Discours de Claude Bartolone Président de l’Assemblée nationale Congrès des Entreprises publiques locales Marseille Jeudi 13 octobre 2016
Monsieur le Président, Chère Jacques Chiron Mesdames et Messieurs les parlementaires, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les organisateurs, Mesdames et Messieurs, Je veux d'abord vous remercier tout particulièrement pour l'accueil chaleureux qui m'est réservé aujourd’hui. Et, à vrai dire, cela ne m’étonne guère. En venant à votre Congrès, je savais que j'allais trouver des acteurs économiques motivés qui se battent et se dévouent pour les services aux publics et les territoires. En venant à votre Congrès, je savais que j’allais retrouver des élus volontaires mais préoccupés par le devenir de leurs collectivités, interrogatifs également sur l’avenir des politiques publiques territoriales. En venant à votre Congrès, je me doutais que je rencontrerais des femmes et des hommes qui allaient m'exprimer leurs attentes, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs problèmes, mais aussi leurs solutions. Tout cela, j’ai pu le mesurer en parcourant les allées et les stands pendant quelques minutes avant de me présenter devant vous. 1 sur 6
Nous savons ce qu’apportent vos entreprises aux collectivités locales, aux territoires et à leurs habitants. C’est d’ailleurs la raison qui m’a conduit à accepter votre invitation à ce congrès, et ce n’est pas seulement parce que votre Fédération fête cette année ses 60 ans d’existence.
Public… Privé… Et si c’était cela le nouveau défi français ? Et si c’était cette alliance ? Et si c’était cette capacité à réconcilier ces prétendus contraires, à les transcender ? Il n’est pas d’opposition plus trompeuse que celle entre le Public et le Privé. Rien n’est plus factice que d’opposer ces deux idées. Ce sont deux composantes indissociables. De surcroit, dans le nouveau monde dans lequel nous sommes entrés, ce défi de conciliation est plus crucial que jamais. Car, qu’on le veuille ou non, nous sommes entrés dans un nouveau monde. Pour le pire et pour le meilleur. Les points de repère d’hier s’estompent, les certitudes s’effritent. La peur du lendemain a accéléré le repli sur soi et renforcé les populismes. Le choc démographique est devant nous. L’endogamie menace nos sociétés. De nouvelles concurrences apparaissent. La financiarisation de l’économie bouleverse les équilibres. La culture traditionnelle est soumise aux soubresauts des nouvelles technologies. « L’uberisation » fait trembler nos schémas économiques. Le terrorisme nous défie et nous oblige à reconstruire notre vivre ensemble. Ces bouleversements ébranlent les institutions, et nous conduisent quelquefois à douter.
2 sur 6
Pourtant, ce nouveau monde donne aussi des raisons d’espérer. Avec la prise de conscience environnementale, les progrès scientifiques, les innovations, un monde extraordinaire s’offre à nous ! Et c’est dans ce nouveau monde que la France devra trouver sa place. Dans ce contexte, parce qu’elles interviennent dans des domaines d'activité au cœur du quotidien des territoires, parce qu’elles innovent pour répondre aux aspirations renouvelées des citoyens, les EPL -Sem, Semop, SPL- sont des entreprises qui sont à l’image de cette France qui allie avec succès service public et initiative privée. Public… Privé… Pour notre modèle économique et social évidemment. Ce n’est pas « Bonheur privé, action publique », ni même le contraire d’ailleurs, l’anthropologie à la Albert Hirschman ne s’applique pas ici. Je ne suis pas non plus un adepte de la bien-pensance libérale, le public aurait forcément tort face à l’initiative privée. Je suis réaliste, je sais que la modernisation de notre pays est possible. Je sais que l’investissement privé est une solution. Mais, il n’est pas le seul critère. Cette modernisation passera par la collaboration de tous, des salariés, des acteurs économiques, mais aussi des élus, des collectivités, du public autour d’un objectif commun : l’innovation au service du collectif. Dans cette construction, aucun territoire n’est mis de côté, vos entreprises montrent l’exemple. Les entreprises publiques locales, j’en suis convaincu, sont l’une des clés pour répondre aux grands défis du 21ème siècle et faire du nouveau monde une chance pour nos territoires, notre pays et chacun de nos compatriotes. 3 sur 6
