Atlas de la Région transfrontalière centrée sur Lille

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ATLAS DE LA RÉGION TRANSFRONTALIÈRE CENTRÉE SUR LILLE Une réalisation collective des étudiants de BA2 en Sciences Géographiques 2016-2017


Avertissement: Cet Atlas a été réalisé par les étudiants de deuxième année en bachelier Sciences Géographiques, dans le cadre du cours «Analyses et représentations spatiales», encadrés par Éléonore Wolff (titulaire), Mathieu Buelens (assistant) et Christian Dessouroux (chargé d’exercices). Les planches intégrées à cet atlas sont celles dont le contenu a été jugé suffisamment fiable pour être diffusé. Des erreurs peuvent toutefois subsister.

La zone étudiée est formée par l’espace d'influence de l'euro-métropole Lilloise (Lille - Courtai - Tournai). Celui-ci est à cheval sur les départements français du Nord et du Pas-de-Calais et les régions flamande et wallonne. La zone s'étend sur un rayon d'un soixantaine de km autour de Lille et comprend les villes de d'Arras, Lens, Saint-Omer, Valenciennes, Audenarde, Mouscron, Roulers et Ypres. Du point de vue des régions paysagères, elle comprend essentiellement deux zones : le bas-pays de la Flandre et du Hainaut (français et belges) drainé par la Lys et l'Escaut; et le haut-pays d'Artois au sud.


Table des matières REVENU par Yoann Lebrun INÉGALITÉS DE REVENU par Pamela Ciselet EMPLOI INDUSTRIEL par Wayan Brindel NIVEAU D’ÉDUCATION par Mathilde Retout CHÔMAGE FÉMININ par François Deplus VOTE D’EXTRÊME DROITE par Grégory Foucart TAILLE DES MÉNAGES par Xavier Moreau FAMILLES MONOPARENTALES par Charlotte Casier POPULATION ÉTRANGÈRE par Oriane Daugieras MORTALITÉ par Zuzanna Cichon ARTIFICIALISATION DES SOLS par Rémi Guitart NAVETTE – MODE DE DÉPLACEMENT par Thibault Massaux


Introduction

Analyse de la répartition spatiale

Le revenu est un indicateur socio-économique fort. Nous pouvons donc nous demander ce que l’étude de sa répartition spatiale nous révèle ou, plus précisement, comment s’articulent territoire et revenu et ainsi répondre à la question de recherche générale qui a guidé ce travail. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, donnons un cadre à la notion de revenu. Celui-ci peut être défini comme étant un « flux périodique de ressources pouvant faire l'objet d'une consommation sans que l'on s'appauvrisse pour autant »1 et comprend les revenus du travail (en ce compris chômage et allocations diverses) et du captial. Le revenu n’est pas à confondre avec (1) le salaire qui est la contrepartie en monnaie d’un travail fourni et ne constitue ainsi qu’une source de revenu parmi d’autres (2) le patrimoine qui est une mesure du poids économique d’un acteur, en ce compris son capital qui n’est pas un revenu (3) la participation au système économique et social puisque beaucoup de travaux participant à la santé socio-économique d’un territoire ne bénéficient d’aucun revenu (Ex : travail domestique). L’indice de richesse utilisé pour cette planche est un ratio faisant intervenir les revenus locaux entre eux (détails sur la carte) et est donc directement assimilable à une mesure du niveau de revenu. Cet indicateur ne permet aucune comparaison transnationale.

La lecture de la carte permet de dégager certaines tendances donnant naissance à des systèmes spatiaux spécifiques. Un premier regard nous permet de distinguer rapidement le sillon minier, le contraste Flandre/Wallonie ainsi que plusieurs villes connaissant des niveaux de revenu plus bas en leur centre que dans leur périphérie (ex : Lille). Nous allons donc, pas à pas, tenter de comprendre la mise en place de ces éléments par le prisme du revenu, mais aussi en se référant à d’autres thématiques abordées dans cet atlas, un territoire étant toujours la résultante de multiples logiques.

1 Source : Dictionnaire économique de « Alternatives Économiques »

fort que beaucoup de revenus ne sont même pas pris en compte par l’administration fiscale, faute d’être sous le seuil imposable (Dhau-Decuypère Y., et al, 2012). Ces mêmes administrations étant les sources des données cartographiées, nous pouvons en conclure que les indices de richesse du bassin minier, déjà fort bas, n’en restent pas moins sur-estimés. Cependant, le taux de croissance du Nord-Pas-de-Calais a progressivement atteint des valeurs proches de la moyenne de la France de province, soit 1.2% pour 1.3% en 20152. Comment expliquer que la reprise économique coexiste avec des indices de richesse localement toujours si bas ? Outre le fait que la relance se soit basée sur un changement sectoriel, posant ainsi la question de la reconversion des travailleurs, il semble que la direction économique prise n’ait pas servi l’intérêt général des anciens ouvriers du secteur industriel. D’après un article de la Mission Bassin Minier, l’économie géographique, outil de gestion territorial très en vogue dans les années 90 et qui a servi de cadre à la reconversion industrielle dans le Nord-Pas-de-Calais, n’a “jamais aidé à comprendre ce qu’est et ce qui fait la croissance locale […] Une grande part des revenus entrant dans un territoire dépend des dépenses publiques [...] et moins d’un quart [...] sont la contrepartie des biens et services vendus à l’extérieur” (Davezies L., et al, 2006). Les auteurs concluent en énonçant les causes du faible impact de la relance sur le niveau de revenu du bassin minier : déficit d’emploi public, sous encadrement administratif, etc. Le développement de “Lille Métropole” semblerait donc souffrir d’une nouvelle structure productive plus adaptée aux besoins d’acteurs économiques capitalistes qu’aux travailleurs locaux : l’industriel ”Bruno Bonduelle [...] préside ainsi le Comité Grand Lille, lieu de rencontre d'entrepreneurs et d'hommes politiques qui souhaitent donner chair à une métropole transfrontalière” (Garsmeur J-F, 1996). Le niveau de revenu est ainsi au coeur d’un enjeu social majeur, l’importance des votes d’extrème droite dans le bassin (carte de Grégory Foucart) ne fait ainsi que refléter ce conflit social paradoxalement fidèle à la dichotomie marxiste classique : la classe laborieuse face aux propriétaires des moyens de production.

Une relation variable

centre-périphérie

à

Le schéma des villes “historiques” Nous désignerons ainsi les villes anciennes qui connaissent un développement urbain de longue date. Dans notre cas, il s’agit de Lille, Cambrai, Arras, Tournai et Courtrai. Celles-ci connaissent des indices de richesse plus faible dans le centre urbain qu’en périphérie de celui-ci, ceci étant également accentué par la présence systématique d’un taux important de foyers non imposables dans le noyau urbain (Dhau-Decuypère, et al, 2012). Ces agglomérations sont, encore aujourd’hui, partiellement habitées par des foyers relativement aisés et connaissent par conséquent une logique de périurbanisation active (installation de foyers aisés en périphérie) laissant les espaces centraux aux foyers à revenus moyens et modestes (Arts A-T, 2015).

Centre de Tournai, rue des Chapeliers, 50.605894, 3.389342 Source : Google Street View

géométrie La photo ci dessus a été prise dans le centre de Tournai. Les

Le bassin minier Elément structurant capital, ce sillon est au coeur des logiques de transformations territoriales depuis le 19 es (carte de Wayan Belin). Le déclin industriel à partir des années 60 marquera ainsi durablement notre territoire : “En 2012, les habitants du NordPas-de-Calais ont le niveau de vie médian le plus faible en France métropolitaine” (LECOMPTE M., 2015). Par ailleurs, comme le montre le tableau “Part des ménages imposés” cicontre, le bassin minier connait un taux de foyers non imposés dépassant les 60% (voir la série de communes allant de Haillicourt à Courchelettes, centrée sur Lens). Or, une proportion élevée de foyers non imposés couplée à des niveaux de revenus faibles constitue un indice de précarité d’autant plus

Nous observons deux types de relations centre-périphérie qui sont mises en évidence par le tableau “Part des ménages nonimposés” ci-dessus. Celui-ci est conçu comme une “coupe” NO/S-E par les indices de richesse autour des communes de Lille et de Lens. Nous pouvons clairement y observer la centralité de Lille qui connait des niveaux de revenu plus faibles que les communes de sa périphérie (série allant de Frelinghien à Sainghin-en-Mélantois, centrée sur Lille). Le bassin minier ne connait, quant à lui, pas cette structure de répartition et les niveaux de revenu se distribuent alors sans centralité, de façon homogène dans cette zone. Courchelettes étant une commune située en bordure sud du sillon, celle-ci connait, fidèlement à cette logique, des indices de richesses plus élevés que les autres de la série lensoise.

Source : Institut national de la statistique et des études économiques - "Revenus et pauvreté des ménages en 2012" Auteur : Lebrun Yoann, mai 2017

2 Institut national de la statistique et des études économiques, “Les produits intérieurs bruts régionaux de 1990 à 2013”, Benoit Hurpeau, 2016

apparences peuvent être trompeuses puisqu’un premier regard évoque plutôt un quartier aisé, voir très aisé. Cependant, malgré la richesse architecturale et le bon entretien des lieux publics manifeste, ces lieux centraux n’en sont pas moins fuits par les classes aisées en terme de lieu de résidence. Le paradoxe de cette structure centre-périphérie peut se résumer ainsi : beaucoup de représentants des classes aisées fréquentent le centre pour y effectuer des achats ou prendre du bon temps mais préfèrent retourner en périphérie pour y résider et ainsi se maintenir loin des nombreux inconvénients de la concentration urbaine : bruit, parking peu commode, surveillance relativement difficile des espaces publics, pollution, etc. Il n’est donc pas étonnant de retrouver cette logique périurbaine dans les villes au riche passé marchand qui ont maintenu une position attractive malgré le déclin économique de la région (Paris D., 2002), puisque seules des villes capables d’attirer les élites sont également capables de produire ces espaces centraux tout en stimulant l’installation dans les espaces périphériques des résidents au niveau de revenu prospère. Un petit tour dans la périphérie de Lille (photo satellite ci dessous) met ce mécanisme en évidence. Toute la périphérie lilloise est loin d’être intégralement luxuriante, arborée et


même… dotée de piscine. Il serait néanmoins impossible de rencontrer ce type de quartier aux marges des villes du bassin minier (qui feront l’objet du point suivant). Depuis les années 2000, la gentrification (réinvestissement des centres villes par des foyers aisés), soutenue par de nombreuses politiques urbaines, modifie fondamentalement cette relation. Le niveau de revenu augmente ainsi année après année dans les centres villes, évinçant du même coup les foyers à bas revenu. Ce modèle centre-périphérie est un élément interprétatif majeur dans la compréhension de la répartition spatiale des revenus dans les espaces urbains européens aujourd’hui (Charlot S., et al, 2009).

Périphérie de Lille, chemin de la Bergerie, 50.669528, 3.160563 Source : Google Maps

Le shéma des villes “nouvelles” Nous désignerons ainsi les villes ayant eu une croissance urbaine récente sans pour autant avoir connu une tradition centralisatrice ancienne en matière d’économie, fonction caractéristique des villes évoquées au point précédent. Il s’agit, dans notre cas, des villes du bassin minier (Douai, Lens et Liévin) qui ont développé une toute autre relation avec leur périphérie. Etant situées au coeur de ce sillon déshérité, aucune logique de périurbanisation n’est active, les centres comme les périphéries étant habitées par des foyers à bas revenu.

Le cas particulier d’une ville bourgeoise en contexte minier Valenciennes constitue une exception aux deux relations précitées puisque cette ville du bassin minier connait une structure centre-périphérie partiellement inversée, son centre se situant sur un petit axe O-E au niveau de revenu plus élevé que les communes périphériques qui connaissent des revenus similaires au reste du bassin. Cette particularité est due au dynamisme urbain de Valenciennes qui remonte au 16e siècle, comme en témoigne le livre de Yves Junot “Les bourgeois de Valenciennes. Anatomie d’une élite dans la ville (1500-1630)”

Centre de Valenciennes, rue du Quesnoy, 50.355097, 3.528118 Source : Google Street View

(Capri O., 2009). De nombreux indicateurs attestent de la continuité de cette tradition urbaine à Valenciennes et de sa capacité à maintenir son attrait envers les élites locales : de nombreux batiments anciens attestent de la présence d’une bourgeoisie locale, une université y est installée depuis 1962, un terrain de golf toujours actif s’implante dès 1910, etc. La photo ci-dessus montre effectivement un contraste notoire avec ce que l’on peut retrouver dans d’autres villes du bassin minier : l’habitat est marqué par de nombreux signes de prestige comme les dimensions du bati, les ornementations architecturales diverses et les matériaux nobles. Par contre, comme en témoigne la photo ci-dessous (pourtant prise à proximité de l’entrée du golf), la périphérie de Valenciennes reste fidèle au reste du bassin. Le centre jouirait ainsi d’un attrait atypique pour une ancienne bourgeoisie locale qui perdure, la périphérie ayant un effet centripède qui pousse les élites à se maintenir au coeur de la ville.

Centre de Lens, rue Séraphin Cordier, 50.429892, 2.836732 Source : Google Street View

Comme peut en témoigner la photo ci dessus prise à Lens, le centre ne montre aucun signe de prestige particulier qui témoignerait d’un riche passé ou de la présence de foyers aisés. Les périphéries sont, quant à elles, plus synonyme de stagnation agro-urbaine que de havre de verdure capable de mobiliser les capitaux des classes aisées, localement inexistantes. La vue satellitaire ci dessous, fidèle à ce que sont les périphéries des villes du bassin, permet de mettre cette relation centrepériphérie en évidence : l’habitat relativement ancien et modeste reste dominé par la mitoyenneté.

Périphérie de Douai, rue Gallieni, 50.349714, 3.085133 Source : Google Maps

traduit dans des niveaux de revenus plus élevés ainsi que dans un faible taux de chômage. D’après un numéro d’Etudes marxistes, “la Flandre souscrit intégralement à l’actuelle politique européenne de compétition interne entre les régions elles mêmes et avec d’autres blocs dans le monde” (De Vos P., 2015). Celle-ci est donc sur la voie de la super-performance économique néolibérale. L’indice d’inégalité de revenu élevé que connait la partie flamande de la zone étudiée (carte de Pamela Ciselet) constitue, par ailleurs, une autre manifestation de cette politique, connue pour engendrer une répartition inégale des ressources. Nous distinguons cependant 3 zones d’augmentations successives du revenu dans un axe O-E partant des indices de richesse les plus bas de Flandre le long de la frontière française pour atteindre la classe des valeurs maximales visibles sur cette carte à l’est de Courtrai. La présence de (très) faibles revenus n’a pas su être expliquée ici.

Source : La Libre Belgique, "Comment la Flandre surclasse les deux autres Régions", 25 septembre 2013

La partie wallonne, quant à elle, reflète une logique bien différente. Les indicateurs économiques ainsi que les revenus affichent des niveaux plus bas, ceci constituant la trace du passé. L’économie wallonne, et particulièrement du Hainaut, s’est constituée sur des bases similaires à celles du sillon minier français, le déclin industriel ayant eu des conséquences comparables. Il est d’ailleurs à remarquer que le sillon minier se prolonge de part et d’autre de la frontière transnationale. Le Tournaisis, moins unilatéralement touché par cette structure économique, connait des niveaux de revenu sensiblement plus élevés. Il est toutefois intéressant de remarquer que l’économie wallonne “affiche la plus forte augmentation du revenu par habitant au cours des dix dernières années”3, contrairement à la Flandre dont l’industrie a récemment connu plusieurs coups durs (De Vos P., 2015).

Métropolisation : le revenu dans l’oeil du cyclone La carte schématique ci dessous nous permet de conclure en tentant d’en saisir les implications sur le revenu. Cette représentation typiquement métropolitaine de l’espace traduit en réalité la mise en concurrence de différents territoires. Nous pouvons par exemple observer que, au regard des superficies réelles, la partie wallonne est sous estimée par rapport à la partie flammande et que le sillon minier ne se prolonge pas en Belgique. Ceci traduit une stratégie métropolitaine transfrontalière selon les intérets de Lille, et plus généralement de la France, ce qui est encore attesté par le “croissant grisé” se dégageant vers l’ouest et marquant ainsi un axe privilégié de développement. Cette carte est donc loin d’être neutre et traduit clairement le parti pris de ses auteurs : capter les ressources vers la France, lieu de réalisation de ce document. Il est fort à parier que les autorités wallonnes et flamandes ont, elles aussi, leur représentation “concurrencielle” du même espace, mais structuré en fonction de leurs intérêts propres qui ne convergent pas forcément avec ceux de leurs voisins immédiats. Dans la même logique, nous pouvons observer plusieurs “sous systèmes” identifiés comme étant utiles au développement métropolitain comme la Côte d’Opale (transport maritime et loisir) ou le bassin minier (réserve de main d’oeuvre). Il s’agit là aussi de la traduction d’une stratégie de captation des ressources mais, cette fois-ci, de la périphérie de la métropole vers son centre. Il en résulte un affrontement de différentes logiques à différentes échelles qui produiront à l’avenir de nouvelles structures de répartition du revenu dans la région, chaque acteur (commune, agglomération urbaine, Etat national, etc) développant ses propres schémas opérationnels au service de “ses” entités reconnues et hiérarchisées (Hamel P., 2010).

L’axe frontalier France – Flandre Périphérie de Valenciennes, rue du Chemin Vert, 50.355153, 3.538600 Source : Google Street View

Deux modèles belges La partie belge cartographiée est à cheval sur deux régions : la Flandre et la Wallonie. La Flandre occidentale se caractérise par une distribution spatiale propre : un indice de richesse relativement élevé et une répartition des niveaux de revenu particulièrement homogène. Le Hainaut occidental et le Tournaisis sont, quant à eux, caractérisés par une plus grande hétérogénéité dans la répartition des revenus et comprennent des indices de richesse plus faibles. Ceci est à interpréter comme étant le résultat de logiques régionales contrastées. Depuis l’après-guerre, la Flandre connait une croissance économique soutenue produisant une forte plus value qui se

Un niveau relativement élevé dans les revenus français s’observe le long de la frontière nationale au niveau du cadran N-O (traînée rouge clair au N-O de Lille), en face du Tournaisis (traînée rouge au S-E de Lille) et à l’est de Valenciennes (communes frontalières rouges foncées). Ceci s’explique par le fait que les travailleurs français travaillant en Belgique et habitant à moins de 20km de la frontière bénéficient d’un statut fiscal avantageux, encore amplifié par le fait que “à qualification égale [...] les salariés français recrutés en Belgique perçoivent un salaire souvent très supérieur à ce qu’ils percevraient du côté français” (Renard J-P, 2012). Cette structure ne s’observe pas au niveau du bassin minier et n’est pas interprétable pour la périphérie lilloise, l’influence de la métropole prenant le pas sur cet effet frontière. 3 SPF Economie, Classes moyennes et Energie, “Les revenus évoluent différemment selon les régions”, communiqué de presse du 7 décembre 2011

Source : Mappemonde n°66, "Lille, de la métropole à la région urbaine", Didier Paris, 2002


Inégalités de revenu Afin d’étudier la question des inégalités sociales en région lilloise, nous avons choisi d’analyser la répartition spatiale des inégalités de revenu des ménages. Cet angle d’approche, appliqué aux échelles des communes belges et des cantons français, va nous permettre d’une part de saisir des disparités sociales au niveau local et d’autre part, de dégager les tendances spatiales de ces disparités au niveau de l’ensemble de la zone.

