HUGUES GUYOT Docteur en médecine vétérinaire et en sciences vétérinaires Spécialiste européen en gestion de la santé bovine (ECBHM) Professeur à la faculté de médecine vétérinaire, Clinique Vétérinaire Universitaire (CVU), Université de Liège, Belgique Coordinateur du certificat d'université vétérinaire urgentiste sécurité civile
Vétérinaire-urgentiste sécurité civile : le renfort approprié « One Health » Introduction
À côté de chez nous
Depuis une petite vingtaine d’années est apparu un concept intéressant d’approche intégrée de la santé publique, animale et environnementale : One Health. Une seule santé pour tous et pour tous les pays. Cette approche holistique permet entre autres de mieux affronter les maladies émergentes, dont certaines peuvent s’avérer pandémiques, comme nous le vivons actuellement avec le COVID-19. Souvent oubliés dans la gestion de crise et/ou la planification d’urgence, les vétérinaires jouent néanmoins un rôle majeur dans la cohésion de la santé au sens le plus large du terme. Ils sont l’interface indispensable entre l’Humain et l’animal, dans leur environnement. Ils sont dès lors compétents pour protéger la santé et le bien-être des êtres vivants, puisque leur domaine d’expertise recouvre de nombreuses thématiques d’actualité telles que la sécurité de la chaîne alimentaire, les résistances aux antibiotiques, les zoonoses, les maladies infectieuses émergentes, la protection de l’écosystème, la recherche en médecine (vétérinaire) comparée ou encore le bien-être animal… et de leurs propriétaires.
Nos voisins de l’Hexagone ont bien compris l’intérêt d’un vétérinaire formé au sein des services de secours. Il y a quelques décennies déjà, les Français ont créé un statut de Vétérinaire Sapeur-Pompier (VSP). Leurs missions sont réglementées (Décret 88-623 du 6 mai 1988) et s’entreprennent sous l’autorité administrative du SSSM (Service de Santé et de Secours Médical, composé de médecins, infirmiers, pharmaciens et vétérinaires sapeurs-pompiers), au sein d’un SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours). Ils dépendent également de la Défense et de la Sécurité Civile. Il existe environ 350 VSP en France, dont la toute grande majorité sont des vétérinaires indépendants. Ils font partie du personnel volontaire et leur disponibilité est tributaire de leur propre activité professionnelle. Depuis quelques années, ils sont intégrés dans l’effectif des pompiers.
De nos jours, la catastrophe, ou encore situation d’exception, devient de plus en plus fréquente dans nos vies et touche tant les humains que les animaux et l’environnement. Partant du concept One Health et des compétences élargies du vétérinaire, il est tout naturel de considérer ce dernier comme un chaînon (manquant) dans la gestion d’une crise. Même si son cursus de base est très diversifié, des connaissances s pécifiques sur la gestion d’une catastrophe, la médecine aiguë, la maîtrise de certains risques ou encore la collaboration efficace avec des services de secours et/ou de police s’avèrent indispensables. Pour rendre opérationnels des vétérinaires sur un chantier de catastrophe ou dans la gestion d’une crise, une formation adéquate et un statut officiel sont autant de conditions indispensables afin que leur intégration dans une cellule de sécurité (par exemple) soit optimale. Le rôle du vétérinaire pourrait transparaître tant dans l’urgence individuelle que dans l’urgence collective.
Au sein du SSSM, le VSP est enrôlé dans diverses missions telles que le conseil en hygiène et sécurité (contrôle des denrées alimentaires, conseils sur les zoonoses, envenimations, risques physiques liés aux animaux), le soutien sanitaire (hygiène alimentaire sur un campement ou chantier de catastrophe, soins aux chiens des équipes cynophiles), la formation des sapeurs-pompiers (risques animaliers, physiologie, comportement, capture, interventions animalières), la médecine vétérinaire d’aptitude (équipes cynophiles). Quant au rôle du VSP au sein du SDIS, il consiste à assurer les missions de secours d’urgence (sauvetage animalier), les opérations impliquant les animaux (animal dangereux ou agressif, capture, téléanesthésie, soutien aux équipes cynophiles), les opérations concernant la chaîne alimentaire (accident avec denrées alimentaires, pollutions du milieu naturel), et des missions de prévention (plans d’évacuation d’animaux, risques biologiques, catastrophes, écotoxicologie, événements, etc.). À côté de cela, le VSP peut aussi intervenir en renfort d’autres services tels que la Défense et la Sécurité Civile (conseiller technique à la cellule de crise lors de catastrophes).
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