De la friche artistique à l'ilot mixte - PFE ENSAM

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MANON DECK SABLON

DE la friche artistique a l’ilot mixte - PERENNISER LES HABITANTS ET USAGERS DES QUARTIERS EN MUTATION Projet de fin d’études - Juin 2019 Domaine d’études et d’approfondissement Situation(s)

S ous la direc tio n d ’An ne Sistel Membres du Jury :A. Sistel, architecte, docteure en urbanisme, Maître de conférences ENSA de Montpellier K. Mamou, architecte, docteure en sociologie, Maître de conférences ENSA de Montpellier A. Néagu, architecte, Maitre-assistant associé ENSA de Montpellier F. Cérèse, architecte, docteure en urbanisme R.Célaire, ingénieur, Maitre de conférences ENSA de Montpellier P. Courtade, architecte, Maître de conférences ENSA de Toulouse

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier



REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur de projet de fin d’études Anne Sistel pour son implication dans ce travail. Sa méthodologie de travail et son enthousiasme m’ont encouragés à avancer tout le long du semestre. Je tiens aussi à remercier tous les professeurs qui m’ont transmis leurs connaissances. Enfin, je voudrais dire merci à toutes les personnes qui m’ont apportées leur aide, tout particulièrement mes parents pour leur soutien.

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sommaire Introduction

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A // Les friches artistiques et la gentrification 1 / Les lieux de création et de diffusion artistique (ou friches artistiques) a. b. c. d.

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Création alternative et précarité Des modèles de fonctionnement et d’économie très variés Caractéristiques spatiales et intégration dans leur territoire Le cas de la Cour Vergne

2 / Initiateurs et victimes de la gentrification

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a. Définition et processus de la gentrification b. La culture, initiatrice et victime de la gentrification c. La gentrification par la culture, processus spontané récupéré par les pouvoirs publics d. Quels outils pour la contrôler, et garder l’identité du quartier ? e. Le cas de Montpellier, du quartier de Figuerolles et de la cour Vergne

B // Exemple de réponse à Figuerolles : L’ilot Vergne, une interaction d’habitants et d’artistes 1 / De l’analyse à la programmation

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a. Figuerolles, un quartier dans l’entre-deux à l’entrée du centre-ville b. L’Ilot Vergne, une situation stratégique c. Programme : pérenniser les habitants/usagers dans un ilot mixte 2 / De la friche artistique à l’ilot mixte : les Ateliers évolutifs Vergne a. b. c. d.

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Un projet phasé avec différents acteurs pour une transition en douceur Un croisement et des voiries apaisées L’ilot mixte Les Ateliers Vergne, lieu de création évolutif

Conclusion

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Bibliographie

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introduction Pour ce dernier projet au sein de l’école, j’ai voulu continuer à travailler sur les sujets abordés lors de mon mémoire. Le sujet était «Les occupations temporaires dans les bâtiments vacants», tourné vers les occupations légales et les nouvelles pratiques qui s’en dégageaient (exemple le plus connu : Les grands Voisins à Paris). Ces occupations légales étaient pour la plupart des lieux de création et/ou de diffusion artistique, plus communément appelées ‘friche artistique’ ou ‘friche culturelle’, et la place qu’occupent les artistes dans notre société est devenue une thématique me tenant à cœur. Une des conclusions de ce travail, outre que ces espaces partagés permettent une dynamique importante dans le monde artistique et souvent une ouverture vers des publics variés, est qu’il manque de manière générale des lieux de création (et diffusion artistique), et que ce temporaire est souvent choisi par défaut, pour des questions de moyen (les baux temporaires étant moins chers). De plus, ces pratiques «d’urbanisme temporaire ou transitoire », ont leur limite dans le sens où celles-ci sont souvent « vendues » comme un test d’usage des lieux préfigurant l’aménagement futur, mais au final impactent souvent peu la programmation des futurs projets. Les lieux de création artistique sont peu présents à Montpellier. On peut tout de même citer la Cour Vergne, connue sous le nom de la Friche de Mimi, qui est en réalité le nom d’une des associations d’artistes occupant le lieu. La Cour Vergne est constituée d’anciens entrepôts situés dans le quartier Figuerolles, qui est désormais un quartier en pleine évolution. Ces entrepôts ont été loués à bas prix à des artistes (lorsque l’activité commerciale cessa), et ont fait de La Cour Vergne un haut lieu de création artistique, très bien intégrée dans ce quartier à l’histoire alternative chargée. Celle-ci a été vendue récemment (et les artistes ont été contraints de quitter leurs ateliers) au profit d’un promoteur peu soucieux de l’histoire du lieu et proposant un projet de logements assez contestable. En réponse à ce projet polémique, un collectif s’organise et lutte pour le maintien de ce lieu, ou tout du moins un futur usage plus adapté à l’intérêt collectif et plus écologique, et d’autres habitants s’inquiètent de la gentrification du quartier. En effet, ces lieux de création artistiques précaires, ou les friches artistiques, induisent souvent une gentrification du quartier dans lequel ils se sont implantés, et sont ensuite les premières victimes de la pression foncière. On peut se demander quel programme permettrait de pérenniser les habitants et usagers (artistes) du quartiers , en répondant à leurs besoins. Nous verrons donc dans un premier temps les caractéristiques de ces lieux de création (et éventuellement diffusion), ces friches artistiques, en particulier La Cour Vergne et son histoire. Ensuite, nous essayerons de comprendre comment ces lieux sont les initiateurs et les victimes de la gentrification, avec une attention particulière sur le quartier de Figuerolles. Dans un deuxième temps, nous proposerons une réponse possible, permettant de pérenniser les lieux de création artistiques ainsi que d’accompagner de façon douce une gentrification inexorable, en l’appliquant sur Figuerolles et l’ilot Vergne.

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LES FRICHES ARTISTIQUES ET LA GENTRIFICATION Nous allons d’abord définir rapidement les friches artistiques, et présenter celle de la Cour Vergne puis nous verrons comment celle-ci induisent puis sont victimes de la gentrification

« Nous sommes nombreux, nous ne sommes pas assez, et pourtant, nous risquons de disparaître » Tribune d’alerte du collectif Wonder



1. Les lieux de création et de diffusion artistiques alternatifs, ou friches artistiques A. CRÉATION ALTERNATIVE ET PRÉCARITÉ Depuis une trentaine d’années en France, et plus largement en Europe, se sont développées des friches artistiques conduites par des collectifs d’artistes en marge – volontairement ou malgré eux – du monde culturel reconnu. Des mouvements de contre-culture (culture off ) et auto-gestionnaires se sont développés dans des grandes villes d’Europe du Nord dans les années 19701. Des squats d’artistes se sont également installés dans des bâtiments inoccupés, souvent en périphérie des villes, là où les industries étaient implantées et ont périclité, mais aussi plus récemment en leur centre dans des bâtiments administratifs ou tertiaires (ateliers, garages, hôpitaux, bureaux…). Ces lieux sont des lieux de création artistique alternatifs, c’est-à-dire des « lieux d’art et de culture collaboratifs et expérimentaux », « préservant une autonomie de l’art vis-à-vis des logiques marchandes ». Ils sont aussi des lieux de vie collective, « issus de la société civile où s’élaborent des biens communs, où s’expérimente une démocratie culturelle en actes »2. Fazette Bordage, fondatrice de Mains d’œuvres, parle de ces friches culturelles comme des lieux « d’utopie concrète »3. En effet, nombre de ces lieux expérimentent aussi jusque dans leur gestion du site (modèle de gouvernance, développé plus bas), avec une appropriation de l’espace et des liens sociaux propres à cette expérience. Illégaux au départ, ils ont parfois pu conclure des conventions d’occupation des locaux, payantes ou gratuites selon les cas. L’occupation organisée de bâtiments et d’espaces abandonnés s’est imposée dans les années 80/90 en France, comme celle du Confort Moderne à Poitiers, de l’Usine Ephémère à Paris4(1987-1990). Si certains ont été pérennisés avec l’aide de l’Etat ou des villes (même si souvent ceux-ci les ont acceptés contraints et forcés par un fait accompli, la pression des associations, voire des populations), comme le Confort Moderne, ou mené en partenariat avec les institutions comme la Friche Belle de Mai à Marseille5, la plupart sont dans une situation précaire. En effet, les artistes ou collectifs d’artistes sont la plupart dépendants d’une location dont ils savent qu’elle prendra terme à un moment donné, quand il sera plus rentable pour le propriétaire de vendre que de le louer à bas prix. Certains s’installent dans des occupations temporaires lors de démarches d’ « urbanisme transitoire ou temporaire », gérées par des collectifs professionnels, , dont l’échéance est donnée et encore plus courte (souvent de un à trois ans). La Halle Papin en est un exemple, gérée par le collectif Souk Machine, ou encore Le Wonder géré par Plateau Urbain. Et même lors de ces occupations temporaires précaires, les artistes sont désormais mis en concurrence avec des modèles plus lucratifs, comme le dénonce Le Collectif Wonder : « Les Lieux indépendants doivent trouver leur place sur tous les territoires, y compris les métropoles saturées par les projets de renouvellement urbains, avec l’accompagnement des collectivités. La ville est un droit et ne peut pas être laissée en proie aux seuls intérêts du marché. »6

1 THURIOT Fabrice ,Les friches culturelles : de l’expérimentation artistique à l’institutionnalisation du rapport au(x) public(s)… et inversement 2 Charte de la Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants 3 PRUDHOMME Mona, Les friches culturelles sont des utopies concrètes, Enlarge your Paris, Libération 4 DUPLAIX Sophie, Artiste à l’Usine Éphémère 5 Site de la Friche Belle de Mai http://www.lafriche.org/fr/histoire 6 Tribune du Collectif Wonder, Friches artistiques : marge ou crève, Libération

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La Chapelle

La Friche Belle de Mai

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B. DES MODÈLES DE FONCTIONNEMENT ET D’ÉCONOMIES TRÈS VARIÉS Le fonctionnement de ces lieux a été étudié grâce au livre Lieux infinis écrit par les architectes Encore Heureux à l’occasion de la biennale d’architecture de Venise 2018, ainsi que les sites internet Trans Europe Halles et Artfactories, qui recensent des friches artistiques et leur permet une mise en réseau plus facile. On retrouve dans la gestion de ces lieux un vrai désir de mettre en place une gouvernance horizontale et de tester une démocratie participative. Ce lieu de travail, mais aussi de vie collective, est une occasion d’expérimenter aussi une gouvernance partagée. Ce sont donc la plupart du temps des associations qui gèrent ces lieux, souvent composée des artistes qui travaillent sur place, comme le 6B à Saint-Denis. On trouve aussi des associations collégiales (sans président !) comme le Tri Postal à Avignon. Enfin, quelques une de ces friches culturelles sont des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) comme la Friche Belle de Mai à Marseille, et d’autres, institutionnelles, sont des établissements publics de coopération culturelle, comme les Ateliers Médicis à Clichy-Sous-Bois. Ces associations et autres sont rarement propriétaires de leur terrain et bâtiment. Cela peut être des propriétaires privés, louant à bas prix en attendant une occasion de vendre ou de le transformer. La SNCF est propriétaire de beaucoup de bâtiments de friches culturelles. En effet son patrimoine inutilisé est très important ; « la SNCF est l’un des plus importants propriétaires fonciers de France »1, et celui-ci est intéressant pour installer ce type de lieux grâce aux généreux volumes des gares etc. On peut citer par exemple La Station à Aubervilliers. Quand l’Etat ou les collectivités sont propriétaires de ces lieux, et si ils veulent coopérer, cela peut permettre de rendre pérenne ces derniers. Ces friches artistiques sont donc en majorité précaires, dépendant du bon vouloir des propriétaires, comme Main d’œuvre à Saint-Ouen, installés dans un bâtiment appartenant à la mairie depuis 2001 et dont le bail est arrivé à terme en 2017. Celui-ci a été rallongé mais de courte durée, ce lieu cessera bientôt d’exister, malgré sa réussite. Des baux de très longue durée, et donnant les droits et les devoirs d’un propriétaire(baux emphytéotiques) peuvent être mis en place pour une semi pérennisation, mais cela arrive quand les propriétaires sont une collectivité. On peut tout de même citer le lieu La Chapelle à Toulouse, gérée par l’association L’Atelier Idéal, qui tente en ce moment de racheter le terrain et bâtiment appartenant à la mairie, autogéré depuis 1993 sans aucune subvention, grâce à des levées de fond. Ils ont 5 ans pour lever 140 000 euros, et en sont déjà à 38 000.2 Ce rachat leur permettra une vraie indépendance, et de s’investir vraiment dans le lieu sans craindre de devoir quitter celui-ci à un moment donné. Le fonctionnement économique est également très différent selon les lieux. Certains comme La Chapelle citée juste avant proclament une autonomie et une indépendance totale vis-à-vis des institutions, leur économie reposant sur la cotisation des artistes ayant des locaux dans le lieu, les dons, la vente de tickets pour des spectacles, la vente de boissons, et un engagement de la part de bénévoles. La plupart dépendent quand même, en plus des recettes qu’ils peuvent générer, de subventions publiques et privées. Par exemple, la Friche Belle de Mai à Marseille s’appuie sur 75 % de subventions publiques et privées (Ville de Marseille, collectivités territoriales, état, mécènes) et 25 % de ressources propres (vente de billets, location d’espace). Le 6B ne dépend qu’à 20 % de subventions publiques et privées (Ville de Saint-Denis, Etat, établissement public territorial Plaine Commune, Conseil général 93, Direction générale des affaires culturelles, Région Ile-de-France, Fonds Brémond, Quartus) et 80 % de ressources propres (location d’ateliers, soirées et évènements divers). Ces fonctionnements et économies reflètent des volontés assez différentes : marcher avec les institutions ou sans elles. En effet, les cultures émergentes questionnent les cultures institutionnelles, et ces lieux 1 Site de la SNCF (immobilier) : https://www.sncf.com/fr/reseau-expertise/activites-immobilieres/sncf-immobilier/ decouvrez 2 Site pour la collecte de fonds pour le rachat collectif du lieu La Chapelle : https://www.helloasso.com/associations/ la-chapelle/collectes/du-squat-au-rachat-collectif

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intermédiaires questionnent les politiques publiques tant en matière culturelle, sociale que urbaine. Certaines peuvent également organiser des débats contre la politique actuelle etc… . Il est cependant difficile d’exister sans ces institutions (et leur apport économique) et plus pragmatiquement, des complémentarités peuvent se recenser en termes de partenariats des différents acteurs.

