Expositions 2021 - Galerie 1 et 2

Centre Pompidou

Expositions 2021 Galeries 1 & 2

Centre Pompidou

Calendrier

Hito Steyerl

Elles font l’abstraction

Georgia O’Keeffe

Georg Baselitz

3 février - 7 Juin 2021

5 mai - 6 septembre 2021

8 sept. - 6 déc. 2021

Automne 2021

Hito Steyerl 3 février - 7 juin 2021 Galerie 2 Commissariat : Marcella Lista et Florian Ebner

Questionner le langage des images Dans un langage singulier mêlant satire et essai critique, l’œuvre d’Hito Steyerl se développe à travers des films, des installations vidéo, des conférences, des publications théoriques. Les transformations récentes de la nature et du rôle des images sont au coeur de ses préoccupations, du « tournant documentaire » aux « images pauvres » de l’internet, jusqu’aux « images liquides » et aux fictions construites par les algorithmes. Attentive au devenir des institutions d’État, l’artiste questionne notamment l’emprise croissante des multinationales dans l’ensemble de la sphère sociale et de l’espace public.

Née à Munich en 1966, Hito Steyerl a étudié au Japan Institute of the Moving Image, puis à l’université de la télévision et du film de Munich avant de soutenir une thèse en philosophie à l’académie des beaux-arts de Vienne. Son œuvre a fait l’objet de plusieurs expositions monographiques et a été remarquée dans nombre de manifestations internationales comme la 58ème Biennale de Venise (2019).

Hito Steyerl, Factory of the Sun, 2016 Installation pour the Museum of Contemporary Art, Los Angeles

Une installation inédite ou se mêlent utopies et musées L’exposition part d’une réflexion in-situ sur les musées publics : l’architecture comme dispositif de vision, la programmation culturelle comme projet démocratique, la collection et la conservation des oeuvres comme projet historiographique. Hito Steyerl présente une nouvelle production (qui sera également exposée au K21 de Düsseldorf). La nouvelle installation s’inspire de l’héritage des utopies avant-gardistes, pour concevoir un musée fictif où les oeuvres, évoluant avec l’intelligence artificielle, développent des stratégies anarchiques de survie.

Cette méditation sur les dérives du devenir virtuel du monde est mise en perspective à travers un choix d’oeuvres plus large, introduisant les réflexions de l’artiste sur la manière dont les images parlent et agissent dans l’espace et le temps.

Hito Steyerl, Liquidity Inc., 2014 Installation pour le MoMA, New York

Hito Steyerl, How Not to Be Seen, 2013 Vidéo

Elles font l’abstraction 5 mai - 6 septembre 2021 Galerie 1 Commissariat : Christine Macel, Karolina Lewandowska

Relire l’histoire de l’abstraction à la lumière des artistes femmes La création féminine dans l’art abstrait a souvent été minorée. « Elles font l’abstraction » ambitionne de revaloriser le travail d’artistes injustement éclipsées.

Cette autre histoire est élargie à la danse, aux arts appliqués, à la photographie, au cinéma et aux arts performatifs, et met en scène une centaine d’artistes de la fin du 19e siècle jusqu’à nos jours. Pluridisciplinaire, l’exposition se veut aussi globale et inclue les modernités d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie, pour raconter l’histoire avec toutes les voix qui la composent.

Loin d’un simple catalogage, « Elles font l’abstraction » met en évidence les tournants décisifs qui ont marqué cette évolution, en évoquant aussi bien les recherches entreprises par les artistes femmes, individuellement ou en groupe, que les expositions fondatrices. L’art abstrait, fait d’une multitude de mouvements différents, ne revendique pas une unique philosophie de création. Il s’articule autour de l’abandon de la figuration pour se concentrer sur les formes, les couleurs et les textures et ne renvoie à aucun objet réel.

Sonia Delaunay, Prismes électriques, 1914 Huile sur toile 250 x 250 cm Musée national d’art moderne

Pionnières L’histoire de l’art reconnaît Malevitch, Kandinsky et Mondrian fondateurs de la peinture abstraite au début du 20e siècle. Pourtant, des artistes femmes méconnues conçoivent dès 1880 en Europe un nouveau langage visuel, chargé de spiritualité et de leur compréhension ésotérique du monde. « Elles font l’abstraction » montre à quel point les contraintes sociales imposées aux femmes ont conditionné leur création. Par exemple des œuvres d’artistes russes montrées pour la première fois en France rappellent que l’abstraction trouve ses racines en Russie, pays dans lequel les femmes ont pu franchir dès de la fin du 19e siècle les portes des académies des Beaux-Arts.

