Gazette Cinema le Méliès n°79 - Février 2013

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6 février > 5 mars

N°079

février 2013

Wadjda Film saoudien de Haifaa Al Mansour (2013 - 1h37min - VOST)

6 février > 5 mars

avec Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani...

Wadjda (prononcer ouadjda) est la bouffée d’air qu’il nous fallait en ce début d’année, et s’il a fait chavirer le cœur des spectateurs du festival de Venise qui l’ont acclamé à tout rompre, c’est que la jeune fille au minois impertinent qui illumine le film est l’incarnation-même d’une vitalité fracassante propre à pulvériser le conservatisme d’une société où les femmes n’ont pas vraiment leur mot à dire. Et pourtant, en une heure trente, Wadjda est un film qui vous change la perception d’un pays. Non pas qu’il mette à bas les images et les idées que l’on peut avoir sur ce pays à l’islam rigoriste, au contraire. Mais il y met de la chair, des visages et des sentiments, et montre la vie, les émotions, les espoirs, les rêves, les frustrations, les petites luttes qui se déroulent derrière

le voile (sans jeu de mot). De la même manière que les films iraniens comme Une Séparation ont changé notre perception non pas de la nature du régime iranien mais de la société iranienne. C’est donc l’histoire de Wadjda, une gamine de douze ans qui habite dans la banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Dé-

terminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée… Première véritable fiction saoudienne et, surtout, premier long-métrage réalisé par une femme saoudienne, Wadjda est un film rare ! Haifaa al-Mansour n’a pas voulu faire un film larmoyant sur des femmes « victimes », elle a voulu montrer au contraire une « battante », une « gagnante ». Et Wadjda, cette formidable fillette si attachante, en est une, une vraie, pleine de vie et d’espoir, à laquelle on pensera désormais, plutôt qu’aux conservateurs et octogénaires souverains saoudiens, dès qu’on voudra imaginer l’Arabie Saoudite.

Horaires des films en pages centrales


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