Quart d'heure pour l'essentiel Noël 2018

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quart d'heure pour l'essentiel

Editorial Ignazio Cassis: «Maintenons notre capacité à dialoguer» PAGE 3

ÉDITION DE NOËL 2018 | www.quartdheure.info

SONDAGE EXCLUSIF LES SUISSES, LA FÊTE DE NOËL ET LES JOURS FÉRIÉS PAGE 4

Faut-il abolir Noël et les fêtes chrétiennes? JÉSUS, FILS DE RÉFUGIÉS PAGE 10

LA NAGEUSE NOÉMI GIRARDET PUISE SA FORCE DANS LA FOI PAGE 12

À NOËL, LES ÉGLISES SE REMPLISSENT PAGE 6


Pourquoi ce journal? La phrase «Que lʼEternel te bénisse» affichée sur un bus biennois fin de lʼété nʼa pas fait lʼunanimité, loin de là. Le pays fondé sur le nom de Dieu Tout-Puissant semble bien éloigné de notre patrie telle quʼelle est aujourdʼhui. La Suisse serait-elle donc trop chrétienne pour certains? Si la bénédiction de lʼEternel est menaçante, quʼen est-il dʼune éternité à ses côtés? Dans un récent sondage commandé par le Christianisme Aujourdʼhui, la population affirmait majoritairement ne plus croire en un paradis et un enfer, préférant laisser libre cours à lʼimagination quant à une éventuelle vie après la mort. Noël approchant, les questions existentielles sʼimposent dʼellesmêmes, comme une musique douce amère berçant nos courses effrénées, nos achats et notre recherche de sens. Un quart dʼheure pour penser à lʼessentiel, cʼest ce que la rédaction vous propose avec cette édition ponctuelle. Où vous sentez-vous chez vous? Comment aborder les tensions familiales, le mois de décembre et des fêtes arrivant à grands pas? Vous trouverez des témoignages, des encouragements et des réflexions dans les pages de ce journal qui, nous lʼespérons, contribuera à un quart dʼheure de votre journée rempli de sens. La rédaction

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Quart dʼheure pour lʼessentiel est coédité par Alliance Presse et Jesus Celebration 2033. Le titre Viertelstunde für den Glauben, son pendant en allemand, a été lancé par le Réseau évangélique suisse en 2003. Alliance Presse, groupe de presse protestant évangélique franco-suisse, édite huit médias pour petits et grands. Jesus Celebration est une plateforme chrétienne interconfessionnelle qui prépare le 2000e anniversaire de la résurrection du Christ. Le Réseau évangélique suisse, organisation faîtière des protestants évangéliques en Suisse, ainsi que le Conseil national des évangéliques de France, soutiennent la parution du Quart dʼheure pour lʼessentiel. Editeurs

IMPRESSUM Quart dʼheure pour lʼessentiel est un journal de grande diffusion qui paraît de façon ponctuelle. Existe depuis juin 2006. Il constitue un hors-série du Christianisme Aujourdʼhui. TIRAGE 100 000 exemplaires EDITEURS : Alliance Presse/Jordi SA, Jesus Celebration 2033. RÉDACTION Maude Burkhalter (secrétariat de rédaction). Eric Denimal, Gabrielle

en partenariat avec

Desarzens, Gaëlle Dubath, Cindy Gerber, David Métreau, Sandrine Roulet, Christian Willi, Pierre-Yves Zwahlen. GRAPHISME Concept : Denis Simon, Création AG, Maquette : Alliance Presse, Aubonne IMPRESSION Tamedia DruckZentrum Berne. ADRESSE DE COMMANDE : www.quartdheure.info info@quartdheure.info

© Alliance Presse, 2018

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EDITORIAL

«Maintenons notre capacité à dialoguer» Chères lectrices et chers lecteurs,

Distants mais attachés aux valeurs chrétiennes

La période de Noël marque un temps dʼarrêt. Lʼannée touche à sa fin. Cʼest le moment de revenir sur les expériences et les événements des derniers mois. Et aussi de regarder vers lʼavenir pour la nouvelle année: quʼattendons-nous de nous? Quʼestce quʼon espère? Et peut-être aussi: de quoi avons-nous peur?

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Les derniers mois ont été pour moi incroyablement intéressants et instructifs. La Suisse entretient des contacts directs avec presque tous les pays du monde et est engagée dans de nombreuses organisations internationales. En tant que Conseiller fédéral et chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), jʼai donc eu lʼoccasion dʼavoir de nombreux entretiens politiques qui ont permis de mettre en valeur ce que nous avons en Suisse. En dʼautres mots, on pourrait dire que ces rencontres mʼont permis de répondre à la question de savoir où se trouve ma patrie et quʼest-ce qui la caractérise.

A Noël, les activités des Eglises enthousiasment 6 Les progrès que lʼon doit au christianisme 9 Jésus, fils de réfugiés, existe-t-il vraiment? 10

PHOTO: BEAT MUMENTHALER - ISTCOKPHOTO / COUVERTURE: ISTOCKPHOTO - ADRIAN WIRZ - DR

A quel endroit ces sportifs de haut niveau, se sentent-ils chez eux? 12 Cʼest décidé, à Noël, je surmonte mes tensions familiales 14 Yves Daccord: chez soi, ce nʼest pas forcément là où on dort 15 Un dernier vœu avant le grand vide

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Des paillettes au gospel, Caroline a trouvé la paix

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Quand lʼamour du prochain passe de la parole à lʼacte

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Vous pouvez soutenir la diffusion de ce journal par un don: CCP 23-2948-3 Alliance Presse, Aubonne, mention: Quart dʼheure. Merci!

Il est très important que nous puissions maintenir notre capacité de dialoguer dans notre pays. Parce que ce dialogue met en valeur ce qui nous unit: le respect de son prochain, le droit dʼavoir sa propre opinion, la capacité de parvenir à un consensus, la possibilité de contribuer à façonner notre avenir - et enfin et surtout la fierté dʼêtre membre de cette société. Je ressens également ces valeurs lorsque je suis en Suisse. Parce que le contact étroit du responsable de la politique étrangère avec les citoyennes et les citoyens de son pays est essentiel. Notamment pour que cette politique soit bien comprise et bien ancrée en Suisse. Ce nʼest quʼainsi que la Suisse pourra faire valoir ses valeurs dans le monde et protéger ses intérêts. Cette année, je me souviens en particulier de ma présence à la journée de la Communion dʼEglises protestantes en Europe (CEPE). Ce fut un moment à part à la cathédrale de Bâle. La CEPE et le Conseil pontifical pour la promotion de lʼunité des chrétiens ont convenu dʼentamer un dialogue officiel sur lʼEglise et la communion ecclésiale. Il sʼagit dʼune étape importante dans la discussion de questions qui sont importantes pour nos vies et notre société. Profitons de la saison de Noël pour faire une pause, pour réfléchir sur ce qui est important pour nous. Et pour avoir des conversations avec nos parents et amis. Des conversations que nous ne prenons pas le temps dʼavoir au cours de lʼannée, pris que nous sommes par le tourbillon du quotidien.

Ignazio Cassis Conseiller fédéral

Quart dʼheure Noël 2018

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SONDAGE EXCLUSIF

LA POPULATION SE DIT MAJORITAIREMENT ATTACHÉE AUX FÊTES ET VALEURS CHRÉTIENNES. POURTANT, SEULE UNE MINORITÉ DÉCLARE SE SENTIR «BIEN ET CHEZ ELLE» DANS UNE COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE. RÉSULTATS ET ANALYSE DʼUN SONDAGE EXCLUSIF.

