N°05 | 2018

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans cinq régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre Val de Loire, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°05 Jeudi 16 août 2018 p. 1 > Soutien ACOR p. 2 > Soutien GNCR / AFCAE + soutien GNCR p. 3 > Soutiens ACID p. 4 , 5 et 6 > Soutiens AFCAE Actions-promotion p. 7 > Soutiens AFCAE Jeune Public + soutien AFCAE Patrimoine / Répertoire

Directeur de publication : Yannick Reix et Antoine Glémain, co-présidents de l'ACOR | rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info | Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre Val de Loire, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine et Bretagne

••• SOUTIEN ACOR ••• SOFIA de Meryem Benm’Barek

France / Qatar • 2018 • 1H19 • avec Maha Alemi, Lubna Azabal, Faouzi Bensaïdi Memento • 5 septembre 2018 | Un Certain regard Cannes 2018 : Prix du scénario

Site distributeur ici | Interview vidéo de la réalisatrice sur Cineuropa ici Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…

« Ce premier film d’une jeune réalisatrice pose un regard très sombre sur la société marocaine contemporaine. L’Islam est laissé pour une fois à l’arrièreplan et le film ne se réduit pas non plus à une dénonciation de la condition féminine au Maroc. Il montre plutôt comment dans ce pays chacun, du haut en bas de l’échelle sociale, contribue à entretenir un consensus, c’est-à-dire un système d’hypocrisie et de corruption généralisées. La séquence finale de mariage est à cet égard implacable. On peut trouver le propos désespérant, je l’ai trouvé en tout cas cinématographiquement plutôt convaincant.» Antoine Glémain (Vox de Mayenne, adhérent et co-président de l'ACOR)

Dans le cadre de son soutien, l'ACOR > a commandé un texte sur le film à Adrien Denouette, critique à Critikat et Trois couleurs (extrait ci-dessous). Celui-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. > a réalisé un site sur le film ici Sofia s’ouvre sur un repas de famille filmé à travers une large porte. L’atmosphère est détendue, on comprend qu’un partenariat commercial entre les patriarches du groupe s’apprête à être conclu et la parole circule joyeusement parmi les convives. À la faveur d’un léger travelling avant, le tableau se dévoile alors entièrement : il s’agit d’une scène de repas ordinaire dans le Casablanca d’aujourd’hui, avec une famille que l’on devine aisée et une autre plus modeste. Puis, l’image accouche à la marge d’un personnage discret, confiné tout au bord de la communauté : il s’agit de la Sofia du titre, jeune fille sans distinction d’une vingtaine d’années à qui son père semble soudain donner vie en lui demandant de servir le thé. Comparée à sa cousine du même âge qui s’habille à l’européenne, suit des études de médecine et prend part à la conversation dans un français impeccable, on la devine introvertie et peu éduquée. Sa place à elle ne se trouve pas au centre de l’attention mais à proximité du couloir et des fourneaux, qui sont les coulisses du foyer. De fait, c’est dans le hors champ des festivités qu’elle s’apprête à jouer son drame tristement banal : à savoir, un déni de grossesse dont les premiers symptômes apparaissent dans la cuisine, risquant malgré elle de repositionner Sofia au coeur du tableau, et surtout d’en bouleverser l’harmonie. Dans cette entrée en matière d’une remarquable économie formelle se lisent déjà les ambition d’un premier film plein d’acuité : en somme, capturer l’instantané d’un système grégaire et vulnérable. Ceinte entre les deux murs de la porte, cette première image pose avant tout un cadre : celui de la société toute entière par le biais de la famille, qui en est pour ainsi dire le modèle réduit. [...] À l’arrivée, moins frontal que Much Loved dans sa critique de l’immobilisme marocain, Sofia gratte en fait plus profondément et plus audacieusement le vernis des apparences - n’hésitant pas à faire des chefs de famille les figurants d’une pièce sociale dont ils ne comprennent plus la partition, et des femmes les aides-soignantes d’un système qui les accable. Subtile, prudent et trop conscient des complexités locales pour sonner le clairon de la révolte, le premier film de Meryem Benm’barek n’en pointe pas moins l’impasse dans laquelle s’engouffre toute société dont l’harmonie continuerait de s’appuyer sur le sacrifices des Sofia. Adrien Denouette • texte intégral ici Premier long métrage de Meryem Benm’Barek, jeune réalisatrice d'origine marocaine, Sofia avait sur le papier toutes les apparences du portrait de femme digne, genre bien-aimé du cinéma mais qui est parfois figé dans ses bonnes intentions. La bonne nouvelle de ce premier film est précisément de ne pas être figé mais bel et bien vivant, dans son ton comme dans sa construction. Sofia débute comme un thriller social avec cette jeune héroïne qui fait un déni de grossesse, et qui se retrouve dans l'illégalité en devenant mère hors mariage. Un article du code pénal s'invite rapidement dans le film et ses personnages tombent sous le coup de la loi. Sofia peut-elle se réveiller de ce cauchemar ? Sofia évoque la place de la femme, elle dont le corps semble soumis au bon vouloir des hommes, du compagnon au médecin. Mais peu à peu, le long métrage élargit le cadre à la société entière. Comment peut fonctionner une société sur de telles règles absurdes ? Comment les bonnes mœurs s'arrangent avec un système hypocrite ? Sofia prend l'ampleur d'une fable où tout le monde est perdant et le film, de la condition féminine à la condition d'une société entière, se fait plus ambigu qu'au départ. Une ambiguïté nourrie par la concision du film qui dit tout ce qu'il a à dire en un minimum de temps, ne s'éparpille pas, est à la fois mordant et bienveillant - voici des débuts solides et prometteurs. Nicolas Bardot • filmdeculte


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