Réactiver un espace urbain : acteurs, défis et outils

Réactiver un espace urbain Acteurs, défis et outils

Cahier de recherche

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Juin 2021

Auteurs Jérémy Diaz Étudiant au troisième cycle Département d’études urbaines et touristiques École des Sciences de la Gestion, UQÀM Marie Réveillé Étudiante au second cycle Département de géographie, UQÀM Sylvain Lefebvre Professeur Département de géographie, UQÀM

Fondé à l’Université du Québec à Montréal, le Collectif Villes Autrement est un réseau de chercheurs et de collaborateurs dédiés à l’étude de courants émergents et de tendances innovatrices en urbanisme et en aménagement du territoire. Nous travaillons avec des organisations publiques, privées et communautaires qui expérimentent de nouvelles pratiques, les aidants à structurer et à évaluer leurs projets tout en implantant une stratégie de recherche adaptée à leur besoin.

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Table des matières 1. Introduction ............................................................................. 4 2. Démarche méthodologique ...................................................... 6 3. Les exemples retenus................................................................ 8 4. Portrait des acteurs collectifs de la réactivation urbaine ............ 10 4.1 Des intermédiaires « connus » : poursuivre par d’autres moyens leurs missions ou leurs activités ................................................. 12 4.2 Des nouveaux intermédiaires : proposer de nouvelles expérimentations et créer des services innovants ....................... 13 4.3 Des pouvoirs publics qui s’adaptent à la demande ............... 15 5. Neuf défis identifiés ................................................................ 17 5.1 Identifier l’espace ou les espaces désactivés .......................... 17 5.2 Obtenir l’accès au bâtiment, au local ou au terrain identifié . 18 5.3 Comprendre l’état et la situation actuelle de l’espace désactivé (bâtiment, local, terrain) ........................................... 19 5.4 Caractériser le territoire et les actions passées ou en cours ... 19 5.5 Maîtriser et « naviguer » au sein du contexte règlementaire et des obligations légales ............................................................ 20 5.6 Mobiliser et coordonner les parties prenantes ....................... 21 5.7 Recherche de financements ................................................ 21 5.8 Faire connaître pour encourager l’appropriation citoyenne... 22 5.9 Anticiper la fin du processus de réactivation ....................... 23 Conclusion ................................................................................ 25 Annexe A - Tableau descriptif des exemples retenus ..................... 27 Annexe B - Outils et dispositifs de réactivation ............................ 43 Cartographie participative ...................................................... 43 Inventaire thématique d’espaces ............................................. 44 Appels à projets innovants....................................................... 45 Convention d’occupation précaire ........................................... 46 Permis d’occupation temporaire .............................................. 47 Prêt à usage ........................................................................... 47 Programmes de politiques publiques ........................................ 48 Opérations urbaines ................................................................ 48 Subventions et programmes municipaux .................................. 48 Banque foncière ...................................................................... 49 Prêts et aide à l’achat ............................................................. 49 Financement participatif ......................................................... 49 Fonds propres ......................................................................... 50 Chantiers ouverts et permanence ............................................ 50 Laboratoire citoyen et espaces d’expérimentation ..................... 51 Bibliographie ............................................................................. 52

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1. Introduction Réactiver un terrain vague, un local vacant ou un bâtiment abandonné est la conséquence d’une séquence particulière d’événements, généralement non linéaire, tels que l’accès au foncier, les interventions matérielles, la conformité voire le détournement de la règlementation, l’animation et la gestion de l’espace ou le déménagement final.

Les aspects les plus significatifs de ce processus ont trait à la participation active des citadins, car son démarrage naît de la perception collective - qu’un espace est « désactivé », qu’il faut lui « redonner vie », que nous devons lui conférer une « nouvelle valeur d’usage », qu’il y a là un « gâchis d’espace » alors que nous pourrions « l’utiliser pour créer quelque chose » ou « aider des personnes ». La convergence des paroles de tous ceux qui n’ont pas la possibilité de se prévaloir du titre de propriétaire ou de locataire (et encore moins de promoteur, de constructeur, d’investisseur, d’aménageur, etc.) crée les conditions d’un récit alternatif sur l’espace visé. Cette prise de conscience porte, en général, les germes d’une intention commune d’agir concrètement sur l’espace désactivé en se confrontant au droit de l’urbanisme.

Réactiver un espace n’est pas toujours un simple problème pratique, c’est le genre de problème qui soulève des interrogations concernant la propriété et la règlementation, pose la question de l’organisation urbaine et oblige à penser l’urbanisme autrement.

Penser l’urbanisme autrement ne signifie pas nécessairement d’une meilleure manière.

Ces expériences de réactivation sont parfois plus socio-politiques qu’urbanistiques, puisqu’il s’agit d’accompagner temporairement des initiatives à l’abri du marché foncier et du pouvoir. Notre revue de littérature relève certaines dérives possibles de la réactivation urbaine liée à la généralisation des instruments de dérégulation, à la confiscation du droit de parole par une minorité agissante, à l’absence d’ancrage territorial des projets expérimentaux, à la responsabilisation des habitants dans un contexte de retrait de la puissance publique, à la professionnalisation d’initiatives citoyennes ascendantes et autogérées, ou, simplement, aux limites de l’alternative. Elle pointe aussi et surtout un besoin de savoirs pour mieux comprendre ces processus qui poursuivent un long héritage d’expérimentation urbaine.

De nouveaux acteurs l’ont compris et travaillent à l’essor d’un urbanisme « assoupli » (Fol et al., 2020) capable d’ouvrir des espaces d’expérimentation en limitant les effets néfastes. Si l’histoire urbaine est jalonnée de résistances qui fondent leurs luttes sur la promotion d’un droit à la ville, il est intéressant de noter, comme l’écrit Jean-François Tribillon que « paradoxalement, l’urbanisme opérationnel s’impose ici parce qu’il est seul capable d’alléger une bonne part de la pression foncière qui pèse sur [le site] en

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question et de demander à la municipalité de renoncer à tout régenter en tant que maître de l’opération (2016, p.254).

L’ambition de ce cinquième cahier du Collectif Villes Autrement est de discuter librement de cette tension au cœur de la réactivation urbaine entre le « droit à la ville » et « la ville de droit » en présentant ces nouveaux acteurs, leurs défis et les outils qu’ils mobilisent pour réactiver des espaces. Nous souhaitons contribuer au débat actuel sur notre capacité à aménager des espaces expérimentaux pour se doter d’une plus forte capacité d’innovation et de participation dans la fabrique de la ville.

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2. Démarche méthodologique Dans ce document, nous analysons plusieurs exemples afin d’identifier les éléments fondamentaux de ce que nous appellerons la « réactivation urbaine ». Plus précisément, nous avons défini les acteurs de la réactivation urbaine, les défis qu’ils rencontrent et les outils qu’ils utilisent dans le séquençage de ce processus1.

Nous disposons d’une multitude d’exemples de réactivation d’espaces urbains, réalisés par une diversité de profils que ce soit des amateurs ou des professionnels dont certains sont devenus des experts de la réactivation urbaine, tandis que d’autres opèrent sans expériences formelles ou formations dans l’aménagement, l’urbanisme ou l’architecture.

Notre démarche était exploratoire. Nous avons constitué un répertoire de 63 exemples de réactivation urbaine en Europe et en Amérique. Notre démarche méthodologique s’est déroulée en cinq étapes. D’abord, nous avons constitué un plan de concepts en identifiant une série de mots clés en français et en anglais à la suite de lectures préalables concernant la réactivation urbaine. Ces mots clés ont été classés en plusieurs catégories : (1) les types d’espaces désactivés ou sous-utilisés ; (2) les acteurs impliqués ; (3) les municipalités et les échelles géographiques concernées ; (3) les outils, les dispositifs et les moyens utilisés ; (4) les différents usages ou projets de réactivation ; (5) les cas étudiés (cf. section suivante).

Puis, à l’aide de ces mots clés, nous avons effectué plusieurs requêtes dans diverses bases de données (Google Scholar, SCOPUS, Érudit, ABI/INFORM Global, CAIRN, Archidoc), des sources d’information de la littérature grise (rapport d’activités, documents en ligne) et des médias. Nous avons utilisé des opératoires booléens pour affiner nos résultats. Au total, ce sont plus de deux cents sources qui ont été collectées et triées2. Parallèlement, nous avons conçu un tableau détaillé à plusieurs entrées pour rassembler les informations disponibles sur chacun des cas. Nous avons extrait de ce Ce travail se fonde sur les données brutes d’un mandat de recherche donné à l’étudiante au second cycle en géographie à l’UQÀM, Marie Réveillé, dans le cadre d’un stage professionnel au sein du Collectif Villes Autrement.

2 Ces exemples ont été sélectionnés selon des critères qualitatifs de disponibilités d’informations sur le contexte, les acteurs impliqués, le montage du projet, les défis rencontrés et les outils utilisés.

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corpus divers exemples sélectionnés en fonction du niveau d’informations disponibles.

La section suivante présente les exemples retenus.

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3. Les exemples retenus L’annexe A présente un tableau descriptif des exemples retenus.

1. Allemagne 2. Allemagne 3. Allemagne 4. Angleterre 5. Angleterre 6. Angleterre 7. Autriche 8. Belgique 9. Belgique 10. Belgique 11. Belgique 12. Belgique 13. Belgique 14. Belgique 15. Canada 16. Canada 17. Canada 18. Canada 19. Canada 20. Danemark 21. Danemark 22. Ecosse 23. Espagne 24. Estonie 25. États-Unis 26. Etats-Unis 27. États-Unis 28. États-Unis 29. États-Unis 30. États-Unis 31. États-Unis 32. États-Unis 33. États-Unis

Berlin Brême Berlin Brighton Londres Plusieurs villes Vienne Anvers Anvers Bruxelles Bruxelles Bruxelles Gant Plusieurs villes Cambridge Hamilton Montréal Montréal Toronto Aarhus Copenhague Glasgow Barcelone Riga Austin Austin Baltimore Baltimore Cleveland Dallas Los Angeles Los Angeles Los Angeles

Prinzessinnengarten Plantage 9 E.V. Templehofer Freiheit FIELD, Preston Barracks Croydon Arts Store Meanwhile foundation VinziRast-Mittendrin Blikfabriek - Usine Can GAST space Arlon 104 Leeggoed L’Allée du Kaai De Site Comptoir des Ressources Créatives Bridge Revitalisation du centre-ville Bâtiment 7 Projet Young Wychwood Barns Park Godsbanen/ Institut for X Paper Island Stalled spaces Pla buits Zunda Garden 20ft WIDE Community gardens projects Baltimore green space Regminton storefront challenge Opportunity Corridor project Build a better block project Farm LA LA Open Acres Amigos de los Rios 8

34. États-Unis 35. Etats-Unis 36. Etats-Unis 37. Etats-Unis 38. États-Unis 39. États-Unis 40. France 41. France 42. France 43. France 44. France 45. France 46. Grèce 47. Hongrie 48. Irlande 49. Italie 50. Italie 51. Italie 52. Pays-Bas 53. Pays-Bas 54. Pays-Bas 55. Pays-Bas 56. Pays-Bas 57. Roumanie

Los Angeles Milwaukee New York New York Philadelphie San Francisco Plusieurs villes Nantes Paris Paris Plusieurs villes Toulouse Athènes Budapest Dublin Bologne Naples Sesto San Giovanni Amersfoort Amsterdam La Hague Rotterdam Rotterdam Slovaquie

Bowtie Parcel POP UP Milwaukee LentSpace Melrose Gardens Garden Justice Legal Proxy Je teste mon commerce Quartier de la création Les Grands Voisins Testeur de commerces Caracol Logements sans abris Syn-Athina Müszi Popup Granby Park Ravone Projects ex-Ospedale Militare di Napoli MADE in MAGE District managers (wijkmanagers) De Ceuvel Vacance commerciale Het Schieblock ZOHO Nod Makerspace

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4. Portrait des acteurs collectifs de la réactivation urbaine Dans cette section, nous avons voulu dresser le portrait des acteurs de la réactivation urbaine. L’exercice de catégorisation a posé une difficulté majeure. Il nous a révélé la nature collective et pluridisciplinaire de ces opérateurs dans la liste des cas analysés. Les acteurs collectifs « sont dotés de potentiels proches de ceux des individus à savoir : la compétence intentionnelle stratégique, ainsi que la capacité linguistique d'énonciation et la réflexivité, mais ces acteurs collectifs les exploitent selon d'autres registres que l'acteur individuel » (Lévy et Lussault, 2003, p. 40). Ce concept nous a permis de mieux appréhender les différents groupes d’acteurs autour de la réactivation d’espaces urbains.

Ceux-ci varient d’un territoire à l’autre. Ils possèdent des représentations différentes, mais semblent répondre à des logiques similaires liées à l’expérimentation. Éphémère, temporel/temporaire, événementiel, festif, transitoire, tactique, léger, DIY (Do It Yourself), intérimaire, ouvert, collaboratif, citoyen, alternatif, etc. Nous avons pu observer que le dénominateur commun de toutes ces tendances urbanistiques est la même volonté de miser sur l’expérimentation collective selon des registres et des temporalités extrêmement variées pour redonner une valeur d’usage aux espaces visés.

Le tableau suivant d’Olmedo et Stassi présente les caractéristiques de l’expérimentation dans l’aménagement en comparaison de celles des projets d’aménagement urbain « traditionnel ».

