INTERVIEW DU QUATUOR HANSON INTERVIEW OF THE QUATUOR HANSON
Anton Hanson, Jules Dussap Violons
Gabrielle Lafait Alto
Simon Dechambre Violoncelle
Le Quatuor Hanson a remporté le Deuxième Prix du Concours de Quatuor à cordes en 2016. Les violonistes
Anton Hanson et Jules Dussap, l’altiste Gabrielle Lafait et le violoncelliste Simon Dechambre évoquent leurs souvenirs du Concours et le rôle de ce dernier dans leur transformation en un quatuor professionnel à part entière, qui effectue des tournées internationales.
Qu’est-ce qui vous a incité à vous inscrire au Concours de Genève ?
Gabrielle : Sa réputation, tout d’abord. C’est un concours important pour un jeune quatuor qui veut se faire remarquer. Nous connaissions aussi les lauréats précédents, comme le Quatuor Hermès et le Quatuor Armida.
Est-ce que vous étiez à l’aise avec le répertoire qui était imposé pendant le Concours ? Est-ce que vous l’aviez déjà dans les doigts ou est-ce que c’était l’occasion d’élargir votre répertoire ?
Jules : Je dirais que c’était les deux. Nous avions déjà interprété certaines des œuvres obligatoires, mais nous avons aussi dû en travailler spécialement pour le Concours, notamment la pièce contemporaine Billow, de Shoichi Yabuta, lauréat du Concours de Composition 2015. Il y avait également un bon équilibre entre les pièces imposées et les œuvres au libre choix – il est toujours bon de pouvoir mettre quelque chose de soi dans le programme. Nous avons pu présenter le 2e quatuor de Zemlinsky, une pièce géniale, rarement jouée, que nous avions beaucoup interprétée.
THE QUATUOR HANSON
2ND PRIZE OF THE CONCOURS DE GENÈVE IN 2016 BY CHARLOTTE GARDNER
Gabrielle Lafait Viola
Simon Dechambre Cello
Quatuor Hanson from France won Second Prize at the 2016 String Quartet Competition. Violinists Anton Hanson and Jules Sussap, violist Gabrielle Lafait and cellist Simon Dechambre talk about their competition memories, and the part the competition played in their becoming a fully fledged, internationally-touring professional quartet.

What was it specifically about the Concours de Genève that attracted you to apply?
Gabrielle: Its name, first of all. It’s a major competition for a young quartet to be able to make an impression at. We also knew of previous prizewinners, such as Quatuor Hermès and the Armida Quartet.
How did the set works fit with where you were as a quartet, in terms of how much did you already have under your fingers, and how much was giving you the opportunity to expand your repertoire?
Jules: I would say it was both. We had already played some of the obligatory works, but there were also quite a few we worked on specially for the competition, including the contemporary piece, Billow, by 2015 Composition Prize winner Shoichi Yabuta. It was also a nice balance between obligatory pieces and own choice – it’s always good if you feel you’ve also been able to put something of yourselves into the programme, and for instance we were able to bring the second Zemlinsky quartet, which isn’t often performed, but which is a great piece that we’d played a lot.
Participer à un concours n’est jamais dénué de stress, mais comment avez-vous vécu le Concours de Genève, de l’atmosphère générale aux détails pratiques, tels que l’hébergement et les infrastructures ?
Gabrielle : C’était très agréable. En tant que quatuor, nous sommes déjà une famille, et nous en avons rencontré d’autres, dont certaines que nous avions déjà croisées lors de masterclasses, d’académies, etc. Nos hôtes étaient géniaux aussi, donc c’était un environnement très confortable, comparé aux hôtels où l’on se sent parfois seuls et où l’atmosphère est plus froide.
Simon : Les salles de travail étaient incroyables. Le Concours occupait toute la Haute école de musique, donc on avait toujours un endroit pour répéter, pour prendre un café ou pour se détendre. Tout était très bien organisé. Tout ce que nous avions à faire, c’était de bien jouer.
Anton : Oui, tout était centré sur ce que nous devions faire. Je me souviens bien de l’équipe du concours ; même le Secrétaire Général du Concours, Didier Schnorhk, était présent. On sentait qu’ils étaient là pour nous aider et trouver des solutions.
