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Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie France Chine | 中国法国工商会季刊 w w w.ccifc.org

N.74

ÉTÉ | 夏

Attractivité

L’appel de la France



Éditorial

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Capitaux chinois : l’opération séduction française

MICHAEL AMOUYAL

Directeur général de la CCIFC

米沐 中国法国工商总经理

La Chine souhaite étendre son influence internationale, et la diplomatie du portefeuille est un de ses outils de prédilection. Si ses IDE ont été multipliés par 100 ces 15 dernières années (cf. article p. 17), la France commence tout juste à séduire les investisseurs de l’Empire du Milieu. Elle commence à peine à rentrer dans le radar pour les investissements en termes de technologies et savoir-faire. Ainsi qu’en témoignent les récents investissements ultra médiatisés sur le Club Med ou l’aéroport ToulouseBlagnac, cette nouvelle étape de la relation franco-chinoise soulève de nombreuses questions : la France est-elle suffisamment attractive par rapport à l’Allemagne, la Grande Bretagne et d’autres pays européens, dont certains accueillent plus d’IDE chinois ? La France est-elle prête pour les investisseurs chinois et souhaite-t-elle réellement les accueillir ? Jusqu’à quel point ? Comment les rassurer et les attirer d’avantage? Quels obstacles imaginaires et réels doivent être franchis de chaque côté ? Une chose est sûre, les investissements chinois en France ont fortement évolué au cours des dernières années : les entreprises chinoises ne viennent plus dans notre pays uniquement dans le but d’y trouver des produits made in France pour leur riche clientèle chinoise, elles tentent désormais de vendre leurs produits aux consommateurs français en changeant leur positionnement et leur image, de développer des produits en France à l’attention des consommateurs chinois en s’appuyant sur l’innovation à la française, ou encore d’y faire venir des touristes chinois toujours plus nombreux, toujours plus dépensiers… la France semble essayer d’accompagner cette transition, mais est-ce suffisant ? Cette tendance retient toute notre attention de par la nature durable et pérenne de ces investissements. En tant que Chambre de Commerce et d’Industrie, nous n’avons pas pour vocation première de promouvoir activement les investissements chinois en France. Cependant, notre connaissance du marché français et de ses acteurs, appuyée sur un réseau de plus de 110 CCI en France, nous met dans une position tout à fait pertinente pour faciliter les échanges en mettant en relation l’offre française et une demande chinoise à laquelle nous faisons face tous les jours. Notre Chinese Desk a ainsi organisé 5 missions en France pour le compte d’entreprises et institutions chinoises depuis le début de l’année, un record pour la CCIFC et un indicateur clair de l’intérêt croissant pour le marché français. Mais nous ne devons pas nous arrêter en si bon chemin : l’organisation de forums d’investissements pour les Chinois en France ou encore l’ouverture de la Chambre à des partenaires chinois sont autant de projets stratégiques prioritaires pour la CCIFC, afin de toujours plus faciliter l’accès au monde chinois pour nos entreprises membres. Il est de notre devoir à tous, qui représentons la Maison France, d’en faire une destination toujours plus séduisante, toujours plus attractive, et ainsi que nos entreprises bénéficient pleinement de cette image sans cesse améliorée.

中国资本:法国市场的魅力 中国希望扩大其国际影响力,而“经济外交”又是其主要优势之一。如果说在过去的十五年中,中国境外直接投 资增长了100 倍的话(参见本期杂志第17页文章),法国才刚刚开始吸引中国投资者的目光。 诚然,这一中法关系的新阶段出现了很多问题。近期被各大媒体争相报道的地中海俱乐部收购案例以及图卢兹 机场的股权投资也充分证明了这一点。这些问题比以往任何时候都更有意义:与德国、英国及其他吸引更多中国海 外直接投资的欧洲国家相比,法国是否具有足够的吸引力?如何使中国投资者和法国企业都放心?中法关系新阶段 在就业、管理以及生产力方面有着怎样的影响? 可以肯定的是,近年来中国投资在法国得到充分发展:中国企业来法国不再只是帮助其高端客户群寻找“法国 制造”的产品,他们开始努力向法国消费者推销自己的产品,不仅借此改变自身定位和形象,还能依托法国的创新技 术为中国消费者开发新产品,同时也让数量更多、购买力更强的中国游客来到法国……法国正在经历这些转变,然 而是否足够呢? 在这一发展趋势下,我们十分关注这些投资的可持续发展和长期性。作为一家法国工商会,积极推动中国投资 者在法投资并不是我们的主要职责。然而,依托110余家法国地方商会的网络,我们非常了解法国市场及其主要参与 者。因此,我们非常善于为法中两国间的供求信息搭建桥梁,而这正是我们的日常工作。 自2015年初起,商会中国业务处已经为中国企业或机构在法国开展了五个项目,这不仅打破了中国法国工商会 的自身记录,也是中国投资者对法国市场的兴趣日益增长的一个重要证明。但是我们不能就此止步,我们进行了深 入思考,并确定了一个重要战略方针:在法国为中国组织投资论坛,接受中国企业成为商会的合作伙伴。这些都是我 们中国法国工商会的优先战略目标,以帮助我们的会员企业更好的融入中国市场。我们代表着法国,我们的责任就 是让法国作为投资目的地而更具吸引力,以此使我们的法国企业的利益最大化。

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Comité de Patronage

Le magazine de la CCI France Chine 中国法国工商会季刊 Numéro 74, été 2015 Direction de la publication Michael Amouyal & Laila TAYEBI Rédacteur en chef Pierre TIESSEN Graphiste XIE Bin Ont collaboré à ce numéro Raphaël BALENIERI, Françoise BLÉVOT, Renaud de SPENS, Zhao Jing Comité de relecture : Commission communication de la CCIFC Couverture © Imagine China Publicités CHINE DU SUD : Michaël Bouchut bouchut.michael@ccifc.org Pékin : Yin Yan GAO gao.yinyan@ccifc.org Félix FEI fei.bo@ccifc.org SHANGHAI & CORPORATE : Morgan LEFEVRE lefevre.morgan@ccifc.org Connexions est édité par la CCIFC C/O CCI France International 46 Av. de la Grande Armée. CS50071 75858 PARIS Cedex 17 Tél. +(33)1 40 69 37 60 Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd. 北京昊鑫广告制作有限公司 « Dépôt légal » : avril 2011 Numéro ISSN : 2116-3707 Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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Acropolis New York, 1999 Acropolis Shanghai, 2005 Equipe de Direction Française

Acropolis Entrepreneur Center : des entrepreneurs au service d’entrepreneurs. Chine - Europe

Chine - Amériques

Chine - Afrique

Chine - Moyen Orient

Notre réseau international a été bâti durant plus de 35 ans sur 5 continents Notre expérience multi-industries et notre pratique des affaires en Chine nous permettent d’apporter une compréhension produits-marchés et de sélectionner les partenaires les plus appropriés

Identification de partenaires en vue de fusions-acquisitions Identification de partenaires commerciaux Financements, Identification de partenaires financiers

Recrutement de cadres et dirigeants en Chine et en Asie / depuis 2005 La plupart des candidats sont actuellement en activité en Chine ou en Asie. Nous sommes organisés afin de pouvoir identifier et approcher des profils actuellement en Europe ou en Amérique du Nord (candidats locaux ou étrangers). Automobile, aviation, chimie, plasturgie, appareils et équipements électroniques, robotique et automation, PGC, agro-alimentaire, traçabilité alimentaire, grande distribution, distribution spécialisée, digital, postes sensibles en JV, pharma, biotechnologies, produits vétérinaires et alimentation animale, équipements médicaux, diagnostic, CRO, …

Gestion des relations gouvernementales / B to G Nous pouvons apporter une assistance et des solutions pour la plupart des besoins liés aux relations gouvernementales : lobbying, mise en place de plans et d’actions de communication, BtoG (Business to Government), résolution de conflits. Nous n’acceptons pas tous les cas. Zone d’expertise : Chine continentale. We support our clients to prevent or eliminate Bribery & Corruption and to build an Ethical Framework. All our actions in China follow ethics rules, China Anti-Corruption laws & regulation, in accordance to recommendations from National Bureau of Corruption Prevention of China (NBCP).

