Demain n° 07 - Septembre 2018

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE ET POLITIQUE

« L’UNION EUROPÉENNE AMÈNE UNE SÉCURITÉ POLITIQUE ET OFFRE UN CADRE SÛR POUR L’ÉCONOMIE ET LES AFFAIRES. »

sentiels au fonctionnement de l’Europe. Par rapport à « Ariane 5 », l’objectif est de réduire de moitié les coûts du lanceur pour concurrencer le Falcon 9 de SpaceX. APCO Technologies va réaliser les attaches hautes et basses, ainsi que le nez des boosters (fusées d’appoint). Ariane 6 possèdera 2 ou 4 boosters selon le poids des satellites qui y seront chargés, et à partir du lancement inaugural de 2020, il y aura environ 10 lancements par an. Pour cette ligne de production en série, nous avons investi plus de 13 millions dans le canton de Vaud, ce qui va créer des emplois et une activité économique pérenne.

Nous voterons cet automne sur l’initiative « pour l’autodétermination », qui vise à consacrer une primauté du droit constitutionnel suisse sur le droit international. Si un tel texte était accepté, quel type de partenaire deviendrions-nous pour l’Europe ? Contrairement à ce qui est défendu par les initiants, je pense que cela affaiblirait considérablement la Suisse et sa crédibilité sur la scène internationale. Un texte qui invaliderait la majeure partie des accords internationaux signés à ce jour ferait de nous un

partenaire peu fiable. Cela créerait une insécurité juridique pour l’ensemble de la population et de l’économie suisse. Cette question de « primauté » du droit constitutionnel suisse me semble un faux problème. Le droit international fait déjà partie de notre système juridique et réglemente nos relations avec l’étranger. Mettre à néant tout ce qui a été négocié par la Suisse au cours des dernières décennies paraît irresponsable.

Quelles conséquences cela aurait-il sur le tissu économique, notamment dans le Canton de Vaud ? Ce serait une telle remise en question qu’il est difficile d’imaginer les conséquences techniques et je ne suis pas sûre que les initiants eux-mêmes en aient pris la mesure. L’insécurité juridique qui en découlerait serait avant tout dommageable pour la Suisse, plus que pour l’Europe. On renoncerait à nos acquis juridiques vis-à-vis de l’étranger. Qu’adviendrait-il des accords bilatéraux, des accords économiques conclus notamment avec l’OMC, des traités de non-double imposition… J’ai de la peine à concevoir ce que l’on cherche à atteindre avec cette initiative. Elle véhicule davantage une image de repli et d’isolement qu’elle ne répond à une problématique réelle.

Des initiatives de ce type menacent régulièrement nos accords avec l’UE. Du point de vue des entreprises, quel impact ont-elles ? Elles créent une instabilité peu favorable aux entreprises. A force de vouloir régulièrement tout remettre en question, l’image de stabilité politique et économique de la Suisse se détériore. Les accords bilatéraux, négociés habilement avec l’UE, sont attaqués sous divers angles – de la libre-circulation des personnes à ce principe dit « d’autodétermination ». Il faudrait plutôt œuvrer à développer la voie bilatérale, sans quoi nous risquons de perdre cet excellent compromis que nous avons construit au fil de nombreuses années.


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