Un indice d’inégalités de revenu Un des indicateurs possibles des inégalités de revenus est l’écart interquartile, aussi appelé différence interquartile, c’est-à-dire la différence entre le 3ème et le 1 er quartile de la distribution des données du revenu (les déciles de la distribution, plus précis, ne sont pas disponibles à l’échelle des communes belges). Ce calcul mettant de côté les 25 % de revenus les plus élevés et les plus faibles, il ne rend pas compte des écarts de revenus les plus importants et fait apparaître moins d’inégalités qu’il n’en existe en réalité. Les différences transfrontalières au niveau du revenu des ménages et de son calcul rendent nécessaire le passage à un indice. L’écart interquartile des revenus par commune ou canton est donc rapporté à l’écart interquartile moyen pour les communes ou cantons situés dans la zone d’étude, ce qui permet d’effacer la fracture entre France et Belgique et offre donc une bien meilleure visualisation des inégalités de revenu dans la zone. Carte 1 :

Répartition spatiale des inégalités de revenu

Une concentration des inégalités en milieu urbain

La carte n°1 nous montre la répartition de l’indice d’inégalités de revenu, dont les valeurs sont comprises entre 0,7 et 1,8. Deux teintes entourent la valeur 1, qui correspond à l’écart de revenu moyen pour les zones de chaque côté de la frontière. Les valeurs les plus élevées prises par l’indice se situent dans et autour des villes de Lille, Arras et Valenciennes ainsi qu’à l’est de Courtrai (autour de la commune de Wortegem-Petegem), ainsi que quelques entités plus isolées telles que Douais, Béthune (au nord-ouest de Lens) et Saint-Omer (extrême ouest de la zone d’étude). L’ensemble lillois forme un pôle autour de Lille, avec un gradient dissymétrique tirant d’avantage vers le sud-ouest en direction de Valenciennes. On observe également des gradients, moins importants, autour d’Arras et Valenciennes. En ce qui concerne les valeurs plus faibles prises par l’indice, les communes belges le long de la frontière nationale forment une étendue axiale sur presque toute la longueur du tronçon étudié. On observe également des amas irréguliers de cantons à indice faible autour des villes de Lens et de Béthune, ainsi qu’entre les auréoles de Cambrai et Valenciennes. Quelques entités dispersées dans l’ouest de la zone française présentent également des valeurs faibles, tout comme la commune de Renaix située à l’est de la zone d’étude, juste à la frontière régionale côté flamand.

Côté français, ce sont les villes qui semblent concentrer la plupart des valeurs élevées. Ce constat est également valable à l’échelle nationale, où l’inégalité de revenu est « plus marquée encore que la pauvreté dans les grandes villes où les plus riches voisinent avec de très pauvres. » (Le Bras, 2017). Ceci s’explique notamment par le fait que «les villes centres de plus de 100 000 habitants concentrent les populations les moins bien dotées » (Dumolard, 2014, p.3). Les pôles urbains sont donc les espaces « où les écarts entre bas et hauts revenus sont les plus importants » (Aerts & Chirazi, 2010, p.2). Ce sont en effet les grandes villes qui concentrent les emplois de cadre (Floch & Lainé, 2013, p.1), alors que « la pauvreté [y] est dans l’ensemble plus forte » (Blanc, 2015, para.1) qu’ailleurs.

Une influence des extrêmes sur les écarts absolus En-dehors des villes, il est intéressant de comparer le statut des inégalités de revenus dans les communes avec le revenu moyen qu’on y trouve. Ainsi la commune de Wortegem-Petegem, où les inégalités de revenus sont fortes, est une commune où le revenu moyen est très élevé. La commune de Renaix quant à elle, où les inégalités de revenu sont faibles, affiche un revenu moyen également faible. Il en va de même pour l’ensemble de communes longeant la frontière nationale (Commission de l'Atlas, s.d.). Du côté français, la même analogie se note, notemment avec le faible niveau de revenu observé autour de Lens (Huart et al., 2015). L’influence des revenus très faibles et très élevés sur les écarts de revenu est corroborrée par les observations de l’INFigure 1:

SEE, qui note qu’en « […] Nord - Pas-de-Calais, les disparités sont amplifiées par rapport aux autres régions par le poids important des revenus les plus faibles » (Auzet, Février & Lapinte, 2007, p.2). Le nuage de points formé par la distribution des écarts de revenu en fonction du revenu médian des cantons et communes de notre zone (figure 1) montre qu’une telle corrélation positive est envisageable. Une telle relation pourrait être testée en analysant les coefficients d’un modèle de régression, sur des données à l’échelle nationale par exemple.

Zoom-out : frontière Hainaut – Flandre et contraste de revenu On retrouve la même logique quant on cherche à expliquer les indices élevés à l’est de Courtrai. En effet, ces communes ont des niveaux de revenus supérieurs à ceux observé au sud de la frontière régionale (Grimmeau et al., 2012), ce qui peut expliquer la présence d’inégalités plus fortes dans cette partie de la zone.

Zoom-out : le Nord français comme une des régions les plus inégalitaires de France Il est intéressant d’inscrire les inégalités de revenu de notre zone dans leurs contextes nationaux respectifs. Nous allons voir ici que la zone française étudiée présente des taux d’inégalité globalement très élevés lorsqu’on la replace à l’échelle nationale, le Nord et la Picardie s’y situant « en tête de l’inégalité » (Le Bras, 2014, p.7). Les valeurs prises par le rapport inter-dé-


cile du niveau de vie dans les différents départements en attestent assez clairement (carte 2).

Cartes 3 et 4 : sur-représentation des cadres/ouvriers dans la zone lilloise (Dasre, 2012, p.257).

Carte 2: rapport inter-décile des niveaux de vie (Auzet et al., 2007, p.2).

dessous une illustration des contrastes qui peuvent exister entre quartiers. Les informations que laissent présumer ces photos sur la taille des logements et la possession d’un jardin ainsi que sur la gamme des voitures présentes, sont révélatrices d’une importante distance sociale, marquée à une distance spatiale relativement réduite. Les inégalités de revenu peuvent donc être analysées à différents niveaux, du plus local au national, voire à l’international.

Pamela Ciselet

Si l’on considère la concentration des inégalités en milieu urbain côté français, « deux structures de l’inégalité se superposent donc, l’une métropolitaine et l’autre régionale » (Le Bras, 2014, p.7). Cette double structure s’illustre parfaitement dans les valeurs de l’indice prises par le pôle Lillois (carte 1).

Traduction spatiale des écarts : ségrégation économique dans l’aire urbaine lilloise La ségrégation résidentielle peut être définie comme la « structure qui catégorise l’espace résidentiel sur la base du statut socio-économique », en formant des « regroupements résidentiels relativement homogènes (polarités) » (Charron et Shearmur, 2005, p.334). A l’échelle lilloise, pôle urbain au niveau d’inégalité élevé, la répartition des différents niveaux de revenu dans l’espace est loin d’être homogène (cartes 3 et 4). Il s’agit en effet d’une des villes «où les phénomènes de regroupement socio-spatial se manifestent avec le plus d’intensité. La division sociale de l’espace y est donc particulièrement marquée » (Dasre, 2012, p.221). On y observe ainsi une « « tendance à l’évitement social et culturel » puisque cadres supérieurs et moyens cohabitent souvent et cohabitent moins avec ouvriers et employés », un constat qui serait « sans doute plus marqué à échelle plus fine (quartiers urbains, types de périurbain) » (Dumolard, 2014, p.12). Ce phénomène est ici illustré avec la proportion des cadres et ouvriers dans la zone lilloise. Lille a pour particularité son caractère polycentrique, qui vient structurer cette hétérogénéité. On peut en effet distinguer « deux zones antagonistes entre d’un côté la ville centre lilloise marquée par ses cadres et, la zone frontalière englobant

Tourcoing et Roubaix qui est pour sa part marquée par le peuplement d’ouvriers et de chômeurs » (Dasre, 2013). Cette configuration peut être attribuée à plusieurs facteurs dont, premièrement, le fait que l’aire urbaine de Lille recouvre « les anciennes aires urbaines de Roubaix et de Tourcoing » (Dasre, 2012, pp. 215-216) qu’elle a assimilées par expansion. Deuxièmement, ces zones vont suivre un développement très différencié au cours du 20ème siècle du fait de leurs spécialisations économiques, et Lille « représente aujourd’hui le principal pôle d’activité de la région » tandis que Lens, Roubaix, Douai ou Béthune ressemblent « plus à une couronne périurbaine de Lille qu’à une aire urbaine proprement dit »(Dasre, 2012, p.217). Ensuite, « la périurbanisation, parcequ’elle résulte de choix résidentiels de ménages hétérogènes, est porteuse d’un tri spatial des populations en fonction de leurs caractéristiques » (Charlot, Hilal et Schmitt, 2009, p.29). Ces choix résidentiels sont largement produits par la « hiérarchisation des prix fonciers et immobiliers » (Préteceille, 2004, p.112).

Sur le terrain : traduction des inégalités de revenu dans la structuration de l’habitat Nous avons approché, dans une démarche plus locale et qualitative, l’agglomération française de Marcq-en-Baroeul, située entre Lille et Tourcoing et présentant un indice d’inégalités de revenu de 1,24. L’objectif de cette « visite » est d’observer comment les inégalités de revenu au sein d’une commune se traduisent dans le milieu, notemment en terme d’habitat. Voici ci-


L’EMPLOI INDUSTRIEL Aujourd’hui encore, lorsqu’on aborde l’histoire de l’eurométropole lilloise à travers le prisme du travail, c’est aux charbonnages et à l’industrie sidérurgique (textile dans une moindre mesure) auxquels on a tendance à faire référence en premier. Pourtant d’autres dynamiques ont traversé la région depuis. L’allure de cette carte est l’aboutissement d’une reconversion que l’on pourrait résumer en deux temps. Une modernisation du secteur industriel dans un premier temps et une bifurcation vers le secteur tertiaire dans un deuxième temps. Avant tout, voyons comment cela se manifeste sur la carte. À première vue nous avons des valeurs extrêmes réparties inégalement sur toute la zone pour les deux indicateurs. Concernant le nombre absolu d’emplois dans le secteur industriel, une diagonale apparait sur la carte. Partant de Courtrai et des alentours, elle rejoint Mouscron, Tourcoing et Roubaix puis passe par Lille et sa périphérie et dans une moindre mesure, termine sur Douai et Lens. Sur cette diagonale, on observe un nombre très important d’emplois absolus dans le secteur industriel en 1981/1982 et une diminution drastique du nombre d’emplois absolus pendant la période étudiée. A côté de cela, on remarque quelques pôles secondaires comme Saint-Omer à l’Ouest ou Valenciennes au Sud-Est. Un gradient auréolaire apparaît aussi sur la carte, avec des valeurs extrêmes pour les pôles industriels et progressivement des valeurs plus relatives sur les zones périphériques moins concernées par le phénomène étudié. C’est par exemple clair entre Douai et Valenciennes.

D’autre part, il n’y a pas de réelle fracture nationale. Le côté belge de la zone étudiée à l’air de s’en sortir sensiblement mieux que le côté français sur l’étendue de la période étudiée. En effet, dans les communes autour de Ypres, au Nord-Ouest de la zone étudiée, la part de l’emploi industriel sur l’emploi total a augmenté. Cependant, on relativise ce résultat quand on prend en compte le nombre d’emplois absolus. Un mot aussi à propos des communes de Zwevegem et de Anzegem à l’Est de Courtrai. Ce sont des exceptions sur le territoire belge, elles atteignent une perte considérable d’emplois industriels sur l’emploi total qui atteint les -32,5% (qui s’explique notamment par la fermeture d’une grande centrale électrique). De surcroit, cela concerne un nombre assez important d’emplois. Ceci mise à part, le reste des communes en Belgique ne dépasse pas les évolutions négatives de plus de -20%. Ensuite, notons la grande concentration d’emplois industriels dans le canton-ville de Lille, due entre autres à son caractère de grande ville et de capitale régionale. Lille forme un ensemble homogène avec sa périphérie lointaine (Tourcoing, Roubaix, Mouscron). Cette périphérie entoure Lille comme un collier et suit la frontière nationale. On y retrouve la même évolution de la part d’emploi industriel sur l’emploi total et avec une tendance généralisée à la perte importante d’emplois industriels absolus dans la région. Enfin, aucun canton-ville en France ne dépasse les 5% d’évolution positive concernant la part d’emploi industriel sur l’emploi total. Cependant, tous les cantons-villes et communes de la zone étudiée dont l’évolution de l’emploi industriel sur l’emploi total dépasse les 5% concerne en réalité un nombre d’emploi industriel absolu restreint.

Une région à forte identité Il est vrai que jusqu’aux années 1960, la région jouissait d’une activité industrielle prospère grâce à ses spécialisations dans le secteur secondaire. Néanmoins la région a dû faire face à une crise industrielle importante qui impactera profondément les industries de charbon (les mines et toutes les filières qui en découlent), de sidérurgie et de textile. Les charbonnages fermeront en premiers. Quant aux industries sidérurgiques et textiles, cela prendra un peu plus de temps (Atlas Nord-Pas-deCalais, 1995). Malgré le déclin de ses piliers, la région va garder son caractère industriel à travers une reconversion économique et une modernisation des activités industrielles.

Modernisation de l’industrie Malgré le choc de la crise, ainsi que les nouvelles politiques énergétiques (le pétrole remplace le charbon) et les délocalisations vers l’international, l’activité industrielle de la région reste importante. Cependant, les progrès technologiques (qui permettent entre autres la robotisation du travail) réduiront considérablement le nombre d’employés nécessaire pour un grand nombre d’industrie. En comparaison, les charbonnages et l’industrie sidérurgique sollicitaient beaucoup de mains d’œuvre. Aussi, ce ne sont pas les mêmes profils qui sont recherchés et très peu d’anciens mineurs par exemple se reconvertirons. Enfin, la mutation des activités économiques est une affaire de décennie. C’est un processus très long. L’impact de la reconversion a souvent lieu sur la génération suivante (Villeval, 1992). Cette situation n’est pas propre à la zone étudiée, elle est européenne. L’activité des mines de charbon comme les industries sidérurgique et textile ont été confronté au phénomène de délocalisation en Allemagne, au Royaume-Unis, et dans le Limbourg néerlandais. (Annuaire statistiques des régions de la commission Européenne, 2003) Notons aussi que la région de l’euro-métropole lilloise est idéalement située ; au cœur du Marché commun. Pour bénéficier pleinement de cette situation stratégique, les infrastructures de transports (rails et routes) ont été renforcé. Ceci a permis d’attirer des multinationales comme Bombardier et les firmes de transport GEC-Alsthom établis dans la région de Valenciennes ou le manufacturier de pneumatiques américain Firestone à Béthune. Cependant, c’est l’industrie automobile qui marquera la nouvelle identité de la région avec l’implantation de Renault, Peugeot, Toyota (Warlouzet sur INA.fr « la reconversion des mines »).

L’emploi féminin Avec l’essor du secteur tertiaire parmi les activités économiques de la région, on remarque aussi une reconnaissance et un passage au salariat de certains emplois. Ce sont des facteurs qui ouvrent les portes aux femmes sur le marché (reconnu) de l’emploi. Les postes que les femmes occupaient déjà auparavant seront reconnus et à défaut d’avoir une place dans le secteur de l’industrie lourde, elles en auront une dans le secteur tertiaire (Atlas Nord-Pas-de-Calais INSEE, 1995).

Le cas particulier de Douai Un zoom-in sur le canton-ville de Douai permet d’illustrer cette reconversion de la région en deux temps. La fosse n°5 des mines de l’Escarpelle ferme définitivement en 1960 (fin de l’industrie extractive), l’Usine Renault ouvre ses portes en périphérie de Douai en 1975 (reconversion et modernisation de l’industrie) et le géant Amazon installe en 2013 une de ses plus grandes « plateforme logistique » (entrepôt) à Lauwin Planque (secteur du service). Ce dernier n’est pas le seul à avoir installer son entrepôt dans la région.

Reconversion dans le secteur tertiaire

Figure 1 : Etude de l’évolution de l’emploi industriel sur une période charnière de trente années, entre la fermeture des industries lourdes et la tendance générale à la tertiairisation de l’activité économique

A la modernisation de l’appareil industriel, s’ajoute (sans le remplacer) une nouvelle dynamique : celle du développement du secteur tertiaire dans la région. Comme développé ci-dessus, la modernisation industrielle offre moins d’emplois qu’auparavant dans le secteur secondaire. Le secteur tertiaire quant à lui permet à la région de rattraper son retard dans les services avec des gains d’emploi importants. En 1995, 60% des emplois proviennent du secteur tertiaire ce qui est une proportion proche de la moyenne nationale. Au sein du secteur, les services de l’administration ont une place importante ainsi que le service marchand et le développement de vente par correspondance. (Atlas Nord-Pas-de-Calais INSEE 1995).

Figure 2 :Photographies aériennes de la ville de Douai et sa périphérie actuelle et en 1965 via le site web Géoportail (IGN)


Figure 4 : Carte de la part de l'emploi de l'économie industrielle en Europe. Réalisé dans le cadre de l’Annuaire régional 2013 développé par Eurostat Figure 3 : Zoom sur la fosse n°5 des mines de l’Escarpelle en 1965 et son emplacement actuelle En outre, d’autres dynamiques et mutations plus générales influencent aussi l’évolution de l’emploi industriel.

L’interdépendance des territoires Il est important de situer la question de l’évolution de l’emploi industriel dans un cadre large prenant bien en compte les liaisons et échanges entre divers territoires et ce à différentes échelles. Les choix qui se feront concernant les reconversions dans l’euro-métropole lilloise et l’aménagement du territoire qui s’en suit dépendent et impactent d’autres espaces. « Il convient de se défaire d’une appréhension excessivement localiste du traitement de la conversion industrielle. L’espace européen unifié et la plus grande fluidité territoriale des facteurs de production invitent à se situer dans cette perspective » (Villeval, 2012).

A l’échelle européenne Comme énoncé ci-dessus, la spécialisation qui était celle de l’Europe occidentale dans l’industrie lourde est à présent en partie délocalisée dans sa périphérie proche à savoir l’Europe l’Est. Les régions concernées sont principalement la Bulgarie, la Hongrie, la Roumaine, la Slovénie et le nord de l’Italie, la Slovaquie, la République tchèque et la Pologne au nord. (Annuaire régional Eurostat, 2013)

La métropole au bénéfice de sa périphérie Lille est aussi marquée par la désindustrialisation. La périurbanisation de l’industrie est un phénomène généralisé, les tissus urbains sont peu à peu désindustrialisé au profit des périphéries proches ou lointaines. Une industrie de pointe se développe dans la périphérie proche de Lille. De plus, on remarque un essor du secteur tertiaire renforcé par le statut de la ville comme capitale régionale. Cette reconversion bénéficie aussi à Lens, Roubaix ou Cambrai en pleine désindustrialisation également. En effet, étant spatialement proches de Lille, cela leur a permis de compenser facilement le choc de la crise par la création d’emplois tertiaires à proximité immédiate de la métropole lilloise. L’Est et l’Ouest de la région seront plus fragiles du fait de la distance qui les sépare d’une métropole. Et ce, malgré leurs efforts de reconquête économique, de développement des télécommunications et des infrastructures de transport. Par exemple, Valenciennes subira une crise de l’emploi marquée par l’absence de secteur tertiaire dynamique pour remplacer son passé sidérurgique. (Atlas Nord-Pas-deCalais INSEE, 1995). Cependant, le secteur tertiaire se développe tout de même à Saint-Omer et Béthune (spécialisé de base dans l’industrie du verre ménager et de l’automobile).