C. CARACTÉRISTIQUES SPATIALES ET INTÉGRATION DANS LEUR TERRITOIRE D’après mes observations, notamment lors de l’écriture de mon mémoire3, et des conversations avec des acteurs de ce milieu (interviews d’artistes de la Friche Mimi, etc.), les besoins en termes d’espace pour les artistes sont très variés suivant leur activité. Certains n’ont pas d’autre besoin que des bureaux classiques, alors que d’autres vont avoir besoin d’une grande hauteur sous plafond et en général de grands volumes. Les plasticiens vont avoir besoin d’une lumière constante telle que la lumière du nord. Certains utilisent des machines assez bruyantes. Il est intéressant pour eux de rencontrer d’autres artistes pour pouvoir échanger et collaborer, par le biais d’espaces communs et une facilité pour se rendre dans les différents ateliers. Ces ateliers sont plutôt occupés la journée en semaine mais peuvent aussi être occupés le soir ou le week-end suivant les rythmes de travail. Certains artistes apprécient de vivre sur leur lieu de travail alors que d’autres préfèrent avoir un espace de travail et un espace d’habitation distinct. La plupart des friches artistiques organisent des évènements et expositions, et doivent donc être aux normes ERP. Quand cela est trop compliqué et qu’ils disposent d’un espace extérieur, ils l’utilisent pour accueillir du public. Les artistes recherchent en général une localisation proche du centre-ville. Le fait d’utiliser des friches pour installer ces lieux de création (et des fois diffusion) vient surtout d’une problématique économique ; en effet, il est évidemment moins cher de louer et de remettre un peu en état un bâtiment que d’acheter un terrain et de faire construire un bâtiment neuf. Il y a également un attrait pour l’esthétique de la friche (surtout de bâtiments industriels et de gares), qui est une esthétique contemporaine de la ruine, un vestige de l’ère industrielle, dans l’imaginaire collectif occidental. Cet attrait est une nostalgie a posteriori pour ces friches par une génération qui n’a pas connu la fin des Trente Glorieuses, et qui puise ses racines dans les soubresauts cycliques de la mode, un peu comme le mouvement vers le rétro et le vintage qu’on observe actuellement. 4 Les friches artistiques sont un atout pour le quartier dans lequel ils s’implantent. En effet, la plupart de ces lieux revendiquent un fort rapport à leur territoire et composent aussi avec lui, surtout dans le cas où ils font aussi de la diffusion. Ils visent un public très large : tout le monde ne va pas dans les lieux culturels plus classiques car certaines personnes ne s’y sentent pas à l’aise, ou n’auraient pas l’idée d’y aller. Cela permet donc de faciliter l’accès à l’art pour tous par la proximité et l’ouverture de ces lieux. Certains travaillent avec les associations du quartier, comme le lieu DOC à Paris, et lors d’évènements, des dispositifs sont mis en place pour attirer la population locale. Par exemple, le collectif SoukMachine gérant le lieu La Halle Papin à Pantin distribue des tickets pour une consommation gratuite lors des marchés aux habitants pour les inciter à venir aux évènements organisés, et propose la plupart du temps des entrées à prix libre. Cependant, ils sont souvent accusés de participer à une gentrification, que nous verrons plus en détail par la suite, car même en dépit des efforts déployés par ces lieux, on constate tout de même une fréquentation majoritairement de « classe créative »5. Un des gérants du lieu La Station – Gare des Mines déclarait à propos de ce lieu : “On n’a pas fait d’étude de public au sens strict mais on n’est pas non plus naïfs : on sait que par le biais des réseaux sociaux on s’adresse déjà à un type de public qui fait partie de cette “classe créative”. On essaye à travers certains événements de s’adresser à des publics différents comme avec le Festival des Solidarités organisé avec les Maisons des Associations du 18ème et 19ème arrondissement et d’Aubervilliers sous une forme de carte blanche donnée au tissu associatif local et toute de suite on a vu 3 4 5

DECK-SABLON Manon, Les Occupations temporaires dans les bâtiments vacants, mémoire d’architecture IDELON Arnaud, Ce que les friches urbaines disent de nous, Slate Classe créative : désigne une population urbaine, mobile, qualifiée et connectée

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arriver des publics complètement différents.”6 Les friches artistiques améliorent donc l’image du quartier, en faisant aussi venir des personnes qui n’y seraient pas allés autrement, et peuvent donc participer à l’économie du quartier. De la même façon, les personnes travaillant dans ces lieux consomment dans le quartier etc. Celles-ci peuvent cependant être aussi une source de nuisance pour le voisinage proche, principalement à cause du bruit si des artistes utilisent des machines bruyantes, et si en plus des ateliers d’artistes, celles-ci organisent des évènements nocturnes : musique, fêtards à l’extérieur, etc…

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IDELON Arnaud, Friches & gentrification, une longue histoire, Medium

La Halle Papin

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D. LE CAS DE LA COUR VERGNE A FIGUEROLLES Il y a peu de lieux de créations à Montpellier mais on peut citer un lieu, disparu très récemment, se trouvant dans le quartier de Figuerolles : la Cour Vergne. La Cour Vergne est située entre la rue Adam de Craponne, la rue Bouschet de Bernard, la rue Anterrieu et l’avenue de la Liberté, en plein cœur de Figuerolles. Ce lieu rassemble trois maisons ainsi que des entrepôts en structure bois construits en 1927 pour le commerce du bois, appartenant à la famille Vergne. Lorsque cette activité cessa en 1994, la propriétaire Mimi Vergne loua à bas prix les immenses hangars à des artistes en mal de locaux, principalement des compagnies de théâtre qui avaient besoin de grands espaces pour pouvoir répéter et travailler. 1 1 historique reconstitué par des interviews du collectif Figuerolle en Friche, l’association la Friche à Mimi, Jonathan Chevalier président de La Vista

La Cour Vergne

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En 2006 un hangar se vida et 6 structures pluridisciplinaires se regroupèrent en association : « La Friche de Mimi » pour louer le hangar ensemble, attirés par le prix bas et son emplacement dans Figuerolles et donc dans le centre-ville. Cette association, composée de 14 structures (danse, théâtre, comedia dell’arte, vidéo, conseil pour la création, relations presse, etc.) à son maximum, louaient les 600m² d’un hangar pour 1200 euros. En 2008 des travaux furent engagés (commandés et payés par l’association) dans une partie pour créer une salle bien isolée et climatisée de 80 m² (nommée le Cabanon) pour 45 000 euros de travaux. Celleci fut également et prêtée a des artistes de l’extérieur, en forte demande de ce type d’espaces pour pouvoir organiser des répétitions, des réunions… Le reste était plutôt précaire, des cloisons avaient été rajoutées pour créer des bureaux, des espaces de stockage de matériel, etc… Au centre du hangar était laissé un espace libre qui permettait de partager des repas, des moments de convivialité, une émulation intellectuelle grâce à la rencontre des différents artistes. Les autres hangars étaient occupés par le théâtre La Vista, la compagnie Minibus, la compagnie Théâtre en flammes, le théâtre occitan la rampe et la radio occitane Lenga d’Oc, ainsi que l’Ardec (association régionale pour le développement des entreprises culturelles). La Vista, une des premières structures à s’être installée dans la Cour Vergne, a construit sa scène avec le bois qui restait de la scierie Vergne.

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Même si les différentes structures réparties dans les hangars de la cour Vergne n’avaient aucun projet artistique en commun, le but de cette colocation artistique était plutôt de mutualiser un lieu dans des buts proches, mais différents. Cette collaboration se matérialisait par ces choses informelles : des échanges, des réseaux, des conseils, des coups de main, il y avait une véritable « synergie de cultureux »2. On peut cependant déplorer que la partie extérieure n’ait pas était plus investie de manière collective car elle servait surtout d’espace parking, et peut être une vraie collectivisation de gestion de la Cour Vergne. Les habitants connaissaient en général très bien le théâtre La Vista, installé depuis longtemps et avec une programmation tournée vers les habitants locaux et le jeune public. Mais la Cour Vergne s’est véritablement ouverte sur le quartier en 2009, lorsque l’association la Friche Mimi a commencé à organiser des évènements ouverts, les Frich’up, soirées durant lesquelles elle donnait carte blanche à des artistes invités. Lorsqu’on rentrait dans la Cour Vergne, le calme contrastait avec la rue Adam de Craponne, assez passante. On pouvait entendre de temps en temps quelques bruits lointains des machines venant des ateliers, quelquefois de la musique étouffée sortant d’un autre. Les artistes traversent la cour, s’arrêtent pour discuter, fumer une cigarette. Un espace commun avait été aménagé dans le hangar de l’association la Friche Mimi pour pouvoir manger ensemble à midi, et une fois par semaine un food-truck venait s’y installer. Lors des Frich’up, l’ambiance devenait festive, le lieu se remplissait d’habitants de Figuerolles comme du reste de Montpellier. On venait regarder des performances artistiques, écouter de la musique, boire un coup, passer du temps entre amis. Ce lieu était comme un lieu de respiration dans le quartier. 2

Luc Miglietta, interview personnelle

Frich’up dans le hangar de la Friche Mimi

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L’importance de lieu dans le quartier de Figuerolles avait même était mise en évidence dans les délibérations des conseils municipaux de 2010 (qui statuent sur l’îlot Vergne) et 2015 (îlot Vergnes ainsi que la Maison d’agriculture), ainsi que dans une conférence de presse de Philippe Saurel en 2014. Ceuxci soulignaient l’importance de la Friche de Mimi comme lieu culturel. En 2010, un périmètre d’étude est lancé sur l’ilot Vergne, permettant à la mairie de faire jouer son droit de préemption dans le futur. Malheureusement, la propriétaire Mimi Vergne est décédée en Février 2016.

Dans la cour Vergne

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2. Initiateurs et victimes de la gentrification « En somme, parler de gentrification, c’est poser la question de la recomposition de la domination sociale dans l’espace (…) observer des processus relevant de la gentrification, c’est regarder comment l’espace urbain évolue en sanctionnant et reproduisant de nouvelles hiérarchies sociales. » Jean-Pierre Levy, géographe, dans l’ouvrage collectif Gentrification(s) Ces lieux de création artistique précaires, ou les friches artistiques, induisent souvent une gentrification du quartier dans lequel ils se sont implantés, et sont ensuite les premières victimes de la pression foncière.

A. DÉFINITION ET DÉVELOPPEMENT DE LA GENTRIFICATION Le terme, d’un point de vue sémantique, désigne l’embourgeoisement d’un quartier qui, par définition, est initialement populaire. Il vient de l’anglais gentry, qui désigne en Angleterre la noblesse non-titrée. La gentrification est une forme d’embourgeoisement qui concerne les quartiers populaires et qui passe d’abord par la transformation de l’habitat, puis d’un quartier dans son ensemble, en passant par les espaces publiques et les commerces. C’est une transformation sociale particulière d’un espace qui passe par une transformation matérielle. Les formes sont variées : réhabilitation d’habitats anciens, construction neuve sur des friches industrielles, etc. Ce qui fait l’unité de la notion, c’est qu’à chaque fois il s’agit d’une appropriation, à la fois matérielle et symbolique, d’un espace populaire – qu’il soit de résidence, ou de production – par une autre classe sociale, en l’occurrence mieux placée dans les rapports de classe.1 Ces quartiers populaires possèdent souvent des friches urbaines et industrielles, et sont des quartiers dans lesquelles les pouvoirs publics ’interviennent peu, qui manquent cruellement d’espaces verts, d’équipements publics, de services tels que le nettoyage des rues... De même, ils présentent souvent un bâti vétuste et dégradé. Hors, depuis un certain nombre d’années, selon les quartiers, on voit apparaître des investissements, publics ou privés, dans des opérations de réhabilitation du bâti ou de l’espace public, dans ces quartiers oubliés. La réhabilitation d’une friche industrielle en pôle culturel, la construction d’une importante gare de transports en commun, la réalisation d’un parc urbain d’envergure, redonnent peu à peu une attractivité à un quartier déprécié. Puis, en conséquence, l’arrivée de nouvelles classes d’habitants, d’abord dans une rue, puis plusieurs, puis dans le quartier entier, qui se transforme alors en quartier branché, plus ou peu sujet à la précarité de ses occupants.2 Le premier point important, potentiellement initiateur de la gentrification, est la position géographique du quartier concerné : le centre-ville ou proche du centre-ville. Cette proximité avec les centres des activités lui donne une attractivité que les espaces situés en périphérie de la ville n’ont pas. Le second est le patrimoine immobilier et son prix : selon Neil Smith ainsi qu’Anne Clerval, l’accessibilité du bâti des quartiers populaires est l’autre raison majeure du développement de la gentrification dans la ville moderne. La typologie de bâti est aussi un attrait, en général un patrimoine ancien ou atypique (cour, immeuble ancien, transformation d’un espace d’atelier ou industriel…). On peut citer par exemple le quartier du Marais dont la gentrification a commencé dans les années 60 et est aujourd’hui terminée. 3

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CLERVAL Anne , Présentation « La « gentrification » : une lutte de classes dans l’espace urbain ? » CHEVALIER Antonin, Culture et gentrification, mémoire d’architecture DJIRIKIAN Alexandre, La gentrification du Marais, maitrise de géographie

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B. LA CULTURE, INITIATRICE ET VICTIME DE LA GENTRIFICATION “Les rapports de domination pour la conquête du territoire existent, l’exclusion des plus pauvres ou des minorités existe, mais pour autant nous ne sommes pas face à des oppositions dichotomiques telles que gentrifieurs contre gentrifiés, ou anciens résidents contre nouveaux. Les positions ne sont pas stables, les effets des comportement ne sont pas nécessairement intentionnels, l’exclusion n’est jamais totale et les habitants ne sont pas que des résidents.[…]Elle n’est ni positive ni négative (…) Elle participe tout simplement au fait urbain contemporain et la comprendre, c’est comprendre la ville.” Jean-Pierre Lévy, Gentrifications Ces quartiers et leurs caractéristiques sont donc intéressants pour le bon développement des artistes, par leur localisation, et en proposant des espaces singuliers exploitables et abordables… Ceux-ci sont en général les initiateurs de la gentrification. En effet, leur arrivée a un impact symbolique de revalorisation des lieux. Ils améliorent en général le bâti, et vont attirer des galeristes, et des consommateurs d’art, et ensuite des ménages de « petite bourgeoisie intellectuelle et précaire », comme l’appelle la géographe Anne Clerval1. Ces ménages aussi appelés «classe créative» par Elsa Vivant constituent une nouvelle classe moyenne, qui possède les mêmes attraits et les mêmes contraintes que les artistes2. Finalement, ces derniers font eux-mêmes partie de cette nouvelle classe sociale. Ici, ce ne sont pas les revenus qui définissent ou non l’appartenance à cette classe, mais plutôt le fait que ses membres se caractérisent par un grand intérêt pour la vie culturelle, qu’ils soient artistes ou consommateurs d’art, et également une grande ouverture d’esprit en matière de mœurs. Les membres de cette classe travaillent dans le tertiaire, sont souvent diplômés du supérieur et disposent surtout d’un certain capital culturel. Leur métier est souvent en lien avec l’industrie créative : publicité, marketing, médias, etc. Puis, lorsque l’image du quartier s’est améliorée, le caractère du quartier d’artistes précaires s’estompe peu à peu pendant que les promoteurs et agents immobiliers investissent le quartier, le valorisant à leur tour mais en entraînant une hausse importante des prix de l’immobilier. En effet, ceux-ci visent un public différent, avec un capital financier plus important, signifiant souvent de plus amples bénéfices : « Cela représente le paradoxe de cette classe précaire (artistes et petite bourgeoisie intellectuelle et précaire) qui, en investissant le quartier, se retrouve parfois obligée de le quitter, de même que les habitants d’origine du quartier, lorsque le processus de valorisation de celui-ci le rend trop inaccessible3. » Julien Beller, co-fondateur du 6b fait lui table-rase de ces questionnements : “A la question on serait des artistes et les autres seraient des voisins, je ne suis pas d’accord. On habite la ville, on y travaille. Il n’y a pas une dichotomie entre nos lieux et les gens qui sont autour. (…) On est un espace qui répond à une nécessité. On est pas des gens éclairés qui se sont dit “tiens on va faire un super projet !”, on a besoin d’espaces pour travailler, se rencontrer et raconter une autre manière de faire la ville.”4

C. LA GENTRIFICATION PAR LA CULTURE, PROCESSUS SPONTANÉ RÉCUPÉRÉ PAR LES POUVOIRS PUBLICS « La culture est non seulement un élément structurant des projets d’aménagement, mais elle devient aujourd’hui un mode de légitimation des opérations urbaines, voire le seul équipement réellement légitime. » Elsa Vivant, « Sécurisation, pacification, animation. L’instrumentalisation des scènes culturelles off dans les politiques urbaines (enquête) » Si la gentrification est au final un processus spontané, résultat de caractéristiques économiques et sociales naturelles, on voit souvent une véritable volonté des pouvoirs publics d’accentuer ce phénomène. En effet, l’attractivité d’une ville est une des volontés premières des pouvoirs publics, et toutes les grandes villes sont en compétition pour développer des outils d’attractivité, pour les 1 2

