Projet de fin d'étude en architecture du paysage : La gestion des inondations en milieu urbain dense

MASTER EN ARCHITECTURE DU PAYSAGE - ATELIER PROJET DE FIN D’ETUDES Année académique 2021 - 2022

PAYSAGES DU RISQUE

LA GESTION DES INONDATIONS EN MILIEU URBAIN DENSE CAS DE LA VALLÉE DE L’ELSBEEK

Van Pevenaeyge Corentin

Master en architecture du paysage, Atelier PFE_Q10_2022.

Encadrants : Hugues Sirault coordinateur (HECH), Thierry Kandjee (ULB), Ambre Anrys (ULg).

TABLE DES MATIERES 1 Comment prévenir des inondations en milieu urbain dense ?

Indice Etat de l’art Hypothèse

2-3 4-5 5

2 Le bassin versant de l’Elsbeek : la gestion du risque d’inondation au sein d’un territoire fortement imperméabilisé Diagnostic Enjeux Objectifs

8 9 9

3 La gestion des eaux pluviales comme opportunité de transformation du paysage urbain Scenario n°1 - Désimperméabilisation/Végétalisation des espaces ouverts touchés par les inondations 12 Scénario n°2 - Nouvelle hydrologie urbaine 13 Scénario n°3 - Déconstruction/Percée des ilots bâtis 14 Choix d’un scénario spatialisé 15 Elaboration du projet 16-17 4 La désimperméabilisation des espaces ouverts pour faire face au risque d’inondation pluviale en milieu urbain dense Contribution Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du projet Limites de l’étude

19 19 19

5 Bibliographie

21

1: Comment prévenir des inondations en milieu urbain dense?

Les paysages du risque tels que définis en collaboration avec l’ensemble des étudiants du groupe de travail sont caractérisés par deux composantes principales : l’aléa et le risque.

L’aléa est un événement d’origine naturelle ou anthropique qui peut potentiellement représenter un danger. Il est caractérisé par la fluctuation d’un ou plusieurs paramètres tels que le relief, le sol et le sous-sol, la période de retour, l’intensité d’une précipitation, etc. Nous nous intéressons donc à différents types d’aléa : la sécheresse, la submersion, le ruissellement, le débordement, l’accumulation.

Le risque, est la mise en parallèle de ces aléas avec des éléments vulnérables du territoire (l’habitat et les populations, les écosystèmes, l’économie liée à l’agriculture et à l’industrie, le patrimoine bâti et naturel, etc.).

La gestion, la prise en compte et les réponses apportées à ces risques peuvent amener à de nouveaux rapports au paysage.

Photographies des inondations survenues dans la commune de Saint-Gilles en juin 2021. Source : Olivia Bara

1.

INDICES Bruxelles a été créé il y a plus de 1000 ans sur les berges et îlots de la Senne, en milieu marécageux.

Ainsi, son histoire est étroitement liée à celle de l’eau. La Senne est l’exutoire naturel d’une très grande vallée. De ce fait, elle a souvent débordée lors des fortes pluies et constituait une menace pour les populations établies sur ses rives. Initialement, les différents étangs et marais présents au sein des vallées de la Senne et de ses affluents permettaient de diminuer les inondations. Cependant, au fil des siècles, ce lien avec l’eau s’est peu à peu rompu suite à l’urbanisation grandissante de la Région. Ainsi, le cycle naturel de l’eau se retrouve aujourd’hui déséquilibré et la problématique des inondations est encore bien présente, comme nous le montre la carte des aléas d’inondations de 2021 (figure n°1). Les inondations actuelles de la Région sont la résultante de plusieurs éléments, à savoir :

1) L’augmentation de la proportion des surfaces imperméabilisées. En effet, la Région de Bruxelles-Capitales a connu une urbanisation grandissante au cours du temps. Si bien que le taux des surfaces imperméabilisées a augmenté de 20% entre 1955 (27%) et 2006 (47%). Cette augmentation s’observe sur l’ensemble du territoire bruxellois mais ne touche pas les différentes communes de la même manière, comme le montre la figure n°2 et le tableau n°1 Ainsi, Saint-Gilles est la commune possédant la plus grande proportion de surfaces imperméabilisées par rapport à sa superficie totale, à savoir un taux de 85%.