Tableau 1. Présentation des modalités de l’expérimentation en aménagement Projet d’aménagement urbain Site déterminé par un périmètre Calendrier du projet Un concepteur référent Perspective unique : geste architectural, paysager ou urbaniste

Caractéristiques introduites par l’expérimentation urbaine Espace-temps en mouvement : reconfiguré au fil du projet, selon le processus Collectif de concepteurs Perspective plurielle : collaborative (habitants, acteurs locaux, chercheurs, aménageurs, artistes)

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Écriture normée : plan réglementaire, zonages

Processus linéaire (vertical) : projet d’aménagement / conception phasée Urbanisme de planification : action stratégique, projection sur le long terme

Contexte : stable et déterminé, avenir relativement prédictible Planification : action programmée et intentionnelle

Écritures sensibles in situ : coproduction d’une documentation contextualisant les pratiques habitantes (par exemple, usages, ambiances, mobilités, etc.)

Processus itératif (allées et venues entre expérience, analyse, réflexivité et action dans la co-conception et coconstruction collective Urbanisme de situation, parfois transitoire / intermédiaire, voire spontanée : action créatrice collective, relation avec les habitants, projection court et moyen terme Contexte : évolution en cours, contexte parfois incertain (crise par exemple) Improvisation : action située prise en compte d’effets non-intentionnels (sérendipité) Source : Olmedo et Stassi, 2020, p. 73

En France, le terme de « maîtrise d’ouvrage alternative » semble émerger pour pallier l’absence de reconnaissance et de légitimité de ces projets expérimentaux de réaction urbaine alors qu’elle est de plus en plus mobilisée dans divers projets d’aménagement soutenus par les institutions, dans des mouvements contestataires voire dans le cadre de recherches exploratoires. L’expression de « maîtrise d’ouvrage alternative » désigne les projets particuliers qui « ont en commun de s’écarter de l’enchaînement habituel des rôles, de la répartition des compétences et des responsabilités des acteurs de la ville », mais qui se distingue «de l’occupation illégale ou des procédés dérogatoires existants liés à l’introduction des opérateurs privés dans la production urbaine » (Fol et al., 2020, p.38). Si ces projets expérimentaux bénéficient d’une visibilité importante, ils trouvent une filiation avec d’anciennes expériences des mouvements artistiques du surréalisme et du situationnisme. Ils s’inscrivent aussi bien dans le sillage des luttes urbaines et des projets alternatifs de logement jusqu’à aujourd’hui (Baillargeon et Diaz, 2019). Produit d’un lignage ancien, l’expérimentation urbaine semble refaire surface dans un contexte actuel d’une remise en question des méthodes de participation citoyenne, d’une reconnaissance accrue de l’expertise des habitants et de réactions vives aux nombreux ratés des projets urbains. En se donnant un temps de réflexion et d’action où il est possible de tester des choses et de se tromper, ces expérimentations sont riches d’enseignement. Elles mesurent l’appropriation du dispositif par les usagers, permettent d’observer les usages et les ressentis au plus près et valident les solutions retenues avec les futurs usagers. Elles questionnent aussi en profondeur les degrés d’implication des différents acteurs de la production urbaine, leur place, leur fonction 11

dans les projets actuels et leur légitimité à y participer. En un sens, ils interrogent la fabrique matérielle de la ville pensée selon un mode du projet livré « clé en main ».

L’expérimentation comme dispositif de réactivation de ces espaces urbains permet l’acceptation d’une grande marge d’incertitude et de risque de projet où tout n’est pas décidé a priori par les acteurs traditionnels de l’aménagement.

Ces initiatives ascendantes alternatives ont nourri les valeurs, les discours et les formes urbaines que peuvent prendre les exemples analysés dans ce document. Il n’est donc pas étonnant d’observer que la réactivation d’espaces urbains débute par la mobilisation locale d’habitants. Ces regroupements informels et spontanés se sont constitués autour de causes liées à l’inoccupation d’un bâtiment, à la contestation d’un appel d’offres, à des projets de démolition ou d’autres de construction nouvelle. La mobilisation citoyenne porte alors sur la recherche d’une solution alternative d’aménagement en interpellant les pouvoirs locaux. Pour débloquer ces situations, nous observons l’intervention croissante de deux types d’intermédiaires dont la mission est de soutenir la mobilisation naissante, de mettre en œuvre des actions, d’utiliser des outils légaux et réglementaires, de (re)mobiliser les propriétaires visés voire de s’y substituer par l’acquisition ou de trouver des voies médianes innovantes entre les pouvoirs publics et les habitants.

4.1 Des intermédiaires « connus » : poursuivre par d’autres moyens leurs missions ou leurs activités Au sein de notre échantillon, une partie des intermédiaires sont « connus » au sens qu’ils ont déjà fait l’objet de nombreux débats au sein de la littérature scientifique. Nous avons identifié deux types d’acteurs connus. D’une part, les acteurs culturels et artistiques. D’autre part, les acteurs économiques et communautaires. La réactivation urbaine nous apparaît comme la poursuite par d’autres moyens de leurs missions premières et de leurs activités.

Premièrement, nous dénombrons des organisations spécialisées dans la médiation culturelle et artistique (Hungarian Contemporary Architecture Center, 2015 ; Jao, 2016 ; Taverne-Gutenberg, 2016 ; Moore-Cherry, 2017 ; Meanwhile Foundation, 2018 ; Stanov, 2018). Par exemple, Upstart, un collectif d’artistes dublinois a coordonné le développement d’un aménagement public temporaire au cours de l’été 2013 sur un terrain municipal dont le développement résidentiel n’avait pas eu lieu faute de financement (Moore-Cherry, 2017). Autre exemple, l’organisation Clockshop a conclu une entente avec le California State Park pour activer le Bowtie, une friche bétonnée sur les rives de Los Angeles pour laquelle le développement d’un grand parc urbain est en attente faute de moyens. Cette organisation, dont la mission est la promotion d’artistes, exploite ce lieu pour des expositions et des performances temporaires accessible à tous (Jao, 2016).

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Deuxièmement, nous avons répertorié des acteurs économiques et communautés spécialisées dans l’accompagnement et le développement de leurs collectivités, notamment dans un objectif de revitalisation et de lutte contre la pauvreté, généralement aux États-Unis. On dénombre, par exemple, les corporations de développement économique ou de développement communautaire appelée CDC3 (Community Development Corporations), les BID4 (Business Improvement Districts), les CBD5 (Community Benefice Districts) ou encore les LISC6 (Local initiatives support corporations), autant d’organisations gouvernées par et au service des acteurs économiques locaux, des résidents et des acteurs du milieu (Graham, 2012 ; Vacant Property Research Network, 2013 ; Christensen, 2014 ; Kruth, 2015 ; Jannene, 2019). À San Francisco, USA, par exemple, les CBD étaient responsables du déploiement des Living Innovation Zones7 et détenaient les permis de réactivation requis (Christensen, 2014). On y voit ainsi, une délégation de pouvoirs publics à la communauté.

4.2 Des nouveaux intermédiaires : proposer de nouvelles expérimentations et créer des services innovants À mesure que les pouvoirs publics soutiennent les démarches expérimentales de réactivation urbaine, divers collectifs et structures émergentes ont développé une nouvelle expertise pour « rapprocher un espace vacant et des besoins non satisfaits par la Ville dans une logique de rationalisation économique, d’expérimentation, ou de partage et de solidarité » (Beaumont, 2018, p.25). Des étudiants en architecture, en urbanisme ou en design sont à l’origine de plusieurs des initiatives retenues (Dann, 2009 ; Fish, 2015 ; McGuire, 2017 ; Larson, McKay et Rashid, 2018). Dans le cas d’occupation transitoire d’espaces vacants par exemple, on peut distinguer trois types de rôles qui correspondent à différents services développés (Beaumont, 2018) : 3 Les Community Development Dorporations (CDC) sont des associations états-uniennes à but non lucratif dont le rôle est de soutenir et revitaliser les communautés particulièrement vulnérables ou à risque de vulnérabilité.

Elles sont spécialisées sur les enjeux de développement de logement abordable, d’éducation, d’emploi, de santé, de développement commercial et de programmes sociaux variés (NACEDA, 20).

4 Les Business Improvement Districts (BID) sont des organisations formées par des propriétaires privés ou des commerçants dans un district reconnu par une municipalité. Les cotisations des membres permettent de bénéficier de services dépassant ceux de la municipalité (Projet for Public Spaces, 2009).

5 Les Community Benefit Districts (CBD) visent à améliorer la qualité de vie globale de quartiers commerciaux ciblés et de quartiers mixtes à travers des partenariats entre la Ville et les communautés locales. En Californie, elles jouent le rôle de Business Improvement Districts. Une fois la mise sur pied d’un CBD voté par un quartier, les propriétaires locaux contribuent à un fonds qui sera géré par une organisation à but non lucratif choisie ou établie par les résidents (City and Country of San Francisco, s.d., b).

6 Les Local Initiative Support Corporations (LISC) sont des organisations à but non lucratif qui se positionnent comme des intermédiaires entre les ressources privées, publiques et les communautés afin de permettre le financement de projets répondant aux besoins des collectivités. Ce sont aujourd’hui 37 bureaux dans 45 États comme l’indique leur site internet (récupéré de www.lisc.org).

7 Les Living Innovation Zones (LIZ) de San Francisco visent à fournir des espaces et plateformes de test grandeur nature à l’innovation technologique. Elles invitent les communautés techno et créatives à réfléchir sur l’amélioration de la qualité de vie et de l’espace public en expérimentant directement dans l’espace public (Christensen, 2014).

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Les activateurs ou animateurs qui sont à l’origine du développement de l’occupation temporaire, ce sont des équipes pluridisciplinaires motivées par le désir de redonner vie à un lieu vacant et au quartier qui l’entoure.

Les facilitateurs qui mettent en relation des propriétaires de fonciers ou immobiliers vacants avec des porteurs de projets. Composés d’architectes, d’urbanistes, d’économistes et de professionnels de l’immobilier, ils ont développé une expertise sur la maîtrise administrative et technique des occupations temporaires.

Les coordinateurs et gestionnaires des espaces occupés qui regroupent des organisations utilisant l’occupation du site pour mettre en œuvre des projets de participation citoyenne.

Selon les collectifs, certains organismes cumulent ces fonctions. À titre d’exemples, le village urbain des Grands Voisins de Paris en France a été successivement géré par des coalitions d’acteurs tout au long de son occupation temporaire : tout d’abord l’association Aurore8, la Mairie de Paris et l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris(AP-HP) propriétaire initial, puis par trois organisations que sont l’association Aurore, Yes We Camp9 et la coopérative Plateau Urbain10 (Livet, 2017)11. Le projet d’occupation de l’ancienne bourse d’Anvers en Belgique a été déployé par le collectif artistique Co-Labs12 avec l’appui de Fameus13 et de l’association Kop14. Le projet de squat Leeggoed à Bruxelles, Belgique, a été initié conjointement par les associations

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Association française qui a pour objectif d’accueillir, d’accompagner vers l’autonomie les personnes en situation de précarité ou d’exclusion via l’hébergement, les soins et l’insertion (récupéré du site l’organisation : www.aurore.asso.fr).

9 Une association française de Loi 1901 visant à « utiliser de façon inventive l’espace disponible » (récupéré du site l’organisation : yeswecamp.org).

10 Coopérative d'urbanisme transitoire, Plateau Urbain a pour raison d’être la mise à disposition d’espaces vacants pour des acteurs culturels, associatifs, et de l’économie sociale et solidaire (récupéré du site l’organisation : www.plateauurbain.com).

11 À partir de 2014, la gestion globale du site est transférée à l’association. Une convention tripartite est signée entre l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (APHP), Aurore et la Mairie de Paris. Cette convention établit les clauses de mise à disposition temporaire du site de Saint-Vincent de Paul. Par la suite, le propriétaire du site a évolué. L’APHP transfère le bien à l’Établissement Public Foncier d’Île-de-France (EPFIF). Une nouvelle convention est alors réalisée entre l’EPFIF et Aurore, stipulant la mise à disposition des surfaces « à titre précaire et temporaire » de l’ancien hôpital.

De nombreux espaces sont toujours vacants, Aurore propose alors de développer un projet commun avec d’autres organisations comme Plateau Urbain et Yes We Camp.

12 Collectif belge qui active et développe les réseaux par l’art et les espaces créatifs (récupéré du site l’organisation : www.aurore.asso.fr).

13 Organisation sans but lucratif belge qui conseille et met en relation les artistes, amateurs ou confirmés (récupéré du site l’organisation : www.fameus.be) 14 Organisation sans but lucratif belge qui soutient, conseille et accompagne les artistes (récupéré du site l’organisation : www.fameus.be).

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Pigment15, JES16, Biju Oins17 et Solingen 123 Logements18. Ces acteurs travaillent en collaboration et concertation avec les propriétaires, bailleurs de fonds ou organisations de développement et d’aménagement en plus d’être conseillés par les agences locales et organisations publiques spécialisées dans l’usage ou les enjeux du projet. Dans notre recherche, nous avons pu observer que certains promoteurs et gestionnaires privés commencent à se positionner sur ce marché immobilier secondaire. Ils se lancent dans la réactivation en vue d’une valorisation de leurs actifs, dans un objectif de location ou de vente ou encore d’intégration d’un projet de redéveloppement majeur (Matei, 2016 ; Field, s.d). Selon Jean-François Tribillon, « les innovations les plus radicales à attendre sont sans doute à situer dans le domaine de la gestion des services. On peut en effet espérer introduire des modes de gestion de ressources et de biens communs réconciliant usagers et gestionnaires, liberté de l’usage et qualité du service avec la pérennité de la ressource, etc. » (2016, p.256).