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CLERVAL Anne, Paris sans les parisiens VIVANT Elsa, Qu’est- ce que la ville créative ? CHEVALIER Antonin, Culture et gentrification, mémoire d’architecture IDELON Arnaud, Friches & gentrification, une longue histoire, Medium

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entreprises comme pour les habitants. La « créativité » et la culture sont désormais également un facteur stratégique de développement urbain, comme le témoigne par exemple la création du Réseau des Villes Créatives de l’Unesco (RVCU)5 créé en 2004, décrivant l’objectif commun des villes membres : « placer la créativité et les industries culturelles au cœur de leur plan de développement au niveau local et coopérer activement au niveau international. » Les projets urbains autour de ces stratégies sont alors souvent articulés autour d’un équipement culturel d’envergure, véritable outil de restructuration urbaine, devenant un symbole de la qualité de vie de la ville et apportant par la même occasion un bénéfice économique : « l’effet Bilbao ». Par exemple, on peut citer le projet en cours « Cité Créative »6 à Montpellier, qui s’insère sur le site de l’ancienne Ecole d’Application d’Infanterie, et qui promeut une imbrication des industries créatives et de la culture avec la volonté de renforcer l’attractivité de Montpellier, ainsi que le MoCo (nouvel ensemble de musée d’art contemporain). 7 Cependant, l’implantation seule d’un équipement culturel d’envergure ne suffit pas à générer cette gentrification, qui doit être accompagnée d’opérations de revitalisation du bâti, de l’espace urbain. Au final, « il semble difficile de croire que les décideurs politiques qui mettent en place ces stratégies ne sont pas au courant de la finalité souvent vérifiée de ce genre de processus et si, effectivement, ils en sont conscients, il apparaît clair que le but est donc de modifier la population du quartier, le sécurisant et donnant une image de quartier modèle exempt de problèmes de drogues et de pauvreté. » La ville tente donc d’attirer une classe sociale au capital plus important, synonyme de moins d’insécurité, d’activité économique accrue. La population en place est contrainte de partir faute de moyens, ou par décalage de train de vie entre les nouvelles populations et les anciennes. Evidemment, une ville n’a aucun intérêt à laisser un de ses quartiers se dégrader et cette dernière se doit de réagir pour en régler les problèmes mais « ces stratégies, menées de cette manière, représentent l’échec des pouvoirs publics à gérer une population dite « à problèmes », car plutôt qu’effectivement la gérer, la faire évoluer par l’éducation, l’emploi, il est décidé qu’il valait mieux que celle-ci soit remplacée par une autre population, certainement jugée comme représentant moins de problèmes. »8 En effet, sous couvert d’apporter des équipements culturels au sein de quartiers populaires, qui effectivement en manquaient cruellement, la ville tente plutôt d’attirer d’autres ménages plus aisés. « Au final, les problèmes d’un quartier sont peut-être résolus, mais ce sont les problèmes des habitants qui ne le sont pas. Il est primordial de faire une distinction entre le quartier, ou la ville, et ses habitants. Ce qui sera bénéfique pour l’un pourra ne pas l’être pour l’autre. » Souvent, ces projets tendent à faire disparaître les espaces publics tels qu’ils existaient dans les quartiers populaires ; espaces ordinaires parfois dégradés mais assurant la fonction d’espaces de séjour. Ils se transforment progressivement en espaces plus esthétiques mais moins propices aux usages populaires. Au niveau symbolique, « les nouveaux aménagements tendent à effacer la mémoire et l’appropriation populaire des lieux, renforçant ainsi l’exclusion des anciens habitants »9. Comme le renouvellement commercial ou les événements culturels, un espace public de qualité peut en effet constituer une barrière symbolique pour certains groupes sociaux : la rue n’attire plus le même public, et certains groupes n’ont plus de raison d’y venir parce qu’ils ne sont pas sensibles à l’ambiance de la rue et de ses commerces, voire n’osent plus s’y aventurer parce qu’ils sont mal accueillis dans un espace dont ils ne possèdent pas les codes. L’espace public n’est alors plus vraiment marqué du sceau de « l’hospitalité ». 5 https://fr.unesco.org/creative-cities/content/creative-cities 6 http://www.montpellier3m.fr/cite-creative 7 MoCo : Montpellier Contemporain, Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) regroupant des structures culturelles existantes (la Panacée et l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier) et un nouveau musée actuellement en construction : le Centre International des Collections d’art (ouverture prévue au sein de l’Hôtel Montcalm le 30 juin 2019). 8 CHEVALIER Antonin, Culture et gentrification, mémoire d’architecture 9 CLERVAL Anne et FLEURY Antoine, Politiques urbaines et gentrification, une analyse critique à partir du cas de Paris, L’espace politique

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D. QUELS OUTILS POUR LA CONTRÔLER, ET GARDER L’IDENTITÉ DU QUARTIER ? “L’enjeu c’est le dosage. La question est pas “est-ce que ça gentrifie” puisque de toute façon le phénomène est naturel mais comment on conserve un équilibre et l’on fait en sorte de maintenir une mixité sociale, et ainsi ne pas chasser les classes les plus populaires.” Rabia Enckell, fondatrice de Promoteur de Courtoisie Urbaine et consultante pour le 6b (friche artistique). La gentrification crée une homogénéisation des paysages urbains. Il devient difficile de différencier un quartier gentrifié d’un autre, à cause de la similarité des modes d’actions et d’application de cette gentrification. De plus, la population d’origine quittant le quartier, celui-ci peine à conserver son identité et son passé. Plutôt que d’appuyer le processus de gentrification, on peut se demander comment la contrôler, pour améliorer le cadre de vie des habitants et conserver l’identité du quartier. Il parait en effet difficile d’arrêter le phénomène, et on ne peut pas laisser les populations dans des quartiers dégradés ou manquant d’espaces verts et d’infrastructures par exemple. Il existe quelques exemples de politiques allant dans le sens contraire de la gentrification dans un quartier, comme la mairie de Montreuil qui, «voyant un de ses quartiers devenir un lieu important de la culture off de la région, décida de restreindre l’augmentation du prix de l’immobilier, en exerçant son droit de préemption, pour tenter de conserver son aspect populaire. »1Montreuil est cependant désormais rattrapé par celle-ci et a vu son prix de l’immobilier monter en flèche récemment, notamment avec le Grand Paris. De même pour le quartier de la Goutte d’Or, et bien que celui-ci ait subi une récente augmentation de l’immobilier, l’adjoint à la mairie de Paris chargé du logement Ian Brossat, assène : « A chaque fois qu’on pourra racheter des immeubles pour en faire des logements sociaux, on le fera. Tout le challenge est de rénover sans voir partir les populations les plus modestes. L’arme du logement social permet de maintenir sur place des populations qui dans le parc privé n’auraient plus leur place.»2Mais la sociologue Anne Clerval met en garde contre le fait que certains de ces logements sociaux sont destinés aux classes moyennes…. Le pouvoir public doit jouer son rôle dans la réhabilitation du quartier, mais en prenant en compte les besoins réels des habitants. Les équipements doivent être pensés pour répondre aux demandes des habitants et non pas uniquement pour attirer d’autres catégories de personnes au capital plus élevé. La maitrise du foncier, et le soutien à la vie associative ainsi qu’aux commerces indépendants doivent être mise en place. Des aides financières peuvent être proposées pour des rénovations lorsque cela est pertinent (et non pas l’expropriation et remplacement du bâtiment dégradé). Les prix de l’immobilier peuvent aussi être limités grâce à des outils fiscaux. Des logements sociaux peuvent être construits, pour permettre aux ménages à faibles revenus de rester dans le quartier. Si des artistes sont déjà présents dans le quartier, des moyens doivent être mis en place pour leur permettre également de rester.

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CHEVALIER Antonin, Culture et gentrification, mémoire d’architecture YOUEN Tanguy , Pourquoi La Goutte d’Or résiste à la gentrification, Les Inrockuptibles

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E. Le cas de Montpellier et du quartier de Figuerolles FIGUEROLLES, UN QUARTIER À L’HISTOIRE POPULAIRE ET ALTERNATIVE « C’est un quartier ou on vit, ou on respire, ou y a pas d’immeuble. Tout le monde se connait. » Parole d’un habitant dans le documentaire Figuerolles, un faubourg dans la ville Localisé au Sud-Ouest de la ville, faisant partie des quartiers du centre-ville de Montpellier, Figuerolles est situé sur l’un des axes principaux qui permettaient de pénétrer dans la ville qui est la rue du faubourg Figuerolles. Son nom vient du nom d’une famille à grande richesse foncière du XIIème siècle, donné au quartier en 1853, période durant laquelle ce dernier s’est véritablement constitué.

Localisation de Figuerolles dans Montpellier

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D’abord habité par des paysans-jardiniers qui approvisionnaient la ville en produits frais, cet espace a ensuite servi au début du XIX° siècle de lieu d’accueil aux populations rurales provenant de l’arrièrepays cévenol et lozérien. Cette population travaillait dans les vignes et au négoce du vin. Mais une épidémie qui ravagea les vignobles de 1875 à 1885 changea le quartier car de nombreux vignerons désormais sans travail, partirent ou se reconvertirent, notamment dans le commerce, l’artisanat ou la petite industrie. «Le quartier enregistre ensuite un changement dans l’origine des immigrants : d’abord l’arrivée des premiers gitans, à la fin du XIX° siècle, attirés par l’activité marchande (qui se sédentariseront autour de 1940), puis l’immigration des Espagnols et des Italiens venus travailler dans l’agriculture et le bâtiment, ensuite des Espagnols et des Portugais fuyant les régimes fascistes. En 1962, c’est l’arrivée massive des rapatriés d’Algérie, et depuis le début des années 80, les maghrébins impriment leurs marques dans le quartier. »1 En effet, les petits commerces et artisans en déclin dans les années 80 laissent peu à peu la place à des commerçants algériens, tunisiens, marocains, égyptiens mais aussi africains, turcs et asiatiques. Le marché quotidien et un grand nombre de boutiques orientale façonnent et donne son identité au quartier. Il devient donc un lieu de rassemblement pour ces populations qui vivent dans la ville, que ce soit pour l’approvisionnement mais aussi dans une «dimension symbolique et culturelle». 1

Site du spécialiste de Figuerolles Thierry Arcaix : http://thierryarcaix.com/histoire.html

Plan Cabanes, à la limite de Figuerolles

La place Salengro

La Grande Parade Métèque, festival artistique et citoyen

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Une dernière population marque également le quartier : jeunes gens, couples de professions libérales, artistes, chômeurs, étudiants investissent les lieux depuis la fin des années 80, par le biais de la musique, de la peinture, de la danse, du théâtre dans les espaces plus ou moins formels du quartier. De nombreux espaces de création et alternatifs ont essaimé dans Figuerolles (et dans l’environnement proche) et font partie de son identité. * On peut citer par exemple la coopérative La Carmagnole, un espace alternatif et solidaire de soutien pour les mobilisations sociales, un lieu de réunions et d’organisation d’évènements 2, le bar de La Pleine Lune proposant des concerts à bas prix, l’atelier/galerie la Jetée, la librairie coopérative Scrupule, l’association La Boutique d’Ecriture & Co (éducation populaire au travers d’ateliers), ou encore la Cagette (coopérative d’alimentation à but non lucratif ). Deux théâtres y sont également présents, le théâtre de la Plume et le théâtre la Vista. De nombreuses associations existent à Figuerolles et animent la vie du quartier. De multiples évènements ont lieu au cours de l’année, comme la Grande Parade Métèque, festival artistique et citoyen promouvant l’art et la diversité, ou bien le festival Eco-Citoyen Solidaire...

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Site de la Carmagnole https://lacarmagnole.fr/

Les lieux de création et/ou de diffusion publics (en jaune) et privés (en rouge), surtout situés autour de l’Ecusson (centre ville de Montpellier) et de Figuerolles

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UNE GENTRIFICATION EN COURS Le quartier de Figuerolles est au cœur de différentes opérations de réaménagement, que ce soit de directives venant de l’Etat comme de la ville ou de la métropole. En effet, Figuerolles fait partie des politiques de la ville : celles-ci consistent en un ensemble d’actions de l’Etat, visant à revaloriser certains quartiers urbains dits « sensibles » et à réduire les inégalités sociales entre les territoires, présentant des dysfonctionnements urbains1. Il bénéficie donc du Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine. Ce programme, lancé en 2003 par la loi Borloo, est un plan d’aménagement qui vise à réhabiliter l’habitat dans les banlieues. Il consiste en des démolitions d’immeubles vétustes et insalubres, des constructions d’équipements publics, des réorganisations de centres commerciaux ou de zones d’activité économique… Le quartier de Figuerolles fait également partie de l’opération Montpellier Grand Cœur2, qui a démarré en 2003 à Montpellier. Cette opération a pour but de « protéger, mettre en valeur et dynamiser le patrimoine historique, le cadre bâti et l’espace public du quartier centre. Le centre-ville n’est vivant que s’il est disponible, attractif et confortable pour ses habitants mais aussi tous les habitants de l’agglomération dont il constitue l’espace public majeur. » Cette opération est constituée d’un axe logement avec la construction et rénovation de 1 600 logements, dont 500 sociaux. Elle est également constituée d’un axe favorisant la visibilité des commerces, et lutter contre la vacance des locaux commerciaux, et enfin un axe cadre de vie qui a pour but de mettre en place la rénovation et le développement du patrimoine, sécurité et propreté, mise en place de zones piétonnisées, d’espaces verts etc. Figuerolles fait aussi partie du périmètre des OPAH-RU : les opérations programmées d’amélioration de l’habitat et de renouvellement urbain. Celles-ci visent à requalifier les quartiers du centre-ville en engageant une démarche incitative auprès des propriétaires. Les propriétaires qui engagent des travaux sur un logement, en vue de l’occuper ou de le louer, peuvent bénéficier de subventions. Un plan d’actions de quartier3 (opération mobilisant et coordonnant les moyens de la ville et de la métropole) a également été mis en place à Figuerolles en 2017, avec un budget de 6 millions au total. Ce plan d’action prévoit le réaménagement de la rue Faubourg Figuerolles, de la place Salengro, du boulevard Renouvier, de la rue du faubourg du Courreau, la rue du faubourg Figuerolles… Ces aménagements sont censés favoriser les mobilités avec des zones de circulation apaisées, l’animation commerciale et la vie de quartier, ainsi qu’«une ambiance plus végétale [qui] rendra la ville plus belle et agréable à vivre. » Ces aménagements et transformations de la ville de Montpellier et la métropole sont pour la plupart pilotées par des concessions d’aménagement : la SERM (Société d’Equipement de la Région, créée en 1961) ou la SA3M, qui sont les bras armé de la ville et métropole (censés œuvrer pour le bien public), en conduisant des projets d’aménagements (et portant les missions dans leur intégralité) voulus par les pouvoirs publics. Ces sociétés (statut privé, en société d’économie mixte avec des actionnaires publiques et privés dans le cas de la SERM ; et une société publique locale d’aménagement locale d’aménagement SPLA avec des actionnaires uniquement publics dans le cas de la SA3M) peuvent acheter des terrains (et exercer un droit de préemption4), construire des bâtiments (comme le Corum, le musée Fabre, la mairie…). Elles s’occupent du renouvellement urbain ; des études techniques, relogements, reventes (ex : mission 1 https://sig.ville.gouv.fr/Cartographie/QP034010 2 http://www.popsu.archi.fr/sites/default/files/nodes/document/767/files/montpellier-grand-coeur.pdf 3 https://www.montpellier.fr/evenement/20850/3624-plan-d-action-quartier-figuerolles-presentation-des-amenagements-issus-de-la-concertation.htm 4 Définition du droit de préemption urbain : Ce droit permet à la commune d’acquérir prioritairement un bien foncier ou immobilier lorsque celui-ci est sur le point d’être vendu. Lorsqu’un propriétaire vend un terrain ou une maison à un acheteur, avant que la vente ne soit conclue, la commune doit s’exprimer sur sa volonté d’user de son droit de préemption. Si elle choisit de le faire, elle devient prioritaire pour l’acquisition du bien. Sinon, la vente suit son cours normal.