2.

Figure n°2 et Tableau n°1 : Proportions des surfaces imperméables pour la Région de Bruxelles-Capitale. Source : Vanhuyse S., Depireux J., Wolff E. (2016). Etude de l’évolution de l’imperméabilisation du sol en Région de Bruxelles-Capitale [Fichier PDF], p.32.

2) Le système de drainage traditionnel et sa politique du « tout à l’égout ». En effet, le réseau d’égouttage de la Région est de type « unitaire » ce qui veut dire qu’il reçoit les eaux usées domestiques et industrielles ainsi que les eaux « claires » (essentiellement les eaux pluviales). Ainsi, la fraction des eaux pluviales qui n’a pas pu s’infiltrer fini par ruisseler et gagner le réseau d’égouttage et de collecteurs en le surchargeant lors des fortes intempéries. A titre d’exemple, comme nous le montre les photographies à la page n°1, lors de cet été, plusieurs endroits de la commune de Saint-Gilles ont été inondées à savoir : la porte de Hal, la rue de Parme, la rue Fontainas, la plaine de jeu du Parc Paulus, le tunnel de la porte de Hal, la rue d’Albanie (avec 2m d’eau dans certaines caves), la chaussée de Forest, au croisement entre la rue de Rome et de la rue de l’Hôtel des monnaies, le croisement entre l’avenue Henri Jaspar et la rue de la Victoire ainsi que la rue du Danemark.

3) Le changement climatique. En effet, les études menées sur les effets potentiels du changement climatique pour la RBC (IRM, 2015 ; FACTOR X – ECORES – TEC, 2012) montrent qu’il faut s’attendre à une réduction des épisodes orageux en été mais à une augmentation de leur intensité ainsi qu’à une augmentation de la durée des précipitations hivernales. Si ces projections se confirment, la quantité des eaux ruisselées à gérer ainsi que le risque d’inondation pourraient fortement s’accroître 4) Le morcellement et la disparition du réseau hydrographique qui restreignent les possibilités d’exutoires naturels des eaux de pluies, comme l’illustre la figure n°3.

Figure n°3 : Evolution du réseau hydrographique de la Région de Bruxelles-Capitale. Source : Dewez A-C. (2020). Formation Bâtiment Durable - Introduction à la gestion intégrée des eaux pluviales en Région Bruxelles Capitale [Fichier PDF], p.12.

Au regard de ces informations, il m’a semblé pertinent de me pencher sur la commune de Saint-Gilles au vu de son territoire fortement imperméabilisé, des ruissellements important et des inondations qui en découlent. Cependant, la problématique des inondations ne peut et ne doit pas se limiter aux limites administratives. Ainsi, ce travail abordera l’échelle du sousbassin versant et, plus précisément, celui de l’Elsbeek : un ancien cours d’eau qui sinuait sur le territoire communal. Cette échelle de réflexion me semble pertinente car l’Elsbeek et la gestion de l’eau sont deux préoccupations montantes au sein du territoire Saint-Gillois. En effet, le Contrat de Quartier Durable « Gare Habitante » souligne l’importance d’initier une étude de la gestion de l’eau pour les futures interventions de végétalisation du bas de Saint-Gilles. Hors, le bas de SaintGilles se caractérise par la présence d’argiles alluviales (non favorables à l’infiltration) et à une nappe phréatique relativement élevée (4m). Dès lors, ne serait-il pas plus pertinent d’avoir une réflexion « amont-aval » au lieu de se concentrer, une fois de plus, à des limites administratives ?

En ce qui concerne l’Elsbeek, différentes actions citoyennes/ participatives s’amorcent pour essayer de retrouver son ancien tracé (travail de recherche des EGEB et amorces de cartographie participative avec les habitants) et éventuellement de le valoriser/symboliser au sein de l’espace public. Ainsi, une réflexion sur la vallée de cet ancien cours d’eau s’inscrirait également dans le concept plus large du Maillage Bleu bruxellois.

3.