4.3 Des pouvoirs publics qui s’adaptent à la demande Alors que ces intermédiaires sont mandatés par les pouvoirs publics, nous avons pu constater que certaines collectivités ont fait le choix de se doter des ressources nécessaires pour développer ces services. À Austin, par exemple, le Parks and Recreation Department (PARD) a réalisé un inventaire complet des espaces désactivés et mis en place des partenariats avec la commission scolaire locale en vue d’augmenter l’accès aux espaces verts (Christensen, 2014). À Philadelphie, la Ville a pris des mesures réglementaires et financières en faveur d’une mobilisation de l’ensemble de ses départements et bureaux contre la vacance urbaine (Vacant Property Research Network, 2013). Enfin, à Austin, la Ville travaille à la centralisation des données foncières et à la création d’une base de données accessible à tous. En France, plusieurs cas montrent l’implication des sociétés publiques d’aménagement (Semaest (s.d.)(b) ; Dubeaux et Cunningham-Sabot, 2016 ; Michel, 2016 ; Darchen et Simon, 2019 ; Morteau, 2016). À Nantes, la Société d'aménagement de la métropole OuestAtlantique, une EPL ou entreprise publique locale19, a coordonné un projet de redéveloppement urbain majeur20 des anciens chantiers navals à travers la constitution 15 Association bruxelloise d'hébergement des personnes en situation de vulnérabilité (Récupéré de https://www.facebook.com/Pigmentvzw/).

16 Organisation de jeunesse intervenant à Anvers, Bruxelles et Gand en Belgique (Récupéré de https://jes.be).

17 Accueil de jour en Belgique pour des personnes sans-abri et vivant dans la grande précarité (Récupéré de http://users.skynet.be/cheznous.bijons/).

18 L’association belge fondée dans le cadre d’un squat revendique la création de logements solidaires et autogérés (Récupéré de www.123rueroyale.be) 19 Une EPL est décrite par la Fédération des élus des Entreprises publiques locales comme « une entreprise qui doit chaque jour faire preuve d’efficacité et de capacité d’adaptation pour réussir dans ses missions. Mais c’est une entreprise bien particulière car au service de l’intérêt général. Ses clients ne sont autres que les collectivités locales, qui par son biais souhaitent trouver des solutions performantes, solidaires et adaptées aux enjeux de développement de leur territoire ». (Récupéré de www.lesepl.fr).

20 Le volet opérationnel du projet débute véritablement en 2003 avec la création de la Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique (Samoa) qui bénéficie d’une concession de maître d’ouvrage jusqu’en 2037.

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d’un Quartier de la création regroupant des écoles d’art, des lieux de diffusion artistique et des entreprises créatives. Initié depuis une quinzaine d’années, cet aménagement inclue des occupations temporaires par des entreprises et des organisations locales visant à expérimenter des usages ainsi qu’un cluster culturel et économique d’envergure unique en son genre par la diversité de ses ressources et partenariats en appui aux entreprises et entrepreneurs créatifs : la Creative Factory21 (Michel, 2016 ; Morteau, 2016 ; Darchen et Simon, 2019)22. Autre exemple, la Ville de Copenhague et le gouvernement danois ont mis sur pied un dispositif de type publicly-owned-privately operated corporation avec l’organisation By & Havn dont la gouvernance est constituée de deux membres nommés par le gouvernement, deux par la Ville et par les employés (Blondin, 2019). La structure créée a eu le mandat de contribuer à la requalification des friches portuaires de la municipalité. Si le modèle de gouvernance retenu s’est distingué par son caractère innovant, la question de la position de juge et parti de l’organisation se pose puisque cette organisation doit à la fois représenter les intérêts des citoyens et ceux des gouvernements (Blondin, 2019). Si l’un de ses projets, Paper Island23, a remporté un franc succès (notamment pour son marché dédié à la bouffe de rue), l’implication communautaire et citoyenne est restée mineure (Blondin, 2019). Les modalités d’opération se rapprochant au final d’une offre transitoire offerte dans un contexte de développement privé.

L’exercice de dresser un portrait des acteurs de la réactivation à partir des données extraites de l’analyse de 57 exemples nous montre deux choses. D’une part, la nature collective des structures portant les projets de réactivation. La gouvernance des projets et la nature des parties prenantes différent en fonction des espaces et des enjeux.

D’autre part, la nature territoriale de ces organisations. Elles s’inscrivent dans un contexte et un réseau d’acteurs locaux.

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Nantes Métropole résume ainsi les mandats de la Creatif Factory par : « la structure et l’animation d’un réseau d’entreprises créatives, un accompagnement à tous les stade de développement, l’invitation à des démarches croisées et collaboratives, le développement d’immobilier « ad’hoc », l’organisation de pont avec l’enseignement supérieur et la recherche, le développement d’un Campus créatif, le développement à l’international en coopération avec des clusters européens » (Récupéré de https://metropole.nantes.fr).

22 Nantes Métropole explique ainsi que le cluster anime un écosystème d’acteurs variés (entrepreneurs et porteurs de projets, étudiants, enseignants et chercheurs, artistes, associations et acteurs de la culture scientifique et technique) sur plusieurs échelles de territoire (Ville de Nantes, métropole, département et région) dans un principe de fonctionnement ouvert et partenarial (Récupéré de https://metropole.nantes.fr).

23 Paper Island a été un projet de revitalisation d’un ancien port industriel. Pendant cinq années des entrepôts ont été cédés à coût abordable à des entreprises créatives : un marché de bouffe de rue, un musée des sciences et de la technologie, des bureaux pour de firmes de design pour le développeur (Blondin, 2019).

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5. Neuf défis identifiés Cette section énumère les principaux défis rencontrés par les acteurs de la réactivation urbaine. Nous avons identifié neuf défis.

1. Identifier l’espace ou les espaces désactivés 2. Obtenir l’accès au bâtiment, au local ou au terrain identifié 3. Comprendre l’état et la situation actuelle de l’espace désactivé 4. Caractériser le territoire et les actions passées ou en cours 5. Maîtriser et « naviguer » au sein du contexte réglementaire et des obligations légales 6. Mobiliser et coordonner les parties prenantes 7. Rechercher des financements 8. Faire connaître pour encourager l’appropriation citoyenne 9. Anticiper la fin du processus de réactivation Précisons que l’ordre de présentation de ces défis ne correspond pas toujours aux étapes d’activation identifiées dans l’analyse des exemples retenus. Dans la majorité des cas, le processus d’activation n’est pas linéaire, mais itératif. À noter que des outils ont été attribués à chacun des défis. Ces outils seront décrits dans l’Annexe B.

5.1 Identifier l’espace ou les espaces désactivés Au commencement de la majorité des exemples retenus, deux processus d’activation sont observables : ceux dont le projet émerge de l’identification d’un espace désactivé sans structures ni ressources d’une part ; ceux dont l’organisation est structurée et cohérente qui sont à la recherche d’espaces désactivés d’autre part. Pour cette seconde catégorie, la constitution d’un inventaire thématique est une voie privilégiée pour identifier des opportunités de réactivation d’espaces et soutenir leur mission par la démonstration d’un phénomène à plus large échelle comme la vacance commerciale, résidentielle ou industrielle par exemple. À ce titre, divers articles recommandent de répertorier les espaces désactivés ciblés pour guider les actions à venir et mobiliser les acteurs locaux (Dann et al., 2009 ; Graham 2012 ; Vacant Property Research Network, 2013 ; Christensen, 2014 ; Fish 2015 ; Jao, 2016 ; Marzot, 2016 ; Stanov 2018 ; Larson et al., 2018 ; Ranocchiari et Mager, 2019 ; Blondin, 2019 ; Semaest, (s.d.)(a)). La réalisation d’un inventaire est coûteuse et complexe, car elle implique de définir avec précision l’objet de l’inventaire (la typologie et la caractérisation des espaces à réactiver) puis de collecter ces informations qui ne sont pas toujours accessibles. Cependant, les récents développements en géomatique ont permis de produire des données géolocalisées fiables à faible coût. C’est pourquoi ces nouveaux acteurs de la réactivation sont de plus en plus en capacité technique et financière de récolter, de 17

structurer et d’analyser un très grand nombre de données pour cartographier un phénomène spatial comme les bâtiments vacants ou les monuments patrimoniaux en péril par exemple.

Exemples d’outils et dispositifs -

Inventaire thématique d’espace (p. 44-45) Cartographie participative (p. 43-44) Appel à projet innovant (p. 45-46)

5.2 Obtenir l’accès au bâtiment, au local ou au terrain identifié L’obtention d’un accord avec le propriétaire est une étape clé. L’identification d’un espace « réactivable » se confronte rapidement au droit de propriété – droit et liberté garanti constitutionnellement (à l’exception de quelques cas). Là où la pratique du squat fait fi de ce droit par l’occupation illégale et informelle de bâtiments, la majorité des exemples retenus inscrivent leurs pratiques dans un cadre légal afin d’obtenir les droits d’accès et d’usage d’un espace. Quelques exemples montrent une volonté de certains occupants illégaux de régulariser leur situation (Avins, 2015 ; JES wzw, 2016). Dans ces cas, une négociation avec le propriétaire a eu lieu (Fish, Z C., 2015, Hungarian Contemporary Architecture Center, 2015, Clausen, 2015, Rubenis, 2017). L’ensemble des cas retenus montrent une diversité des formes d’accord entre les propriétaires et les futurs occupants des espaces. Les durées d’occupations convenues sont généralement courtes et renouvelables, notamment dans un contexte d’immobilier commercial, soit de quelques semaines ou quelques mois jusqu’à quelques années (Fish, 2015 ; McGuire, 2017 ; Moore-Cherry, 2017 ; Rubenis, 2017). Les contrats de la location et de l’occupation sont des accords oraux ou écrits qui permettent à une personne d’occuper un espace mis à disposition par un propriétaire pour une durée et pour un prix défini. Ces accords offrent un cadre juridique à l’occupation temporaire de bâtiments, de locaux et de terrains vacants. Il existe une diversité de baux et contrats selon la nature de l’activité (bail d’habitation, bail commercial, bail professionnel, etc.) et les pays. Ces contrats peuvent intervenir à différentes phases du processus d’activation. Que ce soit en amont pour encadrer une occupation temporaire ou en aval pour pérenniser l’usage du site. D’autres arrangements sont possibles, en échange de service ou en nature par exemple. Le collectif d’artistes Muszi a contracté avec le propriétaire d’un supermarché hongrois de Budapest visé pour occupation une entente visant l’occupation temporaire (six semaines) du lieu en échange d’un nettoyage de l’espace. Notons, l’apparition d’entreprises comme la firme néerlandaise Camelot qui se positionne sur le marché de la location précaire d’espaces vacants pour offrir des logements hyper centraux très abordables à une jeune population professionnelle, leur demandant d’être en mesure de quitter les lieux dans un délai de quinze jours (Monégier, 2012 ; Hubin, 2019).

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Exemples d’outils et dispositifs -

Convention d’occupation précaire (p.46-47) Permis d’occupation temporaire (p.47) Permis de construction temporaire Prêt à usage (p.47)

5.3 Comprendre l’état et la situation actuelle de l’espace désactivé (bâtiment, local, terrain) Comprendre la situation actuelle de l’espace désactivé est un prérequis essentiel dans la stratégie de réactivation des exemples analysés. Cette étape s’avère incontournable dans l’étude des bâtiments pour connaître son état physique et les travaux de réparation urgents afin d'éviter une détérioration supplémentaire du bâtiment et de gagner du temps dans le processus de réactivation. Ces études permettent également d’identifier les endroits du bâtiment où les premières utilisations (tests) peuvent avoir lieu avec le moins d'investissement possible ou quelle partie du bâtiment peut facilement être activée pour certaines utilisations. Dans le cas des bâtiments patrimoniaux, ces études visent aussi à mieux comprendre l'histoire et l'importance du bâtiment afin de faire prendre conscience aux parties prenantes concernées des interventions et des utilisations qui seraient appropriées, de ce qui doit être préservé et de ce qui peut être modifié au sein du bâtiment.

Exemples d’outils et dispositifs -

Études de faisabilité Études patrimoniales

5.4 Caractériser le territoire et les actions passées ou en cours Cette étape renvoie à l’ensemble des connaissances du territoire au sein duquel le projet de réactivation s’opère. L’approche territoriale permet aux acteurs d’avoir une plus fine connaissance des différents problèmes, forces, faiblesses, attentes, enjeux économiques, sociaux, environnementaux ou démographiques d’une localisation et de ses zones limitrophes. Le plus souvent les collectivités publiques ont réalisé des études qui ont permis d'établir un diagnostic dans certaines sphères d'activité présentes sur son territoire (diagnostic commercial et stratégie de développement, perspective de 19

développement et positionnement résidentiel) ou des documents issus de divers ateliers sectoriels (jeunesse, environnement, agriculture, éducation, enjeux métropolitains, infrastructures et transport, habitat et logement, santé, tourisme et évènements spéciaux, vie communautaire et économie sociale, commerces, finances et affaires, sports et loisirs, culture, patrimoine et paysage, industrie et développement de la maind’œuvre). Il s’agit d’établir une sorte de « carte d’identité » du territoire qui servira d’outil d’aide à la décision afin d’ancrer le projet dans son milieu, de le rendre cohérent avec les actions politiques mises en œuvre, de tenir compte de l’historique du territoire et de son environnement pour mieux appréhender les évolutions futures, d’engager plus facilement les acteurs locaux et de rendre acceptable socialement le projet. Pour compléter cette approche, une liste des projets et des actions qui ont été menées sur le territoire permet de rassembler suffisamment d’informations pour comprendre à la fois l’existant et le degré de réussite des projets menés voire ceux qui ont échoué ou qui ont été avortés. Il est alors intéressant d’en comprendre les leviers et les obstacles à leur réalisation/échec.

