L'écho de l'étroit chemin n° 26, août 2018

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Améthyste Depuis longtemps je porte de longs pulls violets à col roulé, lisses au toucher, des jupes à volant violettes, elles aussi ; j’aime les bouquets de colchiques « couleur de cerne et de lilas », comme l’automne, saison préférée de Guillaume Apollinaire. Si les bruyères fleurissent sur les pentes des collines à l’orée de l’hiver, si leurs brins violacés ornent les tombes – nous ne nous verrons plus sur terre, écrit le poète -, si le mauve symbolise le demi-deuil, la teinte délicate annonce également le printemps, anémones au creux des bois, glycines des tonnelles, cistes de la garrigue, violettes près des sources, sans oublier les arbres de Judée dans les jardins. Violet pâle du printemps, violet foncé de l’automne. Fenêtre ouverte se pencher pour la cueillette d’un bouquet champêtre. Mes saveurs de prédilection ? Violettes encore. Friandises toulousaines, juteuses framboises, succulentes myrtilles des Cévennes et des Vosges, légers fruits des sous-bois. J’ajoute la mûre et le cassis dont la variante alcoolisée fut immortalisée par un chanoine bourguignon. Je mentionnerai la prune, et son eau de vie, puis je me laisserai guider par Apollinaire : « Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme » un vin ni noir ni rouge mais bien violâtre, teinte forte du sang de la vigne. Après les alcools, les parfums ont le pouvoir d’enivrer. Montagne de Lure sillons violets des lavandes bientôt distillées.

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