Georgiana Houghton, The eye of God, vers 1862 Aquarelle Victorian Spiritualists’ Union, Melbourne, Australia

Loïe Fuller, Danse serpentine (II), 1897 - 1899

Film muet de 35 mm d’une durée d’une minute colorisé au pinceau Musée national d’art moderne, Paris

Souvent conditionnées et reléguées à des domaines particuliers, des artistes ont aussi pu dépasser ces limites pour contribuer à l’art abstrait, à l’image des artistes femmes du Bauhaus, cette école artistique allemande des années 1920. Alors cantonnées au domaine de la tapisserie, les femmes du Bauhaus étendent et redéfinissent radicalement l’abstraction à travers les arts dits « décoratifs », comme la tapisserie.

La connaissance de leur travail permet de comprendre l’ampleur de leur contribution à l’histoire artistique de leur pays et à l’abstraction.

L’abstraction partout et en tout temps En abordant la création des artistes femmes sous un angle prospectif, en cherchant à reconstituer une histoire de l’art abstrait jusque-là tronquée, l’exposition permet aux spectateurs de découvrir des artistes peu connues qui souffrent d’un manque de visibilité et de reconnaissance au-delà des frontières de leur pays. « Elles font l’abstraction » est donc une véritable exploration d’univers visuels parfois laissés dans l’ombre, rassemblés pour la première fois au Centre Pompidou. Un panorama vertigineux de l’abstraction qui permet à chacun de s’immerger dans des univers singuliers.

Barbara Hepworth, Pendour, 1947-1948

Bois peint Hirshhorn Museum, Washington

En filigrane, la complexité du combat féministe Par ailleurs, l’exposition relit cette histoire en y intégrant celle du féminisme dans les années 1970, tant à travers les combats menés par les artistes, comme Harmony Hammond, dont les œuvres évoquent la possibilité d’un art abstrait féministe et politique, que par ceux impulsés par les grandes théoriciennes telles Linda Nochlin, Lucy Lippard ou Griselda Pollock. Enfin, l’exposition donne une place aux artistes afro-américaines, comme Woodsey Alma Thomas ou Howardena Pindell qui ont pour la plupart connu une reconnaissance tardive.

La légitimité de la notion d’« artiste femme » est aussi interrogée, en rendant compte des positions des artistes elles-mêmes, avec leurs complexités et leurs paradoxes. Beaucoup, comme Barbara Hepworth, se sont positionnées au-delà du genre, quand d’autres comme Judy Chicago, revendiquent un art « féminin ».

Huguette Caland (1931 Beyrouth, Liban - 2019 Beyrouth, Liban)

« Elles font l’abstraction » chacune à leur manière mais toutes participent à la grande histoire d’un courant qui continue d’innerver la création contemporaine.

Georgia O’Keeffe 8 septembre - 6 décembre 2021 Galerie 2 Commissariat : Didier Ottinger

Une légende américaine encore à découvrir en Europe Georgia O’Keeffe (1887–1986) est une icône aux Etats-Unis, et reste largement à découvrir en Europe. Le Centre Pompidou présente la première rétrospective à Paris de cette artiste engagée, peintre et femme d’exception.

Tour à tour pionnière de la première peinture moderniste américaine, de la recherche identitaire qui marque les années 1930, et de la peinture abstraite « hard edge » des années 1950, le parcours d’O’Keeffe surprend et fascine. L’exposition le retrace à travers les peintures plus importantes de sa carrière, issues des principales collections américaines.

D’abord présentée à Madrid (Musée Tyssen-Bornemisza), l’exposition sera également montrée à la Fondation Beyeler de Bâle et au Georgia O’Keeffe Museum de Santa Fe.

Georgia O’Keeffe, Music Pink and Blue II, 1918 Huile sur toile 88 x 76 cm Whitney Museum of American Art, New York

L’amour en toile de fond O’Keeffe s’installe à New York en 1918, persuadée que son destin est de devenir peintre.