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grand cœur). La SERM produit aussi de l’énergie. A Figuerolles, en plus du réaménagement des espaces publics, la SERM a racheté de nombreux bâtiments de logement autour de la place Salengro, qu’elle réhabilite en ce moment. Sur la rue du Général Vincent, qui relie Figuerolles au jardin du Peyrou et donc à l’Ecusson, les rez-dechaussées ont été transformés en atelier pour artisans d’art. La SERM s’est occupée des travaux puis les louent aux artisans d’art pendant deux ans5, on y trouve ainsi un ébéniste, un céramiste, un danseur… En mai 2019, les locaux vont être mis en vente réservée à des artisans d’art, mais par exemple l’ébéniste interrogé occupant un des locaux n’a pas les moyens d’acheter le local et donc de rester. En 2011 deux programmes de logements ont été livrés avec l’appui de la SERM, dont un double programme neuf (Grand Air et Le Maguelone) comprenant 77 logements en accession et 39 logements locatifs sociaux (avec deux maitres d’ouvrage distincts mais un même architecte afin d’homogénéiser ce double programme).6

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d’après une discussion avec un des artisans (un ébéniste) occupant le local pour 10e/m² LELONG Jean, Deux opérations pour Grand Cœur, Le Moniteur

Rue du Général Vincent à Figuerolles

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Toutes ces opérations de réaménagement font cependant naître des craintes chez les habitants du quartier sur la transformation profonde de ce dernier, de son identité et de ses usagers. Dans le documentaire Figuerolles, un faubourg dans la ville (réalisé en 2012), de nombreux habitants expriment leurs craintes, comme Pierre Callon et Patricia Petit, des artistes occupant l’Atelier du Nord (ateliers d’artistes disparus depuis) : « Nous avons une crainte car de plus en plus de maisons sont préemptées par la mairie (la SERM), vont être réhabilitées on ne sait pas trop comment. C’est sûr que la, la moitié des maisons sont fermées, mais comment vont-ils être réhabilités ? Peut être très cher, pas pour les habitants du quartier. On a peur que ça se boboise. » 1 Un habitant du Squat rue du Père Fabre (également disparu depuis) rajoute : « On s’attaque au projet d’urbanisme, ce n’est pas qu’on est contre la réhabilitation du quartier, mais on est contre le fait qu’il n’y ait pas de prospective, qu’on n’étudie pas l’impact de la réhabilitation sur l’avenir, que les gens qui habitent les quartiers n’aient pas de contrôle la dessus. Il n’y aura pas de contrôle sur les prix des loyers indéfiniment.» Le square du père Bonnet a cependant été mis en place grâce à la demande des habitants du quartier. On peut noter que les ateliers du Nord et le squat cité ci-dessus ont disparu depuis le tournage du documentaire, tout comme autour de Figuerolles le squat artistique le Kalaj et celui dans l’ancien bâtiment du CRAM. Des personnes ont été expulsées le 30 Octobre 2018 (en veille de trêve hivernale) rue du Père Fabres, par la SERM, et s’en est suivie une pose de portes blindées. Ces personnes n’ont pas relogées car elles n’avaient pas les moyens de payer leur loyer.2 De même, le Faubourg du Courreau, situé dans le quartier Gambetta mais faisant le lien entre Figuerolles et l’Ecusson, subit les frais de la gentrification après des travaux de réaménagement et voit ses loyers augmenter pendant que les restaurants à la mode s’installent, suivant la voie du boulevard du jeu de Paume 1 Documentaire Figuerolles, un faubourg dans la ville 2 Logement : expulsion locative rue du Père Fabre à Figuerolles, Infolibertaire

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50m

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où des boutiques Nespresso et des bars à chocolat ont remplacé les bistrots et commerces d’autrefois.3 De l’autre côté, dans le quartier Estanove touchant le quartier de Figuerolles, un projet d’aménagement de grande ampleur est en cours : la «Cité Créative», qui s’insère sur le site de l’ancienne Ecole d’Application d’Infanterie (EAI), de 40 ha. Le site a été racheté à L’Etat par la ville pour 19 ME. Il sera composé en son cœur d’un campus réunissant sur l’ancienne place d’armes quatre écoles du réseau Icônes, d’arts appliqués aux techniciens de cinémas en passant par le game design. Ce lieu a vocation de devenir le plus grand pôle français de formation dans les métiers de la création et du numérique. Le maire de Montpellier et président de la métropole Philippe Saurel veut «faire naître de multiples projets liés aux industries culturelles et créatives, pour donner une nouvelle vie au site et l’ériger en véritable pôle créatif». En plus du campus, des sites d’accueil des entreprises, des équipements structurants, des lieux de rencontres, 2500 logements sont inclus dans ce projet. Ce nouveau lieu va donc attirer toute une population d’étudiants, d’enseignants et de professionnels de ces domaines-là. De plus, les journalistes Fabrice Massé et Eva Scholtes4 soulignent le fait que la Cité Créative «a été conceptualisé par des économistes comme étant le lieu qu’il convient de concevoir pour rendre la ville attractive, notamment face à des investisseurs, un business model vertueux en quelque sorte.» La Halle Tropisme, première pierre de ce projet, est un espace inspiré des tiers-lieux, qui d’après leur description officielle « répond aux nouveaux usages des créatifs et entrepreneurs culturels et s’ouvre au grand public à travers une programmation culturelle et artistique ». Cet espace de travail pour les personnes du milieu créatif (on y trouve des personnes travaillant dans les domaines du graphisme, de l’édition, du design, du spectacle vivant, de la photographie…) et organisant des évènements, va contribuer à l’attractivité du lieu (surtout durant la longue période de travaux qui débute), mais ne dispose que d’un bail de douze ans.5 En effet, le projet prévoit à terme… un centre-commercial.6 3 Gentrification : Philippe Saurel veut remodeler le quartier Figuerolles, Le poing 4 Artdeville n°61 5 https://www.montpellier3m.fr/actualite/inauguration-de-la-halle-tropisme 6

Le Moniteur, L’agence néerlandaise West 8 aménagera le site de l’EAI à Montpellier

Transformation des Halles Tropisme en futur centre commercial

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Cette attractivité à tout prix est remise en cause (surtout qu’il y a déjà beaucoup d’habitants à Montpellier), notamment par les rédacteurs du fascicule ironique « Montpellier 4020 »1 où ceux-ci dénoncent : « Les élus gèrent la ville comme une entreprise ». En effet, ceux-ci expliquent que le bien premier d’une ville est sa ressource foncière et que celle-ci la «vend alors au plus offrant, avec en retour la promesse de rentrées fiscales [...] La ville tombe alors aux mains de la spéculation foncière et la ville se gonfle comme la grenouille qui voulait être bœuf, jusqu’à faire exploser bientôt sa bulle immobilière. » Cette gestion de la ville peut être contestée par les habitants, et certaines mobilisations citoyennes contre des projets urbains ont été payantes2 : on peut citer l’association Pavé (en 1995) qui s’est battue pour obtenir l’actuel parc Clémenceau et l’association Arfa qui est actuellement en discussion avec la ville pour le parc Montcalm, qui va faire partie de la Cité Créative. DÉPART DES STRUCTURES RÉSIDANT DANS LA COUR VERGNE À LA PÉRIPHÉRIE DE MONTPELLIER En Mai 2016, lorsque Mimi Vergne meurt, son héritier décida de vendre, mais laissa aux différentes structures occupant la Cour Vergne le temps de trouver une solution de repli, bien que ceux-ci cherchaient déjà (voyant que cela arriverait un jour) d’autres lieux. Les différents artistes ainsi que les habitants du quartier espéraient quand même que la mairie décide de garder ce lieu culturel et fasse jouer son droit de préemption, surtout après la déclaration en conférence de presse, le 15 octobre 2014, où Philippe Saurel, maire et président de la Métropole, déclarait « Si ils vendent à des promoteurs, les promoteurs seront obligés de discuter avec la ville, et là nous serons en capacité de leur demander des mètres carrés culturels. Parce que c’est un périmètre d’étude culturel, autour de l’îlot vergne. Lié à la culture. On a une protection du lieu grâce à la culture. Cela permettra d’intervenir sur les permis de construire, et de garder une présence culturelle forte dans ce lieu. Parce qu’outre la friche de Mimi, outre le théâtre, outre les radios associatives, outre le milieu occitan qui est très présent, on a là un lieu de culture très populaire qu’il convient de garder dans les anciens ateliers de la menuiserie Vergne. »3 Mais en Mai 2016, le théâtre La Vista apprend par le biais d’une conférence de presse, que la mairie a décidé de le reloger à la Cité Gély, dans la Chapelle Gély. La mairie investit de grosses sommes pour réhabiliter ce bâtiment (800 000 euros).4 Pour l’association La Friche de Mimi, la relocalisation est plus compliquée. Depuis 2014 ceux-ci rencontrent différentes personnalités dans le but de garder le lieu, ou d’être relogés.5 Mais même après avoir rencontré Sautron (direction générale culturelle de la Métropole) et Moure, rencontré les dirigeants de l’opération Grand Cœur (en 2014), cela est sans succès. D’après Luc Miglietta, « Saurel se concentre sur la Cité Créative et le MoCo6 car plus institutionnel et plus rentable ». Les locaux sont trop chers pour eux à Montpellier, et grâce à un contact, ils rencontrent Magalie Richard qui est dirigeante d’une entreprise familiale de carrelage à Lavérune. Celle-ci possède un hangar inutilisé et leur propose de s’installer. Magalie Richard paye les travaux (300 000 euros) et la Friche de Mimi remboursera les travaux via un loyer sur 15 ans. La Friche de Mimi est installée dans ce nouveau lieu depuis cet hiver. Une des structures de La Friche de Mimi lorsque celle-ci logeait dans la Cour Vergne, Le Garage Electrique, 1 Site de Montpellier 4020 (en réponse à la projection urbaine Montpellier 2040) : https://montpellier4020.files. wordpress.com/2014/02/fascicule-definitif-140130.pdf 2 Débat La Ville à Vendre, La Carmagnole, 09 avril 2019 3 BARRAIZE François, Mimi ou la culture en friche 4 Entretien personnel avec Jonathan Chevalier 5 Entretien personnel avec Luc Miglietta 6 MoCo : Montpellier Contemporain, Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) regroupant des structures culturelles existantes (la Panacée et l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier) et un nouveau musée actuellement en construction : le Centre International des Collections d’art (ouverture prévue au sein de l’Hôtel Montcalm le 30 juin 2019).

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s’est séparée et a fondé le lieu La Tendresse avec d’autres à Montpellier. Ce lieu se définit comme une « coopérative culturelle » avec 13 structures résidentes (musiciens, théâtre, vidéo…), un espace extérieur, de la restauration, une salle de diffusion et une programmation évènementielle à l’année. L’Ardec (Association Régionale pour le Développement des Entreprises Culturelles) a fondé le lieu le TriPostal dans le quartier Saint-Eloi à Montpellier, pour s’y installer et proposer des bureaux et un espace de co-working destinés à des structures dans le même milieu, ainsi que des formations, des rencontres professionnelles… Pour finir, le Théâtre en Flamme s’est installé à Croix d’Argent, tandis que le théâtre occitan La Rampe s’est installé à Saint Jean de Vedas. Ces structures implantées dans le quartier depuis plusieurs années ont donc du renoncer à leurs attaches et partir plus loin à la périphérie, à la recherche de locaux abordables, et Figuerolles a perdu encore une petite part de son identité.

1,3 km

Départ des structures résidant dans la Cour Vergne à la périphérie de Montpellier

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UNE OPERATION IMMOBILIERE SUR LA COUR VERGNE En juillet 2018, quelques habitants ont reçu dans leur boîte aux lettres un tract d’invitation à une réunion de présentation organisée par le promoteur Marignan et le bailleur social FDI. 1 En effet, la Cour Vergne a été racheté par ceux-ci et pendant cette réunion, les voisins découvrent alors un projet immobilier de 137 logements répartis dans 4 bâtiments, 151 places de parking et une microcrèche. Ce projet massif (R+5 sur toute la rue ) rompt avec le bâti alentour et densifie en habitation et en flux de voitures ce quartier, avec une architecture anonyme, sans lien avec l’histoire du lieu (commerce du bois…), et sans dimension écologique. Aucune programmation artistique n’est proposée ou intégrée, niant également l’histoire artistique de La Cour Vergne et l’importance que celle-ci avait dans le quartier. Le rez-de chaussée est, hormis la crèche, fermé et n’offre aucune interraction avec la rue. Il est tout de même interessant de noter que (d’après Pauline Bardou2), 26 de logements sociaux ont été imposés par la ville, même si cela reste insuffisant (et aucun n’est en accession abordable). Le prix des logements vendus par les promoteurs sera aux alentours de 3900 euros/m², ce qui est le prix moyen des appartements neufs pratiqué à Montpellier. De plus, ceux-ci sont principalement des petites typologies (60‘% des logements sont des T1 ou des T4), ce qui ne correspond pas forcément à la réalité du quartier mais permettent d’être vendus plus facilement à des investisseurs. 1

Entretien avec deux membres du collectif Figuerolles en Friche

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Responsable de programme chez Marignan, que j’ai pu rencontrer lors d’une interview personnelle

Le projet de logement sur la cour Vergne

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Le collectif Figuerolles en Friche (que j’ai pu rencontrer plusieurs fois) fut monté pour l’occasion, et trois courriers furent alors envoyés par le collectif de riverains pour interpeller Philippe Saurel, qui sont à ce jour sans réponse : « Rajouter des voitures dans un quartier déjà saturé, à quelques mètres de l’avenue de la Liberté, une des avenues les plus polluées de Montpellier… c’est clairement un manque de maîtrise du quartier », expose le collectif. Les riverains se sont donc organisés pour mener des recours individuels au projet (recours gracieux), déposés en Janvier. Sans réponses, un recours contentieux a donc été déposé en Mars, avec leur conseil juridique qui est l’avocat Maxime Martinez. De plus, le collectif accuse ce projet de logements d’être une « opération financière », dans le seul but de générer un maximum d’argent, en ne prenant pas en compte les besoins réels des habitants. Des réunions citoyennes ont été organisées dans le quartier, pour avertir les habitants et leur proposer de coller sur un tableau les alternatives souhaitées au tout béton privatif sur l’îlot Vergnes : une crèche, une médiathèque, un parc, une vraie maison pour les réfugiés. Le projet demandé par le collectif Figuerolles en Friche est donc un projet « pour tout le monde », d’intérêt général, accessible, en lien avec l’histoire du lieu, que ce soit le commerce de bois ainsi que l’occupation artistique de 20 ans. Une dimension écologique est également demandée, avec éventuellement des espaces verts pour ce quartier qui en manque cruellement. En effet, hormis le parc de la Guirlande, le parc Montcalm et la place Salengro, il y a peu d’espace public et arboré dans le quartier.