Le cas de la Flandre et la Wallonie C’est une histoire bien connue : en Wallonie les secteurs de l’industrie lourde et extractive n’ont pas survécu à la crise et ce notamment à cause de son caractère mono-industriel (Verschueren, 2014) et du manque de flexibilité de ses activités économiques. Ce destin est propre aux vieilles régions industrielles qui éprouvent des difficultés de reconversions à

cause de leurs surspécialisations mais aussi de leur domination par un capital extérieur (dans ce cas, les bassins industriels wallons sont généralement dirigé depuis Bruxelles) et, de ce fait, de la faiblesse du capital de l’entreprenariat local. Enfin, la forte organisation de la classe ouvrière en Wallonie aurait dissuadé de nouveaux investisseurs (Van Hamme, 2016). Le redéploiement de l’industrie belge, qui était dans les mains des wallons, se fera donc vers le nord du pays. En région flamande, l’emploi industriel augmentera jusque dans les années 1970 (Atlas de Belgique n°5 Activités économiques, 2014). De grandes firmes internationales s’installeront en Flandre. De plus, le réseau des petites et moyennes entreprises, entretenues et encouragées, seront les grands gagnants de cette période du fait de leur caractère souple et innovant. Ils se spécialiseront dans les secteurs délaissés par le grand capital. Une diversification horizontale (vers d’autres secteurs légers) ou verticale (remontée de filière) sera établie à partir de secteurs locaux traditionnels comme le textile. Une organisation spatiale très dense basée sur une multitude de petites zones d’activités se mettra donc en place dans la région. Le cas du Courtraisis spécialisé dans le textile illustre très bien cette réussite à travers un tissu industriel dominé par les PME locales. En 2010, le poids du secteur industriel est très élevé dans le Courtisais – pôle de concentration des activités de production – avec 12% de l’emploi de l’industrie manufacturière du pays (Van Hamme, 2016). Cela dit, cette évolution stratégique n’a pas exempté la région d’une crise due notamment à la délocalisation de l’industrie textile. « En 10 ans de 1992 à 2002, l’emploi salarié dans l’industrie manufacturière a diminué d’environ 100.000 unités soit une baisse de 13,5% à l’échelle du pays » (Atlas de Belgique n°5 Activités économiques, 2014). Du côté wallon, malgré la création des ACEC à Charleroi, la région n’a pas réussi à percer comme son voisin français dans le secteur des constructions électriques et de l’automobile et fait face à un chômage très important.

%

Part du PIB belge en % par unité géographique en 2008

12 10

Changement de conjoncture : une autre séquence du capitalisme La crise industrielle de la région s’inscrit dans un moment charnière au niveau économique où l’on passe du capitalisme fordiste au capitalisme néolibéral. La structure globale de la société ne peut qu’avoir un impact sur les activités économiques de la région et influence – voir dirige – la reconversion qui y a eu lieu. Selon la théorie de la régulation, le capitalisme fordiste s’étend jusqu’en 1974, fin de la période de croissance la plus forte jamais enregistrée (dans les pays développés du moins). La réorganisation de l’entreprise sur base du taylorisme y sera introduite pour plus d’efficacité. Pourtant, plusieurs contraintes rencontrées essouffleront le modèle fordiste. De plus, la hausse importante des niveaux de vie entraînera une consommation plus diversifiée et instable et l’organisation verticale et centralisée de l’entreprise sera trop lourde pour faire face à ces demandes. D’où, par exemple, le passage à la sous-traitance, au marché des services à l’entreprise, et à la délocalisation des activités économiques. Toutes ces restructurations impacteront considérablement l’organisation du secteur secondaire de la région étudiée. La crise des années 1970 marquera le passage du capitalisme fordiste au capitalisme néolibéral (Van Hamme, 2016). Ce dernier est un régime d’accumulation beaucoup plus flexible. Ainsi nous pouvons faire directement référence à l’exemple de la Flandre et en particulier à celui du Courtraisis qui a su s’adapter et profiter rapidement de cette nouvelle forme du capitalisme néolibéral. A contrario, les régions les plus en retard dans leur reconversion en pâtiront le plus.

10,1

Conclusion

8

`

8,1

6 4 2 0

Tout le territoire belge entame un processus de désindustrialisation généralisé à partir des années 1970. A travers l’étude du produit intérieur brut belge de la fin de la période concernée, on remarque que la production économique des deux provinces respectivement flamande et wallonne est stabilisé. Courtrai garde tout de même une avance sur les autres communes que l’on pourrait expliquer par sa reconversion industrielle réussie. Cela dit malgré la concentration dans la commune de Courtrai des 12% de l’industrie manufacturière du pays, la part PIB de celle-ci reste moyenne.

2,6 0,8 Flandre Occidentale

Ypres

Courtrai

Hainaut

0,5

1

Mousrcon

Tournai

Unité géographique

Sources : NBB stat 05/2017 Auteure : Wayan Brindel

Figure 5 : Ce diagramme nous montre le résultat de la part du PIB belge à la fin de la période étudiée. Le Hainaut n’est pas très loin de la Flandre occidentale. Ce résultat est stable depuis quelques années.

Finalement l’interprétation de cette carte ne nous livre pas de grande surprise. L’évolution de l’emploi industriel est en déclin et c’est un phénomène généralisé en Europe occidentale. Cependant, la reconversion économique d’une région prend du temps (même si elle peut parfois être très violente pour certains travailleurs). Elle est lente, surtout dans cette région-ci, dont la spécialisation dans certains secteurs comme les charbonnages est une marque de fierté et imprègne très fortement la vie des travailleurs.


Education Notre région est une ancienne région minière avec une histoire ouvrière forte. Bien que l’industrie minière soit en fort déclin depuis les années 1960, le profil socio-professionnel d’ouvrier représente toujours une part importante de la population active (SCHWARTZ, 2015) et de la population retraitée (LEGER, 2014) en France. De nombreuses études (MISSET, 2011 & GORGEU et MATHIEU, 2009) montrent un lien entre le diplômé possédé et l’emploi obtenu. Nous tenterons d’expliquer les liens entre le profil socioprofessionnel d’ouvrier et le faible niveau d’éducation.

Brève présentation de l’indicateur La carte ci-dessous reprend le taux de diplôme bas, c’est-à-dire le pourcentage de personnes avec un faible niveau d’éducation. Notre indicateur reprend toutes les personnes ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au CESS/BAC.

Un diplôme faible dans les anciennes régions Un contexte industriel différent en Belgique et en France minières On observe un ensemble de valeurs élevées dans le Nord-Ouest Répartition spatiale des peu ou pas diplômés

de la région (St Omer et son auréole). On assiste à un ensemble de valeurs élevées le long de l’axe Est-Ouest côté français (axe Liévin – Lens – Douai- Cambrai/Valenciennes) qui correspond au tracé de l’autoroute. Il existe un pôle secondaire autour de Roubaix et son auréole. Ce sont donc des régions où la population est très peu ou pas diplômées.

L’axe Liévin – Lens – Douai – Cambrai/Valenciennes correspond également au bassin minier historique du Nord de la France. Ainsi, on observe un profil sociologique homogène (ouvriers, peu diplômés) qui peut expliquer cet axe. Dans cette région, ils représentent 25% de la population active à Liévin, par exemple (INSEE, 2016).

On constate que Lille a des valeurs nettement plus faibles et est donc nettement plus diplômée que les autres grandes villes de la région.

On sait également que l’obtention d’un diplôme est liée à l’origine social des parents. Ainsi, les chiffres de l’INSEE en 2012 indiquent que 20% des enfants dont les parents sont ouvriers poursuivent des études supérieures contre 44% pour l’ensemble de la population. (INSEE, 2012)

Il y a également un effet de frontières assez marqué entre la Belgique et la France. Il n’y a cependant pas d’effet de frontières à l’intérieur de la Belgique, la Wallonie et la Flandre affichent des valeurs homogènes.

On peut expliquer les valeurs élevées dans la région de l’Audomarois, centré autour de St-Omer avec des raisons similaires. C’est une région spécialisée dans la verrerie jusque dans la moitié du XXème siècle (DECROIX, 1999). La ville de Lille a opéré une reconversion dans le secteur tertiaire et notamment dans le secteur du tourisme (FABRIESVERFFAILLIE, 2000). Elle ne concentre plus du tout le même profil socio-professionnel puisque que l’emploi tertiaire concerne 75% de la population active, ce qui expliquerait son taux plus faible de diplôme bas. (DE FALLEUR, VANDEVILLE, VAN DE GHELUWE, 1994).

Zoom-out La carte ci-dessous montre un indice de spécificité pour les ouvriers de la manutention (INSEE, 2013). Notre région possède un profil socio-professionnel spécifique au niveau de toute la France.

Nous l’avons vu, le profil socio-professionnel est fortement corrélé au diplôme. L’impact de l’industrialisation, de la désindustrialisation ou de réindustrialisation a un impact fort sur le diplôme. La désindustrialisation ne s’est ni opéré en même temps ni de la même façon et pourrait expliquer en partie les différences nationales. Le Nord de la France concentre une industrie minière, sidérurgique et métallurgique tandis que l’axe Courtrai, Mouscron, Ypres est centré sur l’industrie du textile. En France, la désindustrialisation du bassin minier commence en 1963 avec le Plan Jeanneney (LUSSO, 2013). Courtrai et son agglomération ont particulièrement bien réussi leur réindustrialisation et est en 1990, une des régions les plus industrialisées de Belgique. L’industrie occupe 42,5% des salariés dans la région de Courtrai contre 22,5% au niveau national. (MARTENS, 1990). Cette différence dans l’évolution de l’industrie est également montrée dans la carte « Evolution de l’emploi industriel de 1981/1982 à 2008/2013 » présente dans cet atlas (Brindel, 2017).

Des systèmes éducatifs différents Nous émettons l’hypothèse que la différence entre la Belgique et la France provient en partie de la différence entre les deux systèmes éducatifs. En France, l’enseignement est un enseignement national, sous l’égide du ministre de l’éducation nationale. Bien que ce soit les communes qui gèrent le primaire, les départements les collèges et les régions les lycées et l’enseignement professionnel. (MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE, 2017) En Belgique, l’enseignement est communautarisé et est donné en réseaux (libre confessionnel et non-confessionnel, officiel, etc.) (ETUDES ECONOMIQUES DE L’OCDE, 2006). En Belgique, l’enseignement de 12 à 18 ans se en tronc commun tandis qu’en France, il est scindé entre le collège et le lycée. Des différences à l’interne des deux systèmes permettrait aussi d’expliquer les différences dans l’obtention ou non d’un diplôme. Par exemple, le (re)doublement ne se passe pas de la même façon en France ou en Belgique. Cf tableau ci-dessous.

Notons qu’il n’est pas possible de réaliser un zoom-out comparable pour la Belgique. Les données Census ne font que la distinction qu’entre un profil d’indépendants et de salariés.


En conclusion Le taux faible de diplôme s’explique par le profil socio-professionnel et l’histoire minière de la France. L’effet de frontière s’explique d’une part par la différence entre les deux systèmes éducatifs et d’autre part par le contexte industriel différent.

Mathilde Retout, 2017

Selon, Organisation de coopération et de développement économiques (ODCE) et une étude PISA (OCDE, PISA, 2006), les élèves réussissent mieux s’ils viennent d’une école dite favorisée. Les belges proviennent proportionnellement plus d’une école favorisée. Cela pourrait expliquer que les belges sont plus diplômés.

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Un effet générationnel

Le CAP et le BEP : une spécificité française Cet effet de frontière, indu par la différence des systèmes éducatifs, est surtout marqué sur notre deuxième document qui reprend le taux de diplôme moyen, c’est-à-dire le pourcentage de personnes ayant le Baccalauréat/CESS. Il existe en France des diplômes antérieurs au niveau baccalauréat, le Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) et le Brevet d’Etudes Professionnel (BEP). Ainsi, comme l’explique, Severine Misset (MISSET, 2011) une partie non négligeable des ouvriers ont arrêtés leur étude avant l’obtention du baccalauréat, en ayant un BEP ou un CAP en poche. Néanmoins, il existe depuis 1985, un baccalauréat professionnel. Celui-ci a pour conséquence que plus d’élèves poursuivent leurs études pour obtenir un BAC professionnel. Selon plusieurs articles, il modifie en profondeur le profil et le type de diplôme obtenu par les ouvriers. (ECKERT, 1999).

Ceci est d’autant plus vrai, qu’il y a un effet générationnel fort sur l’obtention du BAC. La proportion de personnes obtenant le BAC n’a fait que croître ces dernières années comme le montre le document ci-contre (INSEE, 2013) Nous émettons l’hypothèse que, puisque nos données comprennent toute la population de plus de 15 ans (France)/18 ans (Belgique) non-scolarisée, les jeunes sont beaucoup plus diplômés en moyenne que leurs parents. Et que cette carte ne reflète pas la situation actuelle


Chômage féminin Introduction Le chômage est une préoccupation majeure comme en constatent les médias, que se soit au niveau régional ou encore au niveau national. Il peut être analysé suivant plusieurs paramètres, comme l'âge, la formation au point de vue scolaire ou encore le genre des personnes concernées par exemple. Cette fiche se focalisera sur le genre des personnes concernées par le chômage, en effet certains espaces géographiques peuvent avoir des chômeurs représentés en majorité par des femmes. Cette constatation nous amène à une question principale, quelles sont les facteurs qui influencent le taux de chômage «féminin»? Mais cette question générale nous donne de nombreuses sousquestions. • • • •

Le niveau d'éducation a-t-il une influence? L'âge des personnes concernées a-t-il une influence? La composition familiale (nombre d'enfants par famille, famille monoparentale) a-t-il une influence? Le taux de chômage d'une région a-t-il une influence?

Description de la répartition du chômage féminin Premièrement, on peut voir que la partie nord de la carte est une vaste zone où le phénomène étudié est très présent (les valeurs sont majoritairement comprises entre 55 et 83%). Néanmoins, certaines valeurs plus basses sont présentes dans cette partie de la carte, notamment dans la commune de Courtrai, d'Ypres et de ses communes voisines ou encore dans certaines communes au centre de la Flandre Française. Deuxièmement, on constate que l'ouest de la carte comporte des valeurs en majorité intermédiaires (43 à 55%). L'ensemble de cette zone est assez hétérogène car elle comporte de nombreuses communes appartenant à d'autres classes. Au centre de la carte, la majorité des communes comportent des valeurs faibles à intermédiaires (21 à 49%). Il est intéressant de mentionner que la majeure partie des zones urbaines dans cette zone possèdent un chômage féminin compris entre 43 et 49%. Enfin, on peut remarquer un gradient important entre le nord (communes étudiées de la Flandre Belge, centre de la Flandre Française) et le centre (arrondissement de Lille, de Douai et de Lens). Un gradient est présent entre l'est et le centre mais celuici est moins marqué.

A l'est de la carte, on peut constater que la ville de Tournai et une partie de ses environs sont comprises dans la classe la plus basse et que la partie centrale du Hainaut étudié comporte une zone appartenant à la classe la élevée. Globalement, la zone hennuyère est hétérogène avec au sud de celle-ci, une zone homogène composée de valeurs intermédiaires. Pour la partie sud-est, on remarque que la ville de Valenciennes possède une classe identique par rapport aux autres grandes villes françaises et que cette région est homogène.

en position de force est à nuancer. En effet, un élément intéressant à mentionner est que les femmes ont plus de CDD que les hommes, ce qui montre qu'elles ont des emplois moins rémunérateurs (par exemple, secteur du nettoyage), et surtout moins stables. Par conséquent, elles ont plus de chances de se retrouver au chômage. (journaldunet.com/Insee.fr) Ce constat peut se retrouver au niveau européen notamment avec de fortes disparités entre hommes et femmes.

Enfin, pour la partie sud, on peut distinguer trois parties, à l'ouest une zone concentrant des valeurs élevées, au centre (alentours de Cambrai), une zone mixte et à l'est une zone concentrant des valeurs au dessus de 49%. Globalement, il est important de mentionner la présence de souszones distinctes dans les zones décrites et que certaines communes ne comportent pas de données car celles-ci étaient jugées inexactes (chômage féminin de 0 ou 100% par exemple).

Comparaison avec les autres cartes de l'atlas Sur la carte de l'évolution de l'emploi, on peut voir que la partie nord de la carte présente une légère similitude avec la carte sur le chômage féminin. En effet, on peut remarquer que là où le gain d'emploi industriel est présent, le chômage féminin est aussi présent. Dans le centre de la carte, on remarque que la perte d'emploi ouvrier dans le temps s'accompagne d'une baisse du chômage féminin et que quelques zones sud connaissant un chômage féminin élevé se situent présentent une légère augmentation ou diminution d'emplois ouvriers. Ceci peut nous indiquer que le secteur industriel a une influence sur le chômage féminin car celui emploie une majorité d'hommes. Ainsi, les régions qui se désindustrialisent, conduisent un afflux de personnes constitués essentiellement d'hommes vers le chômage. La carte sur l'évolution de la taille des ménages est sûrement la plus ressemblante par rapport à la carte sur le chômage féminin. On retrouve beaucoup de valeurs élevées en Flandre Belge, quelques valeurs élevées en Flandre Française, quelques zones regroupant des valeurs élevées (notamment dans le sud de la carte) et une prédominance de valeurs basse en France. Enfin, cette carte possède le même type de répartition spatiale, une répartition assez disparate sur la majeure partie de la carte, concentrant des valeurs élevées en Flandre Belge. Ainsi, le fait qu'une femme soit seule pour élever un ou plusieurs enfants, pourrait contribuer à précipiter celui-ci vers le chômage.

Facteurs favorisant la présence du phénomène étudié Premièrement, le niveau d'éducation a une influence conséquente sur le parcours socio-professionnel, en effet, au plus la formation d'une personne est importante, au plus la probabilité d'être au chômage est faible. Cette constatation est valable pour les femmes mais aussi pour les hommes. Néanmoins, on peut voir que les femmes sont désavantagées car globalement le taux de chômage est plus élevé parmi les femmes. (Stevanovic, Biljana) Comme le montre le graphique ci-dessous les femmes étaient moins diplômées en 1986, en 2015, la situation est quasiment inverse. Le chômage féminin serait dû en partie à un effet démographique, en effet les femmes sont peut être plus diplômées mais les générations féminines précédentes restent plus vulnérables face à ce phénomène car elles sont moins instruites que les hommes. Ceci est paradoxal car les femmes terminant leur formation sont davantage diplômées par rapport aux hommes.

