Magazine de l'Université Catholique de Lille

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Université catholique de Lille

Dossier ¬

Les migrations Avril 2013 / N° 55



Dans le numéro de juillet, à découvrir un dossier sur Humanicité.

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SOMMAIRE

Point de vue Démission du Pape Question de théologie N’entrons pas en concurrence avec les machines ! Question de recherche L’aventure entrepreneuriale : un long fleuve tranquille ?

Les migrations

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IFsanté – premiers mois en Humanicité Parcours de réussite : rencontre avec Nordine, étudiant en 2e année FLM In memoriam Jacques Bonte In memoriam Père Léon Hamain Parcours de créateurs : Nov’eros Nos professeurs publient

Directeur de la publication Pierre Giorgini

Publicité Tél. 03 20 13 40 91

Comité de rédaction Christian Ben Lakhdar, Geneviève Branquart, Philippe Gallois, Anne-Christine Hladky, Serge Holvoet, Julien Navarro, Arnauld Vandermersch, Catherine Vialle.

Maquette & Mise en page question@curlybushman.com ¬ 06 60 74 29 06

Secrétariat Martine Golon

Vues d’ensemble avril 2013 - N° 55

Imprimerie Nord’Imprim 4 impasse route de Gode 59114 Steenvoorde Crédits photo - couverture : ©  B. Mistiaen

Dépôt légal 1e trimestre 2013 ISSN 1291-4088 Rédaction et administration 60 boulevard Vauban - B.P. 109 59016 Lille Cedex Tél. 03 20 13 40 89 Fax. 03 20 13 40 90

ACTUALITÉS DOSSIER CHRONIQUES

7 Édito 8 Exil et identité ou la constitution de la Tora juive 9 La migration support de vie 10 Le sang et les migrations humaines 11-12 Les migrations dans la région Nord - Pas de Calais au XXe siècle 13-14 L’OIM et données récentes sur les migrations 15-16 Les transferts de fonds des migrants, un enjeu économique des migrations internationales 17-18 Impact budgétaire de l’immigration : gare aux préjugés ! 19-20 Représentation politique des populations issues de l’immigration 21-22 Jeunes Afghans dans la région : richesse de l’accueil, soif d’intégration 23 La migration, un enrichissement réciproque 24 Parcours d’un chercheur français aux États-Unis


POINT DE VUE Démission du Pape La renonciation de Benoît XVI a pris de court les catholiques et l’ensemble de l’opinion publique. Depuis la parution de son livre d’entretiens, Lumière du monde, cette renonciation, qu’on appellera plus communément démission, faisait toutefois partie des scénarios prévisibles. On souhaiterait ici proposer une interprétation du geste bénédictin, puis s’interroger sur ses conséquences dans la vie de l’Église. Lumière du monde est un ouvrage passionnant, dans lequel le pape se livre avec une grande probité intellectuelle. S’y affirment à la fois un inventaire du pontificat précédent, un passage en revue des actes marquants de sa propre mission en cours avec des aveux d’échec ou de naïvetés. Pour la première fois, Benoît XVI revient sur le rôle du pape et opère une désacralisation de sa fonction. Réaffirmant les limites à l’infaillibilité pontificale, il distingue entre le pouvoir, qu’il dit refuser, et une autorité, qu’il accepte en la référant à l’expression de l’ensemble de l’Église catholique, et plus globalement dans une perspective d’unité des chrétiens. Le pape se prononce également pour une expression plus limitée et moins émotionnelle du souverain pontife. Le rejet d’un culte de la personne, fondée sur le charisme personnel et l’émotionnel, transparaît aisément dans les quelques lignes consacrées aux JMJ. En contrepoint, on se souviendra de la veillée de prière célébrée par Benoît XVI à Lourdes. Dissociant sa personne de la fonction, Benoît XVI peut sembler privilégier le collectif sur la personnalisation de la fonction, tout en rendant implicitement hommage à Jean-Paul II.

Redimensionner le rôle du Pape

CHRONIQUES

En dissociant sa personne de la fonction qu’il exerçait, Joseph Ratzinger, fait preuve d’une conviction théologique qui a toujours accompagné le théologien qu’il fut et demeure. De la Révolution française à Vatican II1, confrontée aux nationalismes allemand, français et italien, l’Église catholique a été progressivement marginalisée sur la scène internationale. Le monde qui naît sous ses yeux est un monde de plus en plus sécularisé, coupé de ses valeurs chrétiennes. En a résulté une survalorisation du rôle pontifical et de la hiérarchie catholique dont le point culminant est le premier concile du Vatican qui attribue au pape, dans des conditions et des domaines particuliers, l’infaillibilité. Vatican II rééquilibre quelque peu l’architecture générale, en introduisant une dose de collégialité et en intégrant davantage le laïcat. Le long et extrêmement conflictuel pontificat de Jean-Paul a toutefois ralenti les évolutions possibles, en raison de la personnalité extraordinairement

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charismatique du pape polonais. Or Benoît XVI, dans le livre cité, se livre à un long inventaire du pontificat précédent, et a tenté de redimensionner le rôle du pape : d’une part en dissociant l’ « auctoritas » de la « potestas »2. Le pape écrit-il, « est un être tout à fait impuissant. D’un autre côté, il a une grande responsabilité »3 ; et Benoît XVI de préciser les limites de l’infaillibilité pontificale4. D’autre part en refusant la trop grande personnalisation du pouvoir, et le caractère charismatique et émotionnel qui s’y attache : « la question est la suivante : est-il vraiment juste que l’on s’expose sans cesse à la foule et que l’on se laisse regarder comme une star ? »5 Benoît XVI entend également limiter les prises de parole du souverain pontife, en distinguant « traduction intellectuelle » (actualisation de la foi catholique dans des documents magistériels) et « traduction existentielle », autrement dit en prenant en compte l’écart entre le temps de production magistérielle et celui de sa réception par les catholiques : critique en creux de l’imposante production écrite de son prédécesseur. C’est dans ce contexte de réévaluation de la fonction pontificale au sein de l’Église que doivent se


« ...Ce geste a été dans l’ensemble bien reçu, à la fois par la communauté catholique et de manière générale, par l’opinion publique. Certains y ont vu un geste de modernité... »

Un geste personnel Ce geste a été dans l’ensemble bien reçu, à la fois par la communauté catholique et de manière générale, par l’opinion publique. Certains y ont vu un geste de modernité politique dans la gestion du gouvernement de l’Église. Très brièvement, on souhaiterait revenir ici sur les limites et incertitudes que ce geste engendre.

un geste personnel, libre certes mais qui n’engage que son auteur. Telle est sa première limite. Cette renonciation, qui selon le cardinal Vingt-Trois « lève un tabou », signifie-t-elle que collectivement, les responsables de la hiérarchie catholique (évêques, cardinaux) vont prochainement encadrer dans le temps l’exercice de la mission pontificale ? On est ici pour l’instant dans l’incertitude et devant deux scénarios.

1. L’ordre chrétien est sapé sous la double influence de l’Aufklärung allemand et des philosophes français, puis de la révolution française. Si le Pape est rétabli dans son pouvoir temporel lors du congrès de Vienne (1815) avec le titre de Pape-Roi, les conditions de l’unité italienne sape bientôt son influence potentielle. En dépit de la loi des Garanties du 13 mai 1871, Pie IX se considère comme prisonnier au Vatican (et ce, pour ses successeurs, jusqu’aux accords du Latran, 11 février 1929, ratifiés le 7 juin suivant). Après le Syllabus (1864) qui rejette les fondements de notre société moderne, l’intransigeance pontificale se raidit encore lors du Concile Vatican I qui culmine avec l’infaillibilité pontificale et, on l’oublie trop souvent, le transfert progressif des maisons généralices d’ordres religieux à Rome. En 1908, la réforme de la Curie renforce le pouvoir des Congrégations tandis que la doctrine thomiste du pouvoir justifie l’exercice d’un pouvoir indirect de l’Église dans les domaines temporels où foi et morale sont concernées (domaines assez larges…). 2. Dans la Rome antique, la « potestas » du pouvoir politique et militaire repose sur l’autorité d’une « auctoritas » qui la limite et la transcende. 3. In Lumière du monde, livre d’entretiens du pape Benoît XVI, Bayard, Paris, 2010, p. 23. 4. Id., p.25.

CHRONIQUES

lire les quelques lignes consacrées à une possible démission : «  quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer »6. Joseph Ratzinger, président de la commission théologique internationale au milieu des années, insistait davantage sur « l’Église mystère », que sur « l’Église, sujet historique ». Trente plus tard, et l’expérience de Jean-Paul II vécue, Benoît XVI met en exergue la seconde et voue son existence, dans la prière, à la première.

