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Inscription des centre-villes au Patrimoine Mondial de l’UNESCO Conserver les «vues» Tourisme Solutions originales

III. LE PRÉSENT DE CES VILLES B. PROJETS CONTEMPORAINS

Si les centres-villes paraissent assez intouchables, il est tout de même possible d’imaginer des nouveaux projets architecturaux pour les besoins actuels. Ce n’est souvent pas simple, mais c’est nécessaire.

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LE NOUVEAU MUSÉE DE L’ARA PACIS DE RICHARD MEIER A ROME

Construire à Rome c’est proposer un projet qui sera forcément scruté, décortiqué et analysé pour en évaluer la justesse dans la ville. Si les réglementations italiennes sont à priori strictes, il est possible de les remettre en question pour aller vers une cohérence architecturale du nouveau projet. C’est un vrai challenge pour l’architecte pour un architecte d’y faire accepter son projet. En 1995 est lancé un projet de nouveau musée devant accueillir l’Autel de la Paix d’Auguste et des expositions relatives. Ce nouveau projet vient en remplacement d’une ancienne structure datant de la période mussolinienne (démoli en 2001). C’est Richard MEIER qui remporte le concours. Pourtant, son projet ne fait pas l’unanimité. Aucune réalisation n’avait été réalisée dans le centre de Rome depuis les années 30.

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Fig 51 : Musée de l’Ara Pacis des années 30

Fig 52 : Musée de l’Ara Pacis par Richard MEIER

L’architecte se confrontait alors à un exercice complexe attirant presque forcément les foudres des politiques ou médias. La presse s’est emparée de cette polémique et beaucoup ont demandé la suppression du projet qu’ils jugeaient « trop contemporain ». D’autres architectes et spécialistes du patrimoine ont également commenté le projet : Federico ZERI, historien italien s’exclame : « MEIER connait la Rome antique aussi bien que je connais le Tibet où je ne suis jamais allé ! » ; c’est une « prothèse stupide » selon Massimiliano FUKSAS en 2003. 15 Face à la polémique et suite à son accession au pouvoir, Silvio BERLUSCONI fait cesser le chantier du musée déjà entamé. Richard MEIER est alors contraint de changer son projet et de faire une proposition plus proche de celle de l’ancien musée des années 30. Le chantier d’un projet, qui ne fait toujours pas l’unanimité, reprend en 2003 pour un édifice inoguré en 2005. Aujourd’hui encore, le projet trouve des réfractaires à l’évolution des centres anciens. D’autres ne sont pas du même avis : Jean NOUVEL s’indigne dans un entretien accordé au journal Corriere della Sera en mai 2006 : « Assez de tabou dans les centres historiques, construisez ! ». Dans ses polémiques, le projet de MEIER à Rome a réveillé la question : « peut-on faire du contemporain avec l’ancien ? Y-A-t-il une cohabitation possible ? ». Le débat du musée de l’Ara Pacis fut long, rude, engagé et toujours d’actualité. On peut dire que ce bâtiment fut indéniablement à l’articulation d’une nouvelle ère plus tolérante de Rome envers les projets contemporains. 66

15 Site internet ExibArt LE MACRO D’ODILE DECQ ET BENOIT CORNETTE A ROME

En 2007, Odile DECQ et Benoit réalisent le MACRO, musée d’art contemporain de Rome à 20 minutes à pieds des thermes de Caracalla. Dans une conférence donnée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon en 2012, l’architecte française Odile DECQ présente Rome dans son approche patrimoniale : « Ils sont extrêmement sympathiques, la nourriture est bonne, il fait toujours beau, la ville est magnifique, la lumière est belle… y travailler c’est une autre affaire ! ». En effet, de nombreuses contraintes sont imposées par la ville. La Surintendance en charge du projet (équivalent italien de notre commission des monuments historiques) a demandé à ce que l’intégralité de la façade de l’ancienne usine soit conservée sur rue pour un développement du projet à l’intérieur de l’enceinte de l’ancienne usine. Les architectes n’ont pas apprécié l’idée d’un simili-façadisme, ils ne voulaient pas masquer leur architecture contemporaine. Pour transgresser cette règle, l’agence a choisi d’évider l’angle de la façade sur rue pour y installer l’entrée du nouveau musée. Un nouveau monde contemporain était créé derrière les murs, mais pas « caché » derrière les murs. La commission a aussi exigé que le projet ne dépasse pas la façade d’origine. Or, c’était nécessaire pour accueillir le restaurant au-dessus des salles d’exposition en exploitant la toiture comme la tradition romaine le fait si bien. Un long dialogue de négociations ont finalement fini par aboutir pour les architectes et la commission a permis des écarts aux règles pour donner une cohérence au projet. Selon

