Réhabilitation du Centre d'Etudes et de Recherches IBM de Marcel Breuer

Centre thérapeutique résidentiel de La Gaude Reconversion des bâtiments du Centre d’études et de Recherches de Marcel Breuer en Complexe touristique médical et thermal

PFE 2021 Session Juin Atelier Frédéric BREYSSE , Markus MÜLLER et Pascale BARTOLI “Transmission des formes, mutations des usages” DE 1.1 Coline WONG SO Le Centre d’études et de Recherches IBM de Marcel Breuer à La Gaude

HÉRITAGES

1

Héritages au pluriel Temporalités du CER Abandon du site Etat des Lieux

3 13 35 41

ADAPTATION

81

65 CAPTATION 69 Recherche programmatique 73 Redynamisation 77 Ruissellement

Nouvelle place Rééducation Expérience thermale Equipements

107 CONCLUSION 109 Bibliographie 111 Iconogrpahie

89 93 97 101

Tous mes remerciements à Frédéric Breysse, architecte et enseignant de l’atelier Transmission des Formes, mutation des usages, ainsi que Markus Muller et Pascale Bartoli, pour tous leurs savoirs, apprentissages et suivis rigoureux durant ce semestre.

Il me tient à coeur de remercier ma directrice et encadrante de mémoire, Delphine Désert, pour l’engagement et le soutien réalisés depuis deux semestres tant dans l’apport de sources et de rencontre que dans la rigueur qu’exige l’exercice de recherches et de rédaction.

Enfin, à Christophe Ranson, Mélanie Stasica et Estelle Delporte, pour leur soutien incommensurable durant toutes mes études et cette étape majeure de ma vie.

APPARTÉ //

Je tiens à remercier les différents étudiants -notamment Arnauld Margarit- de l’atelier de Delphine Désert et Matthieu Barbier Bouvet de Printemps 2020 pour la mise en commun de leurs ressources et leurs échanges qui me permettent aujourd’hui d’illustrer au mieux mes propos.

Remerciements

Un remerciement tout particulier aux membres du MAP-GAMSAU, Isabelle FasseCalvet et Antoine Gros, pour la découverte des procédés patrimoniaux et leur adaptation au cours du semestre de printemps.

A l’aire des changements sociaux et patrimoniaux, le Domaine d’Etudes « Préexistence » de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille met en lumière l’importance de préserver, transmettre et transformer des édifices abandonnés au potentiel architectural fort.

Encadré par Frédéric Breysse, Markus Müller et Pascale Bartoli, le studio « Transmission des formes, mutation des usages » met en exergue l’analyse d’un édifice pour permettre l’action juste sur celui-ci.

Par le travail d’exploration de l’existant et son état des lieux, de compréhension des temporalités et contexte de sa situation, ainsi que d’une comparaison d’échelles et de programmes, le projet permet la prospection de ou des édifices sujets d’études.

Dans le cadre de ce Projet de Fin d’Etudes, le Centre d’Etudes et de Recherches (CER) possède une échelle qui lui est propre.

Abandonnés depuis 2015, les trois édifices réalisés par l’agence de Marcel Breuer ainsi que le reste des bâtiments qui composent le site sont classés en 2000 au label « Patrimoine du XXème siècle », et depuis Février 2020 « Architecture contemporaine remarquable ».

Si l’on devait décrire ce centre situé dans le village de La Gaude en un mot, celui-ci serait fonctionnel. Fonctionnel,

Introduction

telle est la demande de l’entreprise IBM qui réalise la commande auprès de l’architecte international et de ses associés. Fonctionnel, car tout l’espace est prévu dans l’unique but d’être modulable et praticable pour toutes les activités possibles réservées à ce site : expérimentations, fabrications, gestions d’entreprises et bureaux, tests en grandeur nature. Si le bâtiment le plus référencé reste le B1, double Y iconique de l’architecture Breuerienne, c’est alors le sort des deux édifices de même facture, en partie enterrée, qui font l’objet de cette étude d’étude.

Comment transformer l’obsolescence et le délaissement de ce gigantesque complexe en programme activateur de nouveaux enjeux pour la ville enclavée de La Gaude ?

Quelles mises en valeur sont possibles afin de rendre leur visibilité aux deux édifices occultés en soubassement ? Et à la vue de l’organisation de ceux-ci, comment les articuler dans l’intégration d’un nouveau programme ?

Pour répondre au classement et à la conservation de ce site, par quels procédés pouvons-nous permettre les modifications des façades originelles tout en réalisant l’installation du programme sans dénaturer ou affaiblir les structures ?

C’est à travers un dialogue entre histoire, bâti et vécu que se construit alors le projet. Le CER de La Gaude renferme en effet plusieurs temporalités, traduites par les deux extensions via la nécessité de l’entreprise IBM, mais aussi par le caractère social depuis la période de décentralisation française en début de construction jusqu’à la bataille ouvrière à sa fermeture.

Cette prise de conscience historique du site se complète par l’état des lieux.

Celui-ci permet de régir les éléments ayant contribué au classement des édifices, mais aussi de comprendre les contraintes du site et leurs disfonctionnements dans l’installation d’un programme pluriel.

Programme pluriel en effet, puisque sur une si vaste superficie (plus de 30 000m² uniquement sur les plateformes des trois bâtiments), un seul programme ne peut combler l’espace libre.

Pluriel aussi par les enjeux que le programme doit développer dans le contexte urbain, mais aussi à plus grande échelle via les connexions au littoral et le rattachement à la région.

Note Habitations tHermales marcel breuer Réhabilitation fractionnée du complexe du Centre d‘Études et de Recherches de La Gaude S8- Atelier de projet «Préserver, Transmettre, Transformer» Enseignants: Frédéric Breysse, Samuel Nemoz, Ion Maléas

Le Centre d‘Études et de Recherches IBM de Marcel Breuer La reconstruction numérique via archivage permet-elle d‘analyser les procédés de dégradations de béton préfabriqué brutaliste?

S8 - Patrimoine et humanité numérique - 2019-2020 Coline WONG SO Encadrants: Isabelle FASSE-CALVET et Antoine GROS

Le bâtiment B1 a été l’objet d’un projet de logements collectifs durant le semestre 2 de Master 1, et ne sera que peu abordé pour laisser place à l’intervention sur ses deux annexes et leur mise en valeur.

LE CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES D’IBM La façade béton, identité de l’expérimentation de Marcel Breuer

Séminaire de S9 - Pérennité & Obsolescence par Delphine Désert étudiante: Coline Wong So S9 - Hiver 2020

Travaux préliminaires

Travail de Coline Wong So - 2019/2020

APPARTÉ //

Le Centre d’Etudes et de Recherches de Marcel Breuer à La Gaude possède des caractéristiques historiques, architecturales, paysagères, et sociales, qui ont attiré, notamment depuis son abandon en 2015, de nombreux étudiants et professionnels dans le questionnement de la requalification du site mais aussi dans l’obtention d’un classement qui le protégerait d’un point de vue juridique, obtenant la labélisation à l’inventaire des Monuments historiques en Février 2020.

Tout le travail d’analyse qui suit se réfère à deux semestres de recherches en séminaire, l’un portant sur l’essai d’une transcription par photogrammétrie analytique, l’autre sur l’étude du geste en façade de Marcel Breuer.

L’ensemble de ces recherches permet alors la compréhension globale du site et ses contraintes.

Pour des raisons de synthétisation, seuls les éléments nécessaires à l’élaboration du projet seront transcrit dans cette notice.

Héritages

“ Héritages” au pluriel

Le Centre d’Etudes et de Recherches de La Gaude représente un héritage de plusieurs domaines qui traduisent la compléxité de réinsertion de ces bâtiments au sein de la commune.

Héritage, puisqu’il s’agit de la propagation d’une firme internationale par son identité visuelle, son emprise forte sur le territoire des Alpes Maritimes, et la marche sociale qui activera la région durant plus de trente ans.

Le terme héritage prend aussi son sens dans l’impact de l’architecture américaine de Marcel Breuer dans les années 1960 et la démocratisation de procédés propres à l’architecte et à ses associés.

Héritage lourd de questionnements forts sur la consommation d’édifices de cette époque face à l’abandon du site et de la commune, délaissant les habitants.

Couverture AA 1947 Premier article figurant les opérations de Marcel breuer

Avant d’entreprendre l’énumération des caractéristiques patrimoniales du site de La Gaude, il est important de cerner les différentes temporalités de ce programme d’équipement.

Entre les différentes histoires (celles de la firme IBM, de la carrière de Marcel Breuer, de la décentralisation française des années 1950 et du village de La Gaude), s’opère une réflexion profonde abouttissant à plus de trente ans de recherches et d’expérimentations qui marqueront l’identité du site.

Ce travail de synthèse s’acte autour des différents témoignages que l’on retrouve dans les ouvrages bibliographiques de Marcel Breuer, souvent la résultante soit de ses propres mots, soit de son collaborateur principal, Robert Gatje.

Celui-ci retranscrit à merveille la carrière de l’architecte, et l’on retrouve dans ses textes l’importance du centre IBM de La Gaude dans l’élaboration du geste architectural de Marcel Breuer.

3

( 4 )

Historique de

IBM

Changement du nom CTR en IBM (Informatic Business Machine) par Thomas Watson Senior

Création en 1911 par Charles Flint de la compagnie CTR (Computing Tabulating Recording Company)

Début de l’implantation d’IBM en France

Rachat de l’entreprise de machines à écrire et création d’une entreprise multinationale

Thomas Watson Senior laisse les commandes à son fils Thomas Watson Junior Entrée de Eliot Noyes dans l’entreprise IBM en tant que Corporate Designer

(Rue du Général Michel Bizot Paris)

Mort de Eliot Noyes

19 00

19 11

Naissance à Pecs, en Hongrie, de

Marcel Lajko Breuer

19 24

19 23 Avec Farkas Molnàr et Georg Much

Création du département d’architecture du Bauhaus de Weimar

19 35 19 36

1ère utilisation de la pierre

Pavillon Gane à Bristol

19 40 19

19 45

44

1ère commande européenne

Usine Van Leer à Amstelveen aux Pays- Bas

Désigné comme architecte du Siège de l’UNESCO à Paris avec Nervi et Zehrfuss

19 52

19 55

IBM à 19LA GAUDE 19

19 58 19

19 60 64

68

Publie le livre Sun dans Shadow:

Création de l’agence à Paris Robert Gatje associé, et

The Philosophy of an Architect

associé remplaçant

77

Tician Papachristou nouvel Murray Emslie

5

( 6 )

La société internationale IBM, anciennement Computing Tabulating Recording Company (CTR) voit naître son développement dès 1911 grâce à Charles Flint, financier américain.