Lieu visité et description des observations faites Lille: Cette ville a été choisie car elle se trouve au centre de la carte et qu'elle est la ville la plus peuplée des environs. Les données recueillies sont en corrélation avec la carte faite, il y a donc plus d'hommes au chômage. Il est intéressant de constater qu'il y a plus d'hommes que de femmes au chômage (19,6% contre 18%) et que le taux d'emploi est supérieure parmi les femmes (81,9% contre 80,4%). Cette situation serait dû à la situation du secteur secondaire, employant une part importante d'hommes. En effet la désindustrialisation de la région et la crise de 2008 a touché plus durement le secteur secondaire alors que le secteur tertiaire employant une part importante de femmes a mieux résisté à la crise. Pourtant, le fait que les femmes soient

Source : statbel


Analyse de la répartition spatiale de la carte La carte du chômage féminin dans les environs de Lille est une résultante des nombreux facteurs décrits. Ceci se combinent et donnent une répartition spatiale du chômage féminin. Ainsi pour les centres urbains qu'ils soient belges ou français, le chômage est dû à des problèmes économiques dans le secteur secondaire, ceux-ci font baisser le chômage féminin en conduisant de nombreux ouvriers vers le chômage. Mais on peut utiliser cette constatation de façon inverse, en effet les zones où il y a un haut taux de chômage féminin pourrait s'expliquer par une prospérité du secteur secondaire et de l'économie locale en général.

Sources : base de données SATURN (SHU) et base de données du CRef (Université)

Il faut aussi mentionner que les jeunes femmes de l'enseignement supérieur ne se dirigent pas généralement vers des sections que l'on qualifierait de «masculine», sections étant mieux rémunérées et surtout nettement plus demandées (ingénierie, sciences «dures»). Ce phénomène est visible grâce au diagramme ci-dessus et pourrait être expliqué par les stéréotypes véhiculés dès l'enfance, étant en relation avec la formation scolaire. Mais aussi par l'idée d'une structure familiale traditionnelle encore présente aujourd'hui qui décourage les femmes à travailler (actuellement les hommes s'occupent moins des contraintes dues à l'éducation de leurs enfants et aux tâches ménagères).(Françoise Milewski)

Secondement, la structure familiale peut avoir une influence, en effet on constate que le taux d'emploi chez les femmes diminue en fonction du nombre d'enfants qu'elles ont, en plus l'âge des enfants en question a aussi une influence, au plus les enfants sont jeunes au plus le taux d'emploi baisse. On pourrait émettre l'hypothèse que cette baisse de taux d'emploi est compensée par une augmentation de femmes au foyer étant au chômage. (Françoise Milewski), pour ce qui est du taux de familles monoparentales, il serait convenable de penser que c'est un facteur de chômage féminin pourtant on ne trouve pas de corrélation entre ces deux phénomènes. (voir carte sur les familles monoparentales). Ci-dessous, un tableau montrant cette constatation au niveau de deux pays européens.

Un autre élément intéressant à mentionner est l'âge, en effet que se soit pour les hommes ou les femmes, le chômage augmente en pourcentage au fur et à mesure que l'âge est bas. Il faut mentionner que c'est chez les chômeurs de moins de 25 ans que l'écart entre chômage masculin et chômage féminin est le plus grand. Ceci est curieux, car comme le mentionne Margaret Maruani, il n'y pas encore «d'effet famille»(le fait d'avoir des enfants) à cette âge, ceci serait dû uniquement selon elle à la sélectivité du marché du travail. Comme exemple, voici un tableau reprenant le taux de chômage suivant l'âge et le sexe. On peut remarquer nettement la forte différence chez les 15-24 ans.

Un autre résultat est que l''âge pourrait jouer grandement au chômage féminin. En effet, les discriminations sont importantes au niveau de l'emploi. Ces discriminations se manifestent généralement chez les jeunes. Par conséquent, une commune qui possède une par de jeunes importante, augmente son taux de chômage féminin. Un deuxième élément important au point de vue de l'âge est à mentionner, ce second élément est la part de personnes âgées. En effet, auparavant, l'éducation chez les femmes était moins importante, celle-ci étaient donc moins formées et donc avaient moins de chance de trouver un emploi. Ainsi, une commune comportant une part de personnes âgées non retraitées auraient un taux de chômage féminin plus important uniquement dû à un effet de génération. Pour illustrer, ce phénomène, une pyramide des âges de l'arrondissement de Courtrai est disponible, où on retrouve les valeurs les plus fortes sur la carte . On peut voir que cette pyramide comporte une part importante de quinquagénaires et une part importante de jeunes se situant dans la vingtaine.

Source : statbel,be

Taux de chômage en fonction du chômage féminin 25 Taux de chômage (%)

Le taux de chômage global aurait pu être un facteur de la présence du chômage féminin, puisque le déclin de l'emploi industriel peut avoir une influence, pourtant les données récoltées sur l'ensemble de la région étudiée montrent qu'il n'y pas de relation mathématique entre taux de chômage et taux de chômage féminin. D'ailleurs des résultats obtenus au niveau européen montre bel et bien qu'il n'y pas de relation entre ces deux phénomènes. (Françoise Milewski) Pour voir cette absence de corrélation, un graphique est disponible à droite de ce paragraphe, on peut voir un vaste nuage de point.

Il n'est pas possible de faire un lien mathématique qu'il soit linéaire ou exponentiel sur ce graphique.

20 15 10 5 0 0

10

20

30

40

50

60

70

Part des femmes au chômage sur l'ensemble des chômeurs (%)

80

90

Comme mentionner précédemment par François Milewski, le taux de fécondité influencerait le taux de d'emploi des femmes et par là le taux de chômage chez les femmes. Ainsi, si on regarde le département du Nord (2,04 enfants par femme) et les arrondissements belges de la zone étudiée (1,7 à 1,8 sauf Mouscron 2,0 à 2,5), on remarque une nette fracture entre les 2 pays. Cette fracture est notamment visible sur une partie de la carte (entre Flandre belge et France). Pourtant pour cette concordance est fausse, en effet c'est un taux de fécondité élevé qui provoquerait selon la littérature un taux d'emploi plus faible et par conséquent un taux de chômage plus important chez les femmes, hors on remarque qu'en Flandre, le taux de fécondité est plus bas qu'en France et que le taux de chômage féminin y est plu important. Pour ce qui est de la carte de Goffin Alexis sur le taux de fécondité, on peut voir néanmoins des valeurs concordantes (en Flandre française, au nord-est de Tournai et éventuellement dans quelques zones de l'extrême sud de la carte. Pour ce qui est de l'éducation, on remarque que la part de personnes actives ayant un diplôme d'enseignement supérieur par rapport à la population totale d'une commune est faible dans la partie flamande (sauf à Courtrai ayant une valeur plus élevée), ce faible taux par rapport au reste de la Belgique, pourrait expliquer l'importance du chômage féminin. Une part importante de diplômé se retrouve aussi dans les environs de Tournai, ce qui expliquerait son faible taux.

Conclusion Le phénomène analysé est difficile à interpréter,en effet de nombreux éléments de la littérature ne sont pas perceptibles ou ne sont pas en concordance. Ainsi, la superposition de différents facteurs (par exemple, part de diplôme, tranche d'âge importante chez les jeunes) peuvent s'entre mêlés et se contredire. Pourtant, des facteurs arrivent à s'imposer sur les autres, c'est ainsi qu'il est possible de voir les effets de la désindustrialisation dans las grandes villes ou encore des effets démographiques (part de certaines tranches d'âge vulnérables au chômage féminin). Comme conclusion finale, on peut affirmer que le chômage féminin d'une région est fortement influencé par • sa structure économique (importance de certains secteurs) • sa démographie (part de jeunes femmes, part de femmes plus âgées étant actives) • le type de lieu (ville/périphérie) • l'importance de l'éducation (part de personnes diplômées sur une population donnée)


Le vote d’extrême droite

ce dernier et l’interdiction d’invité un membre d’un parti d’extrême droite dans les médias audiovisuels public.

Comme vu précédemment, le grand Lille est une région en grande difficulté, économique, social, … Et ce depuis plusieurs décennies. Nous allons voir ici comment cela a eu une incidence sur le vote en faveur de l’extrême droite. Et est-elle là même dans les régions françaises et belges ?

Extrême droite en Wallonie

Mais pour commencer il serait intéressant d’avoir une définition de l’extrême droite. On peut qualifier un parti d’extrême droite « notamment en raison des thématiques centrales qu’il défend : le nationalisme ethnique, l’autoritarisme et le populisme » (PAUWELS, 2011)

La faiblesse du vote en Wallonie est quelque peu différente à la situation en Flandre, car contrairement au Vlaams Belang, l’extrême droite wallonne n’a jamais réussi à réellement percer au différent scrutin d’après-guerre. Ce qui est un paradoxe quand on sait que l’électorat principale de ce dernier est ouvrier, faiblement éduqué, proche de zone à forte immigration, … dès lors qu’on sait que la Wallonie à une plus forte proportions de ces catégories de population. Au contraire de la Flandre. On peut répondre à ce paradoxe par deux facteurs principaux à savoir la division des partis et la faiblesse de leur structure.

entraine un faible nombre de militant présent sur le terrain pour développer les idées d’extrême droite ou de présenter un parti « crédible » auprès de l’électeur. De plus, la presse francophone ne relaie pas les idées de ces derniers auprès de la population. Ce cercle vicieux dans lequel s’est inscrit l’extrême droite francophone, entraine une faiblesse électoral importante malgré la proximité avec la France et une sociologie qui leur est normalement favorable.

Pourquoi le Nord-Pas de Calais est-il si proche de l’extrême droite ?

dernière est très souvent compris entre 30% et 35%. Si on prend un peu de recul, on peut également observer qu’une longue bande comprise entre l’ouest de Lens et Valencienne ont un vote FN particulièrement élevé (entre 22% et 35%).

Axe Lens Valenciennes : Un bastion d’extrême droite. Un des phénomènes les plus marquants sur la carte est la présence d’une bande de vote important pour le FN, cette bande correspond presque parfaitement avec la carte qui nous montre la zone des anciens charbonnages (figure 2).

Constat

Qui sont les partis que l’on considère d’extrême droite : - Pour la Wallonie : Nouvel Wallonie Alternative (NWA), Faire place nette, Parti plus (P+), Nation, Wallonie d’abord, Front Wallon (FW), Démocratie National (DN) anciennement appelé Front National (FN), Nouvel élan wallon - Pour la Flandre : Vlaams Belang - Pour la France : Front National (FN)

Belgique – France un vote uniforme ?

Figure 2: Cette nous montre la localisation des anciens bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais (Wikipédia, 2017)

Comme on peut le constater sur la carte, le vote en faveur de l’extrême droite est bien plus faible en Belgique qu’en France. De façon générale, le score de l’extrême droite se situe autour des 5% en Belgique alors qu’en France le score oscille entre 17 et 35%. Mais pourquoi l’extrême droite est si faible en Belgique ? Pour expliquer ce phénomène nous devons diviser notre explication au deux régions belges reprise dans le grand Lille.

Nous allons essayer de comprendre pourquoi ce secteur vote de façon si importante pour l’extrême droite. L’un des facteurs qui pourrait expliquer cette situation est le facteurs désindustrialisation. Pour ce faire on peut regarder la carte présente dans cet atlas qui porte sur l’évolution de l’emploi industriel.

Extrême droite en Flandre Pour expliquer la faiblesse de l’extrême droite en Flandre on doit revenir quelques années avant le résultat des élections législatives de 2014. En effet le Vlaams Belang (anciennement le Vlaams Blok) est un parti né en 1979 de la fusion de deux anciens partis issus du mouvement flamand, à savoir le Vlaamse Volkspartij (VVP) et le Vlaams-National Partij (VNP). Ce parti nouvellement créé a engrangé des résultats probants aux élections de à partir des élections de 1999. Leurs résultats non cessez de croitre jusqu’au élection de 2007 où il obtiendra même 24,12% dans l’ensemble de la Flandre. A partir des élections de 2010 le parti a connu une régression assez important en passant à 15,3%, celle-ci chute à 5,84% aux élections de 2014. Cette baisse est dû à la mise en concurrence avec d’autres partis de droite dur mais non d’extrême droite, à savoir, la N-VA et Libertair, Direct, Democratisch (LDD) anciennement appelé List Dedecker. En effet, aux élections de 2014, 22% de l’électorat de la N-VA provenait du Vlaams Belang selon une étude de la KUL. Une des raisons qui pourrait expliquer ce transfert massif d’électeur, réside dans le fait que à la suite des élections de 1991 les partis dit « démocratique » (PAUWLES, 2011) décide de la mise en place d’un « cordon sanitaire » vis-à-vis de l’extrême droite. Ce « cordon sanitaire » empêche dès lors l’accession au pouvoir de ce parti, par le refus de collaboration des autres partis vis-à-vis de

Quand on observe cette carte et qu’on la compare avec celle du vote FN, on constat tout de suite le parallèle que l’on peut faire entre les deux cartes. En effet, l’axe que l’on développe ici est un axe ou la désindustrialisation était très importante et dès lors il y a eu un effondrement du nombre d’ouvrier pour la plupart des communes autour de Lens se nombre a diminué de plus de la moitié, de même que la part d’emploi industriel s’effondre dans certaine commune de près de 40%.

Figure 1: La carte nous montre la part de vote valable par canton, c'est à dire le nombre de vote en faveur de l'extrême droite sur le nombre de vote exprimé (vote blanc et nul compris) fois 100.

Le premier facteur repris ci-dessus est la division. En effet les partis d’extrême droite francophone on depuis l’après-guerre, connu de forte division et des luttes internes pour prendre le leadership de ce mouvement. Ces divisions on conduit l’extrême droite francophone à devenir inaudible auprès de l’électeur, mais également à un éclatement des voix lors des élections. De cette situation découle un deuxième facteur de sa faiblesse, l’invisibilité dans la presse et sur le terrain. En effet la division

Comme on peut l’observer sur la carte (figure 1) la partie française du grand Lille apparaît nettement en bleue, le vote FN est souvent Supérieur à 17%. Quand on observe de plus près deux zones se distingue. Lille et sa proche banlieue par la faiblesse du score Frontiste. La deuxième zone qui se distingue et c’est d’ailleurs plus frappant, c’est les communes entre Lens et Douai elle apparaît en bleu foncé sur la carte. Le score du FN dans cette

Cette baisse massive dans les emplois industriels est dû en grande partie à la fermeture des charbonnages. Ceux-ci ont fermé dans les années ’80, à cause de l’importation de charbon moins chers venant de l’étranger. Ces fermetures n’ont fait l’objet d’aucun plan de reconvention de la part de l’état. Dès lors la plupart des ouvriers se sont retrouvé au chômage faute de travail. Ces ouvriers se sentant abandonné par l’état, se sont dès lors tourné vers ceux qui, leur donne l’impression d’être de leur côté en contestant le système, à savoir l’extrême droite. Ces fermetures des usines et des charbonnages ont entrainé, un chômage massif. Comme on peut le voir sur la carte (figure 3), le chômage est souvent supérieur à 10% et peut même atteindre 12%


à 16% dans l’axe que nous étudions ici, à savoir l’axe Lens – Valenciennes. Si on observe bien la carte du chômage, on peut voir que ce dernier atteint 16,4% dans la zone d’emplois Lens-Hénin. Cette zone de fort chômage correspond presqu’en tout point à la zone où le Front National atteint ses scores les plus élevé (entre 30% et 35,6%). Tout ceci nous montre, que le FN profite du chômage pour s’implanté dans ces territoires. Ces liens entre le chômage et le vote Frontiste, ont été confirmé par une récente étude réalisée lors de l’élection présidentielle de 2017, par l’institut de sondage Ifop (Ifop,2017). On peut y voir que 23% des inactifs ont voté pour l’extrême droite. Cette enquête appuie donc ce qui peut être constaté par la géographie.

Comme on peut le constater, l’axe Lens – Valenciennes, apparaît comme étant un axe de faible développement humain et dès lors un faible niveau d’éducation. Ce faible niveau de développement est très faible au sud de Lens et à l’ouest de Valenciennes. Dans ces zones l’extrême droite réalise un score supérieur à 25%. On peut donc en déduire des liens évident entre la faiblesse du niveau de diplôme et le vote Frontiste. Ce lien est à nouveau confirmé par l’étude sociologAique (Ifop, 2017), en effet, Marine Le Pen (candidate du Front National) a obtenu, 31% des personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat.

Après avoir vu tous ces facteurs socio-économiques, on peut en déduire que ceux-ci influe fortement sur le vote en faveur de l’extrême droite et le favorise dès lors que ceux-ci sont faible.

Nord-Pas-de-Calais une région de contestation ? Le vote en faveur de l’extrême droite est en partie expliqué par les facteurs sociaux-économiques, mais ceux-ci suffisent-ils à expliquer la forte implantation du vote FN dans le secteur ? Il important de savoir que la région Nord-Pas-de-Calais est historiquement une région gauche avec un fort vote en faveur de l’extrême gauche. Le PCF a depuis longtemps une implantation importante dans la région et il y réalise c’est score les plus élevé lors des élections. Mais on peut Figure 5 : Cette carte nous montre quel est le score réalisé par l'extrême gauche par canton, aux élections de 2012 et 2014. remarquer, que depuis quelques années, le score national de l’extrême gauche est en berne notamment depuis la fin des années 80 et leur association au pouvoir par le parti socialiste de François Mitterrand en 1981. On peut voir que malgré la prédominance de l’extrême droite dans Cette association au pouvoir et les échecs de ces derniers à faire la région, l’extrême gauche à malgré tout réussi à maintenir des baisser le chômage dû à la délocalisation et à la fermeture des scores important. mines, ont entrainé ce déclin de l’extrême gauche dans la région. Mais où sont parti les voix de l’extrême gauche, vers quel parti sont-ils allé ? Ceux-ci se sont de façon importante tourné vers l’extrême droite, en effet l’extrême droite et l’extrême gauche ont presque le même corps électoral, à savoir un vote ouvrier, inactif et à faible revenu (Ifop, 2017). Ce même électorat, et la faiblesse de l’extrême gauche durant ces dernières décennies, ont profité assurément à l’extrême droite, et à faciliter son implantation dans la région étudiée. Une enquête menée par Alantico (Atlantico, 2015) nous montre la certaine porosité entre les deux extrêmes.

Figure 3 : Cette carte montre le taux de chômage par zone d'emploi au deuxième trimestre 2014 (Région Picardie, 2015)

Un autre facteur que nous montre que la géographie et qui est confirmé par la sociologie, est que la faiblesse du niveau d’éducation entraine un vote plus important pour le FN Pour étayer nos propos nous allons comparer une carte (figure 4) qui nous montre l’indice de développement humain (IDH), cet indice reprend le pourcentage de diplômé dans la population et l’indice de mortalité, les deux étant fortement lié (voir car sur la surmortalité). Le faible développement humain apparaît en rose, rouge, orange ou brun sur la carte.

Figure 4 : Cette carte nous montre l'indice de développement humain qui reprend le pourcentage de diplôme et l'indice de mortalité avec le capital économique qui le revenu fiscal médian par ménage. Tout ceci à l’échelle des communes (Région Picarde, 2015).

