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Table du pasteur

Bienvenue à la Table du pasteur, un lieu où les responsables de ministères se réunissent pour trouver la sagesse, l’encouragement, et des idées pratiques. Tout comme une table est l'endroit où les repas sont partagés et où des conversations significatives se déroulent, cette rubrique sert d'espace pour les pasteurs afin de réfléchir, d'apprendre et d'être renforcés dans leur appel. Chaque mois, nous explorerons des sujets importants - conseils pratiques, accompagnement, famille, leadership, et plus encore - en offrant des outils pour équiper et soutenir ceux qui paissent le peuple de Dieu. Prenez une chaise et voyageons ensemble dans le ministère.

DONNER LA PRIORITÉ À LA SANTÉ MENTALE PASTORALE : APPEL À PRENDRE SOIN DE SOI ET À S'ENTRAIDER

Naviguer dans les défis de la santé mentale au sein du ministère (2ème partie)

TABLE DU PASTEUR

Bienvenue à la Table du pasteur, un lieu où les responsables de ministères se réunissent pour trouver la sagesse, l’encouragement, et des idées pratiques. Tout comme une table est l'endroit où les repas sont partagés et où des conversations significatives se déroulent, cette rubrique sert d'espace pour les pasteurs afin de réfléchir, d'apprendre et d'être renforcés dans leur appel. Chaque mois, nous explorerons des sujets importants - conseils pratiques, accompagnement, famille, leadership, et plus encore - en offrant des outils pour équiper et soutenir ceux qui paissent le peuple de Dieu. Prenez une chaise et voyageons ensemble dans le ministère.

DONNER LA PRIORITÉ À LA SANTÉ MENTALE PASTORALE : APPEL À PRENDRE SOIN DE SOI ET À S'ENTRAIDER

Naviguer dans les défis de la santé mentale au sein du ministère (2ème partie)

ÉVÊQUE ROGER BALL | NEW YORK, NEW YORK

Lors d’un récent vol, je suis tombé sur un article intitulé « Quelques différences essentielles entre une vie heureuse et une vie pleine de sens ». Les auteurs soutiennent que le bonheur et le sens de la vie sont souvent incompatibles. Ceux qui recherchent le bonheur à tout prix peuvent se trouver insatisfaits et sans but, tandis que ceux qui se concentrent sur leur vocation peuvent trouver le bonheur insaisissable. Cette dichotomie trouve un écho profond chez les pasteurs qui sacrifient souvent leur propre santé mentale au nom de leur ministère.

Des études récentes révèlent que 23,08 % des adultes aux États-Unis souffrent chaque année d’une maladie mentale (soit environ 60 millions d’Américains). De même, l’Organisation Mondiale de la Santé a indiqué qu’en 2019, une personne sur huit dans le monde était aux prises avec des problèmes de santé mentale. Les pasteurs, tout en guidant les autres à travers les crises spirituelles, se retrouvent souvent dans une lutte mentale et émotionnelle qui reste cachée. L’étude menée par le Barna Group en 2021 a révélé que 50 % des pasteurs déclaraient se sentir isolés et que 38 % d’entre eux avaient envisagé de quitter le ministère pour cause d’épuisement professionnel.

Dans de nombreuses cultures ecclésiales, on attend des pasteurs qu’ils soient invulnérables, qu’ils incarnent la force et le leadership sans reconnaître leurs propres faiblesses. Ce modèle tacite peut favoriser un cycle de déni, empêchant les pasteurs de se confronter à leurs limites humaines. En tant que leaders de leurs congrégations, les pasteurs sont souvent considérés comme des piliers de force. Cependant, la pression exercée pour maintenir cette image peut conduire à l’épuisement, tant physique qu’émotionnel.

Le poids de l’isolement et des attentes

Le leadership pastoral implique souvent de sacrifier sa santé et son bien-être personnels pour le bien du troupeau. Les attentes de l’Église peuvent empêcher les pasteurs d’accepter leur propre humanité. En fait, les recherches de Barna indiquent que même s’ils sont entourés de gens, les pasteurs se sentent souvent seuls. Cet isolement peut, avec le temps, miner leur bien-être émotionnel. Sans relations profondes et solidaires avec leurs pairs, ils ont du mal à trouver l’encouragement et l’attention dont ils ont besoin.

Beaucoup de pasteurs passent tellement de temps à servir les autres qu’ils négligent leur propre santé mentale, leurs besoins émotionnels et leurs relations personnelles. Une étude de Barna a révélé que 23 % des pasteurs n’ont pas d’amis proches et 29 % déclarent n’avoir personne à qui se confier au sujet de leurs difficultés personnelles. Ce manque de liens sociaux peut entraîner un sentiment de solitude et d’isolement.

Humaniser le rôle du pasteur

Un changement important doit s’opérer dans la façon dont l’Église perçoit ses pasteurs. Les congrégations doivent considérer les pasteurs comme des êtres humains qui font face aux mêmes luttes, aux mêmes doutes et aux mêmes défis en matière de santé mentale que tout le monde. Cette vision favoriserait une culture d’ouverture et d’empathie, où il serait acceptable d’admettre que tout le monde, même les leaders spirituels, a besoin d’aide.