Sa première technologie,la tabulatrice, permet le recensement de la population dans chaque pays.

L’amplification du développement mondial, notamment grâce à l’influence du mouvement Fordiste, accroît la production de la compagnie grâce à Thomas Watson Senior, persuadé de l’importance des technologies de l’information dans ce développement.

C’est alors en 1924 que la CTR est rebaptisée International Business Machines (IBM) et poursuit l’ambitieuse course à l’innovation de la perforatrice automatique et de la carte perforée, unique moyen de stockage numérique de l’époque.

Mais IBM obtient réellement sa renommée mondiale en 1933, grâce à la conception et la commercialisation massive de la première machine à écrire électrique du marché. Cette course au développement entraîne l’augmentation des effectifs et des moyens de la société, qui comptabilise en 1939 près de 11 000 employés

Héritage n°1 IBM

En cette veille de guerre, de nouveaux concurrents apparaîssent dans le domaine de la micro-informatique, comme HewlettPackard et Apple, IBM restant la première firme mondiale.

Les États-Unis se servent du “branding”1 pour affirmer leur image suprémaciste. C’est alors un des personnages majeurs de l’histoire commerciale d’IBM qui fera son apparition en 1930: Eliot Noyes.

Le jeune créateur-designer comprend la nécessité de démarquer l’image de la compagnie au travers d’une réinterprétation de sa dimension industrielle par le design et l’art mais aussi à une échelle plus grande, l’architecture.

Chargé de concevoir l’image de marque de l’entreprise, Eliot Noyes va alors réaliser celle-ci de l’identité visuelle jusqu’aux différents pôles et lieux de travail d’IBM en s’entourant de professionnels renommés comme Paul Rand (publicitaire), Mies Van der Rohe, Walter Gropius ou encore Marcel Breuer. Eliot Noyes crée ainsi une identification instinctive par une cohésion des différentes réalisations entre les années 1950, dates de ses débuts, et sa mort entre 1977, marquant la disparition de la production architecturale globale de la firme2.

IBM 805 - Première Machine à écrire électrique 1937, IBM site IBM 090 - Programme Mercury (NASA) 1962, IBM site Pavillon HemisFair - Pogramme de Eliot Noyes, San Francicso 1968, IBM site

1 - 1 Développement nationaliste de l’image des entreprises majeures du pays 2 - “IBM World Trade, the international arm of the IBM corporation, was spreading its message of computer technology and good design throughout Europe and elsewhere in the early 1960s. Instrumental in establishing those design standards was El Noyes, thanks to his wartime friendship with Thomas Watson Jr. El served the company as adviser, sometime architect, and product designer of most of its typewriters and computers from early 1950s on.”

Robert Gatje, Marcel Breuer, a Memoir, Monacelli Press, 2000, page 99

7

( 8 )

De manière plus tardive, c’est en 1929 que la société IBM va s’installer en France3 avec son premier laboratoire de recherches hors des Etats-Unis, à Vincennes. La croissance rapide et la modification de la fonction de l’entreprise française mène alors IBM à s’établir à Corbeil-Essonnes puis rue du Général Michel Bizot en 1954, pour ensuite s’agrandir place de Rambouillet en 1955. Achetant progressivement des biens immobiliers pour ses activités corporatives, IBM, dont le siège de l’époque était toujours place Vendôme, outrepasse les lois, la direction d’IBM France n’étant à cette époque pas composée de citoyens français.

Ce fonctionnement oblige les actifs de Paris à des appels téléphoniques pour approbation par leurs homologues à New York4.

L’entreprise, continuant sa croissance exponentielle, recherche alors un moyen de créer un pôle unique rassemblant toutes ses équipes de recherches dans de nouveaux laboratoires. Mais IBM doit se confronter à la vague de décentralisation régit par l’État français, éloignant plus de 300 de ses collaborateurs de la capitale.

En effet, dans cette même période, en 1956, IBM demande l’autorisation de construire une nouvelle installation en périphérie de Paris.

Héritage n°2 La Décentralisation Française

Le Président Charles de Gaulle décide à la même période, comme Napoléon Bonaparte et d’autres avant lui, une décentralisation pour parer à la concentration croissante et polluante de l’industrie et du commerce à Paris. Le Président, ayant refusé la demande d’IBM de bâtir un nouveau pôle, lui a offert toutefois de l’aide pour sa possible installation dans les provinces.

Si IBM choisit la Côte d’Azur pour faire face à la demande de décentralisation des grandes entreprises pour parer la densification de Paris, c’est Marcel Breuer qui confère à La Gaude le lieu de domicile du futur projet.

La firme souhaite une facilité de logements et de praticité pour ses employés, et la région du Var offre un accès à l’aéroport de Nice. Le terrain de 23 hectares, fait de rocailles, permet la création d’un laboratoire de développement de produits de télécommunication à vocation mondiale.

De plus, le projet devient un enjeu politique: le Général Charles de Gaulle souhaite développer un programme d’armement nucléaire nécessitant l’aval du gouvernement américain, et IBM produit les calculateurs de très grande capacité nécessaires à la réalisation de cette demande.

3 - AMOUROUX Dominique, Marcel breuer, les réalisations françaises, page 71 4 - Ibidem, GATJE Robert, Marcel Breuer, a Memoir, page 99 “IBM France, a wholly owned subsidiary of Word Trade, was headquartered on the Place Vendôme in Paris and has gradually been buying up real

Locaux d’IBM France - Rue du Général Michel Bizot à Paris 1945 Equipe de Direction de la recherche IBM- IBM France Date inconnue

estate in the neighborhood for its corporate activities.

These holdings were somewhat redundant since, under french law, the management of IBM France had to be fully staffed by French citizens - even though most of them performed duties all day that had to be approved each evening with telephone call to their counterparts in New York.”

9

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En parallèle, une autre histoire se joue. Marcel Breuer, né en 1902 à Pécs en Hongrie, va étudier les Beaux-Arts à Vienne avant d’entrer à l’école du Bauhaus5 dirigée par Walter Gropius6. Devenu l’élite de l’avant-garde du Bauhaus, il décide pourtant d’arrêter sa production picturale pour rapidement s’intéresser au mobilier, notamment aux fauteuils, qui lanceront alors sa carrière de designer, comme la chaise Wassily de 1926 qui lui apporte alors une renommée mondiale. Cependant, il conservera dans sa production la volonté majeure du mouvement, entretenir une pensée liant l’art et l’industrie.

Walter Gropius, alors ami et mentor, va le former au métier d’architecte, et dès 1928, ils déménagent pour Berlin, où Marcel Breuer fondera sa première agence d’architecture. Chassé par les difficultés7 qu’il y rencontre et la montée du nazisme dans le pays, Marcel Breuer va alors s’expatrier à New York où il créé sa propre agence en 1941.

Durant cette nouvelle carrière d’architecte, Marcel Breuer se démarque de ses contemporains8 grâce à la reprise de ses principes initiés par le Bauhaus: la juxtaposition de volumes épurés, conservant

Héritage n°3 Marcel Breuer

l’apport du mouvement cubiste dans le Bauhaus. En découle alors une dissociation avec le mouvement moderne: s’il conserve les rapports de proportions, les formes, les matières, il s’oppose toutefois à la nouvelles façade fine et légère9 par un élément de façade qui participe à la structure et qui prend alors toute son épaisseur.

C’est alors durant cette collaboration avec Walter Gropius que Marcel Breuer rencontre Eliot Noyes, nouveau dans le bureau Gropius/ Breuer. Si Gropius était une figure respectée plutôt austère, de Marcel Breuer émane d’emblée un personnage amical avec ses étudiants, image d’un artiste absolu proche et disponible pour ses élèves10.

Cette position rapprochera Eliot Noyes et Marcel Breuer, et quand la proposition de décentralisation s’impose à IBM, il prend l’architecte comme acteur de référence tout naturellement.

5 - Bauhaus: école d’art industriel ouverte dès 1919, qui prône la modernité durant la période d’entre-deux guerres et les conflits européens entre Anciens et Modernes 6 - Walter gropius, né en 1882 et mort en 1969, est un architecte allemand, fondateur du Bauhaus, qui aura une carrière internationale et permettra à Marcel Breuer d’obtenir le concours de l’UNESCO en 1958 7 - “Faut-il que je dessine des plans pendant encore neuf ans avant de pouvoir les réaliser un jour?”, 1932, échange avec Ise Gropius, Marcel breuer, 1902-1981: Form Giver of the Twentieth Century, Arnt Cobbers, Londres, édition taschen, 2007 8 - Le Corbusier (1887-1965) ou Mies Van Der Rohe (1886-1969) 9 - Façade rideau, apporté parmis les 5 éléments de l’architecture moderne de La Corbusier, Vers une architecture, Le Corbusier, 1929 10 - “Bill Landsberg, with Noyes, Stein, and others from the first graduating class, was hired to work in the new Gropius/Breuer Office. Landsberg remembers Gropius during Harvard years as having been “a respected rather austere figure”, as opposed to breuer, “who was more approachable and very soon on friendly terms with his students.” Ed Barnes wrote in the fall 1995 GSD News that considered fis friend an “absolute artist” and a great teacher who was best one-on-one and encouraged his students toward freedom and experimentation: “Why not to do it?”

Barry Bergdoll et Jonathan Massey, Marcel Breuer. Building Global Institutions, édition Lars Müller Publishers, Zürich, 2018, 367 pages

11

( 12 )

C’est en 1959 que la politique de décentra²lisation industrielle et l’accroissement de la production des laboratoires nécessitèrent la prospection du futur terrain. La situation sur le littoral niçois paraissait alors satisfaire plusieurs critères: - L’emplacement en colline permettait à cette époque le développement rapide de logements nécessaires aux besoins des 300 familles qui muteraient en même temps que l’entreprise; - La proximité à l’aéroport de Nice Côte d’Azur, plaque tournante importante entre Nord/Sud et Est/Ouest, facilite les communications dans les trafics internatio- naux; - A l’époque, la région recherchait en parallèle un site pour construire la Faculté des Sciences et IBM y voyait des possibilités d’embauche avec une connexion ambitieuse entre université et industrie.

Le Centre d’Etudes et de Recherches s’implante à La Gaude, commune de la Métropole Nice Côte d’Azur, dans la région PACA. À 10km de Nice, La Gaude s’étend entre les communes de Vence et de Cagnessur-mer et est délimitée par deux cours d’eau: la Cagne à l’Ouest et le fleuve du Var sur son flanc Est.

