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Depuis 2012 ma pratique gravite autour de mes rêves personnels. Ils constituent une source de laquelle découle mon inspiration. Le rêve m’intéresse parce qu’il se compose d’une infinité d’associations et qu’il est insaisissable, en particulier pour le rêveur lui-même. Après avoir expérimenté les différentes facettes qui font la nature du rêve - ou du moins sa partie visible -, transmettre cette expérience fuyante est devenue une sorte de nécessité. Raconter ne me suffisait plus, j’éprouvais la sensation de vouloir fabriquer, me retrouver face aux choses ou espaces que j’avais rencontré. J’avais envie d’être confrontée. Ressentir un rapport physique. Dernièrement le rêve s’est imposé comme un matériel à user, façonner. Il ne s’agissait plus de regarder le rêve comme un objet du passé (si il a existé), fini, mais comme quelque chose qui permettrait d’aller encore plus loin. Si le rêve est à chaque fois une idée ou un moyen de créer. En ne leur donnant jamais le titre de ‘‘rêves’’, j’éprouve le désir d’émanciper mes oeuvres, de leur offrir la possibilité d’exister autrement dans le regard de l’autre.

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Anecdote 2 0 1 2 , 49 sérigraphies «gratuit»

C’est un rêve comme un autre, presque anecdotique. Ce n’est pas un rêve qui fascine par son étrangeté ou son absurdité. Je me réveille un matin et je m’en souviens, mais pour encore combien de temps? Je l’écris pour le partager, comme je serai à même de le raconter. Je l’imprime et le processus de la sérigraphie intervient. Je décide de laisser l’encre s’épuiser, sans en remettre. Au fur et à mesure des feuilles et de mes passages il n’y a plus que des bribes de textes, des lettres. Au début bien présente l’histoire fini par disparaître, comme un souvenir. En libre service les dernières personnes à pouvoir attraper l’histoire n’auront plus qu’une suggestion du récit, illisible.

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Sur la base du souvenir d’un accessoire vu en rêve je cherche à approfondir l’idée du manque. Au réveil je réalise que de toutes les créations que j’ai eu ‘‘en face’’ de moi, une seule n’a pas disparue de ma mémoire. C’est un énorme collier bleu en origami. À partir de cette absence ressentie, je me mets en quête de réaliser d’autres objets qui auraient pu trouver leur place en ce rêve. Petit à petit je me tourne vers le masque puis la photographie. La photographie me permet de traiter de l’identité de ces figurants de rêve dont le corps est parfois déconstitué, raccomodé (entre proches et inconnus). Les apparats qu’ils portent servent à insister sur leur statut inconstant: duel, flou, composé.

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La Cérémonie

2 0 1 2 , 100x100cm, photographie

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Masques et apparats: en laine, papier, tissu, perles et plastique.

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Rapports d’expositions, 2 0 1 3 , installations sonores

Rapport d’exposition n°1 [1’29’’] « C'est une salle en forme de plus et elle donne sur l'extérieur sur une, une sorte de place et les murs intérieurs sont noirs y a une partie creusée dans le sol et une partie qui surgit . tout au fond la moitié de mur apparente est une photographie de femme et j'dirai que le plan est moyen, la femme est une plongeuse en bikini sous l'eau elle a des lunettes de plongée et elle regarde l'objectif Avec l’objectif d’exposer à la Villa Tamaris, à La Seyne sur Mer, je décide d’essayer de rêver de la villa en question. Elle m’est étrangère alors je me penche sur son histoire, les plans et photographies que je rassemble. C’est à la suite de ce rêve que je compte engager mon travail de création. Le temps passe et je n’ai toujours pas de proposition plastique. À quelques jours du rendu je m’aperçois qu’en l’espace de deux nuits j’ai rêvé de deux expositions. Je décide d’en faire un projet sonore, où je les raconterai au casque; donnant ainsi la possibilité au visiteur de visiter l’exposition présente tout en écoutant la description d’expositions fictives. Jamais qualifiées d’ "expositions rêvées", le doute sur la véracité de ces rapports d’expositions peut néanmoins s’installer au fil de l’écoute. Un décalage se créé entre l’exposition manifeste et celle racontée, mais peut-il se nouer des rapports ?