Un dernier facteur socio-économique expliquant le vote d’extrême droite, est le facteur revenu. Ce dernier est indiqué sur la carte du potentiel financier (figure 4). Le potentiel financier est le revenu médian par ménage. Ce dernier apparaît sur la carte par la valeur des couleurs. Le potentiel financier faible est représenté en foncé sur la carte (voir légende de la carte). Encore une fois un axe se dégage, à savoir l’axe Lens – Valenciennes, ce dernier apparait dans des couleurs plus foncées, ce qui nous montre un faible niveau de revenu. Il faut malgré tout souligné que ce dernier facteur n’apparaît pas de façon homogène sur la carte, mais quand on regarde où les faibles revenus apparaissent, le Front National est fort.

Pour voir si l’extrême droite a réellement vidée l’extrême gauche de son électorat, il serait intéressant de voir le score réalisé par l’extrême gauche durant la même période (figure 4). Premier constat, c’est que l’extrême gauche réalise également des scores important dans la région en particulier à l’est de Lens, entre 12% et 27%. Deuxième constat, l’axe Lens – Valenciennes apparaît encore de façon bien visible. A l’est de Douai on observe que l’extrême gauche représente entre 20% et 27% et à l’ouest de Valenciennes entre 15,5% et 20%. Ce score est important au vu de la forte présence Frontiste dans la région. Il serait intéressant dès lors d’additionné le vote FN et le vote de l’extrême gauche. Si On fait ça pour les cantons à l’est de Douai, on a un score qui va de 42% à 52%. On peut voir que les partis contestataires (extrême gauche et extrême droite), obtienne des scores très important. Il est encore plus important au sud de Lens où là le vote contestataire obtient entre 45% et 65%.

Cela a été possible grâce à la forte contestation dans la région pour les politiques menés au niveau national et au sentiment d’abandon des citoyens (France Inter, 2017). Cela a été également démontré par un entretien réalisé par France Inter, dans la commune de Courcelles – lès –Lens. Un dernier point, va nous permettre de comprendre ce qui permet à l’extrême droite forte dans la région, l’unité. En effet les électeurs qui sont contestataire, n’ont pas de mal à choisir un parti contestataire car l’extrême droite française se présente uni sous un même parti. Cela permet à l‘électeur de ne pas se perdre au contraire de l’électeur belge. Le développement suivi durant cette planche nous a permis de comprendre pourquoi le Nord-Pas-de-Calais est devenu une des régions les plus Frontiste de France. Cela est dû à des facteur socio-économique, mais aussi à une tradition contestataire de la région. Cette contestation hier représentée par l’extrême gauche, est aujourd’hui représenté par l’extrême droite. Nous avons pu également comprendre pourquoi l’extrême droite est si faible en Belgique, alors qu’elle est juste à côté de la région la plus à l’extrême droite de France. La division, en est la cause principale.


procréer soient légèrement surreprésentées (23.6% de la population régionale pour 23.0% de moyenne nationale) et que l’indicateur conjoncturel de fécondité de la région (2.08 enfants) est supérieur aux valeurs de la France métropolitaine : 1.98 enfants (Fabre, Firlej, 2012). L’étude de l’évolution de l’indice conjoncturel de fécondité en Belgique entre 79-81 et 89-91 montre que la province de la Flandre-Occidentale a vu son indice diminuer tandis que celui du Hainaut était en légère hausse (Unité de Géomatique de l’Université de Liège, 2001, carte n° 46). Dans la même période, les valeurs dans le Nord-Pas-de-Calais sont restées supérieures (voir tableau 1). Ces différences nationales relatives à la fécondité expliquent que les ménages du Nord-Pas-de-Calais soient de taille plus grande que ceux de la Flandre Occidentale ou du Hainaut (Gassiat Henu Elise, 2007).

La taille des ménages Un peu d’histoire En Europe, de 1860 à 1960, a eu lieu la « première transition démographique ». Elle est caractérisée par une baisse de la mortalité, une baisse de la fécondité et des changements dans la nuptialité (recul de l’âge au mariage et baisse du nombre de célibataires définitifs). La « seconde transition démographique » débute en 1960 et s’accompagnera de nombreux changements : _ la révolution sexuelle et tous les changements de pratiques qui l’accompagne, _ la révolution contraceptive, _ l’augmentation substantielle du nombre de divorces, _ la postposition continue du mariage et de la première naissance, _ le développement de nouvelles formes de vie commune (forte augmentation des isolés et des cohabitants non-mariés) et _ la diminution des remariages après divorce ou veuvage et remplacement par d’autres modes de vie : cohabitation hors mariage et relations LAT1 (Chesnais, 1986). Tous ces facteurs ont eu un impact sans précédent sur la composition et la taille des ménages.

Belgique France

Carte 1

Les cartes 1 et 2 montrent une différence entre les villes et leurs périphéries. Les ménages habitant le centre de la ville sont de plus petites tailles que ceux habitant en périphérie de la ville. Cela est très nettement visible pour Lille, Courtrai, Tournai, Arras, Cambrai, Douai, St Omer ou encore Lens-Liévin. On observe une graduation plus ou moins progressive depuis le centre (petits ménages) vers la périphérie (plus grand ménages) en passant par une première couronne (éventuellement une deuxième) pour les plus grandes agglomérations. Un zoom-in sur l’agglomération lilloise permet de confirmer ce constat :

Dans le cas de Lille, il faut noter que Tourcoing et Roubaix agissent ici comme des centres périphériques. De manière générale, ces différences locales au niveau urbain s’expliquent par une pression immobilière plus forte en centre-ville qu’en périphérie, entraînant une hausse des prix du foncier. Cela a pour effet de reporter les logements sociaux et les habitants à revenus modestes à la périphérie de la ville (Steinberg

La région Nord-Pas-de-Calais est caractérisée par une natalité importante (7.1% des naissances pour 6.6% de la population). Celle-ci est due au fait que les femmes en âge de Carte 2 Living Apart Together (ou Couple non Cohabitant) : désigne les couple ne vivant pas sous le même toit.

2000 1,67 1,89

Source : Lille Métropole Communauté Urbaine,2007. Taille moyenne des ménages de l’agglomération lilloise

Qu’est-ce qui explique les différences d’évolutions subies par les ménages belges et français ?

1

1990 1,62 1,78

Source : Institut national d’études démographiques, 2017. Tableau 1

Le cas de l’Euro-Lille Afin d’analyser la répartition de la taille des ménages dans une population donnée, il faut éviter de l’analyser de manière figée dans le temps. Il faut tenir compte de son évolution. En 1981-82 (voir Carte 1), la taille moyenne des ménages avoisinant Lille était d’environ 3 personnes. On observait des valeurs légèrement supérieures en Flandre et dans les communes françaises comprises entre Lille, Lens et St Omer. Une différence de taille était notable entre les ménages des centres-villes et ceux habitant leurs périphéries. En 1991-2001 (voir Carte 2), le premier constat porte sur une baisse globale de la taille moyenne des ménages sur l’ensemble du territoire étudié depuis 1981-82. Cette baisse a été plus forte côté belge et la frontière nationale distingue deux ensembles : les ménages belges de 2.35 - 2.6 habitants en moyenne, des ménages français de 2.8 – 3.0 habitants. La différence de taille entre les ménages centraux et les ménages périphériques est toujours observable. La baisse de la taille moyenne de l’ensemble des ménages est la conséquence de trois tendances survenues suite aux deux transitions démographiques : _ Une croissance du nombre de ménages d’une personne. _ Une augmentation légère, voir une stagnation du nombre de ménages de deux personnes. _ Une forte diminution du nombre de ménages de 5 personnes ou plus (Unité de Géomatique de l’Université de Liège, 2001, cartes n° 225, 227 et 229).

1980 1,68 1,95


J., 1989), « une mobilité contrainte par l’insuffisance ou l’inadaptation de l’offre locale de logements » (Beaujeu-Garnier et al., 1963). Depuis la fin des 30 glorieuses, on a assisté à un renouveau de l’engouement pour la campagne et l’habitat individuel. (Steinberg J., 1989). Les habitants des quartiers centraux de Lille sont donc composés en partie de ménages à revenus relativement élevés ou élevés pouvant se permettre un logement de taille suffisante et surtout de petits ménages d’une ou deux personnes pour qui le type d’offre de logements de petite taille peut convenir. L’étude de l’évolution de la taille moyenne des ménages au cours de la période 1981-82 à 1999-2001 permettrait d’apporter un regard nouveau sur la situation de l’Euro-Lille. La première observation à faire sur la carte 3 est la diminution globale assez significative, illustrant bien les impacts induits par les deux transitions démographiques. Ensuite, un ensemble de secteurs se distingue par des valeurs plus fortement négatives : la province de la Flandre Occidentale. Un autre ensemble, composé par les zones situées de l’autre côté de la frontière régionale belge, formant la province du Hainaut et les communes françaises situées dans la région des Hauts de France, a des valeurs négativement moins fortes dans l’ensemble, contrastées. Comment expliquer l’évolution de la taille des ménages de la Flandre Occidentale par rapport au reste de l’Euro-métropole lilloise au cours de la période 1981-2001 ?

Le même constat peut être fait pour la province du Hainaut, quoique le rétrécissement y soit moindre :

Source : Service public fédéral Economie, 2001. Pyramide des âges de la province de Flandre Occidentale

Ces données montrent l’aspect vieillissant des populations habitant les provinces du Hainaut et de la Flandre Occidentale. L’analyse des cartes spatialisant les coefficients de vieillesse en Belgique en 1981 et 2004 vient confirmer cette

tendance. On observe un plus fort vieillissement en Flandre Occidentale que dans le Hainaut (Unité de Géomatique de l’Université de Liège, 2001, cartes n° 217 et 218).

Pyramide des âges de la population des Hauts-deFrance (Nord-Pas-de-Calais) et de la France métropolitaine Source : INSEE, 2001.

La pyramide des âges pour la région des Hauts-de-France est sensiblement la même que celle relative à toute la France métropolitaine. Elle présente un nombre de personnes par âge relativement stable de 0 à 70 ans. La population de la région des Nord – Pas-de-Calais n’est donc pas vieillissante (INSEE, 2001).

Au-delà des effets des deux transitions démographiques, impactant l’ensemble de la région considérée, une baisse de la taille moyenne des ménages est fortement imputable aux changements de comportement de cohabitation et au vieillissement de la population : les ménages âgés n’ayant plus d’enfants à charge, ce sont des ménages plus petits que la moyenne. Or, les générations dites du « Baby-Boom » sont maintenant en âge de voir leurs enfants prendre leur indépendance, ce qui augmente de manière significative le nombre de ménages de 2 personnes. Ces ménages se divisant entre les parents (qui voient leurs enfants partir) et les enfants. Cela va avoir un fort impact sur la part des ménages de petites tailles dans les ménages, et ce, d’autant plus longtemps avec la postposition continue du mariage et de la première naissance (INSEE, 2017). Il faut donc tenir compte de la structure d’âge de la population. La pyramide des âges pour la Flandre Occidentale est caractérisée par un rétrécissement pour les classes d’âges les plus jeunes (30 ans et moins) :

Conclusion L’évolution particulière de la Flandre Occidentale par rapport au reste de l’Euro-Lille peut donc être expliquée les différences dans la structure d’âge et dans la fécondité. Une étude de terrain permettrait de mesurer l’impact de la différence de langue sur les mobilités des habitants de la région considérée. Toutefois, l’évolution de la taille moyenne des ménages de l’Euro-métropole lilloise ne représente pas un cas particulier, elle suit les tendances globales observées partout en Europe. Sa particularité tient aux légères inégalités de son évolution spatiale, liée à ses particularités : une région transfrontalière et transrégionale.

Source : Service public fédéral Economie, 2001. Pyramide des âges de la province du Hainaut Carte 3


terminer une éventuelle corrélation entre la répartition géographique des familles monoparentales et celle de ces phénomènes. Les données mobilisées sont issues du Census 2011 pour la Belgique et des données de base des familles et des ménages de 2013 (INSEE) pour la France. Elles sont présentées à l’échelle des communes françaises et des anciennes communes belges. Il faut rester conscient que ces données connaissent des limites : la définition statistique de « famille monoparentale » recouvre des réalités très diverses : par exemple, un parent qui vit avec ses enfants sans conjoint mais avec ses propres parents échappe au recensement ; ou bien, si les enfants d’un parent qui les élève en garde alternée ne sont pas domiciliés chez lui, son ménage n’est pas considéré comme une famille monoparentale. Ces exclusions, valables pour les deux pays étudiés, sont des limites à une interprétation exacte du phénomène.

Les familles monoparentales Cette planche s’intéresse à la répartition spatiale des familles monoparentales dans l’euro-métropole lilloise. Une famille monoparentale comprend un parent isolé et un ou plusieurs enfants célibataires (n'ayant pas d'enfant) (INSEE, 2016). C’est majoritairement des mères seules qui se trouvent à la tête des familles monoparentales (EBOOSERE P. D., 2009, p. 77). Au cours des dernières décennies, ce type de famille s’est développé un peu partout un Europe : le nombre croît (graph 1.) mais avec des fortes disparités selon les pays. Cette évolution contribue ainsi à la diversification des formes familiales observée dans les pays occidentaux (EYDOUX A. et LETABLIER M.-T., 2009, p. 21). Aux échelles nationales, le département français du Nord affiche un des taux de familles monoparentales les plus élevés de France métropolitaine et le Hainaut occupe une place similaire dans les statistiques belges. Il est bien établi que les familles monoparentales, et en particulier les jeunes mères isolées, forment généralement un des groupes socio-économiques les plus fragiles de la société (DAVID O., QUINTIN P., SECHET R., 2001-2002) (graph. 2). Si traditionnellement, cette situation familiale résultait plutôt du décès de l’un des deux parent (souvent du père), elle apparaît aujourd’hui davantage comme la conséquence d’un divorce ou d’une séparation et concerne majoritairement des mères (graph. 1). La France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique présentent des chiffres importants et sont caractérisés par une mo-

Graph 1. Source : INSEE noparentalité causée majoritairement par un divorce ou une séparation (EYDOUX A. et LETABLIER M.-T., 2009, p. 21). L’analyse de leur répartition spatiale est donc un indice de la géographie de la précarité. En déterminant où ce type de famille se localise dans la région étudiée, on peut mettre en avant certains lieux de concentration des précarités et des inégalités spatiales. Ainsi, il s’agira ici notamment de faire des liens avec d’autres indicateurs socio-économiques présents dans cet atlas, tels que le niveau de revenu et le niveau de diplôme, afin de dé-

Un phénomène peu homogène La répartition spatiale de la part de familles monoparentales dans l’euro-métropole lilloise montre plusieurs contrastes. D’abord, on constate une rupture entre la France et la Belgique, la seconde connaissant une part plus importante des familles monoparentales parmi ses ménages en général. Deuxièmement, on peut identifier à l’intérieur de la part belge de l’euro-métropole lilloise une différence entre la Flandre et la Wallonie : cette dernière est caractérisée par une présence plus importante du phénomène que la première. Il s’agit d’une tendance générale à l’échelle du pays (en 2011, la Wallonie compte 12 % de familles

Graph. 2

monoparentales parmi ses ménages ; la Flandre, seulement 8 %) (CENSUS 2011). Troisièmement, on remarque à l’intérieur de la France une opposition entre les milieux urbains (axe Lievin, Lens, Douai, Valenciennes ; Arras et Cambrai) et ruraux, qui connaissent des pourcentages plus modérés et surtout plus instables de familles monoparentales : des communes à très faibles pourcentages côtoient des communes à hauts pourcentages. Cette observation est valable également pour la Flandre mais pas pour la Wallonie, où les chiffres sont assez homogènes. Il faut toutefois noter l’exception de Lille, caractérisée par une part plus faible que les autres villes.

Éléments d’interprétation Deux axes permettent d’interpréter cette répartition spatiale : d’abord, la comparaison avec les indicateurs socio-économiques de revenus et de diplomation ainsi qu’avec la présence de milieu urbain ; ensuite, des éléments d’ordre historique. Afin d’expliquer la répartition des familles monoparentales sur le territoire de l’euro-métropole lilloise, il est intéressant de la comparer avec celle d’autres indicateurs socio-économiques. Ainsi, on retrouve certaines ruptures de la répartition des familles monoparentales dans la zone étudiée dans la carte du revenu moyen par ratio national. La Flandre s’y distingue relativement bien de la Wallonie par un niveau de revenus plus élevé et les zones urbaines françaises marquent une nette différence avec les zones plus rurales. Ainsi, la comparaison des deux cartes souligne une éventuelle corrélation géographique entre bas revenus


et présence importante de familles monoparentales, notamment en Wallonie, à l’Ouest de la Flandre et dans les régions urbaines françaises. En effet, les familles monoparentales ont des revenus moyens moins élevés que les autres ménages et connaissent deux fois plus souvent des situations de pauvreté que l’ensemble des familles avec enfants (DAVID O., QUINTIN P., SECHET R., 2001-2002, pp. 347-390). Cette situation est le résultat d’une part du fait qu’elles ne comportent qu’un parent (et donc un seul revenu) et d’autre part, du fait qu’elles sont essentiellement dirigées par des femmes (à 80 % dans la région étudiée), encore victimes de discrimination sur le marché de l’emploi (DAVID O., QUINTIN P., SECHET R., 2001-2002, pp. 247-290). De plus, elles sont moins diplômées, comme l’explique le paragraphe suivant. En comparant la répartition des familles monoparentales dans l'euro-métropole lilloise et celle du faible niveau d'éducation, on constate qu'il y a une corrélation en France entre les zones où le faible niveau d'éducation est important et où la proportion de familles monoparentale est significative. Il s’agit d’une relation bien établie dans la littérature : pour les femmes, il existe une forte corrélation entre être à la tête d’une famille monoparentale et le diplôme. Ce lien s’explique par la précocité du calendrier familial des femmes les moins diplômées et des ruptures d’unions avec enfants plus fréquentes pour cette catégorie (BARBIERI M., MAZUY M. et PRIOUX F., 2010, pp. 421474). La carte « faible niveau d'éducation » ne permet pas de faire la même observation pour la partie belge de la région étudiée. La comparaison entre la répartition des familles monoparentales et la densité de population permet de mettre en évidence leurs similarités et divergences. La densité de population et la présence de familles monoparentales semble assez bien corrélées dans l'axe urbain Lievin-Lens-Douai-Valenciennes ainsi qu'à Arras, Cambrai et dans les villes de la frontière franco-belge (à l'exception de Lille, traitée ci-dessous). En effet, la monoparentalité reste un phénomène essentiellement urbain : « les observations faites à l’échelle communale dans plusieurs départements soulignent la concentration des familles monoparentales dans les aires urbaines, et plus particulièrement dans les villes centres » (DAVID O., QUINTIN P., SECHET R., 2001-2002, p. 260). Cette concentration urbaine se justifie sur deux plans : d’abord, les revenus faibles de ces ménages limitent leurs choix résidentiels et favorisent le regroupement spatial des populations défavorisées ; ensuite, beaucoup de familles monoparentales ne possédant pas de voiture, leurs possibilités en termes de mobilité sont limitées (DAVID O., QUINTIN P., SECHET R., 20012002, p. 260). Toutefois, la part wallonne de l'euro-métropole présente une densité peu élevée qui s'accompagne cependant d'une part très élevée de familles monoparentales. Il semble donc qu'en Flandre et en France, les familles monoparentales soient plus présentes en région urbaine mais que ce lien se vérifie peu pour la Wallonie, où leur part est importante de façon assez homogène. Ces indicateurs informent de façon concrète sur la relation entre précarité et familles monoparentales : on constate que leur répartition correspond à celle des groupes sociaux les plus faibles économiquement. Outre ces comparaisons avec d’autres indicateurs, certains éléments peuvent nous guider dans l’interprétation de la répartition spatiale des familles monoparentales dans l’euro-métropole lilloise. Ainsi, un retour sur l’histoire nous permet de mieux comprendre le contraste entre la Flandre et la Wallonie, région

qui respecte peu les corrélations en termes de niveau d’éducation ou de densité de population. En effet, il faut prendre en compte l'histoire de la diffusion de la cohabitation hors mariage en Belgique, d'abord sans et puis avec enfants : en relation avec la sécularisation progressive de la société, le phénomène apparaît au début dans le triangle wallon (Tournai, Couvin, Liège/Verviers), s’élargit ensuite dans un second temps aux Ardennes et au Sud de la Wallonie et seulement plus tard à la Flandre. Cette cohabitation hors mariage avec parenté mène plus facilement à la position de parents isolés. Cet élément historique explique au moins partiellement le caractère fortement wallon de la répartition des familles monoparentales. En Flandre, le phénomène semble réservé aux villes (EBOOSERE P. D., 2009, pp. 89-91). Si à l’échelle de la France, une transition similaire a lieu prioritairement dans les contextes urbains, en Belgique, cette transition opère essentiellement dans l’ancienne ceinture industrielle et dans les nombreux arrondissements ruraux proches, souvent faibles socio-économiquement (LESTHAEGHE R. et NEELS R., 2002, p. 346). Cette élément permet d’expliquer le caractère principalement français de la relation villes et familles monoparentales dans la zone étudiée. En conclusion, dans l’euro-métropole lilloise, les familles monoparentales se répartissent principalement dans les espaces urbains (particulièrement dans les parties française et flamande de la zone étudiée), et dans les zones où les revenus et le niveau de diplôme est faible. La Wallonie connaît des taux importants, en lien avec son histoire.

