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Plate-forme Un ensemble cohérent de 42 propositions

des caisses primaires d’assurance maladie (Cpam), des collectivités et des institutions de soin. Dans un tel cadre, soulignet-elle, les conférences régionales de santé et de l’autonomie peuvent devenir un véritable outil pluraliste de décision et devraient disposer de vraies prérogatives.

« Nous avons besoin de jouer collectif»

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Ce souci de rassemblement des acteurs se retrouve à propos du monde du travail. «Travailler ne doit pas aboutir à aggraver l’état de santé, mais au contraire contribuer à la promouvoir, estime Jean-Paul Benoit. Nous plaidons pour une prise en charge globale des risques du travail et ce, avec toutes les parties prenantes: médecine du travail indépendante et au financement garanti, syndicats, employeurs, Cse et commissions santé sécurité et conditions de travail (Cssct), dont les moyens doivent aussi être renforcés. Les mutuelles pourront alors investir une fonction de tiers de confiance pour les différentes parties afin de développer des actions de prévention.» Pour aller à cette redistribution pour laquelle elle plaide, la Fmf souligne l’importance du secteur de l’économie sociale et solidaire comme levier de changement, mais elle en appelle surtout à l’unité des forces sociales, politiques et démocratiques pour débattre des enjeux de santé, de protection sociale et en garantir l’avenir: «La crise économique remet en cause nos modes de production et de consommation ; la crise sociale, elle, a dévoilé la paupérisation massive et ses conséquences, le démantèlement des dispositifs sociaux, l’extrême fragilité des plus démunis. La crise politique parachève la rupture de confiance dans les systèmes de représentation et enfin, beaucoup estiment que l’action collective n’est plus un levier de prise en charge du bien commun dans la durée», note JeanPaul Benoit. Et de conclure: «dans un tel contexte, poser les bases d’un autre avenir pour le progrès social ne peut être le monopole de qui que ce soit. Nous avons besoin de jouer collectif». ▼

Gilbert Martin

quatre grands thèMes dessinent Les contours d’une protection sociaLe universeLLe et couvrent aussi bien Les besoins de santé que Le FinanceMent de Leur satisFaction.

Premier axe : la solidarité. Partant du constat que les logiques néolibérales n’ont fait que resserrer les limites du modèle actuel de protection sociale tout en faisant reculer la prise en charge collective, la Fmf oppose à l’actuelle paupérisation l’idée d’une protection sociale universelle de haut niveau, financée de façon juste et pérenne pour répondre à l’ensemble des besoins. Cela passe notamment par une amélioration du niveau de prise en charge par la Sécurité sociale, par l’élargissement de son périmètre et par une prise en charge améliorée de la perte d’autonomie liée au handicap ou à l’âge. Ce type de réponse, solidaire et ambitieuse suppose une redistribution de la richesse produite nationalement. Le second axe vise à permettre l’accès de toutes et tous à la santé. En rupture nette avec toutes les politiques d’austérité appliquées ces dernières décennies, les propositions formulées ici visent à requalifier l’hôpital public comme un acteur de santé essentiel, avec ce que cela suppose de moyens techniques et humains d’accueil, de conditions de travail, de qualifications et de rémunérations, afin de permettre une prise en charge globale et coordonnée des patients, excluant toute approche strictement gestionnaire. Au-delà du seul hôpital, la Fmf plaide pour l’adoption d’une stratégie nationale pour l’accès à la médecine de premier recours, visant à faire reculer les déserts médicaux, qu’ils soient ruraux, urbains ou intermédiaires. Cela suppose notamment la mise en place d’un schéma opposable de l’organisation de l’offre de premier recours, associé au déploiement des moyens nécessaires pour permettre aux professionnels de remplir leur mission dans de bonnes conditions, y compris en promouvant et régulant le télé-soin et la télémédecine. Le troisième axe, consubstantiel aux deux précédents, passe par la reconnaissance de la dimension démocratique de la promotion de la santé. Indépendamment des enjeux liés aux barrières financières qu’il faut abattre, la santé et la protection sociale sont des sujets éminemment politiques, et l’existence de «citoyens en santé», suppose un fonctionnement démocratique opérationnel. Mieux assurer la prise en compte de l’ensemble des acteurs concernés, y compris les patients et usagers du système de santé, doit se traduire notamment par l’ouverture des processus de décisions concernant la protection sociale et le système de santé. Cela vaut de façon singulière pour le monde du travail, où l’on voit apparaître de nouvelles formes de risques santé, notamment liées au management, au télétravail… alors même que le Parlement s’apprête à fragiliser fortement la médecine du travail, à limiter davantage son indépendance à l’égard de l’employeur, et que les instances représentatives du personnel sont dessaisies de ces enjeux. Le quatrième et dernier axe concerne l’économie sociale et solidaire. Celle-ci pose les jalons d’une «économie autrement» qui, loin d’être une utopie, a démontré, dans la crise sanitaire, sa pertinence et sa capacité à faire montre d’ingéniosité au service d’une prise en compte du bien commun. C’est particulièrement vrai s’agissant d’un secteur qui touche aux droits humains, celui de la santé et du médico-social. Les acteurs non lucratifs doivent devenir des acteurs déterminants de ce secteur, par exemple pour les établissements médico-sociaux comme les Ehpad, et pour la politique du médicament. La logique des acteurs lucratifs montre chaque jour ses limites, tandis que l’économie sociale et solidaire a la capacité d’apporter des réponses pertinentes… à condition d’être reconnue et de développer des coopérations. G. M.