Le Cirad en 2010

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Comment sélectionner très tôt les tilapias mâles ? L’élevage des tilapias n’est rentable que s’il porte uniquement sur des populations mâles. Mais les méthodes d’inversion hormonale utilisées pour produire de telles populations présentent de nombreux inconvénients. Le Cirad explore depuis plusieurs années une approche génétique. Il vient de découvrir le moyen de sélectionner très tôt des géniteurs à descendances mâles grâce à un gène présent dans la tête des alevins.

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hez le tilapia, le contrôle du sexe est une préoccupation majeure pour les producteurs. Les mâles grossissent plus vite que les femelles, et ces dernières font des petits tous les mois dès l’âge de 4 mois. L’utilisation de populations monosexes mâles permet donc d’optimiser la croissance des animaux en élevage et la transformation de l’aliment. Cependant, ces populations sont principalement produites par des techniques d’inversion hormonale, qui soulèvent bien des questions pour l’environnement et le consommateur. Afin de trouver une alternative à ces pratiques, une équipe du Cirad propose deux approches, l’une environnementale, qui repose sur l’effet masculinisant des fortes températures, l’autre génétique, qui passe par l’utilisation de géniteurs à descendances monosexes mâles, les mâles YY.

Produire des populations monosexes Pour sélectionner les mâles YY, à descendances monosexes mâles, il faut faire appel à des approches indirectes comme le testage sur descendances, car il n’existe pas de chromosomes sexuels différenciés chez la plupart des poissons. En analysant le sex-ratio d’une descendance, on peut identifier le génotype sexuel (XX, XY, YY) de ses parents. Seul problème : pour sexer les descendants, et donc identifier les parents intéressants, il faut attendre Le Cirad en 2010 . 22

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Les tilapias mâles grossissent plus vite que les femelles. © J.F. Baroiller/Ci

4 à 5 mois. Tous les laboratoires travaillant sur le tilapia recherchaient donc dans les gonades des marqueurs moléculaires qui permettraient un sexage précoce, efficace et simple.

Un gène dimorphique lié au sexe dans la tête des alevins L’équipe du Cirad a eu l’idée de regarder dans la tête des alevins. Elle y a trouvé un gène considéré jusque-là comme typiquement gonadique chez tous les vertébrés, qui présentait un énorme dimorphisme d’expression lié au sexe, beaucoup plus précoce dans le système nerveux central que dans les gonades. En utilisant des mélanges de populations monosexes mâles et

monosexes femelles, elle a constitué des lots de différents sex-ratios connus (100 % de femelles, 75 %, 50 %, 25 % et 0 %) et a réalisé, en aveugle, un sexage moléculaire sur chacun des lots d’alevins âgés de 14 jours. Le reste de chaque lot était conservé et sexé à 4 mois par la technique classique. Les sex-ratios identifiés à 14 jours correspondent à 100 % à ceux trouvés à 4 mois. C’est une nouvelle étape franchie pour un contrôle du sexe chez le tilapia par des approches respectueuses du consommateur et de l’environnement. n Contact > Helena d’Cotta-Carreras, Jean-Francois Baroiller, Montpellier, unité mixte Intensification raisonnée et écologique pour une pisciculture durable (Intrépid)

Poonlaphdecha S. et al., 2011. Elevated am;h gene expression in brains of male tilapias (Oreochromis niloticus) during testis differentiation. Sexual Development, 5 : 33-47.


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