Territoires Sensibles: Arpenter à travers l'utilisateur

S7 Territoires Sensibles Arpenter à travers l’utilisateur

Cem Karahan AYDIN

Emmanuelle BOUYER Dominique CORNAERT Catherine RANNOU Nadine ROUDIL Léandre Bernard BRUNNEL

Le premier protocole consiste à suivre la première personne repérée dans un rayon de 1 km autour du point de départ et de la suivre jusqu’à un empêchement, tout en notant et photographiant les seuils matériels et immatériels.

Le deuxième protocole consistait à faire de mon balcon un point d’observation. J’ai donc observé trois différents lieux de l’hôpital Cochin: l’accueil, les urgences et les bureaux. La récolte d’information se résume à une liste et plusieurs photos qui témoignent de la fréquentation de ce lieu.

Suite au deuxième protocole, le protocole n3° se délaisse du lieu et se concentre davantage sur ses utilisateurs. La récolte d’informations prend la forme d’une série de photo des entrées et sorties de l’hôpital, tout en gardant le même cadrage. Suite à la première récolte, j’ai pu observer que les sacs sont un élément récurrent, je prends donc la décision d’en faire l’inventaire. Cela permet de développer plusieurs pistes de recherches à partir des récoltes effectuées.

Seuils - Accueil - Sacs - Posture - Ritualisation - Statut Social - Intimité

25 Novembre 2020

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27 Novembre 2020

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Ce dernier protocole se focalise sur les utilisateurs qui arpentent le lieu, elle est donc expérimentée à la troisième personne. À travers l’observation du mouvement, de la posture, de la tenue et des accessoires, nous arrivons à expérimenter de façon plus précise, mais surtout à l’échelle humaine, l’accueil de l’hôpital Cochin.

Les utilisateurs deviennent outils d’observation.

Le cadrage photo tenu tout au long du protocole permet d’observer les différentes positions et mouvements de chaque personne. Observer m’a permit de faire ressortir plusieurs questionnements qui traitent en même temps plusieurs mots clé.

Dans un premier temps, l’accueil soulève un questionnement: comment est-on accueilli dans un bâtiment contrôlé ? Quels seuils doit-on franchir ? De quelle manière ? À l’aide de quels dispositifs ?

L’hôpital est conçu de sorte à pouvoir accueillir tout le monde. Mais la définition de l’accueil de l’hôpital a changé depuis 1950 et continue de se développer. De nos jours, l’accès à un bâtiment public nécessite un contrôle de sacs avec le plan vigi-pirate.

C’est ainsi que la place des sacs se pose. D’après Kaufmann, le sac c’est la vie privée.

Le contrôle en question devient alors plus intime. Lorsque l’on dévoile notre sac pour en montrer son contenu, on se dévoile soit même. De plus, d’un point de vue sociologique, un sac, en tant que contenant, laisse transparaitre notre statut social.

Dans la Sociologie de la mode, Frédéric Godart dit que «la mode peut se définir comme un type de changement social spécifique et se déployant dans de multiples domaines de la vie sociale au-delà de l’habillement.»

Notre sac, c’est ce qu’on veut montrer de nous, bien que son contenu reste de l’ordre de l’intime.

La forme du sac, cependant, peut nous donner des idées de son contenu. Un sac marinière peut signifier un transport de vêtements pour une personne hospitalisée. Un sac à main peut impliciter que l’on vient pour rendre visite. Enfin un sac à dos peut être utilisé dans les deux cas.

Généralement, le sac est la marque du déplacement.

Le sac peut alors nous donner des précisions sur le statut social, la vie intime, mais aussi sur l’activité pratiquée.

Les croquis réalisés à la suite des récoltes m’ont permis de me questionner sur la posture: comment le sac est-il porté?

C’est alors que la question du rituel se pose.

Le cadrage fixé est un lieu de passage très fréquenté. Ayant fait plusieurs session de 30 minutes consacrées a la récolte d’information, j’ai pu relever plusieurs types de “passage” récurrents.

Les personnes voulant fumer ou passer un appel devant l’entrée se mettent toujours dans un coin précis où ils étaient a l’écart, et détournaient leur regard de celui-ci. Les personnes avec des valises utilisaient les marches au lieu de la rampe d’entrée, car cela était plus rapide. Les personnes qui allaient récupérer des papiers dans le bâtiment voisin empruntaient le même chemin et tenaient leurs documents de manière à ce qu’ils soient apparents. Dans ce dernier cas, les documents deviennent une clé symbolique pour permettre le passage potentiellement sans contrôle et pour préciser de manière indirecte la raison du franchissement.

Les croquis ont également permis de définir la manière dont les personnes franchissent ce seuil. C’est avec le dessin que les différentes dispositions on prit sens: la main courante pour les personnes à mobilité réduite et le sas réalisé pour permettre la construction de la rampe. L’observation de l’utilisation de ces espaces à travers le dessin a permis de définir le parcours dedans/dehors avec l’espace de transition et de contrôle.

En conclusion, ces sessions photos répétées sur plusieurs jours et au cadrage fixe ont permis de développer une autre manière d’arpenter le paysage, le lieu, l’espace et l’accueil. Les croquis réalisés à la suite de ces récoltes m’ont également permis de me questionner sur la relation entre l’individu et son bagage..