Temporalités du CER L’Implantation territoriale

Le Fleuve du Var, dont le lit est imposant, parcourt 114km avant de se jeter dans la Mer Méditerranée entre Nice et Saint-Laurent-du-Var, pourtant, il ne donne pas son nom au département de nos enjeux, les Alpes Maritimes11.

Le CER IBM est surplombé par trois Baou: le Baou des Noirs, le baou de Saint-Jeannet et le Baou de La Gaude, qui enferment un climat tempéré chaud avec des étés secs et une classification sismique moyenne de 4.

Au niveau de la métropole, le site est desservi par le réseau de bus, ainsi que tous les axes secondaires Nord/Sud menant à Nice et à son aéroport (Train, routes).

Cependant, le CER reste privé d’une connexion Est-Ouest avec notamment le centre commercial Cap 3000 et les aires de loisirs et d’industrie bordant le Var. Ce manque de franchissement du fleuve s’explique par la topographie capricieuse de chacune des rives et l’implantation géopolitique de l’autoroute en bifurcation rive Est du Var.

ainsi que celle du franchissement: en effet, la zone du CAP 3000 regroupe tous les équipements majeurs sportifs là où la côte littorale vient centraliser les équipements culturels, commerciaux, adminitratifs et médicaux. Le village de La Gaude est donc entouré sur un rayon de 10km hors accès Est uniquement d’équipements scolaires et de formations.

Sa position, entre espaces boisés classés ou aux enjeux écologiques et la densification de son bourg résidentiel, ne permet plus de continuer son expansion.

On comprend ici l’importance du choix programmatique réactivateur de démarches sociales dans le cadre de la préservation d’un patrimoine enclavé géographiquement. L’étude à plus courte distance de sa situation et des attentes de ses habitants est alors nécessaire pour la réalisation d’un équipement pluriel révélateur de nouveaux enjeux économiques et sociaux.

Dans un second temps, la comparaison des différentes situations d’équipements permet de saisir la dissociation littoral/terre 11 - Jusqu’en 1800, environ, aucun pont ne franchissait ce fleuve ; il marquait ainsi la frontière entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne. Encore aujourd’hui, il semble ne pas y avoir beaucoup de connection entre les deux rives.

On retrouve un pont au niveau de l’Aréna, ainsi que deux ponts, accueillant l’autoroute et la voie ferrée, complètement au sud.

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Paysage CER IBM Courbes de niveaux tous les 5 mètres Bâtis Espaces boisés classés, réservoir de biodiversité Espaces boisés à enjeu écologique secondaire Jardins Zones inondables à risques élevés Zones inondables à risques modérés Accés et voiries Autoroute ( 14 )

Route principalee Route secondaire Piste cyclable Bus de la Gaude Chemin de fer Projet de tram Equipements Equipements culturels Hopitaux Centres commerciaux Equipements administratifs Equipement d’enseignement

Plan de situation

15

1920

( 16 ) 1950

2020

En 1950, le village de La Gaude ne représente qu’un bourg villageois, possédant en grande majorité un centre historique.

Composé alors de 700 habitants, la surface bâtie est de 24ha, qui entoure le château de la Gaude au Nord en limite de Saint Jeannet.

Mais l’installation du CER vient modifier profondément sa morphologie au cours des 20 ans qui suivent.

L’installation du vaste complexe, provoquant un besoin résidentiel important, vient étendre le périmètre de construction jusqu’à 640ha de bâti, menant la superficie totale de la commune à 1 310ha pour 6 623 habitants aujourd’hui. Cette expansion vient combler l’embouchure jusque là naturelle qui menait au château, jusqu’à s’aggrandir au Sud dans les terrains vallonnés moins praticable.

Mais la Gaude a su se développer tout en sauvegardant son envie de respect de l’héritage environnemental, culturel et historique.

Ainsi, elle préserve au maximum les aires de protection de l’environnement naturel, en continuant les culture agricoles traditionnelles, sous serres, des champs et des vignes dans ses plaines en bordures

Temporalités du CER L’Implantation locale

du Var: leurs positionnements est alors conditionné par l’arrivée d’eau, le terrain plat praticable pour les cultures et l’accès aux réseaux de transports.

Les activités tertiaires, industrielles et commerciales sont disposées de façon clairsemée juste aux abords du complexe, alors qu’à l’Est celles-ci viennent prendre le pas sur toutes les plaines du Baou.

La densité faible du bâti résidentiel transcrit le confort de vie de la population sur les plaines des différents reliefs qui mènent aux villages alentours, en contre-pieds des logements collectifs massifs du versant Est.

Sciences devait prendre place dans le périmètre court du CER, il n’y aura qu’au final un seul équipement d’éducation supérieure: l’école de soins infirmiers. De plus, l’aspect résidentiel du village n’enclenche pas la création d’un hôtel à l’époque, ce qui aujourd’hui se traduit par un réseau de maisons d’hôtes répandues sur les différents tissus bâtis.

Le site du CER de la Gaude est encadré par des chemins de randonnées, offrant de nombreuses ballades jusqu’au château.

Au niveau des équipements, tous sont regroupés dans le centre historique de la Gaude, où se situe la mairie, la poste, deux écoles, une école de musique, l’église et des petits commerces de proximité. L’accès à ce noyau se réalise en 20 minutes depuis l’entrée du CER.

Plus excentré, le centre culturel de la Coupole, le cinéma et l’éco musée vivant de Provence restent les seuls lieux de culture.

Si historiquement la Faculté de

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Paysage CER IBM Courbes de niveaux tous les 5 mètres Bâtis Espaces boisés classés, réservoir de biodiversité Espaces boisés à enjeu écologique secondaire Jardins Zones inondables à risques élevés Zones inondables à risques modérés

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Plan de situation - Études paysagères

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Paysage CER IBM Courbes de niveaux tous les 5 mètres Bâtis Zones agricoles Zones tertiaires Zones pavillonnaires Accés et voiries Autoroute Route principalee Route secondaire ( 20 )

Piste cyclable Bus de la Gaude Chemin de fer Projet de tram Equipements Equipements culturels Hopitaux Centres commerciaux Equipements administratifs Equipement d’enseignement

Plan de situation - Zones urbaines et équipements

100

21

( 22 )

En 1959, soit la même année de projection du CER et du début des études programmatiques de Marcel Breuer, le terrain est trouvé et son acquisition actée en 1960.

C’est alors que Marcel Breuer constitue son équipe de conception et de maîtrise d’oeuvre. L’archtiecte américain et ami de Marcel Breuer, Robert Gatje, viendra alors l’assister, et deux confrères niçois, Richard Laugier et son fils Michel Laugier réaliseront la supervision et la consultation du chantier en tant qu’architectes d’opérations locaux. Pour ce qui est de la réalisation, aucune archive n’a dévoilé le nom des entreprises et intervenants. Cependant, pour l’époque, la MBA s’est entourée d’entreprises spécifiques et d’artisans. Ceci peut nous être traduit par l’installation de climatisation qui à l’époque n’était pas chose commune, mais aussi par la mise en oeuvre particulière de la préfabrication d’éléments complexes en béton et de délicatesses architecturales comme les escaliers, claustra, et ornements.

Le 18 Décembre 1961, la première tranche des travaux du B1 est terminée et accueille une quizaine d’employés. Celui-ci, reprise des procédés phares du Siège de l’UNESCO à Paris, se positionne en élévation

Temporalités du CER La construction et Les Phases

du terrain, ses piliers posés à fleur de colline dans le respect du site naturel. Rapidement, les employés affluent et le bâtiment initial se voit saturé. IBM France décide alors de missionner Marcel Breuer sur l’extension du Y.

Le 2 Juillet 1962, c’est l’inauguration du B1 dans son entièreté, pourvu de son double Y, alors que 250 employés sont déjà présents sur le site. Cependant, les équipes de travails font appels à des méthodes de tests qui impliquent un support informatique, à l’époque imposant, de plus en plus important. Ce besoin va se traduire par la nécessité d’un bâtiment plus technique et fonctionnel que le premier: c’est le début d’étude d’un second bâtiment, le B2.

En attendant sa construction, entre 1963 et 1969, les équipes d’IBM vont avoir recours à des bâtiments temporaires, disposés sur les actuels parkings. Ceux-ci, nommés A 1/2/3/4/5/6/7, seront supprimés dès 1969, date de l’inauguration du B2, faisant passer la capacité du site de 700 à 1300 personnes.

Cependant, malgré cette expansion, d’autres bâtiments, les A10/11/12/13 vont apparaitre par manque de surface. Marcel Breuer et ses associés reprennent alors en 1976 la conception d’un nouvel édifice, le B3,

dont l’inauguration aura lieu en 1979.

Suite à la mort de Marcel Breuer en 1981 et à la dispersion des membres de son agence, les futures extensions changeront de mâitrise d’oeuvre et de factures, notamment pour le B4, dont la conception commencera en 1983 pour ouvrir aux équipes en 1987.

Entre temps, une étude et amélioration sismique viendra modifier en profondeur le B1, et un bâtiment T6 sera construit par un autre architecte que MBA en 1985.

23

( 24 )

“One day, I’ll build something overther” Robert J. Gatje Marcel Breuer, A Memoir, The Monacelli press 2000, page 101

Le choix de la parcelle de La Gaude réside dans une visite hasardeuse au cour d’une visite en vélo avec son ami Herbert Bayer.

Marcel Breuer dans les années 1920 tombe amoureux de cette zone en flanc de collines, 30 ans avant la demande de l’entreprise IBM.

Evolution de la Surface Hors Oeuvre Nette Archives Départementales 1986 - 1993

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27

( 28 )

50

Plan masse - Ech 1 / 5 000 ème

T4 (détruit) T7 (détruit) T3 (détruit) T2 (détruit) A13 (détruit) T1 (détruit)

T6 MALONGO

A12 (détruit)

A11 (détruit) A10 (détruit)

B2

B3 B1 B4 UGECAM

IFSI Sainte Marie

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Pellicules contact du chantier - Archives R. Gatje - 1960 - 1962

Photographies de site - Archives R. Gatje - 1962 et 1969

30

Photographies aériennes - Archives R. Gatje - 1998 Ensemble photographiques chantier - Archives R.Gatje

31

( 32 )

Le coffrage est également utilisé pour amplifier la forme de l’élément: tandis que pour les surfaces planes, le coffrage est utilisé pour créer un motif alterné, dans le cas des fenêtres, il est utilisé pour amplifier l’effet d’entonnoir.