Portage Salarial / Location d’espaces de travail Location de bureau individuel ou de poste de travail (durée initiale 6 mois, puis reconductible par 1 mois). Portage salarial d’employés chinois ou étrangers, visa de résidents, permis de travail. http://www.acropolis-entrepreneur-center.com

http://www.portage-salarial-chine.com

http://www.acropolis-associates.com Contact

+(86) 21 5238 5198 (Shanghai HQ) / contact.china@acropolis-associates.com Identification de partenaires / Financements : Nicolas MILONAS ou Mme Annick de Kermadec-Bentzmann Recrutement de cadres et dirigeants / Gestion des relations gouvernementales : Nicolas MILONAS

Annick de KermadecBentzmann

Nicolas MILONAS


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L’appeL de La France

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Imagine China

Imagine China

Matières premières, agroalimentaire, tourisme, nouvelles technologies, logistique ou encore industrie de pointe… Désormais, plus rien n’échappe à l’étranger aux investisseurs de l’Empire du milieu, qu’ils soient publics et donc directement rattachés au régime communiste ou simples entrepreneurs privés. Pour la seule année 2014, ils ont dans leur ensemble procédé à quelque 120 milliards de dollars d’emplettes en fusions-acquisitions en dehors de leur pays. Soit 10 fois plus qu’en 2005 (et en augmentation de 10 % en glissement annuel). Vertigineux! « L’usine du monde » s’est ainsi muée, en un temps record, en une puissance prête à mettre des milliards sur la table pour s’emparer de fleurons à l’étranger. En France comme ailleurs. En 2014, le chinois Jin Jiang mettait ainsi la main presque naturellement sur le groupe Louvre Hotels, numéro deux derrière Accor de l’hôtellerie économique en France (contre 1,5 milliard de dollars)… Sans compter début janvier l’OPA – réussie au forceps face à l’italien Bonomi – du conglomérat shanghaien Fosun sur Club Med. Opération qui valorise à présent « l’ex » groupe français à 939 millions d’euros. Quelles sont les tendances et les retombées économiques mais aussi politiques de ces investissement directs chinois ? Sur quoi repose l’attractivité française ? Dossier

L'ActualitÉ business EN CHINE L’actualité Business EN Chine 8 Grande Interview : Robert Lu « La France a de très nombreux atouts » 12

DOSSIER Numéro spécial : Attractivité L’appel de la France

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Analyse : Pascal Gondrand Quand la Chine investit en France

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attractivité touristique La France (nouvel) éden des touristes Chinois

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Grand témoin Pierre-Frédéric Roulot « Louvre Hôtels va passer à la vitesse supérieure » 40 RETOURS D'EXPÉRIENCE - focus entreprises Beijing Capital Group : À Châteauroux - Une « offre globale » pour faciliter les échanges France-Chine

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Vidon : De la Chine vers la France

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Jumbo Chains : De l’immobilier au conseil La mue (française) de Jumbo Chains

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Enquête Ifop Attractivité : quel rôle joue le « made in France » ?

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ABÉCéDAIRE 50

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34 « La CCIFC est un catalyseur, un déclencheur, un accélérateur » 52 La Maison France Chine - Le pied-à-terre des entreprises françaises en Chine 54 Site internet ccifc.org Annuaire des membres 2015/2016 55 Business Services 56 Antennes 57 Membres 64

DÉCRYPTAGE Une des médias Clichés Livres Ils arrivent

66 68 70 76

联结

Interview : Frédéric MAZENQ Des touristes « à la découverte du patrimoine » 36

ActualitÉS DE LA CHAMBRE

中国在法投资 —吸引中国投资者的法国市场 72

Trois questions à Hugues WITVOET

Interview de Javier Gimeno

会员企业简讯 74

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L’actualité business en Chine

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C HINE -R USSIE

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Deux géants main dans la main

amais probablement l’axe Pékin/Moscou n’a été aussi fort. Et les échanges commerciaux aussi intenses. Evalués à quelque 38,8 milliards de dollars en 2009, ils ont ainsi bondi à près de 100 milliards l’an dernier. Résultat : la Chine s’est imposée comme le deuxième partenaire commercial de la Russie, derrière l’Union européenne. Partenariat énergétique, infrastructures transfrontalières (nouvelles autoroutes notamment), libéralisation depuis 2010 du yuan et du rouble… Le tout appuyé par une coopération accrue au sein d’organisations internationales comme la nouvelle banque des BRICS, dotée de 50 milliards de dollars ou encore l’Organisation de Coopération de Shanghai qui regroupe depuis 2001 les pays d’Asie centrale et la Russie. Sans compter l’accord d’approvisionnement, ratifié début mai, qui prévoit de fournir à la Chine, à partir de 2018, près de 40 milliards de m3 de gaz russe chaque année. Accord qui vient compléter celui signé l’an dernier déjà et chiffré à 400 milliards de dollars pour la livraison du précieux combustible à travers un autre gazoduc.

En CHIFFR E

Montant en dollars de l’investissement à venir de l'équipementier en télécoms américain Cisco. Cet ambitieux plan d'investissement s'inscrit dans le cadre d'un protocole d'accord conclu entre Cisco et la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC), puissant organe chinois de planification économique. Poids lourd du secteur technologique, fabricant de routeurs, de commutateurs de réseaux et offrant des services dématérialisés en ligne ("cloud"), Cisco entend utiliser ces investissements, relève La Tribune, pour développer "l'innovation, la recherche et le développement, les créations d'emploi". I L S ONT DIT.. .

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« L’appréciation effective et substantielle enregistrée au cours de l’année passée par le renminbi (autre nom du yuan) amène son taux de change à un niveau qui n’est plus sous-évalué ».

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D’après le Fonds Monétaire International (FMI), présidé par Christine Lagarde. Alors que « la sous-évaluation du renminbi a été dans le passé un facteur majeur d’importants déséquilibres », ce n’est plus le cas, a poursuivi le FMI – cité par l’AFP -, tout en pointant la nécessité de continuer à « ajuster le taux de change à l’évolution des fondamentaux », notamment de la productivité chinoise.

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En C HI F F R E

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IM P O RTATIO NS

La Chine dans le rouge

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n long et inexorable effritement, disent les experts… La Chine a vu de fait ses importations chuter en mai (-17,6 % sur un an) pour le septième mois consécutif, tandis que ses exportations essuyaient un nouveau repli, symptômes inquiétants de la détérioration de la demande et du ralentissement de l'activité dans la deuxième économie mondiale. Expri-

mées en yuans, les importations ont chuté de 18,1 %, a précisé l'administration des Douanes. « Alors que le pays devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis un quart de siècle », relevait au même moment Le Figaro, « Pékin vante ses efforts de "rééquilibrage", désireux de doper la consommation et le secteur des services et appelant ostensiblement à "une montée en gamme" de ses exportations ».

Montant en dollars de la capitalisation boursière atteinte en Chine au mois de juin, pour la première fois de son histoire. « Ces chiffres s’entendent pour les Bourses de Shenzhen et Shanghai réunies mais hors Hong Kong », relève Les Echos. Dans le détail, celle de Shangai a grimpé de 152 % en l'espace d'un an, tandis que celle de Shenzen a grossi de plus de 100 %, à 4 368 milliards de dollars. Mais la Chine – qui devient la deuxième place boursière au monde devant le Japon reste encore loin derrière la Bourse traditionnelle de New York, puisque « le Nyse est à environ 20 000 milliards et, si l’on ajoute le Nasdaq, les Etats-Unis trônent à près de 28 000 milliards. A titre de comparaison, Euronext, qui inclut notamment la Bourse de Paris, est à un peu plus de 3 500 milliards de dollars de capitalisation. Début 2012, elle était trois fois plus grande que Shenzhen, qui la dépasse désormais largement, à 4 368 milliards de dollars ».

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« Les efforts conjoints de la Russie et de la Chine pour coordonner (…) l'initiative de la Ceinture économique de la Route de la soie créeront de grandes opportunités de développement pour les deux parties et la région. »

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Zhang Gaoli, vice-Premier ministre chinois, cité par l’agence Ecofin, qui a de nouveau appelé, fin juin, la communauté internationale à soutenir le gigantesque projet présenté par Xi Jinping en 2013, de la Ceinture et la Route de la Soie qui consiste en la construction de voies routières et maritimes entre la Chine et l’Europe, via l’Asie centrale notamment (voir Connexions numéro 73).

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I N TE R N ET

49 969 Yuans

Le rêve de Jack Ma, patron de Alibaba, devenu réalité : depuis juin, sa banque en ligne « MYBank » est sur les rails. Une banque destinée « à servir les petits entrepreneurs privés, lesquels peinent à obtenir des prêts des grandes banques traditionnelles », relève l’AFP. Baptisée MYBank, ce nouvel établissement est contrôlé, avec 30 % des parts, par la société financière Ant Financial Services, affiliée à Alibaba dont elle opère le système de paiement Alipay. « Annonçant son démarrage dans un microblog, MYBank a affirmé qu’elle proposerait des prêts allant jusqu’à 5 millions de yuans (730 000 euros) », précise l’agence de presse française. « La banque, basée à Hangzhou - la métropole de l’est de la Chine où Alibaba a lui même son siège - , a par ailleurs promis de «servir les petites entreprises, les particuliers et les usagers du secteur rural ».

Salaire annuel moyen des employés chinois en 2014 selon le Bureau National des statisques. celui des cadres moyens et supérieurs, plus élevé que le reste des salariés, représente 2,2 fois la moyenne générale. En effet, les cadres chinois ont en moyenne gagné 109 760 yuans l’année dernière, contre 66 074 yuans pour le personnel spécialisé et technique, 47 483 yuans pour le personnel de bureau, 40 669 yuans pour les employés des secteurs du commerce et des services, et 42 914 yuans pour les opérateurs des infrastructures de production et de transport.