ETAT DE L’ART ORGANISME

SUJET TRAITÉ

APPORT PFE

Bruxelles Environnement Plan de Gestion de l’Eau de la Région de Bruxelles-Capitale (2017)

Analyse des caractéristiques des masses d’eau de surfaces et souterraines ainsi de l’étude des incidences des activités anthropiques sur celles-ci. Analyse économique de l’utilisation de l’eau pour le District hydrographique international de l’Escaut. Ce document décrit aussi différentes mesures et recommandations visant à améliorer la gestion des eaux pluviales et la qualité des eaux sur son territoire.

Réalise un état des lieux de la situation actuelle à l’échelle de la Région de Bruxelles-Capitale, permettant ainsi de mieux appréhender la situation à l’échelle « macro ». Ce document justifie également un peu plus l’urgence et l’importance du sujet traité dans ce travail.

Se penche sur les causes des inondations en RBC et à la régulation de leur occurence. Ce plan aborde différentes solutions structurelles mixtes et possède 4 objectifs principaux :

Explique les différentes causes des inondations en Région de BruxellesCapitale et initie des pistes de réflexions pour lutter contre celles-ci.

Région de Bruxelles-Capitale Plan PLUIE 2008 - 2011 de la Région de Bruxelles-Capitale (2008)

Bruxelles Environnement Guide Bâtiment Durable (2015)

Gouvernement bruxellois Directive 2007/60/CE «inondation» (2010)

IFLA Europe Gestion des eaux pluviales - Changement climatique et solutions innovantes pour la gestion de l’eau en ville (2019)

4.

1) Réduire l’impact et stopper la croissance de l’imperméabilisation dues sols ; 2) Reconsidérer le maillage gris (réseau d’égouttage de la Région), notamment au travers de collecteurs et de bassins d’orage ; 3) Renforcer le maillage bleu en vue de promouvoir judicieusement l’écoulement des eaux pluviales ; 4) Prévenir la construction dans les zones à risque.

Ce document reprend des fiches explicatives pour les différents ouvrages et techniques de gestion des eaux pluviales à l’échelle de la parcelle privée et de l’espace public en milieu urbain.

Fournit plusieurs exemples de différents outils de gestion des eaux pluviales applicables en milieu urbain sur base du concept de Nouvelle Rivière Urbaine.

Directive à l’origine de la réalisation de trois outils, à savoir la carte des aléas d’inondations, la carte des risques d’inondations ainsi que le Plan de Gestion des Risques d’Inondations (PGRI).

Une grande partie du PGRI se concentre sur l’aléa et plus précisément sur ses trois causes principales d’occurrence.

Pour chacune d’elles, le PGRI définit plusieurs outils et programmes de mesures adaptées.

Ce document explique la problématique de la gestion de l’eau en milieu urbain, que ce soit lors des épisodes d’excès d’eau ou de carence en eau (sécheresse) ainsi que les différentes solutions qui peuvent être mises en place pour solutionner cette problématique tout en donnant des exemples de « bonne pratique » en Espagne, France et Italie par exemple.

Brochure utile pour mieux appréhender la prolématique des inondations en milieu urbain et plus particulièrement celles liées aux ruissellements des eaux pluviales. Permet également de mieux appréhender les notions des différents aménagements possibles (jardins de pluie, noues, tranchées d’infiltration, bassin de rétention, …) et d’avoir des projets de références pour ce travail.

ORGANISME Ramboll Studio Dreiseitl Plan Directeur Stratégique contre les inondations de Copenhague

Suède 36 Projet d’aménagement du Parc Jules Lahaye à Jette

Studio Paola Vigano, VVV, ARA (Atelier Ruimetelijk Advies) et BAS bvba (Bureau voor architectuur en stabiliteit) Projet d’aménagement de la Place Marie Janson à SaintGilles

SUJET TRAITÉ

APPORT PFE

Plan abordant les enjeux clés de la gestion des crues et de la qualité de l’eau, en veillant à créer la meilleure synergie possible avec le milieu urbain.

Contient toute une série d’interventions pour gérer les eaux pluviales en milieu urbain, au niveau des boulevards, des rues, des parcs et des places.