Exemples d’outils et dispositifs -

Diagnostic territorial

5.5 Maîtriser et « naviguer » au sein du contexte règlementaire et des obligations légales Parmi les exemples retenus, nous avons identifié plusieurs cas de découragement d’acteurs de la réactivation face à la complexité de la réglementation et des cadres juridiques. En plus de faire face à de nombreux textes rattachés à l’occupation et l’usage, les porteurs de projets doivent parfois composer avec certaines lourdeurs administratives, aggravées par une technicité ou un jargon qui sont, pour les plus néophytes, une grande source d’incompréhension (Graham, 2012 ; Avins, 2015 ; Larson et al, 2018). Les organisations qui mettent sur pied des évènements se heurtent aux nombreuses restrictions réglementaires concernant l’accueil d’un public, la consommation et la vente de nourriture et d’alcool, le volume de bruit ou de trafic autorisé (Dann et al., 2009 ; Graham, 2012 ; Fish, 2015 ; Larson et al. 2018). Le permis événementiel est le permis le plus exploité dans un contexte d’occupation temporaire par exemple. Il semble s’agir pourtant d’un permis par défaut, ou pas toujours adéquat (Graham, 2012 ; Christensen, 2014 ; McGuire, 2017). Les différents codes et règlements posent aussi problème en démontrant une certaine rigidité notamment dans un contexte de préservation patrimoniale (Larson et al. 2018) et de sécurité (Graham, 2012). Les interventions envisagées sur le bâti ou le foncier et la modification de l’usage dans un contexte de réactivation n’y sont pas toujours traitées, ni reconnues ou alors semblent contradictoires. Autant de problématiques témoignant ainsi de vides ou 20

d’ajustements juridiques et réglementaires (Fish, 2015 ; JES wzw, 2016 ; Livet, 2017, Graham 2012). Dans la plupart des projets, le rassemblement d’une pluralité d’acteurs permettent alors de mutualiser les ressources de chacun (économiques, connaissances, savoir-faire, expertise), et d’associer maîtrise d’usage et expertise (technique, juridique, autre) pour augmenter la capacité organisationnelle des structures porteuses.

Exemples d’outils et dispositifs - Analyse du cadre juridique / droit applicable

5.6 Mobiliser et coordonner les parties prenantes Dans le cas de la réactivation de grands bâtiments dégradés, le processus nécessite un soutien plus large du milieu d’insertion. Comme la réhabilitation de ces sites est coûteuse et que les ressources financières publiques sont, sauf exception, limitées, une réhabilitation immédiate par un seul investisseur est plutôt improbable. De même, la grande taille et l’emprise au sol importante de ces bâtiments dans leur milieu d’accueil vient souvent accroître leur portée symbolique et jouer sur le sentiment d’appartenance auprès de la population. Plusieurs projets retenus d’envergure ont rassemblé des parties prenantes pour répartir des rôles, des responsabilités et des compétences entre ces acteurs autour de la réactivation du site. Les parties prenantes du projet doivent apporter leurs idées, leur travail et leurs ressources financières. Comme le souligne Fol et al. (2020), la constitution de ces parties prenantes permet de répondre aux questions suivantes pour guider dès le début, la stratégie de réactivation : « quel rôle la puissance publique peut-elle jouer dans ces projets ? Peut-elle les initier, les réguler, les faciliter, les conseiller, s’y associer, utiliser leurs productions, participer à leur gestion ?

Comment la maîtrise d’ouvrage s’empare-t-elle de la gestion de l’objet livré ? Comment les acteurs impliqués se partagent-ils les responsabilités et avec quel degré de technicité ? Un comité de voisins ou un groupe auto-construit peut-il se positionner en commanditaire ?» (p. 40). Le rassemblement et l’implication des parties prenantes autour du projet impliquent un travail de coordination entre ces différents acteurs comme en témoignent les différents comités du projet des Grands Voisins à Paris.

Exemples d’outils et dispositifs -

Cartographie des parties prenantes

5.7 Recherche de financements

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Plusieurs sources de financement internes et externes sont recherchées par les acteurs de la réactivation urbaine. Ces financements interviennent à différentes étapes du processus, en fonction du type de projet, de l'usage choisi, du site, des acteurs impliqués et des objectifs du développement. Les réflexions sur les ressources financières susceptibles d'être mobilisées ne sont pas toujours détaillées dans l'analyse des cas retenus. L'aspect expérimental et la durée incertaine des projets, ainsi que la moindre connaissance des acteurs publics et des acteurs financiers par les groupes non professionnels, peuvent conduire à des difficultés pour trouver un modèle économique pérenne.

Exemples d’outils et dispositifs -

Programmes de politiques publiques (p. 48) Opérations urbaines (p. 48) Subventions et programmes municipaux (p. 48-49) Banque foncière (p. 49) Prêts et aide à l’achat (p. 49) Financement participatif (p. 49-50) Fonds propres (p. 50)

5.8 Faire connaître pour encourager l’appropriation citoyenne Pour découvrir les potentiels de réutilisation des espaces désactivés, les acteurs identifiés peuvent organiser des visites de sites, ouvrir des espaces de rencontre et de création ou organiser des événements. Les objectifs de ces dispositifs sont de permettre et de tester les premières utilisations possibles en réunissant des personnes physiquement pour les faire travailler ensemble à la construction du lieu et de sa programmation. Souvent, les bâtiments et les sites abandonnés sont devenus invisibles.

Une stratégie de communication en ligne et hors ligne est utile pour mettre en lumière le projet et susciter l’intérêt. Cependant, pour leur réactivation, il est nécessaire de regrouper différentes forces, parties prenantes et leurs idées. Ainsi, l'un des axes de la stratégie consiste à activer un plus grand nombre de partisans, d'utilisateurs potentiels, d'investisseurs, de résidents, etc. dans le processus de réactivation.

Que ce soit pour contribuer au choix de la programmation, à l’animation et à l’organisation d’évènements ou pour créer de l’engagement autour des temps forts, les citoyens, les occupants et les réseaux dont font partie les groupes porteurs peuvent être fortement mobilisés (Christensen, 2014 ; Hungarian Contemporary Architecture Center, 2015 ; Fish, 2015 ; Clausen, 2015 ; Jao, 2016 ; Nenko et Perevozkina, 2017 ; Bonito et Pilanová, 2017 ; McGuire, 2017 ; Rubenis, 2017 ; Stanov, 2018).

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Parmi les dispositifs participatifs, nous observons que l’organisation d’évènements est privilégiée par les porteurs de projets. Ces évènements visent à accueillir le public dans un souci d’inclusion (Eechaudt, 2019), de réponse aux besoins de la communauté (Hungarian Contemporary Architecture Center, 2015 ; Lescurieux, 2020), de maillage et d’acceptabilité sociale (Dann et al., 2009). Si le brassage est au cœur des processus de réactivation, la littérature ne s’attarde pas sur ce qui le justifie dans une telle mesure et sur ce qui en découle. Il est difficile de cerner par exemple les conséquences et les impacts positifs ou négatifs d’une telle mixité d’activités (et donc de populations) dans la phase d’exploitation des projets. Frictions, différends, ignorance, maintien des distances entre groupes sociaux ou de rapports de force présents habituellement dans l’espace urbain, par exemple, ne sont jamais évoqués.

Exemples d’outils et dispositifs -

Activités de sensibilisation Chantiers ouverts et permanence (p. 50-51) Laboratoires citoyens et espaces d’expérimentation (p. 51)

5.9 Anticiper la fin du processus de réactivation Bien que les ententes soient généralement claires dans les cas étudiés concernant la durée ou la fin d’une occupation et même lorsqu’une occupation s’étend sur plusieurs années (notamment dans un contexte où un projet de redéveloppement est planifié), la sortie semble encore une étape peu planifiée (Eechaudt, 2019) ou alors encore peu documentée par la littérature. C’est en dernière phase du projet que des questions se posent alors et que sont envisagés des moyens de conclure l’occupation de façon structurante (Livet, 2017). Cela génère ainsi des situations de tension ou de craintes comme au jardin urbain berlinois Prinzessinnengarten dont le terrain, propriété du Land de Berlin (Allemagne), a fait l’objet d’une mise en vente et avec elle d’une mobilisation populaire d’envergure. Le projet n’a pas été maintenu durablement mais l’organisation a obtenu un sursis de six ans pour préparer son départ. C’est aussi le cas du projet ZOHO à Rotterdam dont le caractère transitoire de l’occupation du site ne semble pas, dès le début du projet, vraiment compris par les petites organisations qui l’occupent. Le projet d’occupation du site, initialement pour une durée de 10 ans, visait à le revitaliser en vue d’une vente du site par son propriétaire. Après trois ans seulement, le futur du lieu apparaît incertain en raison du succès du processus d’animation du lieu mené par un promoteur immobilier privé mandaté par le propriétaire à cet effet. Un mémoire inachevé explique que les organisations locataires sont partagées sur ce que temporaire signifie, certains expliquant que les contrats de location leur donnent des droits en tant que locataires et leur permettent de s’impliquer alors que d’autres soulignent que les baux sont de courte durée (Matei, 2016). Le devenir du site fait l’objet

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de spéculations et de controverses au sein des groupes d’occupants qui ne semblent pas impliqués dans un possible processus de sortie (Matei, 2016).

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Conclusion L’analyse des 57 exemples de réactivation urbaine a permis d’identifier une série commune de phases présentant une certaine unité dans leur déroulement. Nous avons observé une phase d’identification, de mobilisation, de structuration, d’occupation et de fin. Des actions spécifiques organisent, de manière itérative, chacune de ces phases telles que contracter une entente avec le propriétaire, rassembler des soutiens locaux ou obtenir un financement. Il ne s’agit pas d’un processus toujours linéaire. Certaines phases peuvent perdurer (la mobilisation par exemple). D’autres phases peuvent se dérouler simultanément (mobilisation et occupation). Les acteurs collectifs de la réactivation urbaine combinent un arsenal diversifié d’outils, de dispositifs et de moyens pour rendre possible la réutilisation d’un espace. Ces outils présentent des similarités d’un contexte à l’autre, mais la combinaison que ces acteurs en font, diffèrent selon les caractéristiques de l’espace à réactiver, des ressources financières ainsi que des capacités organisationnelles de ces acteurs de mobiliser autour d’une vision partagée et claire du processus de réactivation.

Les expérimentations et pratiques des acteurs de la réactivation urbaine sont à la confluence de trois types de « villes » pour reprendre la distinction de Jean-François Tribillon (2016, p. 220). Premièrement, la ville prescrite qui est « composée des projets formulés selon les canons du droit et les normes institutionnelles du code de l’urbanisme, en particulier sous forme de règlements d’utilisation du sol, d’orientations, d’opérations d’aménagement, etc. ». Deuxièmement, la ville légale qui est « celle qui se réalise en exécution de la ville prescrite par les canaux des permis de construire et d’aménager ». Enfin, troisièmement, la ville réelle qui « comprend tout ce qui se construit, s’aménage, se modifier en marge ou contre ce qui est prescrit ». Ces acteurs de la réactivation urbaine doivent composer avec la ville prescrite et légale. Certains font preuve de beaucoup d’ingéniosité, parfois soutenus par les pouvoirs publics locaux, pour permettre des formes d’expérimentation urbaine. Comme le raconte l’architecte Patrick Bouchain dans « Un Urbanisme de l’inattendu » (Masboungi, 2019), il faut savoir parfois puiser dans des ressources juridiques peu conventionnelles comme le code rural pour retrouver le goût de ce qu’il est possible de faire ou pour soutenir certaines expérimentations dans les projets.

De ce travail, nous faisons le constat du faible nombre d’examens attentifs et approfondis de cas d’études. La requalification d’anciennes friches industrielles ou de sites centraux à l’abandon a fait l’objet de riches enquêtes, bien documentées.

Cependant, les formes que peuvent prendre la vacance, l’abandon et plus largement la désactivation d’espaces sont de plus en plus variées. Certains projets rencontrent de

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nombreux écueils (l’absence de participation citoyenne ou d’ancrage territorial par exemple) qui ne sont pas toujours documentés. Une meilleure connaissance des processus de réactivation urbaine permettrait de disposer de savoirs propres à guider l’action, à rassurer les propriétaires et à informer la conduite de politiques publiques en matière d’aménagement et d’urbanisme. En ce sens, nous pensons qu’il est nécessaire de mettre en œuvre une série d’études d’impacts qui auront pour fonction d’analyser les valeurs créées au sein de ces projets que ce soit sur le bâtiment, l’organisation, sur des aspects socio-économiques, environnementaux ou urbains. Ces analyses pourront être complétées au bout du compte par des études complémentaires qui viseront à explorer les nouvelles formes d’hybridations dans la conception urbaine, à mieux comprendre l’émergence et les recompositions de nouveaux intermédiaires de la ville, à réfléchir au futur du foncier et à ses dynamiques ou encore s’interroger sur la façon dont le droit de l’urbanisme freine les expérimentations urbaines et ses dérives et récupérations possibles.

