arenou velĂ© la conventiondeconcession de Qui pux Afrique SA, en l’étendant au projet de mise en place du SystĂšme de Transport Intelligent(STI) et d’une fourriĂšre administrative. Cette dĂ©cisionmarqueĂ©galement l’accord ofïŹciel pour l’application de la vidĂ©o-verbalisation en CĂŽte d’ivoire

L’approche classiquedelamobilitĂ©, rĂ©duiteĂ lanotion de transport depuis de nombreuses annĂ©es, aĂ©voluĂ© vers une logiquedeservice.LaSmart Mobility se retrouve au carrefour de deux secteurs :le secteur du numĂ©rique et le secteur des transports.Cet outil donneĂ chaque usagerl’opportunitĂ©dedevenir acteurdesa mobilitĂ©.Ellemet Ă disposition unesolution complĂštequi optimise la mobilitĂ© et intĂšgre sesattentes.

Un certain nombred’outils ont Ă©tĂ©mis en place. Objectifs: faciliter la mobilitĂ©des biens et des personnes,renforcer l’autoritĂ©del’État,bĂ©nĂ©ïŹcier d’un dispositif de contrĂŽle en ligne et d’orientation des politiques de transport

En CĂŽte d’ivoire plusieurs initiativesde mobilitĂ©sont dĂ©jĂ  en cours,notamment la dĂ©tection automatiquenon seulement des infractionsaucode de la route mais aussi desdĂ©fauts de documents de transport et la gestion Ă©lectronique desamendes liĂ©es, la gestion du stationnement,lecovoiturage, la billettique, le dĂ©sencombrement de la congestion pourneciterque ceux-lĂ .

GrĂąceĂ  uneapproche digitale,Quipux Afrique avec MOBILITY BY QUIPUX envisage de Mutualiser les Ă©quipements de collecte existants,IntĂ©grer toutes les solu tions pour faciliter l’accĂšs aux services offertsaux usagers clients, FĂ©dĂ©rer toutes les initiatives autour d’une plate-forme unique,Exploiter et gĂ©rerlesystĂšme de mobilitĂ© pourlecompte de l’État. Uneini tiative d’un cout de 17 milliardsdeFCFA.

MESSAGE JAMG -P HOT OS DR Adresse postale : 01 BP 10180 Abidjan 01 -Cîted’Ivoire
www.quipuxafrique.com
Le Ministre des Transports Amadou KONE en visite au Centre de Gestion Intégrée et de la Mobilité (CGIM) Ibrahima KONE,DirecteurGénéral de Quipux Afrique, operateur du Centre de gestion intégrée (CGI) du MinistÚre ivoirien des transports.

Bruno NabagnĂ© KonĂ©, ou le rĂȘve de l’architecte

À 62 ans, le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme est chargĂ© de l’ambitieuse politique du logement social Cet ancien financier manie la calculatrice et le compas pour refaire d’Abidjan le vĂ©ritable toit de la CĂŽte d’Ivoire.

Comme tout bon provin cial, Bruno NabagnĂ© KonĂ© a d’abord rĂȘvĂ© d’Abidjan en regardant des cartes postales. Il y a mis les pieds pour la premiĂšre fois Ă  l’ñge de 17 ans, en vacances chez des parents. NĂ© le 6 septembre 1960 Ă  Kouto, dans le Nord du pays, quelques semaines aprĂšsl’indĂ©pendance,BrunoNabagnĂ© KonĂ© a tout vu de son pays avant de

dĂ©couvrirlacapitale :« MonpĂšreĂ©tait militaire, on n’arrĂȘtait pas de voya ger de caserne en caserne : BouakĂ©, Korhogo, Sassandra, Daloa, BouaflĂ©, Dimbokro, etc. Pour moi, Abidjan, c’étaitunrĂȘved’enfant,lagrandeville avec des tours comme dans les films amĂ©ricains.LapremiĂšrefoisquejel’ai visitĂ©e, c’était Ă  pied, pour tout voir, dans les moindres dĂ©tails. Les quar tiers de Treichville, d’AdjamĂ©, voir

la mer Ă  Port-BouĂ«t
 mais surtout dĂ©couvrir le Plateau. »

Passion

De culture sĂ©noufo, il conserve un attachement Ă  Kouto et sa rĂ©gion, incarnĂ©s par sa grand-mĂšre mater nelle, Ă  laquelle il est trĂšs liĂ© depuis le dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de sa mĂšre L’élĂšve studieux s’éprend de littĂ©rature fran çaiseetrĂȘvededevenirmĂ©decin

ISSAM ZE JL Y POUR JA
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202280 OBJECTIF ABIDJAN

ouarchitecte.QuandsesĂ©tudeslui en laissent le temps, il adore jouer au basket, une passion qui ne le quittera jamais : il est aujourd’hui prĂ©sident d’honneurdelaFĂ©dĂ©rationivoirienne de basket-ball. Bruno KonĂ© fait toute sa scolaritĂ© dans des Ă©tablissements catholiques, notamment au cĂ©lĂšbre collĂšge Saint-Viateur de BouakĂ©, oĂč il obtient un bac scientifique

PassĂ© par l’École supĂ©rieure de commerce d’Abidjan (Esca) et HECParis, Ă  Jouy-en-Josas, Bruno KonĂ© dĂ©marre sa carriĂšre au cabinet Arthur Andersen (1985-1988), aujourd’hui Andersen Consulting. Il y croise son futur patron, Patrick Achi, chef de mission, qui remarque les qualitĂ©s humaines et professionnelles de ce jeune social-libĂ©ral, futur militant ouattariste Bruno KonĂ© va gravir une Ă  une les marches de la rĂ©ussite Ă  Abidjan, en assumant diffĂ©rents postes de directeur financier chez Chanic (1988-1991), Sifcom (1998 2001),avantd’ĂȘtrerecrutĂ©en2003par CĂŽte d’Ivoire Telecom, opĂ©rateur his torique du pays. Il en devient le direc teur gĂ©nĂ©ral deux ans plus tard, avant de rejoindre la direction du groupe France TĂ©lĂ©com-Orange, Ă  Paris, en 2008,oĂčiloccupesuccessivementles postesdedirecteurdel’auditfinances et de directeur des affaires rĂ©glemen taires et institutionnelles de la zone Afrique Moyen-Orient Asie.

