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Nov•Dec 2015
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TEXTE : DAN READ • PASCAL FRANCK
PLANÈTE / McQUEEN & LE MANS
UN NOUVEAU DOCUMENTAIRE LE RÉVÈLE : LE TOURNAGE DE LE MANS A PRESQUE DÉTRUIT MCQUEEN.
“ Il n’était pas Hercule, il était Icare. Steve voulait voler toujours plus haut, mais il ne savait pas quand la cire de ses ailes commencerait à fondre.” Tels sont les mots de John Klawitter, le réalisateur du documentaire tourné sur le plateau du film de 1971, le désormais classique Le Mans. Un jugement plutôt métaphorique sur le héros d’Hollywood lequel, en 1970, perdit pendant quelques mois le fil de son propre scénario. En fait, ce qui posait véritablement problème, c’est que Le Mans n’avait pas de scénario. McQueen était tellement obnubilé par l’idée de filmer au plus près des voitures, il désirait tellement faire partager la sueur et les larmes de la course qu’il avait oublié qu’un film, c’est aussi une histoire. Pour lui, la course automobile n’était pas une simple compétition. C’était un sport de combat violent et il entendait bien filmer ce combat à vitesse réelle. Les voitures prirent le pas sur tout ce qui pouvait donner du sens à l’histoire et les bobines de film s’accumulèrent. Les techniques de prise de vue permirent d’enregistrer des images encore inédites à ce jour et le budget comme le planning furent bien vite relégués aux oubliettes. Le tournage débuta au cours des 24 Heures du Mans en juin 1970 et se prolongea jusqu’en novembre de cette même année, ce qui contraignit entre autres les équipes de la décoration à peindre les feuilles automnales des arbres en vert afin de rester raccord (!!!). Malgré la présence de l’équipe du making of de Klawitter sur le tournage, rien ne filtra de ce qui se passait réellement et la véritable histoire n’a jamais été racontée. Jusqu’à ce jour. Ce n’est pas dans son making of de 1970 que Klawitter fit ce commentaire sur McQueen et Icare mais dans un nouveau film, Steve McQueen : The man & Le Mans, qui va bientôt sortir sur les écrans. On dit que plus de 300 km de pellicule furent tournés sur Le Mans, dont la plupart avaient mystérieusement disparu. Grâce aux efforts des réalisateurs Gabriel Clarke et John McKenna, on a retrouvé une grande partie de ces rushes. Parmi ceux-ci, des images inédites tournées par la
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Steve McQueen : acteur, pilote, quasi-réalisateur
En dessous : McQueen en compagnie de sa femme Neile qui fut d’une patience à toute épreuve : « Il voulait marquer de sa griffe l’histoire du cinéma », dit-elle. Malheureusement, ses coups de griffe les blessèrent tous les deux. Pendant le tournage de Le Mans, chacun avoua avoir eu des aventures, bien qu’il ait poussé le curseur bien plus haut.
PLANÈTE / McQUEEN & LE MANS
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cessa de la tromper et, comme le dit l’un des témoins du film, « sa caravane n’était jamais vide »). Cela lui coûta aussi sa réputation de producteur, surtout lorsque le film reçut un accueil mitigé et de mauvaises critiques. Certains avancent même que cela lui coûta son plaisir de tourner, et qu’il ne retrouva jamais sa splendeur des années 1960 (Bullitt et L’Affaire Thomas Crown sont sortis avant Le Mans). Par-dessus tout, sa réputation de roi du cool en prit un coup. Certains diront que c’est ce qui le rendait difficile à côtoyer qui faisait tout son charme exaspérant. Était-il d’humeur changeante, buté, opiniâtre ? Certainement, et il fallait faire avec. Mais l’histoire a une face plus sombre encore. Au milieu du tournage, McQueen découvrit qu’il était sur la liste des célébrités que Charles Manson projetait d’assassiner. Il ordonna à son avocat de lui faire passer une arme en France au cas où il aurait eu à se protéger et à défendre sa famille, dont son fils Chad qui était avec lui. C’était désormais un homme bouleversé, qui combattait ses démons et ceux des autres. Sa peur
Ci-dessus : autre jour, autre réalisateur. McQueen en conversation avec Lee H. Katzin (et son inséparable bob) arrivé en France pour remplacer John Sturges dont le départ fut la conséquence des conflits qu’il avait eus avec Steve. En dessous à droite : Chad McQueen, le fils de Steve, de retour au Mans. IMAGES : GETTY, REX, LAT, CORBIS
“ Tout ce qui le rendait difficile à côtoyer faisait aussi son charme exaspérant.”
voiture qui a réellement participé aux 24 Heures. Bingo ! En plus des images embarquées, ce trésor jette un nouveau coup de projecteur sur les coulisses du tournage. Et les commentaires et les anecdotes de ceux qui en étaient proches viennent enrichir ce nouveau documentaire. « La réalisation du film était bien plus dangereuse que la course elle-même », dit Derek Bell, cinq fois vainqueur au Mans et qui fut pilote sur le tournage. Tout vétéran des courses automobiles qu’il fût, Bell subit son pire accident lorsqu’il fit semblant de courir pour le film. Sa voiture prit feu et il s’en sortit avec de méchantes brûlures au visage. Un autre pilote britannique, David Piper, perdit la moitié d’une jambe dans un accident survenu au cours des prises de vue. McQueen, lui, ne souffrit que de blessures psychologiques qui mirent plus longtemps à cicatriser. Cela lui coûta son mariage (bien que son épouse fût présente sur le tournage, il ne
montante et sa paranoïa ne l’aidaient pas, lui qui n’était finalement qu’une star désirant faire un film de voitures à nul autre pareil. Comme venue d’un autre monde, la voix de McQueen provenant d’enregistrements inédits vient commenter ces nouvelles images. Il n’exprime pas de regrets d’avoir tenté de mener le combat contre la routine d’Hollywood. Tout ceci ajouté aux images inédites ne peut, à TopGear Magazine, que nous mettre l’eau à la bouche. L’histoire racontée est infiniment plus intéressante que celle de Le Mans. Mais comme McQueen l’aurait probablement souligné, ce n’était en aucun cas un conte de fées. Et cela ne s’est pas terminé comme un conte de fées.
STEVE McQUEEN: THE MAN & LE MANS SORTIE EN SALLE LE 4 NOVEMBRE 2015
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