Les projets vont se multiplier après la pandémie de COVID-19, la question de la valeur (quelle valeur apporte le projet ? Comment la mesurer ? Comment est-elle distribuée ? Qui capte la valeur créée ?) nous apparaît comme la piste de recherche à privilégier sur le sujet.

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Annexe A Tableau descriptif des exemples retenus

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Pays

Allemagne

Allemagne

Allemagne

Ville

Berlin

Brême

Berlin

Nom du site / du projet

Prinzessinnengarten

Plantage 9 E.V.

Templehofer Freiheit

Gestionnaire de l'initiative

OBNL Prinzessinnengarten

Agence privée ZwischenZeitZentrale ou ZZZ

ville-land de Berlin

Types d’espace

Usages

Description

Genèse

Terrain vacant, centre-ville

Des centaines de voisins et citoyens se sont mobilisés pour transformer un terrain vacant public de 6 000 m2 en centre-ville, en jardin. En plus d'offrir de nombreux ateliers Agriculture urbaine et évènements, le site compte un caférestaurant. Il est auto-géré et autofinancé.

Une vente du site devait conduire à une relocalisation du jardin.

2009

Bâtiment vacant

Un groupe d'architectes activistes remporte un appel d'offre de la Ville pour activer ses espaces vacants et servir d'intermédiaire. Le bâtiment avait été racheté par la Ville en vue de travaux de construction routiers. Après deux ans, l'espace a finalement été racheté par les organisations qui l'occupaient temporairement.

2008

Projet hautement politique et polarisé, celuici visait une activation temporaire en vue d'une requalification et d'un développement mixte d'envergure. Il a ainsi accueilli un village urbain où de multiples organisations Agriculture urbaine et initiatives citoyennes proposaient des et espaces activités communautaires récratives communautaire durables. Face à une mobilisation du collectif 100 % Tempelhofer Feld qui a permis la mise en place d'un referendum auprès de la population, l'initiative a été pérénisée. Il s'agit aujourd'hui d'un parc public.

2007

Ancien aéroport militaire

Ateliers d'artistes

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Angleterre

Angleterre

Angleterre

Brighton

Londres

Plusieurs villes

FIELD, Preston Barracks

Croydon Arts Store

Meanwhile foundation

Dans l'attente d'une requalification incluant notamment un campus technologique et un incubateur pour des start up, intégrant luiEspaces de travail et même un projet de redéveloppement mixte ateliers pour des de plus grande envergure, un promoteur artisans privé a sélectionné 8 entrepreneurs dans le entrepreneurs cadre d'un concours et a animé les lieux rénovés d'évènements pop-up à destination des habitants à proximité. Il a également financé la relocalisation de 6 d'entre eux.

2015

Council of Borough of Croydon

La municipalité a développé et financé la réactivation temporaire de ce lieu en Magasin de 4 partenariat avec plusieurs organisations étages dans un Espaces de création artistiques et culturelles locales afin de faire centre commercial et de diffusion émerger un espace communautaire et voué à la artistique civique doté d'une programmation. démolition L'objectif est de voir comment l'art pourrait être intégré dans le redéveloppement du site.

2017

Meanwhile foundation

La Fondation Meanwhile a été créée en 2012 pour développer l'utilisation des propriétés vacantes pour des projets porteurs de développement économique et de régénération sociale ou environnementale.

Elle développe divers projets locaux et internationaux. Elle propose également à ses membres (payant) un ensemble de ressources et d’outils pour les accompagner dans le développement de leur projet.

Projets au service L'organisation devient propriétaire d'un développement d'espaces qu'elle met ensuite au service de durable projets structurant pour les collectivités. Elle organise notamment le programme pilote Open Doors financé par le Ministry of Housing Communities and Local Government, qui met en relation des propriétaires d'espaces sous-utilisés aux prises avec des difficultés de location et des groupes communautaires souhaitent développer un projet, dans cinq artères majeures du Royaume-Uni.

2012

Promoteur privé U+I + Ville de Brighton

Ancien site militaire appartenant à la ville de Brighton

Espaces commerciaux

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Autriche

Belgique

Belgique

Vienne

Anvers

Anvers

VinziRast-Mittendrin

Blikfabriek - Usine Can

GAST space

Association VinzIRast

OBNL Co.Labs

OBNL Co.Labs

Bâtiment vacant

Restaurant, logements sociaux, salle de réception, ateliers.

Ce projet dans le 9ème arrondissement de Vienne est le résultat de l’occupation des étudiants de l’école d’architecture de l’Université de Vienne en collaboration avec l’association VinziRast. Le bâtiment Biedermeier a été reconstruit et agrandi dans le cadre d’une première phase pilote de création d’un lieu communautaire. À partir de 2013 dans les parties résidentielles, des étudiants vivent avec des anciens sans-abri dans 10 communautés de vie de trois personnes sous un même toit. Plusieurs ateliers, qui donnent aux résidents la possibilité de travailler ensemble, créant ainsi une source de revenus supplémentaires.

2009

Ancienne usine

À la demande d'un promoteur et d'entreprises privées, ce projet implique la Hub d'innovation et reconversion de 30 000 mètres carrés d'entrepreneuriat et vacants en un espace favorisant les espaces initiatives locales, la culture et le sport. De communautaires grands hangars deviendront des lieux de rencontre actif socio-culturel temporaires pour un large public.

2018

Déployé en concertation avec la population et le acteurs locaux, le projet consiste en l'occupation pendant 4 mois d'un bâtiment historique par des espaces de travail pour entrepreneurs, des ateliers d'artistes et de fabrication, des espaces communautaires partagés pour des initiatives civiques. De nombreux évènements ont été organisés.

2017

Bâtiment patrimonial du 16e siècle

Espaces de travail, ateliers d'artistes et espaces communautaires

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Belgique

Belgique

Belgique

Belgique

Bruxelles

Bruxelles

Bruxelles

Gant

Arlon 104

Leeggoed

Régie des Bâtiments, Villes de Bruxelles et le Fonds quartier européen (FQE).

OBNL et collectifs Pigment, JESS, Samenlevingsopbouw Brussel, Bij Ons, Woningen 123 Logements

Un immeuble du quartier européen

Résidence de logements vacants gérés par une organisation publique

L’Allée du Kaai

OBNL Toestand (en partenariat avec Bruxelles Friche industrielle Environnement)

De Site

OBNL Samenlevingsopbouw Ancienne usine de Gent (en partenariat avec telecom la Ville)

Projet d'espace de dialogue entre les institutions européennes, les ONG et les citoyens. Jardin d'enfants et bibliothèque.

Arlon 104 est un projet pilote à l’initiative du Service Planification de la Ville de Bruxelles profitant d'un projet européen dont un des volets consiste à plancher sur la réactivation d’immeubles inoccupés, pour interpeller la Régie des Bâtiments (niveau fédérale) qui posséderait plusieurs bâtiments vacants. Le projet est en cours de démarrage.

2020

Hébergement d'urgence et logements sociaux

Un collectif d'acteurs du mal-logement squatte illégalement un bâtiment et commence, dès son occupation, des négociations avec le propriétaire pour légaliser celle-ci, avec l'appui d'acteurs du logement et de fondations reconnus.

2011

Espaces communautaires et culturels

Cette occupation temporaire s’étendait sur 32 000 m2 et s'incrivait dans un vaste projet de redéveloppement incluant le futur Parc Béco comme un parc récréatif à rayonnement régional. Des espaces ont été mis à disposition des citoyens, associations et initiatives locales gratuitement (une quarantaine d’associations) pour des activités culturelles, sportives et sociales, pendant une durée d’environ cinq ans.

2014

Espaces communautaires et agriculture urbaine

De nombreuses infrastructures (terrains de foot, serres, potagers collectifs) sont développées dans une ancienne usine de télécom afin de répondre aux besoins du quartier en y amenant une meilleure qualité de vie.

2007

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Belgique

Canada

Canada

Canada

Canada

Plusieurs villes

Cambridge

Hamilton

Montréal

Montréal

Le Comptoir des Ressources Créatives (CRC)

OBNL Bridge

Revitalisation du centre-ville

Association «Le Comptoir des Ressources Créatives»

Bridge Centre for Design + Architecture

Différents paliers de gouvernements

Ateliers d’artistes

Le CRC aide à la création d’ateliers d’artistes et plus largement, de laboratoires et d’espaces créatifs dans plusieurs villes de Belgique.

2012

Centre d'architecture temporaire

Initié et géré par des étudiants en architecture de l'université de Waterloo, le projet d'une durée de 3 ans a permis d'occuper temporairement des espaces vacants situés sur une artère principale, notamment pour y produire des expositions et des évènements en lien avec l'architecture.

2012

Centre-ville

Logements (entre autres)

Une succession de projets de revitalisation ont été déployés depuis les année 50 afin de redynamiser le centre de cette ville moyenne de l'Ontario. De grandes planifications urbaine financées à différentes échelles de gouvernements ont été mises en œuvre notamment en matière de logements et de rénovation, en impliquant la population.

1955

Dix fonctions (espaces communautaires, ateliers, épiceries, centre de la petite enfance, brasserie artisanale, école d’art, etc.)

Divers

Espace commercial

Bâtiment 7

Collectif 7 à nous

Ancien bâtiment vacant

Projet Young

Entremise, Fondation McConnell, Maison de l’Innovation Sociale, Ville de Montréal

Ancien bâtiment vacant

Le projet est le résultat d’une longue mobilisation cityenne pour réclamer un développement des anciens terrains du CN qui réponde à ses besoins.

Projet pilote d’urbanisme transitoire opéré Espaces de travail et dans un ancien bâtiment vacant de la Ville de réunion. de Montréal durant deux ans.

2003

2018

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Canada

Danemark

Danemark

Ecosse

Toronto

Aarhus

Copenhague

Glasgow

Wychwood Barns Park

Godsbanen/ Institut for X

Paper Island

Stalled spaces

OBNL Artscape

Bureau Detours

Organisation publique By & Havn (The corporation for development of City and Port)

Glasgow City Council

Anciens ateliers municipaux

Friche ferroviaire

Ancien port industriel

Terrains publics vacants

Espaces communautaires et artistiques, agriculture urbaine et logement

D'anciens ateliers de réparation de tramway sont devenus un hub culturel et communautaire au cœur d'un parc d'envergure à la suite d'une mobilisation de Début des citoyens voisins. Ils accueillent des années logements et ateliers d'artistes, des espaces 2000 communautaires et les activités de plusieurs organisations mobilisées autour de la sécurité alimentaire.

Hub culturel et communautaire

En perpétuel redéfinition, l'Institut for X est une plateforme culturelle et d'affaires pour des designers, entrepreneurs, artistes ou artisans et pour des initiatives citoyennes.

Elle a établi ses quartiers à Godsbanen, dans les entrepôts d'une une friche ferroviaire cédés par son propriétaire à la ville d'Aarhus.

Le secteur en requalification doit devenir à terme un quartier culturel central.

2009

Redéveloppement mixte

Un ancien port industriel a fait l'objet d"occupations temporaires dans l’attente de sa requalification complète. Il a notamment accueilli un marché de bouffe de rue et des bureaux pour des entreprises créatives avant de devenir un nouvea quartier créatif et touristique (en cours).

2014

Programme mis en place par le conseil municipal de Glasgow pour aider les groupes communautaires et les Agriculture urbaine, organisations locales de la ville à développer espaces de jeu, des projets temporaires sur des sites bloqués événements ou ou des espaces ouverts sous-utilisés. Les expositions projets soutenus par le programme proposent une série d'initiatives basées sur les besoins de la communauté.

2011

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Espagne

Estonie

États-Unis

États-Unis

Barcelone

Riga

Austin

Austin

Pla buits

Zunda Garden

20ft WIDE

Community Garden Projets

Ville de Barcelone

Free Riga

Ville d'Austin

Ville d'Austin

Terrains publics vacants

Friche industrielle à proximité de la rivière

Allées historiques du centre-ville

Terrains sousutilisés

Verdissement, agriculture urbaine et espaces communautaires

La ville de Barcelone a réalisé un appel à projet auprès des communautés et citoyens afin de mettre à diposition gratuitement pour deux ans des terrains municipaux vacants de taille variés, allant de 100m2 à 1000 m2.

2012

Culture et verdissement

Dans l'attente d'un redéveloppement réidentiel reporté à plusieurs reprises en raison de la crise économique, une occupation temporaire a été mise en place entre le propriétaire et un collectif d'artistes activites qui y déploie des activités culturellles durant la saison estivale.

2015

Espace public

Face à la disparition des allées dans un contexte de développement urbain, la ville (la commission du centre-ville) a procédé à un projet pilote d'activation d'une allée pendant une semaine par des aménagements et une programmation évènementielle. Elle a par la suite modifié ses ordonnances évènementielles afin de les adapter davantage à activités créatives de petite envergure.

2012

Parcs et agriculture urbaine

En 2009, une résolution de la ville d'Austin a donné pour objectif d'offrir l'accès à un parc dans une distance maximale et minimale de ½ à ¼ de mile. Elle a conclu une entente avec la Austin Independent School District afin d'identifier et de cartographier tous les espaces verts pouvant augmenter la surface de parc ou faciliter les accès à un parc. Elle a également voté une résolution visant à favoriser et à faciliter le développement de l'agriculture urbaine : procédure de demande de création de jardin facilité, amendements au code, guichet unique de gestion des demandes, utilisation de programmes de subvention existant pour financer les projets de jardins, etc.