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La révolution « mybank »

Vin

Croissance

La Chine est désormais le deuxième vignoble au monde en surface. Toujours derrière l’Espagne (plus de 1 million d’hectares cultivés), la Chine a consacré en 2014, 799 000 hectares à la culture de la vigne – contre 792 000 hectares en France. Selon Courrier International, le vignoble chinois est passé en 15 ans de 3,9 % à 10,6 % de la surface mondiale de vigne, alors que le vignoble français a reculé de 11,5 % à 10,5 %. La Chine est par ailleurs le 5e plus gros pays consommateur au monde, avec près de 2 milliards de bouteilles achetées.

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Le produit intérieur brut (PIB) chinois devrait croître d'environ 7 % en 2015, « ce qui serait sa plus mauvaise performance depuis un quart de siècle et marquerait un net ralentissement par rapport à l'an dernier, lorsque le PIB avait progressé de 7,4 % », relève Reuters. « Un tel chiffre serait toutefois conforme aux objectifs de Pékin, qui vise une croissance d'environ 7 % par an ». Les économistes de la banque centrale estiment que la croissance devrait légèrement s'accélérer jusqu’à décembre.

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T ÉLE X

Uber Lancé en Chine en février 2014, Uber rencontre un succès éclair. Le New York Times, qui publiait récemment une enquête sur le développement de la société californienne en Chine, évoquait le chiffre déjà spectaculaire de 100 000 courses quotidiennes. Le numéro un mondial de la mise en relation avec des voitures de transport avec chauffeur (VTC) fait de la Chine « son marché prioritaire ». La firme californienne projette d'y investir sur l'ensemble de 2015 plus de 7 milliards de yuans, rappelle l’AFP.

Indice PMI L'activité manufacturière chinoise a subi une nouvelle contraction en juin et ce « pour le quatrième mois d'affilée, un symptôme supplémentaire de la morosité de la deuxième économie mondiale, selon l'indice de la banque britannique HSBC », précise l’AFP. L'indice PMI provisoire des directeurs d'achats rendu public mardi pour le mois de juin s'établit à 49,6, soit le plus élevé depuis trois mois, mais toujours en-deçà de la barre des 50, marque une expansion de l'activité manufacturière.


En Chiffres

Réalisé en partenariat avec le Service Économique Régional de Pékin (ambassade de France) Abonnez-vous au bulletin économique mensuel à cette adresse : http://www.ambafrance-cn.org/Abonnez-vous-au-Bulletin-Economique-Chine

6%

La France est le :

6% de la masse salariale brute*: économies pouvant être réalisées par les entreprises françaises grâce au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi * en-dessous de 2,5 SMIC

+61 % Le taux de croissance sur les 5 premiers mois de l’année 2015 du nombre de visas délivrés par la France à des ressortissants chinois

2

ème

ème

pays européen pour les dépôts de brevets pays européen pour la productivité horaire de la main d’œuvre

entreprises étrangères investissent chaque jour en France

La China Construction Bank a inauguré une succursale à Paris le 30 juin dernier. Il s’agit de la

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1 2 3

pays européen en matière de fiscalité de la R&D

er

ème

banque chinoise après Bank of China, l’Exim Bank et ICBC, à s’implanter dans la capitale française

Environ

35 000

jeunes Chinois

étudient en France

En 2014, la France a accueilli plus de

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millions de touristes chinois connexions ÉTÉ 2015

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Grande Interview

Connexions : Si vous deviez résumer en quelques mots ce qu’est le groupe Bluestar, que vous présidez… Robert Lu : En quelques mots, je dirais

qu’il s’agit d’une société de chimie, filiale de Chemchina, leader sur les nouveaux matériaux chimiques et la chimie de spécialité. Le groupe Bluestar rassemble 45 filiales et 17 instituts de recherche. Les activités s'étendent dans plus de 150 pays et régions du monde. Le groupe est également présent en France via l’entreprise Adisseo, que nous avons achetée en 2006. Adisseo, dont le siège social se trouve à Antony (92), est l’un des leaders mondiaux de la nutrition animale avec un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros et plus de 2 600 clients. Grâce à cette alliance, Adisseo gagne, dixit, « un soutien stratégique et une ouverture privilégiée pour se lancer à la conquête de l’Asie ».

Vous avez largement investi en France d’abord avec Adisseo, puis avec Bluestar Silicone International. Quel bilan tirezvous aujourd’hui de ces investissements ?

R o be rt Lu DR

PDG du groupe Bluestar

groupe Bluestar

« La France a de très nombreux atouts » De 2006 à 2012, Bluestar, a racheté les entreprises françaises Adisseo et Bluestar Silicones International. Ce qui fait aujourd’hui de ce groupe, spécialisé dans la chimie, l’un des plus importants employeurs chinois en France. Interview exclusive de son PDG, Robert Lu.

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Nous avons en effet très tôt investi en France : en 2006 avec Adisseo puis en 2007 avec Bluestar. A la fin de cette année, nos revenus en France vont atteindre 2 milliards d’euros. Notre groupe – qui compte quelque 3 000 employés – est je crois le plus gros employeur chinois en France. L'expérience est très positive, nous considérons que le management fonctionne très bien en France. Ces deux investissements ont été les plus importants dans la stratégie d’internationalisation de Bluestar. Quand nous avons réfléchi à ces acquisitions à l’étranger, nous n’avons pas regardé que le bilan. Nous avons passé beaucoup de temps à discuter avec le management français sur la façon dont nous pourrions développer le business en Chine et en Europe. Les dirigeants d’Adisseo et de Bluestar Silicone International partagent avec nous beaucoup de valeurs et une vision stratégique. Nous avons également passé beaucoup de temps à discuter avec le management français sur la façon dont nous pourrions développer le business en Chine et en Europe.

Avez-vous des projets de développement qui concernent vos structures en France ?

Notre plan est de fait basé sur un certain nombre de projets d’expansions dans le business de la nutrition animale mais aussi des projets qui concernent Silicones, de l’ordre de 300 à 400 millions d’euros. Nous envisageons de fortes synergies entre nos unités en Chine et Bluestar Silicone International. En 2011, nous avions


Quand Bluestar a décidé d’investir dans Adisseo et Silicone, avez-vous alors senti une forme de résistance au sein des équipes françaises ?

Au tout début, on a pu sentir quelques inquiétudes du côté français, certains au sein des équipes en place étaient inquiets des possibles différences culturelles. Le système politique et social entre nos deux pays est aussi assez différent. Mais dès le départ, le conseil d’entreprise et les syndicats se sont prononcés favorablement par rapport au projet proposé par Bluestar ; ils ont même été étonnés des conditions de dialogue social mis en place plus favorables que celui proposé généralement par des entreprises américaines… Dès le départ, nous avons proposé un plan de progression de l’emploi sur les sites et non de réduction. Aujourd’hui, les employés de Bluestar – qu’ils soient basés en France ou en Chine – se comprennent. Il y a de très fortes complémentarités entre les équipes. Ils partagent la même vision, la même stratégie. Nous renforçons sans cesse la communication entre la France et la Chine et proposons des Repères

Chemchina est le numéro 1 chinois de la chimie. « De 2006 à 2012, sa société phare, Bluestar, a racheté avec succès les entreprises françaises Adisseo et Bluestar Silicones International (anciennement Rhodia Silicones, ndlr), l’australien Qenos 1/2 et le norvégien Elkem », précisent Brigitte Dyan et Hu170x125 bert Testard, auteurs de « Quand la Chine investit en France », paru en 2014. Et de rappeler qu’avec « 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 140 000 employés, ce groupe d’État est aujourd’hui entré au classement Forbes des 500 plus grandes entreprises mondiales ».

« A la fin de cette année, nos revenus en France vont atteindre 2 milliards d’euros. Notre groupe – qui compte quelque 3 000 employés – est je crois le plus gros employeur chinois en France. »

FOCUS

camps d’été de 3 semaines en Chine, à Pékin, aux enfants de tous nos collaborateurs. Ce qui permet bien souvent de briser certaines barrières culturelles et pour nos employés qui ne connaissent pas la Chine d’en avoir une image rationnelle et positive.

Comment jugeriez-vous l’environnement d’affaires et les conditions de management en France ?

Il est d’abord difficile de comparer le management à la française au management à la chinoise. Un employé chinois répondra immédiatement aux consignes données par sa hiérarchie, un employé français, lui, commencera d’abord par se demander « pourquoi je dois faire cela ? » (rires). Les Français ont besoin de comprendre ce qu’ils font, cela doit avoir du sens pour eux. Il y a aussi des différences liées aux rôles des syndicats chinois et des syndicats français. Mais dans tous les cas, le management n’est pas une science exacte, il est impossible d’être 100 % certain que la décision prise est la bonne… Quoiqu’il en soit je pense que la France a de très nombreux atouts, et si le gouvernement joue d'une façon habile pour mettre en place les bonnes politiques, cela peut donner de très bons résultats. La France doit mettre en place je crois une politique forte d’innovation portée au plus haut niveau.