Dans le cas des poteaux, le coffrage permet de superposer une seconde géométrie à la forme déjà complexe. Ce qui semble à distance quelque chose de complètement uniforme, en fait chaque détail a été soigneusement traité.

Une autre chose mise en évidence par le site est l’ensemble du réseau qui a eu un grand impact sur le bâtiment, mais dont l’achèvement n’est plus visible. Le point de départ de l’ensemble du projet est la nécessité de s’adapter à des réseaux complexes. Bien que nous ne disposions pas de photos des étages supérieurs, nous pouvons comprendre que le réseau de ventilation sera plus tard masqué par un plafond suspendu. Entre le premier corps du bâtiment et les extensions suivantes, nous ne savons pas si la construction du bâtiment était différente ou non.

Réflexion économique

À notre connaissance, le chantier a été le même pour toutes les phases du montage: en utilisant des éléments préfabriqués lorsque cela était possible, en préfabriquant tous les éléments de la façade à proximité du bâtiment, en utilisant presque universellement les éléments préfabriqués pour l’intérieur, mais en coulant sur place les autres éléments: poteaux avec leur forme complexe et leurs dalles de béton.

Les éléments en béton préfabriqué n’ont pas été produits dans une usine, mais ont été coulés à proximité immédiate du site.

Chaque module de façade comprend déjà la menuiserie depuis la coulée, ce qui raccourcit considérablement le temps de production et diminue le coût de transport.

Le fait que certains éléments soient préfabriqués et d’autres non, n’est pas évident si l’on regarde de plus près comment ils ont été traités. Les éléments préfabriqués ne sont pas totalement identiques, le coffrage étant

imprimé sur chacun.

APPARTÉ //

Le premier bâtiment est construit entre 1960-1962, la première extension a eu lieu entre 1968-1970 et la seconde entre 1976-1978. Bien qu’ils aient été construits en différentes étapes, ils sont bâtis dans le même esprit. Le premier chantier n’a duré que 20 mois, ce qui est rapide pour la taille gigantesque du bâtiment.

( 34 )

La modification et la remise en question

Par leurs différences de structures et d’ambition, les différentes ailes de l’IBM de La Gaude ne vont pas posséder les mêmes caractéristiques de vieillissement.

Si les deux ailes en soubassement sont protégées des différentes normes de par leurs larges accès et leurs confortements en soutènement durable, l’aile B1 vit quelques périodes de troubles. Dans les années 1970, la vision d’un léger affaissement du B1 pousse les autorités à retirer les sorties de climatisation disposées sur les ailes en surélévation. Les structures en terrasse sont pour la plupart détruites, ne conservant uniquement celles se situant sur les point porteurs triangulaires centraux des deux ailes

En 1984, suite à l’évaluation des risques sismiques par la commune de La Gaude demandée par l’Etat, l’aile en double “Y” est complétée d’une structure secondaire porteuse en profilés métallique12.

Cette structure parasismique augmente le contreventement mais dégrade largement les qualités intérieures de l’édifice.

En effet, pour réaliser ce maintien, la structure secondaire doit traverser les différentes plateformes afin de maintenir verticalement et horizontalement l’entiéreté des six parties en surélévation du B1.

La révélation de l’enjeux social

Tandis que le B1 fait référence auprès des revues d’architectures, les édifices en soubassement restent emblématiques pour les habitants de La Gaude et les travailleurs du site. C’est pour ces raisons que dès 2011, à l’annonce du plan de restructuration de la firme en France à 25 km du site dans la technopole de Sophia Antipolis, les différents utilisateurs et admirateurs du complexe se sont mobilisés pour la conservation de l’activité qui maintenait le dynamisme de leur commune.

Au delà de l’aspect industriel et sa- larial pour lequel ils protestent, de la mobilisation émerge alors un paradoxe.

En effet, si en 1960, lors du lancement du chantier, les gaudois communiquaient une crainte de l’installation de la firme, en 2011 déjà des utilisateurs manifestaient pour conserver la charge mémorielle que le site induit. Pour deux générations de travailleurs, il s’agit alors d’un patrimoine, bien que privé pour la firme, commun pour le village. L’enjeu patrimonial pour la population est alors une cause mémorielle et historique, emprunte à une identité moderne des enjeux sociaux et sociétaux sur l’échelle de la commune comme à celle de la région.

La révélation de l’enjeux patrimonial

Si le combat social pour la conservation du CER ne permettra pas l’arrêt des procédures de restructuration de la société IBM à Sophia Antipolis, il mènera toutefois au questionnement architectural et technique qui le résoudront à l’obtention du label patrimoine XXe par la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 28 novembre 2000.

Cependant, il ne sera pas protégé jusqu’à cette année, en Février 2020, où il sera enfin classé à l’inventaire des Monuments Historiques.

Les raisons de son classement n’ont pas été aujourd’hui communiquées sur le site du Ministère de la Culture, mais d’après toutes les analyses identifiées dans notre démarche, il en résulte de l’histoire du site aux échelles communales, régionales et nationales, mais aussi au savoir-faire et aux attributs remarquables de l’architecture breuerienne du site.

Son classement récent le protège enfin de la destruction, mais son rapport au patrimoine français reste toutefois aujourd’hui vaguement explicité. L’unique esthétique qui traduit alors le geste architectural de Marcel Breuer sur l’ensemble des édifices produits par son agence est alors la particularité des modules préfabriqués, dits en béton architectonique.

C’est d’ailleurs celui-ci qui nous permet de questionner le rôle du CER dans la création d’une identité commune aux équipements réalisés par Marcel Breuer dès 1960.

12 - COPPI Emile, IBM La Gaude Actualité, “Les travaux parasismiques au CER: une première européenne”, Mai 1984

Abandon du site

35

Ouvrages en sous oeuvre parasismique - Emile COPPI, IBM La Gaude Actualité - 1984

( 36 )

La fermeture du CER - Nice Matin - 24 Août 2015 Les manifestations ouvrières - Intersyndicales IBM Technopole Sophia Antipolis -Savoirs Alpes Paritimes - 2014

37

( 38 )

Temporalités du CER Projet Nice Ecovallée

Nice Méridia fait parti des projets prioritaires de l’éco-vallée. S’étendant sur 200 hectares, cet éco-quartier met en avant des espaces dédies à la recherche et développement (R&D) et l’innovation durable dans le domaine de l’environnement et de la santé. Ce quartier s’accompagne d’un programme mixe avec 2 500 logements soit la moitié du programme de construction ainsi que des commerces, des services en lien avec la « plaine du sport » et de nombreuses structures mettant en avant l’innovation et la création d’entreprises dans le domaine du développement durables et des technologies vertes.

A proximité de notre site d’intervention du centre IBM et en contrebas se trouve l’une des interventions prioritaires de l’éco-vallée : La Baronne. Cette opération est située à cheval entre les deux rives du

fleuve du Var. D’un coté se trouve sur 25 hectares une plateforme agroalimentaire et horticole. L’enjeu de cette plateforme est de s’articuler avec le centre urbain existant et la qualité paysagère du site. Sur l’autre rive plusieurs interventions urbaines sont prévue en accord avec le quartier de Lingostière comme la recomposition du site commercial, la création d’un pôle de vie et la construction de logements.

L’éco-quartier de Saint-Martindu-Var (éco-quartier de la Digue) est le quatrième projet de l’aménagement de la plaine du Var. Cette commune, principalement constituée de son village historique, offre une extension du centre-ville et un pôle multimodal de transport.

Le projet de l’éco-vallée vise à repenser et connecter le territoire dans son ensemble, jusque là fragmenté. Toutes ces interventions visent à dynamiser aussi bien son attractivité économique, écologique et social. Toutes ces connexions sont également assurées par un nouveau pôle d’échange multimodal qui relie tous les modes de transports locaux comme les tram, les bus, les TER.

Temporalité du CER : Projet Nice Éco-vallée

multimodal de Nice, le grand Arénas a pour objectif l’aménagement d’un grand centre d’affaires international. Il se compose de logements, de commerces, d’hôtels et d’équipement publics. De plus un immense parc d’exposition sera présent pour accueillir de nombreux événement internationaux. Ce nouveau quartier met un avant la mixité urbaine et l’éco-exemplarité.

APPARTÉ //

Le projet de l’éco-vallée de la plaine du Var est une opération qui s’étend sur plus de 10 000 hectares entre la mer et la montagne. En limitrophe du fleuve, ce projet a pour but de redynamiser le territoire par son attractivité économique, écologique et social. Le projet bénéficie d’un statut d’Opération Intérêt National c’est donc une opération à long terme qui doit permettre de prendre conscience de l’évolution de ce territoire. Pour ce projet de nombreux acteurs interviennent notamment Xavier De Geyter, Michel Desvignes et Rem Koolhaas.

Ce projet vise à repenser le territoire dans son ensemble. Car celui-ci était jusque là fragmenté, d’un coté des habitations et de l’autre les zones industrielles et commerciales mais aussi en mutation avec la diminution de l’activité agricole au profit de l’industrie.

Restaurer et préserver un territoire exceptionnel aménager durablement celui-ci et encourager cette dynamique économique sociale et écologique à l’ensemble du territoire métropolitain sont d’autant d’objectifs à atteindre.

C’est un projet programmé sur trente ans, cependant quatre projets prioritaires ont était initiés.

A proximité de l’aéroport international Nice Côte d’Azur et du futur pôle d’échanges

Plan du projet d’éco vallée - Ecovallee-plainduvar.fr - 2019

Classé récemment (en Février 2020) au titre d’”Architecture Contemporaine Remarquable”, notamment grâce au travail entretenu par l’architecte Nathalie D’Artigues dans le cadre d’un projet de réhabilitation, l’ensemble des trois bâtiments du complexe reste pour autant à l’abandon.

Suite à la tempète de 2020, une partie de la végétation demeure depuis déracinée sur les pourtours des deux bâtiments en soubassement. L’encombrement des différents parcs et accès traduit le manque d’entretien des deux édifices.

Aujourd’hui, des pancartes interdisent l’accès aux toitures de ceux-ci, notamment à leurs zones de connexion. Seuls sont alors visibles les monticules réservés aux climatisations et aérations, ainsi que certaines micro-structures et systèmes d’éclairages naturels réalisés par Marcel Breuer.

Après avoir étudié l’importance de la conservation des façades emblématiques, il est aussi crucial de comprendre l’enjeu d’un remaniement du B2 et B3. En effet, de par leur nature fonctionnelle, ces deux blocs ne possèdent pas une circulation globale marquant un potentiel de programme public.

