"Je suis spectateur de moi-même"

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''Les doutes, c'est ce que nous avons de plus intime.'' Albert Camus

Roissy, 14 Mars 2011 On se retrouve là, à observer une foule grouillante que l'on avait presque oubliée. On se retrouve lié aux mouvements, aux signes, aux humeurs du monde, pour ne pas dire de ce monde. On se sent un peu étranger mais au fond comment peut‐on l'être, entouré de personnes qui cherchent toutes quelque chose? Les aéroports seraient‐ils devenus les nouvelles nervures du monde? Le trouble est bien présent, malgré les raisonnements, par‐delà les analyses. Quelque chose de bien vivant coincé entre le sternum et l'estomac. Le seul éclaircissement se cherche dans la causalité, pour tenter de ne pas tout confondre. Nous sommes fait de nous‐mêmes dans l'indissociable présence des autres et des autours. Mais il y a, quelque part, à reconnaître que ce sont les âmes qui modèlent l'environnement et par là ce que l'on y voit, ce que l'on y vit. Le paradis ne ressemblerait à rien si on s'y trouvait seul, ou ce serait seulement la conscience qu'en auraient ceux qui n'y sont pas qui le ferait exister en tant que tel. Notre être est interconséquent des êtres qui peuplent nos espaces. Le sens, au‐delà d'une affinité esthétique, ne se fonde pas sur ce qui entoure mais sur ce qui innerve. Aujourd'hui je me dois de ré‐établir une échelle de valeurs. J'ai un devoir, une nécessité de repenser mes rapports aux vivants et aux organismes différenciés ou spécifiés. Croire qu'une logique se pourra fonder au‐delà du concret ne paraît pas ici applicable. Il y a malgré toutes les belles paroles et un certain romantisme sous‐jacent aux relations humaines, une mise en sens relationnelle sans cesse à actualiser. Il serait presque égoïste de vouloir s'y soustraire.


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