Jules : L’accueil du public était tel qu’on n’avait pas l’impression d’être en concours, mais plutôt en concert.
Gabrielle : Une acoustique qui n’est pas sèche aide aussi à se sentir comme au concert et les différentes salles sonnaient très bien. Le Victoria Hall bien sûr, mais aussi la Grande Salle du Conservatoire.
L’expérience du Concours de Genève s’étend au-delà du Concours lui-même. Quels sont les aspects plus généraux de l’offre genevoise que vous avez trouvés particulièrement utiles ?
Simon : Le Concours de Genève est extraordinaire pour cela. Il y avait bien sûr l’argent des prix, mais on a aussi pu bénéficier de nombreux concerts grâce au Programme de Soutien aux Lauréats. De plus, nous avons pu suivre des workshops sur la manière de se promouvoir sur les
Taking part in a competition is never going to be entirely stress-free, but how did you find the experience of competing in Geneva, from overall atmosphere, to the practical details of accommodation and facilities?
Gabrielle: It was really nice. As a quartet, we’re already a family, and we were then meeting other families, some of whom we had met before through masterclasses, academies and things. Our hosts were super-great too, so it was a very comfortable-feeling environment, compared to being in hotels where sometimes you’re alone and it feels a bit cold.
Simon: The practice facilities were amazing. It was the whole of the Haute école de musique, so we always had a place to practice, to have a nice coffee, or to relax. Everything was so well organised. All we had to do was to play well.
Anton: Yes, everything was centred on what we have to do. I have a memory of the competition staff. Even people like Competition Secretary General Didier Schorhk were just around. You could actually feel they were there to help and to find solutions.
Jules: We also never had the feeling from the audience of being in a competition. It always felt like playing concerts.
Gabrielle: Another thing that helps it to feel more like a concert is when you’re not in a dry acoustic, and the different Geneva halls sounded so good. Victoria Hall of course, but also the conservatory’s Grande Salle.
The Concours de Genève experience extends beyond the competing itself. What wider aspects of the Geneva offering did you find particularly useful?
Simon: Actually, the Concours de Genève is amazing for that. There was of course career promotion via the prize concerts and money. Also though, we had workshops about how to promote ourselves on social media, how to write a biography, how to take pictures; even how to speak with organisers and dress onstage. Everything.
réseaux sociaux, d’écrire une biographie, de faire un shooting photo, de parler aux organisateurs, de s’habiller sur scène… C’était vraiment très complet.
Anton : Oui. Tous ces moments que nous avons pu prendre avec des professionnels pour réfléchir à tous les aspects d’une carrière d’artiste, ce que nous n’avions pas eu l’occasion de faire dans nos écoles de musique, et qui nous semblaient être un angle mort qui pouvait avoir un impact sur nos carrières. C’était agréable de pouvoir se concentrer entièrement sur ces sujets pendant quelques jours, avec les bonnes personnes.
Jules : Ce qui est vraiment très bénéfique, c’est la façon dont le Concours est impliqué dans votre carrière par la suite. Il nous a offert beaucoup de concerts et de conseils, et continue de le faire encore aujourd’hui.
Anton : Le Concours a également créé un lien entre nous et d’autres anciens participants, et ces liens ont été très importants pour nous. Par exemple, nous connaissions très bien Théo Fouchenneret, lauréat du Concours de Piano 2018, mais Genève nous a donné l’occasion de jouer ensemble [leur enregistrement de 2022 avec George Crumb est disponible chez B Records].
Dans le même ordre d’idées, en quoi le Concours vous a-t-il permis de progresser sur le plan artistique ? En particulier les choses qu’en 2016 vous n’aviez peut-être pas encore eu l’occasion d’apprendre ailleurs.
Anton : Le Victoria Hall a été l’une de nos premières grandes salles. Il est toujours bon pour un jeune quatuor d’avoir l’occasion de jouer dans ces grandes salles, car il faut de l’expérience pour s’y habituer...
Quelle est la chose la plus précieuse que vous ayez retirée du Concours ?