En partie enterrée se dégagent des murs de soutènement en maçonnerie avec mortier de pierres calcaires13 desquelles se détachent les claustras si singulières également présentes sur les édifices de toiture du B1.

Sans visite possible des locaux, l’état extérieur, s’il traduit un manque d’entretien, ne semble pas transcrire d’érosion du béton ou de pathologies liées à l’usure.

Les vitrages réalisent aujorud’hui encore le clos et donc la mise hors d’air de l’édifice.

Etat des Lieux

13 Pierres que l’on peut attribuer aux différentes carrières comme celle de la Péjade, qui ont la caractéristique d’être de calcaire du Jurassique Moyen, c’està-dire une roche dure à grains fins, souvent beige voir ocre et aux veinules blanches et roses.

41

( 42 )

Définition du classement

Laurent Quilici Nice Matin, Publié le 16 Mars 2021

APPARTÉ //

“Par arrêté du préfet de région du 21 Septembre 2020, sont inscrits aux Monuments historiques: l’intégralité de l’enveloppe extérieure de tous les bâtiments, le sol de leur parcelle d’assiette, tous les éléments de structure et le parc”

Facettes, éléments remarquables 1. Entrée de service

( 44 ) 2. Quai de chargement B2

Plan de rez-de-chaussée Plan de sous-sol lié aux zones de services du B2

10

Bâtiment B2

Maçonnerie mortier/pierre

1

2

Facettes, éléments remarquables

3. Façade principale B2 Claustra

. Vue talus Façade Ouest B2 Claustra

3

Maçonnerie mortier/pierre

4

Claustra Plan du premier étage

10

45

Facettes, éléments remarquables

5. Etat de l’accés principal du B2

( 46 ) 5 Maçonnerie mortier/pierre

Plan du second étage B2

10

6. Vue depuis entrée B1 Nord-Est

7. Micro-structure de toiture/ Puit de lumière et aération

Maçonnerie mortier/pierre 7 6

Plan de toiture

10

47

Façade Nord - Bâtiment B2 - 1968

Façade Ouest - Bâtiment B2 - 1968

( 48 )

Façade Est - Bâtiment B2 avec ajout cafétéria - 1968

Façade Est - Bâtiment B2 originel - 1968

10

0.06

0.97

1.86

3.15 0.2

0.06

1.3 0.06/0.565/0.05/0.565/0.06

0.06

0.97

1.86

3.15 0.2

0.06

1.3 0.06/0.565/0.05/0.565/0.06

0.06

0.97

1.86

3.15 0.2

0.06

0.06

0.5

2.41

3.03 0.06

0.09 0.1 0.85 0.01 0.0955 0.03 0.0955 0.1 0.85 0.01 0.09

2.5

49

( 50 ) Facettes, éléments remarquables

Plan de rez-de-chaussée du bâtiment B3

10

Bâtiment B3

Maçonnerie mortier/pierre

Facettes, éléments remarquables

Maçonnerie mortier/pierre

Plan du premier étage du bâtiment B3

10

51

( 52 )

Facettes, éléments remarquables

Maçonnerie mortier/pierre

Plan de Toiture du bâtiment B3

10

Façade Est - Bâtiment B3 - 1976

Façade Intérieure Est - Bâtiment B3 - 1976

Façade Intérieure Ouest - Bâtiment B3 - 1976

Façade Ouest - Bâtiment B3 - 1976

10

53

Coupe AA - Bâtiment B3 - 1976

A

A

Coupe BB - Bâtiment B3 - 1976

B

B

( 54 )

11 8

10

9

55

( 56 )

On observe par exemple l’apport du nombre d’Or dans le complexe de Flaine, référence à l’âge d’or du mouvement moderne mais aussi ironie de la part de l’architecte face à ses contemporains.

Mais Breuer va alors légèrement en modifier la hauteur, la largeur et la profondeur pour créer son propre rapport de proportions, et ainsi se libérer de l’utilisation stricte et irréfléchie de cette échelle.

Le travail du creux permet de ne pas surdimensionner le vitrage face à l’utilisation intérieur de l’architecture. Le jeu entre centralité du vitrage ou mis en angle, permet

Le Creux technique est réalisé par des panneaux distincts sur sa première partie d’expérimentation. Pour le CER comme pour la station de Ski de Flaine, ces creux techniques permettent de dissimuler au sein des panneaux en béton architectonique les éléments techniques tout en conservant l’aspect esthétique et fonctionnel - insertion du vitrage-.

Le Creux technique vient aussi cacher l’épaisseur des planchers, des fauxplafonds mais aussi des terrasses. Encore par effet d’optique, le procédé permet de rabaisser visuellement la hauteur de l’édifice, comme à Flaine avec le large module disposé au niveau haut du toit-terrasse.

Finalité de la hauteur, achèvement de l’édifice, il n’y aura pas d’étages en plus, et on le marque en façade par un élément préfabriqué linéaire et répété tout au long de sa hauteur. À l’intérieur, le fonctionnement en groupe de modules vient rythmer l’espace.

Pour Flaine, 3 modules, pour le B1 il y en aura 7. Aucune épaisseur n’est à rajouter sur les parois intérieures. Le rapport de proportion

est différent mais réalisé par rapport à la fonction. Ainsi les hauteurs se modulent, laissant un vide technique plus ou moins important selon l’usage.

Le travail du creux à l’intérieur dissimule et arrange les zones techniques.

Dans le temps, une nouvelle modulation du creux vient apparaitre: le vitrage à panneau unique, comme pour le siège et l’usine Pharmamundi.

Dernière exploration de Marcel Breuer, un unique panneau préfabriqué plus simpliste, possédant cependant toutes les caractéristiques du béton architectonique que définit Breuer. Il met en retrait le vitrage comme une extrusion vers l’intérieur, toujours intégré dans le procédé de fabrication global préfabriqué.

Le soin des détails et du temps long de conception du projet donne à Marcel Breuer une image de fabrique qui lui est propre. L’essence même de ses édifices réside dans les dispositifs de creux qu’offrent à leur manière chacune de ces façades.

Dans une cohérence du geste, celles-ci viennent toutefois se différencier au travers d’élaborations différentes de la massivité, de la résille, de la monumentalité, voulu selon leurs fonctions.

Le béton architectonique, bien qu’utilisé par d’autres architectes contemporains à Marcel Breuer, vient être l’identité de l’architecte.

Travail de recherches sur le béton architectonique de Marcel Breuer

C’est dès 1960 que Marcel Breuer adopte le travail du creux comme première expérimentation du béton architectonique.

Celui-ci donne alors un côté sculptural, grâce au retrait de la matière.

Qu’apporte-t-il aux édifices? Marcel Breuer met en place le travail de la trame et de la répétition pour créer une résille qui adoucie la massivité du CER.

Mais en observant les différents équipements qu’il réalise par la suite, on retrouve alors des éléments de modification de ce creux. C’est alors les différences de dimensions, de proportions, ou encore la disposition du vitrage ou la profondeur qui moduleront les différentes créations de facettes creusées de Marcel Breuer.

de nouveaux motifs d’obscurité, et donc d’utilisation, extérieur et intérieur.

La répétition des détails propres à chaque façade crée sur une grande surface un effet d’optique lié aux positionnement de l’ombre qui approfondie le creusement en façade. Marcel Breuer arrive en modifiant la profondeur de la façade à produire une “nouvelle émotion visuelle”.

APPARTÉ //

Le Travail du creux Caractéristiques Techniques

Le Travail du Relief Caractéristique architecturale

Toute la recherche exploratoire de Marcel Breuer vient aussi résider dans la compréhension de l’adaptation de son procédé de fabrication selon les usages de sa commande.

Ainsi, lorsque le creux technique n’est pas nécessaire, l’architecte sait allier ses recherches sur le Sun and Shadow avec un nouvel outil qu’il peaufinera avec le temps: le relief. Toujours dans la recherche sculpturale, il faut en effet alléger certaines structures, tout en conservant une logique solaire en adéquation avec la signature de l’architecte.

L’usine de Torrington comme l’homonyme IBM Boca Raton possèdent tous les deux une façade non-porteuse. Celleci se traduit alors par l’ajout de profondeur en façade mais un détail change alors le procédé de fabrication.

Plutôt que de “creuser” la matière, il en dégage un relief, toujours obtenu par banchage unique étudié par les ingénieurs collaborateurs du chantier.

Des éléments se détachent de la surface de la façade, malgré la conservation amaigrie de la profondeur et de la massivité.

L’unique but de ce procédé, observé dans ces deux réalisations, est de se protéger du soleil, on perd la notion plurifonctionnelle.

La technique est ici abordée au

travers de la finesse d’élaboration et pour ce procédé, le béton est coulé en usine et non sur chantier, comme il l’a été pour le CER. Les dispositifs de reliefs sont alors en cuillère pour Torrington ou en double-croix pour Boca Raton.

Le travail architectural du relief lui obtient plus de liberté dans sa conception du fait qu’il n’est pas porteur. Il permet aussi un jeu de textures toujours par utilisation du Sun and Shadow, mais avec des inclinaisons de façades plus aléatoires.

Pour exemple, le Centre IBM de Boca Raton avait comme règle intiale de faire marcher l’économie de la région, avec un budget réduit comparé à celui du CER. Il utilisera alors les industries de préfabriqués de la régions et leurs techniques pour parvenir à ces profls de béton.

Pour se protéger du soleil, il est alors ensuite installé dans le processus de production une nervure centrale sur chaque panneau, pour le rigidifier et permettre la réception des charges verticales à long portée sur chacun des étages.

Cette utilisation centrale vient alors créer un motif, différent à chaque heure, jouant des tours optiques sous le soleil brulant de Floride.

Par le travail du relief, Marcel Breuer réussit à assembler techniques de construction et intensions architecturales, en améliorant ses réfléxions sur les caractéristiques techniques de ses façades et leurs nécessités.

Le Parement et le Banchage Caractéristiques esthétiques

Pour Torrington et Boca Raton, le jeu de texturage s’opère par le relief.

Mais lorsque l’on observe les calepinages sur les représentations de Marcel Breuer et ses associés, on remarque des styles graphiques qui ne sont pas anodins.

En effet, s’il l’utilise déjà sur ses villas, il reprendra alors dès la fin des années 1960 les préceptes de son livre “Sun and Shadow”.

Tout d’abord, cette théorie use des deux principes fondamentaux introduits auparavant: le creux et le relief. La philosophie de l’architecte reprend les bases de la sculpture type Beaux-Arts: la matière brute possède déjà des aspérités propres aux composants qui la constituent. Pour l’architecture du XXème siècle, le béton, matériau de construction pur, possède des irrégularités et un grain qui attire Marcel Breuer.