Propos recueillis par Pierre Tiessen

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également racheté l’entreprise norvégienne Elkem qui est l'un des principaux fournisseurs mondiaux de silicium et de microsilice. Les synergies sont donc, dans tout cet ensemble, très fortes (Elkem et Bluestar Silicones International ont d’ailleurs fusionné, Ndlr. Voir encadré cicontre). Bluestar Silicones International n’est pas (pour le groupe Chemchina, ndlr) une simple acquisition type PLC (Private equity and venture capital). Nous pensons qu’avec Bluestar, nous pouvons générer beaucoup de valeurs à la fois en France et en Chine.

Elkem/Bluestar Silicones

La fusion Le norvégien Elkem a absorbé fin juin le lyonnais Bluestar Silicones International (BSI). « Il s'agit d'une fusion interne de deux filiales, l'une norvégienne, l'autre française, contrôlées par China National Bluestar (groupe Chem China) qui ne change rien à l'organisation opérationnelle des deux entités. Bluestar Silicones reste placé sous la responsabilité de Frédéric Jacquin récemment nommé au poste de CEO », précise le site d’information lyonnais Acteurs de l’économie. Cette intégration n'entraîne la suppression d'aucun poste, y compris dans les fonctions dites support. « Cette intégration fait suite aux relations étroites que les deux sociétés entretenaient au sein de la chaîne de valeur silicone depuis 2012 et le rachat par le Groupe Bluestar de Elkem et de BSI. L’objectif de cette intégration financière et juridique est de renforcer les moyens de la nouvelle entité pour accélérer sa croissance dans ses différentes activités », selon un communiqué diffusé par BSI.

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Matières premières, agroalimentaire, tourisme, nouvelles technologies, logistique ou encore industrie de pointe… Désormais, plus rien n’échappe à l’étranger aux investisseurs de l’Empire du milieu, qu’ils soient publics et donc directement rattachés au régime communiste ou simples entrepreneurs privés. Pour la seule année 2014, ils ont dans leur ensemble procédé à quelque 120 milliards de dollars d’emplettes en fusions-acquisitions en dehors de leur pays. Soit 10 fois plus qu’en 2005 (et en augmentation de 10 % en glissement annuel). Vertigineux ! « L’usine du monde » s’est ainsi muée, en un temps record, en une puissance prête à mettre des milliards sur la table pour s’emparer de fleurons à l’étranger. En France comme ailleurs. En 2014, le chinois Jin Jiang mettait ainsi la main presque naturellement sur le groupe Louvre Hotels, numéro deux derrière Accor de l’hôtellerie économique en France (contre 1,5 milliard de dollars)… Sans compter début janvier l’OPA – réussie au forceps face à l’italien Bonomi – du conglomérat shanghaien Fosun sur Club Med. Opération qui valorise à présent « l’ex » groupe français à 939 millions d’euros. Quelles sont les tendances et les retombées économiques mais aussi politiques de ces investissement directs chinois ? Sur quoi repose l’attractivité française ? Dossier

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L’appel de la France

connexions Automne 2014

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Biostime À la recherche du label « made in France »

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BIOSTIME

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Créé en 1999 par Luo Fei, fondateur et Président Directeur Général du groupe, Biostime connait depuis sa création une croissance rapide. Coté à la Bourse de Hong Kong depuis 2010, le groupe a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 4,57 milliards de RMB. « Il emploie aujourd’hui plus de 3 200 personnes et dispose de plus de 100 bureaux de vente en propre répartis sur l’ensemble du territoire chinois ainsi que d’une filiale en France spécialisée dans la R&D et le contrôle qualité de ses productions européennes », indique-ton au siège de ce groupe cantonnais. Biostime dispose aujourd’hui d’une position de leader en Chine dans le domaine des compléments alimentaires probiotiques pour enfants et est désormais la première marque chinoise de laits infantiles en valeur de ventes au détail (Source : Nielsen, mars 2015) et le premier acteur de lait infantiles « made in France » en Chine. La France est le premier pays fournisseur de Biostime pour les souches probiotiques ainsi que les laits infantiles fabriqués et conditionnés en France. Afin de sécuriser ses approvisionnements de qualité et la traçabilité de ses produits et dans l’optique de renforcer ses liens avec l’un de ses principaux fournisseurs, Biostime a annoncé en juillet 2013 la réalisation d’un investissement conjoint avec la Coopérative laitière normande Isigny Sainte Mère de 50 millions d’euros et une prise de participation de 20 % dans cette dernière, devenant ainsi le premier associé non coopérateur étranger à siéger au conseil d’administration d’une coopérative française.

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e miracle chinois ou comment les capitalistes de l’Empire du Milieu ont su appliquer (à la lettre) le mot d’ordre de Deng Xiaoping, lequel au milieu des années 90 les invitait « à sortir du pays ». En d’autres termes : à investir à l’étranger pour y gagner en compétitivité et à renforcer leur position sur le grand échiquier de la mondialisation. Officiellement intégrée au dixième plan quinquennal chinois (2001- 2005), confortée dans le onzième plan en 2006 avec une formulation encore plus volontariste : “Faites un pas de plus dans la mondialisation”, cette nouvelle

politique d’internationalisation est alors « soutenue par diverses mesures d’encouragement qui s’adressent aux entreprises d’État. Mais aussi, fait nouveau, aux entreprises privées », précisent Brigitte Dyan et Hubert Testard, auteurs de l’excellente étude « Quand la Chine investit en France », pour le compte de l’Agence française pour les investissements internationaux (2014 – Voir l’extrait de cette étude page 23). « La Chine a une force d'expansion extérieure majeure. Et depuis cinq ans elle incite ses acteurs économiques à investir en actifs productifs à l'étranger », confirme Jean-Charles Simon (Voir interview page 22), du cabinet


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Chine-France : le choc des cultures Extrait du rapport : « Face aux nouvelles stratégies déployées par les investisseurs chinois en Europe et en France : quelle(s) réponse(s) adopter ? » 1

« La langue chinoise, une des seules grandes langues à être restée non alphabétique reste très imperméable aux emprunts étrangers, voire très figée. Il reste considéré comme dangereux de transmettre des informations ou des opinions à des étrangers. Ces éléments expliquent que les patrons chinois, privés, comme publics, sont généralement réticents à travailler directement avec l’étranger. Ils expliquent aussi que les Européens ont plus de mal à percevoir les motivations des Chinois que celles des investisseurs de la plupart des autres régions du monde. Lorsqu’une entreprise française est rachetée par un groupe public chinois, les cadres sont en général très satisfaits car l’ancienne équipe de direction est conservée, et le groupe leur laisse une grande autonomie de gestion tout en augmentant leur capacité d’investissement. Que l’investisseur soit public ou privé, les décisions de l’état-major chinois sont prises uniquement en Chine et sans participation des cadres européens. L’impression prévaut que les achats d’avoirs européens se font à l’opportunité, plutôt qu’en suivant une stratégie lisible. » 1. Paru en 2013 pour la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services - Principaux auteurs : Laetitia Guilhot, Catherine Mercier-Suissa et Jean Ruffier

Les IDE chinois sont répartis sur toute l’Europe

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Finlande 102

Transactions de création ou de Fusions & Acquisitions dans les 28 pays de l’UE par zones géographiques ; en valeur des investissements cumulés de 2000 à 2014

0 - 500 500 - 2 000

Suède 1 522

2 000 - 5 000 5 000 - 10 000

Estonie 23

> 10 000 millions d'euros

Lettonie 3

d’avocat Simon associés, qui a développé en Chine une alliance avec le cabinet Zhong Yin (1000 avocats dans 25 villes). « Pour les sociétés d'Etat il s'agit d'influer sur les grandes places de marché en Europe, d'asseoir aussi le rôle du RMB (la mise en place d'une nouvelle route de la soie et d'une banque internationale ad hoc le confirment). Pour les entreprises privées, il s'agit de placer des liquidités en dehors de la Chine tout en conquérant des technologies et des savoir-faire qui permettent d'être plus concurrentes en Chine ». Résultat : le niveau des investissements étrangers (IDE) chinois a ainsi été multiplié par 100 selon les données du MOFCOM, passant de 0,9 milliards