Peter BAALMAN, collaborateur d’Odile DECQ,

si la législation italienne est très complexe, elle permet néanmoins le dialogue pour aboutir à un projet juste. L’Italie permet une certaine flexibilité des règlementations. Si en France les architectes ont la hantise de se voir confronté à des vestiges archéologiques, cela fait partie intégrante d’un chantier romain ou la ruine fait presque partie de la vie quotidienne. Lors du chantier du MACRO, des vestiges antiques ont été trouvés sur le site de projet. Cependant, ces traces de l’histoire ont été considérées comme non remarquables. Cette découverte a donc imposé une légère modification de la structure pour éviter de détériorer la ruine mais n’ont pas totalement stoppé le projet. Même si des ruines antiques sont présentes sur le terrain, elles n’ont pas grandement handicapé le projet contemporain et sa cohérence avec les usages du 21ème siècle. 16

LES HALLES DE PATRICK BERGER ET JACQUES ANZUITTI A PARIS

L’histoire du quartier des Halles est liée à celle du marché présent sur place depuis le XII ème siècle. Le marché proliférant, les constructions se multiplient avec le temps, formant un ensemble assez hétérogène. Entre 1852 et 1870, et en 1936 pour les derniers, 12 pavillons de fonte et de verre sont conçus par l’architecte Victor BALTARD. Dans les années 1970, le quartier change radicalement de visage avec le transfert à Rungis du marché de gros alimentaire des

16 CUILLERAT Mickaël, La ville musée a-t-elle un avenir au XXIème siècle ? Regard sur la ville italienne, 2013, mémoire de master d’un élève de l’ENSA Lyon

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Fig 53 : Le MACRO par Odile DECQ

Fig 54 : Les Halles Baltard du XIX ème siècle

Fig 55 : Image du projet des Halles de Patrick BERGER en 2016 68 Halles. La centralité du lieu est alors mise à profit pour l’installation d’une gare RER et métropolitaine de la ville. Suit l’ouverture de « l’ancien Forum » et de ses commerces en 1979, puis celle du « nouveau Forum » en 1985 avec ses équipements culturels et sportifs. C’est la plus grande opération d’urbanisme souterrain jamais entreprise en France. Plus de 30 ans après son ouverture, le site des Halles doit être restructuré et modernisé du fait du vieillissement de ses structures ainsi que l’évolution des normes de sécurité. Ni table rase, ni retouche superficielle, le projet se prévaut tout à la fois de «l’aménagement urbain, de la création architecturale et de la rénovation en profondeur.» 17 C’est une réorganisation de l’espace public en surface et une recomposition des espaces souterrains. On peut s’interroger sur la forme architecturale des nouvelles halles qui semblent bien s’affranchir de leur image du XIX ème siècle. La «Canopée», avec sa structure acier et ses 18 000 écailles de verre, a une esthétique organique qui n’a plus rien à voir avec Baltard. Comme presque tout nouvel édifice dans un centre de métropole, le projet de Patrick BERGER a eu le droit à son lot de remarques et comparaisons ; les parisiens l’assimilent à une «soucoupe volante» 18 . Le prix du bâtiment qui double entre la prévision et la construction (120 millions à 250 millions d’euros) n’est pas non plus réellement au goût des contribuables parisiens qui n’ont pas manqué de s’indigner devant la manque d’étanchéité ou la couleur «jaune lavasse» ou «beurre rance» de la

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Canopée.

parisleshalles.fr

Le Monde.fr

En revanche, la nouvelle proposition de Patrick BERGER s’accorde avec les besoins contemporains. La fonction des halles reste similaire dans le temps mais s’adapte à son époque. D’une certaine manière c’est une façon de conserver le patrimoine. Le lieu reste une place de rencontre incontournable de Paris quelque soit l’époque.