Le projet de réaménagement de la rue Esseghem et Jules Lahaye ainsi que le parvis Lojega s’inscrit dans le cadre du CQD « Magritte » de la commune de Jette. Ce projet vise à proposer un réaménagement de la mobilité ainsi qu’une meilleure gestion des eaux pluviales. Ainsi, ce projet a pour objectif principal de redonner une place plus importante à la mobilité douce tout en créant des espaces de rencontre ainsi que de traiter les eaux pluviales en vue de soulager le collecteur Jules Lahayes qui est saturé actuellement lors des fortes intempéries.

Ce projet peut être intéressant de par l’échelle de réflexion considérée dans son analyse. En effet, bien que le projet vise à gérer les eaux à l’échelle de sa parcelle, ce dernier a été positionné par rapport à la vallée du Molenbeek (maillage bleu) et du maillage vert environnant. De plus, ce projet permet également de se rendre compte des types d’aménagements possibles à mettre en oeuvre pour gérer les eaux pluviales (ici : réseaux de noues et bacs plantés ainsi que l’emploi de revêtements semi-perméables et perméables) au sein d’un espace public où il fallait concilier cet aspect avec des contraintes de mobilités et d’usagers (en redonnant une place plus importante aux piétons).

Le projet de la Place Marie Janson consiste à réaménager entièrement l’actuel square en se basant sur quatre axes stratégiques :

Ce projet peut être intéressant de par sa localisation par rapport à mon site de projet. En effet, la Place Marie Janson se situe au sein du bassin versant de l’Elsbeek. De plus, l’échelle d’analyse sélectionnée pour ce projet est intéressante : vise à comprendre comment s’implante actuellement et s’implantera la Place Marie Janson une fois le projet réalisé. En effet, cette dernière a été analysée au regard de sa position au sein de la ballade verte et de la structure paysagère de Saint-Gilles ainsi que par rapport à l’Elsbeek. Dans cette proposition, il est intéressant de voir comment la gestion des eaux pluviales (noues paysagères, revêtements semiperméables, bassin d’infiltration et arbres de pluies) a été intégrée dans espace urbain densément peuplé en proposant diverses fonctions.

« Le déjà-là » en réemployant des éléments déjà présent au sein de l’actuelle Place Marie Janson « Recycler le sol et le rendre perméable » en ayant une réflexion sur la topographie et l’implantation de la Place au sein de la pente SaintGilloise. « Planter la canopée » en vue de faire de la Place Marie Janson un espace caractérisé par un grand couvert d’arbres, à l’image d’un arboretum. « Un espace d’émancipation » afin de faire de la place un lieu disponible et appropriable pour ses habitants.

Elle est aménagée afin de multiplier les usages.

HYPOTHÈSE Et si le risque d’inondation pluviale devenait une opportunité pour valoriser et transformer le paysage quotidien des habitants du bassin versant de l’Elsbeek ?

5.

2: Le bassin versant de l’Elsbeek : la gestion du risque d’inondation au sein d’un territoire fortement imperméabilisé

6.

7.

DIAGNOSTIC L’analyse réalisée au travers des trois cartes d’analyse a permis de relever toute une série de constats.

Le bassin versant de l’Elsbeek est fortement imperméabilisé (75%) avec une prédominance des espaces bâtis (45%).

Les espaces perméables sont majoritairement représentés par les intérieurs d’îlots (20%) mais ces derniers sont des espaces fermés. De plus, deux zones reprises en tant qu’espace vert au PRAS ont été aménagé en jardins privés et sont donc ainsi enclavés au sein de deux îlots bâtis.

La répartition des surfaces perméables et imperméables diffère entre l’amont et l’aval du bassin versant. L’amont est davantage végétalisé/ perméable que l’aval. En effet, la superficie des intérieurs d’îlots est plus importante en amont qu’en aval, permettant ainsi aux jardins privés de se développer. Ce qui n’est pas forcément le cas en aval. Cependant, l’aval possède plus d’espaces verts publics que l’amont, bien qu’un tier de ces derniers soient majoritairement minéralisés. Ainsi, la partie centrale du bassin versant est en carence d’espaces verts publics.

