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Conférence “Global Corporations 2035 : new vision, new management ?” © DR
ECOLES DE COMMERCE : DES
Cherchez l’erreur... À en croire le magazine l’Étudiant, un jeune diplômé d’HEC gagne en moyenne 40.000 € par an à sa sortie d’école. Le magazine Challenges, lui, annonce plus de 50.000 € ! 52.000 € même pour un diplômé de l’ESSEC. Et n’oublions pas que ce sont des moyennes... Alors, qui croire ?
de croire que “ lesDifficile diplômés d’écoles de commerce, qui sont aujourd’hui 2 fois plus nombreux qu’il y a 10 ans, rentrent sur le marché du travail sans aucune difficulté.
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Aurélien DUTHOIT, Directeur des synthèses économiques de XERFI
Thibault LIEURADE, journaliste : Aurélien DUTHOIT, vous avez réalisé avec Thomas ROUX, Directeur délégué Xerfi-Precepta, plusieurs études sur les écoles de commerce. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les écarts de salaires varient jusqu’à 30% selon les différentes enquêtes ? Aurélien DUTHOIT, directeur des synthèses économiques de Xerfi : “Il faut prendre tout ces chiffres avec la plus grande précaution. Ces chiffres sont établis selon des données déclaratives non vérifiées, remaniées sans que l’on sache très bien comment. Difficile de voir qui se vente de toucher un gros salaire ou qui fuit les enquêteurs, au contraire, parce que sa recherche d’emploi n’a pas été aussi fructueuse que prévue. Avec le mode déclaratif, on peut faire dire tout ce que l’on veut aux chiffres. La CGE (Conférence des Grandes Écoles), qui réalise aussi ce genre d’études, a annoncé que les salaires de sortie étaient repartis à la hausse en 2012 en passant de 36.000 à 37.000 euros en moyenne.” TL : Donc, à vous croire, ces chiffres ne sont absolument pas crédibles ? AD : “Ils sont en tout cas déroutants. Par exemple si l’on prend l’ensemble des Bac+5, toutes disciplines confondues, on serait plutôt autour de 25.000 euros selon le CEREC (un établissement public spécialisé dans les études sur le marché du travail). Ce qui représente un sacré écart ! Il faut savoir aussi que le nombre d’offres d’emploi en CDI baisse en France. -29% en 2012 selon la FIJ. Et même 42% dans les secteurs de la vente ou du marketing. Dans ce contexte, difficile de croire que les diplômés d’écoles de
COOLTURE N°32
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2013 - #3
commerce, qui sont aujourd’hui 2 fois plus nombreux qu’il y a 10 ans, rentrent sur le marché du travail sans aucune difficulté.” TL : Pourtant les montants que l’on voit dans la presse, notamment au moment où les magazines sortent leurs fameux classements des écoles de commerce, restent quand même plus proches de 40K€ que de 25K€. AD : “Oui. Mais là encore pour la simple raison que les enquêtes reposent sur du déclaratif. Les journaux et les magazines envoient des questionnaires directement aux écoles qui les remplissent elles-mêmes. À partir de là, rien de plus simple que de gonfler certains critères, à commencer par le salaire à l’embauche. Au fond, ce système arrange tout le monde, les écoles se font de la publicité, la presse vend du papier à un lectorat tout trouvé : les étudiants et leur famille qui sont soucieux de ne pas se tromper quand vient la question cruciale de l’orientation.” TL : Comment peut-on expliquer ce manque de recul, de regard critique de la presse ? AD : “La presse ne veut surtout pas froisser les écoles qui font aussi partie de leurs annonceurs. Quand on connaît la situation économique précaire des journaux, on peut comprendre qu’ils fassent tout pour préserver cette source de revenus. On peut aussi ajouter que de nombreux patrons de presse sont issus d’écoles de commerce et, au fond, vous avez tous les ingrédients pour que rien ne change.” >>>