Fin orateur

Son exil Ă  Paris est de courte durĂ©e. En 2011, un certain Amadou Gon Coulibaly, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence de la RĂ©publique, l’ap pelle en le priant de revenir au plus vite Ă  Abidjan. Respectueux de ses engagements professionnels d’alors, il hĂ©site, rate un premier vol, puis s’envole pour l’inconnu et apprend, lors d’une escale, qu’il vient d’ĂȘtre nommĂ© ministre des Postes et des Technologies de l’information et de la communication. En dĂ©couvrant la nouvelle sur sa messagerie, Bruno KonĂ© ferme les yeux et se revoit enfant, jouant de la trompette dans la fanfare du collĂšge pour la venue du prĂ©sident HouphouĂ«t-Boigny Tout un destin. Le lendemain, aprĂšs ses premiers entretiens avec le prĂ© sidentAlassaneOuattaraetlePremier ministred’alors,GuillaumeSoro,ilest

dĂ©signĂ© porte-parole du gouverne ment. Fin orateur, loyal Ă  son camp, Bruno KonĂ© monte doucement dans la galaxie Ouattara, d’autant plus que le prĂ©sident est l’oncle de son Ă©pouse.

En 2018, Gon Coulibaly est Premier ministre. Il apprĂ©cie son sens du travail bien fait, « sa rigueur de financier » et lui propose un nou veau poste, plus risquĂ© Avant de lui prĂ©ciser son affectation, il le prĂ© vient : « Aucun ministre n’est sorti de ce ministĂšre avec un bon nom, on compte sur toi »  Bruno KonĂ© devient ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme. À l’époque, les interminables litiges dans le foncier, les nombreux scan dales, dont celui des « dĂ©guerpis », ces habitants pauvres dĂ©logĂ©s manu militari de leurs logements insalubres, ont terni l’image de son prĂ©dĂ©cesseur

« Aucun ministre n’est sorti grandi de ce ministĂšre, on compte sur toi », l’a-t-on prĂ©venu.

50000 habitations de ce type par an, pendant les dix prochaines annĂ©es », prĂ©cise-t-il.ConsidĂ©rĂ©parfoiscomme « trop technocratique », l’élĂ©gant ministre n’hĂ©site pas Ă  se rendre sur les chantiers, casque sur la tĂȘte, et donne souvent des consignes pour penser, et Ă©riger, des bĂątiments plus Ă©cologiques. « Nous avons la chance d’avoir des architectes trĂšs compĂ© tents, qui ont bien pris en compte toute la richesse de nos savoir-faire africains traditionnels. Par exemple, nous essayons de privilĂ©gier la venti lation naturelle des bĂątiments, plutĂŽt que la climatisation, vu la densifica tion de notre habitat. »

Mélomane

« C’est drĂŽle parce que je n’avais pas vraiment fait d’études pour cela, mais quelque part ma fonction rejoint mes rĂȘves d’enfant. Je considĂšre mon rĂŽle primordial pour assurer le bien-ĂȘtre des Ivoiriens. Avoir un toit, ĂȘtre bien chez soi est un droit fondamental. On ne travaille bien, on n’est heureux que lorsqu’on est bien logĂ©. Partout, le bĂątiment contribue fortement Ă  la production Ă©conomique et Ă  la crĂ©a tion d’emplois. Malheureusement, malgrĂ© nos efforts, nous n’avons pas encore atteint les objectifs dĂ©finis. »

Quatre ans aprĂšs sa prise de fonc tions, le bilan de Bruno KonĂ© Ă  la tĂȘte de ce ministĂšre est plutĂŽt positif, mal grĂ© quelques couacs et retards. Un ambitieux projet de modernisation de la gestion du foncier urbain est en cours de rĂ©alisation : 30000 loge ments sociaux ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© construits.

« On estime aujourd’hui les besoins en logements sociaux Ă  600 000, dont 500 000 Ă  Abidjan. Notre ambition est de construire 40000 Ă 

Ces derniĂšres annĂ©es, l’effondrement d’une quinzaine d’immeubles mal conçus est venu Ă©corner son image de « bĂątisseur ». « Depuis 2020, nous avons durci la loi et renforcĂ© la surveillance, notamment Ă  tra vers la Plateforme collaborative de contrĂŽle des constructions (PCCC), qui implique dĂ©sormais les mairies. » Ce qui n’empĂȘche pas une nouvelle fiĂšvre immobiliĂšre Ă  tendance verti cale de s’emparer d’Abidjan : la future tour F, rĂ©alisĂ©e par Pierre Fakhoury, devrait redonner Ă  Abidjan son statut degrandecapitalerĂ©gionale ImaginĂ© etattendudepuisquelquesdĂ©cennies, cet immense Ă©difice qui aura la forme d’un masque africain, sixiĂšme tour de la citĂ© administrative de la ville, deviendra la plus haute d’Afrique.

« Abidjan se particularise par sa modernitĂ©, attrayante et futu riste Cette tour sera l’un des mar queurs d’une CĂŽte d’Ivoire forte et ambitieuse
 Mais ce n’est pas du bling-bling! Nous sommes dans un environnement oĂč manquent des bureaux, des surfaces commerciales, des hĂŽtels, etc. Cette tour contribuera Ă  la rĂ©duction de ce dĂ©ficit et pourra abriter une partie de notre adminis tration », s’enthousiasme le ministre.

Bruno KonĂ©, grand mĂ©lomane Ă  ses heures, amateur de jazz et de reggae, regarde du haut du bĂątiment de son ministĂšre, rĂ©cemment rĂ©habilitĂ©, Abidjan renaĂźtre de ses cendres, avec peut-ĂȘtre en tĂȘte les paroles de l’un de seschanteursprĂ©fĂ©rĂ©s,AlphaBlondy : « J’ai une chance inouĂŻe, Dieu a fait de moi un tisserand de rĂȘves. »

JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202282 OBJECTIF ABIDJAN

Mise au vert

Le dĂ©veloppement de la capitale Ă©conomique a longtemps fait la part belle au bĂ©ton. Aujourd’hui, citoyens et entreprises prennent conscience du rĂŽle vital du reboisement, et le paysage commence Ă  changer.

Dans certains kiosques d’Abidjan, de vieilles car te s postale s en Technicolor, lĂ©gĂšrement oxydĂ©es par l’humiditĂ© et le temps, donnent une idĂ©e de ce que la capitaleĂ©conomiqueivoirienneĂ©taitdans les annĂ©es 1980 Quelques tours de bĂ©ton lui donnaient dĂ©jĂ  son allure amĂ©ricaine, entourĂ©es d’importants halos de verdure
 Abidjan respirait. L’écrivain et journaliste Venance Konan n’a pas oubliĂ© cette Ă©poque « Au Plateau, il y avait encore, Ă  cĂŽtĂ© des bĂątiments modernes, de trĂšs vieux arbres qui rappelaient ce qu’avait pu ĂȘtre la ville avant la coupe sauvage de ses arbres, pour certains multicentenaires, par des habitants qui n’avaient pas encore conscience de leur importance, pas plus sur le planvitalquesurleplanesthĂ©tique. »