Franchissant les portes de la galerie « 291 », elle découvre, tout comme le reste de l’Amérique, l’art moderne européen. La galerie fondée par le célèbre photographe Alfred Stieglitz y présente pour la première fois aux yeux du public américain les œuvres de Picasso, Matisse, Picabia…

Là, s’opère un double coup de foudre, à la fois amoureux et artistique. O’Keeffe voit une exposition de nus sur papier d’Auguste Rodin qui inspirera ses premières oeuvres abstraites.

L’admiration réciproque de la peintre et du photographe conduit à leur union en 1923. Leur relation défraie la chronique dans les années 1920, avant d’écrire une page de l’histoire artistique des Etats-Unis.

Georgia O’Keeffe, Petunias, 1925

Huile sur toile 45,7 x 76,2 cm Fine Arts Museums of San Francisco, San Francisco © Georgia O’Keeffe Museum / Adagp, Paris

Une artiste indépendante et libre, consacrée par la critique O’Keeffe crée son propre univers artistique, oscillant habilement entre l’abstraction et la figuration. Sa production est foisonnante. Les premières peintures monumentales à motifs floraux laissent exploser la couleur et deviennent une expression de sensualité à peine voilée.

De son coté, Stieglitz réalise et expose des photographie son épouse, nue. A une époque encore puritaine, ces nus largement commentés contribuent à façonner l’image d’une femme à la liberté insolente.

Georgia O’Keeffe, Sky Above Clouds IV, 1965 2,44 m x 7,32 m Chicago Art Institute

En 1928, O’Keeffe est l’une des artistes exposées au MoMA dans l’exposition « 19 living artists ». Elle a 40 ans. Une vingtaine d’années plus tard, le MoMA lui consacre la première monographie d’une artiste.

Couleur, ligne, grands espaces Des plaines du Wisconsin de son enfance aux mesas désertiques du Nouveau Mexique, des fleurs aux coquillages, des canyons arides aux lits des rivières, O’Keeffe n’a cessé de traquer les formes qui témoignent des métamorphoses du vivant et des cycles de la Nature.

S’éloignant de New York, O’Keeffe s’installe, seule, sur les terres arides de l’Ouest américain. « J’aimerais tant que tu voies ce que je contemple chaque jour à ma fenêtre. La lune qui disparaît à l’aube dans un ciel couleur lavande, les falaises au loin, leur dégradé de jaunes, de pourpres et de roses, et le vert si singulier des cèdres brousailleux qui ponctuent le paysage », écrit Georgia O’Keeffe à son ami, le peintre Arthur Dove, en 1942.

Maison-atelier de Georgia O’Keeffe, Abiquiu, 2007 Photo: Herbert Lotz / Georgia O’Keeffe Museum

Georgia O’Keeffe with Painting in the Desert, N.M., 1960 Georgia O’Keeffe Museum Photo : Tony Vaccaro/Tony Vaccaro Studio

Une vie d’artiste totale, dédiée à la beauté du monde naturel Elle achète le « Ghost Ranch » dans le désert du Nouveau Mexique. Une façade basse, ocre et noire, percées de grandes ouvertures dédiées à la contemplation du paysage environnant. Les oeuvres de O’Keeffe s’imprègnent d’un lyrisme intemporel, simplifiant la forme et les couleurs à l’extrême limite de la figuration.

O’Keeffe y vit quarante ans, isolée au milieu des paysages qui la fascinent, travaillant de manière frénétique à ses peintures. Vêtue de noir, elle confectionne ses vêtements, fabrique des objets du quotidien, décore l’intérieur de formes naturelles et de quelques sculptures qui côtoient des meubles de design new yorkais.

Georg Baselitz Automne 2021 Galerie 1 Commissariat : Bernard Blistène

Radicalité et figuration A la suite des grandes monographies de Marcel Duchamp, René Magritte, André Derain ou encore Henri Matisse, le Centre Pompidou poursuit son exploration des figures majeures du 20e siècle, avec la première grande rétrospective consacrée à l’artiste allemand Georg Baselitz.

Le commissariat de cette exposition très attendue est assuré par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne.

Réunissant l’ensemble des chefs-d’œuvres du maître allemand né en 1938 en Saxe, considéré aujourd’hui comme l’un des peintres les plus féconds et radicaux de la deuxième moitié du 20e et du 21e siècles, la rétrospective consacrée à Georg Baselitz fait appel aux collections publiques et privées parmi les plus importantes au monde.

Il s’agit de la plus complète exposition réalisée à ce jour en France, depuis sa première exposition personnelle au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1996.

