Consentement.s : Ce que j'aurais aimé qu'on me dise à 15 ans

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Consentement.s

Témoignages - Boîte à outils - Partages


Édité en 2021 à Nantes, Toulouse et ailleurs Typographies utilisées : Myriad Pro Regular et Reforma 1918


SOMMAIRE 3

Edito

6 Le placard 8 Disko 9 Aurais-je pu faire quelque chose ? 10 - Mini-témoignages 14 Quand j’étais animatrice en colo 14 La queue du collège 15 À l’école 16 Un doigt dans les fesses 18 Attouchement sexuel sur le canapé 20 - Mini-témoignages 22 Mauvais tour 23 Moi Agresseuse ?! 24 Pincements de désir 25 Le consentement sexy 26 Chez la gynécologue 27 Je m’interroge 28 Dix sept 30 Qu’est-ce que le sexe ? 31 - Mini-témoignages 34 Colleuxses “Je te crois” 36 Témoignages croisés d’un instant sensuel 38 - Mini-témoignages 40 Le jour où j’ai appris à dire non 41 T’inquiète pas, c’est normal 42 - Mini-témoignages 44 Désormais je veux désirer 46 Premier amour 47 Le dire 50 Ressources 52 Lexique sex-positif/lexique juridique/lexique queer 56 Conclusion

Trigger warning : Attouchements sexuels : p.6, 8, 9, 14, 16, 18, 22, 28, 42

Viols dit ‘‘conjugaux’’ : p.41 et 44



EDITO C’EST QUOI ? Ce recueil est la suite d’une brochure intitulée Consentement.s, des témoignages qui questionnent, publiée à la fin du confinement au printemps 2020. Une version mutée en quelque sorte… Ceci n’est pas un rapport scientifique ni une étude sociologique. Ce n’est pas non plus un manuel avec des bonnes réponses. Ceci est un recueil de témoignages : Les textes présents dans la brochure ont été choisis car ils relatent d’expériences personnelles qui questionnent - des expériences parfois dures à partager, des expériences longtemps gardées pour nous, des expériences que nous ne sommes pas seul·e·s à vivre. Aussi, les ressentis et prises de positions internes aux textes ne représentent pas une vérité, mais la vérité de la personne qui écrit au moment où elle écrit. Nous nous sommes dit que le sujet était encore trop absent dans nos vies. Notre intention : Se servir de ces témoignages pour nous aider à nous poser des questions sur nos expériences passées mais aussi sur nos rapports à l’autre, aux autres, à notre corps et aux corps. Que ces témoignages nous permettent d’aborder le sujet avec nous-même, au collège, au lycée, à la maison...


CHOIX D’ÉCRITURE Les textes sont écrits en écriture inclusive ! Pour célébrer la diversité des identités de genre, et ne pas tout rapporter au masculin. Concrètement, tu trouveras le pronom ”iels” pour désigner un groupe prenant en compte les femmes, hommes et personnes non-binaires1, et des termes construits avec des points médians (comme “créateur·ice·s”) ou sans (“créateurices”, un néologisme donc) pour désigner les ”créateurs, créatrices et personnes non-binaires qui créent”. 1.

qui ne se reconnait ni homme ni femme, il y a une plus longue définition page 55

Nous avons aussi ajouté des Trigger Warning, notés _TW_. On peut traduire trigger warning par “traumavertissement, ce récit peut activer des sensations et pensées liées à des traumatismes”. Ils indiquent aussi que toi, la personne qui lit, es accompagnée en pensée, qu’elle n’est pas seule. Écoute-toi, prends soin de toi. Passe si tu sens que ce n’est pas le moment.

Nous avons aussi mis en valeur des témoignages positifs qui nous ont inspiré et qui peuvent apporter parfois des clés / des outils que nous t’invitons à tester dans tes relations. Ces témoignages sont signalés par cette pastille : Il y en a plein !


POUR QUI ET POURQUOI CE SECOND RECUEIL ? Dès l’édition de la première brochure de Consentement.s, à plusieurs reprises, des personnes travaillant en milieu scolaire (infirmièr·e, éducateurice à la sexualité, assistant·e d’éducation) nous ont demandé si elles pouvaient utiliser la brochure comme support de sensibilisation. Alors quelques mois plus tard, on se lance dans une nouvelle brochure destinée aux ados ! Tout simplement parce qu’on est persuadé·e·s que discuter de consentement dès le plus jeune âge permettrait à chacun·e d’entre nous de prendre du pouvoir sur nos propres corps et dans nos relations. Nous avons sélectionné les témoignages que l’on aurait aimé lire à 15 ans pour être mieux préparé·e·s, pour se sentir entouré·e·s par d’autres via ces récits, pour apprendre à demander un consentement, à exprimer ses désirs et ses limites avec plus de confiance, se positionner, et ainsi éviter les zones grises et bris de consentement.

Cette brochure c’est donc un moyen : • Pour te questionner sur toi : tes désirs, tes limites. • Pour partager ces questionnements avec tes potes, avec ta famille, tes amoureu·x·ses... • Pour écrire à ton tour, garder cet écrit, le partager, à nous, • à d’autres, à personne. • Pour avoir des ressources et du lexique (voir la fin du recueil).


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Le placard Adolescence. Une fête. L'alcool, les flirts. Le placard. Non mais vraiment. Comment on en est arrivé·e·s à rentrer là-dedans ? Alors ça. Y avait quoi dedans ? Je saurais pas bien dire, du matos de ménage ? On tenait à peine toustes les deux debout làdedans. A vrai dire, on lui a pas demandé son consentement, au placard, pour le pénétrer comme ça à deux et y rester. BREF. Moi je voulais des câlins, des bisous, des caresses, du lien, pas spécialement plus. Je me souviens pas avoir de plan en fait. Je sais que lui, et je l’ai vite su une fois entré·e·s, il voulait que je le suce. Je sais que je disais soit rien, un peu gênée, soit non. Des « non » avec mon corps : je ne bouge pas, je me tends, ou des « non » avec ma voix : je dis « non ». A un moment, je mets mes mains dans les siennes. Il en dirige une pour la mettre sur son pénis. « BAH ! D’où il sort celui-là, comment ça se fait qu’il n’est pas rangé ? Ca s’est passé quand ça ??? euh ça a l’air doux. » Est-ce que c’était la première fois que j’en touchais un ? Bah merde alors... ça se pourrait bien. Dans ma tête c’était pas vraiment ça le processus, ce serait plutôt du type : 1. s’embrasser 2. s’enlacer et ensuite... J’avais pas spécialement prévu de suite en fait je crois. Bon, je ne saisis pas. Enfin, si, je saisis ce qu’il veut. Je ne saisis pas la façon de le faire, et je ne « saisis » pas la proposition... enfin si on peut appeler ça une proposition. Bon j’ai pas vraiment ce que je cherche (des embrassades), et je suis pas très à l’aise avec ce qui se présente. De l’autre côté du placard, ça s’agite. Certains essaient d’entrer, spéculent, ou crient entre encouragements, rires, curiosités et envie de voir, savoir. Du coup, bah... j’ai pas spécialement envie qu’on me voit là, comme ça. L’idée c’était que ce soit un moment d’intimité j’imagine, si on est venus se blottir ici. J’ai pas tellement envie, non plus, de l’image que j’imagine : lui avec son pénis à l’air et moi là « les bras ballants ». J’ai pas non plus tellement envie de sortir maintenant avec l’animation derrière la porte. Bon en tout cas, il veut toujours que je le suce. Et moi, je ne suis toujours pas chaude.

6.


On n’avance pas tellement entre moi qui veut des embrassades que je n’obtiens pas, et lui qui veut que je le suce. À un moment, me demandez pas comment, je me retrouve plus ou moins assise sur un tas de trucs. Et il cherche ma bouche avec son pénis. Je le sens sur ma joue. Bon. Je crois qu’il veut que je le suce. C’est fou que ça soit aussi clair dans ce noir complet. On finit par sortir. Le prochain souvenir que j’ai, c’est une amie qui me dit « tu veux pas ? » « tu sais c’est facile tu ouvres la bouche, tu fais attention aux dents c’est tout ». Et moi qui ai un appareil dentaire. Bon je ne sais plus pourquoi j’ai honte. Parce que je ne suce pas, parce que je suis quelqu’une qui se retrouve enfermée avec un gars fraîchement arrivé (mais pas tout à fait frais quand même) dans un placard en soirée, d’être quelqu’une qui se retrouve dans un placard ET POURTANT qui ne suce pas ? De pas être sûre de moi ? D’avoir peur de pas savoir faire bien, voire pire de faire mal, et qu’il le raconte ? Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que si la question s’est posée de faire ce qu’il me demandait c’était plus par soucis de convention sociale je crois. ça avait l’air attendu et normal de toutes parts. En tout cas, le lendemain après avoir nettoyé les vomis dont celui de ce cher partenaire, je trouve sa photo d'identité que je garderai quelques temps... Un trophée ? A ranger dans un placard alors ?

7.


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Disko Allemagne. Voyage scolaire. On va en “Disko”. Moi c’est la première fois de ma vie. Je suis en 3ème. J’ai un pantalon orange bouffant, un pull fluo. Pas trop miss sexy style. Je me sens pas une cible, j’observe les délires, je crois pas en faire réellement partie. Ca me fait marrer cette ambiance. Je vais sur la piste de danse je bouge un peu, je délire avec mes copines, pas plus, comme ça quoi. Et puis, je sens un truc qui se colle à mes fesses. Je me retourne, un mec vient de me coller son bassin au cul. J’hallucine tellement, ça me paraît tellement incongru, ça me fait marrer-outrer.

8.


Aurais-je pu faire quelque chose ?

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Volontariat dans l’Europe de l’Est. J’habite un petit village pour quelques mois et je suis en colocation mixte avec plusieurs étrangers. Un homme du village voisin, plutôt âgé, réputé un peu dérangé, nous invite au restaurant, on accepte. Très vite son comportement nous met mal à l’aise : mains baladeuses sur les cuisses de ses voisines de table, baisers gluants et répétitifs sur les joues de ses voisines de table… Les invitations se succèdent et instinctivement nous mettons en œuvre notre stratégie : on se met d’accord, les hommes s’assoient autour de lui pour que les femmes ne subissent pas les attouchements du repas. Parfois certaines femmes du groupe préfèrent rester à la maison plutôt que de risquer de se faire toucher. Par facilité, nous optons pour l’évitement plutôt que la confrontation. A l’époque, ça me paraît normal, jamais je n’imagine en parler, lui en parler, remettre en cause le comportement d’un autochtone. Maintenant je me dis : Combien de femmes a t-il agressé ? Jusqu’où est-il allé ? Aurais-je pu faire quelque chose pour que ça s’arrête ?