LespremiĂšrescampagnesdereboisementĂ AbidjanontcommencĂ©sous l’impulsion d’une femme, Adrienne Soundele, qui, dĂšs 2013, lance le projet « Une Ă©cole pour cinq hectares ». L’idĂ©eestsimple :ils’agitdeconscientiser la jeunesse en faisant appel aux Ă©lĂšves des principaux collĂšges de la capitale pour reboiser. Originaire d’Aboisso, Adrienne Soundele a grandi dans la forĂȘt. C’est en observant disparaĂźtre avec tristesse des pansentiersdecelle-ciqu’elleadĂ©cidĂ© de s’engager d’abord Ă  Abidjan, dans son quartier des Deux-Plateaux « J’ai commencĂ© par planter des acacias, des tecks, des bambous chez moi. Au dĂ©but, les voisins me prenaient pour unefolle.Ilsdisaientquelesbranches les gĂȘnaient. Jusqu’au jour oĂč j’en ai surpris un s’abritant dessous alors qu’il pleuvait. À partir de ce moment, on m’a fichu la paix. J’ai alors vendu deuxRolexpourcrĂ©ermafondationet agir Ă  une plus grande Ă©chelle. »

Adrienne Soundele est trĂšs vite remarquĂ©e par le ministĂšre des Eaux etForĂȘts,quisoutientalorssonaction de sensibilisation dans les Ă©coles. En 2015, la fondation Soundele reçoit le premier prix du reboisement, remis par leprĂ©sidentAlassaneOuattaraen personne Mais la tĂąche est immense. En cinquante ans, la CĂŽte d’Ivoire a perduprĂšsde90 %desesforĂȘts,selon leschiffresduministĂšredel’Environnement. En mai 2021, Ă  l’instigation de l’Institut national des administrateurs de CĂŽte d’Ivoire (INAD-CI), le PlanvertestlancĂ©parleministĂšredes Eaux et ForĂȘts pour inciter les sociĂ©tĂ©s Ă engagerleurRSE(responsabilitĂ© sociale des entreprises) dans la refo restation, afin de recrĂ©er des puits de carbone.

Niangon ou okoumé

Ted Azouma, le visionnaire directeur exĂ©cutif de l’INAD-CI, est Ă  l’origine de ce projet. « Nous demandons aux entreprises membres de notre asso ciation un financement et de partici per directement au reboisement. On essaie de planter des espĂšces locales, comme le niangon ou l’okoumĂ©. Pour aller plus loin, nous faisons sortir nos partenaires de leurs bureaux Nous avons dĂ©jĂ  organisĂ© cinq campagnes avec des administrateurs, des ban quiers, des dĂ©putĂ©s, des hommes d’affaires
 Ils viennent planter des arbres le week-end avec leurs enfants, c’estutileetjoyeuxĂ lafois. »L’objectif initial visait Ă  replanter 10 ha de forĂȘt par an, sur dix ans, de 2021 Ă  2032


RĂ©sultat, les campagnes de reboisement ont si bien fonctionnĂ© que prĂšs de 40 ha de forĂȘt ont dĂ©jĂ  vu le jour! La BFCI et le cabinet Deloitte notamment sont partenaires d’une action dont les effets commencent Ă  se faire sentir dans le quartier

de Cocody, du cĂŽtĂ© de l’universitĂ©

Houphouët-Boigny

En juillet, 3 ha ont aussi Ă©tĂ© plantĂ©s dans la forĂȘt classĂ©e d’Audouin, sur la commune de Jacqueville À l’avenir, les campagnes de reboisement devraient cibler davantage les quartiers populaires d’Abidjan. « En CĂŽte d’Ivoire, les gens n’ont pas encore la culture du reboisement. Au dĂ©but, ils ne comprennent pas trop, car, dans leur esprit, on plante d’abord un arbre qui rapporte Avant toute chose, nous organisons des campagnes de sensibilisation dans les quartiers pour gagner la confiance des habitants », prĂ©cise Ted Azouma.

Petit Ă  petit, le reboisement, considĂ©rĂ© dĂ©sormais « d’utilitĂ© publique », s’est institutionnalisĂ©. Afin d’enrayer la dĂ©gradation des forĂȘts, un accord de prĂȘt et de don pour un montant de 7,5 milliards de F CFA (11,4 millions d’euros) a Ă©tĂ© signĂ© rĂ©cemment entre le ministĂšre ivoirien de l’Éco nomie et des Finances et la Banque mondiale « Ça commence Ă  bouger, se rĂ©jouit Venance Konan, on voit de plus en plus de clĂŽtures de protection autourdesparcsforestiersabidjanais RĂ©cemment, un groupe hĂŽtelier a dĂ» renoncerĂ s’implanterauparcDahlia Fleur, prĂšs de Bingerville, grĂące Ă  la forte mobilisation citoyenne! »

FRANÇOIS-XAVIER
Administrateurs, banquiers, dĂ©putĂ©s, hommes d’affaires viennent planter des arbres le week-end avec leurs enfants.
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202284 OBJECTIF ABIDJAN

«NOTRE OBJECTIF EST DE FORMER ET D’ACCOMPAGNER UNE ÉLITE AFRICAINE ÀLACONQUÊTE DE L’EXCELLENCE »

Pouvez-vous vous présenter ?

AprĂšsunecarriĂšredanslabanqued’affaires Ă Londres, j’ai fondĂ© le cabinetĂ  Abidjan en 2015. Nous travaillons dans troisdomaines :lerenforcementdes compĂ©tences, l’organisation de confĂ© rences institutionnelles et la modĂ©ration ainsi quel’accompagnementdes PME/TPE. Le cabinetaunleitmotiv, l’excellence,etal’ambition d’ĂȘtreun catalyseur de performances au service desentreprisesetdesindividus.

En matiÚre de renforcement des capacités, comment vous différenciez-vous de la concurrence ?

Lecabinetmetl’accentsurlaformation en matiĂšred’attitudes comportemen tales qui sont Ă  notre avis nĂ©cessaires pour un accroissement de productivitĂ© etledĂ©veloppementducapitalhumain Ă dĂ©fautdelasimple technicitĂ©. Nous proposonsunlarge portefeuille de formations pour nos4cibles: Conseil d’administration, ComitĂ© de Direction, Team Leader et lesjeunes. Ces forma tions concernentlagouvernance,la gestion de l’intelligenceĂ©motionnelle, le managementopĂ©rationnel, la santĂ© mentale,leleadershipetlaprisedeparole en publicpourneciter quecellesci.Noussommes de vraisspĂ©cialistes des«softskills». Kaizene organise Ă©galementdes re traitesstratĂ©giques. Ces rĂ©unions permettentdefairelepointsurlastratĂ©gie de l’entreprise,d'Ă©valuerles progrĂšs

danslamiseenƓuvre et de rĂ©ïŹ‚Ă©chir auxmodiïŹcationsĂ apporter. UnautrefacteurdiïŹ€Ă©renciantessentiel rĂ©sidedanslefaitquetoutesnosforma tions sont100%bilingues français-an glais.

