JA 2671 DU 18 AU 24 MARS 2012

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Afrique subsaharienne une possible implication des hommes fidèles au rebelle tchadien Abdelkader Baba Laddé. Présents dans le centre de la Centrafrique depuis 2008, ils en ont récemment été chassés par une opération menée conjointement par les militaires tchadiens et centrafricains. Mais à Yaoundé, l’hypothèse la plus fréquemment évoquée attribue les massacres aux milices Djandjawid, venues du Soudan pour les besoins de financement des conflits intersoudanais. DÉGÂTS. En attendant d’établir les respon-

sabilités, des experts se sont rendus sur place pour constater les dégâts. Le constat est accablant. Selon l’ONG World Wildlife Fund (WWF), « l’avenir de l’éléphant de savane en Afrique centrale se joue aujourd’hui dans le nord du Cameroun. En effet, cette zone compte près de 95 % de la population d’éléphants du pays ». La riposte camerounaise est tout de même parvenue à réduire l’intensité du carnage dans ce qui était, avant d’être transformé en réserve, en 1960, le territoire de chasse du lamido de Rey Bouba,

QUE DIT LA LOI ? DEPUIS 1994, toute personne trouvée en possession de tout ou partie d’un animal protégé, vivant ou mort, est passible d’une peine de un à trois ans de prison ferme et d’une amende de 3 à 10 millions de F CFA.Toutefois, la transformation de l’ivoire dans l’artisanat local et la détention d’objets en ivoire travaillé à des fins commerciales sont possibles et subordonnées à l’obtention d’un permis délivré par le ministère des Forêts et de la Faune. Cette autorisation ne peut être délivrée que sur présentation d’un document justifiant de l’origine légale de l’ivoire. Dans ce cas, il doit provenir d’abattages encadrés par l’État dans des « circonstances exceptionnelles », notamment lorsque des éléphants, présents en trop G.D. grand nombre, présentent un danger pour l’homme. ●

puissantcheftraditionnelpeuldudépartement du Mayo-Rey. Mais comment empêcher que les braconniers ne reviennent à la saison sèche l’année prochaine? À Pékin ou à Tokyo, la demande ne faiblit pas et, en dépit de l’interdiction du commerce de l’ivoire, décidée en 1989, les filières illégales prospèrent. Elles partent généralement du Cameroun, de la Centrafrique ou de la RD Congo, où les éléphants sont abattus. Les défenses prennent ensuite

la route du hub sous-régional qu’est Khartoum, au Soudan. De là, direction la Chine, premier importateur mondial d’ivoire, ou le Japon – le kilo s’y négocie entre 750 et 850 dollars au marché noir. En signe de bonne volonté, Pékin a accepté de fermer quelques ateliers de sculpture de l’ivoire. Mais cela a très peu de chances de changer quoi que ce soit pour les éléphants camerounais. ● GEORGES DOUGUELI

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