Danemark 134 Irlande 99 Royaume-Uni 12 212

Lituanie 30

Pays-Bas 2 997 Belgique 928

Pologne 453 Allemagne 6 872

Rép. Tchèque Slovaquie 138 40

France 5 907

Autriche 436 Slovénie 8 Italie 4 202

Hongrie 1 891

Roumanie 733

Croatie 4

Bulgarie 207

Portugal 5 138 Espagne 1 096

Grèce 405

Chypre 31

Malte 69

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de dollars en 2000 à 120 milliards en 2014. Une tendance qui se renforce puisque ces mêmes IDE à l'étranger ont bondi de 47,4 % au cours des cinq premiers mois de cette année, à 278,4 milliards de yuans (39,36 milliards d'euros), selon des données officielles. Désormais, plus rien n’échappe à ces investisseurs, qu’ils soient publics ou simples entrepreneurs privés. Effet de la crise Comment alors expliquer cette soudaine razzia chinoise laquelle suscite régulièrement des inquiétudes notamment de la part des économies européennes ? D’abord, grâce au pactole amassé par la Chine depuis de nombreuses années. Les réserves de change chinoises excèdent 2 500 milliards de dollars, 3 600 milliards de dollars si on y adjoint les actifs des fonds souverains de Chine et Hong Kong. « Il faut encore ajouter les capacités d'investissements à l'étranger des entreprises chinoises publiques et privées », poursuit Jean-Charles Simon. « Il y a eu un effet de la crise très fort », relève un analyste financier en poste à Shan-

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ghai. « Après 2008, de nombreuses entreprises florissantes de Pékin et d’ailleurs se sont retrouvées en capacité d’investir rapidement dans des structures en difficulté. » Sur le Vieux Continent notamment. En France bien sûr, mais aussi en Allemagne, pays prisé des investisseurs chinois pour son réseau de PME spécialisées sur « des marchés de niche et leaders dans leur domaine ». « Ces investisseurs chinois ont généralement profité de prix très attractifs », confirme l’économiste Ding Yifan, directeur adjoint de l’institut d’études sur le développement mondial à Pékin. Une stratégie de rachats tous azimuts qui leur permet d’hériter, sur place et sur des secteurs qu’ils ne maitrisent pas toujours, « d’une très bonne notoriété et souvent d’excellents réseaux de distribution ». Mais ces investisseurs visent aussi « le long terme », selon lui. Et de citer le mastodonte des télécoms Huawei (chiffre d’affaires 2014 : près de 40 milliards d’euros) qui vient d’annoncer vouloir investir en France 1,5 milliard d’euros dans 4 nouveaux centres de R&D (Voir interview page 21).

« L’instant français » Et si la Chine avait désormais les yeux rivés sur la France ? Emmanuel Gros, lui, en est convaincu. Pour ce spécialiste, senior adviser au sein de la banque d’affaire Benoit & Associés à Shanghai, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises chinoises en France, « le moment français est arrivé ». « Comme il y a eu un moment allemand. Beaucoup d’entrepreneurs chinois sont fascinés par la France et reconnaissent la qualité et le niveau de formation de notre main d’œuvre. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir y investir », relève cet expert qui travaille également à valoriser en Chine l’expertise logistique du marché de Ringis (chiffre d’affaires : 9 milliards d’euros // premier marché de gros mondial). « Il y a 4 300 marchés de gros en Chine, beaucoup sont très en retard dans l’optimisation logistique… Sur les investissements chinois en France : ceux - là ont changé de nature : on n’est plus exclusivement sur les gros contrat en énergie. Ces investissements, menés aussi par des groupes privés, visent les loisirs, les produits de consommation, etc. ». Quid de l’avenir ? « Je pressens pour les années


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Et si la Chine avait désormais les yeux rivés sur la France ? Emmanuel Gros, lui, en est convaincu. Pour ce spécialiste, senior adviser au sein de la banque d’affaire Benoit & Associés à Shanghai, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises chinoises en France, « le moment français est arrivé ».

Le point de vue de

Jean Ruffi e r

Chargé de recherche CNRS, Directeur du Centre Franco-Chinois de Recherche en Gestion (CFCRG) à l’IAE de Lyon.

« Les managers chinois ne savent pas décider » Quel est généralement l’impact sur l’emploi et la productivité d’une entreprise française lors d’un rachat par un groupe chinois ? Le phénomène est récent mais je n’ai pas l’impression – si l’on prend par exemple le cas de Silicones International dans le Rhône que la productivité ait baissé depuis son rachat par Bluestar en 2007. On est là sur une réelle logique « win-win ». Ce qui est beaucoup moins vrai par exemple pour l’usine en Haute-Marne de tracteurs McCormick reprise par le groupe chinois Yto en 2011. Là, ils ont perdu énormément de capacités de production. Comment l’expliquez-vous ? C’est un réel gâchis lié aux faibles capacités de management des équipes chinoises en place. C’est d’ailleurs l’un des principaux dangers : nous sommes régulièrement face à des dirigeants, placés par leur siège sur tel ou tel site racheté en France ou ailleurs, qui ne savent pas décider. Beaucoup sont effrayés à l’idée de prendre une décision qui ne soit pas la bonne. Nombre d’entreprises chinoises n’ont pas de stratégie de management cohérente et cela peut représenter un frein important dans le développement.

à venir une énorme vague d'acquisitions de sociétés françaises par des sociétés chinoises mais dans un cadre bien défini », analyse quant à lui Alexandre Chieng, de Edmond de Rothschild Private Equity qui aide les sociétés chinoises à s'internationaliser. « Ces entreprises chinoises qui peuvent investir en France ne s'interessent pas reellement au marche français. Elles font ce type d'investissement pour développer le marché chinois. Cela étant dit, de nombreuses sociétés chinoises ont un intérêt à faire des acquisitions en France (minoritaires ou majoritaires) afin de sécuriser leur partenariats dans les secteurs des services, de la parapharmacie, etc. On a des pépites françaises qui méritent de collaborer avec des sociétés chinoises ».

Sur quoi repose l’attractivité de la France ? A ses atouts propres bien évidemment : cadre de vie, écosystème lié à l’innovation, etc. Mais aussi à la forte communauté chinoise qui y réside. On l’oublie souvent mais c’est un point essentiel : le bouche-à-oreille, l’entraide sont très importants. La France offre par ailleurs des structures d’aide et d’accompagnement aux entreprises particulièrement performantes. Si l’investisseur est solide, il va alors pouvoir travailler avec de nombreux relais. Propos recueillis par P. Tiessen

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Une France trop rigide ? Reste en attendant que de nombreux petits entrepreneurs chinois ne sont pas toujours préparés à ce type « d’aventures » hors de leurs frontières. Choc culturel, mauvaise image du « made in China », méconnaissance sur place des règles légales et sociales, etc. La marche est haute pour beaucoup. Sans compter « la difficulté du droit social français », poursuit

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MA CT

Malgré tout, de nombreux petits entrepreneurs chinois ne sont pas toujours préparés à ce type « d’aventures » hors de leurs frontières. Choc culturel, mauvaise image du « made in China », méconnaissance sur place des règles légales et sociales, etc.

ATTRACTIVITÉ

Patr ick J ia n g Directeur de MACT

Tourisme : le challenge de MACT

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L’homme est un entrepreneur décidément doué. A la tête de MACT, « société sino-réunionnaise », dixit, d’une soixantaine de salariés, Patrick Jiang est sur tous les fronts. L’hôtellerie d’abord, insiste ce propriétaire de deux hôtels sur l’île de la Réunion (dont Le Récif, un établissement haut de gamme). Ce réunionnais d’adoption (né à Paris, il a découvert l’île lors de son voyage de noce en 1996) – spécialisé un temps dans l’import-export Chine/France – veut aujourd’hui avec ces hôtels « booster » le tourisme chinois vers la France, et La Réunion en particulier. « Nous travaillons avec des tours opérateurs chinois et la Région fait, depuis quelques temps, la promotion de l’île en Chine », précise-t-il. Résultat : quelque 3 000 touristes venus de l’Empire du milieu ont découvert l’île en 2014 (contre 100000 sur l’île (voisine) de Maurice). « Nous avons pour objectif d’en faire venir 10 000 en 2016 ». En parallèle de ces activités, Patrick Jiang a récupéré la licence pour développer la carte (culinaire) de Joël Robuchon en Chine ainsi que la licence d’exploitation pour la marque Brioche Dorée (Groupe Le Duff ). Il vise l’ouverture de 150 nouvelles boulangeries dans les années à venir en Chine. (Voir aussi page 34: La France, nouvel (Eden) des touristes chinois)

MACT

Emmanuel Gros. « Beaucoup d’investisseurs ne “rentrent” pas en France de peur de ne pas savoir combien ça va leur coûter le jour où ils décideront de la quitter ». « On souffre en particulier de la loi Hamon {et notamment de l'obligation d'information des salariés sur la cession d'entreprise deux mois avant, ndlr} ». Constat partagé par l’universitaire Jean Ruffier, auteur notamment de « Faut-il avoir peur des usines chinoises ? » (éditions l’Harmattan – voir interview page 19). « Pour les patrons chinois, la France est un Etat de droit. Cela en effraie certains… ».