Lorsque les pasteurs partagent leurs difficultés, qu’il s’agisse de crises familiales, de problèmes de santé mentale ou de gestion du stress lié à leur rôle, ils transmettent un message puissant : il est normal de ne pas aller bien. Comprendre cela pourrait contribuer à briser la stigmatisation de la santé mentale dans les églises et à créer un environnement propice à la guérison pour tous.

Cela permettrait également d’établir des liens plus profonds avec les dirigeants, en rappelant à tous que la foi n’est pas une question de perfection, mais d’accompagnement mutuel à travers les hauts et les bas de la vie. En partageant leur humanité, les pasteurs montrent comment traverser les difficultés de la vie avec grâce et authenticité.

Recommandations pour donner la priorité à la santé mentale des pasteurs

Compte tenu des défis auxquels ils sont confrontés, il est essentiel que les pasteurs accordent la priorité à leur bien-être mental, émotionnel et social. Voici quelques stratégies pratiques pour aider les pasteurs à prendre soin d’eux-mêmes tout en continuant à diriger efficacement leurs communautés.

1. Établir des relations avec d’autres pasteurs

Développez un réseau de soutien. Établir des relations avec d’autres pasteurs, par le biais de groupes de soutien entre pairs, de mentorat ou de contacts réguliers, peut permettre de partager les stress et les joies du ministère. Des conversations régulières et ouvertes avec des collègues peuvent apporter un soutien mutuel et favoriser un sentiment de camaraderie.

2. Prévoir régulièrement du temps pour sa famille

Le ministère laisse peu de place aux relations personnelles. Cependant, les pasteurs devraient régulièrement donner la priorité au temps passé avec leur famille. Cela leur servirait de point d’ancrage et les aiderait à maintenir un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Les recherches de Barna indiquent que les pasteurs qui ont des relations saines avec leurs familles ont tendance à être en meilleure santé mentale.

3. Investir dans la formation et le développement

Les pasteurs devraient investir dans leur propre formation et leur développement continu, notamment en matière de leadership, de résilience émotionnelle et de sensibilisation à la santé mentale. Cela peut les aider à gérer leur stress, à établir des limites saines et à apprendre des stratégies pour maintenir leur bien-être à long terme.

4. Prendre des congés sabbatiques et des vacances

Prendre régulièrement des vacances et des congés sabbatiques permet aux pasteurs de s’éloigner des exigences du ministère et de se concentrer sur leur bien-être, leur renouveau spirituel et leur réflexion. Les congés sabbatiques, en particulier, offrent une période de repos plus longue, donnant aux pasteurs l’occasion de réfléchir à leur vocation, de se ressourcer spirituellement et de reprendre leur ministère avec un sens renouvelé de leur mission. Les données de Barna soulignent que les pasteurs qui prennent des congés sont moins susceptibles de souffrir d’épuisement professionnel et de dépression.

5. Pratiquer des disciplines spirituelles telles que la prière et la méditation

La prière, la méditation et la pleine conscience sont essentielles pour maintenir une bonne santé émotionnelle et mentale. Ces pratiques permettent aux pasteurs de se recentrer, de se connecter à Dieu et de gérer leurs émotions. Les conclusions de Barna montrent que les pasteurs qui pratiquent des disciplines spirituelles sont mieux armés pour gérer le stress et maintenir leur stabilité émotionnelle.

6. Rechercher un soutien professionnel en matière de santé mentale

Enfin, les pasteurs ne doivent pas hésiter à demander une aide professionnelle en matière de santé mentale lorsque cela est nécessaire. La thérapie, le conseil et le coaching sont des ressources inestimables pour gérer les troubles mentaux tels que l’anxiété, la dépression et l’épuisement professionnel. Les recherches de Barna indiquent qu’un pourcentage important de pasteurs sont confrontés à des problèmes de santé mentale, et le recours à une aide professionnelle est une étape cruciale pour surmonter ces difficultés. La normalisation de la thérapie et du conseil au sein de la communauté pastorale est essentielle pour briser la stigmatisation associée aux soins de santé mentale.

Conclusion

Le ministère pastoral est une vocation qui s’accompagne d’immenses responsabilités, mais il est tout aussi important pour les pasteurs de donner la priorité à leur propre santé mentale, émotionnelle et spirituelle. En investissant dans leur bien-être, en construisant des réseaux de soutien solides, en prenant le temps de se reposer et en sollicitant une aide professionnelle si nécessaire, les pasteurs peuvent conserver l’énergie nécessaire pour servir efficacement leurs congrégations. L’Église doit reconnaître l’humanité de ses pasteurs et les soutenir dans leur propre cheminement vers la guérison afin qu’ils puissent continuer à guider les autres sur leur chemin.

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Références

Barna Group. 2021. The State of Pastors: 2021 Edition. Ventura, CA: Barna Group. https://www.barna.com/research/state-of-pastors-2021

Baumeister, Roy F., Kathleen D. Vohs, Jennifer L. Aaker, and Emily N. Garbinsky. 2013. “Some Key Differences Between a Happy Life and a

Meaningful Life.” The Journal of Positive Psychology 8 (6): 505–516. doi: 10.1080/17439760.2013.830764.

Terence. (n.d.). “I am human and there is nothing human that is alien to me.”

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