L’enchaînement des différents espaces verts publics ainsi que des alignements d’arbres principaux constituent une trame verte/continuité écologique intéressante. Cependant, cette dernière est déconnectée entre l’amont et l’aval du bassin versant.

Le bassin versant de l’Elsbeek est vulnérable au phénomène d’inondations pluviales qui survient lors des fortes intempéries et qui est du, entre autre, au taux important des surfaces imperméables ainsi qu’au relief avec la présencé de trois zones d’accumulations de flux. Pour une période de retour de 25 ans et d’une pluie d’une durée de une heure, le volume d’eau à gérer sur l’ensemble du bassin versant équivaut à 39 739 m³.

8.

ENJEUX A la suite de la phase d’analyse du bassin versant de l’Elsbeek, les différentes cartographies ont été croisées afin de pouvoir mettre en évidence les enjeux et zones d’enjeux sur le territoire étudié. Ces derniers sont les suivants: Comment diminuer les risques d’inondations pluviales grandissants au sein d’espaces bâtis et ouverts majoritairement imperméables ?

Comment transformer le risque d’inondation en un élement structurant du paysage quotidien des habitants du bassin versant de l’Elsbeek ?

Comment concilier le développement de la trame verte / de la continuité écologique avec la trame urbaine densément bâtie (imperméable) et la faible proportion d’espaces ouverts ?

Comment intégrer pleinement les espaces verts publics majoritairement minéralisés au sein de la trame verte / continuité écologique ?

OBJECTIFS

Comment palier à la carence en espaces verts publics dans la partie centrale du bassin versant avec les superficies restreintes d’espaces ouverts ?

Sur base de la définition des enjeux, différents objectifs peuvent être déterminés : Aménager les intérieurs d’ilots et/ou assurer une connectivité hydrologique avec les espaces ouverts.

Aménager et/ou perméabiliser les espaces ouverts sujets aux inondations.

Renforcer la trame verte/continuité écologique sur son tracé existant.

Développer une connectivité écologique entre l’amont et l’aval.

Végétaliser/Perméabiliser les espaces publics actuels majoritairement minéralisés Réhabiliter et aménager certains intérieurs d’ilots, déjà végétalisés ou non, en zones d’espaces verts publics.

Végétaliser les espaces ouverts présent au sein de la zone de carence en espaces verts publics 9.

3: La gestion des eaux pluviales comme opportunité de transformation du paysage urbain

10.

11.

SCENARIO N°1

Désimperméabilisation/Végétalisation des espaces ouverts touchés par les inondations

Le premier scénario a pour objectif de venir gérer les eaux pluviales à leur source, à l’échelle des espaces ouverts. Ainsi, en fonction de leur typologie (rues, places et parcs), les espaces ouverts sont aménagés afin de rendre l’espace urbain plus résilient face à la problématique des inondations : revêtements perméables, noues, jardins de pluie et bassins de rétention prennent place au sein de ces espaces.

Illustration pour la désimperméabilisation/végétalisation de l’espace ouvert (ici pour les rues) sur base des propositions du Plan de gestion des précipitations extrêmes (Clourdburst Management Plan) de Copenhague. Source : Ramboll Studio Dreiseitl.

Avantages

Inconvénients

Renforce la trame verte/continuité écologique sur une Les interventions de désimperméabilisation/végétalisation partie de son tracé existant. sont conditionnées/limitées par divers facteurs : perméabilité du sol/sous-sol, typologie d’espace ouvert Créé une connectivité écologique entre l’amont et l’aval (espace disponible/convertissable → majoritairement des du bassin versant de l’Elsbeek, au niveau de sa partie espaces ouverts de type «rue», synonyme d’interventions centrale. plus limitées), présence d’impétrants (impossibilité de réaliser des plantations et/ou d’ouvrages d’infiltration auPerméabilise une partie des espaces ouverts sujets dessus), voies de tram, ... aux inondations : amélioration du régime hydrique par temporisation, infiltration et évapotranspiration d’une Volumes d’eau gérés dépendant de la capacité d’infiltration partie des eaux pluviales, soulageant en partie le réseau des sols, limitation +/- importante selon la position au sein d’égouttage. du bassin versant.

