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Vivre sa retraite en chantant Par NOAH WEILAND (Traduit) | le 25 février 2018 | https://nyti.ms/2F1qn57

Membres d’Encore Tony Tambasco, ténor ; Liz Diamond, soprano ; Howard Smith, bariton ; et Tom Hoppin, basse, chantent à Falls Church, Virginie, avec la fondatrice et directrice de l’ensemble, Jeanne Kelly, autrefois une chanteuse professionnelle, en jouant au piano. Photo: Jared Soares pour le The New York Times

WASHINGTON – Après une vie au travail, la nouvelle vie des retraités soulève une question inévitable : Que puis-je encore faire avec mes amis, mes voisins ou des associations ? Dans la capitale des Etats-Unis, plus de 1 000 retraités ont trouvé une réponse convaincante : le chant. Le programme de chorales de l’organisation à but non-lucratif Encore Creativity for Older Adults est le plus grand du pays. Spécialement réservé aux personnes âgées de 55 ans et plus, il est composé de plus 1 100 chanteurs répartis dans 21 chorales dans l’aire urbaine de


Washington et de plus de 700 chanteurs dans cinq autres États (deux nouveaux programmes ouvriront leurs portes à New York en mars 2018). Ce qui a débuté en 2007 avec seulement trois chœurs s’est transformé en plusieurs centaines de voix qui résonnent dans la ville, faisant retentir les airs de Broadway et du grand répertoire américain de la chanson. Cette année, les groupes de la région de Washington D.C. se sont réunis pour une représentation exceptionnelle sur la scène du Kennedy Center au lendemain de Noël. La fondatrice et directrice artistique, Jeanne Kelly, est une ancienne chanteuse classique. Elle a mené une étude de trois ans à l’université George Washington au cours de laquelle elle a observé 150 chanteurs de plus de 55 ans. Elle a découvert que les personnes impliquées dans des chorales dirigées par des professionnels prenaient moins de médicaments, étaient moins sujets à la dépression et se rendaient moins chez le médecin. « On a tellement donné, raconte Debbie DeLone, une retraitée qui chante au sein de la chorale basée au cœur de la capitale. Maintenant, on peut chanter pour les autres et être écoutés. C’est un sentiment extraordinaire. » Voici le portrait de quatre autres retraités qui se sont tournés vers le chant pour donner un nouveau sens à leur vie. Howard Smith, 69 ans Howard Smith est l’un des plus ancien membres d’Encore Chorale. Après avoir travaillé en tant qu’agent du Service extérieur, il a pris sa retraite et a emménagé à Goodwin House, un établissement de soins continus situé en Virginie. Alors qu’il travaillait dans les hautes sphères de la diplomatie au Congo, en Arabie Saoudite, en Corée du Sud ou encore au Mexique, il a toujours eu envie de faire entendre sa voix. Il se rappelle encore regarder sa mère chanter sur scène alors qu’il n’était qu’un enfant et vouloir découvrir les sensations que l’on peut ressentir en procurant de la joie grâce à la musique. Lorsqu’il prend sa retraite, il craint que s’embarquer dans une carrière musicale ne soit qu’une cause perdue, mais Encore Chorale a ravivé la flamme. « La musique, c’est la vie, dit-il. Je sais que si je continue de participer aux répétitions des concerts de cette saison, je serai comblé. C’est ce que j’ai toujours voulu faire. Je n’ai jamais eu de réelle opportunité professionnelle, mais je l’ai trouvée grâce à cela. » Bien qu’il ne soit plus apte à conduire, il continue de mener sa barque chez lui, loin des répétitions : il anime des bingos, lève des fonds pour offrir des cadeaux aux personnels et a fondé un groupe de lecture de pièces de théâtre. « Chanter est le meilleur des remèdes, dit-il. Ça donne envie de vivre un peu plus longtemps. »


Tom Hoppin, 79 ans Tom Hoppin est un marin, membre de la chorale de la région d’Annapolis. Il a quitté Washington pour une petite maison à Shady Side, dans le Maryland après avoir pris sa retraite. Il travaillait autrefois dans le secteur bancaire et dans une entreprise de recherches qui étudiait le vieillissement. Il a notamment travaillé sur l’impact du chant sur la santé mentale et physique. Sa maison sur l’eau est petite, il utilise donc sa voiture et son système audio pour répéter grâce à des enregistrement des arrangements de la chorale. « C’est un peu comme aller à la salle de sport car on apprend à mieux respirer, à mieux se tenir, à utiliser nos muscles, dit-il. On apprend à chanter sur différentes tonalités, à faire de nouvelles notes. » M. Hoppin chante avec d’anciens membres de l’Académie navale et de la NASA et a recueilli plusieurs témoignages qui racontent comment le chant peut aider à surmonter la perte : « Nous nous entraidons, raconte-t-il. Nous sommes dépendants les uns des autres, d’une certaine manière. » Il ajoute : « Il y a toujours un certain côté spirituel. Nous vivons en dehors de notre corps grâce à la création artistique. » Liz Diamond, 71 ans « J’ai toujours eu un petit côté plaisantin et m’as-tu-vu, » raconte Liz Diamond, une ancienne employée d’une association d’aide aux malades d’Alzheimer qui a quitté le RoyaumeUni pour Washington en 1979. Elle fait partie de la chorale de Glen Echo, dans le Maryland. Le chant l’a convaincue de l’importance de la vie en communauté pour les retraités et de l’influence des arts sur la vie. Elle a aussi mis le doigt sur ce qui, pour elle, était le plus important dans la vie aux Etats-Unis. « Être impliqué dans sa vie de retraité, c’est essentiel, » dit-elle. Grâce à la chorale, elle a de nouveaux amis. Au sein de la capitale, chacun suit une carrière assez spécifique, ce qui offre beaucoup de sujets de discussion. « Si l’on demande à une personne au hasard dans la chorale, on tombera toujours sur quelqu’un qui a écrit un livre ou accompli quelque chose d’important, » raconte-t-elle. Chez elle, elle répète dans sa chambre. « Quand je vais dans ma chambre et que je commence à chanter, le chat se sauve en courant, il déteste ça, » avoue-t-elle.


Tony Tambasco, 78 ans Le bureau de Tony Tambasco est rempli de textes spirituels qu’il a utilisés lors de sa carrière de professeur à l’université de Georgetown où il a enseigné pendant 35 ans. Lorsqu’il a intégré Encore Chorale, son refuge académique est devenu un refuge musical. Il a même installé un système hi-fi pour répéter. Compter les notes des musiques l’a aidé à faire travailler son esprit et lui a ouvert de nouvelles portes. « On chante une pièce qui dit ‘viva la musica’, raconte-t-il. C’est une pièce très mélodique. Parfois, je la chante la gorge nouée. C’est difficile pour moi car j’ai toujours l’impression que je vais fondre en larmes en plein milieu. » La musique « a un effet sur le cœur et l’esprit », dit-il. Et d’ajouter : « Ça vous rend heureux. »


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