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au sol y'a des vieilles bibliothèques en bois installées ici et là mais à distance à peu près égales , de telle sorte que ça délimite des couloirs du coup y a trois ou quatres couloirs succints et en face y a un chemin qui est dessiné par des escaliers et ces escaliers descendent jusqu'à la photographie et donc coupent ces couloirs, l'installation se clôture par le remplissage de l'espace sous terrain avec de l'eau. l'eau est très claire et turquoise . c'qui fait que les bibliothèques sont à moitié submergées, donc il faut nager pour explorer le lieu, et dans le bassin se cache un requin. »

Rapport d’exposition n°2 [1’49’’] « C'est une immense pièce carrée et elle ressemble à l'intérieur d'une chapelle tous les murs et mobiliers sont en bois vernis et à gauche y a des bancs ornés qui forment un amphithéâtre avec des personnes assises. Le mur de droite est blanc cassé et dans ce coin là, le coin de droite et entre le mur de face y a un escalier qui descend, il est monumental de sorte qu'on peut monter à quatre les uns a coté des autres, en même temps et il s'élargit sur le sol comme si il coulait, sur le sol. Et quand on y monte à l'étage on est d'abord face à une cafétéria, et y a pas mal de monde à l'intérieur. Puis y a une entrée à droite, l'entrée de l'exposition. Et la scénographie forme un labyrinthe en fait chaque oeuvre se succède l'une à l'autre, les murs sont noirs et y a un jeu entre "voir et être vu", une des oeuvres est une suspension faite en feutrine comme un rideau en fait mais tailladée, la feutrine est grise avec des inscriptions blanches dessus à hauteur d'yeux, et plus loin derrière y a la deuxième partie de cette oeuvre là qui est encore une autre suspension mais blanche cette fois et qui laisse entrevoir les spectateurs de la première partie de l'installation ensuite plus tard on accède à une minuscule pièce noir où y a un circuit, le but étant de monter dans les chariots de mine et de subir des bugs saccadant la déambulation des visiteurs. »

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L’ E N Q U Ê T E

2 0 1 1 - 2 0 1 3 , matériaux divers

En 2011 je fais un rêve qui me fascine. Étrangement clair, et fort de sensations, je me mets en tête d’en reconstituer le principal. A la manière d’une enquête postérieure je tire de mes souvenirs de nouvelles images avec l’envie d’être la plus complète et précise possible. Comme si je voulais déjouer la nature propre du rêve, outrepasser ses lacunes. Ce projet réunit des documents de types très divers: le récit du rêve, collages, photographies argentiques, vidéos, dessins, maquettes, modélisation 3D, structure en bois. Tous tentent de donner une matérialité à ce rêve. Le tout est à appréhender comme un ensemble qui se répond, se complète, de façon fragmentée . La structure en bois sert de support de documentation.

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Dessins préparatoires, architectures et ameublements grattés sur photographies transparentes

Sans titre, série de photographies, paysages, 6x6cm, depuis 2012. Photographies inspirées des images du film projeté dans la structure. Création d’une atmostphère fidèle à mon ressenti.

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Fig. 1

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Ci-dessus: Prises de vue tirées d’une simulation vidéo A droite: Portraits robots de 2 des personnages principaux

Fig. 2

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Plans de l’espace rêvé: À gauche: 1er étage, À droite: rez-de-chaussée

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L’ E N Q U Ê T E

2 0 1 1 - 2 0 1 3 , matériaux divers

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Le DNAP approche et devient, par la même occasion, ma préoccupation principale. Il me poursuit jusque dans mon sommeil. Je décide de tenir un journal évolutif où je retranscris ces péripéties nocturnes. J’utilise la machine à écrire. Elle me permet de sceller les mots sur le papier, physiquement, et aussi de reprendre mon récit à la suite d’un autre. J’aspire à faire un rêve d’anticipation: rêver mon diplôme. Il se produira dans la nuit du 9 au 10. Le projet voit sa forme finalisée le jour du diplôme, le jour J. Il le clotûre d’ailleurs comme pour fermer la boucle.

En attendant le diplôme 20

2 0 1 3 , machine à écrire, 3 feuilles dactylographiées

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I c h (ventilateur, cheveux, peinture, terre, tissu, coton) M o n p è r e é t a i t a l p i n i s t e , m a m è r e a u s s i . (télévision, terre, plastique, peinture) I U n d e r s t a n d (bois, papier, encre, sérigraphie) 2 0 1 4 , installation triptyque, matériaux divers.

A l’origine du projet: une mise en abyme de rêve. Je rêve que je montre à mon ami un rêve se dérouler sous nos yeux. Le rêve est composé de 3 séquences. J’imagine des dispositifs afin de les rendre objets du réel. Leur donner une place au sein de l’espace m’apparait primordial, et je prend une direction opposée au parti pris du rêve. J’ai envie d’aller à l’essentiel. Il m’intéresse ici d’assembler pour recréer au choix: des vagues, du vent, une composition ... , et toujours une idée. Les titres viennent compléter chaque objet du tryptique comme pour signifier leur propre narrativité.

