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Santé Face à la pandémie, la mutualité pour une mise en «sécurité sociale»

Les MutueLLes de France présentent un enseMbLe cohérent de 42 propositions pour aFFirMer, dans un contexte proFondéMent bouLeversé par La pandéMie, que « la santé est un droit » , et ouvrir un débat autour des conditions de son eFFectivité.

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Luc Nobout/maxppp

la pandémie de Covid-19 a confirmé l’extraordinaire force de la Sécurité sociale, qui a encaissé ce choc inédit pour protéger la population. Mais elle a aussi mis en lumière les fragilités du système de santé et de protection sociale, malmené par des décennies de politiques néolibérales et de désindustrialisation. Pour autant, rien n’indique que l’exécutif ait renoncé aux grandes lignes de ces politiques. La crise sanitaire peut donc fournir l’opportunité de brutaliser les services publics de santé, au prétexte de leurs faiblesses, alors qu’elles résultent de décisions prises par ceux qui les attaquent. De la même façon, elle pourrait accélérer la dénaturation de la protection sociale. Pensée initialement pour protéger les femmes et les hommes, elle est depuis longtemps détournée au profit des entreprises prétextant une politique favorable à l’emploi. En se focalisant sur les entreprises, le « quoiqu’il en coûte » gouvernemental macronien a accentué ce changement de nature, la protection sociale devenant alors une protection d’État pour les entreprises privées.

Nous voulons une société qui invente des solidarités nouvelles

Dans un contexte riche d’enjeux et d’incertitudes, la Fédération des mutuelles de France (Fmf) a engagé un travail de coconstruction militante durant plusieurs mois, autour de ces enjeux, afin d’aboutir à une plate-forme extrêmement complète de 42 propositions. Avec, d’évidence, la volonté de l’inscrire dans le débat public, et singulièrement dans le cadre de la campagne présidentielle. Cet ensemble de propositions, titré «La santé est un droit», esquisse les contours d’une protection sociale universelle, permettant un accès effectif de toutes et tous à la santé. C’est donc en fait à une rupture globale qu’elles invitent, en réhabilitant la dimension politique, démocratique, de la santé comme construction sociale. Une ambition que revendique hautement Jean-Paul Benoit, président de la Fmf : « Comme mutualistes, nous voulons une société qui invente les solidarités nouvelles dont nous avons collectivement besoin dans ce xxie siècle. Une société qui combat les injustices aggravées pendant la crise, qui propose un avenir à la jeunesse stigmatisée et pénalisée, qui réalise effectivement l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce combat pour la justice sociale ne date pas d’hier et n’a rien perdu de son actualité, au contraire. Mais il y a urgence à réactualiser ses objectifs et ses modes d’intervention sur la scène sociale, avec l’ensemble du mouvement social.» L’urgence se lit, de fait, dans l’articulation, rarement aussi systématisée, des dimensions démocratiques et sanitaires, d’un point de vue général, mais de façon

L’identité de la Fmf

La Fédération des mutuelles de France, présidée par Jean-Paul Benoit, affilie plus de 60 groupements mutualistes, dont 40 mutuelles complémentaires-santé et prévoyance et 20 unions ou mutuelles gérant plus de 280 établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux. L’ensemble des mutuelles et unions de la Fmf protègent 2 millions de personnes. Née en 1986 et héritière de la Fédération nationale des mutuelles ouvrières, la Fmf est membre de la Fédération nationale de la Mutualité française depuis l’unification du mouvement mutualiste en 2002.

appuyée concernant les enjeux propres aux mondes du travail. La Fmf déplore ainsi qu’un certain nombre de dispositions propres à l’état d’urgence sanitaire glissent dans le droit commun, au détriment des libertés individuelles et collectives. Pascale Vatel, secrétaire générale de la Fmf, rappelle que «le gouvernement a choisi de concentrer les pouvoirs dans ses mains, de légiférer par ordonnance, de concentrer ses décisions autour d’un “conseil de défense”. Tout se passe comme si le fonctionnement pluraliste de notre démocratie était vu comme une entrave à la gestion d’une situation exceptionnelle, alors qu’il en est justement l’un des meilleurs outils. En matière de santé, c’est en misant sur la confiance qu’on obtient l’engagement». Dans le bouquet de propositions qui structurent son appel à « réformer complètement la démocratie sanitaire », la Fmf fait une large part à la dimension territoriale en se prononçant pour le renforcement du rôle et des moyens des conférences régionales de santé et de l’autonomie, outils d’implication des citoyens dans la politique de santé. Elle en appelle à une coordination réelle, effective, des agences régionales de santé (Ars), …