LA SAMARITAINE DE SANAA A PARIS

«Rénover et mettre en valeur un patrimoine architectural exceptionnel, accueillir de nouveaux usages nécessaires à la vitalité du cœur de Paris dans des immeubles exemplaires en matière d’écologie urbaine, renouveler l’image de la Samaritaine par un geste architectural contemporain et innovant sur la rue de Rivoli.» Tels sont les slogans que l’on peut lire sur le site internet présentant le nouveau projet difficilement en juin 2015) de la Samaritaine à Paris.

La Samaritaine est constituée de trois grandes parties : le «Magasin Principal», construit dans le style Art Déco donnant sur le Quai du Louvre, l’immeuble «Jourdain», de style Art Nouveau construit en 1910 et l’îlot «Rivoli», aujourd’hui partiellement démoli. A l’origine, les immeubles que l’on appelle aujourd’hui «Samaritaine» sont des logements construits à la fin du XVIII ème siècle. Les immeubles sont rapidement achetés par un même homme d’affaire qui décide de réaliser (dont le permis de construire a été obtenu

des locaux commerciaux. Le premier magasin de la Samaritaine ouvre en 1870. Au fil du temps, le propriétaire acquiert les bâtiments voisins dans le but de créer un grand bâtiment unitaire avec une façade sur la rue de Rivoli et l’autre sur le quai du Louvre. C’est en 1904 que Frantz JOURDAIN dessine le plan unificateur de ce projet. S’enchaînent dans les années 30 une série de chantiers d’extension pour aboutir à quatre grands magasins.

Fig 56 : La Samaritaine, un assemblage de différentes époques

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Fig 57 : La Samaritaine aujourd’hui en travaux

Fig 58 : Image du projet de la Samaritaine par SANAA 70 En 2005, malgré d’importants travaux de mise aux normes, la Samaritaine est fermée au public après avis défavorable de la Préfecture de police à la poursuite de l’exploitation pour des raisons de sécurité incendie. À l’initiative de la Ville de Paris un comité de site examine différentes hypothèses de réouverture. Le diagnostic technique démontre l’impossibilité de répondre aux normes incendie sans porter atteinte au patrimoine remarquable. Il est alors nécessaire de réaliser d’importants travaux de restructuration pour faire renaître le site. En 2009, une consultation d’architectes met en compétition l’agence d’HERZOG & DE MEURON et l’agence SANAA. C’est le projet japonais qui est retenu en raison de sa meilleure insertion dans le paysage urbain La nouvelle rénovation consiste à adapter à des usages contemporains une partie des anciens magasins de la Samaritaine. Le projet se promeut comme une mixité des formes architecturales et une mixité sociale de par ses différents éléments programmatiques : hôtel de luxe, commerces, bureaux, logements sociaux, crèche. Cette mixité programmatique a permis le sauvetage de la Samaritaine. En effet, les règlementations de sécurité ne sont pas les mêmes pour des commerces et des logements. Un bâtiment au programme exclusivement commercial était plus contraignant au niveau des évacuations et n’aurait pas permis de concilier respect du patrimoine et respect de la sécurité des personnes. En modifiant les proportions des affectations du bâtiment, les maîtres d’ouvrages ont pu jongler avec les réglementations et rendre le projet concevable. Le projet de réouverture a pour but de redynamiser le quartier qui a souffert de la fermeture de 2005. Le bâtiment originel du début du XX ème