Je sais que ce modèle a fait ses preuves, du point de vue des services délivrés ; en terme social aussi, en permettant le mieux vivre de millions de femmes et d’hommes ; en terme économique enfin, en permettant à des fleurons français d’éclore et de s’affirmer. Vous l’avez indiqué Monsieur le Président : 1250 entreprises, 50 000 salariés, 13 milliards de chiffre d’affaires ! Je suis fier de ce partage qui construit cette mixité de notre tissu économique. Bien sûr, il faut être toujours plus compétitif mais c’est justement l’atout de vos entreprises. En innovant sur les partenariats. En allant de l’avant pour inventer de nouveaux services. En investissant pour répondre aux besoins émergents. En pariant sur le développement durable et la croissance verte. En encourageant les nouvelles générations. En misant sur notre dynamisme démographique. En faisant tout cela, vous participez de ce nouveau monde qui se construit sous nos yeux. Car, dans ce nouveau contexte, les Epl, nous le voyons, se diversifient, anticipent leur développement sur de nouveaux projets, et répondent au mieux aux attentes des élus et des territoires dans un environnement changeant et contraint. Soyez-en félicités. Public… Privé… Et si c’était la spécificité du modèle français ? Il est de bon ton de se plaindre de la dépense publique en France. De trouver que son niveau n’est plus tenable. Que sur la ligne de départ de la grande compétition mondiale, nous partons avec un tel niveau de dépense que nous avons un handicap impossible à surmonter. Mais est-ce réellement le cas ? Je n’y crois pas, notre modèle est celui de l’équilibre. En ce sens, les EPL permettent aux élus locaux d’inscrire les missions et services publics locaux
4 sur 6
dans la modernité, en mutualisant les énergies, en multipliant les synergies des différents échelons publics locaux et de l’ensemble des acteurs des territoires. Ces coopérations interviennent, certes dans un contexte économique de raréfaction des ressources, qui tend à renforcer les interdépendances entre les acteurs locaux. Mais, elles permettent aux collectivités territoriales de trouver des marges de manœuvres nouvelles, tant techniques que financières, pour assumer leurs missions d’intérêt général. Car vos entreprises s’inscrivent dans une perspective de long terme, et leurs obligations de prudence face aux risques leur ont épargné de nombreuses secousses endurées par la plupart des entreprises traditionnelles, davantage tournées vers des objectifs à court terme. Pour conclure, Monsieur le Président, Cher Jacques Chiron, je constate que l’action publique locale repose aujourd’hui sur des collaborations où vos entreprises -Sem, Semop, Spl- ont une place majeure. La richesse et le dynamisme de nos territoires leur doivent beaucoup. Dans ce contexte, je comprends votre souci de vous adapter aux nouveaux découpages territoriaux, qu’ils soient régionaux ou intercommunaux, et votre inquiétude quant aux difficultés financières des collectivités. C’est pourquoi je tiens à vous assurer que la représentation nationale est très à l’écoute de vos besoins. Vous l’avez indiqué, le Parlement a toujours été très attentif à cette question du dynamisme local et il le demeurera. J’ai plaisir d’ailleurs à rappeler devant vous que le premier essor des Sem remonte au début des années 80 et surtout à la loi du 7 juillet 1983 qui avait été adoptée à l’unanimité par le Parlement. C’est aussi le Parlement qui a adopté la loi qui définit les Spl en 2010, puis les SemOp en 2014. C’est également la loi Alur votée à l’Assemblée nationale qui
5 sur 6
donne la possibilité aux Sem d’être des bailleurs sociaux. Quand il a fallu répondre présent pour vous aider, les députés étaient là. Car comme vous, nous faisons confiance à l’intelligence territoriale, comme vous, nous faisons confiance aux élus locaux et aux acteurs économiques. Le développement de notre pays doit beaucoup à cette rencontre. Je vous remercie.
6 sur 6