Cas particuliers

pothèse de l’éviction. Elle montre qu’en réalité, c’est le découpage statistique de la carte principale qui fait disparaître les familles monoparentales, pourtant bien présentes. Elles sont peu présentes dans le centre-ville et se retrouvent en périphérie proche. Le Sud du Hainaut présente une situation assez marquée : cette région présente des taux très importants du phénomène et de façon assez homogène. Cette spécificité peut s’expliquer d’abord par le passé du triangle wallon qui, comme expliqué plus haut, a connu une transition plus précoce vers la cohabitation hors mariage, qui mène plus rapidement à une position de parent isolé. Aussi, il faut mettre en relation ces forts pourcentages avec la faiblesse socio-économique des populations de ces régions. Concernant le Sud de Valenciennes, on peut émettre l’hypothèse que cette instabilité est due aux faibles nombres de ménages qui se trouvent dans ces entités. Ainsi, les probabilités d’avoir des résultats forts différents de communes en communes sont plus fortes. Toutefois, en comparant cette répartition avec une carte topographique, il apparaît rapidement que certaines entités hors zones urbaines qui présentent un pourcentage important de familles monoparentales comprennent en fait un noyau urbain (exp. : Le Quesnoy.) On vérifie ainsi les constats dressés plus haut : la monoparentalité est essentiellement un phénomène urbain. L’étude de l’immobilier des localités pourrait apporter des réponses. En effet, les familles monoparentales ont tendance à vivre davantage en logements sociaux (17 % en Belgique) et elles ont aussi plus susceptibles de se retrouver dans un logement au confort insuffisant ou élémentaire (EBOOSERE P. D., 2009, p. 133). Pourtant, il n’y a pas de logements sociaux dans cette zone, à l’exception de la ville de Valenciennes (source : ASSO-

CIATION GENERALE POUR L’HABITAT : NORD-PAS-DECALAIS, 2017). Concernant le prix de l’immobilier et le loyer au m², il ne semble pas déterminant puisqu’il est assez constant dans cette zone (source : LA COTE IMMO, 2017). L’explication par la répartition du parc entre propriétaires et locataires est aussi limitée : si par exemple, pour le Quesnoy (14 % de familles monoparentales et 52 % de locataires) et Sepmeries (5 % de familles monoparentales et 9 % de locataires) elle semble pertinente, il ne semblent s’y avoir aucune corrélation dans d’autres communes comme Beaudignies (5 % de familles monoparentales et 9 % de locataires) ou Escarmain (14 % de familles monoparentales et 16 % de locataires.) (source : SELOGER.COM, 2017). L’immobilier ne semble donc pas déterminant pour expliquer l’instabilité du phénomène. Le groupe des familles monoparentales n’étant pas complètement homogène socio-économiquement, on peut émettre l’hypothèse qu’il s’agit de ménages au profil différent que ceux rencontrés en ville : plus aisés et moins précaires.

Conclusion Ce travail portait sur la répartition des familles monoparentales dans l’Euro-métropole lilloise et tentait de mettre évidence ses facteurs explicatifs. Il posait la question des liens entre la géographie des familles monoparentales et celle de la précarité. Si ce lien est bien documenté dans la littérature, la comparaison de la carte étudiée avec celles sur les revenus et du faible niveau d’éducation a également permis de constater que ce type de ménage se situe majoritairement aux mêmes endroits que les groupes sociaux économiquement faibles : dans les villes françaises et dans le Hainaut. Toutefois, ces éléments ne sont pas suffisants pour expliquer leur primauté en ces régions : pour cela, il faut également mobiliser l’argument historique de la diffusion de la cohabitation hors mariage, précoce dans le triangle wallon, qui facilite le passage à un parent isolé. Si ces deux grands facteurs permettent globalement de saisir les mécanismes de la répartition spatiale des familles monoparentales, ils ne permettent pas d’expliquer certains cas particuliers tels que les situations de Lille, du Quiévrain ou du Sud de Valenciennes, pour lesquels il faut mobiliser des éléments de type statistique ou changer d’échelle.

A l’intérieur de l’euro-métropole lilloise, certaines zones présentent des situations atypiques par rapport aux grandes tendances décrites plus haut. J’ai ainsi identifié trois situations particulières : Lille, seule ville dont le pourcentage de familles monoparentales est peu élevé, la région du Quievrain qui présente des taux particulièrement importants et la région au Sud de Valenciennes où des communes au pourcentage très élevé côtoient des entités au pourcentage très1 faible. Vu le type de sujet, il aurait été intéressant de réaliser des entretiens avec les chefs de familles monoparentales pour comprendre leur choix résidentiel. Toutefois, n’ayant pas réalisé cet important travail, j’ai tenté d’expliquer ces particularités par la littérature (pour le cas de Lille) et des cartes topographiques (pour le Sud de Valenciennes). Lille La commune française de Lille connaît une situation particulière : par rapport aux autres zones urbaines, elle présente un pourcentage de familles monoparentales assez bas tandis que les communes qui l’entourent sont caractérisés par des taux assez élevés. Il faut d’abord noter que cette spécificité se retrouve également dans la répartition du faible niveau de diplôme : Lille présente un niveau moins important de faible diplômés que les autres villes françaises de la région. On pourrait émettre l’hypothèse que le statut de Lille comme métropole pousse à l’éviction vers la périphérie des groupes sociaux précaires, tels que les familles monoparentales. Si la recherche indique plutôt que Lille suit un modèle plutôt nord-américain, avec une concentration de l’exclusion dans le centre-ville (CHALARD L. et DUMONT G.F., 2010, pp. 4-7), l’analyse de la répartition des familles monoFond de carte issu de : A. DASDRE, Les mesures du regroupement spatial des populations. Aspects parentales lilloises à une échelle plus fine (carte ci-contre : en méthodologiques et applications aux grandes aires urbaines françaises, Bordeaux, 2012, p. 342. rouge les zones où les ménages monoparentaux sont sous-représentés, en bleu où ils sont surreprésentés) corrobore plutôt l’hy-


La période des 30 glorieuses

Les étrangers Introduction Sur cette planche d’atlas, nous nous intéresserons au pourcentage d’étrangers présents dans la région du Grand Lille et nous essaierons de répondre à plusieurs questions : Quelle est l’histoire de l’immigration dans la région étudiée ? Qui sont les étrangers habitant sur ce territoire et pourquoi se sont-ils installés dans cette région ? Comment expliquer la répartition des étrangers à l’intérieur du territoire étudié ? Pour répondre à ces questions nous allons aborder les différentes vagues d’immigration dans l’ordre chronologique en nous appuyant sur divers documents dont des cartes thématiques du territoire.

Avant la deuxième guerre mondiale Du milieu du XIXe siècle jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, l’Europe a surtout été un lieu d’émigration, la principale destination étant l’Amérique. Il y a toutefois eu des flux d’immigration intraeuropéens. En effet pendant la première guerre mondiale, la France a subi de grandes pertes démographiques. Elle a perdu de nombreux hommes durant les combats et son taux de natalité au sortir de la guerre est plus bas que ses pays voisins comme la Belgique, l’Italie ou encore la Suisse, qui eux ont vu leur population augmenter pendant la guerre. De plus le coût des terres y est moindre et en grande disponibilité. « En résumé, pénurie d’hommes et excès de terre en France, pléthore d’hommes et manque de ressources chez certains de nos voisins [...] les étrangers viennent chez nous combler les vides. » (Les étrangers dans les campagnes françaises. G. Mauco. 1926). Cela peut en partie expliquer la provenance des étrangers dans les campagnes françaises. Si l’on regarde ci-contre et ci-dessous les diagrammes de la provenance des étrangers pour trois cantons français on remarque que Saint-Omer, canton majoritairement rural, a beaucoup plus d’étrangers européens que Lille ou Lens. Puis à partir de 1945, les tendances se sont inversées et les pays d’Europe sont devenus des foyers d’accueil de migrants.

Avec le relancement économique d’après-guerre, cette région à cheval entre les deux pays est devenue particulièremen t attractive pour les étrangers qui cherchent du travail, notamment grâce à la présence de ses trois secteurs industriels demandeurs de main d’œuvre peu qualifiée : l’industrie du charbon, de la métallurgie et du textile. En effet une partie des sous-sols de cette région abrite de grandes réserves de charbon et l’exploitation minière y existe depuis le XIIIe siècle. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la Belgique et la France eurent besoin de main d’œuvre pour reconstruire le pays et firent appel à des migrants pour venir combler leur manque d’ouvriers. Si les deux pays n’ont pas exactement la même histoire, ils ont suivi le même schéma. Tout d’abord ils ont accueilli des migrants venus des colonies ayant nouvellement acquis leur indépendance (Congo belge en 1960 ; colonies françaises entre 1954 et 1963), d’ailleurs ce phénomène a été plus prononcé en France, ce qui s’explique par le nombre plus élevé de colonies qu’elle possédait. Ensuite, la Belgique et la France ont passé des contrats avec les pays d’Europe du sud pour importer des travailleurs (Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Turquie etc.).

2,39%

De 1970 à nos jours A la fin du XXe siècle, avec le choc pétrolier et le début des fermetures des grandes industries en Europe (pour cause de délocalisation, mécanisation ou encore concurrence induite par la mondialisation), ces pays qui étaient autrefois demandeurs d’ouvriers ont changé leur politique d’immigration. Face à leur récente incapacité à absorber le surplus de main d’œuvre provenant des pays moins développés, ils ont progressivement fermé leurs frontières. Mais ça n’a pas stoppé pour autant l’afflux des migrants. Une grande partie de l’immigrat io n maghrébine a été justifiée par le regroupement familial. Bien que toujours motivée par l’espoir de trouver un travail, les printemps arabes témoignent également de raisons politiques pour ces immigrations. De plus, les pays comme l’Italie et l’Espagne ont vu leur économie se fortifier et sont devenus à leur tour pays d’accueil plutôt que foyer d’émigration. Un flux d’immigrat io n est-ouest intra-européen s’est alors mis en place, facilit é notamment par les accords Schengen de 1985 et l’intégration de nombreux pays de l’est dans l’Union Européenne entre 2004 et 2007 (par exemple la Bulgarie, la Roumanie ou encore la Pologne).

Données : Census 2011 de la Direction générale Statistique en Belgique et données du recensement de 2013 de L’institut national de la statistique et des études économiques en France

9,28% 4,24%

Intéressonsnous de plus près au cas des migrants italiens venus s’installer en Belgique. Si l’on regarde la carte de la provenance des étrangers en Belgique, sur la deuxième page de ce thème, on voit que les communes du bassin minier présentent une forte proportion d’étrangers d’origine du sud de l’Europe (plus de 75% dans la commune de Bernissart) dont la plupart sont italiens. Au sortir de la guerre, les Affiche italienne énumérant les belges n’ont plus voulu avantages à travailler dans les descendre dans les mines mines Belges. or il fallait bien faire Source : http://minedhistoires.org fonctionner l’industrie du charbon pour relancer l’économie du pays. La Belgique est donc allée chercher de la main d’œuvre dans d’autres pays et l’Italie a répondu favorablement à son appel. Ils ont passé un contrat en 1946 stipulant que l’Italie enverrait de la main d’œuvre en Belgique en échange d’un prix avantageux sur le charbon.


Plus d’étrangers dans les villes que dans les campagnes Sur la carte du pourcentage d’étrangers il y a deux logiques de distribution qui se dégagent. Nous allons d’abord analyser le côté français. Les pourcentages les plus élevés d’étrangers se trouvent dans les cantons des grandes villes (Roubaix avec plus de 16% , Mons -en-baroeul directement à l’est de Lille avec 10%, Lille avec plus de 9% et juste après Tourcoing). Les campagnes, elles, présentent une présence plus faible d’étrangers, leurs pourcentages atteignant rarement plus de 3%. Pourquoi y-a-t-il plus d’étrangers qui s’installent dans les villes que dans les campagnes ? Pour comprendre où s’installent les étrangers, il faut comprendre ce qu’ils sont venus chercher en priorité. Comme vu dans l’introduction, les migrants après la deuxième guerre mondiale sont venus chercher un emploi pour accéder à une meilleure qualité de vie, c’est donc tout naturellement qu’ils se sont installés tout près des zones d’activités. Dans cette région les activités les plus demandeuses d’emplois après la seconde guerre mondiale étaient les mines d’extraction du charbon qui étaient alors situées sur les plateaux hennuyers en Belgique (au sud de la carte, juste à l’est de la frontière nationale) et en France dans le bassin minier. En effet, si l’on compare le document ci-contre à celle du pourcentage d’étrangers sur la carte, on voit que les villes se sont naturellement développées près des mines d’extraction pour la proximité du lieu de travail et par conséquent la proportion d’étrangers y est plus importante. Maintenant, même si les mines ont fermé à la fin du XXe siècle, les étrangers qui migrent dans l’espoir de trouver du travail se dirigent toujours vers les lieux les plus susceptibles de leur offrir un emploi : les villes (Lille, Roubaix ou Valenciennes par exemple). Voilà pourquoi nous avons aujourd’hui plus d’étrangers en ville qu’en campagne., parce que ceux-ci s’installent là où il y a du travail.

La différence Wallonie-Flandre

Atlantico.fr). De plus il faut prendre en compte le fait que tous les émigrés ne sont pas repris dans ces comptes car ils peuvent rester domiciliés officiellement en France et habiter dans un autre pays, chose d’autant plus facile s’ils s’installent dans un pays qui fait partie de l’Union Européenne. D’où vient cet engouement particulier pour la Belgique ? Tout d’abord il est intéressant de remarquer que ce s ont les communes wallonnes qui sont le plus touchées par le phénomène, pour la facilité de la langue, et que parmi elles ce sont les communes les plus proches de la frontière qui présentent les taux les plus élevés, pour la proximité de la frontière et donc la rapidité de passage d’un pays à l’autre. Mais cela n’explique pas pourquoi les français émigrent . Selon la littérature et les médias, les français s’en iraient en Belgique pour des raisons fiscales, comme l’absence d’impôt sur la fortune (ISF) qui attire des français aisés de l’autre côté de la frontière. Gérard Depardieu en est un bon exemple, d’après l’Express il aurait quitté la France pour l’absence d’ISF d’une part mais pas uniquement. « L'autre avantage fiscal de la Belgique, c'est la taxation beaucoup plus faible des plus-values de cession, des successions et donations. » (L’express). Il vit maintenant dans la commune de Comines-Warneton, une des communes avec plus de 90% d’étrangers français.

Maintenant que nous avons retiré les français qui « faussait » le pourcentage d’étrangers, on retrouve d’une part la logique ville-campagne que l’on avait en France, mais aussi un écart entre la Flandre et la Wallonie. Cet écart est lié au take-off que connaît la Flandre pendant les « Golden Sixties ». Avec le ralentissement puis la chute de l’industrie minière dans le bassin industriel Wallon et d’autre part le relancement économique de la région flamande, l’écart entre les deux régions se creuse. Mais à quoi est dû cette avancée en Flandre ? « […] c’est principalement dû aux flux massifs d’investissements étrangers […]La position centrale de la Belgique les a attirés ainsi que la législation d’expansion économique de juillet 1959. Ces investissements étrangers, à 90% industriels, ont été drainés principalement vers la région flamande […]. » (La situation économique de la flandre et le mouvement flamand. Jacques Nagels.2002). Cet écart ne se creuse plus aujourd’hui mais la Flandre reste économiquement en avance sur la Wallonie. C’est donc pour cette raison que les étrangers se dirigent préférentiellement vers la Flandre quand ils cherchent du travail. D’ailleurs si l’on regarde la carte de l’accroissement annuel de la population, le phénomène se confirme. Cela expliquerait aussi pourquoi il y a plus d’étrangers en provenance des pays de l’Europe de l’est chez les flamands : leur immigration est plus récente et la Flandre était donc déjà plus attrayante à ce moment. Données : Census 2011 de la Direction générale Statistique

Pourcentages moyens d’accroissement du PIB des provinces flamandes et wallonnes de 1956 à 1968

Source : La situation économique de la Flandre et le mouvement flamand. Jacques Nagels.2002

Les communautés d’étrangers Il est intéressant de noter qu’il arrive que certaines origines soient plus représentées que d’autres, sans pour autant qu’il y ait un lien historique. Les turcs à Saint-Omer en sont un bon exemple. Pourquoi ce regroupement par origine se produit-il ? Par facilité d’intégration. En effet « […] la concentration spatiale donne lieu à la formation de quartiers immigrés. Par ailleurs, toute l’histoire de l’immigrat ion montre aussi que cette concentration correspond également au souci de pouvoir reconstituer dans un premier temps un espace de convivialité et de solidarité où les habitudes culturelles (occupation de l’espace public, magasins, etc.) du pays d’origine peuvent se reconstituer et se déployer. » (Une brève histoire de l’immigration en Belgique. Marco Martiniello et Andrea Rea. 2012. Page 41) Il est donc tout à fait envisageable que ces « quartiers d’immigrés » influence la provenance des étrangers à plus grande échelle, surtout quand le pourcentage d’étrangers est assez faible.