Les affiches du Collectif Figuerolles en Friches

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1. La Cour Vergne 2. Les Ateliers du Nord 3. Squat Artistique Le Kalaj 4. Ancien bâtiment de la CRAM réinvesti 5. La Coopérative 6. Anciens entrepôts textiles Agniel avec le collectif «Changement de propriétaire» Localisation des différents lieux de créations artistiques aujourd’hui disparus

Les différents lieu de diffusion (en jaune) et l ieux de créations artistiques (en rouge)

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LIEUX DE CRÉATIONS ARTISTIQUES DISPARUS À MONTPELLIER ET FIGUEROLLES [A Montpellier] « Quant à l’intégration des dimensions culturelles dans les logiques d’urbanisme, elle est absente. L’épilogue de la « Cour Vergne » est l’illustration malheureusement parfaite de cela. L’occupation artistique des anciens ateliers de menuiserie a largement contribué à changer l’image de Figuerolles, quartier populaire et, par certains aspects, exemplaire d’une diversité culturelle des anciens faubourgs. Mais la pression immobilière aura raison de l’utopie de Mimi Vergne. Alors que ses consœurs toulousaines ou nantaises, qui subissent une pression démographique encore supérieure, se battent désormais pour maintenir toute initiative du genre (La Chapelle à Toulouse, les 15 « friches à réinventer » nantaises), Montpellier n’a pas bougé le petit doigt. » François Barraize, Ville créative, urbanisme culturel : les nouveaux horizons de la culture, Let’s Motiv En effet, beaucoup d’autres grandes villes prennent ces lieux en considération et essayent de travailler avec eux, ce qui n’est pour l’instant pas vraiment le cas de Montpellier. Avant la Cour Vergne, d’autres lieux de création avaient également émergés mais ont dû partir, soit dans le cas d’expulsion lors d’occupations illégales, soit lorsque le propriétaire décidait de vendre le bâtiment ou autre… Ils étaient principalement situés vers Figuerolles. De plus, on se rend compte que bien que la ville possède de nombreux lieux de diffusion artistiques, publics et privés, elle possède en revanche peu de lieux de créations pour les artistes.

Peut-être serait-il temps que la ville en prenne conscience (ou agisse sous la pression des citoyens), et accompagne un projet d’aménagement sur la Cour Vergne et l’ilot Vergne plus soucieux de l’histoire de celui-ci, en proposant un programme et des espaces permettant de conserver l’identité du quartier et de répondre aux problématiques des habitants actuels sans chercher à changer les usagers du quartier.

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Exemple de réponse à Figuerolles : L’ilot Vergne, une interaction d’habitants et d’artistes Pour répondre à cette problématique et proposer un projet, j’ai essayé de m’inscrire dans une démarche active, en rencontrant de nombreux acteurs du quartier et de l’ancienne Cour de Figuerolles, ainsi que divers habitants lors de rencontres organisées (débat à la librairie Scrupule) ou provoquées lors d’évènements type marché, pour pouvoir décrypter au mieux la situation et ces enjeux, pour une mise en situation ancrée dans la réalité.

« Je considère que l’architecture est politique et qu’elle doit répondre au souci de l’intérêt général » Patrick Bouchain



1. de l’Analyse a la programmation Il faut d’abord analyser le quartier et l’ilot pour proposer un projet adapté aux problématiques locales.

A. FIGUEROLLES, UN QUARTIER DANS L’ENTRE-DEUX UNE POPULATION FRAGILE Les plus de 6600 habitants résidant à Figuerolles sont en majorité issus de la classe ouvrière, et il y a un fort taux de chômage (24% de chômage). Ils sont plutôt jeunes, locataires de leur logement et ont de petits revenus (19700 euros par ménage).

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UN QUARTIER ENCLAVE ET DIVISE PAR DES AXES MAJEURS La construction des grands axes périphériques de la ville comme le Boulevard Gambetta, le boulevard Renouvier et l’Avenue de la Liberté, a fracturé le quartier de Figuerolles de deux manières : d’une part en isolant le quartier du centre historique, et d’autre part en le divisant en deux. En effet, l’Avenue de la Liberté (ancienne voie de chemin de fer), qui est plutôt une voie rapide, construite sur un point haut au Nord-Ouest et rejoignant un point bas au Sud-Est de la ville, surplombe la rue du Faubourg Figuerolles et crée une limite interne à cause de son flux important de véhicules. Les axes secondaires permettent de structurer les îlots, les zones pavillonnaires et les grands ensembles. Ils laissent entrevoir un gabarit totalement différent selon le bâti qu’ils accompagnent.

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L’avenue de la Liberté, est une voie à double sens limitée à 50 km/h mais possède un flux vraiment important de véhicules. Elle est plus proche d’une voie rapide qu’une avenue urbaine. Elle représente donc une source de nuisances sonores, visuelles et de pollution. Son altimétrie est quasiment stable (+39,5 m NGF environ) et ne correspond pas au niveau de référencement du sol urbain du quartier (qui se situe entre 35 et 41m NFG). Cela créé différentes situations de traversées de cette avenue : soit celle-ci se trouve plus haut et la traversée s’effectue dessous, soit les niveaux s’égalisent et les traversées s’effectuent grâce à des passages piétons. Ces passages piétons sont plus ou moins pratiques à emprunter : certains réglementés par des feux de circulation, mais d’autres non et lorsque le trafic est important cela devient long et dangereux de traverser. Il est également impossible de la longer pour les piétons et dangereux de l’emprunter à vélo, et dans certains cas des rues finissent en impasse sur la structure de l’avenue. Dans tous les cas, cette avenue n’aide pas les piétons à entretenir des parcours fluides sur la totalité de l’espace du quartier. Il est cependant important de noter la possibilité d’un déclassement de l’avenue de la Liberté. En effet, le projet de complétion du contournement Est permettrait de créer une rocade (prévu d’ici 5 ans) et entrainerait ainsi une baisse des flux Nord-Sud de l’Avenue de la Liberté.

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DEUX ECHELLES DE BATIMENTS DISTINCTES, AVEC DES MORPHOTYPES DIFFÉRENTS Deux échelles de bâtis sont caractéristiques du quartier de Figuerolles. La première échelle est celle des maisons mitoyennes de villes datant de la création du quartier au XIXème siècle, jusqu’au milieu du XXème siècle avec les maisons individuelles, accompagnées d’un jardin ou non. Leur hauteur peut aller du RDC jusqu’au R+2, et plus rarement jusqu’au R+3. Les logements R+4 ne sont que partiellement présents, le long de l’axe Renouvier, plus proche du centre-ville de Montpellier. C’est souvent une architecture typique des faubourgs, caractérisée par un alignement à la rue, un bâti dense, haut de 5 niveaux au grand maximum. Les bâtiments ne sont pas très longs, et il y a une variation de la hauteur de bâti. Les fenêtres sont plus hautes que larges, avec des balcons de maximum 70cm de débords et des garde-corps en fer forgé. Les murs sont enduits dans les tons de beige. Les rez-dechaussée sont commerçants ou servent de garages, caractérisés par une grande ouverture voutée. On retrouve également le tissu pavillonnaire plus récent, qui se compose de maisons avec jardins, plus

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ou moins dense. La deuxième échelle est celle qui dépasse le R+5, comme les grands ensembles de la cité Gély et de la Cité de la Guirlande, témoins des années 60 où l’expansion urbaine de la ville a entrainé la construction de ce type de logements. Dans les années 90, la construction du grand équipement accueillant Groupama (la Maison de l’agriculture) le long de l’avenue de la Liberté a été encouragée, ceci permettant d’implanter de l’activité au sein du quartier. Ces bâtiments sont plus hauts et plus longs, plutôt caractérisés par une architecture horizontale (que ce soit les ouvertures, les grands balcons filants…).

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DES ESPACES ‘VIDES’ DEDIES AU STATIONNEMENT ET UN MANQUE D’ESPACE PUBLIC Le rapport entre l’espace bâti et non bâti nous montre la présence d’un espace vide totalement différent selon les échelles de bâti. En effet, nous pouvons voir que le bâti à petite échelle ne dispose pas d’autant d’espaces libres qui pourraient constituer des lieux d’échanges que le bâti à grande échelle. De plus, le « vide » qui pourrait être occupé par divers espaces de vie et créer de l’interaction au sein du quartier, est essentiellement utilisé comme stationnement, ou encore comme espace privé notamment pour les maisons individuelles et les résidences dotées d’un jardin. Il y a donc très peu de lieux de rassemblements au sein du quartier. Les espaces verts accessibles sont également peu nombreux : le parc de la Guirlande est le seul réel espace vert public de ce quartier. On peut cependant souligner que le parc Montcalm, situé dans la future Cité Créative, va être repensé et offrira un grand espace vert avec beaucoup d’équipements de sport. Il manque donc des espaces verts à plus petite échelle et de proximité. La place Salengro est la seule place publique qui joue son rôle. Elle est située en limite du quartier et n’abrite désormais plus de marché : la mairie de Montpellier a décidé de le déplacer à Plan Cabanes, une place située le long du boulevard Gambetta, proche mais à l’extérieur de Figuerolles.

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DES COMMERCES ET EQUIPEMENTS LOCALISES, AVEC CEPENDANT LE DEVELOPPEMENT DE NOUVEAUX POLES D’ACTIVITES On retrouve les commerces principalement au Nord du quartier, autour de la place Salengro proche du centre-ville et de toutes les commodités (tramway, boulevard Gambetta). Plus on s’éloigne du centre-ville, plus les commerces s’appauvrissent. C’est également le cas lorsque l’on s’éloigne de la rue principale (rue du faubourg Figuerolles). Les écoles sont également situées le long de la rue du Faubourg de Figuerolles, ainsi que les terrains de sport, intérieurs ou extérieurs. La future Cité Créative se trouve cependant du côté opposé à la zone d’activités principale de Figuerolles, et l’ilot Vergne va donc se retrouver entre ces deux poles d’activité. La future réhabilitation du bâtiment de la Maison de l’Agriculture (et de Groupama), qui est situé juste en face, va également créer de l’activité à proximité.

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DES TRANSPORTS PUBLICS EN LISIERE DU QUARTIER La ligne 3 passant par Plan Cabanes (la place touchant le quartier de Figuerolles à son Nord-Est) était le principal transport public reliant le quartier au reste de la ville. Une nouvelle ligne est en préparation, la ligne 5, qui desservira la Cité Créative, et bordera Figuerolles sur son côté Sud. Seuls les bus traversent vraiment Figuerolles, par el faubourg de Figuerolles. L’ilot Vergn est donc relié aux transports en commun en allant soit vers l’Est du quartier (place Salengro), ou vers le Sud et l’Ouest, en se dirigeant soit vers la Cité Créative soit vers l’Avenue de Toulouse en empruntant l’avenue de la Liberté, pour l’instant très difficilement empruntable à pieds.

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Parc de la Guirlande

Rue Ronsard

Rue Rémy Belleau

Rue de la Figuairasse

Rue Faubourg de Figuerolles

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Avenue de la Liberté et Maison de l’agriculture / Groupamma

Rue Saint Honoré

La Carmagnole

Place Salengro

Place Salengro

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B. L’ILOT VERGNE, UNE SITUATION STRATÉGIQUE AVEC UNE MIXITÉ DE BÂTIMENTS L’ilot Vergne est situé dans la partie Est de Figuerolles, à proximité de trois axes majeurs de Figuerolles : l’avenue de la Liberté, rue du Faubourg de Figuerolles, et le boulevard de Renouvier. Il se situe proche de la place principale : la place Salengro. Il est entouré par l’avenue de la Liberté, la rue Anterrieu, la rue Bouschet de Bernard et la rue Adam de Craponne. L’ilot Vergne a une taille plus importante que la moyenne (80 m par 130m), sans possibilité de le traverser.

Localisation de l’ilot Vergne

La plupart des bâtiments sont alignés à la rue. Ceux-ci sont d’hauteurs variées, mais restent compris entre le RDC au R+2. En plus de l’activité artistique de la cour Vergne, en coeur d’ilot, on trouve principalement du logement individuel, la seule exception étant un petit collectif. Il y a également des parkings, un autre hangar occupé par un artiste, et une aire de logistique.

Fonction des bâtiments de l’ilot Vergne

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Il y a au final trois grands propriétaires de l’ilot : Groupama, possède un des parkings, la zone de logistique, et le hangar occupé par l’artiste. La Cour Vergne appartient à l’héritier de Mme Vergne, et les bâtiments de logement sur celles-ci sont déjà vides. Un autre propriétaire, que nous allons appeler M.M., possède quant à lui toute une zone avec sa maison, de nombreux garages, le logement collectif à 4 niveaux, et des logements qui semblent insalubres. Les autres bâtiments et parcelles sont détenus par d’autres propriétaires, habitant dans leur propriété.

Propriétaires des parcelles de l’ilot Vergne

Certains bâtiments de logement, principalement sur la rue Anterrieu et la rue Bouschet de Bernard, possèdent un réel intérêt architectural et historique, sont habités par leurs propriétaires et doivent donc être conservés. La plupart des entrepôts de la Cour Vergne sont délabrés mais portent l’histoire du passé industriel du lieu, il est donc important de les prendre en compte. Hormis un, tous les bâtiments de logement situés sur la rue Adam de Craponne n’ont pas d’intérêt architectural et ne sont pas en bon état. En effet, aucun de ces bâtiments ne fait partie de l’AVAP, le plan de protection du patrimoine architectural. Le hangar situé à l’angle de l’ilot possède peu d’intéret (façades quasiment aveugles…). Les bâtiments dédiés à l’aire de logistique et aux parkings n’ont aucune qualités. Les espaces libres, assez présents car l’ilot n’est pas très dense, sont soit des jardins, soit des surfaces imperméables.

Intérêt architectural des bâtiments de l’ilot Vergne

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Pour les bâtiments entourant l’ilot Vergne, on trouve de l’autre côté de la rue Anterrieu des maisons individuelles assez basses, avec un intérêt architectural minime. De l’autre côté de la rue Bouschet de Bernard, on trouve des maisons typiques des faubourgs, en moyenne R+2, ainsi qu’un bâtiment de logements collectifs assez haut (R+6). De l’autre côté de la rue Adam de Craponne, on trouve deux bâtiments typiques des faubourgs, R+3 et R+1, puis deux grands bâtiments de logements collectifs culminant au R+5, aux ouvertures carrées et balcons filant. Près du croisement avec l’avenue de la Liberté, il y le bâtiment de la Maison de l’Agriculture, abritant également Groupama. Ce bâtiment imposant représente une architecture emblématique de l’époque moderne dont l’esthétique divise l’avis des montpelliérains. Les usagers actuels vont bientôt quitter les lieux et le bâtiment est destiné à être réhabilité en vue d’un changement d’usage, sans que le nouveau projet n’aie encore été rendu public. De l’autre côté de l’avenue de la Liberté, un immeuble en R+4 de logements sociaux a été livré récemment. Il donne directement sur l’avenue de la Liberté pour le moment très passante, aucune végétation ou seuil qui atténuerait les nuisances de la route. Le long de l’avenue de la Liberté côté ilot Vergne, une espace public linéaire, végétalisé et arboré permet une mise à distance avec la voie rapide.

