A.M. 02/2016
Etat des lieux des chemins de fer au Royaume Uni : Des leçons pour la Belgique Au cours des dernières décennies, les droits syndicaux au Royaume-Uni ont été fortement limités. Aujourd’hui, un projet supplémentaire de restriction du droit de grève est en cours d’implémentation. Compte-rendu de la Conférence du 25 janvier 2016 organisée par la CGSP – Cheminots, ACODSpoor, la CSC-Transcom, l’ACV-Transcom et Progress Lawyers Network à la Maison des Associations internationales, à Bruxelles.
Le bilan de la privatisation Mick WHELAN, Secrétaire général de l’ASLEF (syndicats des conducteurs de trains, 21000 membres) et Eddy DEMSY, membre du Secrétariat national du syndicat des chemins de fer RMT) dressent le tableau de la situation au Royaume-Uni.
Historique Dans les années 80, Thatcher voulait détruire le mouvement syndical dans tous les secteurs. La privatisation n’était pas une nécessité économique, mais découlait uniquement de la volonté de satisfaire les intérêts des actionnaires en fractionnant l’industrie et en amenuisant le pouvoir des travailleurs. Le discours politique disait : « on est obligés de privatiser, c’est l’Europe qui nous y oblige ». Le public a cru ce mensonge répété à l’envi par le gouvernement. Or, pendant 20 ans, aucun autre pays européen n’a privatisé ses chemins de fer. La privatisation a eu lieu dans la précipitation, la législation est passée en force, sans aucune préparation. En 1994, les chemins de fer britanniques étaient la risée du monde car le système était complètement foireux. Cela était dû au manque d’investissements et d’expertise : Thatcher n’avait aucun intérêt à investir, ce qui a créé la situation que l’on connaît avec ses nombreux accidents. Le principal problème émanait du morcellement du secteur entre un grand nombre d’entreprises et de sous-traitants, qui manquaient cruellement d’expertise et de coordination. Rail Track, un consortium d’entreprises créé dans le cadre de la privatisation, qui qui détenait les voies, la signalisation, les tunnels, les ponts et les passages à niveau de 1994 à 2002, était censé pallier à ces problèmes. Il a eu un grand succès sur le marché dans les premières années mais n’a apporté aucune solution structurelle, que du contraire, entraînant de nombreux 1