Pour quelles raisons vous ĂȘtes-vous lancĂ©s dans l’organisation de confĂ©rences ? L’Afriqueest confrontĂ©eĂ  un dĂ©ïŹcit importantenmatiĂšre d’infrastructures, un sujet surlequel j’ai travaillĂ© lorsque j’étais dans la banque d’af faires.En2021, le cabinetaorganisĂ© desconfĂ©rences surledĂ©veloppement desinfrastructuresdanscinqpaysde larĂ©gion (Afrique du sud,CĂŽte d’Ivoire, Éthiopie,Rwanda et SĂ©nĂ©gal) ainsi que des confĂ©rences institutionnelles telles quelaCOP-15.

Durant nos confĂ©rences surles in frastructuresnousavonsun«plus»:des masterclassou«étudesdecas»avecla participationd’étudiantsd’universitĂ©s situĂ©es dans lespaysoĂčsetiennentles confĂ©rences. Il nous sembleessentiel de nous adresserĂ  ceux quiserontles dĂ©cideursdedemain.

Le 3e pilier de votre activitĂ©, l’accompagnementdes PME/TPE, se veut Ă©galement innovant


Noussommespartis d’un constat :la majoritĂ©desPME/TPEdeCĂŽted’Ivoire ontbesoin d’un accompagnementface auxenjeuxstratĂ©giquesetopĂ©rationnelsrencontrĂ©s. CrĂ©er une entreprise

ne suïŹƒtpas si le dirigeant ne maĂźtrise passon Ă©cosystĂšme ou n’est pas correctementstructurĂ©. Nousavons misenplaceunesolutionglobaled’ac compagnement«3en1»

Il s’agit d’un packagecomposĂ© de troisservices :unaccompagnement sur-mesure en fonction des besoins de l’entreprise (business plan, structuration, Ă©tudedemarchĂ©,recherche de partenaires, formations), une formule de petit dĂ©jeuner pour PME, et l’hĂ©bergementdansunespace de coworking. Le produit «3en1» a rencontrĂ©unvif succĂšs auprĂšs de nos clients.

Quels sont vosprojets pour l’avenir ? Noussouhaitons nous dĂ©velopper en Afrique, notammentenAfrique de l’Est, une zone Ă  fort potentiel de croissance.Par ailleurs, nous souhaitons intensiïŹer les actions de forma tionauprĂšsdesjeunesetdesfemmes. Nouslefaisons dĂ©jĂ , parexemple,en tant quepartenairedel’Agence Em ploiJeunes quidĂ©pend du ministĂšre de la Promotion de la Jeunesse et de l’EmploidesJeunesdeCĂŽted’Ivoireet d’ONU FEMMES. En plus de siĂ©ger Ă  plusieursconseilsd’administrationet aïŹndepouvoirĂȘtreunagentdechan gement,jedonneĂ©galementdescours d’entrepreneuriatdansdes universitĂ©sinternationales en CĂŽte d’Ivoire. BĂątir l’éliteafricaine de demain fait partiedel’ADNducabinet.

COMMUNIQUÉ
Entretien avecMadame Lynda Aphing-Kouassi, fondatrice et directrice du cabinet internationwal Kaizene
JAMG -P HOT OS DR
www.kaizene.org -www.KAIZENEformation.com

Guillaume Koffi

«Abidjan se construit plus vite que nous ne la pensons »

Économies d’énergie et prĂ©servation de l’environnement obligent, cettefigure de l’architectureivoirienne appelle Ă nepas multiplier les bĂątiments de grande hauteur.

NéàGagnoa, fils de fonctionnaire, Guillaume Koffi,63ans,a vĂ©cu une enfancesans coupeni croquis, «normale ». Il suit une partie de sa scolaritéàBouakĂ© avant de dĂ©mĂ©nagerĂ Abidjanpourpasserson bac.Son pĂšre le rĂȘve en pharmacien, maisl’architectures’imposenatu rellement Ă lui. «LelycĂ©e se trouvait juste Ă cĂŽtĂ©de l’hĂŽtelIvoire. J’avais donc dĂ©jĂ  desrĂ©fĂ©rents. Je me promenais beaucoup au Plateau, oĂč il y avaitdesvitrineschicsdans de beaux immeubles
 J’aimaismebalader aussi danslequartier de Cocody, pour regarder lesvillas modernes, et Ă Treichville,oĂčvivait ma nd-mĂšr

DiplĂŽmĂ© de l’École spĂ©ciale d’architecturedeParisen1984,iltravaille quelquesannĂ©es dans l’agence de JacquesLabro,PrixdeRome, connu pour avoir dessinĂ© la station de ski d’Avoriaz (Haute-Savoie). «Mais il y avait davantage de besoins en CĂŽte d’Ivoire. »Alors Guillaume Koffi rentre Ă Abidjan en 1985 et fondeson proprecabinet en 1992.Septans plus tard, il s’associe avec un de ses plus talentueux employĂ©s,Issa DiabatĂ©, pour crĂ©erladĂ©sormaiscĂ©lĂšbre agence Koffi &DiabatĂ©.

RĂ©compensĂ©par le World ArchitectureAwardsen2018, GuillaumeKoffi,prĂ©sident de l’ordre desarchitectesde2006 Ă 2014, tĂ l’origine de la crĂ©ation la premiĂšreĂ©cole d’architectured’Abidjan, «pourassurer la relĂšve». TrĂšs sensiblesĂ lapro blĂ©matique environne mentale,prochesdes concepts Ă©cologiques desBrĂ©siliensMarcio Kogan et Isay Weinfeld ou du Vietnamien Vo Trong hia, Koffi et DiabatĂ© Ă©laborent deshabitats durables, Ă©coresponsables,etdesimmeubles tertiaires aux quatre coins de l’Afriquede l’Ouest,desRĂ©sidences Chocolat, Ă Abidjan, Ă  la CitĂ©ministĂ©rielle,Ă  Cotonou.Rencontre.

JeuneAfrique:Comment avez-vousvĂ©culesalĂ©asclima tiquesdel’étĂ©quis’achĂšve?