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L’ a s s o m p t i o n d e l a v i e r g e 2 0 1 5 , collage numérique, animation en boucle.

Nous allons exposer au Musée des BeauxArts d’Angers. Il faut produire des oeuvres qui trouveraient leur place au sein de la collection permanente. Je décide d’utiliser le matériel de l’audioguide, et de faire défiler la description sonore au petit matin, alors que je dors encore, juste avant le réveil. Je veux créer une oeuvre qui se rapporterait à un tableau, choisi au hasard d’une description assez fournie. Mais je ne dois pas avoir en mémoire l’image même du tableau, il faut laisser à mon inconscient le pouvoir de créer de toute pièce. Un matin c’est L’assomption de la vierge de Theodor Van Thulden (1647) qui s’enclenche. Je rêve d’un homme qui prend la pose, allongé, et effectue son ascension au ciel suivi par de grossiers nuages bleus. Avec cette image à l’esprit je décide de retourner au musée afin de prendre, dans les oeuvres, la matière picturale nécessaire à la composition de mon image. L’animation finale repose sur un principe de boucle comme pour figer une bonne fois ce produit du rêve. de haut en bas: - Tutti Frutti, 1973, Robert Malaval - Narcisse, 1818, Jean-Pierre Cortot - Rue du pont Louis-Philippe, 2002, Bertrand Lavier < Le projet installé à côté de L’assomption de la vierge, vers 1647, Theodor Van Thulden / visible du 3 avril au 7 juin 2015 au Musée des Beaux-Arts d’Angers.

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Diorama est décontextualisé. C’est une sculpture qui évoque un paysage duquel rien ne dépasse, immaculé blanc et silencieux. Il a ses propres limites qui le font devenir objet. À hauteur d’yeux, le spectateur (de taille adulte) peut se laisser aller à ballader son regard sur les courbes du modèle réduit.

Diorama 2 0 1 5 , sculpture, grillage, mastic de vitrier, papier, carton, adhésif, peinture, acier

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Je suis dans un bus occupé en majorité par des enfants, probablement un bus scolaire. Je suis ici en tant que monitrice. Nous roulons droit sur un groupe de jeunes qui se trouve arrêté en plein milieu de la route. Ils sont si grands qu'ils dépassent le bus d'une tête. Le premier à nous faire face pousse, de sa main, le bus qui tombe à la renverse. Le choc est assez violent. Des enfants sont bloqués, blessés. Une petite fille à un doigt coincé, et pour la sauver, nous nous voyons obligé de le lui couper. Mais après coup nous nous rendons compte, avec un autre adulte, qu’un oeil lui est grossièrement apparu en dessin sur la tranche. Aussitôt me vient l’idée de couper les doigts de l’enfant aveugle qui se trouve aussi dans le bus. Je me dis que peut-être alors, il aura la chance de voir. On se concerte avec les autres et ils approuvent. On lui coupe deux doigts, pour lui donner deux yeux.

Blind Kid 2 0 1 5 , installation,104 x 70 cm, son, grillage, papier mâché, peinture

Blind Kid, détient de l’ordre du scénario. Le volume de la main s’en trouve isolé parce qu’il est une forme d’illustration. Cet objet curieux s’appréhende comme un symbole. Au casque, le spectateur prend connaissance de l’histoire qui découle de cette main aux doigts coupés. Physiquement présente la main s’offre tandis que son récit se confine 28à la sphère intime.

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INDEX - Anecdote, 2012, sérigraphies

4-5

- La Cérémonie, 2012, photographie et masques

6-9

- Rapports d’Expositions, 2013, installation sonore

10 - 11

- L’ E n q u ê t e , 2011-2013, installation, matériaux divers

12 - 19

- En attendant le diplôme, 2013, 3 feuilles dactylographiées

20 - 21

- Triptyque: ICH Mon père était alpiniste, ma mère aussi. I understand. 2014, installation, matériaux divers

22 - 23

- L’ A s s o m p t i o n d e l a v i e r g e , 2015, animation

24 - 25

- Diorama, 2015, sculpture

26 - 27

C h a r l è n e G U Y O N - M AT H É - Blind Kid, 2015, installation et son

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contact: charleneguyon@wanadoo.fr charlene.guyon-mathe@esba-angers.fr téléphone:

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