Distants mais attachés aux valeurs chrétiennes VERSION PROVISOIRE

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N

oël et sa féerie, Pâques et ses processions, lʼAscension et la Pentecôte, les chiffres sont flagrants: six Suisses sur sept souhaitent le maintien des fêtes chrétiennes quand trois sur quatre affirment que les valeurs chrétiennes font partie des valeurs suisses. A lʼinverse, ceux qui pensent quʼil ne faut pas maintenir les quatre principales fêtes chré-

Plébiscite pour le maintien des références chrétiennes pour les principaux jours fériés

VERSION PROVISOIRE

tiennes sont ultra-minoritaires et représentent moins de 6% des personnes interrogées.

Où vous sentez-vous bien et chez vous?

NOËL, UNE FÊTE COMMERCIALE, FAMILIALE OU CHRÉTIENNE?

Yvon Dallaire, psychologue et auteur de Qui sont ces hommes heureux? (éd. Option Santé)

«Noël est la fête par excellence des rencontres familiales et amicales dans un contexte de partage dʼamour chrétien. Je trouve quelque peu dommage la récupération commerciale que lʼon en a fait, quoique lʼatmosphère dégagée par nos Pères Noël donne un peu de couleurs à nos visites aux centres commerciaux.» Une conception culturelle Lʼattachement aux fêtes dʼorigine chrétienne est très élevé dans lʼensemble de la population, quel que soit lʼâge, le sexe ou le niveau de revenu. La seule différence notable se trouve chez ceux (très minoritaires)

Sondage © Link Institut / Alliance Presse réalisé sur un échantillon de 1052 personnes en septembre 2018 en Suisse romande et en Suisse alémanique.

VERSION PROVISOIRE

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ACTU

A Noël, les activités des Egli

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eux chameaux, un âne, un bœuf, des personnages représentant les mages, Marie, Joseph et Jésus, le tout sous un abri de paille; voilà ce quʼabrite la place du Molard à Genève, le samedi avant Noël, depuis deux décennies. Organisé par lʼArmée du Salut dans le cadre des marmites de Noël et initié par Marc-André Chevalley, le spectacle sʼaccompagne

dʼun bol de soupe et de chants, ainsi que de lʼorchestre de lʼArmée du Salut. Lʼobjectif? Redonner vie à la crèche où est né Jésus. Au sens propre, en remplaçant les figurines de porcelaine par des personnes de chair et dʼos. Au sens figuré surtout, en témoignant de la vie apportée par la venue de Dieu sur terre sous la forme dʼun enfant. Et clou du spectacle pour les nombreux passants attendris par la mise en scène; il est même possible de faire un tour à dos de chameau autour de la crèche, de quoi se mettre réellement dans la peau des mages. (CG)

vitent à réfléchir au sens de Noël et à «vivre la rencontre avec Jésus». «Nous aimons lʼart, quoi de plus naturel que de rappeler lʼessence même de Noël à travers le regard dʼartistes du monde entier? Ces crèches témoignent de lʼuniversalité du message de Noël exprimée avec une

D

epuis 1995, lʼexposition de crèches de Philippe et Astrid Meyer attire des milliers de visiteurs dans leur librairie de la Clef de Sol, à Vevey. Passionnés par la scène de la Nativité, le couple a rassemblé 230 pièces uniques confectionnées par des artistes du monde entier. Ces crèches en bois, en métal ou en porcelaine ont chacune une histoire qui leur est propre. Pour les Meyer, elles in-

«Quoi de plus naturel que de rappeler lʼessence même de Noël?» créativité extraordinaire», confient-ils. Dans une atmosphère accueillante, les visiteurs sont invités à admirer les crèches de fin novembre à janvier. (GD)

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ises enthousiasment I

nternational Christmas Party, ainsi sʼintitule la journée festive organisée à Tramelan pour des familles migrantes par six Eglises bernoises et jurassiennes. Chaque année depuis cinq ans, entre 300 et 350 personnes de toutes générations et de nombreuses nationalités y participent. «Les personnes se sentent rejointes dans leur vécu parfois difficile de fin dʼannée. Nous souhaitons communiquer amour, accueil et espérance dans le Messie à toutes les nations», souligne le pasteur Christian Sollberger, responsable de lʼune des Eglises or-

ganisatrices. La fête sʼarticule autour dʼun repas, auquel peuvent contribuer les convives avec un plat de leur pays. Musique, animations pour les enfants et même un apport artistique par la peinture sont au programme de cette édition 2018, qui aura lieu le 8 décembre. «Nous traduisons les interventions en arabe, anglais, farsi, amharic ainsi quʼen tigrigna», détaille le pasteur. Suite à cette célébration appréciée, des migrants rejoignent les cours de français proposés par certaines Eglises ou participent à des rencontres chrétiennes dans leur langue. (SR)

Q

ue personne ne se retrouve seul à Noël, voilà le rêve des organisateurs du «Noël du Cœur» à Valence. A Noël 2016, 550 personnes ont répondu à lʼinvitation lancée par lʼassociation familiale Prémices et relayée par la mairie, les associations caritatives, les médias locaux. Près de 200 bénévoles de plusieurs Eglises de la ville drômoise se sont mobilisés pour offrir un Noël chaleureux avec repas de fête, animations scéniques, message de Noël et danse: «Il y avait des SDF que je vois à

lʼEntraide protestante, mais jʼai discuté aussi avec un architecte et un médecin qui, ce soir-là, étaient seuls. La solitude est partout», relève une des bénévoles de lʼévénement. Cet esprit de solidarité a également mis en action une association qui a offert 200 faisans ainsi quʼune société pâtissière, qui a fourni gratuitement les bûches du dessert. En 2017, ce sont 700 adultes et 230 enfants qui ont bénéficié de ce Noël «comme à la maison». Pour lʼédition 2018, les organisateurs attenden un millier de participants. (SR)

Le trait dʼIxène

PHOTOS: ISTOCKPHOTO

qui ne sou-

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Restaure la vie des plus démunis


HISTOIRE

Les progrès que lʼon doit au christianisme QUELS SONT LES HÉRITAGES DU CHRISTIANISME DANS NOTRE PAYS? EN VOICI SEPT EXEMPLES, NON EXHAUSTIFS.

David Métreau

S

i aujourdʼhui le continent européen ne semble plus prôner une véritable identité chrétienne, il ne peut ignorer les avancées à plusieurs niveaux que lui ont amenées ses origines.

PHOTOS: ISTOCKPHOTO

La protection de la vie Le caractère sacré de la vie humaine découle de la croyance que lʼhomme a été créé à lʼimage de Dieu. Aux époques grecque et romaine, la vie humaine nʼétait pas considérée comme inviolable et digne dʼêtre protégée. Dans beaucoup de sociétés pré-chrétiennes, les abandons dʼenfants et les infanticides étaient courants, en particulier en cas dʼinfirmité. Le christianisme a contribué à mettre fin à des pratiques tels que le sacrifice humain, lʼesclavage ou la polygamie. Lʼhôpital La charité est encouragée par les enseignements bibliques. Cette valeur chrétienne sʼest développée en hôpitaux, orphelinats, foyers pour personnes âgées et soins aux pauvres, aux affamés et aux sans-abri. Le Code de lʼempereur byzantin Justinien 1er établit dès 529 lʼhôpital comme institution. Cette décision est une conséquence de la spiritualité chrétienne qui prône une assistance ouverte à tous,

valeurs chrétiennes du mouvement protestant dit du «réveil». Il est durablement marqué par le sort réservé aux blessés de la bataille de Solferino et vient en aide aux soldats des deux camps, sans discrimination. Il fonde le Comité International de la Croix-Rouge, entouré de notables protestants évangéliques. Lʼœuvre lui a survécu. Henri Dunant obtient le prix Nobel de la paix en 1901. Le Comité International de la CroixRouge reçoit également le prix Nobel de la paix en tant quʼorganisation en 1917, 1944 et 1963.