siècle était construit sur un système de patios

pour éclairer tous les niveaux de l’immeuble de commerces. Peu à peu, l’immeuble a connu des extensions qui ont occulté la lumière, rendant le projet plus compact et complexe. La proposition de l’agence SANAA oppose à cette situation un plan masse plus clair. Inspirées du hall Jourdain qui constitue le centre emblématique du magasin, de vastes patios éclairés naturellement par la lumière zénithale sont créés au cœur de l’îlot Rivoli. Un «passage parisien» traversera les îlots déclinant des ambiances à la fois contemporaines et historique. Trois cours rythmeront la nouvelle promenade liant la rue de Rivoli au quai du Louvre. La renaissance du site sera l’occasion de réaliser le projet inabouti de Frantz JOURDAIN en donnant à la Samaritaine une façade rue de Rivoli. La proposition de l’agence Sanaa reprend le chantier en ce point précis où il s’est interrompu pour proposer un renouvellement de l’image de la Samaritaine sur l’espace public. Il est prévu de reconstruire la verrière telle qu’elle a été construite en 1905, ainsi que l’escalier monumental du hall Jourdain. L’identité architecturale de la nouvelle Samaritaine se construira dans un dialogue entre conservation et création. A côté du patrimoine architectural art Nouveau et Art déco hérité des architectes JOURDAIN et SAUVAGE, qui sera restauré et mis en valeur, l’architecture contemporaine du futur îlot Rivoli matérialise l’esprit d’évolution de la Samaritaine. 19 Le bâtiment de SANAA est caractérisé par une façade de verre ondulé qualifiée de «rideau de douche» par la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) et SOS Paris, qui sont allés en justice pour arrêter les travaux. En janvier 2015, la cour 71

19 projet.samaritaine.com administrative d’appel confirme l’annulation du permis de construire. LVMH, maître d’ouvrage, fait appel, et obtient finalement gain de cause. Cette décision permet au groupe LVMH d’obtenir les autorisations administratives pour toute «construction de projets d’architecture contemporaine pouvant déroger aux registres dominants de l’architecture parisienne et pouvant retenir des matériaux ou des teintes innovants».

LE SHARD DE RENZO PIANO A LONDRES

Alors que les métropoles se livrent à une course à la hauteur on voit émerger dans les vieilles métropoles européennes de nouvelles problématiques liées à l’impact paysager des tours. Londres a ainsi dû revoir sa politique de régulation de la skyline. Depuis les années 2000, une dizaine de tours ont été construites et près d’une cinquantaine sont en passe de transformer radicalement la ligne d’horizon londonienne, chargée d’histoire et de symboles. Ces nouvelles tours tendent à assumer la stature de métropole économique de Londres. Ces nouvelles tours suscitent cependant débats et controverses, autour de la question du respect du patrimoine bâti. Le Shard, plus haute tour européenne (310m), est un bâtiment qui représente bien toutes ces controverses. Construire une tour, c’est aussi modifier la skyline urbaine. Le projet de tour Shard, dévoilé en 2000, est la première tour mixte de Londres, une ville verticale mêlant commerces, bureaux, hôtel 5 étoiles, logements et plate-forme d’observation. Son architecte, Renzo PIANO, avait déjà connu les controverses avec le musée Pompidou à Paris. La tour, achevée en 2012,