35 ,0

Rue

35 ,8 37 ,4

Adam

de

36 ,0

Craponne

35 ,3

Alentours de l’ilot Vergne

Bâtiment typique Logements collectifs faubourg Entrée parkings au rdc Bar au rdc Bâtiments typique faubourg 38,7

Logements collectifs Entrée parkings au rdc

Maison de l’agriculture / Groupama

37,4

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Rue Auguste Fages

Façades des bâtiments de l’autre côté de la rue Adam de Craponne au 1/1000

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34.8

35,3


Place Bouschet de Bernard

Rue Adam de Craponne

Rue Adam de Craponne - Maison de l’agriculture

Rue Adam de Craponne - Avenue de la Liberté

Rue Bouschet de Bernard

Rue Anterieu

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C. PROGRAMME ET REFERENCES « On peut habiter ailleurs mais avoir son cœur à Figuerolles. Ceux qui travaillent à Figuerolles sont aussi de Figuerolles. » Réunion autour du quartier à la libraire Scrupule le 23 mars UN PROJET POUR LES HABITANTS/USAGERS DU QUARTIER : QUEL PROGRAMME ? Le but de ce contre-projet sur la Cour Vergne et plus globalement l’ilot Vergne et ses abords, est de préserver l’identité du quartier notamment grâce à la création d’espaces pérennes dédiés à la création artistique pouvant également accueillir du public sur certaines parties, et des logements sociaux et en accession abordables pour accueillir la diversité des habitants de Figuerolles, et freiner la gentrification due au remplacement de population. Il doit également respecter l’histoire du lieu, et proposer une intensité urbaine et créative. Sa position stratégique aux abords du carrefour de l’avenue de la Liberté, qui devra être requalifiée suite à son déclassement et à la diminution de flux de véhicules que cela entrainerait, peut lui permettre (avec le bâtiment de la Maison de l’Agriculture / Groupama) d’être un nouveau pôle à l’échelle du quartier. Il faut donc repenser le carrefour de l’avenue de la la Liberté, les rues avoisinantes et l’ilot, pour inclure les mobilités douces avec la création d’un espace pour piétons, d’une piste cyclable, et en réduisant l’espace dédié à l’automobile. Le besoin en espace public végétalisé a clairement été identifié, et le projet doit donc prendre en compte cette nécessité exprimée D’après plusieurs enquêtes sur le terrain, de discussions et d’interviews auprès d’habitants, réalisées lors d’évènements associatifs et les jours de marchés, l’ouverture d’un endroit pour les enfants est très fortement sollicitée. L’implantation d’un tel programme au cœur de cet ilot amènerait également ceuxci et leurs parents à fréquenter un milieu plus artistique auquel ils ne seraient pas allés d’eux-mêmes. Un programme de bibliothèque / ludothèque spécialisée pour les enfants et proposant aussi des ateliers éducatifs permettrait donc de prendre en compte les besoins des habitants du quartier et de favoriser une interconnexion des usages installés dans l’îlot. L’ILOT MIXTE : UN MELANGE DE LOGEMENTS SOCIAUX – ATELIERS D’ARTISTES « L’idée est d’en finir avec le concept de l’artiste en marge d’une société à laquelle il ne contribue pas ou peu. L’artiste est un voisin comme les autres qui peut vivre et travailler dans un immeuble rempli de « non artiste » et inversement par sa présence et son travail permettre à ses voisins de se sentir bienvenus quand ils entrent dans une institution culturelle. »CASANOVA Alexia, Logements et ateliers, quelles solutions pour les artistes ?, Artizest Le mélange des logements sociaux et des ateliers d’artistes permet une interaction accrue entre les résidents non artistes du même immeuble ou quartier, et l’art, et ceux-ci peuvent se familiariser à un environnement qu’ils n’auraient peut-être pas eu l’opportunité de côtoyer. Dans un souci de lutte contre l’étalement urbain (il y a dix habitants de plus par jour à Montpellier1), il est également important d’installer de nouveaux logements à l’intérieur de l’ilot. Cela s’inscrit également dans le programme local de l’habitat de la métropole de Montpellier (PLH) 2, dont l’objectif est de créer 5000 logements neufs et diversifiés par an (dont 1250 logements sociaux). Pour minimiser la gentrification, il faut augmenter le pourcentage de logements locatifs sociaux, ainsi que des logements en accession abordables. Ces logements abordables sont des logements moins cher (2800 e/m² alors que les logements «classiques » se situent plus autour de 4500 e/m²) réservés aux personnes n’ayant pas 1 2

Intervention de Remy Ailleret, Directeur général adjoint des services de Montpellier, à l’ENSAM Site de Montpellier Méditerranée Métropole / Programme local de l’habitat Créer un réseau de lieux de création existants

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beaucoup de ressources et qui s’engagent à l’habiter minimum 7 ans.3 La création de nouveaux logements implique aussi l’ajout d’un parking. Il faudra cependant prendre en compte toutes les contraintes et nuisances que peuvent engendrer ces différents programmes. Certains espaces peuvent être source de nuisance sonores, à cause des machines, des voix des artistes (surtout pour la partie de travail/répétition théâtre et spectacles) et du public lors d’évènements. Les logements ont au contraire besoin d’un peu de calme. Il me semble donc important de mélanger les deux programmes tout en gardant une partie réservée à la création artistique et artisanale qui pourra accueillir les activités les plus bruyantes, en plus des ateliers accueillant des activités artistiques plus calmes que l’on trouverait à proximité (au rez de chaussée par exemple) des bâtiments de logement.

RÉFÉRENCES DE PROJET MÊLANT LOGEMENT SOCIAL ET ATELIERS D’ARTISTES Les références de projet suivant mêlant ateliers d’artistes ou bien centre d’art le font de deux manières. La première est une superposition des fonctions avec les logements dans la partie supérieure. Une attention est portée à l’acoustique du bâtiment, et les rez-de-chaussée possèdent une grande hauteur sous plafond. Cette proximité facilite quand même le contact car il est plus facile de rentrer dans un atelier d’art quand on passe tous les jours devant pour rentrer chez soi. La deuxième manière est de séparer en bâtiments distincts les ateliers et les logements . C’est le cas du projet 169-CR, où ces différents bâtiments (et donc fontion) sont disposés autour d’une cour commune. En façade, les différentes fonctions peuvent être montrées, grâce à une différence de matérialité ou autre) ou justement traitées de la même manière pour que la bâtiment ne fasse qu’un. 3

Intervention de Remy Ailleret, Directeur général adjoint des services de Montpellier, à l’ENSAM

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RUE NORD

Localisation

Caractéristiques

Rue du Nord Paris 18

Atelier d’artiste / Logement L’un cherche la lumière constante, l’autre espère la chaleur du Sud. Le premier nécessite de grandes hauteurs sous plafond, le second cherche l’intimité en même temps que la vue et le dégagement. L’organisation des fonctions s’est articulée autour de ces notions simples.

Architecte Charles-Henri TACHON

- Au rez-de-chaussée se trouvent les ateliers d’artiste orientés au Nord et bénéficiant d’un volume haut (le PLU impose 3,5 m). - Dans les étages rue du Nord (2 T3 + 1 T5), les logements dont les vues principales ne sont possibles que sur la rue, bénéficient du soleil en trouvant des vues secondaires au Sud grâce à des séjours traversants et ouverts sur des terrasses.

Promoteur SIEMP

Programme

Interaction

8 logements 4 ateliers d’artistes 1 local d’activité

Chiffres - Clés 947 m² - S.H.O.N. 1.840.000 euros - coût 2009 - année de livraison

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168 - CR

Localisation

Caractéristiques

168 rue de Crimée Paris 19

L’intention architecturale est avant tout sociale : réinventer une cour urbaine partagée par tous les habitants tout en individualisant chaque pas de porte. Créer des circulations qui favorisent les rencontres entre voisins, qui relient -à l’image des habitants- des bâtiments d’origines et de natures différentes. L’implantation des bâtiments, la fragmentation du plan masse permet des percées visuelles avec les cours des parcelles voisines. La continuité physique est même réelle avec la parcelle du 170 rue de Crimée qui appartient au même bailleur. Les habitants bénéficient ainsi des deux cours réunies qui viennent former un ensemble continu avec une troisième cour, celle-ci couverte par une verrière, dans l’ancienne imprimerie. Les habitants des deux parcelles partagent également les locaux communs (vélos-poussettes, tri sélectif ).

Architecte METEK

Promoteur Bailleur social Elogie - SIEMP

Interaction

Programme 24 logements sociaux 7 logement / ateliers d’artistes 2 locaux d’activité Chiffres - Clés 1060 + 1100 m² - restructuration + neuf 5.200.000 euros - coût 2017 - année de livraison

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PANTIN DOCK

Localisation

Caractéristiques

Zac du Port de Pantin Pantin

Ce projet, mise en musique de résonnances contrastées, vise une adéquation harmonieuse entre les registres industriels et faubouriens, le loft et la maison, le collectif et l’individuel. Le principe général de l’îlot qui consiste à faire émerger des volumes bâtis d’un socle homogène voit, à l’angle ouest, un de ces derniers se détacher et léviter, pour relier le ciel et l’eau du canal qu’il longe. Sculptée dans la pierre, cette masse robuste, château volant dans les airs, accueille dans ses recoins autant de maisons particulières. De subtiles irrégularités dans les jeux de retraits et de saillies font de chaque logement un lieu différent et unique. Un calepinage de pierre, irrégulier dans sa forme et ses teintes, donne à cet édifice volant une identité très différente du socle, bien que comparable par sa nature minérale. Pour permettre la gravitation, le niveau sur socle est traité en métal réfléchissant.

Architecte SOA

Maitre d’ouvrage NEXITY Apollonia

Programme

Interaction

55 logements ateliers d’artistes

Chiffres - Clés 4340 m² - aménagés 7.400.000 euros - coût 2016 - année de livraison

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LA PANACÉE

Localisation

Caractéristiques

14 Rue de l’École de Pharmacie Montpellier

Le projet architectural souligne le patio comme structure fondamentale du lieu, un quadrangle autour duquel s’organisent l’ensemble des circulations, des espaces et des fonctions du centre. Les galeries ajourées, qui entourent le patio selon un principe de cloître, sont désormais à l’intérieur du bâtiment. Elles desservent l’ensemble des espaces et fonctions accessibles au public : salles d’exposition, salle pédagogique, auditorium, café. Des espaces et des volumes ont été dégagés pour créer des salles d’exposition vastes et lumineuses. Un auditorium traité en bois a été recréé dans l’ancien amphithéâtre. Une façade blanche a été dressée dans le patio pour marquer la continuité du lieu entre le centre d’art et la résidence universitaire gérée par le CROUS à l’étage. Les différentes fonctions s’intègrent dans l’unité d’un projet qui fait de La Panacée un lieu d’art et un lieu de vie.

Architecte Agence Lauriol

Maitre d’ouvrage Ville de Montpellier

Interaction

Programme 79 logements étudiants Centre d’art - Auditorium Café Chiffres - Clés 7000 m² - aménagés 8.300.000 euros - coût 2012 - année de livraison

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LES ATELIERS VERGNE – Ateliers et lieu ouvert au public On pourrait imaginer, comme le propose Luc Miglietta1, « un lieu de passage hyper important dans le quartier. Un lieu de convergence des artistes. Il y a beaucoup de lieux de diffusion de théâtre dans Montpellier mais il manque vraiment de lieux de travail pour les petites compagnies sans trop de moyens. C’est ce qu’on a essayé de créer ici. » Il y aurait donc des espaces pour que les artistes, notamment les compagnies de théâtre, puissent travailler et répéter leurs spectacles. Ces espaces doivent être de taille variée suivant les besoins. Un espace capable d’accueillir des machines doit faire partie du programme pour la création de costumes, de décor, et aussi pour les autres artistes et créatifs ayant besoin de matériel conséquent que l’on pourrait mettre en commun. Des salles de répétition de musique, comme on trouve à la nouvelle Friche à Mimi, peuvent être intégrées. Des ateliers et bureaux de tailles variées peuvent compléter ce nouveau lieu. D’autres programmes peuvent être ajoutés pour compléter comme un café/cantine associative : « Il manque un vrai bar de quartier, pourquoi pas un bar associatif, et une cantine accessible à tous qui permettrait aux gens de se retrouver, de faire de cet endroit un vrai lieu de passage et de convergence. On pourrait facilement imaginer aussi une petite boutique artistique. »2 avec des espaces pour des évènements comme on en voit au café Gazette ou à la Carmagnole qui sont saturés par le nombre de demandes : des tables rondes, débat, espaces pour des réunions d’associations… Un espace d’exposition et de représentation, plus grand, vient compléter le programme. Ces nouveaux ateliers doivent venir dans un premier temps en relation avec ceux existants, dans un réseau et synergie de lieux existants, notamment avec la Halle Tropisme, situées à dix minutes à pied de l’ilot Vergne, de l’autre coté de l’avenue de la Liberté. Ce lieu est la première pierre du projet d’aménagement « La Cité Créative ». Il se revendique comme un espace inspiré des tiers-lieux, « qui répond aux nouveaux usages des créatifs et entrepreneurs culturels et s’ouvre au grand public à travers une programmation culturelle et artistique ».3 Ce lieu sert aussi d’attractivité pour les futurs acheteurs des logements prévus. Cependant, ce lieu est voué à disparaître : en effet, ce projet va être transformé en centre commercial dans douze ans. Le schéma va se répéter : les créatifs auront servi à valoriser le lieu et seront ensuite mis dehors. On peut donc tout de même imaginer un lien entre les deux lieux durant les douze ans de bail de la Halle Tropisme, puis ensuite que certains chercheront de nouveaux lieux, et pourront trouver une place dans le futur projet sur l’ilot Vergne. Les autres lieux de création, issus d’ailleurs de l’ancienne Cour Vergne, possèdent de la même façon des espaces de travail de différentes tailles, des espaces communs, ont un espace extérieur. La Tendresse possède comme la Halle Tropisme un café/restaurant. La Tendresse et La Friche de Mimi organisent des évènements ponctuels (soirée artistique, ou de débats, avec de la musique...). De même, ces lieux (hormis La Tendresse) ont un bail commercial (9 ans) et peuvent soit décider de le renouveler, soit de partir ailleurs. Si le propriétaire décide de vendre ou de changer l’usage du bâtiment, ils devront également devoir partir. Tout comme la Halle Tropsime, on peut imaginer tout d’abord un réseau entre ces lieux mais surtout certains artistes résidents pourraient rejoindre dans quelques années le projet sur l’ilot Vergne. On pourrait donc imaginer un lieu de création évolutif en terme de capacité d’accueil, sans toutefois atteindre une trop grande taille qui le desservirait en le transformant en «usine».

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Entretien réalisé personnellement avec Luc Miglietta, président de l’association La Friche de Mimi Entretien réalisé personnellement avec Luc Miglietta, président de l’association La Friche de Mimi Site de la halle Tropisme https://www.offre.tropisme.coop/

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Un réseau de lieux de création

Programme

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LA HALLE TROPISME

Localisation 121 Rue Fontcouverte Montpellier Gestionnaire coopérative Illusion & Macadam Propriétaire Ville de Montpellier Description Tiers-lieu culturel Programmation évenementielle Programme 2 espaces de scène Espaces de travail pour les I.C.C Services aux entreprises Café - Restaurant Espace extérieur Chiffres - Clés 2018 - ouverture du lieu 4000 m² - aménagés + de 200 - nombre de résidents 400 à 1800 euros/mois - bureaux privés 183 euros/mois - bureaux partagés 130 euros/mois - open space Durée 12 ans, non reconductible (transformation prévue du lieu, en centre commercial)

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LE TRI POSTAL

Localisation 120 Rue Adrien Proby Montpellier Gestionnaire ARDEC Propriétaire La Poste Description Le tri postal a su garder son esprit industriel, tout en alliant la chaleur du bois et la clarté de la lumière naturelle grâce à un jeu de verrières. Convivialité et accessibilité sont les valeurs fortes qui accompagnent ce lieu et les personnes qui vont le faire vivre. Lieu ressources, le tri postal proposera des actions de formations, des rencontres professionnelles, de l’accompagnement et du conseil pour le spectacle vivant. Il favorisera l’échange de pratiques, la mutualisation et la coopération entre ses usagers. Chiffres - Clés 2018 - ouverture du lieu 750 m² - aménagés 4 x 36 m² - ateliers fermés 67 m² - coworking 600 euros/mois - bureaux privés 140 euros/mois - open space Durée Bail commercial de 9 ans reconductible

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LA TENDRESSE

Localisation 80 Impasse Flouch Montpellier Gestionnaire Association La Tendresse Propriétaire Famille faisant partie de la Coopérative La Tendresse Description Coopérative culturelle à la fois espace de travail et de diffusion Programmation évènementielle Programme Co-working Restaurant Salle de diffusion Espace extérieur Chiffres - Clés 2017 - ouverture du lieu environ 330 m² - aménagés 13 - structures résidentes 250 euros/mois - bureaux partagés Durée Bail commercial, mais les propriétaires faisant partie de la coopérative, La Tendresse devrait continuer à exister pendant longtemps.