étrangers, proches, amis ou ennemis. Pendant lʼAntiquité, lʼétranger était souvent vu comme un ennemi et les espaces dʼassistance étaient généralement privés et destinés aux proches des familles. Au Moyen-Age et jusquʼà la période moderne, lʼhôpital ne sera pas dissocié de la religion. Les universités Des académies existaient déjà pendant lʼAntiquité chez les Grecs, en Iran ou en Chine. Néanmoins cʼest pendant le Moyen-Age, dans lʼOccident chrétien, quʼapparaissent les premières universités. Elles se développent dʼabord en Italie, à Salerne et Bologne, en France, à Paris et Montpellier, puis en Angleterre avec la création de la très renommée université dʼOxford. A la veille du 13e siècle, la fusion des écoles cathédrales, des écoles monastiques et des écoles privées donne naissance à ces universités, parrainées par lʼEglise. Dans la Genève protestante, cʼest le réformateur Calvin qui fonde lʼAcadémie de Genève qui deviendra ensuite lʼuniversité publique telle quʼon la connaît aujourdʼhui. La distinction entre le politique et le religieux Le christianisme a inventé la distinction entre le politique et le religieux, le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Dès le 5e siècle, le pape Gélase 1er est le premier à conce-

Lʼabolition de lʼesclavage a été initiée par des chrétiens britanniques.

voir, dans une lettre remise à lʼempereur byzantin Anastase, la distinction entre le pouvoir temporel et lʼautorité spirituelle. Dʼaprès JeanLouis Harouel, professeur émérite à lʼUniversité Paris II, la laïcité serait même une invention «spécifiquement chrétienne». Lʼabolition de lʼesclavage Les chrétiens ont été les premiers dans lʼHistoire à sʼopposer systématiquement à lʼesclavage. Les premiers chrétiens ont acheté des esclaves sur les marchés dans le but de les libérer. Plus tard, au 7e siècle, les Francs, sous lʼinfluence de leur reine chrétienne, Bathilde, représentent le premier peuple à

entamer le processus dʼinterdiction de lʼesclavage. Au 17e siècle, les quakers, un courant protestant aussi appelé la Société des Amis, ont été les premiers blancs à dénoncer lʼesclavage pratiqué dans les colonies dʼAmérique et en Europe. La Société des Amis est ainsi la première organisation à prendre une position collective contre lʼesclavage et la traite des esclaves. La Croix-Rouge internationale Cette institution dʼaide humanitaire mondialement connue doit son existence au genevois Henri Dunant. Ce dernier, employé de banque puis homme dʼaffaire malheureux, était animé par les

La révolution scientifique Parfois qualifiée à tort de religion anti-science, le christianisme est le terreau de nombreuses découvertes scientifiques. Le sociologue américain Robert K. Merton fait le lien entre la montée du piétisme protestant et les premières sciences expérimentales, qui donnent lieu à la révolution scientifique des 17e et 18e siècles. Les valeurs protestantes encouragent la recherche scientifique et permettent à la science dʼétudier lʼinfluence de Dieu sur le monde. Elles fournissent une justification religieuse à la recherche scientifique, qui a permis des développements en mathématiques, physique, astronomie, biologie ainsi quʼen chimie.

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HISTORIQUE

Jésus, fils de r Pierre-Yves Zwahlen

J

e nʼaurais jamais pensé que cela mʼarriverait! Je ne suis quʼun homme banal, ouvrier du bâtiment. Avec mon épouse, nous étions tout à la joie de la naissance de notre premier enfant, un fils! Bien sûr, nous savions que nous vivions des temps troublés, que les grands de ce monde se battaient pour la possession de notre pays et que les ultra religieux se plaisaient à lancer des condamnations contre ceux qui ne se soumettaient pas à leurs lois. Mais la politique ne mʼintéressait pas et les excès religieux non plus. Ce que je demandais, cʼest quʼon me laisse exercer mon métier et mʼoccuper de ma famille. Fuir en urgence Cʼest une nuit que tout a basculé. Ma femme sʼétait enfin endormie après

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avoir nourri le petit. Je cherchais le sommeil quand soudain, jʼentendis un bruit. Un homme se glissa prudemment dans la pièce. -Tu dors? me demanda-t-il. Je ne lʼavais vu quʼune fois et je ne pensais pas le revoir. Jʼétais très étonné et passablement inquiet de son intrusion soudaine. -Jʼai de mauvaises nouvelles, ta vie est en danger, ils en ont après toi, ta femme et ton fils. -Mais qui, et pourquoi? -Ne pose pas de questions, tu sais bien «qui», et tu sais bien quʼil nʼy a pas de réponse raisonnable au «pourquoi»! Tu es dans leur cible, cʼest tout ce que tu dois savoir. Je suis venu tʼavertir. Si tu veux sauver ta peau, pars tout de suite, cette nuit encore. Cʼest comme ça que nous nous sommes retrouvés sur les routes de lʼexil! Nous sommes partis dans la nuit avec un maigre baluchon. Ma femme portait notre fils dans ses

bras, elle marchait devant. Je guettais le moindre bruit, la plus petite lueur, terrorisé à lʼidée quʼils nous prennent en chasse, quʼils nous retrouvent. On a marché toute la nuit. A lʼaube, on sʼest cachés dans un bosquet qui nous offrait un maigre refuge. On a vu des soldats errer dans les collines toute la journée. Ils nous cherchaient. A la nuit tombée, on est repartis. Exil sans fin Combien de jours, combien de nuits notre marche a-t-elle duré? Je ne le sais plus. Cʼétait comme une fuite sans fin, une course au ralenti avec pour seuls compagnons la peur, la faim et le froid. Ma femme était épuisée. Elle se relevait à peine de ses couches et elle devait trouver en elle les forces nécessaires pour alimenter le petit. Je lui abandonnais la moitié de mes parts de nourriture, mais nos réserves étaient maigres. On volait par-ci par-

là un peu de blé, quelques fruits oubliés, on sʼaventurait parfois jusquʼà une maison isolée pour mendier un peu de lait, quelques œufs. On récoltait davantage de coups de bâton que de nourriture. Cʼest que les gens avaient peur de nous, peur que notre malheur ne soit contagieux. La traversée du désert Un jour, nous sommes arrivés aux portes du désert. Nous avions rejoint un groupe de fugitifs qui cherchaient, comme nous, refuge de lʼautre côté des terres arides. Traverser le désert a été la pire épreuve de ma vie. Nous ne connaissions pas les points dʼeau ni les oasis. Nous lancer seuls sans aide dans le désert aurait été suicidaire, alors, il y avait les passeurs. Ils promettaient beaucoup et demandaient plus encore! Heureusement, jʼavais avec moi un peu dʼor. Je lʼai donné à lʼhomme. Il mʼa promis une traversée facile. Innocent que jʼétais, je ne


savais pas alors que je mettais ma vie, et celle de ma famille, entre ses mains. De chantages en humiliations de toutes sortes, il nous a conduits dans cet enfer minéral. Le soleil qui brûle la peau au travers de nos pauvres haillons, la faim qui tord le ventre, la soif qui torture la gorge, la peur qui déchire le cœur; beaucoup dʼentre nous sont restés à jamais prisonniers de cet enfer. Terrible terre dʼasile Un jour se tenait devant nous une frange de verdure. Nous avions réussi, nous avions traversé le désert. Mais cʼest alors quʼune autre peur nous a saisis. Comment allions-nous entrer dans ce pays? Y serions-nous accueillis? De quoi allions-nous y vivre? Je rêvais dʼun refuge pour ma famille, je nʼai trouvé que méfiance, mépris et pire encore, indifférence. Pendant trois longues années, jʼai vécu dʼexpédients, travaillant comme