Le Sun and Shadow est le principe de sculpture du béton, qui, par l’étude de l’orientation de chaque objet, joue sur les contrastes et les accroches de l’ombre et de la lumière pour renseigner une nouvelle esthétique.

Son utilisation en façade par la massivité et l’épaisseur des profils en préfabriqués induit alors un dimensionnement dans une logique programmatique. Mais il induit aussi une nouvelle dimension des

Pour le siège de Pharmamundi, on retrouve une nouvelle texture, plus lisse encore, et il est raisonnable alors de se demander s’il s’agit uniquement d’une question de banchâge?

En effet, on remarque aussi une utilisation de différents types de béton dans les compositions de façade du CER. Si elle peut traduire les modifications et progressions de l’ingénierie dans l’élaboration de la matière sur les façades du siège de Pharmamundi, il y a cependant des références architecturales reconnaissable sur la façade intérieure Est du bâtiment B3 du CER.

Tout comme l’a réalisé Jean Willerwal14 auparavant, et traduisant une tradition architecturale des années 1970, Marcel Breuer va ajouter des aggrégats dans la composition de certains profilés, afin d’augmenter les aspérités et les reliefs du béton.

Ainsi, les monoblocs du B3 viennent revêtir l’aspect traditionnel de cette époque, comme une marque de sa construction dans le temps.

14 Jean Willerval (1924-1996) est une architecte français, connu principalement pour ses réalisations de centrales nucléaires. Il participera à la rénovation Urbaine de la ville de Bordeaux et produira notamment les bâtiments principaux du quartier de Mériadeck, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

“

“Ce sont notamment ces façades apparemment si semblables et en même temps radicalement différentes qui marquèrent en grande partie l’oeuvre de Marcel Breuer” Arnt Cobbers, Marcel breuer, 1902-1981: Form Giver of the Twentieth Century, Londres, édition Taschen, 2007

Le centre Mériadeck est alors l’emblème de l’urbanisme sur dalle, et va traduire la volonté de rupture avec le centre ville historique composé d’échoppes traditionnelle, en utilisant le béton, notamment avec une charge d’agrégats forte qui marque la façade de reliefs minérals.

Travail de recherches sur le béton architectonique de Marcel Breuer

Pour les bâtiments B1 et B2 du Centre d’Études et de Recherches de La Gaude, la station de ski de Flaine ou même l’Usine Torrignton, les banchâges sont réalisés en bois traité, souvent vernaculaires; ceux-ci laissent alors la trace naturelle du veinage du bois dans certaines parties du profil en béton architectonique.

Il est important de remarquer que certains de ses édifices possèdent une esthétique plus lisse, comme l’Université de Yale où le banchâge, pour des raisons techniques, vient s’habiller d’un panneau d’aluminium brossé, qui modifie l’apparence

et la rugosité du béton en façade.

APPARTÉ //

possibilités d’interprétation dès les années 1970 pour Marcel Breuer.

Marcel Breuer a à coeur le détail, notamment dans le banchage.

On remarque alors, dans les photographies du B3, une apparition de stries sur la façade intérieure de l’édifice.

Volonté esthétique sûrement réfléchie par l’architecte, la façade est incurvée, et vient réfléchir le soleil sur celle lui faisant face, orientée Nord-Ouest.

Marcel Breuer vient alors modifier une nouvelle fois son principe de conception industrielle pour donner une importance nouvelle dans la finition du béton architectonique, pourtant produit en série.

Devenu parement, c’est le choix du banchâge ou même du revêtement choisi pour celui-ci qui va créer la troisième phase d’identité de Marcel Breuer pour ses équipements.

Début du chantier Première Ailes Bâtiment B1

Extension Seconde Ailes Bâtiment B1

19 60

Extension majeure Bâtiment B2

Extension majeure Bâtiment B2

IBM à LA GAUDE de Marcel Breuer 19 62

19 64

Création de l’agence à Paris Robert Gatje associé, et

19 66

19 68

1968: Floride, USA Bureaux IBM Boca Raton

Tician Papachristou nouvel associé remplaçant

Murray Emslie

1964: Nivelles, Belgique Usine Torrington 1962: Flaine (74) Station de ski Avec Beckhard et Gatje

1966: New Haven, Connecticut, USA Yale School of Engineering

19 73 1973-1974: Limburg, Allemagne Siège et Usine Mundipharma

19 76

L’analyse de chaque typologie de modules en façades des divers équipements étudiés permet de mettre en valeur la traduction possible des modulations dès 1960 qu’opère Marcel Breuer.

Par extension, nous pouvons même admettre que le site de La Gaude est le terrain d’expérimentation de ceux-ci, par la diversité des modules sur les différentes ailes.

Par conséquent, le CER vient aussi traduire le tournant dans la carrière de Marcel Breuer et sa compréhension des enjeux économiques, architecturaux, et sociaux de son temps.

15 Terme employé notamment par l’architecte Le Corbusier en 1927 dans “Les 5 points de l’architecture moderne”, définissant une façade en surplomb fine et légère dissimulant une structure en retrait.

Aujourd’hui, après avoir été mis en péril par des projets de destruction, le patrimoine qu’est le Centre d’Études et de Recherches IBM est enfin protégé. Il pose toutefois la question de sa réutilisation: en effet, l’élaboration spécifique des parois en béton architectonique du site peut à la fois être un atout mais cause un problème de réappropriation des propriétés des modules dans les futurs projets de réhabilitation du site.

Le classement du complexe émet l’importance de conservation de ses façades qui font la signature de Marcel Breuer et l’identité du site. Celles-ci sont aussi l’écrin des mœurs et du développement de la commune ainsi que de son rattachement plus fort avec le reste de la région. Le rapport identitaire du site, emprunt à l’aspect social, économique, historique, se faire aussi par révélation d’un autre patrimoine: celui du savoir faire de l’architecte international Marcel Breuer, qui vient faire résonner le CER comme référence architecturale majeure du XXème siècle.

Travail de recherches sur le béton architectonique de Marcel Breuer

L’étude du caractère formel et fonctionnel du Centre d’Études et de Recherches de Marcel Breuer à La Gaude traduit une demande initiale d’image de marque pour la société IBM. Raliée aux équipements produits par l’architecte durant toute la phase de construction du complexe, on remarque alors une continuité ainsi que des modulations dans l’élément qui fait la signature de Marcel Breuer: la façade en béton préfabriqué.

Au-delà de l’utilisation de béton préfabriqué, celle du béton architectonique, qui par son esthétisme et sa forme fonctionnelle va permettre une production en série, s’oppose à la façade libre15 qu’initient les architectes contemporains à Marcel Breuer. L’utilisation de celui-ci mêle l’épaisseur de la façade utilitaire, entre technique et esthétique, pour correspondre aux critères sculpturaux souhaités par l’architecte.

De l’étude du complexe IBM à La Gaude s’identifient 3 types de modulations dans une chronologie qui définie la carrière de Marcel Breuer. Ces modulations vont alors conserver sur un temps long les mêmes qualités de savoir faire et de création.

D’envergure sculpturale, les panneaux en préfabriqué allient économie et architecture. L’esthétique de Marcel Breuer se traduit alors par la sculpture dans la mise en œuvre et la préfabrication, création d’effets d’optiques et d’attitudes nobles pour une façade pourtant économe.

La pensée architecturale des équipements publics, comme celle du Centre d’Études et de Recherches, s’articulent autour du travail en façade. Celles-ci alimentent l’image de marque de chaque société commanditaire en extérieur, et leurs fonctionnalités propres au site à l’intérieur.

APPARTÉ //

Conclusion de la recherche

Début du chantier Première Ailes Bâtiment B1

Extension majeure Bâtiment B2

Extension Seconde Ailes Bâtiment B1

19 60 1962: Flaine (74) Station de ski Avec Beckhard et Gatje

19 62

19 64 1964: Nivelles, Belgique Usine Torrington

19 66

19 68 1966: New Haven, Connecticut, USA Yale School of Engineering

Extension majeure Bâtiment B3

19 73 1968: Floride, USA Bureaux IBM Boca Raton

19 76 1973-1974: Limburg, Allemagne Siège et Usine Mundipharma

B2,1968

B3, 1976

Flaine, 1962 Torrington , 1968

Yale, 1966

Boca Raton, 1968

Mundipharma, 1973

0

1

2

APPARTÉ //

Travail de recherches sur le béton architectonique de Marcel Breuer

B1, 1960

B1, 1960

Flaine, 1962

B2,1968

Torrington , 1968

Yale, 1966

B3, 1976

Boca Raton, 1968

Mundipharma, 1973

0

1

2

Captation

er

e

m is

1:

P ro gra m

e

Ax A xe

3 : Ruisseler

er

Ax

:R

a yn ed

Le futur programme doit s’inscrire dans trois axes majeurs, chacun en lien avec une échelle du territoire.

Dans un premier temps, l’étude géographique, sociale et démographique nous pousse à produire une nouvelle ressource inter-générationnelle. Celle-ci doit profiter de l’emplacement du site face à l’urbanisation, mais aussi mettre en relation les différentes catégories d’utilisateurs potentielles.

En sachant qu’un tel équipement ne peut relancer l’attraction du complexe IBM, un second programme doit permettre la redynamisation à l’échelle départementale. Pour se faire, celui-ci doit permettre à la fois la relance touristique, économique et sociale, tout en conservant le patrimoine et la richesse naturelle du site.

Par conséquent, si la reconversion du site est induite sur ces deux échelles, des programmes complémentaires doivent parer aux hébergements et aux besoins des utilisateurs sur différentes temporalités.

m

2

Captation

500

67

( 68 )

Comment concilier les besoins des différentes générations afin de contrer le dépeuplement de la commune?

D’un côté, la population de la Gaude est vieillissante. Elle doit alors se déplacer sur de plus longues distances pour accéder aux assistances médicales et aux commerces.

De l’autre, un unique institut de formation de soins infirmiers reste excentré des nombreux centres d’accueil pour l’apprentissage professionnel.

Pourtant, le complexe IBM, par sa structure et sa situation donnerait l’aisance d’une installation médicale de rhumatologie. Cette spécialité, regroupant de nombreux soins, pourrait être la source d’un nouvel élan intergénérationnel, apportant formation et soutien aux futurs occupants de la commune.

500

Recherche programmmatique

Cependant, la rhumatologie ne peut être le seul domaine médical pour attirer l’effectif de patientelle nécessaire au développement durable d’un tel équipement.