GuillaumeKoffi : Je suis trĂšs trĂšs inquiet, d’autant plus que nous serons lesplus touchĂ©spar leseffets nĂ©gatifs du rĂ©chauffement climatique.LasĂ©cheresse,lagestion du cycle de l’eau, c’estĂ©videmment un sujetqui touche particuliĂšrement l’Afrique
 Nous avons ici un gros dĂ©ficit d’infrastructures d’assainis sement que le gouvernement tente de rĂ©soudre. ÀAbidjan, ellesont Ă©tĂ© conçuespour1 million et demi d’habitants,alorsque la villeencompte aujourd’hui prĂšs de 7millions. Sans parler du dĂ©fi de l’énergie :jesuis de la gĂ©nĂ©ration qui avĂ©cusansclimatisation dans lesannĂ©es1960, avant que l’on gĂ©nĂ©ralise cessys tĂšmesĂ©nergivorespourles Ă©difices publics


Il esturgentderĂ©flĂ©chir,etdetrouverdes solutions durablesĂ toutes cesproblĂ©matiques. Àl’époque colo niale, il yavait deshĂŽpitauxsans climatisation, car l’architecturetenait compte de l’aĂ©rationnaturelle.Ily a Ă©galement desrĂ©fĂ©rencesd’architec turetraditionnelle localetellesque lesTata Somba,qui, par leur organisationspatiale toutenrondeuretleur toitureconique,favorisent leseffets de cheminĂ©epour laventilation naturelle
 Ça aĂ©tĂ© d’ailleursune source d’inspiration pour concevoir le MusĂ©e international du Vaudou, Ă  Porto Novo,auBĂ©nin.

PROPOS RECUEILLIS PARFRANÇOIS-XAVIER FRELAND
Architecte, fondateur de l’agence Koffi &DiabatĂ©
JOANACHOUMALI OBJECTIF ABIDJAN

«LesRĂ©sidencesChocolat», quevousavezinaugurĂ©esen2016 surlaRivieraGolf,Ă Abidjan,intĂ© graientdĂ©jĂ lesnouveauxdĂ©fis dudĂ©veloppementurbain,dont larationalisationdel’espaceetle respectdel’environnement


C’était d’abord une rĂ©ponse Ă  l’étalement urbain. Vu le prix du foncier, nous avions voulu ĂȘtre efficaces en matiĂšred’occupationdusoletmutualiserlesĂ©quipements,letoutdansune architecture durable Depuis, nous avonsengagĂ©laconstructiond’Abatta Village, Ă  trente minutes du Plateau, sorte de smart city sĂ©curisĂ©e. C’est un concept similaire aux RĂ©sidences Chocolat, Ă  une Ă©chelle diffĂ©rente. Il y a eu les rĂ©sidences Cacao, avec 6 villas, puis Chocolat avec 32 loge ments. Abatta Village possĂšde dĂ©jĂ  216 logements. Abatta II comprendra 600logementssupplĂ©mentaires
Ce sontdesĂ©coquartiers,avecunemixitĂ© fonctionnelle : l’eau de pluie est stockĂ©e et rĂ©utilisĂ©e pour l’arrosage, les dĂ©chets valorisĂ©s, et la verdure prĂ©sente sur plus de 60 % de la zone.

Avez-vousd’autresprojetsdece type?

Nous travaillons actuellement sur le projet d’Ebrah, un petit village lagunaire de la commune de Bassam. C’est unprojet portĂ©parses habitants pour transformer les ambitions individuelles des propriĂ©taires terriens en un projet collectif, structurĂ© et pĂ©renne. Nous Ă©vitons ainsi la vente tous azimuts de terrains et permet tons de renouer avec la planification urbaine qui fait tant dĂ©faut. Mais il faut une forte implication de l’État pourrĂ©duirelescoĂ»tsdecession.C’est unevillenouvellemodernequivapermettreĂ diffĂ©rentesclassessocialesde se loger
 30000 logements sont prĂ©vus, dont 90 % d’appartements. Avec delaplacepourl’agricultureurbaine : des potagers partagĂ©s.

LesRĂ©sidencesChocolattout commeAbattaVillagenesont pasdesbĂątimentstrĂšsĂ©levĂ©s. L’architectureverticaleest-elle incompatibleaveclesprĂ©occupationsenvironnementales?

Pas forcément : nous avons des résidences de cinq à six étages pour rester à échelle humaine et éviter

les coĂ»ts prohibitifs d’entretien des immeubles de grande hauteur. Dans les annĂ©es 1970, il est vrai qu’Abidjan ressemblait Ă  une ville sud amĂ©ricaine avec sa concentration d’immeubles de grande hauteur sur le Plateau. Aujourd’hui, il faut favoriser la mixitĂ© fonctionnelle des quartiers, qui s’articule autour d’une mobilitĂ© plusdouce CertainsdĂ©cideursrĂȘvent encore d’un « DubaĂŻ des tropiques ». Personnellement, je ne suis pas fĂ©ru de ce type d’urbanisme Nous militons pour une ville humaine, avec des espaces verts et des Ă©quipements Ă  partager Le beau ne se traduit pas forcĂ©ment par la verticalitĂ©.

dĂ©veloppent de façon anarchique, possĂšdent leur propre centre d’af faires et commercial, fonctionnent en autarcie
 Il faudrait de vrais professionnels pour accompagner cette Ă©volution et Ă©viter les accidents de parcours, comme les effondrements d’immeubles. Il faudrait plus d’architectes et d’urbanistes pour conduire la planification et contrĂŽler le dĂ©veloppement urbain. Nous ne sommes pas assez nombreux.

Vous-mĂȘme,oĂčhabitez-vous?

La sociĂ©tĂ© est en pleine mutation. La cuisine, qui Ă©tait autrefois le cƓur de la maison en Afrique, se rĂ©duit comme peau de chagrin.

J’habite aux RĂ©sidences Chocolat, et bientĂŽt Ă  la rĂ©sidence Les Flamboyants, conçue par Koffi & DiabatĂ© et en cours d’achĂšvement. Vous savez, l’architecte est d’abord un animateur social
 Nous organisons mĂȘme des pots entre voisins pour Ă©changer, discuter notamment des problĂšmes de la rĂ©sidence
 Par exemple,quandonaconçuChocolat, on a prĂ©vu une grande esplanade pour que les enfants puissent jouer. Or nous n’avions pas imaginĂ© que la population de la rĂ©sidence n’aurait pas d’enfants en bas Ăąge


LegouvernementivoirienalancĂ© unvasteplandeconstructionde logementssociaux:pourquoi n’enconstruisez-vouspasplus?

Nous apportons un appui significatif au programme de logements sociaux Ă  OuĂšdo, Ă  Parakou et Ă  Porto Novo, au BĂ©nin. Nous aimerions participer davantage au logement social Ă  Abidjan
 Nous restons Ă  l’écoute et Ă ladispositiondes donneursd’ordre. Mais attention, je suis contre les lotis sements « Soweto », ce mitage urbain qui gangrĂšne les villes africaines. Il faut privilĂ©gier un style d’habitat intermĂ©diaire, plus dense, et mettre un frein Ă  l’étalement urbain.

Commentvoyez-vousl’évolution rĂ©cented’Abidjan?