5. Ibid., p.104. 6. Lumière du monde, Bayard, Paris, 2010, p. 51. Crédits photo : © Andreas Tille.

Premier constat : cette renonciation ne relève pas d’une réflexion collective, collégiale. Elle demeure

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¬ Le signe d’une modernité politique Premier scénario : aucune réflexion collective n’est lancée, aucune décision ne vient confirmer le geste de Benoît XVI. Le geste devient alors un acte isolé et son interprétation peut se retourner en constat de faiblesse de Benoît XVI, ou en aveu d’incapacité de la curie à se réformer. Le risque est aussi de voir des supputations et des rumeurs entacher le futur pontificat : la moindre maladie, une avancée en âge deviendront autant de signes avant-coureurs d’une possible démission et donc des risques de déstabilisation du gouvernement de l’Église. Second scénario : la hiérarchie catholique fixe un terme à la fonction pontificale, en prenant pour terme l’âge limite pour les évêques (75 ans) ou celui des cardinaux électeurs (80 ans), avec le risque certain de banaliser la représentation du Souverain Pontife. Décision qui fait entrer l’Église dans la modernité, décision qui désacralise la fonction pontificale, cette renonciation pose, on le voit, des questions plus profondes de gouvernance même de l’Église.

aujourd’hui les effets à long terme car il faudra en mesurer les conséquences en termes de déstabilisation possible de l’édifice hiérarchique catholique. En effet, en renonçant à sa fonction, le pape allemand n’a pas instauré pour autant un mandat temporel aux futurs papes, pas plus qu’il n’a imposé une limite d’âge à son exercice. On ignore à ce jour si son geste fera jurisprudence, mais on peut en mesurer les effets sur le choix même de son successeur et sur la fin de pontificat de celui-ci. François Mabille Titulaire de la chaire enjeux de société et prospective

En renonçant à sa fonction, Benoît XVI prolonge de manière inattendue le rééquilibrage des pouvoirs initiés par Vatican II et clôt définitivement son droit d’inventaire sur le pontificat de Jean-Paul II et le legs curial qui y fut associé. Ce geste est susceptible d’être interprété comme l’expression d’une modernité politique ; la figure du Souverain Pontife, quasi monarque à qui les attributs d’infaillibilité, dans des conditions spécifiques, furent attribués, disparaît. C’est cette longue période que le pape clôt.

CHRONIQUES

Le pape Benoît XVI, figure religieuse d’exception, s’efface désormais devant l’homme dissocié de la fonction pontificale. Le titre de « pape honorifique » donné désormais au pape retraité, symbolise une désacralisation dont on perçoit sans doute très mal

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François Mabille, Benoît XVI ou la désacralisation des souverains pontifes, Éditions du Cygne, Paris, mars 2013, 100 p., 12 €.


QUESTION DE THÉOLOGIE N’entrons pas en concurrence avec les machines !

Cette idée n’est ni très originale, ni très personnelle. Elle m’est venue en écoutant une émission de radio et j’ai déjà oublié le nom du philosophe qui a fait cette remarque ! Écoute… de qualité ? Depuis, pris dans le tourbillon de la vie où il y a bien assez à faire, cette idée me trotte dans la tête. Parcourant les Écritures, il est interpelant de constater que la trame de fond consiste à se positionner par rapport à la qualité de nos relations (passant avant tout dans la justesse – dans la justice). Relations à l’autre, et plus particulièrement aux plus démunis, à soi-même, à Dieu et au monde qui nous entoure. Nos cinq sens sont particulièrement mis à contribution dans notre quête d’une relation de qualité avec la profondeur de notre réel nous ouvrant sur l’infini : • « Écoute, Israël… » (Dt 6,4) ; • « Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule » (Jn 20,27) ; • « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9) ;

• « Alors Marie, prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum » (Jn 12,3) ; • « Les disciples priaient Jésus en lui disant : Rabbi, mange. Mais il leur dit : j’ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas » (Jn 4,32). Il est vrai que miser sur des relations et des productions de qualité peu paraître quelque peu utopique dans un monde où la rentabilité et le profit ont été érigés en divinités que l’on ose à peine bousculer. On en viendrait presque à regretter la fougue des prophètes d’antan (pas toujours bien inspirés d’ailleurs !) détruisant nos idoles. Mais quel artiste viendrait à choisir de produire ses œuvres à la chaîne en visant seulement la productivité plutôt que d’appliquer tous ses sens à produire des œuvres de qualité où chacun de nous peut nourrir son humanité ? Ne sommes-nous pas « les artistes de notre vie » ? Choisir de privilégier la qualité, tant dans nos productions que dans nos relations (et moins se soucier de la quantité) ne serait-ce pas répondre, en réactualisant à peine, à cette proposition de Dieu : « Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur […] Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez » (Dt 30,15.19).

CHRONIQUES

« Laissons faire la quantité aux machines – elles le font d’ailleurs bien mieux que nous et, sur ce point, on n’arrivera jamais à les concurrencer ! –, nous, humains, concentrons-nous sur la qualité ».

Francis Hugon Professeur de religion en Belgique

Crédits photo : © DR.

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QUESTION DE RECHERCHE L’aventure entrepreneuriale : un long fleuve tranquille ?

« On peut également observer que créer son entreprise permet essentiellement d’assurer son propre emploi... » Ma thèse de doctorat porte sur l’entrepreneuriat. Elle questionne la notion de performance de l’entrepreneur, à travers deux dimensions : sa capacité à créer de la richesse et sa capacité à créer de l’emploi, c’est-à-dire embaucher et assurer son propre emploi durablement. Ces deux dimensions « vertueuses » expliquent pourquoi l’entrepreneuriat est généralement considéré comme un vecteur de la croissance économique, et pourquoi les pouvoirs publics mobilisent d’importantes ressources dans le but de promouvoir l’esprit d’entreprise et les projets entrepreneuriaux naissants.

CHRONIQUES

Le concept de performance entrepreneuriale est étudié dans ma thèse à l’aide de données françaises publiées par l’Insee 1 en 2009. L’échantillon, relatif à près de 90 000 entrepreneurs ayant débuté leur activité au premier semestre de l’année 2002, indique que près de la moitié des nouvelles entreprises créées ont disparu du marché après seulement cinq ans d’activité, soit une sur dix chaque année. On peut également observer que créer son entreprise permet essentiellement d’assurer son propre emploi ; seulement 40 % des entreprises survivantes cinq ans après leur création comptent au moins un salarié. Plus généralement, il ressort que l’entrepreneur lambda crée une petite entreprise, génère peu d’emplois (hors ceux de ses fournisseurs) et peine à développer son activité.

permet de mettre en évidence le rôle important joué par le capital humain de l’entrepreneur, mesuré notamment par son niveau d’éducation et son expérience professionnelle. Disposer d’un master ou d’un doctorat accroît la durée de vie de l’entreprise de 35 %, par rapport à n’avoir aucun diplôme. Quid de l’influence de l’environnement, et plus spécifiquement des fonds publics dans la formation à la création d’entreprise ? Ce soutien ne semble pas présenter d’effet positif statistiquement significatif sur les performances des entrepreneurs, sauf s’il cible les entreprises à fort potentiel. Ce que font sans doute rationnellement les consommateurs à qui s’adressent les biens et services offerts par les entreprises… Grégoire Cauchie Assistant doctorant à la FLSEG 1 - Enquête « Créateurs d’entreprise, la génération de 2002 » émanant du Système d’Information sur les Nouvelles Entreprises. Crédits photo : © DR.

Dans ce contexte, quelles sont les clefs du succès entrepreneurial ? L’utilisation de techniques statistiques et économétriques récentes

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LES MIGRATIONS DOSSIER

Ce numéro de Vues d’Ensemble est une invitation au voyage dans le temps et dans l’espace. En s’attardant sur « Les Migrations », ce dossier s’intéresse à plus de 200 millions d’individus dans le monde et nous invite à nous questionner sur nos origines et nos racines, sur notre futur et notre devenir, sur notre point de départ et notre point d’arrivée, ainsi que sur nos représentations des migrants. Stéphanie Antonioz nous amène au sommet du Sinaï et nous rappelle dans un très beau texte sur la constitution de la Tora juive que le mouvement migratoire contraint – L’exil – force à repenser son identité. Plus proche de nous, Arnauld Vandermersch déconstruit les récentes vagues migratoires qui ont façonné le paysage populationnel, économique et sociétal de notre région et souligne qu’aujourd’hui le mouvement se retourne. Les sangs se mélangent, les gènes se brassent, les populations autochtones et migrantes se marient. C’est ce que nous rappelle Jean-Loup Demory dans une passionnante présentation de ce qu’est l’hématologie géographique. Indéniablement, les migrations ont des répercussions économiques, aussi bien pour les pays d’origine que d’arrivée. Claire Naiditch souligne ainsi que les transferts de fonds des migrants vers leurs pays d’origine représentent plus que l’aide mondiale qui leurs est octroyée. Mais Xavier Chojnicki nous démontre aussi qu’en arrivant le migrant s’insère économiquement et contribue positivement aux finances publiques du pays d’accueil. Les migrants ne sont pas infiniment en mouvement, ils séjournent, eux et leur descendance, longtemps dans le pays d’accueil qu’ils ont choisi : ils sont dans la cité. Mais font-ils la cité ? Sur ce thème, Elisa Deiss-Helbig nous convie à nous intéresser à la représentation politique des personnes issues de l’immigration.

DOSSIER

Bien qu’il soit loin d’être exhaustif dans ses thématiques, nous espérons que le lecteur appréciera néanmoins ce dossier de Vues d’Ensemble et s’interrogera sur son envie de partir, de revenir, de rester. Quoiqu’il en soit, nous lui souhaitons bon voyage et bonne route ! Christian Ben Lakhdar Maître de conférences en économie FLSEG

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EXIL ET IDENTITÉ OU LA CONSTITUTION DE LA TORA JUIVE

La Tora juive ou Pentateuque se clôt avec ces dernières paroles de Dieu adressées à Moïse : « C’est ici le pays au sujet duquel j’ai juré à Abraham, Isaac, et Jacob, disant : Je le donnerai à ta semence. Je te l’ai fait voir de tes yeux, mais tu n’y entreras pas » (Dt 34,4). La conquête de la terre se trouve ainsi rejetée hors de la Tora, dans le livre de Josué, alors qu’elle est l’une des premières promesses de Dieu (Gn 12,7).