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Pépites Sur le plan business, « la France offre des opportunités claires mais elle est effectivement perçue comme peu attractive avec des règles sociales et fiscales dissuasives mais aussi le morcellement des interlocuteurs. Ce morcellement n’aide pas toujours ces inves-

tisseurs à avoir une vision claire du marché », relève pour sa part Olivier Dubuis, avocat au cabinet UGGC Avocats à Shanghai. Malgré tout, de la France, « ces investisseurs chinois ne peuvent pas s’en passer », estime-til. Car même si « le flux de deals de la Chine vers la France n’est pas très impressionnant encore, l’Hexagone a de vraies pépites avec de vraies capacités technologiques ». Par ailleurs, l’apparition de fonds d’investissements chinois privés qui ont vocation à investir sur le marché européen – et français notamment – peut être perçue comme une évolution du profil des investisseurs chinois. Et de constater qu’il y a « de plus en plus de cabinets d’avocats pékinois ou shanghaiens qui s’installent à Paris ». Signe à l’évidence que “l’appel de la France”, pour les investisseurs chinois, se fait plus fort… Pierre Tiessen


FOCUS

Huawei en France « Faire de l’Europe le “second marché domestique” du groupe »

Isa b e l l e L e u ng Director Public Affairs & External Relations, Huawei France

« Nous avons pour objectif d’être reconnus comme un acteur local engagé dans le dynamisme de l’écosystème numérique français. Avec des centres de R&D en pointe dans le domaine des mathématiques, de l’électronique embarqué, du design et des objets connectés, nous travaillons déjà en étroite coopération avec les chercheurs, les laboratoires et les Universités françaises. »

Que représente la France pour le groupe Huawei ? Présent en France depuis près de 12 ans, Huawei y compte 700 collaborateurs implantés sur plusieurs sites (Boulogne-Billancourt, Lille, Lyon, Nantes, Bordeaux, Nice et Paris) et nous travaillons étroitement avec les opérateurs français (Orange, Bouygues Télécom, Free et SFR-Numéricable). En 2014, nous avons créé des centres de R&D en pointe dans le domaine des mathématiques, de l’électronique embarqué, du design et des objets connectés, et nous travaillons déjà en étroite coopération avec les chercheurs, les laboratoires et les Universités françaises. A titre d’exemple, l’équipe française actuellement en charge du développement de la future 5G a d’ores et déjà été identifiée comme notre deuxième centre de développement de cette technologie.

Comment percevez-vous l'attractivité de la France, en termes d'investissements ? Nous sommes convaincus de l’attractivité française en matière d’investissements étrangers ainsi que de l’excellence de ses chercheurs, et c’est pour cette raison que nous avons inscrit l’hexagone au cœur de notre stratégie de développement : un plan d’investissement de 1,9 milliards de dollars sur cinq ans a ainsi été déployé depuis 2014. Ce plan comprend un doublement des emplois, l’implantation de nouveaux centres R&D en France et une hausse significative des achats effectués auprès des fournisseurs français. Au-delà de cette implantation locale, nous avons pour objectif d’être reconnus comme un acteur local engagé dans le dynamisme de l’écosystème numérique français. De plus, nous sommes conscients de la richesse et de la complémentarité des écosystèmes numériques français et chinois, et nous avons engagé un rapprochement des talents et du développement de relations d’affaires entre nos deux pays. Un forum numérique réunissant plus de 150 acteurs du numérique et des télécoms a ainsi été organisé à Shenzhen en octobre 2014 en coopération avec le ministère du Commerce extérieur français. Huawei organise également des concours de start-ups afin de repérer et de soutenir les pépites technologiques françaises. Les gagnants participent à un voyage

Que pèse le marché français dans le chiffre d'affaires de votre groupe ? Nous voyons la France comme une partie intégrante de notre stratégie d’implantation en Europe, et la vision de notre fondateur est de faire de l’Europe le « second marché domestique » du groupe. Huawei compte 170 000 employés dans le monde, répartis dans 170 pays. Notre implantation européenne s’est faite depuis les années 2000, et nous disposons aujourd’hui en Europe de plus de 8 000 collaborateurs, dont 850 dédiés à la R&D, et plus de 6 000 emplois indirects auprès de fournisseurs, partenaires, et centres de production. Notre approche européenne est d’investir au plus près de nos marchés afin de répondre au mieux aux attentes de

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nos clients, tout en s’intégrant durablement dans les écosystèmes. Ainsi, nous avons créé 17 sites de recherche en Europe, dont 4 sont situés en France.

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Les dispositions fiscales françaises sont-elles incitatives ou constituent-elles davantage un frein à ces investissements ? Le Crédit Impôt Recherche est certainement le meilleur dispositif en Europe en termes d’incitations aux entreprises pour favoriser l’investissement en R&D. Cependant le CIR n’a pas été l’élément décisif pour Huawei dans la construction du plan d’investissement. Les compétences, la richesse de l’écosystème, l’accueil, sont des arguments principaux.

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Quels sont, selon vous, les points forts et points faibles du marché français pour ces investisseurs chinois ? A l’aune de notre expérience, et du travail que nous avons effectué depuis 3 ans avec les acteurs français de notre écosystème pour la construction de notre plan d’investissement, nous avons identifié 3 points forts principaux. Les compétences, d’abord, car la France dispose des meilleures écoles d’ingénieurs et d’une expertise reconnue dans notre domaine, les Telecoms, et dans les domaines des mathématiques et de la micro-électronique. Un écosystème riche ensuite, composé par les universités, les laboratoires de recherche, mais aussi les grandes entreprises et les startups. Un accueil favorable, enfin, qui est primordial pour les investisseurs chinois. Notre fondateur, M. Ren Zhengfei, a été reçu par le Premier Ministre Manuel Valls en septembre dernier et a pu ainsi lui présenter son projet d’investissement. Parmi les points faibles, nous avons constaté une forte méconnaissance réciproque, au démarrage de nos démarches il y a 3 ans. Nous avons bénéficié du soutien des autorités françaises, pour mieux faire connaitre l’environnement français à nos interlocuteurs chinois. De la même façon, notre management en Chine a été désireux de rencontrer les autorités françaises et de consacrer du temps pour ces rencontres, ce qui nous a permis d’aboutir à un consensus sur la décision d’investissement en France.

« La France : un des pays

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organisé par l’entreprise en Chine leur permettant d’aller à la rencontre de l’écosystème chinois.

Trois questions à…

Jean -Charl e s Si m o n et Lara Bo ursi e r

Cabinet d’avocat Simon Associés

Les outbounds en France constituentils pour certains des investisseurs chinois "un pont" vers l'Afrique ou encore l'Amérique du Sud ? La Chine investit massivement en Afrique depuis quelques années avec plus ou moins de succès. La Chine a donc décidé de renforcer sa coopération avec les pays européens et notamment la France pour développer conjointement les marchés tiers, dans un effort de réaliser des bénéfices pour les trois parties concernées. Cette perspective donnera non seulement un nouveau dynamisme à la coopération UE-Chine, mais elle permettra aussi d'élargir les propositions

« Les accords bilatéraux et commerciaux signés en juin, lors de la visite en France du Premier ministre chinois LI Keqiang, comprennent trois accords concernant la constitution de fonds d’investissement sino-français entre des fonds français et acteurs ou banques chinois. C’est la première fois que de tels accords sont conclus. »

Avez-vous d'autres projets d'investissements en France ? Nous avons fait un premier bilan de notre investissement démarré en 2014. A ce jour, nous avons recruté plus de 100 chercheurs. En 2014, 244 millions de dollars ont été dépensés auprès de nos fournisseurs français, ce qui représente une hausse de 13,3% par rapport à 2013, soit le plus fort taux de croissance en termes d’achats en Europe. En 2015, nous venons de signer un accord global de coopération avec STMicroelectronics, à l’occasion de la visite du Premier Ministre LI Keqiang à Paris, le 2 juillet dernier. Ces premiers éléments de résultats sont de bon augure pour nos engagements futurs en France. Propos recueillis par P. Ti.