9.


GES : A N G I MINI -TÉMO

LE

CON S

ENTEM

à chaque paragraphe un témoignage différent

U ENT C’EST QUO I PO

R MO

I?

Consent is like tea, sur Youtube C’est une vidéo de base pour moi, elle me rappelle que si je n’ai plus envie d’un truc, je ne vais pas me forcer. Que quelqu’un·e qui a préparé une tasse de thé pour moi est prêt·e à entendre que je n’en veux pas. La pomme Moi je compare des fois la notion du consentement à la question de la pomme. Quelqu’un·e me propose une pomme, je suis partante, mais ça ne veux pas dire que j’ai dis oui pour la tarte aux pommes, le crumble ou la compote. C’est juste une pomme que je voulais ! *rire* J’ai l’impression que le consentement c’est partout, dans tout, dans chaque prise de parole, dans chaque positionnement mais c’est peut-être parce que je réfléchis beaucoup à ça en ce moment aha Pour moi c’est un jeu Et le but de ce jeu ? Que tout le monde se sente bien ! Tir à l’arc Aux hommes qui me disent avoir peur de mal faire, je réponds : Je ne pense pas que l’on puisse apprendre le consentement sans feedbacks, sans écouter les personnes. Tu veux apprendre une nouvelle compétence ? Mets-toi dans une posture d’apprentissage. Sinon, c’est comme tirer à l’arc sans regarder où est arrivée la flèche.

10.


DIRE À VOIX HAU TE Pas envie Théo, un pote, est venu dormir chez moi. On a éteint la lumière, j’ai préparé un petit speech dans ma tête, et je lui ai dit ”eh si je te dis pas ça, je vais avoir du mal à dormir… Voilà, j’ai pas envie d’avoir de sexe ou de calins avec toi” il a trouvé ça bizarre et drôle et légitime que je le dise comme ça, et je me suis sentie fière d’avoir prémâché puis formulé ce truc étrange. Le flou qui existait avant m’émoustillait oui, mais il aidait pas à créer une relation honnête et vibrante. L’écoute est possible Je n’y croyais plus vraiment non plus pourtant. Moment de désir dans une soirée de fumée, au milieu de la nuit étoilée. Après quelques caresses et baisers il me demande si j’ai envie d’aller plus loin. Je lui réponds que je ne sais pas trop, que non je ne crois pas.
Il me réponds ; “Ok”. Ca semble bête, mais ce ok m’a fait beaucoup de bien, soulagée.
Un ok sans besoin de se justifier, de se répéter, de nous culpabiliser d’un refus et de nous affranchir de coincée.
Juste un ok tout simple qui devrait être la norme.
 Le respect d’un refus sans plus. définition de

ce terme p.55 J’ai merdé plein de fois - témoignage de mec cis Quand j’étais jeune il n’y avait pas de parole, il n’y avait que moi qui initiait le sexe. Je faisais au hasard, je n’avais pas de référentiel et l’autre ne me disait pas ”ça me plait ou ça me plait pas”, il n’y avait pas de réponses claires. J’essayais de deviner en non-verbal si ça plaisait ou non, on en parlait pas pendant, on en parlait pas après, c’était une culture du silence… voire même des suppositions (et c’est pire) Et ensuite si yavait des signes de non-désir, je prenais les choses personnellement, toute mon identité humaine se trouvait remise en question. Certains trucs étaient retenus et noués pour toujours, dans notre relation, parfois ils se reproduisaient encore et encore. Le temps passant on pouvait de moins en moins les défaire.

11.


Dis-moi de quoi tu as envie. Est-ce que tu veux bien enlever ton tee-shirt ?

Est-ce que tu veux faire une pause ?

Comment tu te sens ? > Plein de phrases simples de communication pour connaître les envies de l’autre et éviter des quiproquos avec de potentielles lourdes conséquences.


FORMULER SES DÉSIRS

Le texto à postériori Hier j’ai passé la soirée chez les parents d’un copain qui me plait alors je décide de lui exprimer mes désirs à postériori par texto : “Ce matin en partant j’avais l’élan de te faire un câlin mais avec ce fucking covid, je sais jamais quoi faire. Et je pense que si tu étais venu chez moi, j’aurais eu envie de te proposer de dormir avec moi pour un peu de tendresse”. Le vocal Ça fait plusieurs jours que je discute par messages avec le coloc d’une amie. Il me plait et je vais le voir bientôt alors je lui envoie un vocal “J’aime beaucoup nos échanges, ça me donne envie d’explorer des trucs avec toi, de te proposer de dormir avec toi, très probablement que j’aurais envie de calin et peut-être du sexe mais ça c’est difficile à dire sans être passée par l’étape calin”.

Formuler à haute voix Un pote me propose un massage, c’est chouette et doux et puis ça réveille du désir en moi. Alors je lui propose de sortir discuter : “il se passe quoi pour toi ?”. Et puis : “moi ces gestes provoquent du désir en moi et j’irais bien vers des bisous”. Un accord entre elle et moi “- Je peux te prendre la main ? - Oui - Je peux te faire des papouilles de tête ? - Oui - Je peux te toucher les genoux ? - Oui… est-ce qu’on peut se dire un accord ? Qu’on peut se toucher (hors zones génitales) sans demander, sans fonctionner avec un consentement verbal. Si on veut pas un truc on le dit sur le moment, ou tu me tapotes la main. - Oui, ça va devenir plus pratique comme ça aha.”

13.


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Quand j’étais animatrice en colo David, âgé de 50 ans, est le directeur et le pilier de la colonie de vacances où je bosse, je l’estime. J’ai 18 ans tout juste, et David, doux, efficace, père de famille, m’enlace par deux fois, m’embrasse dans le cou et me prend la main, une fois. Il me couve des yeux. Plus tard, je fais une crise de larmes en gérant un conflit avec des ados, je ne vais pas bien, il y a ce problème latent, je ne dis pas pourquoi je suis épuisée émotionnellement. Le dernier jour, après avoir rangé le camp, après avoir diné, assis·e·s devant sa maison, je lui dis que ça n’a pas été ok pour moi, de m’avoir forcée à des calins, que je ne comprends pas. Il pleure, sa femme et ses deux fils ne sont pas loin, et lui pleure devant moi et demande des excuses.

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La queue du collège Au collège, j’avais autour de 14 ans. Je faisais la queue avec mon ami pour manger à la cantine. Derrière nous deux meufs rigolent, se moquent de nous. L’une d’elle nous met la main entre les jambes à chacun de nous. Attouchements sexuels. De mon côté j’ai honte et je suis excité à la fois. Honte parce qu’elles semblent nous trouver ridicules et qu’à l’époque je suis timide et complexé par mon image d’intello coincé. J’ai le souvenir qu’on se regarde avec le pote de manière interrogative. Lui est plutôt en colère, moi intrigué. Il me dit un truc du genre « fais pas gaffe à elles ». Je crois que je tente timidement d’entrer dans une discussion avec notre attoucheuse. On est plutôt isolés, socialement rejetés avec mon pote, et moi qui souffre beaucoup de ça, je suis plutôt heureux d’exister pour elles, qu’une fille entre en contact, même si c’est de cette manière-là. Je cherche donc à prolonger la connexion établie. Au final ça n’a débouché sur rien. Je crois qu’on en n’a même pas reparlé ensuite avec le pote. Plus tard à 20 ans c’est moi qui commettrai un attouchement sexuel non-consenti sur une amie.

14.


À l’école Un petit garçon de 6 ans avait la fâcheuse tendance à sauter sur tout le monde pour faire des câlins et certains enfants se plaignaient. Je lui ai expliqué en quelques phrases qu’il fallait demander avant, qu’il n’aimerait pas qu’on le touche sans lui demander avant et que son corps lui appartenait et que le corps des autres leur appartenait. Depuis, je le vois demander aux autres si il pouvait leur faire un câlin et il a plus de réponses positives :)

15.


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Un doigt dans les fesses Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours été constipée. L’habitude d’avoir mal au ventre dès que je mangeais un « truc de travers », moins de fruits ou de légumes, que je buvais moins d’eau, que je partais en vacances… Bref. Mais cette fois-là, j’ai 8 ans et j’ai vraiment très mal au ventre. Le médecin généraliste m’examine et mon ventre n’est pas aussi souple que d’habitude. Cela fait plusieurs jours que cela traîne et aujourd’hui la douleur est insupportable. Nous partons donc chez le « gastro-entérologue », le spécialiste des maladies du ventre. Celui-ci commence à m’examiner, les souvenirs sont assez flous. Je crois qu’il y a juste Papa à côté avec moi, et ce médecin. Il regarde mon ventre puis me demande de me mettre sur le côté. J’appelle ça « se mettre en petite boule », on dit aussi « en chien de fusil » en terme médical. Je n’ai pas le souvenir de baisser ma culotte, je ne sais plus qui l’a fait. Je n’ai pas non plus le souvenir que le médecin me dise quelque chose. Par contre, j’ai le souvenir d’un doigt qui rentre douloureusement dans mon anus sans avoir eu le temps de dire « ouf » ! Mais pourquoi m’a-t-il fait ça ? Pourquoi ne m’a-t-on rien dit ? Ce médecin conclut, de nouveau, à une constipation… Je n’ai pas l’appendicite, je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, je n’ai pas besoin de me faire opérer mais j’ai eu le droit à un doigt dans les fesses ! Je suis choquée. Plusieurs années après, me voilà « de l’autre côté », côté « soignant ». Je comprends pourquoi il m’a fait ça. Même si le toucher rectal ne rentre plus dans les critères diagnostiques de l’appendicite, il l’était encore à ce moment-là.

16.