DOSSIER

A qui la terre est-elle donc promise si Moïse lui-même n’y entre pas ? Deux conceptions identitaires semblent s’opposer entre ceux, comme les patriarches (Gn 12,36), qui résident sur la terre et ceux, comme le peuple à la sortie d’Égypte (Ex), qui accueillent la révélation du Sinaï. On mesure à travers ces deux identités possibles, l’une généalogique, l’autre vocationnelle, la crise politique mais plus encore identitaire que représente l’exil babylonien. Comme le rappellent plusieurs prophètes, la Judée et sa capitale dynastique Jérusalem tombe sous les coups de Nabuchodonosor en 587 avant notre ère. Non seulement l’exil est forcé mais les institutions majeures, palais et temple, sont ébranlées. De cette crise le sacerdoce se

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relèvera, la royauté jamais. Et l’exil qui se transforme en diaspora force Israël à repenser son histoire, à rassembler ses traditions, à définir son identité. C’est dans ce cadre historique qu’il convient de penser la constitution de la Tora et on subodore combien la Loi placée au cœur de cette Tora répond à la crise exilique et identitaire : malgré des traditions diverses, voire des conceptions différentes, ton identité est d’observer les commandements que ton Dieu a révélé au Sinaï. Née dans l’exil, l’identité juive se constitue avec la Tora, la Loi, témoin précieux des questions mais aussi des réponses trouvées

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« L’exil qui se transforme en diaspora force Israël à repenser son histoire, à rassembler ses traditions, à définir son identité.» pour surmonter cette crise inouïe et innommable d’une terre perdue, d’un temple détruit et d’un trône jamais recouvré. Stéphanie Anthonioz Faculté de Théologie, UMR 7192


LA MIGRATION SUPPORT DE VIE

Dès l’origine, l’œuf issu de l’apport génétique des deux parents va se diviser et causer la migration des cellules primordiales. Ainsi, les cellules de la crête neurale, formation embryonnaire apparue très tôt, vont migrer et être à l’origine, entre autres, de fibres nerveuses, des muscles et os du crâne, de la glande médullo-surrénale au-dessus du rein, des cellules pigmentaires de l’iris et de la peau… Et, si cette migration ne se fait pas correctement elle devient source de maladies affectant ces différentes parties du corps, comme l’impressionnante maladie de Recklinghausen illustrée par le film Elephant Man. Au niveau de l’ADN, la molécule support de l’information génétique, là aussi il faut revoir notre conception d’un génome fonVues d’ensemble avril 2013 - N° 55

damentalement stable. On a en effet montré que certaines portions de l’ADN se déplacent et se multiplient dans le génome. Ces gènes sauteurs pourraient ainsi induire de la variété génétique et permettre de s’adapter à de nouvelles conditions de l’environnement. L’apparition de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries en est un exemple bien connu. En fait, la physiologie nous enseigne que dans le corps humain

« La physiologie nous enseigne que dans le corps humain tout migre tout le temps : hormones véhiculées par le flux sanguin, ions de part et d’autre de la membrane cellulaire, molécules assurant la neurotransmission entre les neurones…»

tout migre tout le temps : hormones véhiculées par le flux sanguin, ions de part et d’autre de la membrane cellulaire, molécules assurant la neurotransmission entre les neurones… Migrations, qui conduisent à franchir en respectant certaines lois les différentes frontières présentes dans le corps, comme celles entre les cellules ou entre le sang et les organes. Mais cette migration, support de vie lorsqu’elle est régulée, peut aussi devenir source de maladies quand elle se fait de manière anarchique. C’est par exemple le cas de la sclérose en plaques où des cellules immunitaires vont franchir illégalement la barrière entre le sang et le cerveau et y occasionner des lésions inflammatoires ; sans oublier la migration non contrôlée des cellules cancéreuses source de métastases. Il ne s’agit pas ici d’esquisser une métaphore biologique des mouvements de population, cependant ce survol de la physiologie nous révèle que la migration, phénomène universel, est support de vie ; à condition qu’elle se fasse de manière régulée et harmonieuse.

DOSSIER

Une conception largement répandue du corps humain voit celui-ci comme une machine, qui d’ailleurs peut présenter des maladies « pannes », et dont la structure est figée et rigide. Alors qu’en fait, c’est la mobilité et le mouvement qui le caractérisent. Le corps est plus à voir comme une rivière qui coule que comme une sculpture figée.

Philippe Gallois FLM

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LE SANG ET LES MIGRATIONS HUMAINES L’étude des caractéristiques héréditaires du sang (l’hémoglobine, les groupes sanguins) est venue appuyer en maintes circonstances les théories des ethnologues, anthropologues et linguistes sur les grands courants migratoires humains. L’exemple le plus démonstratif de l’apport de cette « hématologie géographique » - discipline créée par le médecin et anthropologue Jacques

apparue dans la péninsule arabique puis ayant envahi l’Afrique et affectant aujourd’hui 120 millions d’individus dans le monde ; la répartition actuelle de la maladie est nettement calquée sur celle du commerce des esclaves (figure 1), lequel explique aussi les foyers méditerranéens. En revanche, les drépanocytoses indiennes et orientales constituaient une énigme puisqu’aucune migration dans ce sens ne pouvait être attestée ; la confron-

Pérouse débarque sur l’île d’Hokkaido et rencontre les Aïnous, des hommes étonnamment blancs et velus, l’hypothèse d’une colonisation ancienne par des européens va prévaloir ; bien plus tard, l’étude des groupes sanguins la récusera définitivement et apparentera cette population aux protomongols. Plus proche de nous, la population basque, sédentaire depuis des millénaires, représente un isolat dont les caractéristiques sanguines ne se sont guère répandues. Enfin, la curieuse répartition des groupes sanguins au Liban argumente une endogamie coutumière intransigeante au sein des communautés religieuses. Jean–Loup Demory professeur d’hématologie à la FLM

L’endogamie n’est pas un terme de médecine ; c’est l’obligation de se marier dans le même groupe social (ou ethnique ou religieux). Figure 1 : Répartition de la drépanocytose (zones pointillées) et routes de la traite négrière.

DOSSIER

Ruffié 1 - est sans doute celui du groupe sanguin Diego initialement découvert chez les indiens du Venezuela et d’abord considéré comme un caractère ethnique propre, puis finalement retrouvé en Extrême-Orient ainsi que dans diverses régions septentrionales, dessinant le trajet d’une migration d’est en ouest au travers du détroit de Béring. Un autre exemple est celui de la drépanocytose, produit d’une mutation ponctuelle ancestrale de l’hémoglobine

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tation des disciplines a conclu à la vraisemblance d’une mutation similaire mais distincte survenue plus tardivement en Inde. La présence en Asie d’une autre mutation de l’hémoglobine (hémoglobine E), non pathologique celle-là, permet de reconstituer avec précision les frontières du glorieux empire khmer du Moyen Âge qui s’étendait alors à l’ensemble de la péninsule indochinoise. A contrario l’étude du sang étaie parfois l’absence de migration ; lorsque La

La drépanocytose est une maladie du sang, elle se caractérise par une hémoglobine anormale qui se cristallise dans les globules rouges, les contraignant à prendre une forme de faucille rigide (drepanos = la faux). Sa transmission est héréditaire et les homozygotes souffrent dès l’enfance d’anémie et de complications vasculaires multiples, douloureuses et mutilantes, qui limitent leur espérance de vie.

1. Jean Bernard et Jacques Ruffié, Hématologie géographique. Écologie humaine, caractères héréditaires du sang, Masson Ed. Paris, 1966.


LES MIGRATIONS DANS LA RÉGION NORD - PAS DE CALAIS AU XXE SIÈCLE

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Vues d’ensemble avril 2013 - N° 55

Le Nord - Pas de Calais occupe une position clé géographiquement parlant : une zone frontière, de passage ainsi qu’une région carrefour. Historiquement la région fut toujours un axe de passage, de la période romaine aux conflits de Louis XIV en passant par le Moyen Âge : la route des invasions et des guerres comme celle des grandes voies commerciales reliant l’Italie à l’Angleterre et aux villes drapantes de Flandres et des Pays-Bas ; elle devint ensuite une région frontière qui amplifia de nombreux flux commerciaux et humains.

La révolution industrielle Outre sa position privilégiée, l’attractivité de la région est déterminante

dans la croissance et la diversité de sa population. Le XIXe siècle est celui de la révolution industrielle dans le Nord - Pas de Calais où existe déjà une économie basée sur le textile et alimentée par les liens commerciaux entre le nord et le sud de l’Europe. La découverte et l’exploitation de matières premières énergétiques, la machine à vapeur et l’eau assurent le démarrage industriel et favorisent le développement des industries extractives (le charbon puis la chimie et la sidérurgie) et manufacturières (le textile).

DOSSIER

Un regard sur les fichiers d’état civil d’une ville ou l’autre de la région révèle la grande diversité de l’origine des populations  : flamandes, polonaises, espagnoles, portugaises ou italiennes, maghrébines. De multiples vagues de migrations se sont poursuivies tout au long du XXe siècle générant un large brassage de population. Cette situation semble banale et chaque région recouvre des caractéristiques voisines, elle est toutefois plus prononcée en Nord - Pas de Calais. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer.