2018

34

États-Unis

États-Unis

États-Unis

États-Unis

Baltimore

Baltimore

Cleveland

Dallas

Baltimore green space

Regminton storefront challenge

Opportunity Corridor project

Build a better block project

Baltimore green space

Greater Remington Improvement Association (GRIA)

Greater Cleveland Partnership

OBNL Build a better block project

Jardins communautaires en processus de régularisation

Une fiducie foncière a vu le jour à Baltimore afin de protéger et de faire perdurer les espaces verts et forêts urbaines, jardins communautaires de la ville. Elle bénéficie Agriculture urbaine d'un partenariat avec la ville pour des terrains faisant l'objet d'expropriation et accompagne des groupes de citoyens dans le développement et la gestion de leur projet d'agriculture urbaine.

2007

Espaces commerciaux

L'organisation de développement économique a lancé, avec ses partenaires, un appel à projets sous forme de compétition pour sélectionner (par un jury) les projets d'affaires commerciaux les plus créatifs Nouveaux concepts pouvant s'intégrer à l'artère commerciale et de vente au détail soutenir son achalandage. Les gagnants bénéficient d'un accès de 12 à 24 mois à des emplacements commerciaux de choix, sans loyer, en plus d'un soutien financier et technique à l'aménagement de l'espace commercial.

2018

2015

2010

Ancien voie ferroviaire et terrains vacants

Projet d'axe routier d'envergure

Afin de connecter un échangeur routier à un campus universitaire et un quartier institutionnel, un projet d'axe routier à 5 voies est envisagé sur des friches industrielles et des quartiers dévitalisés affectés par la pauvreté. Face au manque de concertation, une équipe universitaire a mis sur pied une consultation publique. Elle a finalement été conviée par le consortium d'acteurs économiques et institutionnels impliqués, à agir comme conseil.

Les rues

Espaces communautaires et commerciaux

L'organisation sensibilise, équipe et forme les communautés dans l'activation d'espaces publics sous-utilisés avec des aménagements temporaires de type parklet, permettant de développer des milieux de vie complets.

35

États-Unis

Los Angeles

OBNL Farm LA

OBNL Farm LA

Lots et terrains sous-utilisés

États-Unis

Los Angeles

LA Open Acres (en partenariat avec 596 Open Acres)

OBNL Community Health Councils

Lots vacants

États-Unis

Los Angeles

OBNL Amigos de los Rios

OBNL Amigos de los Rios

Friches

États-Unis

Los Angeles

Bowtie Parcel

OBNL Clockshop

Friches ferroviaires

Les bénévoles transforment des terrains vacants et des chaussées situés dans des déserts alimentaires en jardin urbain résistant à la sécheresse. Le projet implique Agriculture urbaine aussi à terme des technologies vertes (fermes solaires). L'organisation a également mobilisé un réseau autour de marchés fermiers, d'échanges de récoltes de fruits, d'activités dans les écoles, etc.

L'organisation développe en partenariat avec l'Université de Columbia et 596 Acres (une initiative de cartographie communautaires des terrains et bâtiments vacants à NY) une carte interactive des Agriculture urbaine espaces vacants privés et publics comprenant de nombreuses informations permettant aux citoyens d'initier un projet de transformation, de verdissement ou de jardin. Les données utilisées sont ouvertes et informent notamment sur le propriétaire.

L'organisation s'appuie sur de nombreux partenaires financiers et bénévoles locaux pour nettoyer et verdir des friches et des terrains vacants dans plusieurs villes de l'agglomération visant ainsi à construire une ceinture verte (17 000 mile/27 km) de parcs Parcs et de forêts urbaines sur les rives de deux rivières. Les projets locaux sont montés par des Fellows qui sont responsables d'impliquer et de former les résidents locaux dans le développement de leur projet de verdissement.

En 2003, le California State Parks a acheté cette friche au bord de la rivière Los Angeles mais n'ayant pas les fonds pour y développer un parc, le site reste fermé au public pendant une décennie. Un partenariat avec l'organisme culturel et artistique ClockShop permet d'animer le lieu à travers une Diffusion artistique programmation culturelle et artistique impliquant des expositions, des salons littéraires, des évènements communautaires ou des campements thématiques. En 2021 l'organisation a été mandaté pour la mise en œuvre d'une consultation publique visant à définir l'avenir du site.

2018

2013

2003

2014

36

États-Unis

États-Unis

États-Unis

États-Unis

Milwaukee

New York

New York

Philadelphie

POP UP Milwaukee

Local Initiatives Support Corporation (LISC)

Espaces commerciaux

LentSpace

Firme Interboro (en partenariat avec le Lower Manhattan Cultural Council)

Terrain vacant

Melrose Gardens, 27 community gardens

South Bronx United Gardeners (SBUG) coalition

Jardins communautaires développés dans un contexte d'informalité

Garden Justice Legal

Public Interest Law Center Garden Justice Legal Initiative (GJLI)

Jardins communautaires développés dans un contexte d'informalité

Un partenariat public-privé de développement économique a permis la mise à disposition d'espaces commerciaux sur trois artères commerçantes, gratuitement et pendant une durée d'un Projets d'affaires 2018 mois. 18 entrepreneurs issus de la communauté afro-américaine ont ainsi bénéficié de formation et de mentorat ainsi que d'une subvention permettant de prendre en charge les première dépenses.

Ouvert au public durant la journée mais fermé par des barrières le soir, le site Jardin artistique accueille des expositions et permet aux à la 2008-2009 communauté de profiter d'un espace verdi pour flâner.

Menacés par un développement résidentiel, 26 jardins communautaires du Quartier Melrose dans le sud du Bronx milite pour une nouvelle planification qui permettrait de les sauvegarder. Accompagnés et soutenus Agriculture urbaine 1999 par de nombreuses organisations activistes impliquées dans des mouvements d'agriculture communautaire, ils déploient des manifestations et négocient une alternative.

Un organisme de défense des droits se bat depuis des années pour une reconnaissance des multiples jardins communautaires établis de façon illégale sur des terrains vacants privés et public depuis plusieurs générations. De nombreuses avancées ont été concrétisées (les autorisations temporaires sont devenues des baux par Non concerné 2010 exemple) malgré des tentatives régulières d'instauration de mesures législatives restrictives. La révision de son zonage, la clarification de sa vision en matière d'agriculture urbaine et une nouvelle planification stratégique ont finalement été mises en œuvre en plus de la création d'un land bank.

37

États-Unis

San Francisco

Proxy

Envelope A+D (firme de design)

France

Mont-deMarsan

Je teste mon commerce

Ville de Mont-de-Marsan

France

Nantes

Quartier de la création & Ile de Nantes / Quartier des Olivettes

Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique (SAMOA)

France

Paris

Les Grands Voisins

OBNL Aurore (en partenariat avec We Camp et Plateau Urbain)

La firme a été mandaté pour réactiver pendant quelques années un terrain vacant devant initialement accueillir du logement Espace privé et social, dans un quartier en processus communautaire et Terrain vacant de revitalisation. Le recyclage de containers de diffusion a permis d'accueillir une programmation artistique impliquant des pop up stores, des activités culturelles et artistiques de cinéma et de musique.

Dans le cadre du grand plan d'investissement ministériel sur cinq ans à destination des 222 villes intermédiaires appelé « Action Cœur de Ville » , Mont-deMarsan a lancé l'opération “Testez votre Espaces Activités commerce au coeur du centre-ville”. Son commerciaux commerciales objectif était d'amorcer une dynamique d'installation en offrant à de nouveaux commerçants ou artisans les conditions propices pour tester leur activité, et venir compléter l'offre commerciale existante.

Projet de redéveloppement urbain majeur ayant permis la création d’un Quartier de la création regroupant des écoles d’art, des lieux de diffusion artistique et des Anciens chantiers Cluster économique entreprises créatives. Initié depuis une navals créatif quinzaine d’années, cet aménagement inclue des occupations temporaires par des entreprises et des organisations locales visant à expérimenter des usages ainsi qu’un cluster culturel et économique d’envergure.

Entre 2015 et 2020, le site s'est transformé en village urbain solidaire et utopiste d'envergure et sans précédent. Autogéré, il a Hébergement notamment accueilli près de 2.000 d'urgence et personnes qui y vivaient et/ou y logements, ateliers travaillaient, plus de 300 événements Anciens hôpitaux d'artistes et culturels, éducatifs et artistiques gratuits et d'artisans, espaces 600.000 visiteurs par an. Plus de 5.000 communautaires et bénévoles se sont impliqués aux côté des récréatifs trois organisations gestionnaires spécialisées dans l'occupation temporaire et l'hébergement d'urgence et de transition.

2009

2019

2003

2015

38

France

Paris

Testeur de commerces

France

Plusieurs villes : La Roche-surYon, Perreux-surMarne

Caracol

France

Toulouse

Grèce

Hongrie

Société d’économie mixte de la Ville de Paris (Semaest)

Espaces commerciaux

Activités commerciales

OBNL Caracol

Maisons ou résidence publiques vacantes

Logement et espaces communautaires et culturels

Logements sans abris

Coopérative intercalaire

Ancienne résidence universitaire

Hébergement d'urgence

Athènes

Syn-Athina

Ville d'Athènes

Non concerné

Divers

Budapest

Müszi

Müszi

Ancien centre commercial

Espace créatif, culturel et communautaire

Le programme « Testeur de commerce » favorise l'éclosion de nouveaux concepts de commerces à Paris. Disponible à la location entre quelques semaines et plusieurs mois, chaque boutique éphémère donne l'occasion de tester en conditions réelles une activité, un concept, un produit avant de se lancer dans la location d’une boutique à long terme et la signature d’un bail classique.

L'organisation structure et met en œuvre des colocations mixtes entre des personnes précaires d'origine française et des bénéficiaires de la protection internationale au service des propriétaires, en utilisant leur parc immobilier vacant. L'association compte plusieurs partenariats en lien avec les réfugiés et les migrants ou dans le domaine de la construction et de l'urbanisme transitoire.

Pendant 7 mois, avec l'appui d'acteurs locaux spécialisés dans l'insertion sociale et l'occupation temporaire, 220 personnes en situation d'itinérance ont été hébergées dans une ancienne résidence appartenant au Ministère de la Défense.

Plateforme numérique et espace de rencontre physique en plein centre d'Athènes, Syn-Athina permet de mettre en relation les initiatives citoyennes entre elles et avec l'équipe municipale. L'équipe (qui dépend du Vice Mayoral Office for Civil Society and Innovation) anime une communauté virtuelle et un réseau réel par de nombreux évènements et rencontres.

Le troisième étage d'un centre commercial vacant depuis 6 ans de plus de 2000 m2 a été investi gratuitement (en échange d'un nettoyage des lieux) par une troupe de spectacle vivant à la recherche d'un lieu de représentation, en urgence. L'évènement culturel ayant rejoint plus de 1 000 spectateurs, l'occupation s'est formalisée au fil du temps et le lieu est devenu un espace de création et de diffusion artistique communautaire.

2015

2019

2019

2013

2012

39

Irlande

Italie

Italie

Italie

Pays-Bas

Dublin

Bologne

Naples

Sesto San Giovanni

Amersfoort

Popup Granby Park

Collectif Upstart

Terrain vacant

Ravone Projects

Urban Innovation Foundation (financé par la ville de Bologne et l'université de Bologne)

Friche ferroviaire

Département de l'urbanisme et de la gestion territoriale de la ex-Ospedale Militare di municipalité de Naples et Napoli le DiARC (département d'architecture) de l'université "Federico II" de Naples.

MADE in MAGE

District managers (wijkmanagers)

ARCI Milano

Agglomération d'Amersfoort

Ancien hôpital militaire

Pendant deux mois, un collectif d'artistes, en partenariat avec la ville de Dublin et avec Agriculture urbaine, l'appui de nombreux bénévoles a développé espace culturel et animé un parc urbain temporaire sur un communautaire site vacant destiné à une promotion immobilière affectée par la crise.

Projet de requalification d'un site industriel majeur situé en périphérie du centre ville de Bologne. En raison de la crise, le développement mixte prévu n'a pas vu le Divers jour et l'occupation temporaire a été envisagée à des fins artistiques, culturelles, sociales et environnementales, à travers un processus de co-planification avec les citoyens.

Projet de réactivation de l’ancien hôpital militaire de Naples depuis 2017. Le projet, Laboratoires, salles en cours d’élaboration, est fondé sur un de classe, "modèle de partenariat public modèle de bibliothèque, partenariat public-communautaire". Ce services modèle est basé sur la coordination entre communautaires, l'administration locale (municipalité de logements Naples) et la société civile, toutes deux étudiants. représentées dans l'association "Communauté pour le parc Quartieri Spagnoli".

2013

2006

2017

Ancien bâtiment industriel

MADE in MAGE est un projet expérimental de réutilisation temporaire Incubateur de mode pour créer un incubateur de mode et de et de design durable design durable. L'objectif est de promouvoir et soutenir les métiers créatifs liés aux thèmes de la mode et du design durables.

2010

Les quartiers et voisinages

5 "district managers" ont été nommés pour faire le lien entre les instances municipales et les habitants, les entrepreneurs ou les organisations dans 14 quartiers. Leur fonction est celle de vigie et de représentant de la communauté auprès des différents services et intervenants en politique publique en vue de pousser des projets ou des initiatives.

1992

Non concerné

40

Pays-Bas

Pays-Bas

Pays-Bas

Pays-Bas

Amsterdam

La Hague

Rotterdam

Rotterdam

De Ceuvel

Vacance commerciale

Het Schieblock

ZOHO

Studio Space & Matter

Entrepôt à bateaux vacant depuis 10 à 15 ans.