Mais, en repensant à cette histoire, je veux surtout que mes patient·e·s n’aient pas à vivre cela. Quand je dois faire un toucher vaginal, ou un frottis à une femme, ou un toucher rectal, j’explique ce que je vais faire et pourquoi je dois le faire. Je demande ensuite l’autorisation, s’ils sont d’accord. Puis je mets mes gants, et quand cela est possible (en fonction des analyses à faire), je mets un gel lubrifiant pour que cela soit moins désagréable. Au moment du geste, je leur demande si « Je peux y aller ?». Parfois les gens sont surpris « Mais oui, oui bien sûr », mais d’autres fois, je sens que cela les rassure. Pour des patient·e·s plus anxieux·ses, il m’est déjà arrivé de réaliser ces gestes en lumière tamisée, en musique, en présence du.de la conjoint.e afin de les rassurer au maximum. Est-ce que j’en fais trop ? Peut-être. J’essaye, en tout cas, de me mettre à la place du/de la patient·e à ce moment là, pour que ce moment ne soit jamais vécu comme un traumatisme, probablement aussi en lien avec ce que j’ai vécu.

ILLUS

17.


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Attouchement sexuel sur le canapé J’invite chez moi notre bande de potes d’études. C’est la fête, les concours sont finis. À cette soirée, y avait de la malveillance en amont de ma part envers le groupe. On était 5 mecs et une meuf, oui j’étais dans une filière très masculine, si je me souviens bien on était 30 mecs et 5 meufs dans la promo. J’avais une forme de mépris latent pour ma bande de potes que je trouvais trop apolitique. C’étaient surtout des partenaires de tarot entre deux cours. Va savoir pourquoi je leur avais proposé d’organiser ces 2-3 jours à la campagne, dans la maison de ma famille. J’ai assez vite regretté, je me faisais chier avec eux, c’étaient des camarades de cours, pas vraiment des potes. C’est dans ce contexte que, week-end de beuverie, j’étais d’humeur transgressive, « ce soir on se la colle, et on va se lâcher, faire un peu n’importe quoi », quitte à faire de la merde et ça a pas loupé… Il y a un couple hétérosexuel, la meuf me plaît sans que je lui ai fait comprendre explicitement. Elle s’allonge sur le canapé. Elle est joyeuse, elle me sourit, ses yeux brillent. Elle est saoule, moi aussi je suis très bourré. Ému, je me penche sur elle et passe ma main sur son sexe directement à travers son pantalon. Son visage change brutalement d’expression. Je ne me souviens pas du reste de la soirée. Je crois qu’elle est partie et que je n’ai pas eu de réaction sur le coup. C’est le lendemain que je me suis senti très mal. Je suis allé lui parler. Elle était avec son copain, elle allait pas très bien. J’étais hyper désolé. Je me suis aussi excusé auprès de son mec, qui m’a dit que c’était absurde de s’excuser auprès de lui. Que c’était surtout auprès d’elle, et qu’être bourré c’était pas une excuse. Si je me souviens bien, en m’excusant je lui ai dis que je l’avais presque violée, je me souviens plus de sa réponse à ce momentlà. Elle était soulagée que je vienne lui en parler, elle avait pas l’air de m’en vouloir plus que ça. Mais avec le recul, je m’en veux de ne pas me souvenir de ses paroles. Cet événement a certainement joué dans le fait qu’on ait pas cherché à se revoir par la suite. On s’est revu une fois avec la bande, j’étais gêné, elle aussi j’avais l’impression. J’étais alors trop irresponsable pour savoir quoi lui dire, comment amener le sujet.

18.


C’est triste parce qu’en plus c’était la personne avec qui je m’entendais le mieux, il y avait de l’attirance physique, mais elle avait aussi une conscience politique plus développée que les autres de la bande. Mais bref, du coup on était 4 dans la pièce dont la meuf allongée sur le canapé, y avait pas son mec, mais y avait les deux autres gars que je trouvais coincés, timides. C’est là que je l’ai agressé par mon attouchement. Il y avait, je pense, bien que c’était pas très conscient à l’époque, une sorte de provocation transgressive dans mon geste. Une forme de virilisme qui dit un peu : « regardez, moi, mâle dominant, cette meuf j’en fais ce que je veux, je la vole à son mec ». Avec le recul d’aujourd’hui, 1) J’ai été très puéril, cette humeur à « faire n’importe quoi » je trouve que c’est un truc d’ado en manque de sensations fortes. Maintenant quand je me perçois développer de la malveillance envers des proches ou des potes, j’apprends à -communiquer, -tirer la tronche, -me mettre en colère en ciblant des trucs chez les gens contre lesquels j’ai vraiment envie de lutter. 2) Évidemment j’aurais pas dû faire ça. Je me dis que j’aurais dû, quand elle m’a souri depuis le canapé, lui demander : « Je peux te faire un câlin ? » C’était y a 10 ans et je m’en veux beaucoup même si je me suis excusé auprès d’elle le lendemain. Je me demande si ça a pu perturber sa sexualité, si elle s’en souvient comme d’un traumatisme. Forcément elle a dû développer une forme de méfiance, d’insécurité après parce qu’elle avait pas mal confiance en moi je pense. Je sais pas, j’ai perdu contact, c’est un monde du passé pour moi maintenant. Et puis ces deux gars sur qui j’avais peut-être une forme d’ascendant, quelle influence j’ai eu sur eux ? Je pourrais me rassurer en me disant qu’ils m’ont trouvé totalement naze, que je les ai vraiment déçus et que ça leur a pas du tout donné envie de faire un truc du genre.

19.


GES : A N G I MINI -TÉMO

EN PRÉSENCE D’AUTRES PE R SONNES

Je n’aime pas qu’un amoureux me prenne par les épaules, voire déplace mon corps sans mon consentement, en me tirant vers lui par exemple. Je suis plus petite, je ne veux pas me sentir contrainte.

J’aime pas du tout qu’on me prenne la main, ni par la taille pour marcher dans la rue. Déjà, je trouve que ce n’est pas pratique, ça me limite dans mes mouvements. Ensuite, j’ai l’impression que ça vient comme “officialiser” une relation aux yeux des passants, des proches que je peux croiser : deux personnes qui se prennent par la main sont forcément en couple et comme je n’aime pas le concept de couple, je n’ai pas envie que les gens se disent ça sur moi.

Dans des moments de calins à côté d’autres personnes est-ce que les personnes sont ok ? Quand je suis à côté de personnes qui calinent est-ce que c’est ok que je sois là ?

20.


D E L A BAN DAISO

N

Épiphanies Un jour j’ai réalisé que je considérais la bandaison d’un garçon comme l’incitation voire l’injonction à m’occuper de ce truc son sexe - en priorité. Je me vois très bien, être en train de faire des câlins doux avec lui, sentir son érection, et direct penser ”je peux pas le laisser comme ça, ça doit être physiquement désagréable”. Attends, mais RIEN n’indique que c’est désagréable pour lui, RIEN ne m’indique que je dois faire un geste sexuel. Tellement de soucis et d’attentions portés vers ça, ohlala. Deuxième prise de conscience, ou épiphanie, c’est de sentir que j’ai peur. Que si j’ignore la bandaison de ce garçon et que l’on dort côte à côte, il me sollicitera peut-être plus tard dans la nuit, sans checker mon consentement éclairé. Depuis que j’ai réalisé ça, je communique. Avant de m’endormir à côté d’un garçon, je formule cette crainte, ça me rassure et je trouve ça beau d’aborder ce sujet.

L’évidence bof Au lit, j’ai toujours su clairement que des mecs me désiraient car ils bandaient, me complimentaient et voulaient être actifs, voire me considéraient comme un objet. Au moins c’était clair et je savais faire avec. (Spoiler : c’est pas vrai ) Quand je suis avec une femme, une personnes non-binaire ou une personnes trans, cette assurance de ne pas merder, ce confort pour oser n’est pas là. C’est pas évident, on en discute, ça mène vers des chemins différents.

21.


____TW____

Mauvais tour Il était vieux, tellement vieux. Déjà presque 90 ans, une couronne de cheveux blancs. Dans mon enfance il était déjà vieux, et c’était un personnage adoré, attendu car rare, adulé car plein de rires et avec plus d’un tour dans son sac. Dans sa valise, plus précisément, car c’est dans là qu’il stockait son matériel de prestidigitateur. J’avais beau avoir entendu qu’il était aussi dentiste, pour moi, il n’était que magicien. Jamais une entrevue sans un tour de magie, et ça n’a pas manqué, alors que ma mère et moi leur rendions visite, à sa femme et lui, un jour d’automne. Leur appartement parisien, où je mettais les pieds pour la première fois, était une caverne d’Ali Baba avec ses tableaux de maîtres et sa collection d’automates. Même pour mon moi adulte, le personnage gardait de son aura. Il était assis très près de moi pour ce tour de cartes, car il avait besoin de mon assistance. Enfin, pas vraiment en fait, il avait juste besoin de mes seins. Enfin pas vraiment besoin en fait, il avait juste envie de les toucher. Comme c’est pratique, quand l’agression est incluse dans un tour de magie… Et sous le nez de sa femme et de ma mère qui riaient à gorge déployée de ses talents d’acteur, j’ai presque arrêté de respirer et j’ai attendu que ça passe, le ventre noué et les épaules douloureuses. Plus tard la colère. Contre ma mère qui n’a rien dit, et qui n’a rien compris à mes reproches. Contre le patriarcat. Contre toute ma famille qui l’a laissé faire pendant des décennies et qui a justifié ses agressions répétées. Contre moi-même, féministe de 22 ans, militante engagée et enragée, qui n’ait rien dit. Je. n’ai. Rien. Dit. Et j’ai beau savoir que ce n’était pas de ma faute, savoir que cette culpabilité est courante mais n’a pas de raison d’être, des années plus tard je grince encore des dents en y repensant. Il est mort quelques années plus tard, et justice ne me sera jamais rendue. Dans les jours et les semaines qui ont suivi cette agression, il n’y a qu’une pensée qui m’a empêché de trop m’en vouloir : plus jamais. Même s’il est vieux. Même si on ne le changera plus. Même si ça doit faire un scandale. Le consentement, c’est sans compromis, dorénavant.

22.