Végétalise/Perméabilise trois des quatre espaces verts Ne développe pas de continuité hydrologique avec les publics actuellement majoritairement minéralisés (Place intérieurs d’ilots. du Châtelain, Place Louis Morichar et Place Loix).

Permet de végétaliser une partie des espaces ouverts présents au sein de la zone de carence en espaces verts publics.

12.

SCENARIO N°2

Nouvelle hydrologie urbaine Le deuxième scénario a pour ambition majeure d’initier une séparation des eaux pluviales des eaux usées, à l’échelle des espaces ouverts.

Ainsi, les espaces ouverts de type « rue » sont mobilisés et se voient en partie aménagé de petits canaux destinés à récolter et à acheminer les eaux pluviales jusqu’au espaces ouverts de type « place », aménagés en square d’eau.

Les squares d’eau sont des espaces destinés à temporiser et stocker les eaux pluviales lors des intempéries, en vue de soulager le réseau d’égouttage et d’éviter ainsi l’apparition des inondations. La plupart du temps, ces squares d’eau sont à sec et servent d’espaces récréatifs.

Illustration pour les Squares d’eau avec l’exemple du réaménagement de la Place Benthemplein à Rooterdam (Pays-Bas).

Source : De Urbanisten.

Illustration pour l’aménagement des petits canaux dans les espaces rues avec l’exemple des Bächle à Frigbourgen-Brisgau (Allemagne). Source : Ville de rigbourgen-Brisgau.

Avantages

Inconvénients

Permet d’améliorer le régime hydrique en venant créer des zones de temporisation et de stockage des eaux pluviales, indépendantes de la perméabilité du sol-soussol : possibilité d’agir de l’amont à l’aval.

N’améliore pas la trame verte/continuité écologique sur son tracé existant et ne développe pas une connectivité écologique entre l’amont et l’aval du bassin versant de l’Elsbeek.

Possibilité d’instaurer des systèmes de réemploi des eaux Ces interventions ne solutionnent pas la problématique pluviales, en vue de diminuer la part des eaux pluviales de carence en espaces verts publics ainsi que celle rejetées dans le réseau d’égouttage. liée à la désimperméabilisation des espaces ouverts et des espaces verts publics actuellement majoritairement Evolution du rapport à l’eau, au risque d’inondation : minéralisés. usages et perception différents en fonction des périodes humides et sèches.

Ne développe pas de continuité hydrologique avec les intérieurs d’ilots.

13.

SCENARIO N°3

Déconstruction/Percée des ilots bâtis Le troisième scénario a pour objectif de venir gérer les eaux pluviales au niveau des ilots urbains, qui occupent une place importante dans le bassin versant de l’Elsbeek. Ainsi, certains intérieurs d’ilots sont aménagés afin de pouvoir gérer les eaux pluviales sur des espaces plus vastes que ceux des espaces ouverts de type «rue». De plus, certains bâtiments sont démolis afin d’assurer une connectivité hydrologique entre les intérieurs d’ilots et l’espace ouvert. Un nouveau rapport s’établit entre les limites du privé et du public.

Illustration pour la réalisation de percée entre les ilots intérieurs d’ilots et les espaces ouverts. Source : réalisation personnelle

Avantages

Inconvénients

Permet de répondre en partie à la carence en espaces Difficulté de gérer le passage d’un espace privé à un verts publics de par la reconversion de certains intérieurs espace public : comment opérationnaliser cela ? d’ilots en espaces verts publics.

Nécessité de réaliser une étude approfondie pour savoir Créé une connectivité écologique entre l’amont et l’aval quels bâtiments peuvent être démolis afin d’établir les du bassin versant de l’Elsbeek. percées/communications entre espaces privés et publics.

Permet de mobiliser plus d’espaces dédiés à la gestion des eaux pluviales, en n’étant pas uniquement limité aux espaces ouverts (rues, places et parcs) tout en assurant une continuité hydrologique entre ilots bâtis et espaces ouverts.

14.

CHOIX D’UN SCENARIO SPATIALISÉ En comparant les différents avantages et inconvénients propres à chaque scénario, nous pouvons nous rendre compte que le scénario n°1 « Désimperméabilisation/Végétalisation des espaces ouverts touchés par les inondations » est celui qui répond le mieux aux différents objectifs développés précédemment. De ce fait, c’est ce scénario qui a été retenu et qui sera développé dans la partie d’élaboration de projet.