«Jʼai quitté lʼamour de mon père pour marcher sur les chemins de vos souffrances.» un esclave à des tâches que les bêtes elles-mêmes auraient répugné à accomplir. Mes mains portent encore les traces de cette époque, mais cʼest dans mon cœur que se cachent à jamais les cicatrices terribles de lʼexil. Fils de migrants Aujourdʼhui, mon fils a grandi, il est un homme maintenant. Se souvient-il de ces années dʼexil, de ces premiers jours de sa vie qui ont fait de lui un migrant? Il regarde souvent vers le ciel et tient parfois des propos étranges. Il parle dʼun pays, dʼun Royaume que ni Marie sa mère, ni

moi, Joseph, ne connaissons. Un jour que je lui contais le récit de notre exil, il me regarda droit dans les yeux et me dit: «Je me suis exilé de la maison de mon Père, jʼai quitté son amour pour venir vivre avec vous, marcher sur les chemins de vos souffrances, partager vos peines et vos peurs, être moi aussi victime de lʼinjustice et du mépris.» Je nʼai pas tout compris à ce quʼil tentait de me dire, mais quand il me regarde de cette façon-là, je sens, jusquʼau fond de mon âme, une présence qui me rassure et une tendresse qui me console.

Lʼhistoire de la vie de Jésus peut être lue dans son intégralité dans le Nouveau Testament, dans la Bible. Une question? Ecrivez à la rédaction du Quart dʼheure: redaction@quartdheure.info

Migrant anonyme ou Roi des rois?

PHOTOS: ISTOCKPHOTO

Jésus avait une belle position Comme tant dʼentre eux, Jésus avait une belle position dans son monde. Fils de Dieu, jouissant de lʼamour de son père, il sʼest pourtant exilé sur notre terre. Il est né dans une famille modeste, dans les conditions difficiles que lʼon sait. Il a vécu trente ans

les malades, apporter lʼespérance autour de lui. Pour prix de ses efforts, on lʼa cloué sur une croix et enfermé dans une tombe. Mais après trois jours, il est ressuscité et est retourné dans son pays où il nous prépare une place.

comme un anonyme sur notre planète, simple ouvrier ignoré de tous. Les trois dernières années de sa vie, il les a passées à arpenter son pays, sans domicile fixe, changeant régulièrement dʼendroit. Il a consacré son temps à consoler les affligés, guérir

Bien que de nos jours beaucoup pensent que Jésus nʼest quʼune figure mythique et quʼil nʼa pas existé, la majorité des historiens, toutes confessions et sensibilités confondues disent le contraire. Oui Jésus, un homme du premier siècle (après lui-même), a bien marché sur cette terre. Il nʼy a pas de doute de son existence pour Simon Gathercole, historien spécialiste du Nouveau Testament et directeur des études au Fitzwilliam College de lʼuniversité de Cambridge. «Les preuves historiques de Jésus de Nazareth sont à la fois établies de longue date et répandues. En quelques décennies de sa vie supposée, il est mentionné par les historiens juifs et romains, ainsi que par des dizaines de textes chrétiens», explique-t-il dans un entretien pour le journal britannique le Guardian. Très longtemps, personne nʼa remis en cause lʼexistence de Jésus. Ni le Talmud de Babylone, qui recense des traditions juives, ni même le philosophe Celse du 2e siècle, qui haïssait le Christ, «un personnage qui termina par une mort infâme une vie misérable», selon ses dires, ne contestaient lʼexistence de Jésus, rapporte lʼhistorien Jean-Christian Petitfils.

réfugiés Nous connaissons tous lʼhistoire de Noël, joliment emballée dans le papier cadeau de nos traditions religieuses. Mais, quand on enlève les décorations et que lʼon contemple les faits bruts, on découvre un récit qui ressemble étrangement aux témoignages de migrants que lʼon peut lire dans la presse quotidienne.

JÉSUS A-T-IL VRAIMENT EXISTÉ?

Pas un réfugié politique Jésus nʼétait pas un réfugié politique ou économique, ses motivations étaient autres. Il est venu vivre en migrant parmi nous pour nous dire quʼil existe une autre réalité que celle que nous vivons, une autre espérance, une autre justice. Il est venu pour nous guider sur le chemin de son Royaume. Aujourdʼhui encore, il nous invite à lʼy suivre.

«Ce nʼest quʼà partir de la Révolution française que des penseurs - issus de cercles de militants athées et anti-chrétiens - remettent en cause lʼexistence historique de Jésus», souligne David Vincent, doctorant en histoire des religions. «Leurs arguments ne se fondent pas sur lʼhistoire mais sont idéologiques.» Aujourdʼhui, les deux historiens qui ont le plus écrit pour défendre lʼexistence de Jésus sont les athées Maurice Casey (anciennement de lʼUniversité de Nottingham) et Bart Ehrman (Université de Caroline du Nord). Ils ont qualifié lʼapproche qui consiste à croire que Jésus est un mythe, de «pseudo-érudition». Pour Simon Gathercole, les recherches et les «références historiques abondantes» laissent peu de doute sur lʼexistence de Jésus. Le débat est ailleurs. «La question la plus intéressante - qui dépasse lʼhistoire et les faits objectifs - est de savoir si Jésus est mort et revenu à la vie.» (dm)

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INTERVIEWS

A quel endroit ces sportifs de haut niveau se sentent-ils chez eux? «Le sentiment de sécurité de la famille» Propos recueillis par Christian Willi

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oémi Giradet, vingt-trois ans, a la nage pour passion et pas seulement, elle en a fait son activité principale. Entre les compétitions, les voyages et les entraînements, il ne reste pas beaucoup de temps à la sportive pour souffler. Entretien. Vous avez nagé dans lʼéquipe suisse de relais 4x100 m aux JO de Rio 2016. Quels sont vos prochains objectifs sportifs? Etant donné que les Jeux Olympiques sont la consécration dʼune carrière de sportif, mon objectif actuel, ce sont les prochains Jeux

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Olympiques de Tokyo en 2020. Le même relai a de bonnes chances de se qualifier à nouveau. Mais avant cela, les premières étapes à franchir sont la qualification olympique aux championnats du Monde en Corée du Sud lʼété prochain, puis celle aux championnats dʼEurope en mai 2020, juste avant les JO. Vous participez à nombre de compétitions et meetings de natation. Dans ces fréquents déplacements, quʼest-ce qui constitue le plus gros défi? Cela implique une bonne organisation. En effet, je vis la semaine dans un studio indépendant, ce qui me permet de mʼentraîner en parallèle de ma formation de Bachelor en soins infirmiers à la Haute Ecole de Santé de Genève. Les week-ends sans com-

«Ma foi mʼaide à garder confiance en moi. Je sais que je ne suis jamais seule.» pétition, je rentre chez mes parents dans le canton de Vaud. Gérer les déplacements en compétition, la durée des trajets, tout en me fatiguant le moins possible et ne pas paniquer lors des imprévus liés aux voyages constituent mes défis principaux. Ce qui me stresse souvent, cʼest de penser à ne rien oublier. Il mʼarrive régulièrement de voyager seule car les déplacements de lʼéquipe suisse se font depuis Zurich. Je mʼarrange alors pour trouver un billet dʼavion depuis Genève. Jʼaime savoir que je vais récupérer ma valise

et retrouver le groupe dans le lieu de compétition. Les changements impliquent aussi que je me retrouverai avec une autre nageuse dans la chambre, ce qui demande de faire des concessions pour que la cohabitation se passe au mieux. Les camps dʼentraînement engendrent également des changements, mais sur des périodes plus longues. La nourriture est un élément important pour ce temps-là. Il arrive fréquemment que je tombe malade à cause de lʼalimentation. Le décalage horaire est anticipé par une adaptation de plusieurs jours avant la compétition sur le lieu de la course. Durant le camp dʼentraînement préliminaire, les horaires des entraînements sont adaptés à ceux de la compétition. Le grand défi est que je puisse mettre toutes ces


Il puise des forces dans le soutien et la présence de sa famille Propos recueillis par Christian Willi

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anilo Wyss, trente-trois ans, est coureur cycliste suisse. Marié et père de deux enfants, ce sportif se ressource auprès de sa famille, entre deux compétitions. Entretien.