Moi, agresseuse ?! Je suis sensibilisée à la problématique du consentement. J’ai lu du contenu sur des pages dédiées sur instagram, participé à une lecture de textes, vu le documentaire « Sexe et consentement », j’en ai discuté beaucoup avec des amies. En découvrant tout ça, j’ai aussi replongé dans mon propre vécu et j’ai fulminé. Je me disais que c’est quand même la base du respect, de l’éducation, d’être un humain que d’écouter ce que dit la personne en face. Jusqu’à ce que... Fin de soirée. On a tous beaucoup ri, parlé, bu, fumé et l’heure de se coucher des enfants raisonnables est depuis longtemps passée. Je trouve de la place sur le canapé et je m’installe dans mon sac de couchage. Mon pote Manu, qui passe dans le salon, vient s’asseoir à côté de moi un instant pour me dire bonne nuit. Quand il se relève pour partir je suggère “dis tu veux pas rester dormir avec moi ?”. Il me répond “oh non, j’ai mis mes affaires dans le grenier je préfère dormir là haut”. Et là, complètement prise dans mes propres envies, j’insiste. “Allez ! je suis sûre que tu en as envie toi aussi !” ben oui, la veille on a déjà dormi ensemble et on était bien, comme deux petites loutres emmitouflées dans la présence de l’autre. Il me répond que peut être mais qu’il a surtout envie de dormir. J’insiste encore “oh mais promis on va dormir !” et il dit encore non. Je lui fais mes yeux de chat botté et je m’apprête à insister de nouveau quand se fait un déclic dans mon cerveau embrumé “mais... je suis en train de manquer de respect à son consentement là non ?!”. Manu se lève et part se coucher dans le grenier et je reste là à examiner ma conscience. Effectivement, il m’a dit « non » sans ambiguïté puis je me suis permis d’insister lourdement, de lui dire que je savais mieux que lui ce dont il avait envie : c’est clair, j’ai bafoué son consentement. Pourtant à ce moment là je n’arrive pas à le reconnaître, dans ma tête c’est la voix de l’égoïsme qui est la plus forte “oui mais j’en ai vraiment envie moi !”. Et puis je suis une femme, les problèmes de consentement j’y suis sensibilisée, j’en ai souffert moi même, je suis en colère contre les oppresseurs alors comment serait-ce possible que j’ai joué ce rôle là ?

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Pincement de désir Avec Lulu on a une relation amicale très tactile. On s’est mis d’accord sur le fait qu’on va pas chercher de sexualité ensemble. Pourtant, certains de ces gestes provoquent du désir en moi et j’ai envie de lui en parler. Ça vient assez naturellement : je lui décris ce que je ressens (des petits picotements dans le ventre, une chaleur, un plaisir qui se diffuse partout dans mon corps). C’est une sensation que j’adore en soi et je n’éprouve pas l’envie d’utiliser mon désir pour aller vers autre chose. Je lui demande à son tour ce qu’il ressent. Il me parle d’un état d’excitation et de son sexe qui bande et me dit également qu’il n’a pas changé d’avis et qu’il ne souhaite pas chercher de la sexualité avec moi. Je suis vraiment heureuse qu’on soit aligné·e·s et que cette relation sensuelle nous convienne à tous les deux. Pour lui signifier à quel point j’ai du désir régulièrement pour lui, je lui propose un signe : et si je te pinçais à chaque fois que j’ai un pic de désir pour toi ? Deal.

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Le consentement sexy C’est une belle soirée de printemps, et on s’est retrouvé au bord du Canal à l’improviste. Lui, c’est un bénévole de l’asso que je dirige, le bénévole le plus important à l’époque, en fait. C’est aussi un ami, et quand il m’avait avoué son crush pour moi quelques semaines plus tôt, je m’étais dit que c’était trop risqué de tenter quelque chose, pour l’ambiance dans l’asso si ça foirait, pour notre jolie amitié aussi, même si j’étais en partie sensible à son charme et à ses qualités. On est là, posés au bord de l’eau, on papote, le soleil se couche dans un beau dégradé de roses et d’oranges, et là il me dit « C’est étrange, parce que c’est le moment parfait et j’ai vraiment très envie de t’embrasser, mais pour ça il faut que je te demande ton consentement, et du coup ça casse un peu le moment ». J’ai réfléchi deux secondes et j’ai dit « tu l’as, mon consentement ». Cette demande, c’était sexy ! Ça m’a donné envie de l’embrasser, alors que s’il avait essayé physiquement, je l’aurais sûrement repoussé, ou en tout cas j’aurais été gênée. « Oh vraiment ? » m’a-t-il répondu, avec un air de surprise adorable. Et puis devinez quoi, on s’est embrassé. C’était très agréable. On n’a jamais recommencé. Trois ans plus tard, on est toujours ami·e·s et c’était l’un des rares invité·e·s de mon mariage. C’était le consentement sexy en une leçon.

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Consentement médical - chez la gynécologue On entend beaucoup parler de violences médicales, gynécologiques, etc., ces dernières années, et c’est important que la parole se libère sur ces sujets !
 Heureusement, il existe des praticien·ne·s de santé géniales !
 Je suis suivie par une sage femme pour ma contraception et ma santé en général. À chaque rendez-vous, que ce soit un checkup, une pose de stérilet, etc, avant de faire quoi que ce soit, elle me dit exactement ce qu’elle va faire (ex : pose du speculum), et me demande de lui dire quand je suis prête et qu’elle peut commencer. Elle me demande aussi si je souhaite une couverture pour être plus à l’aise, ça peut paraître anodin mais ça permet un tout petit peu d’intimité dans ce contexte de mise à nue totale.
 Une fois que je suis ok pour qu’elle commence, elle me redis à nouveau ce qu’elle fait en même temps, m’avertit quand ça peut faire mal, check régulièrement si ça va pour moi. Je sais ce qu’elle fait, qu’il y a une écoute et ce n’est pas un moment désagréable, je sais que je peux lui faire confiance !

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Je m’interroge Je m’interroge sur mon rapport aux autres et sur le contact physique. Cette année particulièrement. En février, je demandais à mes clients s’ils acceptaient ma poignée de main en rigolant. En mars, je demandais à mes clients si je pouvais enlever le masque dans leur bureau, à l’abri des regards. En juin, une inconnue m’a tendu la main, je n’ai pas osé refuser sa poignée de main malgré ma gêne. En 2020, je n’ai pas fait une seule bise à mes parents, ni mes grands-parents. En 2020, j’ai consenti à recevoir des bises par peur / gêne de refuser. En 2020, j’ai refusé de donner des bises “pourquoi avoir un contact physique avec un inconnu?” En 2020, j’ai enlacé des ami·e·s, j’ai embrassé des amants, parfois nous avons même fait l’amour sans nous connaître. C’est pas que j’aime pas la bise ou le contact physique, c’est que je l’aime pas avec des personnes que je ne connais pas, avec des personnes avec qui il n’y a pas de lien émotionnel. J’aime le contact physique pour saluer quelqu’un à qui je tiens, quelqu’un que je viens de retrouver ou de qui je me sépare, pour clôturer une discussion importante, pour remercier l’autre de son écoute, de son partage, de son aide, pour apporter du réconfort ou des soins à un·e ami·e, ou pour répondre à un besoin de tendresse, à du désir. Mais parfois je n’ose pas, j’ai peur de faire un geste que l’autre ne consentirais pas, j’ai peur de demander et de recevoir un NON alors je ne bouge pas.

27.


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Dix Sept Je suis à un week-end teuf avec une amie dans un coin de France où je n’avais encore mis aucun pied. Grosse bande de potes (que je ne connais pas), fumette, picole, jeux, piscine, été. J’ai pas trop envie de boire. Je connais à peu près personne, et finalement même cette amie je la connais depuis peu. Et je ne saurais même pas dire où je suis sur une carte de France. On est dans la forêt ou en tous cas, un endroit verdoyant. On m’a emmené en voiture. Je ne sais pas où est le prochain habitat habité. Y a un gars qui est avenant avec moi, il me sourit. Bon un faisceau d’indices fait que je dirais qu’il me drague. J’ai pas vraiment envie, mais en même temps (attention, là arrivent les excuses à mon comportement pas assez NON) c’est une opportunité dans un milieu inconnu quand quelqu’un vient vers toi. Alors je joue un peu le jeu. Jeu. Un bon moyen de sympathiser. Je vais assister au jeu en cours : le touché-coulé alcoolique. Je fais l’arbitre, comme ça je m’intègre aux activités sans vraiment prendre part et boire. Lui il vient aussi, il veut jouer en équipe avec moi. Je dis non. 1 fois, 2 fois, peut-être 3. Et puis je veux pas non plus être la meuf qui veut pas boire, qui veut pas draguer, qui veut pas jouer ? Je sais pas. Je joue. Touché coulé avec des shooters sur les bateaux. On a perdu, vite fait bien fait. Donc en 10min j’ai bu des shooters de vin rouge, whisky, rhum ou je ne sais plus quoi… Et oui on trouvait ça judicieux les mélanges… 22h. C’est le début du concert. Je danse 5 min. Je vomis. 1 fois. Le lendemain ma pote me racontera que le mec m’emballait... avant que je vomisse ? Entre deux vomis ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Je n’aurais pas su en fait si elle me l’avait pas dit. Ma pote et d’autres dont lui vont me coucher. Alors voilà, direction camping. Là-bas, je sais pas. Je suis allongée sur mon tapis de sol devant ma tente. Il reste avec moi. En fait il m’embrasse je crois. À un moment je suis rappelée dans le présent, dans mon corps. Pour dire Non.

