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Anesthésie de l’enfant brûlé O. Gall, P. Marsol La brûlure se différencie de tout autre traumatisme en ce qu’elle touche la peau : enveloppe protectrice et organe vital en termes d’homéostasie circulatoire, thermique et sensorielle. Les processus de réparation tissulaire déclenchés par les lésions sont associés à d’importants désordres métaboliques d’origine inflammatoire. Le traitement des brûlures graves implique de nombreux acteurs dont le rôle est d’assurer non seulement le support des fonctions vitales et la cicatrisation des lésions, mais également, de promouvoir la réhabilitation fonctionnelle, la réinsertion et l’équilibre personnel des victimes. La collaboration étroite des différents intervenants au sein de structures pluridisciplinaires, les centres de brûlés, a une influence déterminante sur le devenir des patients. L’anesthésiste-réanimateur joue un rôle de tout premier plan dans ces structures, y compris lors des interventions de chirurgie réparatrice, plusieurs années après l’accident. Il peut également être amené à participer aux premiers soins et initier la réanimation dans le cas de brûlures de moindre gravité, prises en charge dans des services de proximité. © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Accidents de la vie courante ; Brûlure ; Enfant ; Analgésie ; Morphinomimétiques
Plan ¶ Introduction
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¶ Principes élémentaires de traitement des brûlures Facteurs de gravité Grandes orientations thérapeutiques
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¶ Prise en charge initiale de l’enfant brûlé Étape préhospitalière Premiers soins à l’hôpital
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¶ Analgésie et sédation Prise en charge de la douleur de fond Analgésie et sédation pour pansement de brûlure
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¶ Anesthésie pour la chirurgie de recouvrement cutané Indications opératoires Évaluation préopératoire Conduite de l’anesthésie
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¶ Anesthésie pour la chirurgie des séquelles
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¶ Conclusion
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■ Introduction En France, les accidents de la vie courante provoquent près de 20 000 décès et plusieurs centaines de milliers d’hospitalisations chaque année. Les accidents de la vie courante sont la première cause de mortalité chez l’enfant [1]. Les brûlures ne sont pas les accidents les plus fréquents. Cependant, comparativement aux contusions, plaies et fractures, les brûlures donnent lieu à un plus grand nombre de séjours en réanimation, de journées d’hospitalisation (en moyenne 15 jours contre 2,6 jours), d’incapacités physiques et de handicap [2]. Anesthésie-Réanimation
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Approximativement 2000 à 3000 enfants sont hospitalisés chaque année pour brûlure. L’équipe de Tours [3] a réalisé, il y a 10 ans, une étude faisant référence sur l’épidémiologie et les circonstances de survenue des brûlures de l’enfant. Cette étude indique que la projection de liquides bouillants (eau, thé, huile, préparations culinaires...) est de très loin la première cause de brûlure chez l’enfant, représentant plus de 70 % des accidents. Les autres causes : brûlures par immersion, brûlures par contact, brûlures par flamme, brûlures électriques, sont nettement moins fréquentes. Certaines localisations de brûlures sont typiques de la petite enfance : brûlure par immersion dans un bain trop chaud intéressant le dos, le siège et les membres inférieurs en dessous d’une ligne horizontale de flottaison, brûlure bilatérale des paumes de la main par contact avec une porte de four ou un insert de chauffage domestique, ou encore brûlure électrique péribuccale. La prise de conscience de la gravité des accidents de la vie courante, en termes de santé publique, remonte au début des années 1980 en France. Depuis cette époque, des campagnes de prévention à l’échelle nationale sont organisées par le ministère de la Santé et la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Les enquêtes conduites par l’INSERM confirment l’impact de ces campagnes sur la mortalité par chute, suffocation et noyade. En revanche, la fréquence des brûlures graves n’a pas beaucoup diminué sur la même période, même s’il est difficile de l’affirmer faute de recueil épidémiologique spécifique. Dans une enquête sur les brûlures de l’enfant en Île-de-France, Fortin et al. [4] montrent que le nombre annuel d’interventions des secours pour brûlure chez des enfants est stable entre 1994 et 2004. En revanche le profil des patients a changé. Il existe aujourd’hui de fortes inégalités entre les différents arrondissements de la capitale et les départements limitrophes. Ainsi dans Paris intra-muros le nombre d’interventions est de 1,7/100 000 habitants dans les arrondissements où le revenu moyen par habitant est le plus élevé (VI, VII, VIII, XVI), alors qu’il est de 6,2/100 000 habitants dans les arrondissements où
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