Noémi Girardet sʼest qualifiée pour les JO de Rio en 2016, en relai 4 x 100 m.

contraintes au deuxième plan et me focaliser sur lʼobjectif de performance. Où vous sentez-vous bien? Lʼendroit où je me sens le plus chez moi reste la maison de mes parents. Lorsque je pars longtemps, je me réjouis de rentrer et je peux dire que cʼest «chez moi». Jʼai un sentiment de sécurité en présence de ma famille. Mais je reste tout de même à lʼaise dans les groupes dans lesquels je me retrouve, les bassins dʼentraînement et de compétition. Vous êtes chrétienne. Est-ce que votre foi vous aide à gérer la pression, la concurrence sportive, la solitude éventuelle lors de ces nombreux déplacements pour des compétitions? Oui, ma foi mʼaide pour tout ce que jʼentreprends. Elle mʼaide à garder la confiance en moi car je sais que je ne suis jamais seule. Je peux décharger ma pression en compétition sachant que Dieu est auprès de moi. Je peux confier mes craintes, peu importe le moment et lʼendroit. Dans des moments de solitude qui surviennent même parfois en présence dʼun groupe, je peux me tourner vers Dieu qui entend mes prières et mʼaccorde la sécurité peu importe où je me trouve dans le monde.

Quel bilan tirez-vous de cette saison de cyclisme? Je suis satisfait, avec une quatrième place au général de lʼArtic Race en Norvège et une cinquième au Tour de Catalogne. La recherche dʼun nouveau sponsor pour mon équipe a en revanche apporté un peu de tension. Quelles sont vos ambitions? Je rejoins lʼéquipe Dimension Data. Jʼy ai signé un contrat de deux ans. Le programme de course sera défini dʼici la fin de lʼannée. Mon rôle reste celui de capitaine de route. Il sʼagit de coacher les plus jeunes et organiser le travail dʼéquipe, lors de décisions rapides au sein du peloton. En tant que gosse, jʼai bien sûr rêvé de gagner un grand tour, comme le Tour de France. Mais réussir une carrière de plus de dix ans dans une équipe de World Tour constitue pour moi une belle source de satisfaction. Tout comme le titre de champion suisse et une victoire dʼétape du contre la montre en équipe lors du Tour de France. Dans vos fréquents déplacements, quel est le plus gros défi?

emmener ma famille à deux reprises en Australie, une source dʼencouragement. En tant que membre dʼune équipe de World Tour, on bénéficie dʼun encadrement exceptionnel, comme un chef de cuisine qui veille à nos besoins au quotidien. A quel endroit vous sentez-vous particulièrement bien? Avec ma famille. Etre à côté de ma femme et mes deux enfants me permet de me ressourcer, de passer du temps avec ceux que jʼaime et de vivre à un autre rythme que celui des courses. Cʼest sûr quʼà Adelaïde, où je reviens régulièrement, je me sens presque comme à la maison. Jʼy participe à des compétitions depuis dix ans. Je commence à y connaître du monde. Cʼest aussi une région ensoleillée lorsque lʼhiver rend mon entraînement difficile ici. Votre famille est-elle aussi une force lors des courses? Avec ma femme, on trouve le moyen de sʼappeler une à deux fois par jour. Et je discute très régulièrement avec les enfants. Ma famille, mes parents et ma sœur mʼencouragent en venant voir les courses. Cʼest précieux. Selon vous, que signifie une fête de Noël réussie? Un Noël en famille, car je suis quand même assez souvent éloigné dʼeux durant lʼannée. Au cours de la saison, on rate des anniversaires, des mariages. Jʼessaie de me rattraper à Noël, où je suis toujours présent.

Cʼest clairement le décalage horaire. Sinon, jʼai eu la chance de pouvoir

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Selon vous, que signifie une fête de Noël réussie? Une fête qui réunit la famille autour dʼun bon repas. Cʼest le moment où nous célébrons la naissance de Jésus et nous nous rappelons ce quʼil a fait pour nous. Cʼest un temps de réjouissance et de reconnaissance dans lequel le Noël commercial nʼa pas sa place.

NOËL, UNE FÊTE COMMERCIALE, FAMILIALE OU CHRÉTIENNE?

Mat Rebeaud, pilote de motocross, supercross et de freestyle, vainqueur de plusieurs Red Bull X-Fighters

«Noël est un doux mélange de ces trois éléments et chacun est libre de vivre Noël à sa façon. Ce qui compte le plus, cʼest le bonheur que cette fête procure. Pour ma part, toute la famille sera cette année réunie dans notre nouvelle maison. Je me réjouis de partager ces instants avec mes parents et beauxparents. Egalement de voir mon fils, mes neveux et nièces recevoir des cadeaux, après que nous nous soyons tous rendus à la traditionnelle messe de Noël qui rassemble le village dans une atmosphère particulière.»

Danilo Wyss est coureur cycliste suisse et champion de Suisse sur route 2015.

Quart dʼheure Noël 2018

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PSYCHOLOGIE

Cʼest décidé, à Noël, je surmonte mes tensions familiales NOËL JETTE UNE LUMIÈRE CRUE SUR LES RELATIONS FAMILIALES. LA FAMILLE NE REPRÉSENTE PAS TOUJOURS NOTRE SÉCURITÉ. ENTRETIEN AVEC LA PSYCHOTHÉRAPEUTE ANABELLE GALVAO. Propos recueillis par Sandrine Roulet

est souvent au sein de sa famille que lʼon se sent «chez soi». Mais les fêtes de famille ne sont pas toujours vécues dans la sérénité; parfois même on les redoute. Comment se préparer à ces retrouvailles familiales? Et comment combler son besoin dʼappartenance si on a vécu une perte (deuil, divorce)? Le point avec Anabelle Galvao. Le besoin dʼappartenance fait partie des besoins essentiels de lʼêtre humain. Quʼest-ce qui permet de se sentir appartenir à un groupe? Le besoin dʼappartenance arrive juste après les besoins physiques et le besoin de sécurité selon Maslow. Lʼhomme nʼest pas fait pour être seul. Même sʼil peut satisfaire des besoins primaires seul, il a besoin des autres pour aimer, se sentir aimé, pour être reconnu, valorisé, encouragé. Tout cela contribue à la construction de lʼestime de soi. Cʼest lʼautre qui me permet de me définir. Sans lui, mon sentiment dʼexistence se résume à ce que mon corps ressent. Cʼest lorsque que nous pouvons recevoir et donner aux autres que nous nous sentons appartenir à un groupe. Noël est souvent perçu comme une fête familiale. La famille est-elle le seul lieu où on se sent «chez soi»? La famille devrait constituer le lieu où on peut être

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Quart dʼheure Noël 2018

Alors que Noël est une fête de paix, pourquoi cette période de lʼannée fait-elle parfois ressurgir des tensions?

Anabelle Galvao, psychothérapeute et psychologue clinicienne spécialisée en traumatismes.

tout à fait soi, aimé et accueilli comme nous sommes. Or dans bien des familles, ce nʼest pas possible. Les autres groupes dʼappartenance sont donc très utiles pour nourrir ce besoin de reconnaissance: groupe dʼamis, de loisirs, de parole, dʼEglise, etc. Se sentir «chez soi», cʼest avoir la possibilité de faire tomber les masques que nous portons par ailleurs pour être accepté.