Cette croissance sans précédent dans les productions lainières, cotonnières et aussi linières nécessite une main-

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¬ d’œuvre abondante qui ne peut être fournie par la population locale. L’appel à des ouvriers venant d’autres régions proches s’impose. Ce sont les Flandres qui vont fournir cette main-d’œuvre, des régions encore très agricoles et faiblement industrialisées de Tielt, Roulers ou Torhout ; la Wallonie avec le Borinage et le bassin de Liège ayant un développement économique voisin de celui de notre région. Ces populations ouvrières se fixent d’abord le long de la frontière dans un quartier précis comme Barraken à Halluin, marquant ainsi la toponymie locale, pour ensuite diffuser en ville de manière définitive souvent regroupées dans les mêmes quartiers puis s’intégrant peu à peu aux populations locales.

Des vagues successives Les Polonais forment une autre vague majeure de migrations dans le bassin minier. Celle-ci débute dès 1909 venant de Westphalie puis prend de l’ampleur en 1919 avec la convention signée entre la Pologne et la France qui voit arriver en une décennie un demi-million de migrants. Les besoins sont immenses au lendemain de la Première Guerre mondiale quand il faut remettre en état les fosses d’exploitation noyées durant cette période et relancer l’économie énergétique nationale. De nouveaux corons sont construits qui leur sont destinés, incluant même une paroisse en son centre et un quotidien polonais « Narodowiec » qui sera édité jusqu’en 1989. En à peine cinquante ans ce courant migratoire va s’intégrer parfaitement dans le tissu urbain et industriel, contribuant à l’essor économique de la région.

DOSSIER

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’autres courants migratoires arrivent dans la région. Avec la période de la reconstruction, apparaît un appel de main-d’œuvre afin de compenser les carences locales lors des Trente Glorieuses, il s’agit de populations venant des pays en retard de développement du

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sud de l’Europe : Espagne, Portugal et Italie ; celles-ci trouvent un emploi dans le bâtiment, l’extraction du charbon ou la sidérurgie, diversifiant la trame urbaine par leur sédentarisation, puis ce sont les populations maghrébines ou d’Afrique intertropicale qui à leur tour vont rejoindre un Nord - Pas de Calais économiquement florissant.

« De terre de forte immigration, le Nord - Pas de Calais est devenu une terre d’émigration avec des populations jeunes quittant la région pour se diriger vers d’autres horizons plus attractifs.»

Au cours du XXe siècle, trois mouvements migratoires importants ont donc couvert la région et assuré une part importante de la croissance démographique ; ces différentes strates se sont insallées dans une région qui connaissait une forte croissance, ce sont ainsi des migrations de travail durable et non plus des migrations transfrontalières – domicile-travail – comme ce fut longtemps le cas entre la France et la Belgique. Aujourd’hui, dans un contexte plus tendu, ces flux se sont interrompus et même inversés. Les grands mouvements du XXe siècle sont un phénomène révolu dès lors que la région est en déprise. Arnauld Vandermersch FLSH

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L’OIM ET DONNÉES RÉCENTES SUR LES MIGRATIONS

« ...ce sont bien les mouvements de population internes qui représentent la majeure partie des migrations dans le monde.»

Curieusement, nous ne sommes pas conscients des principaux pays d’accueil des migrants ni non plus des principales origines des populations migrantes. Pour les premiers, nous retrouvons selon l’OIM, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït, avec respectivement, 86,5 %, 70 % et 68,8 % de la population qui est immigrée. Concernant les secondes, ce sont les 12,1 millions de russes vivant à

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l’étranger qui représentent la plus importante nationalité de migrants suivie par les 10,1 millions de mexicains vivant, eux aussi, hors de leurs frontières. Les migrations internationales, contrairement aux idées reçues se font principalement des pays développés vers les pays développés et des pays en développement vers les pays en développement. Seules 30 % des migrations internationales se feraient des pays en développement vers les pays développés. Quatre faits marquants caractérisent cette migration internationale. Le premier est que la migration internationale implique une incroyable diversité de groupes sociaux et ethniques : la migration concerne quasiment toutes les populations du monde. Le second est que la migration internationale se féminise. Aujourd’hui de plus en plus de femmes migrent, souvent en tant que chef de famille, pour des rai-

sons économiques (voir les transferts de fonds des migrants de Claire Naiditch, dans ce numéro). Troisième caractéristique : le nombre de personnes vivant et travaillant à l’étranger illégalement ne cesse d’augmenter. Quatrièmement, la migration temporaire et les flux circulation ne cessent d’augmenter : les personnes vont et viennent de plus en plus rapidement ; la mobilité s’accélère. Finalement, il convient aussi de souligner que devant l’importance des migrations internationales, ce sont bien les mouvements de population internes qui représentent la majeure partie des migrations dans le monde. Selon le rapport pour le développement humain de Programme des Nations unies pour le Développement de 2009, ce sont près de 740 millions de personnes dans le monde qui peuvent être considérées

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DOSSIER

Selon l’OIM, il n’y a jamais eu autant de migrants internationaux dans le monde et si la population migrante continue d’augmenter au même rythme que ces vingt dernières années, les projections font état de 405 millions de migrants internationaux en 2050.

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¬ comme des migrants internes. Les raisons de ces mouvements de populations sont multiples et variées (économiques, politiques, environnementales, conflits armés…) et ne peuvent être détaillées ici. Nous noterons simplement ici une des conclusions commune de ces rapports institutionnels qui insistent sur le fait que pour la plupart des migrants, qu’ils soient internationaux ou nationaux, la mobilité leur confère très souvent de meilleures perspectives en termes de revenu, d’éducation et de santé – et ce malgré les difficultés inhérentes et les barrières existantes à la migration.

Christian Ben Lakhdar Enseignant-chercheur LEM Maître de conférences en économie - FLSEG

Organisation internationale pour les migrations Créée en 1951, voilà plus de 60 ans, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), initialement appelée «  Comité intergouvernemental provisoire pour les mouvements migratoires d’Europe », est aujourd’hui la seule organisation dotée d’un mandat mondial sur la migration. Si, initialement, l’OIM se consacrait essentiellement à la réinstallation des réfugiés et des autres personnes déplacées par la Seconde Guerre mondiale en Europe, son éventail de services s’est élargi au fil des années tant sur le plan

géographique que sur celui des domaines traités. Aujourd’hui, l’OIM est la référence mondiale dans le recensement des mouvements migratoires à travers le monde. Nous reprenons synthétiquement ce recensement pour en donner une image la plus récente possible à travers quelques points saillants mais malheureusement de manière non exhaustive. Le lecteur intéressé ne manquera pas de consulter le site internet de l’OIM ainsi que sa formidable librairie.

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« ...la migration concerne quasiment toutes les populations du monde.»

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LES TRANSFERTS DE FONDS DES MIGRANTS Un enjeu économique des migrations internationales

En 2010, les principaux pays bénéficiaires de rapatriements de fonds enregistrés étaient l’Inde, la Chine, Crédits photo : © DR

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le Mexique, les Philippines et la France, mais ce sont surtout dans les petits pays très pauvres que les transferts représentent une part élevée du PIB. Depuis 1995, cette importante source de devises pour les pays en développement est en constante augmentation, supérieure à l’aide publique au développement et faiblement volatile, contrairement aux investissements directs étrangers.

Pourquoi les migrants transfèrent-ils des fonds ? Le migrant peut d’abord transférer des fonds par altruisme : il tient à sa famille et souhaite l’aider. Il peut également transférer des fonds par intérêt personnel, pour acheter des services auprès des siens. Migration et transferts peuvent également constituer une stratégie des ménages pour surmonter leurs contraintes

budgétaires ou pour diversifier les risques. Les transferts ont alors lieu dans le cadre de contrats implicites de remboursement de prêt ou d’assurance. Enfin, les transferts peuvent être « stratégiques », permettant au migrant d’améliorer son statut social ou son revenu. En règle générale, on observe que des migrants différents ont des motivations distinctes, et que chaque migrant peut avoir plusieurs raisons de transférer des fonds à sa famille. On parle alors « d’altruisme tempéré » ou « d’égoïsme éclairé ».

Quel est l’impact des transferts sur les pays récipiendaires ?

DOSSIER

Les transferts de fonds des migrants sont aujourd’hui une source de devises incontournable pour les pays en développement : en 2009, les transferts officiels totalisent plus de 440 milliards de US$ dont 325 milliards à destination des pays en développement. Ils proviennent de près de 215 millions de migrants disséminés dans le monde (soit 3,1 % de la population mondiale), qui ont gardé des liens avec leur communauté d’origine. Ils circulent à travers différents canaux, formels ou informels, et sont à destination de tous les continents.

Les transferts permettent aux familles qui en bénéficient d’augmenter leur consommation de biens et services produits localement ou importés, d’épargner et

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¬ d’investir de façon plus ou moins productive. La majeure partie des transferts est consommée. Ils permettent de subvenir aux besoins quotidiens mais également aux dépenses de logement, de santé, d’éducation... Ces transferts monétaires s’accompagnent de transferts sociaux qui vont modifier la perception des communautés réceptrices quant aux institutions et aux rôles sociaux. Les transferts des migrants ont ainsi un impact positif sur le revenu des ménages et les niveaux de pauvreté et un impact ambigu sur les inégalités au sein des communautés récipiendaires. Ces effets dépendent fortement des caractéristiques communautaires. Le volume des transferts agrégés est tel qu’il influence également des variables macroéconomiques déterminantes pour la croissance des pays en développement telles que l’accumulation de capital physique et de capital humain, les institutions, l’offre de travail, le taux de change et la position financière internationale des économies récipiendaires. Au final, l’influence des transferts sur la croissance dépend fondamentalement des caractéristiques des pays récipiendaires. Claire Naiditch Maître de conférences Université de Lille 1 Crédits photo : © DR

DOSSIER

« Au final, l’influence des transferts sur la croissance dépend fondamentalement des caractéristiques des pays récipiendaires.» 16


IMPACT BUDGÉTAIRE DE L ’ I M M I G R A T I O N  : G A R E A U X P R É J U G É S  !

