« Regarde » Éleonore Marpaux
Hier.
Je ne suis plus personne depuis que tu es entrée dans ma vie avec ton regard aussi noir que les ténèbres malgré tes yeux bleu océan, tu as fait de mon cœur un ouragan, j’ai l’impression d’être en feu à l’intérieur, comme si on me brulait vive. Je ne suis plus que haine, je n’arrive plus à parler, à sourire ni même à réfléchir sans penser à toi, tu es mon ombre, tu ne me laisses aucun répit, j’aimerais te marcher dessus. Je voudrais pouvoir crier de toutes mes forces, les dernières qui me restent, que tu n’es qu’un monstre, que personne ne devrait t’approcher, que tu n’es qu’un poison pour quiconque pose les yeux sur toi, mais ils ne m’écouteraient pas, ma voix n’est plus qu’un bruit de fond, plus personne n’y prête attention. Tu m’as tuée. Chaque fois que tu t’es tue, tu m’as tuée de tes propres mains. Comment peux-tu oser me regarder comme si tu m’aimais alors que tu m’as laissée seule dans mes larmes, seule avec tous mes démons, seule au milieu d’eux. Comment peux-tu croire que je vais te pardonner de ne pas avoir réagi toutes ces fois où ils m’ont touchée parce qu’il y avait « trop de monde dans le métro » et qu’ils ne savaient pas où mettre leurs mains ? Comment as-tu pu fermer les yeux toutes les fois où son corps pesait sur le mien, que je n’arrivais plus à respirer, que je me laissais faire uniquement pour qu’il me laisse en paix après ? Comment as-tu pu les regarder me suivre et parfois arriver à me coincer dans une ruelle, me laissant pétrifiée par la peur incapable de partir ou de crier à l’aide ? Comment as-tu pu les laisser me salir sans rien dire ? Et aujourd’hui, te voilà implorant le pardon, le sourire aux lèvres et le regard mielleux comme si tu ne m’avais pas brisée, criant que c’est fini, que tu ne les laisseras plus jamais me toucher, qu’aujourd’hui tu m’aimes, et que ça change tout. Mais tu m’as abandonnée à leurs griffes, ils m’ont atteinte et ont réussi à me détruire. Tu n’as pas su me protéger, ni d’eux ni de toi avec tes paroles cinglantes qui résonnaient dans ma tête pendant des jours, des mois, des années, « elle a vraiment un corps parfait, t’es tellement grosse toi à côté », « tu devrais avoir honte, à ta place je me cacherais », « t’es tellement pathétique, je comprends pas comment les gens peuvent te supporter tu sers à rien », chaque mot que tu as prononcé s’est planté dans mon cœur comme un poignard et je me sentais mourir de l’intérieur dès l’instant où ta voix commençait à retentir. Pourquoi ton côté noir n’est dirigé que contre moi, pourquoi es-tu si cruelle alors que je ne fais qu’essayer de survivre dans ce monde que je ne comprends pas et qui me laisse sans voix.
Je ne veux pas de ton amour, ne me regarde plus, cesse d’être chaque seconde un peu plus ancrée dans la moindre parcelle de ma peau. Pars loin de moi je ne peux plus te voir, tu m’écœures, chacun de tes gestes me donne un haut le cœur, tu me rends malade, juste le fait de savoir que tu es en vie me retourne les tripes.
Disparais Monstruosité.