Rodin l'homme et l'oeuvre, 1914

Page 89

LES DESSINS DE RODIN du moyen qu'il possède le mieux : le corps humain, ses mouvements et ses formes. C'est avec ce corps nu, je veux dire dépouillé des vains et faciles attributs par lesquels les artistes médiocress'efforcent de faire illusion sur la pauvreté de leurs idéologies, c'est

de la métaphysique. Il y parvient en se jouant. Amphores, fleurs, rochers, nuages, soleil, colère, anxiété, tout est exprimé par ce langage de chair, tout et surtout l'amour, avec son cortège infini de sentiments.

DANSEUSE CAMBODGIENNE (AQUARELLE)

« Un buste et quatre membres, dit-il, comme

avec ce corps nu que Rodin prétend établir l'allusion des symboles, et qu'il y réussit. Bien mieux, il se prive même d'un moyen, puissant à vrai dire, encore qu'étranger à l'art plastique : l'expression du visage. Il fait supporter à la ligne, aux modelés, aux gestes, la tâche écrasante de tout exprimer des émotions et des pensées, des rêves même, des idées

c'est infini ! que l'on peut raconter de choses avec cela ! »

L'exposition de ces dessins à la galerie Bernheim est une leçon, mais très élevée, et pas dans le sens où l'on serait tenté de la prendre. Par elle, Rodin semble dire aux jeunes gens : « Gardcz83


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.