se situe à London Bridge, sur la rive Sud de la

Tamise, en face de la City de Londres. Sur demande de l’organisme statutaire en charge de la protection du patrimoine en Angleterre, English Heritage, une enquête publique est ouverte sur l’impact de la tour en 2003. English Heritage dénonce l’intrusion du gratte-ciel dans l’arrière-plan de la vue protégée de Saint-Paul’s cathedral depuis le nord-ouest du centre-ville. La mairie de Londres reconnaît l’altération la vue sur la cathédrale mais souligne que ses qualités architecturales sont telles qu’elles compensent cette intrusion dans le paysage. L’UNESCO s’en est même mêlé, jugeant qu’il nuisait à « l’intégrité visuelle » de la Tour de Londres, inscrite à son patrimoine mondial. La question de la gestion de la conservation génère souvent des débats qui cachent souvent des intérêts financiers ou politiques et vont parfois jusqu’aux batailles juridiques et médiatiques. 20 Richard ROGERS, architecte et conseiller principal au design auprès de la mairie, fait alors glisser le débat vers la subjective « qualité architecturale ». Pour soutenir le projet de Renzo PIANO, il déclare pour le journal Telegraph en 2001 que le Shard est un « chef d’œuvre d’architecture et de design. Le contraste entre le dôme de Saint-Paul et la flèche de verre transparente de Shard renforce la silhouette de la cathédrale ». L’architecture du Shard a dû beaucoup évoluer au rythme des amendements demandés par la Commission for Architecture and the Built Environment, la mairie d’arrondissement de Southwark et English Heritage : la hauteur de la tour est passée de plus de 400 m à 310 m, son revêtement opaque a été remplacé par 72

20 Georg GERMANN et Dieter SCHNELL, Conserver ou démolir ? Le patrimoine bâti à l’aune de l’éthique, Editions Infolio, 2014, p. 9. du verre transparent et sa forme pyramidale étirée verticalement afin que le sommet soit le plus fin et transparent possible. Le Shard se veut en écho aux flèches des églises et des mats des navires du Londres de CANALETTO. La tour pourrait ainsi susciter selon PIANO une admiration similaire à celle que les Londoniens vouent à Saint-Paul ou les Parisiens à la Tour Eiffel. Si le permis de construire de Shard est validé en 2003, la construction ne débuta pas avant 2009. Comme le Swiss Re de Norman FOSTER, surnommé le « cornichon de la City, le Shard révèle aussi comment les considérations esthétiques et environnementales sont mobilisées pour légitimer le projet et compenser l’intrusion de sa silhouette dans le paysage de la ville. Il marque aussi la volonté d’instrumentaliser l’architecture audacieuse de certaines tours pour la promotion des intérêts des acteurs économiques et politiques. Dans la voie ouverte par les gratte-ciel Heron, Swiss Re et Shard, les projets de tours se sont multipliés. En 2011, sur 404 projets d’immeubles de grande hauteur (supérieure à 30 m) soumis aux municipalités du Grand Londres, 223 ont été approuvés et 64 sont en construction. En réponse, une réglementation visant à protéger les perspectives et vues des monuments historiques contre la prolifération des tours a été mise en place par la municipalité de Londres en 2007. La London View Management Framework est une des législations élaborées par la municipalité en 2007. Elle a pour objet de clarifier les règles du jeu entre les parties (mairies d’arrondissement, promoteurs, investisseurs, architectes, organismes de préservation du patrimoine et associations) pour protéger la mise en scène du patrimoine. La LVMF identifie des monuments à protéger dans le skyline

(Saint-Paul, le Parlement, la Tour de Londres,

Buckingham Palace…) et des vues protégées dans lesquels la silhouette de ces monuments doit pouvoir être vue distinctement dans la ligne d’horizon. Sont ainsi fortement contrôlés les édifices proposés devant et en arrière-plan depuis des points de vue définis. Le débat reste donc vif et porte encore et toujours sur la pertinence des tours dans la ville patrimonialisée. D’un côté, la mairie de Londres souligne la qualité architecturale, le besoin de densification et la contribution des tours au statut de Londres. De l’autre, English Heritage dénonce toujours l’intrusion des tours dans les perspectives des monuments mais aussi dans des compositions paysagères qui n’ont pas été protégées par la LVMF. La skyline des villes est une dimension du paysage urbain, une composition évolutive plus ou moins maîtrisée, coproduite et interprétée, résultant des interactions et intentions des architectes, promoteurs, résidents, associations, urbanistes et hommes politiques. Dans cette acception, la skyline est un enjeu de pouvoir et de construction identitaire passées, présentes et futures. 73

Fig 59 : Logo du site touristique «The View from the Shard» qui tend à renforcer l’aspect marquant de la tour dans la ville

Fig 60 : Skyline présentant le Shard et Saint

Paul’s Cathedral