C’est alors l’important pourcentage de complexes sportifs de haut niveau qui permet d’engager un potentiel fort pour ce programme: le centre de rééducation pour sportifs de haut niveau.

Carte des positions des pôles sportifs, développement de La Gaude et IFSI Ste Marie

69

Pôle médical de Taverny - MAAJ - Val d’Oise, 2020

( 70 )

Par sa situation écartée des accès principaux et parking, mais aussi par la taille des trames structurelle, le centre de rhumatologie et de rééducation s’insère pour le mieux dans le bâtiment B3.

Comparaisons:

Implantation volumétrique d’un service hospitalier

Insertion du Pôle médical de Taverny dans le bâtiment B3

Maison de santé - Mejon Arquitectura - Lerida, Espagne, 2016

Insertion de la maison de santé de Lerida dans le bâtiment B3

71

Pour les services de rhumatologie et de rééducation, le mode de connexions et de circulations est le même que dans les systématisations hospitalières. Après questionnements auprès d’internes en médecines, l’unique mo- dulation possible est celle des tailles de chambres, relativement plus grandes si l’utilisation nécessite l’installation d’une table de kinésithérapeute en espace privatif. Cependant, cette notion peut s’effacer au profit de l’installation de salles spécialisées dans les soins de kinésithérapie, tout comme avec l’aménagement de salles spécifiques et de bassins d’exercices pour la rééducation motrice.

( 72 ) Axonométrie espaces médicaux

L’installation d’une clinique médicale au sein du large complexe doit s’accompagner d’un programme déclenchant un essort économique de la commune, face à son déclin progressif.

Comment créer l’équilibre économique de l’opération en accueillant un programme public de loisir?

Suite à l’étude de plusieurs programmes, le choix s’est porté sur le centre thermal.

En lien avec la portée thérapeutique de la première installation, les instituts thermaux permettent de pratiquer les soins réguliers de traitement des rhumatismes, et possèdent souvent des équipements dédiés à la rééducation.

D’un point de vue économique, le centre thermal est préférable au complexe balnéaire ou au spa au vu de sa définition médicale qui permet une inclusion des soins dans le traitement médical ainsi que financier français.

Nécessitant cependant de larges locaux et une verticalité conséquente, il contraint le placement de ses différents locaux en rez-de-chaussée.

500

Redynamisation

Sources naturelles, rapport fluvial et situation de La Gaude

73

Tableau récapitulatif des frais d’entrée en centre de bien-être

IDENTIFIER LE POSITIONNEMENT TYPOLOGIE D’EAU

EAU DE VILLE SOURCE

-

EAU MINÉRALE NATURELLE THERMALE

EAU DE MER

VOCATIONS

ÉDUCATIVE

S++

S++ PISCINE TRADITIONNELLE

( 74 )

SPORTIVE

LOISIRS

€

S+

€

CENTRE BALNÉO SPA

BIEN ÊTRE

CENTRE AQUATIQUE

-

€€

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S+

€€€

S++

+

CENTRE THERMOLOGIQUE SPA HOTELIER OU THERMAL

+++

€€

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++ CENTRE THALASSOTHÉRAPIE

MIEUX-ÊTRE SANTÉ

MÉDICALE

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CENTRE DE RÉÉDUCATION

CENTRE THERMAL

+++

Axonométrie d’organisation

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75

( 76 )

L’essort du complexe par l’intégration d’une pluri-programmation engendre alors l’attrait des populations.

Cependant, des équipements de services doivent permettre l’accueil des usagers sur différentes temporalités.

Quels équipements sont nécessaires au fonctionnement du complexe sur différents temps d’occupation?

Ainsi, le choix s’est porté sur un hôtel permettant d’héberger les familles des patients du centre médical et les curistes des thermes.

Mais son installation révèle aussi d’autres enjeux. En effet, la création d’un pôle touristique permet une nouvelle centralisation par ruisselement de l’activité du site sur les différents lieux de cultures et de loisirs environnants.

Ainsi, l’accès est facilité pour les visites de la fondation Maeght ou du Centre international d’art contemporain de Carros, comme pour les lieux naturels (Parc national du Mercantour, Vallée des Merveilles ou même les différents châteaux alentours).

500

Ruissellement

La Gaude et les centres culturels, chateaux et fondations

77

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Axonométrie d’organisation Circ

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( 78 )

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Adaptation

Adaptation

Hôtellerie Place publique

Logements collectifs

Centre Thérapeutique

Après avoir énoncé les différents programmes et leurs volontés de développement et de redynamisation de la commune, il est important de comprendre les modifications apportées aux deux édifices classés de Marcel Breuer.

L’intégration y est alors complexe pour respecter la trame structurelle et l’implantation partiellement enterrée des bâtiments.

Comment permettre une meilleure lecture ainsi qu’une connexion génératrice d’usages dans un ensemble introversif?

C’est dans la continuité de cette réflexion que l’intégration de la circulation vient être l’apport majeur du nouveau programme.

Une articulation ouverte remplace l’ancienne connexion entre B2 et B3, partie irrégulière de par sa structure mais aussi son état.

Le tracé naturel des édifices conservés donne place à une “Rotule” dont l’implantation facilite la lecture des différents niveaux naturels des accès.

Elle complète en parallèle la connexion avec le bâtiment B1 en surplomb par un réaménagement paysager et son contexte par une redéfinition des lignes directrices, traversant le nouveau programme en son centre.

81

du bâtiment

Dans le cadre du studio de semestre 8 à l’ENSA Marseille en Printemps 2020, le premier travail de recherche et de développement du processus de projet s’est enclenché.

Ne se contenant uniquement qu’au B1, un programme adaptatif au développement des autres édifices du site devait permettre la compréhension constructive et patrimoniale.

Ainsi, par la trame répétitive de 7 modules de 1.8m de large, un système de cellules en duplex s’est mis en place. Ceux-ci,

adaptés en surface à l’accueil de logements, viennent alors s’adapter aux contours de l’édifice sans jamais en dénaturer sa façade.

Le parti-pris était alors d’habiter ses deux plateforme par une répétition de logements étudiés de manières géométriques et adaptés ensuite aux courbes des doubles Y.

Les parties auparavant d’entretien et de circulation sont alors repensées pour accueillir des petites commodités, voir des services nécessaires aux futurs habitants de ces logements collectifs.

APPARTÉ //

Réhébilitation fractionnée B1 du CER de La Gaude

Projet S8 : Réhabilitation du bâtiment B1 en Logements Collectifs

Habitations thermales Marcel breuer

L e b â t i m e n t B Icône de l‘architecture brutaliste de Marcel Breuer

Axonométries du système porteur des deux étages

0

5

15

25

Axonométrie complète bâtiment B1 0

10

30

50

Illustration officielle, acrylique sur papier, source: Robert Gatje

Logements

La Répartition importante dans le fonctionnement structurel

T1

T2 6

4

2S

5

2S

1S

1S

T3 3

4D

3S

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62 Logements

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T4 4

3D

3S

4

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4S

4

6D

4S

4

6D

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7

4

5D

3S

3

5D

3S

Axonométrie, Principe de trame en façade

Total

4 Trames

5

5D

3S

3

6D

4S

3

7D

4S

4

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3S

5 Trames

6 Trames

7 Trames

Projet S8 : Réhabilitation du bâtiment B1 en Logements Collectifs

des

APPARTÉ //

Typologies

Typologies

des

Logements

La Répartition importante dans le f o n c t i o n n e m e n t

0

Schéma d’implantation des types de logements sur l’étage principal

10

structurel

30

50

Schéma d’implantation des types de logements sur le dernier étage

Logements

Ty p e 4 S 6 D 3 : D u p l e x T 4 6 Tr a m e s a u R D C 4 Tr a m e a u R + 1

R+1 échelle: 1 / 1 000

Plan type du RDC et R+1 du logement 4S6D3 échelle: 1 / 100 0

1

3

RDC échelle: 1 / 1 000

Projet S8 : Réhabilitation du bâtiment B1 en Logements Collectifs

des

Exemple d‘adaptation des logements aux modulations de trame

APPARTÉ //

Typologies

Circulations Verticales

Les deux bases de maintien triangulaires

Plan du dernier étage, création d’un patio triangulaire échelle: 1 / 100

Axonométrie circulation circulaire

0

10

0

1

3

5

L’implantation d’une nouvelle connexion s’opère par l’insertion d’une place ouverte remplaçant la connexion bâtie entre B2 et B3.

Manipulation majeure du programme, cette articulation vient permettre la traversée depuis le B1 des nouvelles installations vers les autres bâtiments du site mais aussi vers les zones de stationnements et les accès aux chemins de randonnées et aux parcs naturels protégés.

Cette rotule est réfléchie selon deux axes: elle apporte d’une part une meilleure lecture des différents équipements du projet, et génère d’autre part l’installation des halls d’entrée dans le respect des tracés directeurs et des perçées structurelle initiales.

Par cette restructuration, dans la mesure où les murs de soutènement sont rendus apparents, des traitements de surface sont requis. Celui-ci permettra, dans un premier temps d’unifier l’aspect du long mur Est tout en dissociant l’intervention de l’existant par un jeu de matérialité. Dans un second temps, il inclut la réflexion de protection solaire nécessaires aux zones de maintenance de l’entrée Est du B2.

Nouvelle place

Echelle du contexte proche du site

89

( 90 ) Plan Rez-de-chaussée B2 - Travail de l’accès à la Rotule - échelle 1 : 500

5

Plan de R+1 (B2) et RDC (B3) - Création de la place publique - échelle 1 : 500

5

91

( 92 )

Le centre médical rouvre la partie technique en rez-de-chaussée du B3 afin de créer son Hall d’entrée en mezzanine.

Le reste des locaux se dispose en étage, composé de l’accueil en surplomb de la nouvelle place, des trois services de rhumatologie et de rééducation dans la bande étroite à l’Est, et des salles de soins dans la partie Ouest.

Les espaces servants, tels que l’administration, les stockages, la cuisines et la laverie, occupent l’angle SudOuest, permettant l’accès plein-pied du personnel par l’unique entrée Sud du site. Celle-ci, reliée au parking en surplomb, permet de différencier les flux, et d’accéder aisément aux vestiaires et zones réservées au personnel.

Le patio central existant est conservé pour apporter la luminosité dans les différents espaces, seules les passerelles viennent être élargies pour accompagner les besoins de la clinique.

Les escaliers sont alors inversés pour donner l’accès en toiture, notamment pour des questiones d’évacuations.

Sont alors conservées dans leur entièreté les facettes en béton et maçonneries originelles par un choix de réaménagement spatial.