Il faut impĂ©rativement la maĂźtriser. À notre niveau, nous essayons de professionnaliser son dĂ©veloppement avec les exemples de Chocolat, d’Abatta et d’Ebrah. La ville se construit malheureusement sans les architectes et plus vite que nous ne la pensons
 Certains quartiers se

Nous sommes face Ă  une sociĂ©tĂ© en pleine mutation. Les jeunes couples vivent Ă  l’heure de la mondialisation, et cela influence tout. La cuisine, qui Ă©tait autrefois le poumon de la maison en Afrique, se rĂ©duit aujourd’hui comme peau de chagrin. Les gens ne rentrent plus chez eux dĂ©jeuner, ils mangent le foutou en livraison. L’architecte doit accompagner ce changement

J’espĂšre que nous contribuons Ă  Ă©crire cette page de l’architecture ivoirienne. Nous n’avons pas encore de commandes sur d’autres continents mais nous espĂ©rons que cela viendra
 Les architectes africains installĂ©s en Afrique ne bĂ©nĂ©ficient malheureusement pas de la mĂȘme publicitĂ© que les architectes africains installĂ©s en Europe
 Ça ne m’empĂȘche pas de saluer au passage leur remarquable travail, qui favorise l’émulation et crĂ©e des vocations. Ils font notre fiertĂ©. Pour l’heure, nous nousconcentronssuruneproduction locale.

Abidjann’est-ellepasentrainde redevenirlacapitaledel’architec turemodernedel’Afrique?
OBJECTIF ABIDJAN

Pouvez-vous nous présenter la société AGROCI?

AGROCI est une sociĂ©tĂ© sƓur du groupe KirĂšne, rĂ©fĂ©rence dans le sec teur de l’industrie agroalimentaire en Afrique de l’Ouest. La sociĂ©tĂ© est installĂ©e en CĂŽte d’Ivoire depuis 2020 : elle produit et commercialise, depuis son usine de Bonoua, situĂ©e Ă 75km d’Abidjan, la marque d’eau minĂ©rale naturelle KirĂšne ainsi que jus de fruits PrĂ©ssĂ©a et les boissons au fruit PrĂ©s sĂ©a Fresh.

AGROCI ainvesti Ă cejour plus de 40 millions d’euros, grĂące notamment Ă l’appui apportĂ© par la SociĂ©tĂ© Fi nanciĂšre Internationale (SFI). Plus de 1000 emplois directs et indirects ont Ă©tĂ© créés.

franchissement des frontiĂšres en livrant des produits et denrĂ©es sĂ»rs et ïŹables aux consommateurs.

Les avantages de cette certiïŹcation sont nombreux et concrets.

Cette certiïŹcation ainsi que d’autres labels similaires nous permettent d’appliquer dans notre entreprise des pratiques et procĂ©dures reconnues Ă  l’échelle internationale.

Le respect de la norme nous oblige Ă  dĂ©ïŹnir clairement nos processus opĂ© rationnels, Ă ïŹxer des objectifs et Ă les mesurer.Cetravail est essentiel pour construire une entreprise productive et efïŹcace.

C’est un outil de communication inte ractive. La norme est un facteur innovant pour la gestion des risques et la communication structurĂ©e et maĂźtrisĂ©e dans toutes les directions, en interne comme en externe, avec nos fournisseurs et clients. Elle garantit une maĂźtrise efïŹcace des dangers.

mentaires au bĂ©nĂ©ïŹce des parties prenantes, internes et externes.

EnïŹn, elle favorise l’engagement des Ă©quipes, notamment en matiĂšre de productivitĂ©.

Cela impact Ă©galement les clients et les consommateurs. Ceux-ci ont la garantie que tous nos produits sont sĂ»rs et sont fabriquĂ©s en respectant des standards internationaux. C’est une assurance de qualitĂ©, de sĂ»retĂ© et de ïŹabilitĂ©

Comment contribuez-vous àla protection de l’environnement ?

Quelle que soit la taille de l’entreprise ou la nature des produits, les producteurs de denrĂ©es alimentaires sont responsables de la sĂ©curitĂ© de leurs produits et du bien-ĂȘtre des consommateurs. La norme ISO 22 000, relative au management de la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires, aide notre entreprise Ă identiïŹer et Ă maĂźtriser les risques qui menacent la sĂ©curitĂ© alimentaire. Ce label permet de rassurer les acteurs de la chaĂźne mondiale d’approvisionnement en produits agro-alimentaires et de faciliter le

C’est un engagement qui s’inscrit dans la dĂ©marche HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) et des autres plans de prĂ©vention qui garantissent la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires.

Elle permet d’accroĂźtre la satisfaction des clients en amĂ©liorant la gestion des rĂ©clamations, le contrĂŽle quali tĂ© et le suivi de la satisfaction de la clientĂšle.

Elle facilite l’accĂšs Ă denouveaux mar chĂ©s comme, par exemple, les chaĂźnes de fast-food internationales (KFC, Bur ger King, etc.) et les marchĂ©s publics qui exigent cette norme.

Elle augmente la transparen matiÚre de sécurité des denré

Àl’instar du Groupe KirĂšne, AGROCI aunengagement fort en faveur de la protection de l’environnement et du dĂ©veloppement durable. Cet engagement se traduit par le ïŹnancement de projets de valorisation des dĂ©chets plastiques, notamment les bouteilles plastiques avec des structures comme COLIBA pour le tri et la collecte et RECYPLAST pour le compactage et la transformation. Environ 200 millions

FCFAont Ă©tĂ© investis dans la RSE depuis notre adhĂ©sion Ă l’AIVP (Asso ciation Ivoirienne de Valorisation des DĂ©chets Plastiques).

Nous avons rĂ©cemment investi dans une ligne de production en verre pour la production de l’eau minĂ©rale KirĂšne et de l’eau minĂ©rale KirĂšne gazĂ©iïŹĂ©e.

Cet emballage est recyclable et rĂ©pond directement aux problĂ©matiques d’en vironnement et de qualitĂ©.

AGRO-INDUSTRIE DE CÔTE D’IVOIRE
Email :info@agroci.net TĂ©l. :(+225) 27 21 26 65 06 COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR LA QUALITÉ ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE AU CƒUR DE NOTRE STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT www.agroci.ci AGROCI 1Ăšre entreprise ivoirienne de boissons certiïŹĂ©e ISO 22 000 nce en Ă©es ali Entretien avec ALI FARÈS Directeur GĂ©nĂ©ral de AGROCI.