La période de Noël est symboliquement celle qui interroge le plus le don, le pardon et lʼabandon. Ces trois notions sont toujours chargées émotionnellement et réactivent les contentieux non réglés. Colère, tristesse et peur continuent dʼexister pendant cette période, dʼautant plus que lʼon va revoir belle-maman qui accapare son fils, tonton Jean qui est incontrôlable lorsquʼil boit, la cousine qui vérifiera si on a pris du poids et la bellesœur qui répétera quʼelle fait mieux la bûche que nous, etc. La famille nʼincarne pas un îlot idéal et le croire reviendrait à nier nos émotions. Noël nʼest pas magique comme pourrait le

laisser penser ces téléfilms diffusés à cette période. Les blessures non pansées mais pensées depuis nos différentes positions familiales, ressurgissent. Peut-on se préparer à ces retrouvailles familiales? Il ne faut pas attendre cette période pour sʼinterroger sur ce quʼon souhaite pendant ces temps de fête: en profiter pour régler ses comptes ou chercher la paix par le biais du pardon? Attendre de recevoir des autres ce dont jʼai besoin ou moi-même penser à donner? Si lʼon est attentif au retentissement du don, du pardon et de lʼabandon sur nos relations, alors on sʼoffre à soi les conditions les plus sereines possibles pour ces fêtes, quoiquʼil arrive. Il nʼest cependant pas

rare que dans un tel état dʼesprit, notre rapport aux autres modifie leurs réactions. Si on a traversé le deuil dʼun conjoint ou un divorce, ce Noël sera forcément différent des autres. Comment ne pas se sentir esseulé? Le sentiment de solitude peut être très fort dans ces moments. Il ne faut pas hésiter à se manifester auprès de nos proches pour dire: «Je suis seul. Puis-je venir auprès de vous pour les fêtes?» Si cette démarche semble difficile, elle reste simple et les réponses sont souvent positives. Il existe aussi des associations à caractère social qui ont le souci de briser la solitude pendant cette période et qui proposent des repas de Noël.


PORTRAIT

Chez soi, ce nʼest pas seulement là où on dort UNE ODEUR, UN PEU DE TERRE, DES SOUVENIRS; LE «CHEZ SOI» NE SE LIMITE PAS À UN PAYS, SURTOUT POUR LES MIGRANTS LOIN DE LEUR PATRIE. LE REGARD DʼYVES DACCORD, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU CICR. Gabrielle Desarzens

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es quelque 260 millions de migrants de la planète ont tous des racines faites de connexions familiales humaines qui ont été nourries par les expériences vécues sur place. «Ces ancrages-là, quand on ne peut pas y revenir, parce que tout a été détruit, parce que la mort menace, on ne peut y repenser que douloureusement», souligne Yves Daccord, directeur général du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). «En fait,

tant que la personne nʼest pas arrivée quelque part où elle est autorisée à sʼinstaller, elle a un “chez soi” de survie», estime-t-il. Or les migrants restent en moyenne dix-sept ans dans un camp, sans pouvoir se projeter dans lʼavenir. Wi-fi salvateur Alors ce «chez eux» provisoire, il est fait de quoi? Il tient souvent à quelques objets. Un peu de leur terre natale dans un sachet en plastique, une cafetière dont ils tirent un breuvage aux relents de «là-bas», une broderie, un bijou, quelques photos. Et à côté de ces objets conservés comme

Directeur du CICR, Yves Daccord pose un regard singulier sur ce chez soi, celui du réfugié et celui du collaborateur expatrié humanitaire.

des reliques, il y a les réseaux sociaux aujourdʼhui qui les gardent en lien avec lʼendroit quʼils ont fui, et où réside encore un parent ou un ami. «Dans des situations extrêmes en Syrie, où les habitants ont connu des blocus sévères, quand on leur demande quels sont leurs besoins, ils répondent invariablement: du wi-fi! Pour être reliés à leurs proches, à ceux que la guerre a fait partir souvent en catastrophe», indique Yves Daccord. Les réseaux sociaux sont de fait devenus des vecteurs essentiels de liens et de sentiments dʼappartenance. De lʼespace pour recevoir lʼautre A lʼapproche des fêtes de fin dʼannée, cette notion de lien est dʼautant plus forte. Au niveau spirituel, les fêtes religieuses et communautaires des migrants revêtent des caractères essentiels, comme Noël pour les chrétiens. Le rite traduit qui lʼon est, même si les festivités sont aussi lʼoccasion de se souvenir de celles et ceux qui ne sont pas là. Et à parler de valeurs, les rencontres dʼauthenticité avec autrui deviennent fondamentales, relève le directeur général. «Il faut ainsi savoir, pour un délégué, créer des espaces pour recevoir lʼautre», estime-t-il. «Cʼest parfois très délicat.» Il se souvient de ce papa syrien accueilli au Canada qui sʼest exprimé avec des mots tout simples devant le Premier ministre

Justin Trudeau: «Jʼai quitté mon pays, cʼest tellement dur. Mais la façon dont je suis reçu ici, la façon dont les gens me regardent et me donnent un espace me permettent de me sentir chez moi dans votre pays.» Yves Daccord souligne avoir été particulièrement touché par cette histoire, qui signifie que lʼon peut ouvrir des «chez soi» et mettre un nom sur un visage plutôt quʼun numéro sur un dossier. Malheureusement, les politiques migratoires ne permettent plus cette expérience pour un nombre toujours grandissant de migrants. A ce propos, le directeur croit que plus une société essaie de maintenir lʼautre à lʼécart, plus elle se referme sur elle-même, avec le risque que plus personne à terme ne se sente responsable du lien commun. «Il y a là un véritable enjeu: quand un groupe estime que lʼautre doit rester chez lui, il peut aussi décider un jour que lʼautre, cʼest le pauvre; ou la femme.»

FACE-À-FACE ESSENTIEL Où donc lʼexpatrié se sent-il chez lui? Avant dʼêtre directeur général du CICR, Yves Daccord, marié, trois enfants, a notamment été délégué en Israël et dans les territoires occupés; au Soudan, au Yémen, en Tchétchénie et en Géorgie. «Quand jʼétais sur le terrain, mon “chez moi” restait Genève», explique-t-il. «Jʼen recréais naturellement un où jʼétais en mission. Et je lisais énormément, notamment des journaux comme LʼEquipe (ndlr: journal sportif français).» Une façon dʼamener le monde chez soi. Aujourdʼhui, internet permet à chacun de garder des relations importantes avec sa famille et ses amis. «Mais chaque délégué doit surtout soigner le lien avec les personnes sur place. Le face-à-face avec les enfants, les femmes et les hommes que lʼon sert est essentiel.» Quart dʼheure Noël 2018

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NOËL, UNE FÊTE COMMERCIALE, FAMILIALE OU CHRÉTIENNE?

VÉCU

Un dernier vœu avant le grand vide

Laurent Wehrli est conseiller national PLR, syndic de Montreux

«Noël est la commémoration dʼune naissance fondamentale pour chacune et chacun, pour tout le monde et toutes les familles: Christ est né! Un Sauveur nous est donné! Pour moi, Noël est donc une magnifique fête chrétienne et familiale. Une fête inspirante et motivante.»