Centre Médical

Croquis coupe B3 Puit de lumière

93

( 94 ) 10

Plan R+1 B3 - Clinique de rééducation et de rhumatologie - échelle 1 : 1 000

95

( 96 )

L’implantation des thermes se développe en rez-de-chaussée du bâtiment B3, permettant de creuser les différents bassins et d’y inclure le sous-sol technique nécessaire à son fonctionnement.

La partie large à l’Ouest accueille les bains et équipements de bien-êtreet s’intègre grâce à l’appropriation de la trame structurelle dans le programme.

Les différents bassins et espaces sont alors répartis pour respecter un sens de circulation essentiel au maintien de l’hygiène et de la proprété du site.

Certains bassins orientés vers le patio central existant viennent en débord, permettant d’inclure celui-ci dans l’aménagement global du programme.

La bande étroite à l’Est est consacré aux besoins d’entrée et de circulation régulée des vestiaires et zones de préparation des utilisateurs.

L’entrée Sud-Est ainsi que la partie enterrée Sud permettent le placement de l’administration, des bureaux de contrôle et de sécurité, des espaces servants tel que que la laverie et les stockage ainsi que les salles dédiées au personnel.

La façade Ouest jusqu’ici enterrée s’ouvre pour permettre l’apport de lumière nécessaire à l’ambiance des thermes.

Expérience Thermale

Croquis perspective - Vue du patio Nord B3

97

( 98 ) 10

Plan Rez-de-chaussée - Centre thermal et de remise en forme - échelle 1 : 1 000

99

( 100 )

Si le B3 se compose des équipements de services primordiaux au redynamisme de la commune, le B2 inclut dans ses trois étages l’ensemble des équipements secondaires nécessaires aux besoins des visiteurs.

Connecté à la place par son R+1, celui-ci s’ouvre vers l’ouest pour disposer d’un extérieur, y installant sa terrasse. Son accueil et son restaurant se place au Sud, alors que le premier étage de chambres d’hôtel prend place le long d’un patio crée, permettant leur ouverture via les facettes existantes en Ouest, Est et Nord.

Les colonnes des distributions se disposent dans les deux tours de contreventement existantes de part et d’autre de l’édifice. Elles donnent l’accès au second étage de chambres, mais aussi au rez-de-chaussée, qui se compose d’un espace ouvert de travail, d’une salle de sport, et de salles de repos.

L’intervention sur le patio central reprend la large ouverture existante du B3. Son implantation lie verticalement les étages et d’apporter le jour dans les espaces servis de l’édifice.

Équipements

Croquis perspectif - Vue de l’entrée de l’hôtel - Novuel ouverture

101

( 102 ) Plan Rez-de-chaussée B2 - Salle de sport et open space pour résidents - échelle 1 : 1 000 10

Plan R+1 B2 - Accueil Hôtel, bar, restaurant, laverie et étage de chambres - échelle 1 : 1 000 10

103

Plan R+2 B2 - Salon de détente, laverie et étage de chambres - échelle 1 : 1 000 10

( 104 )

Plan Toiture B2 - Connexion avec le bâtiment B1 Double Y - échelle 1 : 1 000 10

105

( 106 )

La requalification et reconversion du Centre d’Études et de Recherches de La Gaude est contrainte par la conservation de ses facettes et de son terrain d’assiette.

Afin de répondre aux besoins d’un équipement pluri-programmatique public, qui permet un nouveau dynamisme pour la commune, le projet doit s’articuler autour des différents éléments patrimoniaux, qui lui confèrent un tracé directeur central majeur.

L’implantation d’une nouvelle place en son centre permet la gestion des flux par une articulation massive marquant les entrées principales du complexe.

Cette rotule développe dans un même temps le rapport au terrain d’assise des deux bâtiments par une lecture facilitée des changements de niveaux, via l’aménagement paysager et l’installation de larges ouvertures et escaliers publics.

Par la création de cette espace extérieur, la lisibilité d’accès des différents équipements permet la définition de leurs entrées respectives. La dissociation de cellesci produit une meilleure gestion des espaces, par une lecture spatiale horizontale -pour le centre thermal et l’institut médical-.

Ce dernier, centre du développement de la commune, est réalisé de manière circulaire

Conclusion

pour respecter l’organisation structurelle du bâtiment B3. Autour du patio central, les deux passerelles permettent les circulations entre services et salles de soins.

Le centre thermal vient s’implanter à son rez-de-chaussée, pemettant de définir le bâtiment B3 comme centre de soins et de bien-être. Ses bains ouvrent l’aile Ouest, auparavant enterrée. Ceci est alors permis par une reprise large des murs de soutènements sur les façades Ouest et intérieure-Est de l’édifice. Cependant, les facettes classées restent en position.

Afin de combler les besoins des différents utilisateurs du site, le bâtiment B2 incorpore les équipements d’hôtellerie et de restauration dans le cadre du ruissellement des fonctions du projet sur un attrait touristique nouveau. Les deux étages de chambres, orientés vers les façades remarquables en béton architectonique de Marcel Breuer permettent l’imprégnation du caractère brut du site, alors qu’un patio central remplace la pénombre des locaux techniques. Articulés sur les deux derniers étages, ces chambres d’hôtels se joignent aux services de restauration et salons sur leurs étages courants, ainsi qu’à un espace privatif au rez-de-chaussée. Sur ce même étage se lie l’accès techniques et de services de l’édifice sur sa partie Nord.

Le choix d’un programme multiple ayant été entrepris d’une part par la monumentalité des deux édifices, d’autre par par la volonté de redynamisme de La Gaude,transcrit les contraintes du site à satisfaire économiquement et socialement les besoins de la commune. De plus, il met en exergue la problématique majeure de l’utilisation des préfabriqués en béton architectonique dans la reconversion actuelle alors que ceux-ci forment l’identité même du site.

Les larges plateformes, auparavant utiles au déroulement des séquences de production, sont alors les seuls éléments dont la manipulation reste possible.

C’est donc une couture minutieuse entre l’existant et l’intervention qui s’opère, pour parer aux contraintes d’ensolleillement et de ventilation des espaces. En effet, si l’intégration de chacun des programmes se réalise par logique de faisabilité, il y a derrière cette organisation un travail de relation entre la nature de la facette et son utilisation.

C’est la modulation de ses trames de façades, en accord avec celles structurelles, qui permet l’apport des réponses programmatiques concrètes.

L’ensemble de l’intervention construit un dialogue nouveau, réouvrant les édifices autrefois introversifs sur leurs contextes, par

107

des liaisons transversales de l’entrée principale du CER à l’Ouest aux chemins des randonnées et parcs à l’Est.

( 108 )

Le Centre d’Études et de Recherche de Marcel Breuer retranscrit dans les lignes de son projet l’histoire de sa conception et de ses évolutions. Il ne se limite pas à une réponse purement fonctionnelle pour un programme donné et cherche à apporter une certaine profondeur à son édifice.

La réflexion de ce projet se place dans la recherche d’un dialogue constructif à toutes les échelles, en partant du grand territoire, jusqu’aux détails constructifs de l’ensemble.

L’enjeu n’est pas d’occulter les intentions architecturales premières mais de les mettre en valeur par un travail de recherche et d’analyse poussé, afin d’aboutir à une proposition capable de lier toutes les temporalités du projet initial. Il s’agit également de comprendre la richesse d’un patrimoine fort pour lui redonner sens dans un contexte avec lequel il s’est coupé.

L’intervention sur un bâtiment avec une écriture plastique aussi affirmée n’est pas une tâche aisée. Sa réhabilitation ne se limite pas à une intervention esthétique qui ne se saisirait pas pleinement des enjeux liés à l’établissement, à sa situation et à son programme.

HÉRITAGE Analyse et Etat des Lieux - Studio Delphine Désert et Mathieu Barbier Bouvet, Livret d’analyse, Centre IBM à La Gaude, Marcel Breuer, (ENSAM), 2020, 90 pages - AMOUROUX Dominique, Marcel Breuer, les réalisations françaises, Carnet d’Architecture, édition du patrimoine, Centre des Monuments Nationaux, Paris, Mars 2014, 175 pages - HYMAN Isabelle, Marcel Breuer, Architect: The Career and the Buildings, édition Harry N. Abrams, New York, 2001, 397 pages - GATJE Robert F. , Marcel breuer: A Memoir, New York, The Monacelli Press, 2000, 320 pages - BERGDOLL Barry et MASSEY Jonathan, Marcel Breuer. Building Global Institutions, édition Lars Müller Publishers, Zürich, 2018, 367 pages

Bibliographie

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1984 L’expérimentation

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Iconographie

111

( 112 )

ABSTRACT //

Le classement récent aux “Monuments Historiques” du Centre d’Études et de Recherches de Marcel Breuer à la demande de son propriétaire actuel questionne alors que le site est abandonné depuis Mars 2015

Par le travail d’exploration de l’existant et son état des lieux, de compréhension des temporalités et contexte de sa situation, ainsi que d’une comparaison d’échelles et de programmes, comment transformer les deux édifices en soubassement en programme activateur de nouveaux enjeux pour la ville enclavée de La Gaude?

Les bâtiments B2 et B3, dépourvus d’une distribution fluide, viennent s’ouvrir au paysage des Alpes sur les versant Est du terrain d’implantation. Ne pouvant modifier son enveloppe ainsi que l’ensemble du sol d’assiette, des éléments structurants et du parc naturel, l’enjeu du projet est alors de permettre l’installation d’un programme de soins et de bien-être.

Les contraintes du site et leurs disfonctionnements obligent alors l’installation d’un programme pluriel par une vaste superficie d’occupation et par les enjeux que le programme doit développer dans le contexte urbain, mais aussi à plus grande échelle via les connexions au littoral et le rattachement à la région.

The recent classification in the «Historical Monuments» of the Center for Studies and Research of Marcel Breuer requested by it’s current owner raises some questions as the place has been abandonned since March 2015.

By carrying out research and exploration of the existing situation and its inventory, understanding the temporalities and context of its situation and also making a comparison of scales and programs, how to transform these two partially buried building into a program offering new challenges for the landlocked city of La Gaude ?

B2 and B3 buildings, devoid of a fluid distribution, open up to the Alpine landscape on the Eastern slopes of the site. Unable to modify it’s envelope as well as the whole ground, the structural elements and the natural park,the challenge of this project is, therefor, to allow the installation of a cure center and well-being program.

The site constraints and dysfonctions then oblige the installation of a multifonction program through a vast occupancy area and by the challenges that the program must develop in this urban context, but also in large-scale by taking the connections to the coast and the attachment to the region into account.