Sur base du diagnostic ainsi que sur la définition des enjeux et objectifs, une zone au sein du bassin versant de l’Elsbeek a été sélectionnée afin de venir développer le scénario n°1. Il s’agit de la Place Albert Leemans ainsi que de ses rues adjacentes, à savoir la Rue de Tenbosch, la Rue Américaine ainsi que la Rue de Washington.

Avant de commencer la conception du projet, un sous-bassin versant a été déterminé sur base des courbes de niveau et des pentes des rues afin de pouvoir déterminer la quantité d’eau à gérer sur cette partie du site de projet. Ainsi, la quantité d’eau à gérer sur les 483 772 m² du sousbassin versant est de 5219 m³. Il est à noter également que la superficie de la zone de projet est approximativement de 16 050 m², ce qui représente 3,31% de la superficie totale.

Intérieurs d’ilots perméables Espace public perméable Espace public imperméable Bâtiments (surfaces imperméables) Intérieurs d’ilots imperméables TOTAL

Superficie (m²) 92 996 38 749 231 371 8 699 111 957 483 772

15.

ÉLABORATION DU PROJET

Volume d’eau géré par les jardins de pluie : 1675 m³

Actuellement, la Place Albert Leemans est sujette aux inondations lors des événements pluvieux importants. Cette place représente une réelle zone d’accumulation de flux : les pentes des rues adjacentes, à savoir la Rue Américaine, la Rue Washington et la Rue de Tenbosch, convergent en un seul point.

Dés lors, le projet de réaménagement de la Place Albert Leemans et des rues adjacentes repose sur 3 axes : 1) Accroître la perméabilité et les zones de temporisation des eaux pluviales au niveau des rues afin de réduire les ruissellements vers la place ; 2) Exploiter l’aspect de convergence de la place pour passer d’une place traversante, enclavée dans un rond-point à une place piétonne où les usagers peuvent s’y arrêter et s’y reposer ainsi que de créer des zones de temporisation et d’infiltration supplémentaire ; 3) Transformer le risque d’inondation en un élement structurant du paysage quotidien des habitants du quartier.

16.

Alnus glutinosa

Gleditsia triacanthos inermis

Prunus padus

Coupe D - D’ - Coupe en large d’un ponton

Salix alba

Cornus sanguinea

Viburnum opulus ‘Compactum’

Coupe E - E’ - Coupe en long d’un ponton

Acanthus mollis

Carex riparia

Eupatorium cannabinum plenum

Iris pseudocarus

17.

4.

La désimperméabilisation des espaces ouverts pour faire face au risque d’inondation pluviale en milieu urbain dense Ce projet autour de la question du paysage du risque vise à fournir des éléments de réflexion sur l’aménagement possible d’un territoire.

Il ne représente pas « la solution » mais participe au questionnement sur le devenir des espaces vulnérables aux risques. Il s’agit ici de passer d’une problématique globale reconnue par tous - les risques engendrés par le réchauffement climatique et leurs impacts - à des stratégies locales de transformation de ces risques en opportunités pour les paysages de demain.

18.

CONTRIBUTION Le travail de réflexion a été réalisé à l’échelle du bassin versant permettant ainsi de prendre en compte le cheminement de l’eau dans sa totalité afin de proposer des réponses à plusieurs enjeux.

Mise en évidence de la complexité d’aménager l’espace public avec des ouvrages de gestion intégrée des eaux pluviales (jardin de pluie, arbre de pluie, ...) à cause des contraintes liées à la position des impétrants ainsi que par les contraintes intrinsèques aux propositions d’aménagements.

Ce travail s’inscrit dans la thématique de groupe des Paysages du risque en amorçant une réflexion sur la manière de transformer le risque d’inondation par ruissellement en milieu urbain en une force pour aménager les espaces ouverts : d’une solution technique de gestion les eaux pluviales à la création d’espaces de vie utilisables et appropriables par les usagers ainsi que de l’évolution de du rapport à l’eau.

