31 juillet > 3 septembre
N°085
août 2013
Jeune & Jolie Film français de François Ozon (2013 - 1h34min) Interdit aux moins de 12 ans avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot, Charlotte Rampling...
Dans la filmographie de François Ozon, il y a les machines de guerre, parfaitement assemblées et huilées, souvent irrésistibles : Huit femmes, Potiche, Dans la maison... Et il y a les films plus secrets, plus aventureux, où le cinéaste ne dévoile son sujet que progressivement, comme s’il le cherchait lui-même en chemin : Sous le sable, Le Temps qui reste, Le Refuge... Jeune & Jolie appartient à cette deuxième veine. C’est, a priori, un portrait de lycéenne des beaux quartiers, en quatre saisons. Identification d’une fille ? Or, justement, entre un dépucelage catastrophique sur une plage une nuit d’été, et des débuts très lucratifs dans la prostitution (sans aucun besoin d’argent de
poche), l’automne suivant, à Paris, la jeune fille est de moins en moins identifiable, alien aux yeux de sa famille, de ses amants-clients, et à ses propres yeux... Où va son désir ? Quel est son plaisir, si toutefois il y en a ? Ozon passe sans crier gare de la comédie au grand malaise. Il sait depuis longtemps mêler les registres, mais il gagne encore en fluidité, en maîtrise du récit et des ellipses. Et ses acteurs (la jeune et jolie Marine Vacth, mais aussi Géraldine Pailhas et Frédéric Pierrot) sont comme toujours excellents. Plus rares chez lui : l’émotion diffuse, le spleen délicat qui imprègnent ce portrait de débutante. A rebours du film provoc’ (pas de scène
à partir du 21 août choc pour faire parler les festivaliers cannois), très loin du film-dossier (du genre Moi, 17 ans Bourgeoise et Prostituée), Jeune & Jolie s’affirme peu à peu comme une exploration de la solitude adolescente, affective et sexuelle. Une étude pleine d’empathie sur l’envie et l’impossibilité d’aimer – physiquement ou sentimentalement, selon les saisons. Et comme une botte secrète, un arme fatale, ce sont quatre (très belles) chansons de Françoise Hardy qui ponctuent cette histoire, et en révèlent soudain l’ampleur mélancolique. (merci Télérama !)
mardi 13 aoûT à 21h00 Avant-Première Nationale du Film
Horaires des films en pages centrales