« 55% des immigrés ont entre 25 et 55 ans contre 40 % dans l’ensemble de la population.»

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Il est donc souvent admis dans le débat public que l’immigration constituerait un fardeau pour les finances publiques. La raison communément avancée repose sur la perception que l’immigré en France est une personne en moyenne moins qualifiée qu’un natif (ayant un revenu plus faible, il paye moins d’impôts et reçoit plus d’aides sociales), plus souvent au chômage (percevant donc plus d’allocations chômage ou d’aides sociales) et ayant un plus grand nombre d’enfants (il reçoit donc plus d’allocations familiales). Même si cette perception n’est pas toujours fausse, le bon sens qui part de ce constat pour conclure à un impact négatif conséquent sur les finances publiques ne s’en trouve pas moins pris en défaut.

dans l’accès à certaines prestations sociales mais un certain nombre de leurs caractéristiques sociodémographiques : en moyenne, ils sont plus jeunes (55 % des immigrés ont entre 25 et 55 ans contre 40 % dans l’ensemble de la population), moins qualifiés (par exemple, plus de 50 % des immigrés âgés de 35 ans en 2008 avait un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat contre 40 % chez les autochtones), ont davantage d’enfants (2,6 enfants par femme pour les immigrées contre 1,8 chez les femmes autochtones) et rencontrent des difficultés d’insertion sur le marché du travail (leur taux de chômage est environ deux fois supérieur au reste de la population).

Ainsi, par rapport aux autochtones, les immigrés (hors Union Européenne) seraient environ 1,6 fois plus nombreux à recevoir des allocations chômage, 3,8 fois plus représentés parmi les bénéficiaires du RMI et en moyenne 2,5 fois plus dépendants des aides au logement.

Mais ce qu’on dit moins est que cette surreprésentation pour certains risques sociaux est du fait de leurs caractéristiques associée à une sous représentation pour d’autres risques tels que le risque vieillesse ou santé. Quand on sait que ces deux risques représentent aujourd’hui plus des trois quarts de nos dépenses sociales !

Bien évidemment, ce n’est pas leur statut propre qui explique ces différences

Une vision globale est donc plus que nécessaire lorsqu’on aborde cette ques-

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La question du coût économique de l’immigration réapparait toujours durant les périodes électorales majeures en France. La dernière élection présidentielle n’a pas échappé à cette règle politique tacite. Dans le contexte de crise économique, qui se manifeste notamment par des déficits publics abyssaux, l’immigration a souvent été pointée du doigt comme l’un des facteurs ayant contribué à aggraver ces déficits. La réduire est donc apparu dans le débat politique comme une nécessité de « bon sens ». Sur ce point les deux principaux candidats (le Président sortant et le candidat élu) étaient sur une position relativement proche. Et pourtant, ce relatif consensus politique d’un besoin impérieux de réduire l’immigration parce qu’elle serait trop couteuse pour nos finances publiques repose assez largement sur une erreur de diagnostic économique.

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tion complexe. Est-il nécessaire par ailleurs de rappeler que les immigrés participent également au financement de la protection sociale au travers des cotisations qu’ils acquitent ? Dans une pure logique comptable, on peut alors évaluer leur contribution nette, différence entre les contributions et les prestations. Sans équivoque, le résultat trouvé est bien loin de la perception négative selon laquelle l’immigration constituerait un fardeau pour nos finances publiques. En effet, notre système de protection sociale est essentiellement ascendant c’est-à-dire que les transferts se font pour l’essentiel des actifs vers les plus âgés. Ainsi, même si pour un âge donné la contribution nette des migrants est toujours inférieure à celle des autochtones, le fait qu’ils soient en moyenne plus jeunes (et donc regroupés dans les catégories de contributeurs nets à la protection sociale) va venir entièrement contrebalancer l’éventuel « surcoût » pour certaines branches de la protection sociale. Ce n’est donc pas un quelconque durcissement de la politique migratoire qui permettra de résorber nos problèmes de déficits budgétaires : moins d’immigration c’est à la fois moins de dépenses sociales mais c’est aussi et surtout moins de cotisants. Xavier Chojnicki Maître de conférences en économie à l’Université Lille 2 Chargé de recherche au CEPII et chercheur associé à la Chaire Transitions Démographiques, Transitions Economiques

DOSSIER

Pour en savoir plus : On entend dire que… L’immigration coûte cher à la France, qu’en pensent les économistes ?, Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, coll. « On entend dire… », Éditions Eyrolles - Les Echos, Paris, avril 2012, 128 p. 12 €.

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Graphiques : Les immigrés ont une contribution nette inférieure à celle des natifs, mais sont plus concentrés dans les tranches d’âge actives (source : « On entend dire que - L’immigration coûte cher à la France, qu’en pensent les économistes ? », Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, 2012). © DR

« ...les immigrés participent également au financement de la protection sociale au travers des cotisations qu’ils acquitent… »


REPRÉSENTATION POLITIQUE DES POPULATIONS ISSUES DE L’IMMIGRATION

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C’est le cas pour la France ainsi que pour la plupart des États membres de l’Union Européenne. Pour la France, le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) compte dix députés, soit 2 % des députés qui ont été élus lors des élections législatives en 20121. Nous pouvons donc identifier un fort déséquilibre en termes de chiffres entre les représentants politiques et la composition multiculturelle de la population.

La représentation miroir : quel lien entre représentants et représentés ? L’argument présenté ici renvoie à un certain modèle de la représentation poli-

tique, dite la représentation descriptive ou miroir, qui est surtout présent dans le discours scientifique aux États-Unis. Selon cette logique, les représentants devraient refléter, notamment en termes de sexe et d’origine ethnique la population entière2. Ce modèle suscite de nombreuses critiques dans le monde intellectuel supposant, entre autres, qu’il attribue aux membres d’un certain groupe une identité commune que tous ces membres partagent en exclusivité. La critique est particulièrement virulente en France où le modèle républicain d’intégration est le paradigme central du discours officiel. Selon ce modèle, tous les individus sont traités d’une manière indifférenciée et l’identité ethnique ou culturelle

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DOSSIER

Suite aux vagues successives d’immigration, en particulier celle du siècle dernier, les sociétés modernes sont caractérisées par leur importante diversité ethnique. Selon l’INSEE, en 2008 la part des personnes qui ont au moins un parent né à l’étranger, dite de « deuxième génération », dans la population française s’élève à 11 %. Cependant, en ce qui concerne le monde politique, nous ne trouvons que très peu de députés issus de l’immigration.

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n’est pas un critère utilisé comme base de reconnaissance. De plus, selon cette conception républicaine de la représentation politique, les représentants doivent représenter la totalité de la population française et non pas les différentes composantes de ce groupe.

comme un signe de dysfonctionnement démocratique3.

La sous-représentation des minorités ethniques : signe d’un dysfonctionnement démocratique ?

Mais qui est responsable de cette situation ? Dans la littérature scientifique, de nombreuses raisons sont avancées pour expliquer le fait que les assemblées nationales (et dans un moindre degré aussi les assemblées au niveau local) ne sont que très faiblement diversifiées : on peut citer l’impact du mode de scrutin, l’offre des candidats, les préjugés des électeurs et des personnes responsables de la sélection politique ainsi que le processus même de sélection qui est lié au degré de démocratie interne au sein des partis politiques. Plusieurs sondages soulignent pourtant la volonté des électeurs de voter pour des candidats issus de l’immigration4. C’est pourquoi les partis politiques sont de plus en plus mis en avant comme les responsables du manque de diversité

DOSSIER

Pourtant, la faible présence des personnes issues de l’immigration dans la sphère politique pose un certain nombre de problèmes. Premièrement, cette sousreprésentation d’un groupe de personnes remet en question le droit fondamental d’égalité d’accès aux fonctions politiques pour tous les citoyens. Cela peut avoir un impact sur le sentiment d’inclusion des groupes sous-représentés dans le système politique et contribuer à la défiance de la population envers le monde politique. Finalement, les parlements « monocolores » pourraient être interprétés Crédits photo : © DR

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Les partis politiques comme principal obstacle à la représentation des personnes issues de l’immigration ?

dans les parlements. Il s’agit de véritables gatekeepers du système politique. Elisa Deiss-Helbig doctorante en science politique, département des systèmes politiques et de sociologie politique, Université de Stuttgart 1. Il faut souligner que le nombre de personnes issues de la diversité dépend fondamentalement de la définition du terme même qui est souvent assez flou. Le CRAN, par exemple, considère comme « issues de la diversité » toutes les personnes issues de l’immigration non européenne et ou originaires des DOM-TOM mais élues hors de leurs départements. 2. Mansbridge J., « Should Blacks Represent Blacks and Women Represent Women ? », The Journal of Politics, vol. 61, 1999, pp. 628-657. 3. Avanza M., « Qui représentent les élus de la diversité? », Revue française de science politique, 2010, vol. 60, pp. 745-767. 4. Pour la France voire par exemple Keslassy E., Ouvrir la politique à la diversité, Institut de Montaigne, 2009 ou Brouard S. et Tiberj V., « Yes they can. An experimental approach to the eligibility of ethnic minority candidates in France », dans Bird K., Saalfeld T., Wüst A. The Political Representation of Immigrants and Minorities. Voters, parties and parliaments in liberal democracies, 2012, pp. 164-180.