DIFFICULTÉS RENCONTRÉES LORS L’ÉLABORATION DU PROJET

DE

La thématique de l’eau demande une connaissance approfondie et précise du fonctionnement du cycle de l’eau et des enjeux qui en découlent. Ainsi, il est primordial de travailler en équipe avec des hydrologues afin de préciser, quantifier au mieu les volumes d’eau à gérer. En effet, la détermination de ces volumes d’eau est importante car ce sont ces volumes qui permettent de dimensionner correctements les aménagements. Dans ce travail, une quantification de ces volumes a été initié afin de donner des ordres de grandeur pour définir les dimensions des jardins de pluie et l’aménagement de parkings perméables mais une étude complémentaire du potentiel d’infiltration serait à réaliser pour adapter/préciser ce projet.

La conception d’aménagement dédis à la gestion des eaux pluviales n’est pas aisée en milieu urbain de par la présence de toute une série d’impétrants dans le sol.

LIMITES DE L’ÉTUDE La thématique de l’eau demande une connaissance approfondie et précise du fonctionnement du cycle de l’eau et des enjeux qui en découlent. Ainsi, il est primordial de travailler en équipe avec des hydrologues afin de préciser, quantifier au mieux les volumes d’eau à gérer. En effet, la détermination de ces volumes d’eau est importante car ce sont ces volumes qui permettent de dimensionner correctements les aménagements. Dans ce travail, une quantification de ces volumes a été initié afin de donner des ordres de grandeur pour définir les dimensions des jardins de pluie et l’aménagement de parkings perméables mais une étude complémentaire du potentiel d’infiltration serait à réaliser pour adapter/préciser ce projet.

Dans un soucis de cohérence avec l’échelle du bassin versant, il aurait été intéressant de pouvoir étendre le périmètre de la zone de projet. De plus, l’absence de consultation de la population.

Un atelier de cartographie participative aurait permis de mettre en évidence des endroits forts/ marquants avec les riverains et d’affiner ainsi le travail d’analyse pour prendre ensuite ces espaces en considération dans la phase de projet.

19.

5: Bibliographie

20.

BIBLIOGRAPHIE Association italienne d’architecture du paysage (AIAPP) et Med_Net Working Group (IFLA Europe) (2019). Concevoir le changement. Gestion des eaux pluviales - Changement climatique et nouvelles solutions pour la gestion de l’eau en ville. [Fichier PDF] Bruxelles Environnement, Département Eau en collaboration avec la SBGE, le Port de Bruxelles, VIVAQUA et HYDROBRU (2017). Plan de gestion de l’eau de la Région de Bruxelles-Capitale 20162021 [Fichier PDF] Région de Bruxelles-Capitale (2008). Plan régional de lutte contre les inondations [Fichier PDF].

VANHUYSE S., DEPIREUX J., WOLFF E. (2016). Etude de l’évolution de l’imperméabilisation du sol en Région de Bruxelles-Capitale [Fichier PDF], p.32.

BARBAUX S. (2016). Ville permeable – L’eau, ressource urbaine : Sponge City – Water resource management. ICI Interface BONNET F., MOREL J-F. et REUILLARD J. (2016). Atout risques : Des territoires exposés se réinventent. Parenthèses.

DUNNET N. et CLAYDEN A. (2007). Les jardins et la pluie. Rouergue.

PIERRON J-P. (2017). Ecologie politique de l’eau : rationalités, usages et imaginaires. Hermann.

RANZATO M. (2017). Water vs. Urban scape : Exploring Integrated Water-urban Arrangements.

Jovis SCHAFFNER M., ROLLOT M. et GUERROU2 F. (2021). Les veines de la Terre : Une anthologie des bassins-versants. Wildproject.

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WEBOGRAPHIE Données cartographiques (SIG) disponibles sur https://geobru.irisnet.be Données cartographiques (SIG) disponibles sur https://environnement.brussels/content/acces-auxdonnees-cartographiques Bruxelles Environnement, Guide Bâtiment Durable «Gérer les eaux pluviales à la parcelle» disponible sur https://www.guidebatimentdurable.brussels/fr/vue-d-ensemble-des-dispositifs.html?IDC=5352

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