AU BORD DU SUICIDE, CHRISTIAN CAYEZ CROISE LE CHEMIN DʼUN INCONNU. UN TOURNANT DÉCISIF POUR CELUI QUI PENSAIT NE PLUS AVOIR DʼESPOIR. RÉCIT. Eric Denimal

Doris Leuthard, conseillère fédérale

«Noël nʼest pas seulement lʼoccasion de sʼoffrir des cadeaux, mais aussi une fête religieuse. Passer du temps avec ma famille et mes amis, me reposer, lire un bon livre ou écouter de la belle musique méditative me fait du bien.» 16

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hristian Cayez est un natif de Lens, dans le Pas-de-Calais. Actif professionnellement dans le domaine social, il y vivait avec son épouse. Tout allait bien pour lui jusquʼà la déchirure du couple, le début dʼune dégringolade terrible. Destination à lʼaveuglette Au bout de quelques temps, Christian Cayez décide de tout quitter. Au hasard, il pointe son doigt sur la carte de France pour désigner son lieu de fuite et tombe sur Valence. Le lendemain matin, il prend le train et débarque dans cette ville inconnue, sans rien. Il échoue à lʼEntraide Protestante, qui le soutient autant que possible. Mais au vu de sa situation, il est désormais sur le chemin de la clochardisation. Un matin de juin 2016, les policiers et les huissiers

lʼexpulsent de son repaire. Lʼhomme se retrouve à nouveau sans rien dans un parc municipal. Durant quatre jours, il se cache et dort au Parc Jouvet, sans nourriture ni vêtements de rechange. En journée, il déambule sous les regards curieux et critiques des passants. En cette journée du mois de juin, alors quʼil marche sur le pont Mistral enjambant le Rhône, il prend sa décision: il veut en finir. Le lendemain, ce sera son anniversaire, le jour de ses 59 ans, lʼoccasion est trouvée.

Christian Cayez arbore désormais un sourire.

En finir par une belle journée Le lendemain, il fait beau; autant en finir par une belle journée. Auparavant, Christian Cayez veut sʼoctroyer un dernier plaisir, une cigarette. Il aborde les gens pour en quémander une mais nʼessuie que des refus. Une dernière frustration dans ce monde égoïste. A gauche le pont, à droite le Champ de Mars, au milieu, le parc, son ultime royaume. Ses pas le mènent jusquʼau Champ de Mars; il tourne alors le dos au Rhône. Il découvre un chapiteau et des centaines de personnes affairées

autour de grillades. Ce quʼil ignore, cʼest quʼil sʼagit dʼun barbecue annuel géant organisé par plusieurs Eglises évangéliques de la ville. Ces gens offrent sandwiches et merguez aux passants ravis. Il sʼapproche dʼun homme et lui réclame une cigarette. Lʼautre ne fume pas. Pas de chance! Mais il veut lui offrir un repas. Christian Cayez décline lʼoffre. A quoi bon? Dans une heure, il sera mort. Son interlocuteur pressent son désespoir et lʼinvite à sʼasseoir pour discuter un peu à lʼécart. Un couple vient bientôt les rejoindre. Le clochard sʼouvre peu à peu. Le couple lui offre aussitôt un hébergement. De son côté, il est honteux dʼêtre pris en pitié et trop fier pour évoquer son projet dʼen finir. Il est cependant submergé par une atmosphère nouvelle et accepte lʼoffre dʼhébergement pour une nuit. Bonheur Le lendemain, le couple lʼamène à son Eglise. Il découvre ce quʼest un culte et en sort remué. A la fin de la célébration, quatre personnes dont les deux pasteurs, informés de sa situation, offrent de prier pour lui. Christian Cayez sent une chaleur le pénétrer de part en part. En quelques secondes, la joie lʼhabite. En quittant lʼEglise, il sait au plus profond de lui que le Christ dont il vient dʼentendre parler est entré dans sa vie. Ses détresses sʼeffacent. Sa remontée sʼeffectue de manière plus rapide et spectaculaire encore que sa dégringolade. Nouveau job Quelques jours plus tard, on présente Christian Cayez à une femme qui possède des logements libres. Elle lui tend les clés dʼun appartement et refuse dʼêtre payée. En outre, le mari de celle-ci dirige un organisme qui sʼoccupe de la protection de lʼenfance. Du jour au lendemain, Christian Cayez est embauché. Aujourdʼhui, il anime une équipe éducative de huit personnes. De son sauvetage in extremis, Christian Cayez conclut: «Si un pauvre type vous interpelle pour demander une cigarette, tendez-lui la main; cʼest une main qui peut le sauver.»


Des paillettes au gospel, Caroline a trouvé la paix CHORISTE DE JOHNNY HALLYDAY PENDANT UN AN, CAROLINE BLANDIN ASPIRAIT À AUTRE CHOSE. SON CHEMIN LʼAMÈNE DU BOUDDHISME À JÉSUS. Sandrine Roulet

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PHOTOS: ISTOCKPHOTO DR - DR - DR

vingt ans, le bac en poche, Caroline Blandin a une révélation: elle veut être chanteuse. Son père guadeloupéen lʼa initiée au chant dès son jeune âge et lui a transmis ses références R&B, jazz et gospel. Cʼest aussi lui qui lui a inculqué le rituel de la prière, quʼelle «perdra» lorsque ses parents divorceront. Cela ne lʼempêche pas, vers dix-huit ans, dʼêtre marquée par un rêve dans lequel elle sent lʼamour divin. Mais son esprit cartésien prend le dessus: «Dans le monde actuel, on marche au mental, on raisonne beaucoup et on perd cette confiance naturelle en Dieu.» Jeune adulte, Caroline Blandin oriente sa quête spirituelle vers le bouddhisme japonais. Pendant des années, elle puise dans cette spiritualité des ressources et y trouve une forme de résilience. Paris, une étape majeure Pour Caroline Blandin, «le chant est aussi une thérapie, il permet dʼexprimer beaucoup de choses et de faire lʼapprentissage de lʼécoute de soi et des autres». Refusée au conservatoire de musique, la jeune Niçoise se forme en autodidacte, chante dans le groupe de son frère et se produit dans des pianos-bars. Pensant que son évolution professionnelle se fera à New York, elle monte dʼabord à Paris, pour finalement y rester. Elle rencontre le père de son fils, un chanteur du groupe Chance Orchestra avec lequel elle enregistre deux CD et part en tournée. Les portes du métier sʼouvrent et malgré une séparation difficile dʼavec son com-

En étudiant la Bible, elle obtient des réponses satisfaisantes pagnon, elle est sollicitée comme choriste par de nombreux artistes français et américains. Elle incarnera aussi des rôles dans différentes comédies musicales, comme Lady Capulet dans Roméo et Juliette.

sʼenchaînent entre 2008 et 2012: problèmes de santé de son côté et chez sa maman, décision de son fils de rejoindre son père aux USA, etc. «Jʼétais usée de la vie parisienne et jʼéprouvais une fatigue morale», confie-t-elle.

Déceptions Un jour, une amie parle à Caroline Blandin dʼune audition pour devenir choriste de Johnny Hallyday. Elle y participe et à sa surprise, elle est sélectionnée: «Je respectais Johnny mais mon univers, cʼétait plutôt le jazz et la soul que le rock.» Elle fera une année de tournée avec le king français mais reviendra déçue, constatant un certain sexisme au sein de la production. Bien que de tempérament battant, Caroline Blandin est confrontée à la solitude et aux responsabilités de sa vie de mère célibataire. Ceci sans compter les événements difficiles qui

A la recherche de la vérité Un jour, alors quʼelle pratique sa méditation, Caroline Blandin ressent la présence du Christ et se demande si elle ne sʼest pas trompée durant toutes ces années. Le mantra inscrit sur le parchemin bouddhiste devant lequel elle se recueille indique quʼelle se consacre à la loi mystique de lʼunivers. Et si cʼétait Jésus? La vérité nʼétait-elle pas là? Peu de temps après cette première remise en question, Caroline Blandin fait la connaissance de Thierry, un chrétien engagé qui lui confirme son intuition: «Il mʼa parlé avec conviction et a cité le verset de

Jean 14, 6: “Jésus est le chemin, la vérité et la vie.”» En commençant à étudier la Bible, elle obtient des réponses satisfaisantes à ses questions. Thierry lʼaccompagne dans son cheminement de foi jusquʼà son baptême en 2014. Il lʼaide aussi à trouver une Eglise à Nice, où elle est revenue sʼinstaller. Une musique faite de gospel Caroline Blandin affirme que sa foi chrétienne lui apporte une nouvelle dimension: «On peut avoir cette connexion directe avec le Créateur.» La chanteuse se dit plus sereine et prie avant de prendre ses décisions. Ce sont les relations amicales qui font la différence à ses yeux: «Quand jʼai intégré mon Eglise, jʼai été très émue par la présence de Dieu et cet amour qui émanait des personnes.» Aujourdʼhui Caroline Blandin est devenue cheffe de chœur de Holy Voices, une chorale gospel. Pour elle, cette musique est un merveilleux outil de communication entre Dieu et les hommes. Elle souhaite donc se consacrer prochainement à lʼécriture dʼun album gospel.