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LA FRICHE DE MIMI

Localisation 4 rue du Gua Laverune Gestionnaire Association La Friche de Mimi Propriétaire Magalie Richard, chef d’entreprise Description Espace de travail et de création artistique Ouverture au public occasionnelle Programme Espaces de travail Espace extérieur Salle de répétition Chiffres - Clés 2018 - ouverture du lieu 1100 m² - aménagés 8 - structures résidentes 25 - nombre de résidents 2500 euros/mois - loyer total Durée Bail commercial de 9 ans

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2. De la friche artistique à l’Ilot mixte Par l’étude du quartier de Figuerolles, de son histoire et de ces problématiques, j’ai pu prendre conscience de ces enjeux actuels, et de la nécessité d’y réagir. J’ai donc réfléchi à une proposition de projet, même si ce n’est pour l’instant pas vraiment dans la conduite de la ville, qui me semble plus adapté à la situation.

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A. UN PROJET PHASE POUR UNE TRANSITION EN DOUCEUR ZONE D’ACTION La zone de réaménagement intègre les parcelles de Groupama, de la famille Vergne, celles de M.M., ainsi que le carrefour de l’avenue de la Liberté et les rues avoisinantes . En effet, les autres parcelles et bâtiments appartiennent à d’autres propriétaires privés, et sont des maisons de faubourg bien intégrées à leur environnement, il n’est donc pas nécessaire de les modifier.

Existant et zone de projet

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DEMOLITION DES BÂTIMENTS INSALUBRES OU NON INTEGRES AU QUARTIER Hormis un hangar issu des entrepôts Vergne en bon état, le reste des bâtiments présents sur la zone de projet est démoli. En effet, ceux-ci sont vétustes ou non intégrés architecturalement au quartier et ne présentent aucun intérêt «de mémoire» (hormis le hangar des entrepots Vergne). Il faut cependant penser à reloger les habitants (les locataires) dans le nouveau projet, qu’il va falloir phaser en plusieurs étapes. En effet, ceux-ci sont logés dans des «logements sociaux de fait»1, on peut donc leur proposer une place dans les nouveaux logements sociaux construits. 1 Logement social de fait : Ce logement est produit en dehors du « système HLM ». Situé dans le parc privé, il s’agit généralement de copropriétés anciennes et vétustes, qui abritent une population de propriétaires-occupants et de locataires aux revenus trop faibles pour se loger dans le parc privé et/ou ne répondant pas aux critères imposés par les bailleurs sociaux (revenus instables ou informels, sans-papiers, etc.) pour accéder au logement social. Pour autant, ces habitants appartiennent à la même classe de revenus que celle des habitants de HLM

0

Démolition des bâtiments

20m

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Le bâtiment 1 accueille 2 logements, et le bâtiment 2, 4 logements environ. Dans le bâtiment 3 se trouve la maison du propriétaire M.M., qui aura les moyens de se reloger lui-même, et dans les bâtiments 4 les héritiers de Mme Vergne qui pourront se reloger également (et qui ont déjà déménagés). Les autres bâtiments sont des parkings, ou un atelier d’artiste dans le bâtiment 5. UNE DEMOLITION ET CONSTRUCTION EN DEUX PARTIES La construction du futur projet doit donc se faire en plusieurs temps pour permettre de reloger directement les habitants de l’ilot. Les nouveaux bâtiments (en rouge) de logements (dont beaucoup de logements sociaux) doivent être construits avant la démolition de ceux où ils résident. Les travaux de réhabilitation du hangar conservé sont menés parallèlement. Une fois les personnes déplacées, on peut démolir et reconstruire sur l’autre partie de l’ilot, qui accueillera les Ateliers évolutifs Vergne et la nouvelle place publique avec le parking souterrain.

1e étape : démolition des entrepots et des maisons de la cour Vergne, et construction des logements sociaux pour déplacer les habitants des bâtiments 1 et 2, ainsi que travaux sur l’entrepot conservé pour le transformer en médiathèque /ludothèque

2e étape : démolition des bâtiments situés dans la gauche de la zone de projet et construction des Ateliers Vergne, comprenant également un café/cantine, une salle polyvalente, et un grand parvis servant d’espace public, et des logements à droite

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UN PROJET AVEC DIFFERENTS ACTEURS DE LA VILLE On peut donc imaginer un scénario où le tribunal appuie le recours déposé par Figuerolles en Friche et annule le permis de construire de l’actuel projet. Le promoteur annule l’achat du terrain. Sous la pression des associations et habitants, la SERM rachète la parcelle de la Cour Vergne et la revend à un bailleur social ainsi qu’un promoteur pour les logements sociaux, les logements en accession abordables, et un faible pourcentage de logements classiques, qui commencent les travaux des nouveaux logements. Ensuite, elle rachète les propriétés de Groupama et M.M. Les travaux sur les parties publiques et abords sont menés en même temps par la collectivité représentée par la SERM. L’espace de création est construit par la SERM, et ensuite racheté par des artistes constitués en association ou coopérative, grâce à des aides de l’Etat, la ville ou la Région, des fonds privés ou des collectes sur internet, sur le modèle du lieu La Chapelle à Toulouse) afin que ceux-ci se pérennisent sur le site grâce à l’accession à la propriété du lieu. Le café/restauration et les évènements permettent de récolter de l’argent pour la vie du lieu.

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B. UN ESPACE PUBLIC APAISE PLUS DE POSSIBILITES DE MOBILITES DOUCES POUR SE DEPLACER DANS LE QUARTIER L’avenue de la Liberté, actuellement une voie rapide coupant le quartier en deux, va voir dans les prochaines années son traffic diminuer grâce à la future rocade. On peut donc imaginer transformer ce carrefour et les voiries attenantes, afin de privilégier les mobilités douces et de faciliter sa traversée. Cependant, le nouveau programme s’appliquant à l’ilot va engendrer des besoins de stationnement. Un carrefour est mis en place, et les bretelles d’accès rapides supprimées, pour forcer les véhicules à ralentir. Des passages piétons sont déplacés et rajoutés pour fluidifier la circulation piétonne; Des trottoirs et pistes cyclables sont également rajoutés, permettant ainsi de relier la rue Adam de Craponne, le bâtiment de l’ancienne Maison de l’Agriculture destinée à bientôt être réhabilité) à la Cité Créative et au reste du quartier à l’Ouest, et à l’avenue de Toulouse ainsi qu’à l’arrêt de tramway de la

A B’ B

A’

C’

C

0

20m

Axes piétons et cyclistes

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future ligne 5 au Sud-Est. Deux escaliers sont aménagés au croisement de la rue Anterrieu et de l’avenue de la Liberté pour permettre aux piétons des deux côtés de l’avenue de regagner la rue Anterrieu qui passe sous l’avenue). La rue Adam de Craponne est redessinée de façon à agrandir le trottoir longeant l’ilot Vergne (en enlevant les quelques places de stationnement actuellement présentes) et créer une piste cyclable, qui rejoint la future Cité Créative à l’Ouest. Deux rues pour les piétons et les vélos sont crées pour traverser l’ilot Vergne plus facilement, et servir occasionnellement d’accès pompier ou déchargement des Ateliers Vergne et de la ludothèque etc. L’avenue de la Liberté passe à deux voies, contre quatre auparavant, mais qui était déjà rétrécie à deux pour les traversées des ponts. Des places de stationnement sont installées à la place des voies. . A Figuerolles, ou en tout cas dans les rues aux environs de l’ilot Vergne, les trottoirs sont en enrobé teinté, tirant légèrement vers le rouge. Je propose pour les nouveaux trottoirs ainsi que les deux nouvelles rues réservées aux déplacements doux traversant l’ilot, un enrobé grenaillé teinté légèrement dans les rouge/beige. L’enrobé grenaillé, par l’ajout de granulat, est plus qualitatif que l’enrobé classique, et le fait qu’il soit plus clair évite les ilots de chaleurs. La nouvelle piste cyclable est également un enrobé grenaillé mais plus foncé. Les routes sont en enrobé classique.

Ajout d’alignement d’arbres Réfection du trottoir en enrobé grenaillé Agrandissement du trottoir en enrobé grenaillé

Ajout d’alignement d’arbres, protection du bâtiment de logements existant

Création de piste cyclable en enrobé grenaillé

Création de voie piétonne en enrobé grenaillé

Ajout d’alignement d’arbres Création de voie piétonne en enrobé grenaillé Création d’une piste cyclable

Places de stationnement

Coupe AA’ rue Adam de Craponne 1/500 Création de piste cyclable en enrobé grenaillé

Coupe Avenue de la Liberté BB’ 1/500 Création de places de stationnement

Pins existants

Oliviers existants Création de trottoirs en enrobé grenaillé

Création de trottoirs en Création de trottoirs en Création de pistes cyclables enrobé grenaillé enrobé grenaillé

Coupe CC’ Avenue de la Liberté 1/500

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CREATION D’UNE PLACE PUBLIQUE VEGETALISEE Un nouvel espace public, une place, est créée. En effet, il y a peu d’espaces publics à Figuerolles (il y a principalement la place Salengro et quelques squares ). Cette place pourrait accueillir une multitude d’usages, grâce à sa position en face du lieu de création accueillant également une salle pour divers évènements ouverts au public et un café/cantine. Des évènements organisés par les Ateliers Vergnes pourraient s’y dérouler (concerts, guinguettes, performances artistiques) ainsi que des vides greniers, des marchés de façon ponctuelle... Cette place est végétalisée, avec des grands arbres sortant du parking situé dessous, permettant d’ombrager la place, et avec une partie enherbée et plantée où l’on peut profiter de l’espace pour s’assoir dans l’herbe, etc. Créer de nouveaux espaces publics non «contrôlés» (pas de clôture pour fermer la nuit etc) s’oppose à la pensée ultrarationalisante et sécuritaire «qui prévaut à nombre d’aménagement contemporain, consistant à réduire l’espace public aux fonctions basiques de desserte et à renvoyer au domaine privé les autres usages»1. Or l’espace public est le socle de la sociabilité, du « vivre ensemble » en dehors de la sphère privée, et il est aussi le porteur de l’identité d’un quartier. La collectivité doit donc aménager et gérer des espaces qui supportent une activité de détente, de loisirs, de convivialité. 1

Ville de Montpellier - Guide Aura

Avenue de la Liberté

Une nouvelle place support d’usages Coupe 1/500

Une nouvelle place support d’usages Plan masse 1/500

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CREATION DE STATIONNEMENTS Des nouveaux stationnements sont créés pour répondre aux besoins (artistes, spectateurs lors d’évènements...). Ceux pour les nouveaux logements seront évoqués plus tard. Les stationnements sont aménagés le long de l’avenue de la Liberté, grâce à sa réduction de quatre à deux voies. Si ces stationnements ne sont plus nécessaires dans le futur, les voies piétonnes ou cyclables pourront être agrandies sur leur emprise. Un parking souterrain d’un seul niveau est créé sous la place. Il est éclairé naturellement grâce à des ouvertures zénithales, et pour permettre de végétaliser celle-ci, des arbres sont plantés au niveau du parking et sortent sur la place par les ouvertures zénithales. Le parking n’est pas sous toute la surface de la place, pour permettre de garder de la terre pour avoir un espace vert sur la place.

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20m

Des stationnements le long de l’avenue de la Liberté Une nouvelle et sous leplace nouvel support espaced’usages public

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VEGETALISATION DE L’ESPACE PUBLIC La végétation présente sur les voiries est préservée au maximum (principalement des pins, des oliviers, et des chênes verts). Elle est complétée par un alignement d’arbres du même type sur l’avenue de la Liberté, ainsi que sur le nouvel espace public. De même, un alignement d’arbres est créé le long de la rue Adam de Craponne. Cette végétalisation répond aux attentes du guide AURA (Améliorer l’Urbanisme par un Référentiel d’Aménagement – Ville de Montpellier), qui promeut la préservation de la ressource en eau et le renforcement de la trame verte1, de manière à lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain et ainsi adapter notre cadre de vie aux changements climatiques prévisibles d’ici une cinquantaine d’années, auxquels la Ville de Montpellier sera très exposée. 1 La trame verte se définit comme l’ensemble des espaces supportant le végétal sous toutes ses formes : arbres d’alignement, bandes arbustives ou herbacées, prairies, parcs, squares, ouvrages hydrauliques de surface - Guide AURA

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20m

Végétalisation

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La trame verte «constitue le corollaire indispensable à la densité bâtie recherchée, en étant vecteur de qualité paysagère, d’atténuation des vis à vis, de production d’espaces récréatifs, de respiration du tissu bâti, de régulation thermique et rafraîchissement local»2. Elle permet également de restaurer un taux d’absorption de CO2 en ville, et constitue l’abri d’espèces animales. Le meilleur moyen de lutter contre les périodes de fortes chaleurs - et le plus passif - est de protéger par l’ombre des arbres les façades des bâtiments, les espaces publics ainsi que les voiries. La canopée3 doit donc être développée tout particulièrement le long des parcours piétons, des voies cyclables, espace d’attente, mais également en coeur d’îlot pour le confort d’été des logements. Les ressources en eau doivent être préservées et donc il faut réduire la consommation d’eau pour l’entretien de la végétation, ce qui peut se faire en ayant recours à une palette d’espèces méditerranéennes. En effet, «elles constituent une gamme de végétaux de toute hauteur et toute forme, adaptée aux contraintes de sol et de pluviométrie et restreinte en entretien, qui permet de structurer les lieux et de qualifier les ambiances.»4

2 3 4

Ville de Montpellier - Guide Aura canopée : étage supérieur des arbres de moyen et grand développement - Ville de Montpellier - Guide Aura Ville de Montpellier - Guide Aura

Les arbres déjà présents dans la zone de projet sont le pin, l’olivier, le micocoulier, le frêne, l’arbre de Judée, le tilleul. Les nouveaux arbres plantés ont été choisi grâce au guide du CAUE. Le frêne à fleur a été choisi pour être planté le long de la rue Adam de Craponne. Le micocoulier est planté le long de l’avenue de la Liberté car de nombreux existants s’y trouvent déjà. Sur le nouvel espace public, des érables de Montpellier, des frênes et des micouliers sont plantés.