Ateliers et bureaux pour entreprises sociales

Ville de la Hague

Artère commerciale déclinante (Paul Kruger Laan)

Commerces

Studio international ZUS (Zones urbaines sensibles)

Stipo (conseil privé)

Bureaux vacants

Secteur urbain dévitalisée (le sud d'Agniesebuurt)

Une frichede 15 000m2 contaminée fait l'objet d'un appel d'offres par la ville d'Amsterdam pour une réactivation. Un studio de design et une firme d'architecture paysagère spécialisée dans la décontamination avec l'appui de nombreux partenaires ont déployé un projet visant offrir des bureaux et des ateliers à des entreprises sociales constitués à partir de recyclage de bâteaux offerts par la population. Le projet d'un bail de 10 ans inclus des technologies vertes.

La ville a déployé un programme en 3 étape 1) rénovation des espaces publics et des rues 2) mise en place d'un partenariat entre écoles et commercants pour recevoir des stagiaires (coaching des commercants et entrepreneurs pour superviser et former des stagiaires) 3) réactivation de l'association des commercants et attraction de restaurateurs de plus de 5 ans d'expérience.

2014

2009

Incubateur d'entreprises

Un ensemble d'immeubles de bureaux d'un secteur en requalification devient un incubateur ouvert sur la communauté par de larges terrasses, un jardin urbain sur le toit, et une plateforme traversante fortement symbolique en raison de la connexion qu'elle permet de trois quartiers, de son design et de son financement participatif. Celle-ci dispose d'un permis de 10 ans.

2011

Espaces de travail pour des makers

Une firme privée est engagée par une fondation offrant du logement social pour revitaliser un secteur indutriel et résidentiel en vue d'une vente de plusieurs bâtiments industriels. Plusieurs entreprises créatives ou artisanales ont été sélectionnées pour occuper des bâtiments vacants. En plus d'organiser des évènements sur des enjeux urbanistiques, le promoteur a "brandé" le secteur, développé une vision et réaménagé l'espace public.

2013

41

Roumanie

Slovaquie

Slovaquie

Bratislava

Nod Makerspace

En 2015, un groupe multidisciplinaire a voulu transformer un espace industriel Espaces de travail, abandonné de l'ancienne usine de coton de ateliers de bois et de Bucarest en premier makerspace de métal, studios Roumanie. Après 6 mois de travail, les 650 privés, espaces de Ancienne usine de m² étaient prêts à accueillir les makers et les Collectif multidisciplinaire réunion et coton de Bucarest entrepreneurs des industries créatives qui d'événements et une avaient besoin d'un espace et d'une «matériauthèque» communauté pour leur passion. L'espace (bilbiothèque de industriel est redevenu animé et constitue un matériaux) important pôle d'attraction pour les industries créatives de Bucarest.

2015

Pod Pyramidou

Projet d'utilité publique à but non lucratif de jardin urbain situé dans un espace rénové de la terrasse du toit du bâtiment d’une radio slovaque de Brastislava en coopération avec la Radio et Télévision de Slovaquie (RTVS).

2014

Association Jedlé mesto (Ville comestible)

Toit vacant d’un immeuble

Jardin urbain

Source : Adapté de Réveillé, 2021

42

Annexe B Outils et dispositifs de réactivation Cette annexe présente une panoplie d’outils et dispositifs utiles à la réactivation d’espaces urbains. L’objectif que nous avons voulu atteindre était d’identifier et de décrire le plus large éventail de dispositifs, de contrats, de procédures et de méthodes de réactivation d’espaces. Chacun de ces outils présente des spécificités locales (cadres juridique et réglementaire, politiques publiques, contraintes administratives) pour encadrer les projets et les expériences.

Nous avons fait le choix de les présenter sous la forme d’une liste dynamique dans laquelle nous avons inclus les instruments les plus communs des projets identifiés.

Nous sommes conscients que cette liste ne peut pas – et ne doit pas – être définitive.

Cartographie participative La cartographie participative permet à des non-spécialistes de contribuer à l’élaboration d’une carte de manière collective et généralement à l'aide d'internet. Pensons à OpenStreetMap, un projet collaboratif de cartographie en accès libre. Lorsqu’elle est destinée aux habitants d’un territoire local, elle peut être un outil de production de connaissances et de concertation publique.

La cartographie participative fait partie des documents produits par expérimentation tout au long du processus d’activation des espaces urbains. Ces cartographies et les documents collectifs qui les alimentent comme des inventaires, des photographies ou encore des textes, peuvent alimenter directement les projets. Les collectifs pluridisciplinaires sont souvent en quête de « représentations collectives spatialisées, comme les cartographies et coupes sensibles (ou transects). Celles-ci se rejoignent par la compilation d’anecdotes, la mise en œuvre d’une approche des lieux, construite en commun, et l’exposition de potentialités d’aménagement » (Olmedo et Stassi, 2020, p.78).

Ces collectifs utilisent diverses approches et méthodes pour collecter, représenter et diffuser des informations urbaines afin d’éclairer la prise de décision des décideurs : visites, marche commentée, dessins et cartes mentales, etc. (voir Breux, Collin et 43

Gingras, 2014). Par exemple, le collectif paysagiste FAR a produit une cartographie à main levée sur une feuille de papier de cinq mètres de long figurant l’ensemble des informations collectées durant quatre mois (les ambiances, les usages, les discussions).

Durant trois jours, un local a été ouvert aux habitants afin qu’ils puissent dessiner et enrichir la carte. Cette figuration singulière réalisée au crayon aurait permis de libérer la parole des habitants (Olmedo et Stassi, 2020).

Ces cartographies collectives participent de la déconstruction des évidences spatiales en faisant une large place aux représentations habitantes. Toute cartographie n’est pas pourtant neutre. Une carte est une représentation d’informations sous une forme graphique. Elles suscitent ou révèlent des oppositions et résistances, mais peuvent servir de base de réflexion pour l’aménagement d’un lieu ou d’un territoire. Des projets de cartographies participatives peuvent être portés par les institutions. L’agence parisienne Dédale a développé le dispositif de cartographie participative Smartmap.

Cette application permet de collecter des informations provenant de diverses natures (entretiens avec des habitants, mesures, photos aériennes, archives) afin d’alimenter les projets d’aménagement portés par les autorités publiques.

Inventaire thématique d’espaces Il comprend généralement la constitution d’une base de données ou à défaut d’un registre, puis d’une cartographie. Sa mise en place reste complexe car elle implique tout d’abord de définir avec précision l’objet de l’inventaire (la typologie et la caractérisation des espaces à réactiver) et de collecter ensuite des informations relevant en partie de la propriété privée. Le principal écueil étant finalement la mise à jour de l’inventaire dans la durée. La littérature démontre que les collectivités territoriales sont peu en maîtrise des informations concernant les biens fonciers et leur occupation, et disposent souvent de données partielles, difficiles à obtenir et à qualifier ou alors d’outils peu efficaces (Dann et al., 2009 ; Graham, 2012 ; Christensen, 2014 ; Larson et al., 2018).

Comme le démontre l’exemple de la ville de Rotterdam, Pays-Bas, au lendemain de la crise économique de 2008, l’entretien et la mise à jour de cette base de données constituaient non seulement un défi, mais elle était indispensable à une planification.

Devant le manque de connaissance de la nouvelle réalité, il était difficile d’avancer des projets de développement. Un enregistrement systématique a ainsi été mis en place et les données obtenues, particulièrement fines, ont été intégrées au système d’information de la Ville. Par la suite le site participatif Plug Rotterdam (http://www.plugrotterdam.nl) a été publié afin de permettre la suggestion de nouveaux usages par la population, la diffusion de la liste des processus de réactivation en cours et un système de notation par la population des projets recensés (Marzot, 2016). L’inventaire constitue en effet un outil de participation par excellence qui s’inscrit bien dans la dynamique de réappropriation du territoire par les communautés défendues par les porteurs de projets de la réactivation. Plusieurs municipalités et 44

organisations communautaires l’ont compris et invitent les citoyens à participer à l’identification. Ainsi, le détecteur de la vacance mis sur pied à Brême, Allemagne, a permis de recenser plus de 750 sites et espaces (Hasemann et Schnier, 2017). À Los Angeles, USA, une organisation sans but lucratif a développé un partenariat avec l’Université de Columbia et l’organisation 596 Acres militant pour un accès au foncier via un processus de données ouvertes et qui a entrepris un référencement des espaces vacants de New York appelé Living Lots New York. Elle développe un inventaire qui s’appuie sur les données ouvertes de la Ville, le travail terrain de chercheurs, l’imagerie satellite et des logiciels de cartographie. Le projet est subventionné par une fondation privée et invite les résidents à l’action notamment en signalant des bâtiments vacants, en collectant des données et en transmettant des photos (Jao, 2016). Autre exemple intéressant, celui de la campagne d’activisme visant à marquer d’autocollants Occupy Me les bâtiments vacants ou sous-utilisés de la ville de Riga, Lettonie. Celle-ci a finalement abouti entre un partenariat avec le Property Department de la Ville de Riga et la mise en place d’un outil collaboratif de cartographie en ligne ayant permis l’identification de plus de 350 bâtiments vacants par les citoyens (Refill, 2017)24.

Appels à projets innovants Les pouvoirs publics ont régulièrement recours à des appels de manifestation d’intérêt (parfois nommé appel ou demande de déclaration d’intérêt). Elle consiste à inviter des candidats à manifester leur intérêt à participer à un projet donné. Des règles et des lois encadrent le plus souvent ces appels selon les modalités de chacun des États qui régissent la commande publique. Parmi ces procédures, les « appels à projets innovants » rassemblent des appels d’intérêt non encadré juridiquement par lesquels « une personne publique invite des tiers à présenter des projets, pouvant répondre aux objectifs généraux qu’elle définit, tout en leur laissant l’initiative du contenu, de la mise en œuvre, et des objectifs particuliers qui y sont attachés. Les appels à projets visent à promouvoir l’expérimentation, la mise en réseau des acteurs et l’émergence de nouvelles pratiques. » (Réseau national des aménageurs, p.3, dans Fol, 2020, p137) Par exemple, la Ville de Paris a utilisé à cinq reprises ce dispositif concernant 150 sites (IAU, 2018). En 2016, elle lance l’appel « Réinventer Paris » puis l’appel « Inventons la Métropole du Grand Paris 2 » deux ans plus tard. Autre exemple, les deux dispositifs « Je vois Montréal » et « Je fais Montréal » initiée en 2015 par la Ville de Montréal visaient à identifier, soutenir et réaliser plus de 180 projets (Ville de Montréal, 2015).

24 ‘Occupy Me’ a été le nom d’une campagne mise en œuvre par un cercle d’activistes et d’artistes de Riga dans le cadre de l’édition 2013 du festival annuel d’art contemporain Survival Kit. En plus de 5 000 autocollants, un manifeste et la liste des organisations en recherche d’espace ont été diffusés en ligne, attirant l’attention des principaux médias. Cette action a donné naissance à l’organisation Free Riga spécialisée dans l’occupation temporaire de bâtiments vacants (Refill, 2017).

45

À plus grande échelle, en France, l’Appel à projets « Réinventons nos cœurs de ville » lancé en 2019 par l’agence interministérielle Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) et l’Agence nationale pour la Cohésion des Territoires (ANCT) constitue en un accélérateur de la dynamisation des cœurs de ville. Cent-douze villes ont répondu à la consultation en proposant un site emblématique (ancien hôpital, caserne, bâtiment administratif, ancienne halle, etc.) à des investisseurs et des professionnels. Se positionnant comme de nouveaux pôles, ces sites accueilleront à terme de l’habitat multigénérationnel ou des logements étudiants, des commerces, des espaces multiservices en lien avec la promotion du territoire et le tourisme, des espaces partagés et des tiers-lieux, etc.

L’avantage de ces appels est qu’ils donnent accès à des structures de tiers-lieux, d’incubateur ou d’accélérateur pour obtenir des aides et de l’accompagnement en gagnant en visibilité.

Convention d’occupation précaire Dans le droit français, la convention d’occupation précaire « n’est pas un bail. Il s'agit d'une convention aux termes de laquelle un occupant est autorisé à occuper les lieux jusqu'à ce qu'un événement, indépendant de la seule volonté des parties, se réalise » (Dalloz, 2020). Le bénéficiaire d'une convention d'occupation précaire n'est pas qualifié de locataire, mais d'occupant. Il ne paie pas un loyer mais une indemnité d'occupation.

En ce sens, la convention d’occupation précaire se distingue de l’occupation sans titre ni droit (le squat) et du bail dérogatoire ou « bail de courte durée » qui ne concerne que la location de locaux à usage commercial pour une durée inférieure à trois ans. La juriste belge Sophie Dauphin précise la nécessite d’« analyser si l’intention commune de conclure une convention d’occupation précaire est basée principalement sur l’existence de circonstances exceptionnelles justifiant d’une précarité ou sur une volonté d’échapper aux dispositions coercitives relatives aux baux» (2016, p.18). Dans le droit belge, le motif de la précarité doit être explicitement mentionné (par exemple, l’exécution future de travaux de rénovation, de construction ou de démolition, l’expropriation future, le règlement d’une succession, etc.).