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ENGAGEMENTS

Quand lʼamour pour le prochain passe de la parole à lʼacte LOIN DʼÊTRE UN CONCEPT UNIQUEMENT THÉORIQUE, LʼAMOUR DU PROCHAIN PEUT ÊTRE CONCRET ET APPLIQUÉ. SÉQUENCE PORTRAITS. Gaëlle Dubath, Cindy Gerber, Christian Willi

L΄ARMÉE DU SALUT AUX CÔTÉS DES PROSTITUÉES

PHOTOS: ISTOCKPHOTO DR - DR

EVA ROTH-KLEINER LA CRÉATIVITÉ AU SERVICE DES MIGRANTS «Jʼaimerais voir ces personnes migrantes revivre et fleurir à nouveau et jʼai envie de leur donner les moyens de progresser dans leur intégration dans notre société. Je désire partager la bonté de Dieu et lʼespérance que jʼai dans ma vie avec dʼautres personnes.» Telle est la motivation dʼEva Roth-Kleiner (à gauche sur la photo), responsable du programme dʼintégration des migrants Smoothie Nomade. Né de son initiative, ce programme permet aux migrants dʼapprendre le français tout en confectionnant des boissons fruitées quʼils écoulent lors de ventes ambulantes au marché dʼEpalinges. Cours de français oral, de maths, dʼhygiène: tout sʼarticule autour de la production de smoothies. Lʼobjectif? Valoriser le potentiel manuel des réfugiés, rythmer leur quotidien et leur donner lʼoccasion dʼentrer en contact avec la population locale. Sensibilisée par lʼarrivée des réfugiés dans sa commune en 2014, Eva Roth-Kleiner sʼest investie bénévolement dans leur accueil. Par ce biais, elle a appris à mieux les connaître, à relever leur potentiel et leurs besoins. Par la suite, elle a fondé lʼassociation DeMains et lancé un projet pilote de quelques mois en partenariat avec une bénévole. Grâce à la collaboration avec la paroisse locale, la Chaîne du Bonheur et le social, le projet sʼest développé et plusieurs formatrices ont pu être engagées. Aujourdʼhui, le programme compte six participants motivés qui progressent dans leurs apprentissages linguistique et culturel.

Lʼengagement de lʼArmée du Salut (AdS) auprès des prostituées a débuté en Angleterre en 1884. Mais le service RAHAB opère en Suisse depuis vingt ans. Les équipes sortent dans les rues de Zurich, Bâle et Berne pendant la nuit, à la rencontre de ces femmes. Elles leur apportent des sandwiches, des conseils et une oreille attentive. Des centres de contact accueillent aussi les travailleuses du sexe le temps dʼune pause ou pour une consultation sociale ou de relation dʼaide. Lʼobjectif est de construire des relations de confiance et de les accompagner dans leur quotidien au travers de lʼamitié et de lʼécoute, sans préjugés. Avec bien sûr lʼespoir que les femmes qui le souhaitent quittent un jour ce milieu et trouvent un autre emploi. «La base de notre travail est lʼamour inconditionnel de Dieu pour tous les êtres humains», partage Cornelia Zürrer Ritter, la responsable du travail RAHAB Zurich, dans le journal Dialogue de lʼAdS.

NATH FAUVEAU: DIFFICILE DE NE PAS ÊTRE ÉMUE PAR LA SOUFFRANCE DE LʼAUTRE «Soutenir les plus démunis, on le fait tous à notre manière. En ce qui me concerne, jʼaime être sur le terrain, partir à la rencontre des populations, être stimulée par les défis et les enjeux.» Pour Nath Fauveau, travailler pour Medair, une ONG qui cherche à soulager la souffrance et lui permet de faire ce quʼelle aime, a du sens. «Je nʼai pas les moyens financiers de faire de gros dons pour soutenir les œuvres qui interviennent auprès des plus vulnérables (et je laisse aux plus fortunés le soin de le faire) mais jʼai les compétences et la disponibilité pour partir et aider sur place.» Nath Fauveau pense quʼon a tous une pierre à apporter à lʼédifice. «Mon choix de carrière est motivé par la foi; mais vivre sa foi ne change pas que ce soit à Lyon où je vis, au

Kentucky où se trouve ma famille, ou en Irak où Medair intervient depuis 2014. Bien sûr, dans de nombreux pays dʼintervention, on ne peut pas vivre sa foi publiquement mais la relation avec Dieu nʼest pas interrompue pour autant. Mes années dʼexpérience dans le développement mʼont permis de comprendre que traiter lʼautre comme un semblable, avec amour et respect, dans toute la richesse et la différence de sa culture, était la meilleure manière dʼaimer Dieu.»

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A lire à Noël La naissance de Jésus A cette époque, l’empereur Auguste donne l’ordre de compter les habitants de tous les pays. C’est la première fois qu‘on fait cela. A ce moment-là, Quirinius est gouverneur de Syrie. Tout le monde va se faire inscrire, chacun dans la ville de ses ancêtres. Joseph quitte donc la ville de Nazareth en Galilée pour aller en Judée, à Bethléem. C’est la ville du roi David. En effet, David est l‘ancêtre de Joseph. Joseph va se faire inscrire avec Marie, sa femme, qui attend un enfant. Pendant qu’ils sont à Bethléem, le moment arrive où Marie doit accoucher. Elle met au monde un fils, son premier enfant. Elle l’enveloppe dans une couverture et elle le couche dans une mangeoire. En effet, il n’y a pas de place pour eux dans la salle où logent les gens de passage. Dans la même région, il y a des bergers. Ils vivent dans les champs, et pendant la nuit, ils gardent leur troupeau. Un ange du Seigneur se présente devant eux. La gloire du Seigneur les enveloppe de lumière, alors ils ont très peur. L’ange leur dit : « N’ayez pas peur. Oui, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout votre peuple. Aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur est né pour vous. C’est le Christ, le Seigneur. Voici comment vous allez le reconnaître : vous trouverez un petit enfant enveloppé dans une couverture et couché dans une mangeoire. » Tout à coup, il y a avec l’ange une troupe nombreuse qui vient du ciel. Ils chantent la louange de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix à ceux que Dieu aime ! » Ensuite, les anges quittent les bergers et retournent au ciel. Alors les bergers se disent entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur Dieu nous a fait connaître. » Ils partent vite et ils trouvent Marie, Joseph et le petit enfant couché dans la mangeoire. Quand ils le voient, ils racontent ce que l’ange leur a dit sur cet enfant. Tous ceux qui entendent les bergers sont étonnés de leurs paroles. Marie retient tout ce qui s’est passé, elle réfléchit à cela dans son cœur. Ensuite les bergers repartent. Ils rendent gloire à Dieu et chantent sa louange pour tout ce qu’ils ont vu et entendu. En effet, tout s’est passé comme l’ange l’avait annoncé.

La Bible – Parole de Dieu Evangile de Luc 2,1–20

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