Encyclopédie Médico-Chirurgicale 36-180-A-40
36-180-A-40
Utilisation des échangeurs de chaleur et d’humidité pour la ventilation artificielle L Thomachot C Martin
Résumé. – Dans une très grande majorité de cas, l’utilisation d’un échangeur de chaleur et d’humidité (ECH) est suffisante pour réchauffer et humidifier les gaz inspirés au cours de la ventilation mécanique. L’ECH doit être positionné au-dessus de la sonde d’intubation, et changé dès qu’il est sali par les sécrétions bronchiques. En cas d’apparition de sécrétions bronchiques épaisses ou d’atélectasies, le réchauffement et l’humidification sont insuffisants, et l’ECH doit être remplacé par un humidificateur chauffant. Les avantages d’un ECH résident principalement dans sa facilité d’utilisation et son faible coût, et ses inconvénients dans l’augmentation de l’espace mort et des résistances inspiratoires. Les risques d’obstruction des sondes endotrachéales sont très faibles avec les matériaux actuellement utilisés. En réanimation, les ECH peuvent être laissés en place jusqu’à 1 semaine sur un même patient. L’incidence des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique et des obstructions de sondes endotrachéales, après 7 jours d’utilisation d’un même ECH, ne diffèrent pas de celles observées après un changement journalier. Un ECH ne peut être utilisé en cas d’hypothermie ou de fistule bronchopleurale. © 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : échangeur de chaleur et d’humidité, anesthésie, réanimation, ventilation mécanique, humidification des gaz inspirés, réchauffement des gaz inspirés.
Introduction Le développement de la ventilation mécanique en anesthésie et en réanimation a généré un bon nombre de complications, à l’origine d’une augmentation importante de la morbidité, de la mortalité et du coût d’hospitalisation. Certaines de ces complications sont dues à une mauvaise préservation de la température et du contenu en vapeur d’eau des gaz inspirés (tableau I). Dans les circonstances normales de ventilation, les gaz inspirés sont progressivement réchauffés et humidifiés lors de leur passage dans les voies aériennes supérieures. Les composants internes du nez humain, de la bouche et du pharynx capturent la chaleur et l’humidité des gaz durant l’expiration, et les restituent à l’inspiration (fig 1). Lors de l’intubation endotrachéale, les voies aériennes supérieures sont court-circuitées. L’humidification et le réchauffement des gaz inspirés sont alors totalement pris en charge par les voies aériennes intrathoraciques. Une ventilation avec des gaz froids et secs est responsable de plusieurs types de complications : une hypothermie par une augmentation des pertes d’énergie ; une perte d’eau ; des dégâts épithéliaux et de la fonction ciliaire ; des atélectasies ; une perturbation de la mécanique ventilatoire et des échanges gazeux (tableau I). À l’inverse, une ventilation avec des gaz inspirés trop chauds peut provoquer une hyperhydratation, des brûlures trachéales, et des atélectasies responsables d’hypoxie.
Laurent Thomachot : Praticien hospitalier. Claude Martin : Professeur des Universités, praticien hospitalier. Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Nord, boulevard Pierre-Dramard, 13915 Marseille cedex 20, France.
Tableau I. – Conséquences physiologiques et cliniques d’une ventilation avec des gaz trop chauds et humides ou trop froids et secs. Problèmes associés à une ventilation avec des gaz froids et secs
Problèmes associés à une ventilation avec des gaz trop chauds et humides
- Désorganisation épithéliale - Augmentation de la viscosité des sécrétions bronchiques - Diminution du transport ciliaire
- Brûlures muqueuses - Modifications du surfactant - Désorganisation épithéliale - Conséquences cliniques : - hypothermie - augmentation des résistances pulmonaires - hyponatrémie - œdème et sténose trachéale - diminution de la compliance pulmonaire - atélectasies - désaturation artérielle en oxygène - augmentation du shunt intrapulmonaire
- Diminution de la production de surfactant - Conséquences cliniques : - hypothermie - diminution de la compliance pulmonaire - atélectasies - désaturation artérielle en oxygène - augmentation du shunt intrapulmonaire
Techniques d’humidification et de réchauffement des gaz inspirés L’humidité et la température d’un gaz sont interdépendantes. La température d’un gaz détermine son point de saturation en vapeur d’eau, l’hygrométrie absolue à saturation (Has). L’Has est la quantité maximale de vapeur d’eau que peut contenir un volume de gaz à une température donnée [17]. L’Has est exprimée en milligrammes d’eau par litre de gaz (mg/L). Cette valeur de Has est obtenue à partir de tables [19]. L’humidité absolue (Ha) est la quantité de vapeur d’eau que contient un gaz à une température donnée (mg/L). L’humidité relative (Hr) est l’humidité d’un gaz exprimée en pourcentage de la quantité maximale de vapeur d’eau que peut
Toute référence à cet article doit porter la mention : Thomachot L et Martin C. Utilisation des échangeurs de chaleur et d’humidité pour la ventilation artificielle. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Anesthésie-Réanimation, 36-180-A-40, 2002, 8 p.
Rejoignez nous sur facebook: “ La Radiologie Pour Tous”