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Lors de la dernière visite en France, en juin dernier, de M. LI Keqiang


les plus attractifs d’Europe » portées par l'initiative de la nouvelle Route de la soie. C’est dans ce contexte qu’une convention bilatérale de coopération et d’investissement à destination des pays tiers a été signée le 30 juin lors de la visite de la délégation chinoise. Les PME chinoises ont un accès limité à l'emprunt. Dans ces conditions, comment peuvent-elles investir en France ? Les accords bilatéraux et commerciaux signés en juin comprennent trois accords concernant la constitution de fonds d’investissement sino-français entre des fonds français et acteurs ou banques chinois. C’est la première fois que de tels accords sont conclus impliquant des acteurs français et là encore cela augure d’une nouvelle orientation stratégique d’investissement qui va s’intensifier dans les prochaines années. L’idée est assez simple : les fonds communs permettent aux entreprises chinoises de prendre des participations stratégiques au sein dans des PME ETI en France à forte valeur technologique et en recherche de développement. Il apparaît aussi que les grandes banques chinoises, ayant pour la plupart installé leur siège européen à Luxembourg, avec souvent des délégations importantes en France comme

par exemple Bank of China qui a plus de 300 collaborateurs à Paris, auront toutes un rôle significatif à jouer dans les prochaines années. Comment ces potentiels investisseurs perçoivent-ils le cadre juridique et légal français ? Le cadre juridique et légal de la France permet d’encadrer les transactions et de les sécuriser. Chaque partie est traitée à égalité devant la loi, quel que soit son origine ou sa nationalité. C’est un atout certain qu’il faut mettre en avant lorsque l’on traite de l’attractivité de la France. Certains clichés ont la vie dure (la France est romantique mais toujours en grève et les français ne travaillent pas) et nous essayons avec chacun de nos interlocuteurs chinois de les sensibiliser à cet argument. Les investisseurs chinois peuvent également puiser dans l’arsenal des mesures fiscales, sociales ainsi que celles facilitant la circulation des hommes mises en place en France et qui en font, outre son positionnement stratégique, l’un des pays les plus attractifs d’Europe. Propos recueillis par P. Ti.

Zoom sur

L’attractivité allemande Extrait de « Quand la Chine investit en France », de Brigitte Dyan et Hubert Testard, 2014. « L’image de l’Allemagne auprès des investisseurs chinois est fondée avant tout sur sa réputation technologique et industrielle. Premier marché de l’Union européenne dans différents domaines, elle attire un grand nombre de bureaux de représentation commerciale, ainsi qu’un certain nombre de centres de R&D et de sièges européens. Les grandes acquisitions chinoises en Allemagne sont cependant moins nombreuses qu’en France ou en Grande-Bretagne. Elles ont la particularité de toucher ce que la presse allemande appelle les « champions cachés », ces fleurons industriels de taille moyenne qui font la réputation technologique du pays. Un certain nombre d’entre eux ont été à vendre en raison de la crise économique, mais aussi des départs en retraite de la génération issue du baby-boom des années cinquante. Les investisseurs chinois entretenaient souvent de longue date des relations commerciales avec ces entreprises fortement internationalisées. Ils ont su saisir les occasions qui se présentaient, et des sociétés comme Putzmeister, Schwing, Kion, Waldrich Coburg sont devenues chinoises. D’autres acquisitions importantes ont porté récemment sur l’informatique (rachat de Medion par Lenovo) et les équipements automobiles. L’investissement chinois en Allemagne reste en termes de montants financiers plus modeste qu’en France, avec un stock cumulé de 5,6 Md$ selon l’Heritage Foundation. »

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ENGIE Groupe

« Nos partenaires chinois ont tous une composante internationale » DR

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FOCUS ENERGIE

J ea n - M a r c G uyot ENGIE Groupe (ex-GDF-Suez) – directeur Chine

Quelle est la stratégie de partenariats du Groupe ENGIE en Chine ? Nous avons deux grands types de partenariats. Le premier type de partenariat, c’est avec les SOEs (les grandes entreprises d’État) et ceci dans plusieurs domaines. Nous travaillons par exemple avec les grands électriciens chinois qui cherchent à produire l’électricité propre en remplaçant le charbon par le gaz naturel. Nous travaillons aussi avec des SOEs dans les grandes villes pour développer l’efficacité énergétique d’une part et remplacer le charbon par le gaz naturel d’autre part pour diminuer la pollution de l’air dans les grandes métropoles. Le deuxième type de partenariat concerne les entreprises privées chinoises dans le domaine de Small LNG. Dans certaines provinces, nos partenaires locaux cherchent des solutions pour remplacer le diesel par le LNG pour les camions.

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« Nos partenaires chinois souhaitent aussi co-investir avec ENGIE dans la production d’électricité dans les régions ou pays en dehors de la Chine, tels que : Afrique du Sud, Afrique, Amérique Latine, Inde ou Moyen Orient. »

Ces partenariats se traduisent-ils par des investissements et projets menés conjointement avec des entreprises chinoises dans des pays tiers ? Nos partenaires ont tous une composante internationale dans leurs stratégies de développement. La plupart des entreprises impliquées dans la chaine gaz par exemple souhaitent investir dans la production ou la liquéfaction du gaz naturel dans les pays en dehors de la Chine. Nos partenaires chinois souhaitent aussi co-investir avec ENGIE dans la production d’électricité dans les régions ou pays en dehors de la Chine, tels que : Afrique du Sud, Afrique, Amérique Latine, Inde ou Moyen Orient. Quels sont les avantages pour ENGIE à développer ce type de partenariats ? Pour les projets en Chine, les expériences techniques et la capacité dans le management de projet d’énergie sont appréciés par nos partenaires chinois. Pour les projets à l’international, la valeur ajoutée de ENGIE Groupe est la capacité à développer des projets dans de nombreux pays dans le domaine de la chaine gaz et de l’électricité et aussi la capacité à opérer ces installations industrielles. Notez-vous une montée en puissance sur le secteur de l'énergie des investissements chinois en Europe, et en France en particulier ? Nous avons effectivement vu une volonté des entreprises chinoises à investir dans des centrales nucléaires en Europe, en particulier au UK et aussi en Turquie. Cependant, hormis sur la filière nucléaire, nous n’avons pas observé d’autres investissements lourds dans le domaine énergétique en Europe, en particulier en France, pour le moment. Propos recueillis par P. Ti.


Zoom sur

China Business Club : la force du réseau Du succès, il n’en revient (presque) pas. Car en seulement une paire d’années, l’homme est devenu Monsieur Chine du Tout Paris. « Je ne m’attendais pas à ça, c’est vrai. On est arrivé aujourd’hui à un tel niveau : c’est très haut de gamme et je m’en réjouis », sourit Harold Parisot, d’abord spécialisé dans l’immobilier haut-de-gamme, aujourd’hui à la tête du plus influent réseau franco-chinois : le China Business Club (CBC). « The place to be » pour qui fait des affaires entre Pékin/Shanghai et Paris. On se bouscule à ses déjeuners (6 par an en moyenne) où l’on croise le gotha du business : les patrons France de Bank of China, Lenovo, Huawei, ceux du CAC 40, des ambassadeurs, d’influents conseillers politiques, des représentants de la cellule Chine de l’Elysée et pour les têtes d’affiche : Jean-Pierre Raffarin ou encore Emmanuel Macron (au dernier déjeuner de juin). « J’ai obtenu récemment des accords de principe de Albert de Monaco, Nicolas Sarkozy, Carlos Ghosn ou encore Laurent Fabius. J’aimerais aussi pouvoir inviter Jack Ma… » Au menu qui réunit jusqu’à 200 personnes : non pas des mondanités mais du business, de l’apéritif au dessert. « Les membres (une trentaine de sociétés) ne sont pas là pour la carte du menu mais pour discuter affaires : implantations, rachat, projets de développement, etc. et renforcer leurs guanxi (relations/réseau) ». Et Harold Parisot d’envisager déjà une déclinaison du CBC à Londres, New-York ou encore Los Angeles. Affaire à suivre (de près) !

EDF Centrale nucléaire de Daya Bay, Canton, Chine

« Multiplier les coopérations et les retours d’expériences » DR

Did i er C order o

« Il y a de fait un extraordinaire enjeu industriel à ce que le programme nucléaire chinois reste cohérent avec le programme français. »

EDF - Délégué Général Adjoint Chine

« Dans les vingt prochaines années, plusieurs dizaines de centrales nucléaires, voire centaines seront construites en Chine, considérablement plus que ce qui sera construit ailleurs dans le monde. Il est donc primordial dans ce contexte de maintenir des liens de coopérations étroits entre la France et la Chine – sur le marché chinois mais aussi à l’étranger, comme en Grande-Bretagne par exemple où nous invitons nos amis chinois dans la construction de nouvelles centrales. Il y a de fait un extraordinaire enjeu industriel à ce que le programme nucléaire chinois reste cohérent avec le programme français. D'autant plus que la Chine vient de commencer la construction de son projet pilote de centrale nucléaire de la nouvelle technologie DE Hualong 1, dont l’origine remonte à Daya Bay, la centrale sœur du modèle 900 MW français. Il faut multiplier pour cela les coopérations et les retours d’expériences ».