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Qu’il m’enlace et me tienne chaud quand je suis dans le mal me va bien, qu’il me tripote alors que je comate plus ou moins passe encore, mais sentir son pénis au contact de mon pubis. Non. Mon esprit revient pour arrêter ça. Après je ne sais pas, je ne sais plus. Peut-être qu’il a rejoint la soirée. Peut-être qu’il est resté. Je me souviens du lendemain. J’ai compté. J’ai vomi 17 fois. Je suis restée allongée dans l’herbe toute la journée, m’accrochant à la surface du sol. Avec quelques tentatives d’assises, quelques tentatives d’ingurgiter... pour mieux régurgiter. Bon 17 vomis, vomis est un bien grand mot quand l’estomac est vide. 17 rejets ? En tous cas moi j’étais dans le mal, et j’étais presque désolée pour lui, avec qui j’avais partagé de la salive, de ne pas être disponible. J’acceptais ses bras, ses étreintes, les sensations physiques présentes autres que l’acidité intérieure. J’étais éreintée. Ensuite, pendant 1 semaine, j’étais à l’envers. Je n’arrivais pas à manger sans remontée acide. Que nul ne rentre. 1 ou 2 ans plus tard, avec metoo, j’ai capté. J’ai capté ce qu’il avait fait. J’ai capté que c’était pas ok d’entamer une relation sexuelle avec quelqu’une qui ne tient pas debout, qui vient de vomir sa life. J’ai capté ce que personne n’a remarqué pendant la soirée, même pas moi. J’étais dégoûtée d’avoir été si gentille avec lui le lendemain. Y a pas longtemps, j’ai réalisé que j’ai peur des états de conscience qui m’empêcheraient de pouvoir bouger, de dire non rapidement. Une anesthésie générale ? Une séance profonde de méditation ? …

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Qu’est ce que le sexe ? Avec Lou nous avons décidé d’arrêter d’avoir des rapports sexuels. Mais la notion est encore floue pour nous. Nous adorons nous câliner et nous embrasser. Alors hier nous nous sommes dit que ce que nous voulions était une relation plutôt sensuelle/érotique. Mais où se trouve la frontière entre l’érotisme et la sexualité ? Est-ce que la limite serait le toucher / l’utilisation de nos organes génitaux ? Sous nos bisous nos corps s’échauffent, nos sexes se lubrifient, nos corps se mettent en mouvement. Pourtant on sait qu’on n’a pas envie de rapport sexuel alors on pose des limites. - “Je peux enlever mon T-shirt?” - “Oui pas de soucis” - “Je peux enlever mon short?” - “Ok, ça ne me dérange pas.” - “Tu sais que je peux avoir un orgasme rien que par frottement, ça te dérangerais ? Est-ce que ça serait du sexe ?” - “Non ça ne me dérange pas. Et moi je peux enlever mon pantalon ? ” - “Hum je préfèrerais pas, je sens qu’on va dépasser une limite” - “Ok tu as raison” 
 J’étouffe sous ses bisous, mes joues brûlent, j’ai trop de désir et les frottements de nos corps me font exploser. On en discute, est-ce qu’on a dépassé les limites fixées ?

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Vocabulaire Est-ce que je dis que je fais

du sexe ? des échanges affectifs ? des interactions sexuelles ? des câlins ? de la tendresse ? des touchers génitaux ? des trucs sous la couette ?

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GES : A N G I MINI -TÉMO FAIRE DU SEXE C’EST QU

OI ?

À la coloc, on discute sexualité : Moi : “À partir de quel moment tu considères que tu rentres dans une relation sexuelle ?” Lucie : “Waouuu c’est chaud, moi, parfois je fais déjà l’amour avec les yeux” Plus tard, dans un podcast “La relation sexuelle commence à partir du moment où une personne va créer le désir chez l’autre”. Conclusion pour Lucie : “Si ton regard crée du désir chez l’autre, alors effectivement c’est une relation sexuelle !”

Pour moi, si ce qui se passe génère une image de sexualité en moi, c’est une pratique de sexualité. Le harcèlement sexuel c’est une forme de sexualité que l’on impose à une autre personne J’ai des images de sexualités, ok, mais l’autre n’a pas consenti à ce que je les dise.

L’escalator ou Sexcalator C’est penser que les gestes lors d’un calin arrivent selon un schéma préétabli et non arrêtable. ”Si tu tiens la main, tu embrasses, si tu enlèves tes fringues, il va y avoir pénétration, etc.” Ben non, je veux pouvoir arrêter sans avoir de craintes, revenir, changer, parler, il y a une diversité de trucs à faire, ceux qui semblent simples et communs peuvent être les plus réjouissants.

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L E DE RNI E R T R

UC

QUE J’A

IA

DU CO U SUJET PPRIS A

NSENTEMEN

T ET QUE J’AI ENVIE DE MET

TRE EN PLACE

Souvent ma mère me fait des conversations, que depuis peu j’appelle non consenties. C’est long, c’est quand je suis occupé·e. Je me barre fissa en disant ”salut j’y vais”.

J’ai réalisé que je ne peux pas donner une définition de ”la culture du consentement”. Mais plus je parle de consentement, plus j’ose clarifier des limites et proposer des trucs sans être frustrée par un non, plus je trouve ça chouette. C’est ma culture personnelle du consentement.

La voix c’est un bon vecteur de communication, c’est efficace. Dire ”je peux ?” à un personne. Mais c’est pas très incarné, pas dans le corps. Pour le consentement c’est un très très bon outil, mais dans le long terme ça peut pas être le seul schéma à répéter. Donc je suis parti sur l’idée de faire des accords avec cette personne pour certains gestes, savoir qu’ils sont révocables bien sûr. Voilà, j’essaye.

La zone grise C’est quand il y a un flou dans mon désir, que ne je suis préoccupée par d’autres trucs, que je suis qu’à moitié partante. Je dis alors ”là je suis dans la zone grise, on peut parler, on peut changer de geste ?”

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16 septembre 2020 - Nantes Place Royale Action des colleuxses nantais·es ”Je te crois”

A. m’a fait part de cette action et m’a proposé d’y participer.
 C’est un rassemblement en mixité choisie, sans hommes cis*. Chacun·e porte un témoignage d’agression et/ou de violences sexuelles, anonyme ou non, lui appartenant ou pas. Pour ma part, je porte un témoignage d’une personne que je ne connais pas, je ne pensais pas avoir de témoignage à partager de ma vie alors j’en porte un pour cette personne qui n’en a peut être pas la force. Je ne me souviens plus de ce témoignage d’ailleurs.
 Nous étions des dizaines, toustes alignées sur quatre ou cinq longues rangées, comme rangées dans un bataillon de soldats. Silencieu·x·ses. Une prise de parole au début puis plus un mot durant une demi-heure.
Les mots des pancartes étaient si forts qu’ils brisaient ce silence. Les gens déambulaient entre nous, les visages froids par ces témoignages souvent glaçants. Certaines personnes venaient enlacer des adelphes* par empathie. Des adelphes* s’écroulaient parfois, ne pouvant plus tenir ce témoignage trop lourd, des passant·e·s venaient les relever. Des larmes roulaient sur certains visages. Pas un mot ne venait briser ce moment de force commune. Ce moment sacré. Temps suspendu au milieu de la rue. J’ai été si déstabilisée ce jour là.

* définitions de ces termes p.55

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Plus le temps s’écoulait, plus je comprenais. Je comprenais que oui, moi aussi j’avais finalement un témoignage. Que moi aussi, j’avais subi des violences de la part de quelqu’un que j’avais aimé. Que ce n’étais pas ma faute. Que je pouvais le dire. Que j’étais légitime. Que je ne dirais pas ça « pour attirer l’attention ».
 J’ai compris mes blocages, les excuses que j’avais créées pour sortir de cette relation, ces scènes tournant dans ma tête. Non, ce n’était pas normal.
Je suis partie le cerveau retourné, plein de choses me revenaient en tête, plus d’un an après cette rupture mutuelle.
Pendant toute la durée de l’action mon cœur chavirait entre tristesse, empathie et colère, puis après, ce vide. Le vide d’être en train de refaire émerger quelque chose que je pensais réglé.
Sensation étrange d’un cœur noué en apnée.
 Je suis tellement reconnaissante à cette personne de m’avoir proposé de me joindre à elle pour cette action, et au collectif pour tous ces m[aux]ots qui m’ont fait comprendre tant de choses simplement durant ce moment.

Photographies de l’action par @mizuki_hotto_nantais.e.x - photographe militant.e.x

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Témoignages croisés d’un instant sensuel De passage éphémère à Lyon, Chénopode écrit à Achillée pour la revoir et squatter la nuit chez elle. Iels se sont rencontré·e·s 5 mois plus tôt lors d’un chantier participatif et en tout, se sont cotoyé·e·s dans les mêmes endroits pendant douze jours, ont dormis plusieurs fois ensemble sans jamais n’avoir ni de sexe ni de baisers. Chénopode est habitué à vivre des évènements “sex-po” (de sexualité positive, voir page 52 du recueil) et c’est après en avoir parlé avec lui qu’Achillée décida de participer à son premier. Chénopode a très envie qu’Achillée lui en parle, iels en discutent en mangeant, se racontent leur été et leurs réflexions du moment. Plus tard, Chénopode se dirige naturellement vers la chambre d’Achillée pour charger son téléphone, puis se retourne « oh désolé, j’ai spontanément imaginé qu’on allait dormir ensemble sans te demander ». Achillée : j’aime la légèreté avec laquelle il pose le constat et la question. A ce moment je sens que c’est complètement ok pour lui si je réponds que je n’en ai pas envie. Elle lui expose les autres possibilités mais termine par « avec joie pour qu’on dorme ensemble »... Chénopode : dormir ensemble, c’est pour nous un espace de discussion en caresses, un espace de confiance qui permet l’initiative de vagabonder sur nos corps en touchers différents. La confiance est double : tu me fais confiance pour t’écouter, je te fais confiance pour convoquer tes limites. Iels sont dans le lit et commencent doucement à se faire des câlins. Achillée raconte ses dernières expériences tactiles et de consentement. Les touchers de l’une et de l’autre évoluent en caresses, sans doute qu’elles passent à beaucoup d’endroits du corps sans aller s’aventurer vers les parties génitales, comme s’il y avait une règle implicite à ce jeu de touchers.

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L’une ou l’autre propose de prendre le temps de verbaliser les désirs et limites respectives, de fixer les règles et les intentions. Ni l’une ni l’autre n’ont envie de touchers génitaux, c’est la même règle devenue explicite. Et le but du jeu est de provoquer le désir et des sensations chez l’autre. Iels connaissent et partagent, grâce aux évènements “sex-po”, des codes tactiles pour exprimer les limites. Achillée a à l’esprit : “Je sais que si j’use de la double tape, il arrête le geste qui me dérange.”. Achillée : “je te parle du désir…” Viennent des petites morsures “ … pas du désir de quelque chose en particulier ...” Des bisous et des léchés de langue “... de l’état de Désir.” Le rythme des touchers s’accélère et les pressions sur la peau sont plus fortes. Chénopode : je bande métal et quand je presse plus fort ta peau, c’est que l’excitation m’a prise. Mais ce n’est pas désagréable de ne pas la consommer et d’utiliser cette énergie sans qu’elle ne me dirige. La main de Chénopode entoure la gorge d’Achillée, “c’est la première fois que je laisse quelqu’un me serrer fort le cou. C’est un signe que je suis pleinement en confiance et finalement j’aime bien cette pratique.” L’interaction est un mélange de rire, de discussion, de désir, de découverte (la main qui enceint la gorge) et c’est Achillée qui verbalise son envie d’y mettre fin. Mais avant de dormir, iels concluent par une pratique dont tou·te·s deux sont familières et considèrent importantes : la “déclusion”. C’est à dire exprimer à tour de rôle son ressenti, ce qu’iels ont aimé et ce qu’iels n’ont pas aimé. Fatigué·e·s, iels peinent à longuement décrire, et termineront cette déclusion le lendemain. Ce qui ressort de ce soir là est : « j’étais en confiance avec toi ». « Pareil ».