JEUNES AFGHANS D A N S L A R É G I O N  : RICHESSE DE L’ACCUEIL, SOIF D’INTÉGRATION

«  Nos parents étaient des illettrés  ; nous voudrions être des ingénieurs, des managers, des entrepreneurs, des écrivains, des ouvriers spécialisés, des intellectuels… Nous souhaitons participer à la reconstruction de notre pays, nous aimons l’Afghanistan, ayant grandis dans un pays en guerre, nous voudrions que les jeunes ne connaissent plus la guerre. »

Pour en arriver là, volonté, courage, désir d’apprendre. A Sangatte, ce que les jeunes afghans me demandaient le plus, après des chaussures peut-être, c’était des livres, des dictionnaires…

Un ardent désir d’intégration

Dans son intervention lors du nouvel an afghan, Alli résume cette soif d’apprendre :

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Il n’est jamais allé à l’école. Arrivé en France, en 2009, Ali Madad, est scolarisé en quatrième ; les premières semaines, il part le matin avec tous ses livres, ne sachant distinguer celui de math de celui de français ! Deux ans après, ses enseignants témoignent : « Ali restera gravé dans ma mémoire… il a donné à ma mission d’enseignant tout son sens et toute son importance dans la société ».

Des ingénieurs ISA du GEDAM apportent aussi leur témoignage : « Étudiant, mon programme s’est vite chargé. Une soirée par-ci, un examen par-là. Ma vie se déroulait en vase clos. Mon professeur de géologie m’a parlé de l’Afghanistan. Des images me sont revenues. Je me revois du haut de mes onze ans prenant l’autoroute de Calais et ces ombres furtives traversant le bitume. J’ai décidé de donner des cours aux afghans. Bien plus qu’un soutien scolaire, je pense que ce fut l’occasion pour eux d’avoir un accueil et pour moi de me construire en tant que citoyen sans frontières » Thibaut. « J’ai été touché par ces jeunes démunis qui en ont bavé, comparativement à nous qui sommes des gâtés de la vie » Gabriel. « Je souhaitais faire quelque chose pour les autres, m’ouvrir, arrêter de ne penser qu’à moi. Je me suis inscrite pour des cours de soutien scolaire. Reza m’a parlé de son

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Ils s’appellent Kian, Obaïd, Hocen... Ils ont connu Sangatte ou la jungle de Calais. Que sont-ils devenus ? Kian est restaurateur de monuments historiques en région parisienne ; Obaïd, ingénieur, chez Vinci ; Hocen, dessinateur de charpentes métalliques, dans un bureau d’étude lillois.

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¬ pays, il m’a raconté son périple. Il m’a surpris par son courage, sa détermination. Je pense que Reza m’a beaucoup plus apporté que ce que j’ai pu lui apporter » Florie.

Un chemin long et difficile : mineurs-majeurs ou « Comment ne plus exister durant six mois ou plus ? » Haroon, arrivé sur Lille en 2012, est placé dans un foyer. Cinq mois plus tard, il est convoqué chez le juge : tests osseux pour estimer son âge : 19 puis 18 ans. Début janvier le juge le considère majeur, pourtant sa tazkera lui donne un âge de 16, 17 ans ! Haroon doit quitter le foyer le jour même. Toto, jeune congolais arrivé sur Lille fin août, connaît le même sort. En novembre il doit quitter son foyer. En appel la décision est annulée, mais le jugement ne sera rendu que le 5 mars : il lui faut encore vivre un mois « dehors » ! « On a vécu avec eux, partagé repas, jeux et activités » témoignent les éducateurs, « et, du jour au lendemain, on doit les mettre à la porte. ». Si les foyers ne peuvent plus les accueillir, les structures pour adultes comme le 115 les refusent : il leur faut vivre à la rue, devenir inexistants, pendant de longs mois d’hiver. Malgré tout, ils gardent espoir ! Bruno Mistiaen ancien membre de la mission permanente du CNRS en Afghanistan, correspondant local d’AFRANE, chargé de mission Droits de l’homme et migrants.

DOSSIER

AFRANE : Amitié Franco-Afghane, association humanitaire créée en 1980 soutien des projets éducatifs en Afghanistan. 16 passage de la Main d’Or 75011 Paris - Tél. 01 43 55 63 50 - www.afrane.asso.fr

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Soutien scolaire à l’ISA

Le RAIL à Lille Inspiré du réseau Welcome JRS (Jesuite Refugee Service) de France, un petit groupe de personnes et d’associations (Secours catholique, Cimade, Salam, le Grand Mi, Amnesty…) se sont réunis pour réfléchir à l’aide qui pouvait être apportée aux migrants dans leur démarches et leur recherche d’intégration. Ainsi est né le collectif R.A.I.L. « Réseau d’Accueil d’Immigrés à Lille ». Le RAIL c’est finalement un petit groupe de personnes sensibilisés aux problèmes des migrants et consti-

tué de trinômes : accueilli, accompagnateur et famille d’accueil, une douzaine pour le moment. L’accueilli (un jeune en cours de demande d’asile parfois un « mineurmajeur » exclus d’un foyer) est hébergé temporairement (un mois, parfois plus) dans la famille d’accueil ; l’accompagnateur intervient surtout pour les démarches administratives, l’apprentissage de la langue… Contact : Elisabeth Fichez, référente RAIL Tél. 06 46 48 76 89


EXPÉRIENCE LA MIGRATION UN ENRICHISSEMENT RÉCIPROQUE

L’étranger critique des certitudes L’étranger espère jouir de la liberté de circuler, d’accéder à certains biens sociaux de base, à la sécurité, aux bienfaits du vivre-ensemble. Qu’il soit perçu comme visiteur ou touriste, comme immigré ou réfugié, il est invité à participer à la vie sociale, à donner, à recevoir et à rendre. Ceux qui s’enrichissent sur le dos des autres ou qui souhaitent fermer les frontières, sont-ils insensibles à la misère humaine ? La présence du réfugié rappelle Vues d’ensemble avril 2013 - N° 55

qu’il n’est pas donné de vivre partout en paix, de bénéficier des droits de l’Homme. Elle dévoile aussi le devoir de coopérer au développement en même temps que l’exigence de secourir les populations persécutées ou défavorisées. Amitié et solidarité peuvent diminuer la violence et le racisme dans le monde.

L’étranger peut enrichir Devant la détresse et la misère des autres, la générosité apparaît comme une bonne attitude, signe d’appartenance à l’unique humanité. Cependant le repli sur soi n’est pas exclu, là où une hospitalité réciproque est souhaitée. On a peur que « les autres » nous envahissent, nous appauvrissent... Celui qui part de chez lui, rarement de bon cœur, accepte une certaine « intégration » là où il est accueilli. Prenant part à la vie sociale, il apporte de la nouveauté. Avec les promesses de l’hospitalité, s’imposent au nouveau venu des exigences s’étendant jusqu’à sa vie éthique et spirituelle. Le dialogue avec des étrangers dévoile « l’ailleurs », la joie de vivre et d’espérer

mais aussi les problèmes économiques et socioculturels dont les causes peuvent renvoyer à « ici », en Europe. Qui acceptera de dialoguer en vérité sur la solidarité au sein de l’humanité, sur les manières de vivre et de devenir, avec d’autres, plus humains ?

Que conclure ? Qui sera « l’hôte » idéal, qui sait accueillir ou qu’on accueille volontiers ? Les questions d’immigration ouvrent des chemins de dialogue et de réflexion en vue d’un amour toujours plus gratuit et d’une meilleure justice mondiale. Quelle chance si l’accueil de l’autre n’est pas un rejet masqué ! Pierre Diarra Rédacteur en chef de la revue Mission de l’Église

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Les immigrés veulent améliorer leur condition, faire vivre des familles restées dans leur pays d’origine. Ceux qui les accueillent espèrent, grâce à eux, s’enrichir économiquement et spirituellement. Est-on dans une logique de relative complémentarité ?

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EXPÉRIENCE PARCOURS D’UN CHERCHEUR FRANÇAIS AUX ÉTATS-UNIS Vues d’ensemble a rencontré Pierre Deymier, professeur à l’Université d’Arizona depuis près de trente ans, Pierre Deymier porte un regard rétrospectif sur son parcours et les évolutions du métier de chercheur… VE : Racontez-nous votre parcours Pierre Deymier : Ingénieur de l’ISIM (Institut des Sciences de l’Ingénieur de Montpellier) en 1982, je suis parti aux États-Unis au MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Cambridge pour un doctorat que j’ai obtenu en 1985. Ensuite, j’ai eu un poste d’Assistant Professor à l’Université d’Arizona à Tucson, où je suis toujours. J’ai progressivement gravi les échelons et je suis maintenant Full Professor et Director of School of Sustainable Engineered System, structure qui facilite les synergies entre les disciplines.

