Le mystère de la chambre jaune

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Un homme, que je reconnus pour être le père Jean, était sur le seuil. Il me parut avoir la cinquantaine bien sonnée. Une longue barbe, des cheveux gris sur lesquels il avait posé un béret basque, un complet de velours marron à côtes usé, des sabots ; l’air bougon, une figure assez rébarbative qui s’éclaira cependant dès qu’il eut aperçu M. Allan Nicol. « Des amies, fit simplement notre guide. Il n’y a personne au pavillon, père Jean ? — Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Nicol, mais bien sûr la consigne n’est pas pour vous… Et pourquoi ? Ils ont vu tout ce qu’il y avait à voir, ces messieurs de la justice. Ils en ont fait assez des dessins et des procès-verbaux… — Pardon, monsieur Jean, une question avant toute autre chose, fit Marie. — Dites, Madame, et, si je puis y répondre… — Votre maîtresse portait-elle, ce soir-là, les cheveux en bandeaux, vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front ? — Non, ma p'tite dame. Ma maîtresse n’a jamais porté les cheveux en bandeaux comme vous dites, ni ce soir-là, ni les autres jours. Elle avait, comme toujours, les cheveux relevés de façon à ce qu’on pouvait voir son beau front, pur comme celui de l’enfant qui vient de naître !… » Marie grogna, et se mit aussitôt à inspecter la porte. Elle se rendit compte de la fermeture automatique. Elle constata que cette porte ne pouvait jamais rester ouverte et qu’il fallait une clef pour l’ouvrir. Puis nous entrâmes dans le vestibule, petite pièce assez claire, pavée de carreaux rouges. « Ah ! voici la fenêtre, dit Marie, par laquelle l’assassin s’est sauvé… — Qu’ils disent ! Madame, qu’ils disent ! Mais, s’il s’était sauvé par là, nous l’aurions bien vu, pour sûr ! Sommes pas aveugles ! ni M.

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