2011 | Communiqué N°06

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Soutiens AFCAE actions promotion (suite) Habemus papam de Nanni Moretti Italie / France – 2010 – 1H42 – avec Michel Piccoli, Nanni Moretti Le Pacte – 7 septembre Festival de Cannes 2011 – Compétition Edition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAE

Fiche film et téléchargements sur le site du distributeur ici Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Un cardinal est élu mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise…

Dix ans après avoir remporté la palme d'or avec sa bouleversante Chambre du fils et cinq ans après avoir réglé son compte à Berlusconi dans Le Caïman, Nanni Moretti, le singulier, revient à Cannes avec Habemus Papam, un film dont le projet peut se résumer ainsi : s'amuser avec le Vatican et un pape de fiction. [...] Nanni Moretti s'intéresse en tout premier lieu à la crise de foi de son personnage principal : le cardinal Melville (Michel Piccoli, au sommet de lui-même), nommé pape par ses pairs en soutane et qui, face aux responsabilités à venir, sombre illico en dépression, « subit » les assauts d'un psychanalyste mal-en-point (Nanni Moretti himself) et prend la poudre d'escampette dans les rues de Rome (...) Comment être à la hauteur de soi-même ? Comment résister à la pression quand on est élu chef ? Comment cohabiter avec une dépression sournoise, jusqu'alors tant mal que bien domestiquée ? Avec son humour singulier, son sens de l'absurde unique, le cinéaste montre à quel point, c'est le cas de la dire, l'habit ne fait pas forcément le moine. Et la situation vécue par le néo-pape en crise, incapable d'épouser son destin, a valeur de métaphore… L'écart (euphémisme) entre la fonction et l'homme afflige en effet tous les personnages du film : Les responsables de la com » catholique, un rien désolés par la situation et qui ne savent plus quels stratagèmes inventer pour calmer l'attente de la foule pieuse. Le psychanalyste, l'homme qui en savait trop, enfermé de ce fait au Vatican et qui passe le temps en organisant des parties de Volley-ball avec les cardinaux venus de partout. Ces derniers, en proie à un doute sévère et qui remplissent leurs longues journées en s'adonnant à des activités de plus en plus régressives et enfantines. (…) Habemus Papam, doux et mélancolique, n'a rien du pamphlet, mais tout de la méditation cocasse et secrètement profonde sur les troubles de l'identité et les difficultés à ressembler à soi-même. « Dans mes films, raconte Moretti, je me suis moqué de la gauche, de ma génération, du rapport entre parents et enfants, de mon milieu social, de l'école, du monde du cinéma et même de mon cancer dans Journal intime. ». Aujourd'hui, le cinéaste italien se moque des rituels vaticanesques, de la psychanalyse, de la comédie du pouvoir et de tous ceux qui croient aux insignes. Le résultat, infiniment subtil, rappelle, s'il en était besoin, qu'il n'est pas utile de se prendre au sérieux pour raconter des choses très sérieuses. Ni d'adopter un ton solennel et grave pour être profond. […] Olivier De Bruyn – Rue 89 – critique ici Autres critiques : Didier Péron – Libération ici | Romain Le Vern - www.excessif.com ici | Simon Riaux - www.ecranlarge.com ici | Nicolas Gilli - www.filmosphere.com ici

De bon matin de Jean-Marc Moutout – France – 2011 – 1H31 avec Jean-Pierre Darroussin, Valérie Dréville, Laurent Delbecque, Yannick Renier, Xavier Beauvois Les Films du Losange – 5 octobre

Fiche film sur le site du distributeur ici Edition d'un document d'accompagnement 4 pages AFCAE

Lundi matin, Paul Wertret, cinquante ans, se rend à la Banque Internationale de Commerce et de Financement, où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures. Il s’introduit dans une salle de réunion, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’ont conduit à commettre son acte. Entretien avec le réalisateur, extrait du dossier de presse

Quel est le point de départ de De bon matin ? Un fait divers, que j’ai entendu à la radio en 2004, au moment de la sortie de Violence des échanges en milieu tempéré. Comme je ne voulais pas replonger dans le milieu du travail et que l’idée de La Fabrique des sentiments était déjà en route, je n’ai pas poussé très loin les recherches. Tout ce que j’ai su alors, c’est qu’un type de cinquante ans, sans histoire, qui travaillait dans une banque en Suisse avait tué, un lundi matin à huit heures, deux supérieurs plus jeunes que lui et s’était ensuite enfermé dans son bureau pour se flinguer. Ce fait divers ne me sortait pas de la tête. Au moment où je me suis vraiment décidé à le traiter, j’ai cherché des informations sans succès. L’homme a laissé une lettre n’expliquant soi-disant rien et que personne n’a divulguée. Rien n’a été écrit sur l’affaire. Quant à la famille, je n’ai pas voulu la rencontrer. J’ai donc gardé l’argument du fait divers mais à partir de là, j’ai tout imaginé. En quoi ce fait divers vous intéressait-il ? Parce que c’est l’histoire d’un cadre qui, à cinquante ans, est soudain nié par ce qu’il a construit. Le métier où il a fait ses preuves, la source de son épanouissement se retourne contre lui et il se désintègre. Et la violence de la dénégation de ce qu’il a été, il va l’exprimer en voulant faire respecter la justice. Ce fait divers s’est passé avant la crise financière de 2008, avant la « contagion » de suicides chez Orange pour reprendre l’affreux mot de son PDG... Je travaillais sur le scénario quand ces deux événements ont secoué la société. Du coup, je me sentais moi-même pris en otage par l’actualité. Mais je ne pouvais pas non plus nier la concordance de tout cela : la dérive financière incarnant la perte de sens qui s’étendait un peu partout dans le monde du travail. [...] Ce qui m’intéressait, c’était à la fois le temps suspendu entre les meurtres et le suicide, et raconter l’histoire d’un homme qui fait le bilan de sa vie à partir de fragments qui lui reviennent. Une scène en amène une autre, différents passés s’emboîtent selon une logique émotionnelle et dramatique. Qui est Paul, professionnellement et intimement ? Qu’est-ce qui l’amène à ce drame ? Il y avait l’obligation de rendre compréhensible son parcours mais je me sentais une certaine liberté à l’intérieur des scènes, parce qu’en commençant par le meurtre, elles ne construisaient pas un fil dramatique, elles étaient assez indépendantes. Au montage, on est passé par des structures très différentes tant le champ était large pour raconter cette histoire. […] Courts métrages de J-M. Moutout disponibles à l'Agence du court métrage : No Time (1990, 16 mm, 5’) | Tout doit disparaître (1996, 35 mm, 14’) | Électrons statiques (1998, 35 mm, 25’)


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