Cette convention a été utilisée par Plateau Urbain dans le cadre du projet parisien des Grands Voisins où l’organisation a réactivité durant cinq ans l’ancien Hôpital SaintVincent-de-Paul. C’est l’outil employé par exemple par Testeur de commerces, un programme géré par la Société d’économie mixte de la Ville de Paris, la Semaest, pour rendre accessibles les locaux vacants à des entrepreneurs afin qu’ils puissent tester leur affaire (Semaest, s.d.). En Belgique, la Région de Bruxelles-Capitale a développé une politique d'encadrement de l'occupation des immeubles abandonnés à travers un contrat entre des occupants et un propriétaire, fortement semblable à la Convention d’occupation précaire. Celui-ci permet d'utiliser un bien immobilier en attendant sa destination définitive ou jusqu'à son invalidation, gratuitement ou moyennant une 46

indemnisation symbolique. La durée d'occupation ne doit pas être inférieure à un an.

Ces conventions annuelles reconductibles ont été utilisées dans le cadre du projet de l’Allée du Kai par l’organisation Leeggoed (Lamy, Mercenier et De Smet, 2016).

Permis d’occupation temporaire Les permis (ou autorisations ou licence selon les États) d’occupation temporaire permettent à une personne d’occuper pour une durée déterminée un espace qui ne lui appartient pas, généralement le domaine public. Elle peut être délivrée par l’État et ses établissements publics, ainsi que par les collectivités territoriales. À Paris dans le cadre du projet Ground Control sur un site ferroviaire du groupe SNCF, deux autorisations d’occupation temporaire de deux ans (2015 – 2017 puis 2017 - 2019) ont été signées par la SNCF Immobilier et les sociétés exploitantes Allo la Lune et la Lune Rousse (Fol, 2020). Les permis d’occupation temporaire peuvent recouvrir une diversité d’usages. À Edmonton, par exemple, le permis «Interim Land Uses» est délivré pour permettre un ensemble d’usages tels que des jardins communautaires, des terrains de soccers, des installations artistiques ou des espaces de stationnement sur des terrains vacants de la ville (Graham, 2012). Dans certaines villes, il existe différents types de permis d’occupation temporaire selon la nature de l’occupation (par exemple permis de stationnement, permis de voirie, permis de tournage, etc.). La Ville de San Francisco a créé une autorisation spécifique pour les parklets. Ce sont des installations temporaires sur le domaine public, généralement des espaces de stationnement, pour créer des espaces de rencontre (SF Parkelt manual, 2020).

Prêt à usage Selon le Code civil du Québec, le prêt à usage est le contrat à titre gratuit par lequel une personne, le prêteur, remet un bien à une autre personne, l’emprunteur, pour qu’il en use, à la charge de le lui rendre après un certain temps. Dans le droit français, le prêt à usage, ou commodat, est une convention qui permet à un propriétaire de donner un droit d’usage ou de jouissance sur son bien à titre gratuit. La nature de l’occupation est librement définie par les parties. Le prêt à usage a été utilisé par les promoteurs d’un quartier à Saint-Denis pour la reconversion et l’occupation d’un ancien bâtiment industriel en 170 d’ateliers de création 2010 à 2019 (Fol et al., 2020). Autre exemple similaire de prêt gratuit d’espaces à Barcelone. En 2012, le programme Plan Buits, conçu par la direction de l’urbanisme, crée un concours pour la gestion temporaire de dix-neuf friches urbaines du domaine public. La municipalité a cédé «gratuitement ces espaces à des collectifs et à des associations, recensés dans le fichier municipal des entités citoyennes sans but lucratif pour qu’elles les aménagent en y implantant des activités d’intérêt public ou d’utilité sociale» (Orduña-Giró et Jacquot, 2015, p.2). Les organisations sélectionnées ont obtenu des licences d’occupation temporaire pour un usage privatif et un aménagement réversible de ces espaces.

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Programmes de politiques publiques À l’échelle nationale, ces programmes de politiques publiques correspondent à la mise en œuvre d’une action ou d’un ensemble cohérent d’actions d’un ou plusieurs ministères. En 2019, l’État français lance le programme « Nouveaux Lieux, Nouveaux Liens » porté par le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Concrètement, l’État français prévoit le déblocage de 100 millions d’euros pour le développement de tiers-lieux. Parmi les mesures : subventions d’amorçage, aide au logement, mise à disposition de locaux publics inutilisés et création d’un fonds d’investissement. (Ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, 2019)

Opérations urbaines Le processus de réactivation prépare parfois des opérations urbaines importantes qui se traduisent par l’aménagement physique d’un nouveau quartier ou le réaménagement d’espaces urbains existants. En amont d’un projet urbain associé généralement à un programme et à des engagements de politique locale, les acteurs de la réactivation peuvent bénéficier de financements liés ou de soutien décisif à l’obtention de subventions institutionnelles. Par exemple, une partie des activités du projet transitoire L’Autre Soie à Lyon est financée par l’Union Européenne et la Métropole de Lyon dans le cadre de la subvention Urban Innovative Actions, un programme de l’Union européenne doté de 372 millions d’euros destinés à soutenir financièrement la revitalisation d’aires urbaines européennes. Autre exemple français, l’organisation Aurore dans le cadre du projet des Grands Voisins perçoit une somme allouée par l’État français à la création de places d’hébergement d’urgence (Livet, 2017 ; CarreauTouzé, 2019).

Certains montages financiers remplacent les partenariats public-privés lors de grands projets urbains de revitalisation de friche industrielle. Par exemple, en Belgique, l’association à but non lucratif Toestand dispose d’un budget annuel de 190 000 €, octoyée par l’agence métropolitaine Bruxelles Environnement, pour réactiver une friche industrielle de 32 000 m2. Dans le montage financier, Bruxelles Environnement paye l’eau, l’électricité, les travaux de remise aux normes et les potentiels coûts supplémentaires engagés à l’occasion d’événements imprévus (Eechaudt, 2019).

Subventions et programmes municipaux Plusieurs villes financent la réactivation d’espaces urbains par l’octroi de budgets et de subventions. Par exemple, la Ville de Ghent (Belgique) a créé un Fonds pour les 48

occupations temporaires en 2014 de 445 000 $CA (Urbact/(Re)making the City, s.d.). À Glosgow (Écosse), la Ville subventionne chaque année des projets d’agriculture urbaine sur des terrains vacants depuis 2010 (Glasgow City Council, 2020). À Londres, les fonds Crowdfund London et Good Growth Fund sont dédiés aux projets portés par la communauté (Bosetti et Calthorpe, 2018).

Banque foncière La création de banques foncières est outil utilisé par plusieurs villes américaines en déclin pour lutter contre la vacance commerciale et résidentielle (Béal et al., 2016). La mission des banques foncières est d’acquérir des terrains et biens immobiliers vacants ou abandonnés pour leur redonner un usage productif. Elles possèdent les compétences et droits suivants : achat de terrains à bas prix ou gratuitement par le processus de saisies (« tax foreclosure ») ; exercice du droit de préemption (« right of first refusal ») pour acheter des propriétés saisies (« tax-foreclosed properties ») ; exemption de taxes ; extinction des arriérés de taxes ; location de terrains pour des usages temporaires ; négociation avec des acheteurs en vue d’usages répondant aux besoins de la population.

Prêts et aide à l’achat La Ville d’Austin, USA, a créé le Neighborhood Partnering Program qui permet d’aider les groupes de riverains et voisins dans le développement, l’approvisionnement et la mise en œuvre de petits et moyens projets d’amélioration sur les parcelles appartenant à la ville (City of Austin, s.d. ; Christensen, 2014). La Ville de Milwaukee (États-Unis) et ses partenaires économiques, ont financé durant un an, les baux commerciaux de jeunes entrepreneurs sélectionnés par les communautés pauvres de la municipalité. Autre exemple, la Ville de Paris participe au dispositif Vital’Quartier pour favoriser l’installation de commerçants et d’artisans dans les quartiers touchés par la vacance commerciale ou la mono-activité depuis 2004. Ce dispositif est mis en œuvre par la Semaest, une organisation dont la Ville de Paris, offre un appui politique pour l’achat et la réhabilitation de locaux commerciaux (par voie de préemption ou de gré à gré avec les propriétaires). En 2015, la Semaest a lancé le programme Testeur de commerce qui permet à de jeunes entrepreneurs de tester de nouvelles formes de commerce à travers une location de quelques semaines à quelques mois.

Financement participatif Certains projets de réactivation ont eu recours au financement participatif (Fish, 2015 ; Moore-Cherry, 2017). Il s’agit du financement par lequel un porteur de projet sollicite l'appui financier d'un grand nombre de contributeurs afin de permettre la mise en 49

œuvre d'un projet ou d'en soutenir le développement, généralement sur des plateformes numériques. Par exemple, la campagne de financement participative de la « cour arrière » Quartyard a permis de confirmer le soutien du projet par la communauté auprès de la Ville de San Diego avant de solliciter les acteurs municipaux (McGuire, 2017).

Fonds propres Les fonds propres constituent une source de financement interne. Cela signifie que les sommes proviennent de l’organisation elle-même ou de ses partenaires. La majorité des projets de petite et moyenne envergure financent les projets de réactivation par l’occupation du site. Il peut s’agir de frais d’adhésion, de location de postes de travail ou de salle, d’activités commerciales voire d’offres de services multiples (Clausen, 2015 ; Rubenis, 2017 ; Carreau-Touzé, 2019). Cette source financière est complétée par du bénévolat, des dons ou des sponsors (Dubeaux et al., 2016 ; Jao, 2016 ; Fish, 2015 ; Stanov, 2018).

Chantiers ouverts et permanence Un chantier est un lieu de travaux et d’entreposage de matériaux fermé au public.

Depuis quelques années, certains collectifs d’architectes ont choisi d’ouvrir ces chantiers à un public diversifié. Les chantiers dits ouverts rassemblent l’ensemble des dispositifs invitant le public à participer au lieu. Selon Florent Ballif, « l’originalité de toutes ces démarches consiste à proposer conjointement des expériences d’ateliers participatifs ouverts à des publics différenciés (élèves des écoles, adolescents, seniors) et des événements festifs (concerts, repas partagés) ou de débats (conférence, colloques, soirées-débats) afin de faire participer le public au chantier et d’instituer un lieu d’échange. Elles lient des projets de micro-transformations de l’espace public à une réflexion plus large sur la participation des habitants aux processus urbains » (2015, p.2). La participation peut y être passive. L’objectif est de donner à voir ce qu’il s’y passe. L’opacité de l’enveloppe extérieure du chantier se transforme pour informer, créer des fenêtres sur le chantier ou des points d’observation en hauteur. Des visites du chantier sont organisées. La participation peut être également active. Le chantier ouvert devient un lieu d’expérimentation où les habitants contribuent concrètement à la construction du lieu. L’organisation suisse Chantier Ouvert ou l’organisation française Collectif Etc. ouvre leurs chantiers aux habitants en organisant des ateliers manuels (menuiserie, jardinage, etc.) afin de former et d’engager par l’action le public.

Le concept des chantiers ouverts a été popularisé par l’architecte Patrick Bouchain.

Lors de plusieurs chantiers, celui-ci voulait ouvrir le chantier au public dès le début des travaux à travers des visites, des conférences ou encore des concerts pour en faire un « acte culturel » (Trelcat et Colard, 2010).

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L’un des dispositifs stratégiques de Patrick Bouchain a été d’installer des baraques de chantiers ouvertes à tous pour favoriser les rencontres entre les architectes, les constructeurs, les ouvriers, les habitants, les visiteurs, etc. Ces baraques offraient une permanence sur le lieu où il était désormais possible de manger, de discuter voire de dormir (Hallauer, 2015). Au fil des projets et des chantiers, la permanence (architecturale) est devenue un outil méthodologique allant à la rencontre des attentes des usagers et des futurs occupants d’un espace s’appuyant sur la présence physique d’un permanent, architecte ou d’un autre profil sur les lieux. Cet outil a été repris par divers collectifs (pour aller plus loin voir Bouchain, 2006 ; Ricard et Jeandel, 2015).

Laboratoire citoyen et espaces d’expérimentation Des espaces d’expérimentation collective se créent dans de nombreux territoires urbains, périurbains ou ruraux (Krauss et Tremblay, 2019). Ces espaces prennent des formes variées (lieux de concertation, de fabrication, de réflexion) sous de multiples appellations (living labs, fab labs, makerspaces et autres labs) faisant appel à la créativité des participants. Depuis quelques années, nous avons constaté un enthousiasme croissant des pouvoirs publics pour promouvoir ces lieux en les articulant à des plans d’action plus larges grâce à des subventions publiques, à l’organisation d’événements ou encore à des projets de régénération urbaine de quartiers dévitalisés. En dépit de leur nombre croissant, ces initiatives semblent manquer parfois de cohérence (par exemple, un manque de mise en réseau), mais aussi de ressources suffisantes (humaines, financières et matérielles). Par exemple, la Ville de Barcelone, mène une action territoriale ambitieuse à travers la création d’un réseau public d’ateliers dédiés à la fabrication numérique. En ouvrant un espace de prototypage rapide et de fabrication numérique dans chacun des arrondissements de la ville, la municipalité souhaite mettre à la disposition des citadins des moyens de production afin de concevoir, de réparer et de prototyper toutes sortes d’objets dans une démarche d’empowerment et de développement territorial (Diaz, Tomas et Lefebvre, 2020).

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Réactiver un espace urbain Acteurs, défis et outils Réactiver un terrain vague, un local vacant ou un bâtiment abandonné est la conséquence d’une séquence particulière de phases présentant une certaine unité dans leur déroulement.

Ce rapport est le résultat d’une analyse de 57 exemples de réactivation urbaine qui a permis d’identifier les acteurs, les défis et les outils communs à la réactivation d’espaces urbains.

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