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GES : A N G I MINI -TÉMO

B DE

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RIE

F

RI DEB

EF DE

BRIE F

Debrief ! pièce maîtresse de mon approche du consentement. Après avoir fait l’amour, je prends souvent un temps de debrief avec la personne (en l’initiant la plupart du temps, j’avoue). Qu’est-ce que ça fait du bien pour la suite de la relation et des interactions sexuelles avec cette personne ! J’ai découvert ça en pratiquant le bdsm. Comment ça se passe ? D’abord, il y a des câlins doux, peut-être un temps pour soi seul·e, une attention envers l’autre si besoin, pour qu’on réintégre nos corps dans sa manière ”habituelle”, pour quitter tranquillement l’intensité du moment. Ça s’appelle l’Aftercare dans le milieu bdsm. Et à un moment je rebranche mon cerveau et bim, je lève la tête comme un petit animal ”ça te dit de parler ?”. Je dis ce qui m’a fait bizarre, ce qui m’a fait du bien, ce qui m’a fait rire, ce qui m’a questionné mais que je n’ai pas formulé, les trucs que j’ai découverts pour la première fois, ce qui s’est passé dans mon corps, ma tête ou chez ellui en l’observant, les trucs où je me suis senti·e ridicule. Ce qui suscite des réactions et réflexions chez maon partenaire. Je trouve ça beau comme moment, ça me réjouis. On peut s’indiquer des limites et se proposer des trucs pour la prochaine fois : ”En fait j’étais heureuse de garder ma brassière et que mes seins soient pas sexualisés aujourd’hui.” ”En fait mes fesses ne s’appellent pas un boule, ça réveille un complexe sinon”. Donner un espace pour parler des merdes qu’on a pu vivre ou faire aussi. En fait ça consiste à parler de trucs que j’étais trop occupée à ressentir pour intellectualiser et poser des mots dessus, des trucs que j’avais envie de partager pour me sentir en confiance pour la suite. Et me sentir en confiance c’est notamment sentir que l’autre s’écoute et s’épanouit. Ça peut s’appeler aftercare, déclusion, debrief, soin, etc.


LES RÉ FÉ R E N CE S

J’EN AI MARRE des films où on voit les gens s’embrasser sans un oui enthousiaste. Ça pourrait être non-verbal - iel s’avance, fais une pause, l’autre hoche la tête, sourit, se rapproche, et bim baiser ! Ça pourrait être verbal - ”je peux t’embrasser ?” aaah ça c’est sexy, Mais que l’un.e tombe sur l’autre avec brutalité, que l’autre se crispe puis se détende avec plaisir, c’est l’horreur. Il n’y a pas un seul rapport sexuel présenté comme bon et épanouissant qui ne soit l’occasion d’une discussion, d’une verbalisation des désirs de chacun.e, au sein des différents couples. Notre représentation de ce qu’est ou doit être un rapport sexuel évolue. Il suffit de voir aujourd’hui À bout de souffle (1960) pour constater à quel point nos intuitions morales sur ce qu’est la bonne sexualité se sont modifiées; j’ai montré le film à des étudiant.e.s qui y pointent à raison des agressions sexuelles répétées. Or, pour la génération de mes parents, À bout de souffle était un film vraiment sexy, et le personnage joué par JeanPaul Belmondo, un homme à femme génial ! Ces scènes cinématographiques si fréquentes durant lesquelles un héros plaque contre un mur une femme - qui cède après s’être débattue car en fait elle adore ça…-, on en voit heureusement de moins en moins. Tout l’enjeu est d’érotiser l’égalité, comme on a pu jadis érotiser la domination. Manon Garcia, écrivaine de La conversation des sexes, philosophie du consentement ed. Climats Propos recueillis par Juliette Cerf pour Télérama

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Le jour où j’ai appris à dire non - témoignage d’homme cis Je crois que je me souviendrais toute ma vie du jour ou j’ai appris à dire non. Le jour où j’ai assumé de ne pas avoir envie. J’étais chez une conquête. Je savais qu’on se plaisait, et j’avais très envie. J’y allais presque pour ça en fait. On a discuté toute la soirée, et en fait au fur et à mesure, j’avais de moins en moins envie. Au milieu de la nuit, je crois qu’elle s’impatientait un peu. Alors elle m’a dit qu’elle allait se coucher. Je l’ai accompagnée vers sa chambre sans conviction. Au moment de rentrer dans sa chambre, je lui ai dit que j’allais partir. C’est sorti tout seul. J’avais juste pas envie. Elle n’a pas compris, je dois dire que moi non plus sur le moment. J’ai même un peu regretté mais en fait non, j’avais pas envie.

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T’inquiète pas, c’est normal

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Adolescente. Je suis encore vierge - vierge d’une pénétration avec un pénis. Un mec de ma classe me plaît. Un soir, on fête l’anniversaire d’un ami. Il est là. On boit. L’alcool aidant, on se rapproche. On s’embrasse. On s’éloigne dans les champs. On commence à se toucher. J’ai pas le temps d’être excitée qu’il me pénètre avec ses doigts. Moi : « ça me fait mal ». Lui, sachant que je suis vierge : « T’inquiète pas, c’est normal ». La suite je ne m’en souviens pas mais ce qui est certain c’est que pour rien au monde je lui aurais donné ma première fois (ou première pénistration vaginale pour être précise). A l’époque, j’étais peu sûre de moi et surtout pas dans le domaine de la sexualité. Depuis, j’y repense et voilà ce que j’aurais aimé lui dire : « Le sexe c’est se donner mutuellement du plaisir, on est d’accord ? Alors mec, d’où tu sors que « ça fait mal » « c’est normal » ? » PS : Retiens que quand je te dis « ça me fait mal », en fait je voulais dire « non, pas comme ça mais tu peux essayer autre chose ».

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GES : A N G I MINI -TÉMO MOTS AUX MAUX Légitimité La phrase qui me reconnecte à moi-même et me déclenche des larmes de ”aaah mais ouiii”, c’est ”tu es légitime”, ”Tu es légitime de ressentir ces émotions et ce malaise.” ____TW____

Emprise À 18 ans un mec m’a donné de l’attention. Il m’a dit ”je veux pas que les autres hommes voient tes tétons, porte un soutif”, ”on mets pas de capotes”, ”avec moi on fractionne pas la drogue.” J’étais jeune, j’avais trop besoin d’un amoureux à cause de la société. À cette première personne qui m’a donné de l’attention, j’ai dis ok. Une attention mignonne > je surréagissais > j’acceptais des trucs pas acceptables. ”eh, qu’il te traite bien, c’est normal en fait, c’est ça la chose normale” me disaient mes potes. Après j’ai aiguisé mes redflags, maintenant je les sens venir à des kilomètres, ces types. Biais de pouvoir J’ai réalisé que l’emprise, le charisme ou le statut dans un groupe d’une personne pouvait beaucoup influencer sur mes choix. ”Désirer les hommes puissants, les bad boys” oh comme j’aimerai arrêter. Avoir ce mot, biais de pouvoir, dans mon vocabulaire m’a aidé à comprendre différentes situations vécues. Parler des biais de pouvoir, c’est aussi l’occasion de me dire que moi, et mes potes on pouvait merder. Qu’en devenant expérimenté·e·s ou plus agé·e·s, on n’avait qu’à tendre la main quand une personne fragile s’approche de nous.

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Hystérie Un mec a mis sa main dans ma culotte alors que je dormais chez lui, j’avais explicitement dit que je ne voulais pas de choses sexuelles, que l’on s’embrassait, point. J’ai été très triste et pendant une semaine, j’ai demandé pardon à mon corps de lui avoir fait vivre ça. Et des années après j’ai compris que j’avais retourné la faute vers moi. Faire exister la rage en moi, c’est rare. Quand j’ouvre les vannes, je réalise que j’ai la rage envers la société entière, que je suis une hystérique, et que c’est une fierté.


En fait j’ai connu le désir super tard dans ma vie je crois que c’est quand même un truc de consentement

J’étais consentante mais c’était nul c’était nul parce que j’étais pas désirante d’eux

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Désormais, je veux désirer J’ai longtemps cru que le désir de la femme et son plaisir étaient des choses insaisissables, mystérieuses, qu’on ne les provoque pas, qu’ils s’imposent d’eux-mêmes, ou pas. À l’inverse, je voyais dans la sexualité des hommes quelque chose de systématique, de mécanique, de nécessaire. En couple, passé la phase excitante de découverte des corps, je m’astreignais donc à une sexualité régulière pour satisfaire lesdits besoins de mon partenaire, par-delà mes propres envies. Un “devoir conjugal” que j’exerçais pour leur plaisir, mais aussi par crainte de ne plus être à la hauteur, qu’ils se lassent, qu’ils se barrent, avec une autre de surcroît. Mais ça, sur le coup, je ne le conscientisais pas vraiment. Plutôt, je culpabilisais de mon manque d’appétit sexuel. Au lieu de l’inviter à prendre le temps de réveiller le désir en moi, je me transformais en machine à faire bander - éjaculer. J’ai développé tout un tas de recettes pour cela : cambrer le dos, faire des bruits langoureux, sucer en le scrutant d’un regard brûlant, etc. En simulant c’est aussi moi que je tâchais d’exciter. Mais plus je me soumettais à cet exercice, et moins j’entrevoyais d’onces de désir en moi. Dans ma dernière relation longue (3 ans, un record !) j’ai mis en place ce mécanisme assez tôt. Rapidement, je lui en ai même parlé. Au début, nous appelions ça, de manière tout à fait légère et détachée, des “petits viols”. Ils étaient d’abord occasionnels car il m’arrivait encore de le désirer. Mais petit à petit, ils ont pris plus de place. J’en étais arrivée à me dégoûter. Pourquoi est-ce que je m’infligeais ça ? Je me souillais toute seule. Souvent, j’avais mal, mais je fermais ma gueule. Je ne mouillais plus, je pensais que c’était de ma faute. J’ai un utérus rétroversé, la levrette me fait mal. Il m’a fallu du temps pour ne pas voir ça comme un problème mais juste comme une particularité à connaître et à communiquer.