La tech toujours dans l’attente d’un Startup Act

D

ans un bureau de sa villa du quartier chic de Palmeraie, Ă  Abidjan, Ange FrĂ©dĂ©rick Balma se dĂ©sespĂšre. « Il y a actuellement trop de promesses non tenues dans l’écosystĂšme tech ivoirien », lance le fondateur de Lifi-Led, une start-up spĂ©cialisĂ©e dans la connectivitĂ© des zones rurales et des villes intelligentes. Pour ce membre engagĂ© de la communautĂ© tech abidjanaise, le remaniement ministĂ©riel d’avril 2022, qui a entĂ©rinĂ© la disparition du portefeuille du NumĂ©rique, augure mal de l’adoption d’un Startup Act ivoirien

Ayant trĂšs tĂŽt planchĂ© sur un projet de loi visant Ă  dynamiser l’entrepreneuriat dans les technologies et l’in novation, le pays d’Afrique de l’Ouest avait pourtant tout pour faire partie des pionniers, aux cĂŽtĂ©s du SĂ©nĂ©gal et de la Tunisie. Le projet a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en Conseil des ministres le 19 octobre 2021. InterrogĂ© par Jeune Afrique en avril 2022, le ministre Roger Adom se montrait confiant : « Les textes sont prĂȘts, il faut avoir une conversation avec le ministĂšre des PME et celui de l’Innovation pour savoir qui mĂšne le projet », confiait-il quelques semaines avant d’apprendre son Ă©viction du gouvernement.

Depuis, et malgrĂ© la validation au dĂ©but de 2022 par Alassane Ouattara d’une feuille de route gouvernementale ouvrant la voie Ă  un plan d’investissement de 3 milliards d’euros

afin de mettre en Ɠuvre « la stratĂ©gie nationale de dĂ©veloppement du numĂ©rique 2021-2025 », le dossier semble au point mort.

En attendant un sursaut des politiques, nombreux sont les porteurs de projet qui tentent d’avancer sans le soutien de l’État. « Ce qui manque, c’est plus l’accompagne ment des jeunes entrepreneurs que les financements », assure un ancien responsable de Taxijet, service pionnier de VTC Ă  Abidjan. Lui qui

ne tiennent pas le mĂȘme discours « Abidjan dispose des infrastructures suffisantes pour en faire une place attractive, indique RĂ©gis Bamba. L’environnement fiscal n’y est pas si lourd, la desserte d’électricitĂ© est stable, et la ville hĂ©berge une classe moyenne prĂȘte Ă  consommer »

LevĂ©e de fonds Ă  l’étranger

Si Djamo ne nourrit pas d’attente particuliĂšre concernant un futur Startup Act, c’est aussi que, en allant, trĂšs tĂŽt, lever des fonds Ă  l’étranger, elle a gagnĂ© une indĂ©pendance qui fait dĂ©faut Ă  beaucoup d’autres En avril 2021, elle a Ă©tĂ© sĂ©lection nĂ©e pour suivre le programme de Y Combinator, incubateur star de la Silicon Valley.

prĂŽne un modĂšle interventionniste Ă  l’image de ce que la France fait avec Bpifrance estime que « c’est Ă  l’État de mettre Ă  disposition des experts capables de suivre plusieurs entreprises en mĂȘme temps. Cela rassurerait les banques ». Il souligne aussi la nĂ©cessitĂ© de mieux former les fonctions support comme les mĂ©tiers de la finance, du commerce et de la logistique.

D’autres entrepreneurs, comme RĂ©gis Bamba et Hassan Bourgui, fondateurs de la fintech Djamo,

Bien que rĂ©alisĂ©e Ă  distance Ă  cause des restrictions de voyages liĂ©es Ă  la pandĂ©mie, cette expĂ©rience de trois mois lui a permis de se lier Ă  l’écosystĂšme tech amĂ©ricain en prĂ©sentant notamment son projet Ă  des centaines d’investisseurs des États-Unis. BĂ©nĂ©ficiant dĂ©jĂ  du soutien financier d’un business angel comme Youcef Es-Skouri, direc teur des produits chez DropBox, la start-up emploie plus de 100 personnes, revendique une croissance mensuelle de 20 % et prĂ©pare une premiĂšre levĂ©e de fonds (sĂ©rie A) Ă  six chiffres. Depuis sa crĂ©ation en 2020, Djamo a levĂ© au moins 425000 dollars sans aucun coup de pouce de l’État.

Parmi les entreprises innovantes qui fleurissent dans la capitale Ă©conomique, deux camps s’opposent.
Les uns rĂ©clament un cadre favorisant leur dĂ©veloppement, les autres avancent sans rien demander Ă  l’État.
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 202290 OBJECTIF ABIDJAN

QUESTIONS À


Marguerite Abouet

« Yopougon n’est plus le petit quartier que j’ai connu dans mon enfance »

JeuneAfrique:Est-cequeles habitantsduquartiersesont appropriéAya?

MargueriteAbouet: Ils vivent Aya! Je suis souvent sur place, Ă  Yopougon. Quand je me prĂ©sente anonymement, tout le monde s’en moque. Mais lorsqu’ils apprennent que je suis la scĂ©nariste d’Aya, les gens me sautent dessus. On me souffle mĂȘme des idĂ©es. Les Ivoiriens sont super fiers, car cette BD est connue dans le monde entier : en France, au Canada, au BrĂ©sil, au Sri Lanka, et mĂȘme en Asie du Sud. Ce personnage fait vraiment Ă©cole. C’est une ambassadrice, car elle fait des Ă©tudes et veut rĂ©ussir Aya Ă©tait un personnage de fiction qui ne l’est plus.

Quelschangementsmajeurs avez-vousobservésàYopougon encinquanteans?

Yopougon n’est plus ce petit quartier ouvert, aĂ©rĂ© et propre que j’ai connu dans mon enfance, dans les annĂ©es 1970. La classe juste n’existe plus. Je ne parle pas de la classe moyenne, mais de celle dont les enfants ne manquaient de rien et mangeaient trois fois par jour. Ceux-lĂ  avaient au moins un de leurs deux parents qui travaillait, et ils partaient en vacances au village, chez les grands-parents. Aujourd’hui, ces parents n’ont pas de retraite et doivent installer des baraquements de fortune devant leur maison pour vendre tout et n’importe quoi. Ils vivent avec leurs

enfants et leurs petits-enfants. Des piÚces ont été ajoutées à la maison avec les moyens du bord pour accueillir tout le monde Tout cela change la physionomie du quartier.

Qu’est-cequecettepaupĂ©risation traduit-elle?

Que le pays rĂ©gresse. Une grande partie de la population est marquĂ©e par la guerre civile. C’est celle qui occupe les bas-fonds de la ville minĂ©s par des trafics en tout genre : drogue, amours tarifĂ©s


Les gens vivent dans la pauvretĂ© et doivent choisir lesquels de leurs enfants iront Ă  l’école, en gĂ©nĂ©ral les garçons. Les enfants des rues, que l’on appelle « les microbes », disparaissent. Ils sont abandonnĂ©s, certains sont tuĂ©s. On ne s’intĂ©resse

jamais Ă  eux. On pourrait les former et les remettre sur le droit chemin.