Frêne commun : Arbre interessant pour les alignements de route car il résiste à la pollution. Floraison au printemps Hauteur adulte : 5 à 10m Largeur adulte : 5 à 7m

Micocoulier : Apprécié dans les paysages méditerranéens Hauteur adulte : jusqu’à 20 m Largeur adulte : jusqu’à 8 m

Erables de Montpellier : Feuillage virant au jaune et rouge en Automne Hauteur adulte : jusqu’à 10 m Largeur adulte : jusqu’à 5 m

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C. L’ILOT MIXTE ORGANISATION SPATIALE Les logements avec ateliers d’artistes ou commerces au rez-de-chaussée se positionnent à la place de l’ancienne Cour Vergne, alors que le lieu de création (que nous allons nommer les Ateliers Vergne), va se positionner le long de l’avenue de la Liberté, donnant sur le nouvel espace public. En effet il est plus interessant de positionner les Ateliers Vergne le long de l’avenue de la Liberté que du logement car le bruit est moins gênant, et il est plus interessant d’avoir de la visibilité pour les Ateliers Vergne.

0

20

Plan masse

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DES ATELIERS D’ARTISTES AU REZ DE CHAUSSEE La création ne s’effectuera pas uniquement dans les Ateliers Vergne, mais on trouvera également des ateliers pour artistes dans les rez de chaussée, ainsi que quelques commerces. Le but est de ne pas faire un seul grand bâtiment, mais plusieurs de taille moyenne, entre la petite échelle du quartier, et celle des bâtiments imposants en face sur la rue Adam de Craponne. Les bâtiments s’alignent le long de la rue Adam de Craponne et des deux nouvelles rues piétonnes, pour préserver l’urbanité du quartier, et créer deux coeurs d’ilots très végétalisés. Les rez-de chaussée où se situent les ateliers d’artistes doivent avoir une différence de matériau, et celui-ci doit être le même que le nouveau lieu de création (les Ateliers Vergne) pour montrer la similitude de programme. L’ancien hangar des ateliers Vergne est transformé en bibliothèque/ludothèque, et se situe en face de l’entrée plus privée des Ateliers vergne et au croisement des deux nouvelles rues.

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REFLEXIONS SUR LES LOGEMENTS Je n’ai pas choisi de me concentrer sur les logements créés sur l’ilot mixte, mais j’ai cependant effectué des recherches, qui ne sont que des pistes quant au futur aménagement possible. Ces bâtiments se composeraient de logements traversants, pour que chaque logement ait une aération optimale, deux orientations et surtout deux ambiances : un côté rue, et un côté cour. Dans le cas de petits appartements (studio), il est possible de n’avoir accès qu’à une seule façade du fait de la faible surface du logement. Un maximum d’appartements doit être muni de terrasses (côté cour) pour avoir un extérieur privé, en plus de la cour-jardin commune du rez-de-chaussée. Pour garder une échelle de voisinage proche assez restreinte (comme dans les ‘immeubles‘ de centre-ville), une circulation verticale sans couloir (un palier commun) est mise en place, desservant seulement deux ou trois)logements par niveau.

TYPO APPARTEMEN TERRASSE

LOGEMENT 75 M² LOGEMENT 125 M²

PALIER 12 M²

R+4

CIRCULATION VERTICALE

TERRASSE

TERRASSE

T4 T3

LOGEMENT 75 M² LOGEMENT 100 M²

POSSIBILITE DUPLEX POUR FAIRE UN T5 OU T6

PALIER 12 M²

R+3

2,5

T5 T2

TERRASSE

CIRCULATION VERTICALE

TERRASSE

TERRASSE

10

POSSIBILITE UN SEUL LOGEMENT POUR FAIRE UN T3

TERRASSE

R+2

PALIER 12 M²

LOGEMENT 100 M²

CIRCULATION VERTICALE

CIRCULATION VERTICALE

TERRASSE

TERRASSE

T4 T3

R+1

LOGEMENT 50 M²

10

LOGEMENT 25 M² T4 T2 T1

LOGEMENT 75 M² LOGEMENT 100 M²

PALIER 12 M² CIRCULATION VERTICALE

JARDIN

LOCAUX COMMUNS 3 ATELIERS

RDC

ATELIER 50 M²

ATELIER 50 M²

ATELIER 50 M²

CIRCULATION VERTICALE RUE

Exemple de plans d’étage 1/500

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Leur architecture devra respecter et s’adapter à leur environnement direct. Côté rue (Adam de Craponne ainsi que les nouvelles voiries crées à l’intérieur de l’ilot), les façades sont donc alignées à la rue et les ouvertures sont plus hautes que larges. Des balcons de maximum 70 cm peuvent être mis en place à certaines fenêtres. Ces principes rappellent l’architecture de faubourg caractéristique d’une partie de ce quartier. Cependant, pour la rue Adam de Craponne, des éléments horizontaux peuvent participer à l’animation des façades et ainsi reprendre le langage des gros bâtiments collectifs de l’autre côté de la rue. Les façades côté rue doivent être ‘lourdes’, en enduit de couleur claire, ou encore en pierre ou en béton, avec la possibilité de rajouter d’autres matériaux ‘bruts’ (bois, métal…) pour certains détails (volets, encadrements de fenêtres, balcons…). Les rez-de chaussée où se situent les ateliers d’artistes doivent avoir une différence de matériau, et celui-ci doit être le même que le nouveau lieu de création (les Ateliers Vergne) pour montrer la similitude de programme. Côté cour privée – jardin, les façades sont plus ouvertes, avec des terrasses, pour avoir un «extérieur» personnel, en plus du jardin partagé, et profiter du climat mediterranéen. Les matériaux constituant ces terrasses doivent être beaucoup plus légers. Les toits des bâtiments majoritairement destinés aux logements seront à double pente et en tuiles, comme recommandés par le PLU.

jardin

logements

rue ateliers d’artistes piétonne et logements

coeur d’ilot végétalisé

Coupe logements / ateliers 1/500

Exemple de façade rue Adam de Craponne

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parking, ateliers d’artistes et logements

rue Adam de Craponne


D. LES ATELIERS VERGNE, LIEU DE CREATION EVOLUTIF RECHERCHES SUR LES BÂTIMENTS EVOLUTIFS Comme évoqué plus tôt, le lieu de création doit pouvoir augmenter sa capacité d’accueil, avec une certaine limite. J’ai donc effectué différentes recherches sur les bâtiments évolutifs. Le document écrit par l’Agence XB Architectes dans le cadre du projet BAZED (Bâtiment zéro Déchet), Architecture évolutive/flexible est particulièrement intéressant. Celui-ci explique bien les différents points à prendre en compte. L’importance des choix constructifs est primordiale que ce soit : Au niveau des fondations : il faut, quand l’équilibre financier le permet, surdimensionner les fondations en vue de recevoir une charge supplémentaire ou de doubler les fondations en intégrant dès le départ des systèmes déportés permettant la construction d’un autre bâtiment en extension. Au niveau du système constructif : il faut favoriser les systèmes constructifs systématiques (trames). En effet, le recours à une trame facilite la compréhension de l’espace et favorise le développement. On peut reproduire une trame, la diviser, lui ajouter des ½ trames... Il est interessant de prévoir des parties démontables, des liaisons mais aussi des liaisonnements aisés en intégrant la possibilité d’un ancrage futur (liens structuraux avec la future structure, par exemple avec des platines ancrées et en attente, armatures en attente). L’utilisation de structures légères (acier, bois,…) est préférable, ou de matériaux facilement démontables, et réutilisables, avec une enveloppe plus ou moins perméable et évolutive, démontable facilement. Au niveau de l’enveloppe et des cloisons : il faut prévoir en façade là où seront prévus les cheminements des planchers existants aux nouveaux planchers, et à l’intérieur favoriser le cloisonnement / décloisonnement par l’utilisation de cloisons démontables (bois, verre…). Au niveau des fluides et gaines techniques : les fluides doivent être regroupés de manière stratégique, et les gaines techniques doivent être placées en position centrale pour pouvoir aménager autour ou alors en position totalement déportée, externe, indépendante (comme les goulottes de démolition) pour faciliter la maintenance et les interventions ultérieures à la fois sur ces éléments mais également sur les autres éléments intérieurs. Il faut passer en « apparent » l’électricité (avoir des chemins de câbles, des équipements repositionnables), le chauffage (imaginer des appareils de chauffage modulable sur rails, intégrer les tuyaux en câbles comme éléments de décor et de conception architecturale).

Les bâtiments évolutifs sont plus souvent des bâtiments de logements, permettant l’extension de ceuxci, ou le rajout d’un niveau dans un volume initial, comme on peut le voir sur la page ci-contre.

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Elemental - Quinta Monroy (Chili)

Le projet avait pour but de loger 100 familles dans un noyau de 30m², facilement extensible pour former une future habitation de 70m². Les bâtiments posés sur une parcelle de 9x9m accueillent deux familles : une famille en rez-de-chaussée (6x6m) et une famille à l’étage avec un duplex (2x6x3m). Une partie de la parcelle reste vide pour accueillir les extensions des deux familles, avec une chape structurelle pouvant accueillir ces extensions.

Futurs volumes capables évolutifs à Brazza, Bordeaux

Le concept de « volume capable » est actuellement expérimenté dans le quartier Brazza dont l’architecte et urbaniste est Youssef Tohmé. Ce concept livre à l’acquéreur un volume « non fini » permettant un aménagement et une finition très libres (ces travaux étant à sa charge). Deux niveaux offrent une hauteur sous plafond de 5 m dans laquelle il est possible de développer une surface plancher supplémentaire (mezzanine).

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EVOLUTIONS DU PROJET

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ORGANIGRAMME

Toilettes et salles d'eau

Stock

ESPACE MACHINE

Toilettes Stock

80.0

ESPACE BUREAUX 260 m² (50 post

ESPACE THEATRE 180 m² Salle répétition

Salle répétition

72.0

Salle répétition double hauteur 72.0

36.0

30.0

36.0

63.0

30.0

36.0

63.0

ESPACE MUSIQUE 70m² Salle de répétition Salle de répétition 36.0

ESPACE COMMUN 100 m² Cuisine

36.0

20.0 Toilettes

ESPACE PLASTICIENS 105 m²

16.0

Ateliers

Ateliers

Ateliers

36.0

36.0

36.0

+

Chill / salle à manger 72.0

COMMUN espace dif Stock

ESPACES EXTERIEURS

tous ceux des rez-de-chaussée dans l'ilot

600.0 ACCES VEHICULE par la nouvelle rue créée dans l'ilot

PRIV

EN 94


FUTURE EXTENSION

k 520.0

EAUX 260 m² (50 postes)

36.0

63.0

36.0

63.0

ESPACE CAFE 200 m² Salle Café / Cantine

100 m²

100.0

72.0

r

Cuisine COMMUN espaces création et espace diffusion / café

16.0

Salles à louer

Toilettes 16.0

Terrasse

Local technique

Stock 196.0

39.0 ESPACE DIFFUSION (exposition, performances, évènements culturels...) Salle polyvalente 176.0

PRIVE

PUBLIC

ENTREE PRINCIPALE (PLACE)

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Toilettes

Stock, régie


STRUCTURE ET EVOLUTION La structure des Ateliers évolutifs Vergne (comprenant également la salle polyvalente et le café/cantine) est composée de portiques en métal. Dès la construction, tous les portiques sont posés mais sertains resteront «vides» jusqu’à ce que le bâtiment s’agrandisse pour accueillir d’autres artistes et locaux de travail. La structure primaire est donc composée de portiques en métal, car ce matériau permet de franchir de grandes portées et de supporter de grandes charges sans être trop épais, contrairement au bois. La structure secondaire (support des planchers et de la toiture), qui elle est de plus petite portée et supporte moins de charge, est en bois. Les façades du bâtiment (hormis les pignons) sont remplies avec des panneaux de remplissage bois, à l’intérieur des portiques. Un espace pour les réseaux est intégré dans la partie basse des ces panneaux. Les portiques sont donc toujours apparents, qu’ils soient remplis ou non. Chaque niveau possède 3,60m sous plafond pour être à l’aise dans les ateliers et les bureaux. Certaines salles de travail sont cependant sur deux niveaux, pour pouvoir installer des éléments au plafond si besoin. Les différents espaces sont au maximum traversants pour pouvoir aérer et ventiler facilement. Le béton, matériau non écologique, est limité : il sert uniquement pour les fondations, le plancher au rez-de-chaussée et en collaborant avec une structure bois lorsqu’il est est support d’ateliers et salles de répétition (pour ses vertues accoustiques).

Structure primaire en acier

Structure primaire en métal et secondaire en bois

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Toiture métal, ou panneaux solaires

Plancher bois, revêtement au choix, pour les bureaux

Cheneau

Portiques en métal Porté de 10m, avec un entraxe de 4m Plancher mixte bois et béton pour ateliers et salles de répétition Plancher béton au rez-de-chaussée

Panneaux de remplissage structure bois et bardage bois Ecorché de la structure

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UN PROGRAMME DIVISE EN DEUX PARTIES Les programmes accessibles au public (qui sont la salle polyvalente permettant d’accueillir expositions, concerts, performances....) et le café / cantine sont situés sur la place, pour un accès facile et une grande visibilité depuis l’avenue de la Liberté et la rue Adam de Craponne. Les ateliers d’artistes, plus privés, sont situés derrière la première partie publique. En effet, ceux-ci sont accessibles seulement par les personnes y travaillant en général, même si on peut avoir des vues sur ces parties depuis les rues et la partie publique.

DES LIMITES ADAPTABLES Deux «limites» sont mises en place, pour pouvoir proposer des espaces flexibles, en fonction des besoins d’accueil du public, et des évènements proposés.

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UNE CIRCULATION VERTICALE CENTRALE ET DES FLUIDES REGROUPES Deux circulations verticales sont positionnées de manière centrale sur chaque «aile» du bâtiment, pour desservir efficacement les différents bureaux et ateliers et d’adapter à l’extention prévue. Elles sont reliées au R+2 par une passerelle / terrasse, pour une meilleure communication entre les bâtiments. De la même manière, les fluides (servant aux douches, toilettes, cuisines...) sont regroupés de façon centrale.

POUR UNE FUTURE EXTENSION DU BATIMENT La structure primaire déjà présente permet d’accueillir dans le futur de nouveaux espaces (ateliers, salles de répétitions, bureaux) pour les artistes, qui peuvent se greffer au noyeau de circulation verticale et de pièce d’eau.

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conclusion Les artistes et friches artistiques peuvent donc être les initiateurs et victimes de la gentrification de certains quartiers populaires, qui repoussent loin du centre ville les habitants et usagers du quartier. Ce projet de fin d’études propose une réponse possible sur le quartier de Figuerolles à Montpellier, qui est un exemple de cette problématique. Il s’agit donc de perenniser les habitants et usagers dans le quartier et de conserver l’identité de celui-ci, tout en répondant à des problématiques spécifiques du lieu d’implantation du projet. Le projet doit repenser le croisement de l’avenue de la Liberté en proposant de plus de circulations douces, et de nouveaux espaces publics, proposer un programme permettant aux habitants et usagers du quartier de rester, en créant entre autres un nouveau lieu de création pour les artistes, qui promeut le vivre ensemble et l’intensité urbaine et créative. Ces lieux de création se regroupent en un bâtiment principal (les Ateliers Vergne) mais colonisent également les rez-de-chaussée des bâtiments de logements de l’ilot pour créer une mixité sociale et animer la ville. Le bâtiment des Ateliers Vergne doit répondre à une certaine flexibilité pour des usages et des échanges variés entre les artistes et les habitants du quartier et de la ville. Après une analyse des autres lieux de création existants, la question de l’évolution (par une extension) du bâtiment s’est posée, pour lui permettre dans un deuxième temps d’accueillir les artistes résidant actuellement dans d’autres lieux (amenés dans le futur à fermer leurs portes). Ce projet a pour but d’améliorer la qualité de vie et de mobilité des habitants du quartier sans en changer l’identité, et de créer un lieu favorisant l’accès à la culture pour tous et le vivre ensemble.

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