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Le quitter, il y a maintenant un an, a été une libération. Une nouvelle vie s’est offerte à moi, avec de nouv·eaux·elles ami·e·s qui m’ont ouvert sur le féminisme. Je m’en suis toujours sentie proche, sans vraiment creuser la question. C’est prendre conscience de tout ce que je m’imposais qui m’a fait réaliser la nécessité d’une vague féministe globale. Non ! Les hommes n’ont pas biologiquement plus de désirs que les femmes. Leur liquide séminal se renouvelle de lui-même. Oui ! J’espère désormais jouir chaque fois que je fais l’amour. Femmes, nous avons même un organe spécifiquement dédié au plaisir. Depuis peu je me masturbe librement, sans culpabiliser. Avant mes 28 ans, je ne savais pas me donner d’orgasme avec mes doigts. Je découvre que j’ai des fantasmes, que ma sexualité n’est pas binaire. Je découvre que mon corps n’est pas régi par de mystérieux phénomènes qui me dépassent, mais que, comme un homme, je peux développer des mécanismes simples qui me font jouir. J’apprends à communiquer mes envies à mes partenaires, ce n’est pas facile et je me surprends encore parfois à me forcer à faire l’amour. Je me questionne sur les frontières de la simulation. Quand est-ce que je le fais pour moi ? Quand estce pour l’autre ? J’essaye, plus ou moins subtilement, d’orienter l’autre : “Regarde : mon clito il est là !”, “Si on allume la lumière, tu verras mieux”. Je n’ai toujours pas le courage de dire que je me suis fait chier. Je sais pourtant que le faire est une belle action féministe. Au pieu, on reconnaît un homme dont la sensibilité à notre plaisir a été éveillée, et je remercie toutes celles qui ont oeuvré en ce sens. Le chemin est encore long pour moi. Consentir ne me suffit plus, désormais je veux désirer. Au numéro vert du Collectif Féministe Contre le Viol*, les victimes culpabilisent parfois de ne pas avoir dit un non clair, elles peinent à reconnaître qu’elles n’ont pas consenti. Les écoutantes leur demandent alors “Est-ce que ça a fait un grand oui en vous ?”. C’est ce OUI que je vais désormais tâcher de suivre, et plus ce timide et réfractaire ok. * (viols femmes informations : 0 800 05 95 95)

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Premier amour

Aujourd’hui, j’ai bientôt 30 ans... Et à l’aube de ce nouveau tournant, je me remémore avec toujours autant de gratitude et de tendresse mes années passionnées avec mon premier amoureux. Aujourd’hui, c’est avec les larmes aux yeux que je comprends que malgré notre jeunesse il a toujours cherché mon consentement. OUI, j’affirme que notre intimité d’adolescents a été consentie pleinement! Il y a 16 ans, il m’a dit qu’il ne voulait pas être le premier à connaître mon intimité car, pour lui, c’était un privilège que je devais m’accorder à moi-même. Il y a 16 ans, il m’a dit qu’il n’aurait jamais laissé quelqu’un d’autre que lui même se toucher intimement le premier et qu’il n’avait pas envie de m’enlever ce privilège. Il y a 16 ans, il m’a demandé s’il pouvait être le second à découvrir mon corps. Pendant 2 ans, il m’a poussé à apprendre à me connaître moimême. Pendant 2 ans, il m’a permis d’apprendre à me connaitre avec quelqu’un d’autre. Pendant 2 ans, il m’a répété qu’il était important d’apprendre à se connaître pour savoir ce que l’on voulait. Aujourd’hui, j’ai bientôt 30 ans... Et à l’aube de ce nouveau tournant, c’est avec les larmes aux yeux, que je dis “OUI” j’ai consenti à partager ma première relation intime avec un mec incroyable et respectueux.

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Le dire

C’est le début de l’été, je suis à un festival où je me sens particulièrement bien. Les concerts se terminent et je prolonge la soirée accoudée au bar, entrainée par de légères et joyeuses conversations, au hasard des rencontres. Au milieu de l’une d’entre elles, un homme (que je n’avais jamais remarqué avant) arrive et se joint avec le plus grand des naturels. Il se met à côté de moi. Rapidement, je remarque qu’il lui arrive de me lancer des regards, sans lien apparent avec ce qui est en train de se dire. Il est blanc, grand, beau, et ce soir-là arbore un fier torse nu. Je me fais la réflexion que rien ne doit beaucoup lui résister dans la vie, et qu’il le sait probablement. Presque par principe, et car il est beaucoup trop tôt pour moi pour savoir si j’ai envie de rentrer dans un jeu avec lui, je fais mine de ne rien voir. La conversation continue de battre son plein. Cela ne semble pas le décourager. D’un seul coup, je sens une main, une des siennes, toucher mon dos. Je réagis au quart de tour : - Qu’est-ce que tu fais là ? - Rien, je… J’avais juste envie de me rapprocher de toi...

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Je bouillis : - Euh… non mais… je ne suis pas un objet… que l’on peut prendre par surprise dans ses mains, parce que l’on en a envie ! La conversation s’arrête et tous les regards se tournent vers nous. Il me propose d’aller un peu plus loin pour poursuivre notre échange. - Excuse-moi, je ne voulais pas t’agresser. J’essayais au contraire d’être doux, de tâter le terrain sans mettre de pression... - Oui enfin, on ne se connaît absolument pas ! Je ne sais même pas comment tu t’appelles. Tu peux te mettre à ma place 2 secondes ? Imaginer comment peut se sentir une femme touchée par un inconnu, par surprise de surcroit ? La peur qu’elle peut avoir d’être abusée physiquement, ou agressée verbalement si elle ose dire quoi que ce soit ? - Je suis désolé… Oui, tu as raison. C’était déplacé. Je… Je n’ai pensé qu’à moi. Silence. - Je n’aurais vraiment pas du faire ça. Mais parfois j’ai tellement envie que les choses soient simples, directes. J’ai envie de sentir les choses et de les faire, sans y réfléchir. Aujourd’hui il faut s’assurer du consentement pour tout. J’ai l’impression que l’on ne peut plus rien faire spontanément. En tout cas moi, je me sens bloqué, je ne sais plus comment faire. - On ne peut plus rien faire sans s’assurer que cela convienne à tout le monde, et c’est peut-être une bonne chose ! C’est normal en fait, c’est l’inverse qui ne l’est pas, qui n’aurait jamais du l’être. Silence. - Dans cette situation, ce qui aurait été agréable pour moi, ça aurait été que l’on discute un peu ensemble, et si ça se passait bien, au bout d’un moment, que tu me dises quelque chose comme « J’ai envie de me rapprocher de toi ». Sans rien m’imposer, même pas le fait de te répondre. Juste ouvrir un

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nouveau possible entre nous, suggérer une nouvelle dimension. - Ah bon ? Pendant quelque secondes, j’ai l’impression qu’il réfléchit et se projette des films dans sa tête. - Je crois que n’avais jamais pensé à dire à quelqu’un ce dont j’avais envie. De manière aussi directe et précise. - Oui, ce n’est pas très habituel. Il faut se l’imaginer, s’entrainer presque, pour trouver le courage de le dire. Mais si le contexte s’y prête, si ça arrive au bon moment, ça peut être très attirant. Excitant parfois, même. À l’inverse de ce qu’il vient de se passer. Silence. - Tu es en relation en ce moment ? On s’assoit et on commence à discuter. Un peu. Puis beaucoup. On prête une oreille attentive et tendre aux histoires de l’un et l’autre. Le temps file et nous sommes presque les derniers à être encore éveillés. - Je crois que j’ai envie de t’embrasser, lâche-t-il après un regard complice, et cette fois-ci, définitivement partagé. Je sens alors, le battement léger, mais assuré, des ailes d’un papillon qui s’élance dans mon ventre...

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RESSOURCES L’édition de la brochure nous a plongé·e·s dans le grand bain des ressources sur le sujet, ici nous t’en partageons quelques unes qui nous ont beaucoup inspiré·e·s :

EN VIDÉO : La célèbre analogie avec la tasse de thé, courte vidéo très parlante, à partager ! Le consentement avec un thé (Tea consent, version française) sur Youtube.

EN PODCAST : Série OK/Pas OK, série des jeunes qui parlent aux jeunes de consentement : https://www.onsexprime.fr/Sexe-Droits/Le-consentement/Temoignages

DES BROCHURES LIBRES DE DROITS - SUR INFOKIOSQUES.NET : NON c’est non - Petit manuel à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire : https://infokiosques.net/spip.php?article643 Le consentement : 100 questions sur les interactions sexuelles : https://infokiosques.net/spip.php?article659 Apprendre le consentement en 3 semaines : https://infokiosques.net/spip.php?article1121 Apprendre le consentement en 3 semaines - le cahier de vacances : https://infokiosques.net/spip.php?article1315 Soutenir un·e survivant·e d’agression sexuelle : https://infokiosques.net/spip. php?article793 Consentement.s, le premier recueil : https://infokiosques.net/spip.php?article1799

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BD ACCESSIBLE SUR INTERNET http://elisegravel.com/blog/consentement-explique-aux-enfants/

DES SITES INTERNET ET COMMUNAUTÉS : Association de soutien aux victimes “Je suis indestructible” site web et page facebook Sexe et consentement, organisation qui forme et crée des outils sur le consentement Consentis.infos, sensibilisation au consentement, lutte contre les violences sexuelles dans les milieux festifs Sx+ francophone monde, groupe privé Facebook sur le sex-po

DES COMPTES INSTA FABULEUX : @sexysoucis, vidéos sur plein de sujets sexo et consentement, par une association engagée pour la réduction des risques et la santé sexuelle @orgasme_et_moi, tenu par Charline Vermont, éducatrice à la sexualité positive, qui a sorti Corps, amour, sexualité, un livre à destination des enfants @lasexovie, conseils sur plein de sujets sexo @la_chatoyante, compte instagram d’une sex ed (éducatrice à la sexualité) et sexologue en formation @consentiment, compte créé fin août 2021 par trois femmes de 17/18 ans, composé de témoignages anonymisés

DES JEUX DE SOCIÉTÉ : Le jeu de cartes Sex Education Et les jeux Sexploration, créés par deux nantais·e·s : https://playtopla.com/collections/sexploration -> C’est pas tabou ! -> OK NOT OK - Le jeu de rôle du consentement

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LEXIQUE SEXE POSITIF/SEX-PO Déjà c’est quoi le sex-po ? Abbréviation de sexe-positif, c’est une culture et une philosophie qui inspire, informe et propose des sexualités et des rapports à la sexualité qui soient positifs, c’est à dire enrichissants, joyeux, beaux ou sources de bien-être. Cela étant rendu possible via la santé sexuelle, le consentement, la bienveillance et l’inclusivité. C’est aussi une communauté qui se rencontre lors d’évènements, où les participant·e·s peuvent expérimenter et pratiquer des temps de sexualité positive.