Jules : Je pense que le Concours nous a donné une certaine légitimité. Et donc la possibilité de faire beaucoup de choses. C’est bizarre, on ne joue pas beaucoup mieux que
Anton: Yes. All these moments that we were able to take with professionals to just think about all aspects of a performing career, which was something we hadn’t had the opportunity to do in our music schools, and felt like a blind spot for us – one that could actually impact on how the career went. So to have the space to focus entirely on these subjects for a few days, and with the right people, was really nice.
Jules: The other thing that’s been really special is the way the competition is involved in your career afterwards. It has given us a lot of concerts and advice, and continues to do so even now.
Anton: It has also created a link between us and other former participants, and these connections have been really important to us. For example, we know 2018 Piano Competition winner Théo Fouchenneret so well in life, but Geneva gave us the opportunity to play together [their 2022 George Crumb recording is available on B Records].
Continuing that thread, how else did you grow artistically as a result of the competition? Especially those things that back in 2016 you perhaps hadn’t yet had an opportunity to learn elsewhere.
Anton: Victoria Hall was one of our first really big halls. It’s always good as a young quartet to have opportunities to just go and try playing in these big venues, because you need experience to get used to them…
What was the most valuable thing you took away from the competition?
Jules: I think in a way it gave us some legitimacy. And therefore the opportunity to do a lot of things. It’s weird, you’re not playing a lot better than you were two months before, but it helps with getting concerts. Organisers start calling you because you got the prize. It even helped a lot with getting our first recording two
deux mois auparavant, mais ça aide à obtenir des concerts. Les organisateurs commencent à vous appeler parce que vous avez reçu le prix. Cela a même aidé à obtenir notre premier enregistrement deux ou trois ans plus tard [All Shall Not Die : Haydn String Quartets, lauréat d’un Diapason d’Or de l’année 2020, sous le label Aparté].
Gabrielle : Cela nous a aussi ouvert des frontières, en nous emmenant dans des pays où, sans prix, nous n’aurions pas eu d’ouverture. Nous avons joué en Espagne – à Barcelone –et plusieurs fois en Suisse. Nous avons également joué en Asie, bien que nous ayons malheureusement dû annuler des concerts à cause de Covid.
Jules : L’une des choses les plus précieuses que nous avons retirées du Concours est la confiance. Quand on est un jeune quatuor, on est plein de doutes, donc être lauréat d’un tel concours nous fait penser : « Ok, on a réussi ». Cela signifie également que vous pouvez penser à plus long terme. Vous avez maintenant un peu d’argent, vous pouvez donc vous demander ce que vous allez en faire, combien de concerts vous voulez, ce que vous voulez jouer, comment vous voulez jouer ? Et c’est formidable.


Avez-vous un souvenir particulier de votre expérience à Genève ?
Simon : La famille où Anton et moi étions hébergés avait une table de billard, donc tous les jours après avoir répété ou joué, nous nous entraînions au billard. Ou plutôt Anton s’entraînait contre moi, car je perdais tout le temps !
Gabrielle : J’ai apprécié tout cela, mais pour moi, c’était la Finale. C’était vraiment génial de monter sur la scène du Victoria Hall, et j'ai été tellement émue par l’accueil que le public nous a réservé.
or three years later [All Shall Not Die: Haydn String Quartets, winner of a Diapason d’Or of the Year 2020, on the Aparté label].
Gabrielle: It also opened borders for us, taking us to countries where, without a prize, we wouldn’t have had an opening. We played in Spain – Barcelona – and many times in Switzerland. Also in Asia, although unfortunately because of Covid we had some cancellations.
Jules: One of the most valuable things we took from the competition is confidence. When you’re a young quartet, you’re full of doubt, so a success at this type of competition makes you think, “Okay, we did it”. It also means you can think longer term. You now have a little bit of money, so you can think about what do we do with it, how many concerts do we want, what do we want to play, how do we want to play... And that’s great.
Do you have a favourite memory from your Geneva experience?
Simon: The host family where Anton and I were staying had a pool table, so every day after rehearsing or playing we were practicing our pool. Or Anton was practicing against me, because I lost all the time!
Gabrielle: I enjoyed all of that, but for me it was the Final. It was just major to walk onto the Victoria Hall stage, and I was so moved by how the audience received us.
77e CONCOURS DE GENÈVE AU CŒUR DE L’ÉVÉNEMENT.Quatuor Armida © Anne-Laure Lechat