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VE : Qu’est ce qui a motivé votre choix de partir aux États-Unis pour votre doctorat ? Pierre Deymier : L’esprit d’aventures avant tout. J’avais des propositions pour faire un doctorat dans le sud de la France, mais un de mes professeurs de Montpellier a facilité les contacts avec le MIT, qui a répondu positivement et je suis parti…

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VE : Quels sont les avantages d’exercer le métier de chercheur aux États-Unis ? Pierre Deymier : La flexibilité et la liberté d’action sont beaucoup plus importantes qu’en France, même si la bureaucratie a pris le relais ces dernières années. L’avantage aussi est que l’on donne facilement des responsabilités à des jeunes sur la base du mérite, ce qui est très attractif. La hiérarchie est moins pesante qu’en France. VE : et les inconvénients ? Pierre Deymier : Le système de financement de la recherche repose sur des propositions de contrats, sur des projets. Ainsi, dans mon équipe, ce sont les contrats que j’obtiens qui assurent le salaire des étudiants, des doctorants, des post-doctorants et des assistants, mais aussi une partie de mon salaire. Par exemple, pour les jeunes assistants que je recrute, je n’assure que la moitié du salaire, l’autre moitié repose sur des contrats. C’est plus incertain… mais, cela a un côté très motivant… Aujourd’hui, du fait de la conjoncture, les budgets des universités publiques baissent, il y a davantage de concurrence, c’est assez lourd à gérer… Ce système arrive en France…

VE : Travaillez-vous avec des laboratoires français ? Pierre Deymier : Oui, tout à fait. Avec le soutien du CNRS, nous avons créé un LIA, Laboratoire International Associé, qui permet de favoriser les échanges entre notre laboratoire et des laboratoires français ciblés. Cela permet d’avoir un soutien dans nos déplacements, mais surtout cela offre la possibilité aux jeunes, doctorants ou post-doctorants, français ou américains, d’être immergés pour quelques mois dans un laboratoire étranger, ce qui est très enrichissant. VE : Envisagez-vous de rentrer en France ? Pierre Deymier : Non, pour un problème de salaire, mais aussi parce qu’on assiste aux États-Unis au retour de l’esprit entrepreneur, avec des idées innovantes, des brevets… Une partie des financements publics est ciblée sur des projets à risques. Propos recueillis par Anne Christine Hladky ISEN Crédits photo : ©  DR


ACTUALITÉS

Le 23 janvier, signature d’une convention entre Émilienne Raoul, ministre des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité de la République du Congo et l’ISL.

Le 6 février, concert par les élèves de la formation Accordeur de Piano de l’ERDV.

Le 11 février à la FLM, Maggy Barankitse, présidente de la Maison Shalom au Burundi.

Le 7 mars, conférence sur « Lourdes ou les malades au cœur » par le Dr Alessandro de Franciscis. Crédits photo : ©  DR

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ACTUALITÉS

Le 6 mars, 700 lycéens de toute la région et même au-delà ont été accueillis à l’Université Catholique de Lille, pour une immersion grandeur nature dans la vie d’une université.

Du 11 au 18 mars 2013, Hôpital des nounours 2013 à la FLM.

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accessibles sur l’hôpital Saint-Philibert (fonctionnement hospitalier, liaisons téléphoniques, informatique, de sécurité, accès aux corps paramédical et médical, proximité avec les laboratoires d’études et de recherche).

IFsanté – premiers mois en Humanicité Le 7 janvier 2013, les étudiants en santé d’IFsanté prenaient possession de leur nouvelle école sur le quartier Humanicité et quittait le boulevard Vauban où l’école était installée depuis 1924. Le bâtiment s’étend sur 5 étages et 3 000 m² dédiés à la formation aux métiers paramédicaux de 600 étudiants (amphithéâtre, salles de cours modulaires, salles de pratiques, centre de ressources, lieux d’échanges et d’accueil). Ce nouvel ensemble intègre les dernières évolutions pédagogiques ainsi que les outils numériques des métiers de la santé. En rejoignant le site hospitalier de l’hôpital Saint-Philibert et dans la proximité des établissements médicosociaux du quartier Humanicité, IFsanté se positionne au cœur des besoins et des attentes professionnelles. Le chantier IFsanté a été un chantier court sur une période d’à peine deux ans conduit par un jeune cabinet d’architectes (Wonk), sélectionné en 2010.

Une recherche d’intégration et de mutualisation

ACTUALITÉS

Le projet, dans la proximité de l’hôpital Saint-Philibert, offre les composantes d’une école paramédicale développant tous les outils pédagogiques. Cet ensemble met en œuvre un étage complet, véritable reproduction « cinéma » d’un étage de soins, de salles d’application et d’un centre de ressources adaptés aux évolutions des métiers et des compétences ainsi qu’au travail des soignants en interdisciplinarité.

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D’autres actions sont envisagées afin de favoriser l’implantation des étudiants et des formateurs sur le site avec tous les établissements de santé mais également avec le campus voisin Veolia Nord Europe, distant de quelques centaines de mètres de la nouvelle école. 2012 a été également l’année de la première promotion d’étudiants infirmiers diplômés d’État (DE) et titulaires d’un grade de licence universitaire. L’intégration des formations dans la réforme « LMD », démarche accompagnée par l’Université Catholique de Lille, ajoute à un parcours de formation professionnelle en santé, une reconnaissance universitaire et, en corollaire de nouvelles possibilités de passerelles avec d’autres filières de formation en soins mais également vers l’enseignement et la recherche. L’institut, fidèle aux valeurs de l’Université Catholique de Lille, participe à la construction d’une identité professionnelle « tout au long de la vie ».

IFsanté en chiffres en 2012-2013 • 488 étudiants (340 étudiants en IFSI, 88 étudiants en IFAS, 19 étudiants en formation Cadre de santé et 33 étudiants en formation puéricultrice). • Une équipe pédagogique de 40 professionnels. • Premier partenaire d’un CFA santé-retraite (Centre de formation par apprentissage).

Pour les étudiants, « les salles de pratique sont très impressionnantes », lumineuses et fonctionnelles.

Jean-Philippe Willem IFsanté

Dans cette intégration, toutes les mutualisations sont étudiées ; sur le plan fonctionnel, IFsanté bénéficie des outils et compétences

Crédits photo : ©  GHICL


PARCOURS DE RÉUSSITE Rencontre avec Nordine, étudiant en 2e année FLM

Vues d’ensemble : Médecine ? Une vocation ? Au départ, je pensais plutôt à postuler dans une École d’ingénieurs, pour suivre les pas de mes deux oncles et de mon frère aîné. Mais l’accident d’un ami m’a bouleversé et j’ai finalement choisi de me tourner vers la médecine, dans l’objectif de servir. VE : Pourquoi avoir choisi de faire vos études à la Catho ? Je suis venu aux Journées Portes Ouvertes de l’Université Catholique de Lille et j’ai été séduit par la qualité de l’environnement et de l’accompagnement des étudiants. Le côté prestigieux de l’Université a aussi plu à ma famille. J’ai été encouragé dans ce choix par Dominique Richer de l’ARELI*, dont je suis lauréat. VE : Comment avez-vous vécu votre première année ? J’ai été frappé par l’ambiance propre à la FLM, le côté « folklore », le côté « corporatiste ». La première année, c’est le concours, c’est un peu « le chacun pour soi ». A la FLM, j’ai rencontré un climat de travail important mais dans le soutien mutuel, notamment à travers le parrain. Entre les étudiants, ce n’est pas la guerre ; on se sent bien. Je rencontre aussi beaucoup de soutien de la part du doyen et du personnel administratif. VE : Vous avez réussi le concours la première année. Qu’auriez-vous envie de dire aux lycéens ? J’ai la chance d’avoir une excellente mémoire et un esprit logique. J’ai eu la joie de réussir le concours du premier coup. Je voudrai dire aux lycéens d’où qu’ils

viennent, qu’avec de la motivation, de la volonté, un travail régulier, rien n’est inaccessible. À partir de la deuxième année, on rentre plus dans le métier ; l’intérêt grandit. Je n’ai pas encore fait de choix définitif - mais je me sens attiré par la neurologie ou la cardiologie.

Propos recueillis par Geneviève Branquart

* L’ARELI-émergence sélectionne chaque année les bacheliers avec mention de 20 lycées de la Métropole lilloise, en fonction de leur projet d’études, de leur motivation et de leur potentiel et finance partiellement leurs études par le versement d’une bourse. Chaque année, l’Université Catholique de Lille accueille 15 à 20 lauréats ARELIémergence en facultés ou en Grandes Écoles. Crédits photo : ©  UCL

Vues d’ensemble avril 2013 - N° 55

ACTUALITÉS

Souriant, discret, modeste mais aussi déterminé et énergique, après des études secondaires brillantes au lycée Saint-Rémi de Roubaix, Nordine a rejoint la faculté libre de médecine, avec un Bac S, mention TB en poche. Rencontre avec un étudiant motivé et hors du commun.

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IN MEMORIAM Jacques Bonte 1934-2013 Jacques Bonte est décédé le 12 février 2013, homme d’action, de service, il a consacré sa vie à donner du sens et à agir pour et avec les acteurs du territoire en faveur du développement et du redéploiement entrepreneurial de la métropole lilloise et de la Région Nord - Pas de Calais. Il s’est employé au sein de l’Université Catholique de Lille sous les présidences de Gaston Vandecandelaere et de Thérèse Lebrun, à favoriser les synergies et les axes de rapprochement dans les champs de la recherche scientifique et technologique et de la pédagogie entre les écoles d’ingénieurs (ICAM, ESTIT, HEI, ISA, ISEN) et la Faculté des Sciences dans le cadre du Polytechnicum dont il a assuré la présidence de 1996 à 2002, succédant à Jean Tiberghien. Il s’est engagé pour favoriser le développement de la Fondation Norbert Ségard aux côtés de Jacques Morel en vue d’assurer un accompagnement de la recherche scientifique et éthique au service de la société et des hommes dans le sillage de Norbert Ségard.