LES MOTS SOUVENT EMPLOYÉS Bris de consentement : Ne pas avoir respecté une limite explicite. Défaut de consentement : Ne pas avoir vérifié le consentement en amont. Zone grise : Chacun·e peut sentir sa zone grise à sa manière. Permet de présenter en un mot les hésitations, pressions, signaux internes ou externes brouillés. Endo-consentement : Sa capacité à se connecter à son consentement. Exo-consentement : Aider l’autre à exprimer son consentement. Check émotionnel : Prendre un temps pour se connecter à ses émotions et les formuler si envie. Par exemple : Est-ce que je suis lucide ? Fatigué·e ? Sous le coup des émotions ? Est-ce que je suis serein·e, enthousiaste, stressé·e ? Est-ce que j’ai peur ? Est-ce que je suis à l’aise avec la personne ? Si on me dit non, puis-je l’accueillir ? Consentement enthousiaste : Suis-je enthousiaste, simplement consentant·e, ou autre ?

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LES BIAIS DE CONSENTEMENT Un biais est une idée ou une dynamique selon laquelle ou lesquelles on doit (ou on a un très fort intérêt à) dire oui malgré une absence d’envie enthousiaste à faire quelque chose. On peut distinguer les biais de pouvoir ou d’écart de pouvoirs (en lien avec une personne ou un groupe) et les biais de relation à soi-même (lorsque l’on fait une action pour soi-même mais qu’une partie de ce qui se passe nous fait souffrir.). Exemples de biais de pouvoirs ou d’écart de pouvoirs : “cette personne a...” une position plus influente dans une groupe des privilèges dus aux oppressions systémiques des expériences de vie plus grandes une estime de soi plus forte etc. Exemples de biais de relation à soi-même ”Je veux me conformer et m’intégrer au groupe” “Je veux voir si je peux faire cette action” “J’agis pour le bien-être de cette personne, je souffre de la voir malheureuse” “J’agis pour rester en cohérence avec mes discours ou actions passées” /!/ Les biais peuvent se cumuler. De nombreux biais cognitifs et biais comportementaux existent aussi. >>>> Ce qui peut aider 1. S’assurer que toutes les composantes de l’interaction sont consenties à chaque instant. 2. Ralentir, prendre le temps de ressentir, d’écouter les parties de moi qui sont peut-être dans le doute. 3. Me dire que j’ai le temps pour vivre des choses et que le moment viendra peut-être plus tard.

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DANS LA LOI Harcèlement sexuel : Imposer à une personne toute forme de pression grave (de façon répétée ou non), de propos ou de comportements dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte sexuel (au profit de l’auteur des faits ou d’un tiers); et qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Agression sexuelle : Atteinte sexuelle sans pénétration, commise sur une personne avec violence, contrainte ou menace. Par exemple, un attouchement sexuel. Viol : Acte de pénétration sexuelle : vaginale, anale ou buccale (par le sexe/ doigt ou un objet...); commise avec violence, contrainte, menace ou même surprise (la personne n’a pas eu de soupçons). Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des violences physiques. Viols conjugaux ? Ce qui mène aux viols conjugaux, c’est souvent considérer qu’un mode de relation (la romance, le couple, etc.) est un engagement à donner son consentement pour des pratiques sexuelles.

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MINI-LEXIQUE QUEER Les questions souvent soulevées

Adelphe : Désigne un frère ou un soeur de manière non-genrée, non-binaire Non binaire (aussi abrévié NB, enby) : Personne qui ne s’identifie ni exclusivement au masculin, ni exclusivement au féminin. Cela comprend le fait de se definir en partie homme, en partie femme, les deux à la fois, entre les deux, ni l’un ni l’autre, etc. Toute personne non-binaire est légitime de s’identifier au terme trans(genre) si elle le souhaite, car la transidentité est le fait de ne pas s’identifier exclusivement au genre qui nous a été assigné à la naissance. Cisgenre (cis) : Le mot cisgenre définit les personnes qui sont en accord avec le genre qui leur a été assigné à la naissance. Qu’est ce que c’est être queer ? Il y a probablement autant de définitions que de personnes queers. Là où les définitions semblent se rejoindre : ne pas se conformer au système cis-hétéro patriarcal, être bizarre, fluide et/ ou non-conforme aux étiquettes. Le mot « queer » était d’abord une insulte homophobe visant les personnes racisées et précaires aux Etats-Unis qui les désignaient comme tordues, bizarres.

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CONCLUSION ANNONCE Le recueil est le fruit d’un travail collectif. Les auteurices de ces témoignages sont majoritairement des personnes diplômées, des personnes autour de la trentaine, des personnes de couleur dite “blanches”, des personnes dites “valides”, des personnes genrées femmes (malgré les sollicitations mixtes), des personnes majoritairement cisgenres et hétérosexuelles. Nous avons anonymisé les auteurices et les personnes citées dans leurs témoignages : aussi lorsque vous voyez des prénoms, ce sont des prénoms modifiés.

RESSENTI On est décu·e·s d’avoir récolté plein de témoignages de femmes qui parlent des difficultés à dire NON, à écouter un NON, et souhaitent s’améliorer, mais peu de témoignages d’hommes cis qui verbalisent, assument des merdes ou écoutent. En France, 94 000 femmes victimes de viol et/ou de tentatives de viol par an (arretonslesviolences.gouv.fr). Dans 91% des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. On peut lire des témoignages tous les jours sur les réseaux sociaux. Et pourtant, on entends pas la parole des agresseurs.

UN SUJET ENCORE TABOU ? La première brochure, on l’a imprimée et on l’a laissée traîné, à droite à gauche, dans des événements militants mais pas que. On a parlé de ce sujet bien plus qu’habituellement. Plus d’un an d’écriture, de lectures, d’échanges, de réflexions, de doutes, d’encouragements, qui nous ont permis de prendre conscience que : • nous étions hyper naï·fs·ves face à cette question du consentement • le sujet touchait chacun·e d’entre nous et de nos proches • les personnes touchées n’en étaient pas toujours conscientes • le sujet était hyper violent : à plusieurs reprises, des personnes nous ont exprimé leur incapacité à faire face à cette violence ou le mal-être que provoquait cette violence chez elles. Mais alors on s’interroge, que doit-on faire face à cette violence ? Cette impuissance et le tournis que provoque cette violence devraient-ils justifier la silenciation du problème ?

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QUI A PORTÉ CE PROJET DE BROCHURE ?

Salut ! moi c’est Paillette, je suis non-binaire, assignée femme, et je suis blanche. J’ai 26 ans, je traîne dans les milieux squat/queer/sexpo. Pour cette édition ado, j’ai envie de raconter que j’ai été élève dans un collège de 600 personnes en campagne, puis au lycée publique Descartes à Tours - un lycée plutôt bourgeois. Je suis arrivée sur le tard dans le collectif, lire le premier recueil de témoignages m’a donné un sentiment fort de légitimité, a éveillé un feu en moi et m’a donné envie d’écrire, de parler, et de mettre des choses en place pour me sentir digne. Enfin, s’il y a une phrase que j’aimerai dire à mon moi de 15 ans, c’est que la masturbation c’est beau.

Moi c’est Chouette, je suis une meuf cisgenre, blanche, j’ai un bac +5 et je suis en CDI dans le monde de l’entreprise. Depuis un an, je fais partie d’un projet d’habitat participatif, on a acheté un lieu en milieu rural à 8. Je me considère comme militante écolo féministe. Depuis quelques mois, je questionne mon rapport à l’exclusivité, au couple, au désir, au contact physique dans des relations amicales. J’expérimente différents types de relations - hétéro - sans étiquettes, “Philia plutôt que mania” dans lesquelles j’essaye de travailler sur le consentement.

Nous souhaitons remercier les personnes qui ont participé au projet et qui nous ont livré leurs témoignages ou illustrations de nous avoir fait confiance.

ET TOI ? Peut-être toi ? L’idée de ce projet est de favoriser la parole autour du sujet. Envie d’écrire ? de nous donner un avis ? de participer ? Tu peux nous écrire à consentements@protonmail.com


Ceci n’est pas un rapport scientifique ni une étude sociologique. Ce n’est pas non plus un manuel avec des bonnes réponses.

-------------------------> Tu y trouveras une sélection de témoignages que

l’on aurait aimé lire à 15 ans pour être mieux préparé·e·s, pour se positionner avec plus de confiance face à des problèmes de consentement. Cette brochure parle de consentements dans des nouvelles relations ou dans des relations de couple, de consentement avec des médecins, de bris de consentement dans des relations sexuelles. Mais tu y trouveras aussi des témoignages positifs qui évoquent des situations où le consentement a bien été vérifié, où le NON a été écouté... Certains de ces témoignages transmettent du vocabulaire, des idées de pratiques, des manières de voir et raconter les vécus - Bref des outils qui peuvent te parler dans tes relations ou dans ton rapport à toi-même.

Paillette et Chouette, Marlène en soutien Encore merci à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à ce recueil !!

brochure disponible sur internet, à imprimer, FB, INSTA, ISSUU

à diffuser, vive le photo-copillage déc 2021 nous contacter : consentements@protonmail.com


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