L’effet frontière

Conclusion

Sur la carte du pourcentage on voit une nette rupture à la frontière qui sépare les deux pays. En Belgique les valeurs les plus élevées se trouvent dans les communes voisines de la France, qu’elles soient associées à une grande ville (Mouscron avec 18% d’étrangers) ou non (Mesen, 13% ou Quiévrain, 12%). On remarque aussi que le phénomène est plus marqué en Wallonie qu’en Flandre. Deux commues ressortent même avec un pourcentage supérieur à 25% : Estaimpuis et Comines-Warneton. Si l’on regarde le détail de la provenance des étrangers en Belgique on comprend l’effet frontière qui se dégage de la carte : dans certaines communes la communauté française constitue plus de 90% de la population étrangère. Ci-contre, une deuxième carte nous montre à la fois le pourcentage des français parmi les étrangers (trame de fond) et la proportion des autres étrangers (diagrammes circulaires). Il semblerait donc que les français émigrent pour aller habiter en Belgique, juste derrière la frontière. Le phénomène d’émigration française a pris de l’ampleu r entre 2007 et 2012 et les destinations principales sont les pays frontaliers (Suisse, Allemagne, etc.) mais la Belgique présente une progression particulièrement importante : en 5 ans le taux d’émigration vers ce pays a augmenté de 35%. (Source :

De nos jours, de nombreux pays connaissent une immigration importante, leurs habitants fuient entre autres : la pauvreté économique ; des régimes politiques de dictature ; des guerres et les famines qui les accompagnent bien souvent ; des catastrophes écologiques ou même plusieurs de ces raisons à la fois (source : sott.net). La plupart des pays actuellement dans cette situation se situent dans le Moyen-Orient ou en Afrique. Si la plupart de leurs migrants vont se réfugier dans les pays avoisinant, d’autres vont tenter d’atteindre les portes de « l’eldorado européen ». D’une autre part, si ce sont les villes et certaines régions dynamiques qui attirent les migrants aujourd’hui, les phénomènes peuvent encore s’inverser. Une région peut se redynamiser ou au contraire perdre de sa compétitivité, ou bien les migrants peuvent se diriger plutôt vers les campagnes si les villes deviennent saturées, par exemple. Les paramètres qui régulent l’immigrat ion peuvent donc changer sur des temps courts. Or, de nombreux enjeux, politiques comme économiques ou sociaux, sont liés à ces flux de migrants, il est donc important de les comprendre au mieux.


explication ne peut être la seule, puisque la différence de mortalité existait déjà en 1947, la Wallonie bénéficiant alors d’une prospérité plus favorable que la Flandre. Cette inégalité régionale peut également s’expliquer par les profondes différences culturelles qui existent à ces endroits depuis bien longtemps (comme le rapport au vélo en Flandre, qui représente une part importante des navettes domicile-travail).

La mortalité, une question de style de vie? Dans un contexte démographique, l’étude de la mortalité est d’une importance considérable. Ensemble avec la natalité et la fécondité, elle renseigne notamment sur de nombreux aspects de la vie dans la région étudiée, telles que les conditions sanitaires par exemple. Nombreux sont d’ailleurs les indicateurs qui permettent de quantifier ce phénomène. Le taux brut de mortalité, l’espérance de vie, la vie probable, l’âge modal au décès… Le plus simple d’entre eux, mais également le moins précis étant sans aucun doute le taux de mortalité. Il se calcule en divisant le nombre de morts d’une période donnée par la moyenne de la population à cette période et dans un territoire donné. Néanmoins, la précision et l’utilité d’un tel indicateur restent très limitées: le taux brut de mortalité ne tient pas compte de la structure par âge de la population, or la probabilité de décès augmente avec l’âge. Dès lors, les territoires à population âgée enregistrent des taux plus élevés que ceux d’un territoire à population jeune, quand bien même ceux-ci ont une probabilité de décès par âge égale. Afin d’étudier la mortalité de façon plus précise, nous avons ici utilisé un indice comparatif de mortalité (figure 1): il s’agit du rapport entre le nombre de morts observés par commune et le nombre de morts que l’on s’attendrait à observer si les taux de mortalité par âge de l’ensemble du territoire avaient été appliqués à la population de la commune.

Mortalité élevée, vestige du niveau de vie dans les anciennes zones minières La figure 3 est un graphique de l’indice de mortalité en fonction du revenu médian pour les communes et cantonvilles de la région étudiée. On peut voir qu’il existe une corrélation entre ces deux variables : l’indice de mortalité augmente lorsque le revenu diminue. On peut donc admettre qu’il existe une relation entre la mortalité (et donc la santé publique) et le statut socio-économique. Mais quels autres liens peuvent être faits ? La littérature nous dit que les conditions de travail, de logement, les styles de vie et les niveaux d’instructions sont autant de facteurs possiblement liés à la mortalité. En fait, tous ces facteurs sont liés au statut socio-économique et il serait difficile d’en séparer les effets.

Nombre de morts réels

Nombre de morts théoriques selon la population de référence

Avec:
 - population de référence = la somme des populations de Wallonie, Flandre et Nord-Pas-de-Calais - morts théoriques = les morts qu’on s’attendrait à observer si le taux de mortalité de la population de référence était appliqué aux effectifs des communes étudiées Cet indice varie entre 0 et 2, avec la valeur 1 représentant une sorte de moyenne territoriale. Toutes les communes se trouvant en dessous de cette moyenne seront dites en « sous-mortalité », celles se trouvant au-dessus en « surmortalité ».

La répartition spatiale A première vue, la répartition spatiale de la mortalité sur la figure 1 dans la région étudiée parait peu structurée. Il n’y a pas de différence prononcée entre les deux pays, ni régions. En comparaison avec d’autres cartes de cet atlas, la carte ne présente pas vraiment un schéma clair. Néanmoins, après une lecture un peu plus poussée, on peut discerner une certaine répartition spatiale.

Figure 1 : carte de l’indice comparatif de mortalité dans la région du Grand Lille. Les grandes zones de sous-mortalité forment un axe Nord-Sud au centre de la carte. Ces zones « bleues » englobent une large majorité des communes flamandes, l’ensemble du périmètre autour de Lille (+- 20 km) et s’étendent jusque dans le Sud au niveau de Douai et Arras. Les zones de surmortalité, elles, vont de l’Ouest à l’Est. Depuis l’Ouest de Lens, en passant par Valenciennes et englobant les alentours de Cambrai ainsi qu’une bonne partie de la Wallonie (notamment la Wallonie Picarde).

Flandre – Wallonie, historiquement opposés

des

comportements

Lorsqu’on s’intéresse à la partie Belge du territoire étudié, une réalité saute aux yeux : la différence frappante entre la mortalité des communes Wallonnes et Flamandes. On peut dès lors se demander, quels facteurs influencent cette inégalité ? En fait, l’étude de cette différence remonte à 1977, lorsqu’un rapprochement a été découvert entre la consommation de beurre en Wallonie et de margarine en Flandre, et l’importance de la mortalité causée par les maladies cardio-vasculaires dans ces régions. Suite aux Enquêtes de santé, on a ensuite découvert une série d’autre facteurs de comportement qui expliquent encore davantage cette différence (figure 2) (Grimmeau, 2015)

On peut ainsi observer que dans les provinces flamandes, il y a une tendance plus forte et plus fréquente à consommer des produits reconnus comme sains tels que les légumes, les fruits et le poisson ainsi que de pratiquer une activité sportive régulière. En opposition, les provinces Wallonnes consomment plus souvent des frites et mangent moins de légumes et de fruits. En effet, le pourcentage de personnes sans activité sportive est plus important en Wallonie (35%) qu’en Flandre (29%) (Deboosere, 2006). D’ailleurs, il en est de même pour ce qui est de la consommation de tabac et d’alcool : c’est en Flandre que l’on retrouve les valeurs les plus basses. 5% de consommateurs d’alcool problématiques contre 10% en Wallonie, et 33% contre 35% concernant les décès médicaux dus au tabac. On peut donc affirmer que la différence de mortalité peut partiellement être expliquée par ces différences marquées de comportement. Mais quelles peuvent bien en être les causes ? Pourquoi de tels comportements se sont-ils développés là ? Une explication plausible serait l’influence socio-économique sur les styles de vie. En effet, le PIB par habitant de la Flandre, qui s’élève à 35 640€ en 2013, reste bien supérieur à celui de la Wallonie (25 587€) (Banque Nationale de Belgique, 2013). Il en va de même pour l’emploi dans ces régions : 2 631 851 personnes employées en Flandre contre seulement 1 221 862 en Wallonie en 2012 (Banque Nationale de Belgique, 2013). Cependant, cette

Figure 2: différences de comportement dans les provinces Belges (Grimmeau, 2015)


C’est ce que l’on appelle la « double peine » (Cambois, 2008). On pourrait même aller jusqu’à appeler cela la triple peine, puisque l’ouvrier cotisera aussi longtemps qu’un cadre, pour une durée de vie post-retraite plus courte.

pas la posologie (c’est notamment le problème pour les antibiotiques qui doivent être pris à la dose prescrite pendant une durée donnée, même si les symptômes disparaissent). « Parmi les médicaments qu’ils consomment, la part prescrite est faible : on pratique l’automédication, on consulte les amis ou le pharmacien. » (Grimmeau, 2007). Mais les raisons financières ne sont pas les seules pour expliquer ce rapport très différent à la médecine. Il faut aussi prendre un compte la perception de l’état morbide. En effet, afin de détecter les symptômes d’une maladie et de s’en alarmer, il faut avoir un certain niveau d’instruction. Comme l’explique très bien L. Boltanski dans son article « Les usages sociaux du corps » (1971), il existe un écart considérable entre l’exposition aux risques sanitaires et la façon dont les individus s’en protègent et cet écart est très inégal suivant la classe sociale. En effet, les chiffres de la consommation médicale ont beau être semblables, il faut remettre ces données dans le contexte de chances de vie inégales. De plus, il est important de préciser qu’il existe également un écart entre l’exposition aux risques sanitaires et l’importance de l’expression de cette morbidité, qui lui, croît lorsqu’on descend dans les classes sociales. Il y a donc une inégalité non-négligeable dans le besoin médical ressenti par ces classes.

Mais ce n’est pas tout, le niveau d’instruction (et donc directement la catégorie socioprofessionnelle) a également un impact important au niveau de la mortalité. Tout d’abord concernant le tabac et l’alcool. Un lien a été établi entre la consommation de ces deux substances et le niveau d’instruction (Picheral, 1990). En effet, les personnes au statut social inférieur ont tendance à consommer plus d’alcool et de tabac que celles d’un statut social supérieur. En Belgique, le pourcentage de fumeurs chez les personnes plus scolarisées (22%) est inférieur à celui chez les personnes moins scolarisées (27 à 30%) (Deboosere, 2006). Figure 4: graphique de l'indice comparatif de mortalité en fonction des revenus médians Pour la France, la figure 5 nous montre les proportions de fumeurs dans les différentes Intéressons-nous un instant à cette importante zone de catégories socio-professionnelles. Ici encore, on remarque une surmortalité qui traverse le Grand Lille d’Ouest en Est à travers prévalence de fumeurs chez les ouvriers (pratiquement le double les paysages marqués par l’industrie minière. par rapport aux cadres). Il est néanmoins important de noter qu’au Figure 5 : proportion de fumeurs quotidiens selon la catégorie socio-professionnelles parmi les 18-59 ans en France (en %)

Lens, Liévin, Valenciennes, Bruay-la-Buissière, Béthune… L’histoire de ces villes du bassin minier est semblable. Elles furent les centres de l’industrie la plus importante aux XIX et XXème siècle en Europe : l’extraction du charbon. Quelles peuvent en être les conséquences sur la mortalité actuelle ?

niveau de la consommation d’alcool, la population musulmane fait exception. La pratique d’une activité sportive est également un comportement étroitement lié au niveau d’instruction. En Belgique, 9% seulement des personnes n’ayant suivi qu’un enseignement primaire disent pratiquer un sport de loisir pendant au moins 4 heures par semaine contre 20% des personnes ayant suivi au moins un enseignement secondaire supérieur, c’est-à-dire plus du double ! (Deboosere, 2006). De plus, le souci de l’équilibre alimentaire en est aussi un exemple : les personnes moins scolarisées ont plus tendance à consommer des aliments gras, sucrés et caloriques, et à ne pas favoriser les fibres. « Les ménages à faible revenu achètent aussi leurs aliments dans la distribution de masse plutôt que chez des détaillants de qualité. Or, les produits de l’élevage industriel […] sont plus gras […]. » (Grimmeau, 2007)

Il faut tout d’abord savoir, que la mortalité d’une génération, quelle qu’elle soit, enregistre incontestablement les circonstances du passé. On a donc dans ces régions, une génération d’anciens mineurs ou enfants de mineurs, dont la mortalité a été largement influencée par les conditions dans lesquelles elle a vécu pendant toute une partie de sa vie. Il est inutile de rappeler les conditions déplorables dans lesquelles vivaient les mineurs de l’époque : entassement des familles dans des maisons de taille réduite, souvent très humides et mal éclairées et aérées, facilitant la contagion (Coninx, 1994); l’hygiène personnelle très sommaire (1 logement sur 10 possède une baignoire ou douche en 1954 en France (Grimmeau, 2007)). Aujourd’hui encore, la zone du bassin minier présente une proportion importante d’ouvriers parmi la population active ce qui aboutit à cette mortalité actuelle élevée dans la zone pour plusieurs raisons (Grimmeau, 2007) : Tout d’abord les logements, meilleurs qu’au temps de l’époque minière, restent néanmoins insalubres et peu équipés, augmentant les risques d’accidents à domicile. L’ouvrier court également plus de risque au travail. Il est exposé au risque d’un accident, de maladies et de détérioration de l’état physique et psychique. Comme on peut le voir sur la figure 4, un ouvrier vit en moyenne moins longtemps qu’un cadre (+- 3ans pour un homme). De plus, il vivra avec des incapacités pendant un plus grand nombre d’années (jusqu’à 5 ans de différence avec un cadre).

Pour conclure

Figure 3: Espérance de vie à 35 ans avec et sans incapacité chez les cadres supérieurs et les ouvriers, pour différents indicateurs d'incapacité. Hommes et Femmes, France, 2003

Un autre facteur important de l’influence du statut socioéconomique sur la mortalité est le rapport à la médecine. Les personnes ayant un niveau d’éducation inférieur ont généralement moins le réflexe de consulter un médecin (généraliste et dentiste notamment). Pour des raisons financières, ils attendent aussi plus souvent que la douleur devienne insupportable avant d’agir alors que les personnes des classes supérieures consultent le médecin plus souvent et dès que le symptôme apparait. On note également une différence quant au suivi des recommandations du médecin. Les personnes moins instruites ont plus tendance à négliger les conseils du médecin. Elles n’achètent pas toujours les médicaments prescrits (parfois par souci financier), ou ne respectent

La mortalité est, sans aucun doute, influencée par une série de facteurs qu’il est parfois difficile de séparer. Nous pouvons néanmoins affirmer qu’il existe bien un lien entre la mortalité et les statuts socio-économiques. On peut également admettre que ceux-ci ont une influence très singulière sur les modes de vie des individus. Par transitivité, on a donc « prouvé » que la mortalité est marquée par les modes de vie. Gardons néanmoins à l’esprit que c’est loin d’être la seule explication de la répartition de la mortalité dans la région. La figure 6 nous montre par ailleurs la diversité des influences qui jouent sur la santé des individus.

Zuzanna Cichon.

Figure 6: schéma des déterminants de la santé


L’artificialisation des sols

Une première hypothèse consiste à dire que un fort taux d’artificialisation des sols traduit une forte densité de population.

Contextualisation

Le coefficient de corrélation entre le taux d’artificialisation des sols et la densité d’habitants au km² révèle une relation linéaire positive avec un coefficient de corrélation de 0,74. Un test de non corrélation confirme avec 0,5 pour cent chances de se tromper que la liaison linéaire est statistiquement significative. Le coefficient de détermination indique lui que seulement 55% de la dispersion est expliquée par le modèle de régression.

Le phénomène d'artificialisation se définie comme l’action de remplacer des espaces jusqu’ici occupés par l'agriculture, la sylviculture ou par des espaces naturels par des espaces artificialisés. Les espaces artificialisés sont générateurs de pollutions, de gaz à effet de serre et d’une imperméabilisation des sols. Ils conduisent également à un cloisonnement des espaces naturels, ou, dans une moindre mesure à une fragmentation de ces milieux naturels. C’est dans ce contexte que l’on va analyser quelles sont les communes de l’euro région lilloise les plus sensibles au phénomène d’artificialisation des sols et quels types d’occupation du sol y observe-t-on.

Données utilisées Les données chiffrées ayant servis à la création des cartes et des différents indicateurs proviennent de la base de données CORINE Land Cover, un inventaire de l’occupation des sols à l’échelle européenne. Il exploite des images satellites à une échelle 1/100.000ème, avec la plus petite unité cartographiée à 25 hectares (objets surfaciques) et 100m de largeur pour les éléments linéaires. La limite de 25 hectares empêche la détection de nombreux objets, comme des petits villages ou autres bâtiments isolées. La plus part des routes faisant également moins de 100m de largeur elle ne sont pas non plus digitalisées par l’inventaire. Le taux d’artificialisation est donc sous-estimé. Ne détectant pas non plus des changements plus faibles que 5 hectares, il est possible que une partie des informations sur l’état effectif de l’occupation des sols soit fausse. Les données chiffrés de la population sont issues des divers recensements français et belge obtenus aux dates les plus proches de celles de la base de données CORINE Land Cover, c’est-à-dire les années 1990 et 2012.

Méthodologie Pour réussir à repérer les communes les plus sensibles au phénomène d’artificialisation des sols on va mobiliser plusieurs indicateurs (OSDDT, année ?) ainsi que des documents illustratifs. Nous mobiliserons également la littérature scientifique pour tenter d’éclairer les facteurs à l’origine du déploiement du phénomène dans l’espace étudié.

Une fois que la valeur explicative de cette variable aura été évaluée nous nous pencherons sur la répartition spatiale des hectares nouvellement artificialisés et les types d’occupation du sol concernés. Cette analyse va se faire en trois zooms de façon à couvrir l’intégralité du territoire.

Situation actuelle Analyse spatiale (Carte 1) Sur cette première carte on observe deux axes concentrant les communes possédant les taux d’artificialisation des sols les plus haut. Un axe Nord-Sud, allant de Arras à Courtrai et un axe au Sud Est-Ouest reliant Béthune à Valenciennes correspondant à l’ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. En périphérie de ces deux axes se décline un gradient décroissant au fur et à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains. A l’exception des villes de Tournai, Cambrai et Saint-Omer l’euro région lilloise comprend des « trous » où le taux d’artificialisation des sols est nettement plus faible, particulièrement au Nord-Ouest mais aussi au Sud-Ouest, au Sud, au Sud-Est, au centre-Sud-Est et au centre-Nord-Est.

Corrélation avec la densité de population

Un premier éclairage sera un état des lieux, en indiquant le pourcentage d’artificialisation des sols du territoire par communes françaises et anciennes communes belges (Carte 1). Cette échelle d’analyse va être conservée pour la totalité des indicateurs présents dans ces deux planches d’atlas. L’hypothèse d’une relation linéaire entre la surface artificialisée et la densité de population va être explorée à l’aide d’un test de noncorrélation.

La densité est ainsi positivement corrélée avec l’artificialisation du sol mais la relation explicative ne satisfait pas les besoins de notre analyse. Ce résultat est également à nuancer au vu du manque de précision de la base de données CORINE Land Cover, qui référence 38 communes (sur 1006 communes au total) avec un taux de zéro pour cent de sols artificialisés alors que le recensement révèle la présence de plus de 27.000 habitants dans ces communes. L’artificialisation des sols ne traduit pas le même phénomène dans toutes les communes, un fort taux correspond en général à une importante population mais ce n’est pas systématique. Une cartographie plus fine de l’occupation du sol est nécessaire.