ACTUALITÉS

Diplômé de HEC, licencié en droit, il a démarré sa carrière professionnelle dans l’industrie textile. Dirigeant d’entreprise durant vingt-cinq ans, il a toujours été attentif à l’ancrage territorial d’une part et au rayonnement national et international d’autre part. C’est avec cette sensibilité qu’il s’est investi dans le cadre du Centre des jeunes dirigeants (CJD), dont il a été membre avant d’en assurer la présidence. Attentif et très préoccupé par les évolutions auxquelles a été confrontée l’industrie textile dans le Nord, il s’est impliqué très tôt dans les réflexions portées dans le cadre professionnel de l’industrie lainière, de la filature et progressivement plus globalement dans le syndicat patronal textile réunissant les différentes branches de la filière. Il a succédé à Maurice Hannart et assuré pendant une dizaine d’années la présidence du syndicat patronal textile, organisation de grande envergure dans la Région Nord -  Pas de Calais et aux niveaux national et européen.

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Convaincu de la nécessité d’un engagement pour accompagner l’action politique plus particulièrement au niveau territorial, il a siégé au Conseil économique et social régional (CESR) de la Région Nord - Pas de Calais. Catholique, souhaitant favoriser l’action dans le service à la société, soucieux de la formation et de la promotion des femmes et des hommes, portant un regard économique et territorial avisé, il s’est tout au long de sa vie impliqué dans l’Action catholique des Indépendants (ACI), dont il a été administrateur. A l’issue de son parcours professionnel, il a apporté sa compétence durant plusieurs années dans la gestion du Denier de l’Église dont il a assuré la responsabilité pour le diocèse de Lille. Il a, parallèlement, assuré la présidence de la Centrale des œuvres de l’évêché et de la Maison de l’apostolat des laïcs.

« Attentif et très préoccupé par les évolutions auxquelles a été confrontée l’industrie textile dans le Nord.» Il a assuré la présidence de l’association des retraités engagés bénévoles, mouvement créé par les industriels de la métropole lilloise pour favoriser l’apport de compétences au service des projets et initiatives concourant au développement et à l’accompagnement des acteurs du territoire. A son épouse Brigitte qui l’a accompagné et soutenu dans ses nombreuses initiatives, à ses enfants et à ses onze petits-enfants, l’Université Catholique de Lille souhaite témoigner de sa reconnaissance pour le concours que Jacques Bonte a apporté par son implication et sa compétence d’homme de réflexion et d’action aux cotés des très nombreux administrateurs avec qui il a réfléchi et travaillé pour œuvrer pour la formation de la jeunesse et le développement de la connaissance dans la construction et le respect des valeurs fondatrices. Jean-Marc Assié Directeur général des services


IN MEMORIAM Père Léon Hamain 1932-2013

Né à Aire-sur-la-Lys le 18 juillet 1932. Ordonné à Arras le 29 septembre 1957. Études à Lille ; professeur d’anglais à l’institution Saint-Vaast à Béthune dès 1960 ; supérieur de cette institution en 1964 ; directeur de l’Enseignement catholique du second degré de 1972 à 1979 ; vicaire épiscopal chargé des ministères de 1976 à 1985 ; vicaire épiscopal chargé des questions d’administration et de gestion de 1986 à 1998 ; économe diocésain de 1995 à 2001 ; délégué épiscopal à la pastorale œcuménique de 2002 à 2005 ; vicaire épiscopal chargé des affaires administratives, économiques et financières de 2000 à 2006 ; animateur spirituel de la Maison Ave Maria à Wardrecques de 2003 à 2008 ; accompagnant des diacres permanents de 2004 à 2008 ; chancelier du diocèse d’Arras depuis le 1e novembre 2001.

conseil d’administration de l’Institut Catholique de Lille de 1987 à 2005 puis de 2008 jusqu’à son décès, où il représentait Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d’Arras. Fidèle à ce mandat, il savait toujours rappeler opportunément notre mission et les valeurs devant fonder notre action de soins, d’enseignement et de recherche. Il était présent au conseil d’administration de l’Institut Catholique de Lille en date du 9 janvier, peu de temps donc avant sa disparition. Nous garderons de lui un excellent souvenir.

« ...il savait toujours rappeler opportunément notre mission et les valeurs devant fonder notre action de soins, d’enseignement et de recherche. »

ACTUALITÉS

Le Père Léon Hamain est décédé le 29 janvier 2013 au centre hospitalier d’Arras dans sa 81e année. Ses funérailles ont eu lieu le 2 février 2013 en l’église de NotreDame des Ardents à Arras.

Le Père Léon Hamain a été administrateur de droit au Crédits photo : ©  DR

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PARCOURS DE CRÉATEURS Nov’eros L’agence événementielle lilloise, Nov’eros, est spécialisée dans la création de magasins éphémères. Notre métier est de permettre aux marques de bénéficier d’un espace de courte durée (de quelques jours à plusieurs semaines) pour le lancement ou la présentation d’un produit, ou tout simplement de créer un événement. Luc Tonye, Serge et Eric Aberi Moska : trois associés dans cette aventure. Vous avez décidé de créer votre propre entreprise à la sortie de vos études. Comment en êtes-vous arrivés là ? Nous en sommes arrivés là après des parcours d’études complétement différents et n’ayant aucun rapport évident avec notre domaine d’activité actuel : Luc a réalisé un master management des entreprises à l’Université Catholique de Lille, Serge Aménagement du territoire et Eric fait des études en Administration économique et sociale (AES). Comment avez-vous financé votre création d’entreprise ? Notre entreprise a été financée, d’une part, par un prêt bancaire et, d’autre part, par des aides d’institution d’aide à la création de la métropole tel que le Clap et Initiative clé. Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face ? Comme toute jeune agence, la principale difficulté est de nous faire connaître et, dans notre domaine qui est somme toute innovant, faire découvrir notre activité de magasins éphémères pour susciter l’intérêt d’utiliser ce média pour créer le buzz (l’événement). Nous construisons au fur et à mesure notre réseau. Nous avons récemment monté un magasin éphémère pour la société Btwin à l’occasion du lancement de leur vélo pliant le Tilt. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux jeunes diplômés? Nous pensons qu’il n’y a pas d’âge pour la création. Par rapport à notre expérience, nous pensons qu’être jeune diplômé présente un atout car on est « plus libre », mais néanmoins moins solide financièrement. La fibre d’entreprendre vient par l’envie de vivre une aventure et de réaliser son rêve de créer. Par ailleurs de nombreuses structures de la métropole, telles que l’Institut de l’Entrepreneuriat de l’Université Catholique de Lille, vous guident et vous accompagnent durant la création et le développement de votre entreprise.

ACTUALITÉS

Delphine Carissimo Institut de l’entrepreneuriat Contact : Catherine Dervaux, directrice de l’Institut de l’Entrepreneuriat - Tél. 03 20 13 40 34 - catherine dervaux@icl-lille.fr

Crédits photo : ©  IES - Luc Tonye (à gauche) et Serge Aberi Moska (à droite) : deux des trois associés

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Nos professeurs publient Le manuscrit présenté a été copié au monastère SaintChariton, situé entre Jérusalem et la mer Morte. Le texte arabe de l’Évangile selon saint Luc, est livré dans sa fraîcheur d’origine, comme s’il sortait de la main du copiste. Et sa traduction française a eu le souci de rendre cette fraîcheur. L’ouvrage est publié avec le concours de l’Université catholique de Lille. Samir Arbache, L’Évangile arabe selon saint Luc. Texte du VIII e siècle, copié en 897, éditions Safran, Bruxelles, nov. 2012, 160 p., 27d

Regard rétrospectif en forme de mémoire obligée de l’aprèsguerre, L’industrie belge pendant l’occupation allemande 19141918, est ici mis en contexte de manière novatrice. Il permet d’envisager de nouveaux chantiers de recherche sur les acteurs de l’économie partagés entre résistance et « moindre mal ». Charles de Kerchove de Denterghem, L’industrie belge pendant l’occupation allemande, 1914-1918, mis en contexte par Jean Heuclin et Didier Terrier, Presses universitaires de Valenciennes, Valenciennes, mars 2013, 314 p., 22 €.

À mi-chemin entre le roman policier classique et le roman traditionnel, Le cœur et la raison plonge le lecteur dans l’ambiance de l’Angleterre des années trente où les femmes luttent pour leurs droits, inquiètes face à l’idéologie qui s’impose dans l’Allemagne nazie. Dorothy L. Sayers, Le cœur et la raison, Gaudy Night, Traduit de l’anglais par Daniel Verheyde présenté par Suzanne Bray, coll. « Domaines anglophones », Septentrion, Villeneuve d’Ascq, nov. 2012, 448 p., 25  €.

Cet ouvrage, élaboré dans l’interdisciplinarité, fruit des travaux du Centre d’éthique de la famille et du sujet contemporain, au sein du Département d’Éthique de l’Université catholique de Lille, conjugue l’apport du droit, de l’histoire, de la philosophie, de la psychanalyse et de la théologie, explorant ainsi les questions et les promesses de la famille telle qu’elle fut et telle qu’elle devient. Sous la direction de Jacques Arènes et Dominique Foyer, Le lien familial : questions et promesses. Penser éthique de la famille aujourd’hui, coll. « Sciences humaines », DDB, Paris, février 2013, 260 p., 20 €.

ACTUALITÉS

Crédits photo : ©  DR

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Vues d’ensemble avril 2013 - N° 55


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