COLLIN, LE PETIT CUPIDON JOUFFLU

Page 1

Collin, le petit cupidon joufflu, s’étire vivement sur son nuage blanc. Il tournaille de tous bords et de tous côtés. Il ne peut s’empêcher d’exprimer sa joie.

— Ah, qu’il fait bon chez soi !

Il ouvre grand ses yeux bleus.

Des rayons de soleil traversent le paysage blanc et cottoneux autour de lui. Le garçonnet aux ailes transparentes prend un joli peigne couleur ivoire et le passe doucement dans ses cheveux d’or bouclés.

Sa main arrête soudainement. Un léger battement régulier retentit et le secoue hors de sa rêverie.

— Tiens, mais qu’est-ce que j’entends ? se demande Collin en se retournant.

Francis, son fidèle ami oiseau-mouche, arrive. Il se pose délicatement sur le nuage. Il verse un grand verre de nectar pur de son bec.

— C’est du nectar tiré des fleurs des champs, annonce-t-il fièrement.

— Merci Francis. Tu es bien gentil.

Collin, le petit cupidon joufflu, boit son verre de nectar pur en quatre gorgées et s’essuie la bouche du revers de son avant-bras. Il se couche sur le ventre et envoie sa petite main potelée à Francis qui est déjà très loin. Sa main s’arrête soudainement. Des sifflements mélodieux se relancent à sa gauche.

— Tiens, mais qu’est-ce que j’entends ? se demande Collin en se retournant.

Cantor, le rossignol flamboyant arrive suivi de son cortège d’amis. Ils se posent délicatement sur le nuage. L’oiseau s’avance pompeusement vers Collin et lui présente une missive. Le sceau de la confrérie des cupidons lui coupe le souffle. Il est clair que le message est d’une haute importance. Il se lève d’un bond.

— Merci Cantor. Merci chers amis. Vous êtes tous bien gentils.

Il s’empresse de lire la missive. Ses pommettes deviennent rouge de joie.

— Hourrah ! J’ai ma première mission de cupidon ! dit-il en envoyant sa petite main potelée à Cantor qui est déjà très loin.

Avec cette mission, je vais enfin pouvoir obtenir le grade de Cupidon Actif. Je dois nouer d’amitié Marité et Jean-Christophe. C’est assez simple. Je n’ai qu’à tirer une de mes flèches et … Cœur de cœur ! Mais où sont-elles ? s’affole-t-il.

Collin, le petit cupidon joufflu, cherche partout sur son nuage.

Il cherche sur et sous son nuage.

Il cherche devant et derrière son nuage.

Il cherche même dans son nuage.

Aucune trace de ses flèches.

— Cœur de cœur ! Sans flèches, tout est fichu.

Cela dit, il n’est certainement pas prêt à baisser les bras. Il ne peut se laisser décourager par cette embûche.

Collin, le petit cupidon joufflu, sort vite sa loupe géante. Il y a peut-être des indices qui trainent ici et là qui le mèneront droit vers le voleur.

— Tiens, mais qu’est-ce que je vois ? dit-il en s’arrêtant. Des petites gouttes d’or de soleil. Ce serait donc le soleil le voleur ?

Tiens, mais qu’est-ce que je vois encore ? De nobles plumes. Ce serait donc l’aigle royal qui les aurait prises ? — Cœur de cœur… et s’ils étaient tout deux coupables du larcin… Un complot ? Ça alors, le mystère grandit à pas de loupe ! conclut le détective ailé en se prenant la main dans ses boucles.

— Tiens, mais qu’est-ce que j’entends ?

Raoul, le vent de l’est, arrive en premier. Florent, son frère de l’ouest, se pointe en deuxième. Charles et Charlotte, les vents du sud et du nord, suivent par derrière.

Les quatre vents lui adressent la parole en même temps. Pauvre Collin arrive à peine à rester debout. Il est virevolté de toute part.

— Cœur de cœur… je suis entouré. Je suis pris dans l’œil d’une tempête, crie-t-il en cherchant à ne pas perdre pied sur son nuage.

Arrêtez, arrêtez de souffler comme cela. Je vais dégringoler de mon nuage. Ce serait bien le comble d’ajouter une aile cassée à ma liste de problèmes.

Les quatre vents se taisent et prêtent oreille aux soupçons que le cupidon partage. Selon lui, il ne peut s’agir que du soleil et de l’aigle royal. Ses preuves sont indéniables.

Ils relèvent chacun le sourcil gauche dubitivement. Collin n’aime pas ces regards quadruplets au-dessus de sa tête.

— Vous ne me croyez pas ? Et bien regardez à travers ma loupe géante. Vous verrez bien que je ne mens pas. Ici, il y a bel et bien trois gouttes d’or de soleil et dix plumes effilées d’aigle royal. Ces pièces à conviction numérotées pointent directement vers eux.

Les quatre vents regardent à travers la loupe géante un à un. Ils réfléchissent longtemps. Puis, après s’être concertés, ils se déchainent. Ce rire imprévu fait presque basculer Collin hors de son nuage. Il est furibond. Il déteste ne pas être pris au sérieux. Après tout, l’heure est grave. Et voilà que ces quatre vents cherchent également à l’empêcher de complèter sa mission.

Raoul, le vent de l’est, parle en premier.

— Mais voyons… ce ne sont pas des gouttes d’or de soleil. Ce sont des gouttes de nectar pur.

— Oh ?

Florent, le vent de l’ouest, s’exprime en deuxième.

— Mais voyons… ce ne sont pas des plumes effilées d’aigle royal. Ce sont des plumes de rossignols.

— Oh ?

Enfin, Charles et Charlotte, les vents du sud et du nord, s’avancent en troisième.

— Mais voyons… on ne t’a pas volé tes flèches. Elles sont dans le carquois derrière ton dos.

Collin, le petit cupidon joufflu, passe sa main derrière lui. Il tâte son carquois. Puis remonte jusqu’à son embouchure et prend connaissance de cinq petites pointes.

Les quatre vents partent en riant chacun dans sa direction.

Collin, le petit cupidon joufflu, est quelque peu gêné. Par contre, comment aurait-il bien pu repérer les flèches alors qu’elles le suivaient partout où il allait, se consola-t-il.

Le mystère résolu, il peut maintenant reprendre sa mission. —

Cœur de cœur, mais quelle journée ! sourit-il.

Et Collin, le petit cupidon joufflu, ouvre grand ses ailes transparentes et part à la recherche de Marité et Jean-Christophe. Ce sera sa première amitié à nouer.

COLLIN LE PETIT CUPIDON JOUFFLU

Richard Angeloro

Kathleen Morrisson

ÉDITIONS CYBERVERS

© 2023

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.