Evolution du phénomène entre 1990 et 2012 Indicateur 1990 – 2012 Hectares nouvellement artificialisés

Belgique

France

4004 ha

13135 ha

Rapport à la superficie totale

1,4 %

2,4 %

Rapport à la superficie bâti

6,8 %

11,3%

Part du résidentiel discontinu

36,2%

58,4%

59,2%

39,1%

7,3%

12,7%

4,3%

4,2%

Part des zones industrielles et commerciales Intensité du niveau de consommation des sols Taux de croissance démographique

Figure 2: Tableau de comparaison des indices

Un clivage franco-belge

Figure 1: Graphique de la droite de corrélation

Un premier regard sur la carte 2.1 (les cartes 2.1, 2.2 et 2.3 sont à la page suivante) nous montre une structure assez éclatée des hectares nouvellement artificialisée. La croissance se situe principalement du côté français, dans la périphérie autour de l’agglomération lilloise jusqu’à la frontière nationale. Passé cette limite administrative la croissance tend à se concentrer autour des

centres urbains les plus artificialisés (Courtrai, Mouscron, Roeselare, Oudenaarde) mais décline rapidement dans leur périphéries respectives. La répartition spatiale du phénomène tend à montrer une croissance plus étalée dans la partie française de l’euro région lilloise alors qu’en Belgique le phénomène se concentre le long des principaux axes routiers. Les résultats du tableau comparatif (Figure 2) soulignent ce clivage franco-belge. L’euro région lilloise ne possède pas un développement uniforme, les particularités nationales se marquent dans l’intensité du niveau de consommation des sols, avec une croissance quasiment deux fois plus rapide en France par rapport à la Belgique pour un taux de croissance démographique semblable. Cet appétit pour la consommation des sols français se retrouve dans la littérature : « En Belgique la consommation d’espace est de 525 m² par habitant et augmente de 4m² par an et par habitant. En France la consommation d’espace est de 710 m² par habitant et augmente de 7m² par an et par habitant. » (COULON, 2009). Il faut dès lors intégrer une nuance nationale dans le phénomène d’artificialisation.

L’importance des échanges marchands La Belgique possède une part majoritaire de zones industrielles et commerciales (Figure 2) dans la croissance des hectares artificialisés. On retrouve ces zones d’activités à proximité des principales infrastructures de transport. Cette proximité est essentielle pour nombre d’entreprises modernes, on retrouve cette logique de localisation partout sur le territoire : « les activités logistique et les entrepôts participent à l’étalement urbain en se concentrant dans la périphérie des villes » (GUERRERO, 2014). Dans cette étude on retrouve de nombreux arguments justifiant la présence des zones d’activités à proximité des principaux nœuds de transports (« dispersion spatiale des flux, minimisation des espaces de stockages, disparition des réserves au profit des activités de ventes… ») et en périphérie des villes (« contexte de forte saturation des centres urbains ») tout en soulignant l’intérêt de leur proximité avec les agglomérations importantes (« C’est uniquement dans ces territoires où les activités logistiques bénéficient à la fois des avantages d’échelle et d’agglomérations inhérentes aux métropoles et d’un accès privilégié aux chaînes d’approvisionnement globales »). Le développement des zones industrielles et commerciales à proximité des principaux axes de transports correspond donc en partie aux besoins de logistique des échanges marchands européens (Figure 3, page suivante). On retrouve l’axe Nord-Sud qui relie Paris à Gand. Les communes présentes sur cet axe sont plus à même de voir des activités industrielles et commerciales se développer que leur voisines moins bien connectées aux autoroutes européennes (Carte 2.2).


Ci-contre la photo d’un lotissement résidentiel récent avec en second plan un espace semi-naturel (des bois et des champs cultivés) et en arrière-plan un village. Cette photo illustre une des formes que prend le bâti résidentiel discontinu.

Figure 3: Corridors de transport et dynamiques territoriales

Le monopôle du résidentiel discontinu Selon les données disponibles la part du « résidentiel dense » est minorisée. Sur la carte 2.2 seul Cambrai au Sud possède une part notable de ce type d’occupation du sol dans la croissance de son territoire artificialisé. Dans le tableau comparatif (Figure 2) la part du « résidentiel discontinu » est la seule comptabilisé, celle du « résidentiel dense » étant proche de zéro dans les deux pays. Cela ne signifie pas automatiquement que les villes se dédensifient, c’est vrai pour Lens ou encore Roubaix mais pas pour Lille par exemple. Mais en comparaison la croissance de la surface résidentielle est monopolisée par le « résidentiel discontinu ». Cet aspect de la croissance de l’artificialisation est visible sur les trois cartes (2.1, 2.2, 2.3) avec l’omniprésence du type « résidentiel discontinu » en périphérie des communes les plus artificialisés mais aussi dans les communes plus éloignées des campagnes attenantes, particulièrement du côté français autour et au Sud de Lille, et ce jusque dans le grand Est de l’euro métropole (de Saint-Omer jusqu’au Nord de Valenciennes). Ce phénomène de périurbanisation est bien traité dans la littérature. On y apprend que : « Ce sont principalement les terres agricoles qui diminuent au profit de l’étalement urbain. » (LEE, 2007). Mais aussi que : « L’habitat pavillonnaire (la maison individuelle) est en progression (« en 2012, ils y représentent 75 % des 160 000 pavillons construits en France, alors que leur proportion n’était en 2009 que de 70 % des 157 000 pavillons alors construits (Caron, 2013 ). ») » (MARCHAL, 2015). Une des raisons avancées est que : « Les politiques publiques sont favorables à l’étalement urbain dans l’absence de réglementation forte et d’un choix clair pour l’automobile et l’offre routière. » (HALLEUX, 2012). Ce dernier propos est à nuancer dans la diversité des politiques publiques des différentes communes sur le sujet.

Conclusion Les facteurs d’influence ici référencés nous permettent de réaliser un type de commune susceptible de voir son territoire s’artificialiser. Une commune française proche d’un centre urbain fortement artificialisé, possédant des terres agricoles ou des terrains constructibles non-artificialisés et bien connectée aux principales infrastructures routières sera sensible à une périurbanisation de type « résidentiel discontinu ». Sa proximité avec les principaux axes de transport autoroutiers va lui ouvrir la possibilité d’une croissance de ces zones industrielles et commerciales. Une commune belge de l’euro région sera plus sensible à ce dernier facteur.


Navettes - Mode de déplacement Avant-propos Le terme navette indique un aller-retour de personnes, des navetteurs, entre leur lieu de domicile et leur lieu de travail. Plus précisément, dans le cadre de cette planche, le terme navetteur regroupe tout membre de la population active occupée de plus de 15 ans, habitant dans la zone étudiée. En ce début de XXIe siècle, la question des transports est devenue cruciale. En Belgique, la réalisation d’un diagnostic des déplacements domicile-travail est, depuis 2005, une obligation légale pour tout employeur belge occupant plus de 100 personnes au sein de son entreprise. En France, le recensement de la population, réalisé chaque année, comprend, entre autres, les modes de transports utilisés ainsi que les déplacements domicile-travail ou domicile-études des communes de plus de 10 000 habitants; les communes d’un nombre d’’habitants inférieur à 10 000 étant exhaustivement recensées tous les cinq ans par roulement. Les collectivités locales, qu’elles soient urbaines ou rurales, accordent une importance considérable aux déplacements de la population et ce pour diverses raisons. En effet, les problématiques liées à la croissance démographique, au respect de l’environnement ou encore à l’économie d’énergie ne peuvent se régler sans prise en considération de politiques de mobilité visant à améliorer la gestion et la répartition des différents modes de déplacement. Cette planche portera une attention particulière à l’usage d’un mode de transport en particulier : les transports en commun, à savoir l’utilisation de bus, trams, métro ainsi que de trains dans le cadre des déplacements domicile-travail.

Répartition spatiale Le phénomène étudié correspond donc à la part de population active (plus de 15 ans) utilisant les transports en commun comme mode de déplacement principal pour rejoindre leur lieu de travail; données relevées à partir du lieu de résidence. On entend par mode de déplacement principal celui avec lequel est parcourue la plus grande distance entre le domicile et le lieu de travail. Les déplacements mixtes ne sont donc pas tous exclus des données utilisées à la réalisation de la carte. De plus, la notion de population active occupée et non occupée n’est pas identique en Belgique et en France. Sur le territoire belge, la population active occupée se compose des travailleurs indépendants et salariés âgés de 15 ans et plus; la population active inoccupée correspond, quant à elle, à la population au chômage disponible pour le marché de l’emploi et en recherche active de celui-ci. En France, au sens du recensement, la population active occupée correspond aux personnes exerçant une profession, aux stagiaires, aux étudiants occupant un emploi et également aux chomeurs exerçant une activité réduite. Ce qui constitue donc une différence majeure dont il faut tenir compte lors de la lecture et de la compréhension de la carte.

En ce qui concerne l’analyse cartographique proprement dite, on distingue, dès le premier coup d’oeil, une différence majeure entre la Belgique et la France; plus particulièrement entre la Belgique, le département du Nord et le département du Pas-de-Calais. La répartition spatiale globale de la carte est,de par cette différence, hétérogène. En effet, sur le territoire belge, on constate une utilisation des transports en commun par les navetteurs globalement plus fréquente que sur le territoire français. A titre d’exemple, on observe très peu de communes avec un pourcentage inférieur à 5.5 côté belge pour plusieurs dizaines côté français; la plupart de ces communes françaises se trouvant dans le département du Pas- de-Calais ainsi que dans le sud du département du Nord La répartition spatiale du Pas-de-Calais marque donc une certaine homogénéité de faibles pourcentages interrompue par quelques amas de pourcentages plus élevés, comme c’est le cas à Arras, Lens ou encore Béthune (commune située au nord-ouest de Lens). La répartition spatiale du Nord est, quant à elle, plus hétérogène avec des pourcentages très élevés à certains endroits (centre de la carte) et des pourcentages très faibles à d’autres (aux alentours de Cambrai). On observe également des amas de pourcentages élevés vers le centre et l’est de la carte. Ces pôles sont au nombre de quatre: trois en Belgique et un France. Le pôle français correspond à l’essentielle partie de la Métropole européenne lilloise. Il est à noter que le pourcentage le plus élevé de navetteurs utilisant les transports en commun de la région étudiée est celui de Lille (33.20%). Côté belge, on trouve un pôle à l’extrême nord-est de la carte, au niveau d’Audenarde (19.96%); un autre constitué par Courtrai et son arrondissement (15.11%) et le dernier s’étendant à l’est de la carte, longeant la frontière avec la France et comprenant Tournai. On peut imaginer une forme de triangle formé par les trois pôles les plus proches de la frontière franco-belge. Ces trois pôles forment en réalité un groupement européen de coopération territoriale nommé l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai.

L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai

essentiellement constitué du réseau ferré. Les autres types de transports en commun n’offrent, au total, qu’une seule ligne véritablement transfrontalière (Moucron - Wattrelos - Roubaix). Les autres lignes traversant la frontière s’arrêtent généralement un voire deux arrêts une fois celle-ci traversée, raison pour laquelle ces lignes ne sont pas considérées comme transfrontalières en tant que telles. On voit donc que,dans le cas de déplacements transfrontaliers au sein de l’Eurométropole, l’effet de frontière est fortement marqué. L’effet de frontière représente une résistance au franchissement des frontières On peut observer ce dernier en termes d’offre ferroviaire où l’on trouve deux à trois fois moins de trains sur les lignes transfrontalières par rapport au réseau ferroviaire national, comme le montre la carte du “Nombre de déplacements transfrontaliers par jour ouvrable.

Cette Eurométropole, créée en 2008, a pour mission principale de favoriser la coopération transfrontalière entre la Belgique et la France. Plus particulièrement, dans le cadre qui nous intéresse, Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène d’effet de elle a pour objectif d’améliorer l’accessibilité de son territoire et frontière : la mobilité de ses habitants tout en privilégiant des modes de - L’offre : à raison d’un train par heure, le niveau de déplacement alternatifs à l’automobile. Pour se faire, service est faible proportionnellement aux pôles de l’Eurométropole a mis en place un Groupe de Travail, Mobilité populations considérées. et Accessibilité, préconisant une gestion commune des transports - La qualité de service : les lignes ferroviaires en commun et autres modes de transport. transfrontalières rejoignent généralement une autre gare où il est nécessaire d’emprunter un autre train pour se rendre Ce groupe a, en 2011, publié un diagnostic mobilité dans lequel au lieu voulu. Ceci implique le cumul des retards la mobilité des personnes occupe une place prépondérante. Il accumulés tout au long du trajet pour les voyageurs dont le ressort de l’analyse que le réseau de transports collectifs terminus se trouve de l’autre côté de la frontière. transfrontalier, à l’échelle de l’Eurométropole donc, est

A noter que le nombre de retard a nettement diminué depuis 2012 suite à la modification des horaires. - La tarification : celle-ci est sensiblement plus élevée pour un trajet transfrontalier que pour un trajet national. De même, le diagnostic datant de 2011, de nombreux efforts ont été fournis depuis lors pour diminuer ces coûts. Aujourd’hui le prix d’un trajet intra-Eurométropole ne coûte pas plus cher qu’un trajet national/ Comme exprimé ci-dessus, plusieurs actions ont déjà été entreprises et continuent d’être réalisées pour améliorer et faciliter les trajets de part et d’autres de la frontière. Les perspectives actuelles de développement de l’utilisation des transports en commun (essentiellement voie ferrée) veulent répondre à trois principaux objectifs : - Fideliser la clientèle actuelle. - Inciter au basculement du mode de transport automobile vers les transports en commun. - Utiliser les transports en commun comme agent facilitant les pratiques transfrontalières, via l’emploi par exemple. Si l’Eurométropole réalise ses perspectives actuelles d’action, il est fort probable que le pourcentage d’utilisation de transports en commun au sein de celle-ci augmente au cours des années à venir.


A côté de cela, on constate une augmentation du nombre de travailleurs dont le lieu de résidence est en dehors de la commune dans laquelle se situe le lieu de travail. Ce phénomène est particulièrement important dans le Nord-Pasde-Calais-Picardie où la proportion de personnes travaillant en dehors de son lieu de résidence atteint 71%, le pourcentage le plus élevé de France. Ce phénomène est amplifié par la périurbanisation. De plus en plus de personnes s’installent dans des communes situées à distance élevée de leur lieu de travail. Cela peut donc entraîner une augmentation conséquente de la population par endroit sans que le réseau de transport en commun ne soit adapté. C’est une explication possible concernant la région du Pas-de-Calais où la fréquence d’utilisation de transports en commun par les navetteurs est très faible. Le réseau de transport express régional du Nord-Pas-de-Calais est le réseau le plus dense de France après celui d’Île-de-France. Néanmoins, d’après la carte schématique ci-dessous, on observe que, dans le Pas-de-Calais, selon l’endroit où se trouve le lieu de résidence, il n’est pas toujours simple de rejoindre les pôles emplois que sont, entre autres, Lille et Paris. On trouve en effet des zones plus ou moins vastes qui ne sont pas ou peu desservies par le TER. Or ces zones sont constituées de nombreux villages.

Interprétation des résultats cartographiques Comme énoncé plus haut, la carte est marquée par la présence de plusieurs pôles de pourcentages élevés. Une relation quant à la position de ces pôles peut être établie; ou plus particulièrement une relation quant à la présence relativement proche de différents pôles emplois. Dans le cas de la Métropole européenne lilloise, la ville de Lille constitue un pôle emploi conséquent. De par ce fait, comme c’est fréquemment le cas pour les régions à haute offre d’emploi, le réseau de transports en commun y est particulièrement développé de façon à permettre un débit important de navetteurs, comme en témoignent, entre autres, les diverses ramifications ferroviaires rejoignant la ville (présentes sur la carte principale). De plus, Paris constitue un pôle emploi extrêmement important attirant une grande partie de la population de la Métropole. Pour les pôles belges de pourcentages élevés en navetteurs utilisant les transports en commun pour se rendre à leur lieu de travail, la proximité de pôles emplois est encore une fois un facteur explicatif de ces pourcentages élevés. En effet, les pôles emploi que constituent, entre autres, Anvers, Gand, Bruxelles, Anvers Charleroi amènent quotidiennement un nombre important de navetteurs. Plus proche et de moindre importance se trouvent également d’autres pôles emplois comme, en Flandre, Audernarde, Waregem, Roulers ou encore Courtrai ainsi que Mons, Tournai et d’autres en Wallonie. Comme déjà exprimé, les pôles emplois amènent un très grand nombre de navetteurs nécessitant la mise en place d’infrastructures permettant et facilitant leur déplacements, comme le sont les transports en commun.

La desserte est marquée par un déséquilibre entre le Nord et le Pas-de-Calais; déséquilibre que l’on retrouve également dans distribution de bus. Cette différence de desserte est un facteur explicatif de la différence de répartition spatiale entre le Nord et le Pas-de-Calais observée sur la carte principale de l’utilisation des transports en commun (2011).

Répartition des différents modes de déplacement De manière à avoir une vision plus globale des transports en commun par rapport aux autres moyens de déplacement, le graphique en camembert ci-contre nous indique la répartition modale des différents modes de déplacement des navetteurs. Par souci de données, on ne s’intéressera ici qu’à la répartition en Belgique. En effet, les données françaises obtenues par le recensement de la population ne différencient actuellement pas les différents moyens de transports. Sans grande surprise on retrouve, très largement devant, la voiture comme moyen le plus utilisé pour se rendre à son lieu de travail. En second lieu vient le vélo. Il est particulièrement développé en Flandres dû au relief très peu marqué de la région. Côté wallon, son utilisation est moins fréquente bien qu’en hausse depuis plusieurs années. Viennent ensuite les transports en commun. On distingue une nette différence entre l’utilisation du train et l’utilisation des bus/tram/metro. Cette différence s’explique essentiellement par le fait que les distances parcourues par les bus/tram/metro sur une même ligne sont nettement inférieures à celles parcourues par les trains. Les pôles emplois attirent une majeure partie de la population provenant des quatres coins de la Belgique. Le train permettant de plus longs déplacements, il s’impose comme le transport en commun le plus utilisé par les navetteurs. Ce phénomène est d’ailleurs présent sur la carte de la page précédente où l’on peut observer les lignes de chemin de fer reliant des zones relativement éloignées. Le pourcentage de covoiturage est également en évolution. On remarque que sa valeur ne diffère que très peu de celle des bus/tram/métro. Ceci s’explique par le fait que le covoiturage offre les mêmes avantages que les transports en commun, en plus de la possibilité de ne pas suivre un tracé de route bien précis. Il permet de réduire les émissions de CO2 par navetteur et de diminuer le coup des déplacements. La marche à pieds ne représente, quant à elle, qu’une faible part du mode de déplacement utilisé. En effet la marche ne permet pas de se rendre à des distances éloignées du lieu de domicile. Il correspond donc essentiellement aux populations travaillant dans leur commune de résidence ou à quelques kilomètres de celle-ci. Thibault Massaux


* Bibliographie •

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