Pluslargement,qu’enest-ilde l’évolutiond’Abidjanetdeses infrastructures?

Comme toutes les grandes villes, Abidjan s’étend de plus en plus. Et pas forcĂ©ment dans le bon sens. Il y a plus de 200 ghettos en CĂŽte d’Ivoire, qui ont Ă©tĂ© installĂ©s en plein cƓur d’Abidjan, notamment dans les quartiers chics comme Cocody. Ça vous change une ville. On construit de beaux Ă©changeurs et de jolis ponts, mais la population est lĂ©sĂ©e. DĂšs HouphouĂ«t, on a vu le petit plateau se crĂ©er, ce « petit Manhattan » bien industrialisĂ©, installĂ© lĂ  pour ce soit la premiĂšre chose que les Ă©trangers voient en arrivant Ă  Abidjan. C’était magique Ă  l’époque.

Or, aujourd’hui, ce n’est pas possible de laisser les gens vivre dans ces conditions, oĂč les rĂ©seaux de criminalitĂ©, comme les narco trafiquants venus du Niger et du Maroc, sont puissants. De petites associations viennent en aide aux enfants dĂ©laissĂ©s des ghettos, qui sont droguĂ©s la plupart du temps et commettent des larcins, mais elles sont dĂ©passĂ©es par la situation. PrĂšs de la moitiĂ© de la population est pauvre, le salaire moyen ne dĂ©passe pas 100 euros par mois, et le chĂŽmage est trĂšs Ă©levĂ© chez les jeunes. Abidjan est une mĂ©galopole, mais son taux de croissance ne profite pas Ă  tous.

PA TRICK GAILLARDIN / HANS LU CAS Couverture de l’album de Marguerite Abouet Aya de Yopougon
JEUNE AFRIQUE N°3117 OCTOBRE 2022 91 OBJECTIF ABIDJAN

unleadershipĂ conforter

Fin 2020, Afriland First Bank, la premiĂšre banque camerounais, aadoptĂ©unprojetd’entreprisedevant activitĂ©entre2021et2025etdontl’opĂ©rationnalisatio au nouveau Directeur GĂ©nĂ©ral CĂ©lestin GuelaSimo. prisedefonctionoïŹƒciellele28juillet2022,lenouvea gĂ©nĂ©rals’exprimesurlesdĂ©ïŹsquil’attendent

Parvenirausommet est difficile. S’ymaintenirl’estdavantage.Etesvousconfiantenl’avenir? Afriland First Banksemaintient au sommet de la hiĂ©rarchie bancaire depuis plus de dix ans grĂące Ă l’innovation permanente. Pour nous, l’activitĂ© bancaire n’a jamais consistĂ© Ă oïŹ€rir lesmĂȘmes produitsĂ  tout le monde.Nous recherchons continuellement des solutions adaptĂ©esaux besoins de chaque cible. Dans ce sillage et Ă  titre d’exemple, nous oïŹ€rons des produitsdeïŹnanceislamiqueĂ une ciblespĂ©ciïŹquequines’accommode pas des principesdela ïŹnance conventionnelle.

Pendant22ans,etĂ partirdepostes detravaildiïŹ€Ă©rents,j’aicontribuéà l’accompagnementpersonnalisĂ©des acteurs Ă©conomiques dontcertains sont devenusdes champions internationaux.Decepointdevue, oui, j’ai conïŹanceenl’avenir.Cet avenir est tracĂ©dans notreplan stratĂ©gique2021-2025quiconstitue notreboussole.

Le totalbilan d’Afriland First Bank est toujours aussi Ă©levĂ©. Ce leadership dansl’activitĂ© bancaire nationaleva-t-il de pair avec la qualitĂ©duportefeuilledecrĂ©dit?

Le danger pourtoute banqueest de rĂ©aliserledĂ©ïŹ de la soliditĂ© au dĂ©triment de la maĂźtrise des risques. Heureusement, pour nous, nos eïŹ€orts visant la soliditĂ©sont combinĂ©s Ă untravail rigoureux de respect desratios prudentiels Ă©dictĂ©sparnotrerĂ©gulateur.Ils’agit derĂ©aliserdesobjectifsquantitatifs

tout en veillant Ă laconform des opĂ©rations et Ă lamaĂźtr desrisquesliĂ©sĂ l’activitĂ©.Cet ïŹ‚exibilitĂ© est Ă mon avis l secretdelapĂ©rennitĂ©.Afriland FirstBankveutallerloindans l’Ɠuvre de contribution Ă  unecroissanceĂ©conomique sur le plan national et danslazoneCemac.C’est pourquoi nos Ă©quipes veillent jour et nuit au respect de ces exigences rĂ©glementaires. Toute chose qui nous garantit aujourd’hui une meilleure qualitĂ©deportefeuillecrĂ©dit

du marché

guiderson

On constate qu’Afriland First Bank ouvre de nouvelles agences enmĂȘmetempsqu’elleinvestitdans lesproduitsdigitaux. Cela n’est-il pascontradictoire?

LeproïŹlduclientdenotrecontexte est un proïŹlhybride, certains qualiïŹentcelade«phygical»:Ă lafois inscritdansunrepĂšregĂ©ographique (point de vente physique)et atteignable par de nouveaux canaux de communication tels que l’ordinateur ou le tĂ©lĂ©phone. C’est la raison pour laquelle nous allions maillage du territoire et investissementdansledigital.Notre rĂ©seaud’agences se densiïŹeaufur etĂ mesurequenousdĂ©veloppons nos produits de banque Ă distance etdelibre-servicebancaire:E.First, Sara Banking, SARAMoney Par ce double investissement,nous optimisons notre contribution Ă lapolitique gouvernementale d’inclusionïŹnanciĂšre.

AfrilandFirstBank:
nincombe AprĂšs sa uDirecteur itĂ© ise te e QUELQUESCHIFFRES AU30JUIN2022 -Totaldebilan: FCFA1614milliards -EncoursdesdĂ©pĂŽts: FCFA1340milliards -EncoursdecrĂ©dits: FCFA913,5milliards -VolumedeïŹnancementaux Etatsetorganismesdela CEMAC: FCFA434milliards CĂ©lestinGUELA DirecteurGĂ©nĂ©rald’AfrilandFirstBank Cameroun Placedel’IndĂ©pendance|BP:11834YaoundĂ©-Cameroun|TĂ©l.:(237)222233068|Fax:(237)222221785|E-mail:ïŹrstbank@afrilandïŹrstbank.com www.afrilandïŹrstbank.com COMMUNIQUÉ

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