Georg Baselitz, Nachtigall erstes Mal, 2008 Collection privée

Une œuvre marquante pour l’histoire de l’art L’œuvre de Georg Baselitz s’est développée à partir de 1960 dans le contexte d’une Allemagne divisée, marquée par la tragédie de la Seconde Guerre mondiale.

Conduit à s’installer à Berlin-Ouest en 1957 où il suit les cours de la Hochschule der Künste, Baselitz impose une vision singulière par rapport au contexte de son pays. Profondément autobiographiques, ses œuvres développent à partir de cette date une aventure picturale inédite, riche de ruptures majeures.

A la suite des premiers grands tableaux de veine expressionniste, Baselitz entreprend une déconstruction des codes de la représentation classique. Fragmentant ses sujets, il les renverse à partir de 1969 dans un geste d’une radicalité extrême qui bouleversera durablement l’histoire de l’art.

Dès lors, son empreinte sur la peinture marque de nombreuses générations et Baselitz, au fil de thèmes et de séries entièrement voués à une expérience picturale sans cesse renouvelée, s’impose comme l’un des peintres les plus puissamment originaux de son époque.

Georg Baselitz, Ralf III, 1965 Centre Pompidou, Paris

Une oeuvre complète, l’expérimentation picturale et sculpturale Reconnu dès le tournant des années 1970 pour la radicalité de ses tableaux, Baselitz aborde également la sculpture sur bois, au début des années 1980. Ses sculptures taillées à la hache, renouent avec l’œuvre des avant-gardes historiques et proposent des figures d’une présence souvent imposante, auxquelles s’ajoute une polychromie rappelant la grande tradition de la statuaire médiévale mais aussi celle de l’art africain.

Georg Baselitz, Adieu, 1982 Tate Modern

Dans un mouvement continu entre peinture, sculpture, gravure et dessin, Baselitz impose une ambition artistique essentielle à une fin d’un 20e siècle souvent trop tentée par une certaine facilité esthétique. Exigeante, l’œuvre de Georg Baselitz se confronte résolument aux plus grands maîtres internationaux du siècle passé, tout en proposant une réflexion intense sur le statut de l’artiste dans notre monde contemporain.

Georg Baselitz, une expérience picturale à nulle autre pareille

Une programmation culturelle tout au long de l’exposition

Rares sont les peintres qui, dans la seconde moitié du 20e siècle, auront fait le « pari de la peinture » avec pareille détermination. Simplifiant les sujets à l’extrême, sujets qu’il puise résolument dans la tradition picturale, Baselitz réinvente les codes de la représentation en défiant la peinture abstraite alors dominante. Se confrontant résolument à l’œuvre des artistes qu’il admire le plus, parmi lesquels l’espagnol Picasso et l’américain de Kooning, il fait de son aventure plastique un projet violemment novateur en transgressant les interdits esthétiques de son temps.

Volontiers polémiste, Georg Baselitz a marqué les esprits par de nombreux manifestes qu’il a rédigés tout au long de son parcours. Cette exposition, en présence de l’artiste, offre ainsi la possibilité de revenir sur sa place dans l’histoire des idées et plus largement, de rappeler combien les écrivains les plus déterminants ont abordé son projet et souligné la singularité de ses positions esthétiques et politiques.

Refusant la confrontation avec les techniques proprement liées au monde de l’image du temps présent, Baselitz fait de son expérience artistique une aventure proprement picturale, métamorphosant de série en série, ses outils et sa méthode. Esprit cultivé et inspiré par les plus grandes figures de l’art et de la littérature, influencé par les arts premiers dont il est un connaisseur avéré et aujourd’hui l’un des plus grands collectionneurs, Georg Baselitz s’est rageusement installé au firmament des grands peintres de son époque. La rétrospective que lui offre le Centre Pompidou veut à la fois lui rendre hommage et témoigner de son importance majeure dans l’art de son temps.

De nombreuses soirées émailleront de cette exposition et permettront, outre les témoignages de ses contemporains, de revenir sur la situation artistique de l’Allemagne de l’après-guerre et la posture d’un artiste voulant affirmer son ambition picturale à l’aune de la scène artistique intenationale.

Georg Baselitz, Oberon (1.Orthodoxer Salon 64 -E. Neijsvestnij),1963-1964 Städel Museum, Frankfurt

Georg Baselitz, Ach, rosa, ach rosa,2015 Collection privée