P. Ti.

Isa Harsin

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FOCUS ENERGIE

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Le symbole

Analyse

Fosun

Jamais probablement le suspens sur une opération d’achat menée par un groupe chinois, visant un fleuron européen, n’aura été aussi poussé. Lorsqu’en janvier dernier, le conglomérat shanghaien Fosun (présidé par Guo Guangchang) s’empare finalement du Club Med, développé dès les années 50 par Gilbert Trigano et symbole de la réussite « à la française », l’affaire fait grand bruit. Et signe le rapprochement industriel, après une longue lutte boursière (près de deux ans !) avec le groupe italien Bonomi, entre la France et la Chine. Autant dire qu'il a fallu à Guo Guangchang, « de la patience (ses ambitions avaient été contestées par des minoritaires en justice) et beaucoup plus de moyens puisqu'il va payer le Club 45 % de plus (939 millions d'euros) qu'il ne l'envisageait initialement », notait alors le Figaro. Fosun s'acquittera de ce chèque essentiellement « en fonds propres (seulement 280 millions de dettes) et en mettant à contribution quelques partenaires ainsi que l'assureur portugais Fidelidade qu'il possède. »

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« Les investisseurs chinois

Chr i st i n e Lam b e rt-Go ué

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Managing Partner Asia Invest Securities

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Sur quoi repose selon vous l'attractivité du marché français ? Les investisseurs recherchent des technologies innovantes dans des domaines d’excellence pour lesquels la France est réputée : les secteurs d’activités de prédilection sont nombreux et vont du lifestyle à l’aéronautique, du traitements des déchets ou de l’eau aux medtechs, aux technologies de l’information à la smart city. La France est réputée pour la qualité de sa recherche. L’investisseur analysera la possibilité de pouvoir utiliser ce savoir-faire ou les technologies françaises en Chine et si une partie du personnel clé est mobile pour former des cadres en Chine par exemple.

Quelles sont les barrières structurelles et conjoncturelles qui freinent ces investisseurs ? Les barrières à l’investissement en France sont multiples. Côté chinois, le management n’a pas toujours l’expérience de l’international. Un facteur clé de succès est la présence dans le management de profil biculturel franco-chinois. La confiance mutuelle est le principal moteur de ce type d’investissement. Celle-ci passe souvent par des hommes/ femmes de confiance qui connaissent les 2 pays et vont pouvoir faire un reporting fiable au management et mener les opérations localement. Côté français, l’arrivée d’un investisseur stratégique chinois relève souvent d’une caricature avec tous les a priori qui vont avec : il va rapatrier l’entreprise en Chine car les coûts sont moins chers, il va « récupérer » la technologie, avec des réactions du type ils ne savent pas innover, nous sommes les meilleurs, ils n’y connaissent rien… Si parfois certains de ces aprioris sont à prendre en compte, il y a des moyens de se protéger et de trouver une façon de coopérer ensemble. Les entreprises françaises ont désormais suffisamment de recul pour prendre les bonnes décisions et choisir le bon partenaire. Elles doivent aussi savoir s’entourer. L’accès au marché chinois pour certains produits est une opportunité qu’il serait dommage de ne pas saisir.


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sont devenus plus prudents » Ces entreprises privées chinoises connaissent-elles vraiment le marché français ? Davantage que le marché français, elles connaissent très bien leur domaine de compétence. Donc, s’ils acquièrent une société en France dans leur domaine d’expertise, ils ont clairement une idée du potentiel du produit en Chine qu’il soit originaire de France ou d’ailleurs. Leurs acquisitions sont mondiales ; ils iront donc là ou ils trouvent la technologie ou le savoir-faire. Nous l’avons vu avec des acquisitions de Smithfield ou Weetabix dans le domaine de l’agroalimentaire, d’Engie dans le domaine de l’énergie ou Ceva dans le domaine de la santé animale. Basée en Chine depuis 2008, je constate que les investisseurs chinois deviennent de plus en plus sophistiqués. Ils commencent à se faire entourer de conseils juridiques quand il y a encore un an c’était difficile. Certains mandatent même des banques d’affaires de renom, surtout si du coté européen, ils sont accompagnés aussi. Les due diligences juridiques et comptables deviennent plus systématiques. Les investisseurs chinois sont devenus plus prudents car la croissance chinoise n’affiche plus des taux annuels de 10%. La baisse de l’Euro devrait néanmoins favoriser les acquisitions. Dans ce contexte, le gouvernement chinois pousse les entreprises à acquérir des technologies et savoir-faire qui leur manquent pour créer des champions nationaux. En France, c’est le

‘smart city’, l’aéronautique et la santé qui ont été identifiés comme prioritaires. L'Hexagone, terre d'accueil pour des investisseurs chinois ?... Que faudrait-il, d'après votre expérience, pour faciliter les IDE chinois en France ? Plus que des aspects juridiques, financiers ou fiscaux, il faut améliorer notre sens de l’accueil en ayant une approche plus business et long terme. Au niveau politique, nous devrions avoir une équipe plus stable qui s’occupe de l’international et de la Chine en particulier. Construire une relation de confiance avec la Chine est surtout une affaire d’hommes et de femmes. Elle se construit dans la durée. Il suffit de voir le succès de Monsieur Raffarin. Sa relation avec la Chine ne date pas d’hier. Propos recueillis par P. Ti. Repère

Invest Securities est une banque d’affaires et société de bourse spécialisée dans les entreprises de taille moyenne et les ETI. Elle accompagne les sociétés dans le cadre de leurs projets d’introduction en bourse, de levée de fonds en actions et/ou en obligations ou de croissance externe. Depuis 2008, Invest Securities est implantée en Chine, à Pékin, pour aider les sociétés chinoises à se faire coter en Bourse sur Euronext.

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« Les investisseurs chinois deviennent de plus en plus sophistiqués. Ils commencent à se faire entourer de conseils juridiques quand il y a encore un an c’était difficile. Certains mandatent même des banques d’affaires de renom, surtout si du coté européen, ils sont accompagnés aussi.»

P ar o l e à

Yan Jufe n

Représentant France China Council for the Promotion of International Trade (CCPIT) & China Chamber of International Commerce (CCOIC)

« Plus de 200 entreprises chinoises ont une filiale en France » « L'année 2014 est très importante pour les investissements chinois en France ; année marquée par l’entrée de Dongfeng au capital de PSA, la reprise du Club Med par Fosun ou encore l’investissement dans l'Aéroport de Toulouse-Blagnac par exemple. Il y a une forte croissance en terme du montant des capitaux. Aujourd’hui, plus de 200 entreprises chinoises ont une filiale en France, ce sont des entreprises majoritairement privées et diversifiées, présentes dans les secteurs de la finance, du transport aérien et maritime, des télécommunications, de la mode, de l’énergie, de l’aéronautique, etc. On peut néanmoins regretter le manque d'information sur les projets d’investissements. Les démarches administratives et juridiques sont par ailleurs renforcées par la barrière linguistique. Les points forts sont la richesse des ressources humaines et le savoir-faire des entreprises, le nombre important d’étudiants et le dynamisme de la communauté chinoise sur le plan économique. Les entreprises chinoises savent enfin que l'attractivité de la France ne repose pas sur de possibles avantages fiscaux, mais sur la valeur ajoutée au niveau de l’innovation ce qui compense les charges sociales et fiscales. »

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Le fabuleux destin (français) de Mme Wang…

Madame WANG Ann est assise avec à sa droite le Professeur HOFFMANN (Prix Nobel de médecine et à sa gauche le professeur BACH (membre permanent de l’académie des sciences)

L’histoire retiendra d’abord la fulgurante ascension sociale de Anxiang Wang, aujourd’hui millionnaire en euros, issue de cette Chine d’en bas, dixit. « Elle vient d’un milieu très pauvre », insiste ainsi Eliane Jousseaume, proche de cette femme devenue entrepreneure à la faveur de l’ou-

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verture du pays. Une serial-entrepreneure qui très tôt s’est tournée vers la France avant même de créer en 2013 la marque de produits de beauté Ann Jema. « Ann Jema, ce sont également des spas en Chine : une vingtaine en propre et quelque 400 à 500 sous franchise », détaille Eliane Jousseaume qui assure en

France la direction générale de Ann Jema et de fait, l’ensemble du sourcing de la marque, laquelle propose une gamme à base de produits 100 % français. Car c’est bien sur l’ADN tricolore, le « made in France » que reposent les affaires de madame Wang, qui a d’ailleurs acheté plusieurs châteaux dont celui de la Pervenchère, destinés à accueillir ses amis et ses clients chinois… « Nous leurs proposons des cures zen en France. Près de 800 sont déjà venus et les châteaux servent notamment de lieux de résidence », précise Mme Jousseaume. Sa patronne, qui emploie une quinzaine de personnes en France, a enfin racheté l’entreprise Cellonis, qui cultive des cellules souches, dont une filiale en France est à l’étude. « Madame Wang s’est entourée pour ce projet des professeurs Hoffman et Bach, respectivement Prix Nobel de médecine et sociétaire de l’Académie des Sciences. Elle souhaite initier en France des programmes de recherche ».


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Analyse

Pasca l G o n dra nd

Directeur de zone - Invest in France Business France

En quelques années, les investissements chinois à l’étranger sont devenus un thème dominant de la relation économique entre la France et la Chine. Le Président de la République et le gouvernement français ont, à plusieurs reprises, adressé un message de bienvenue aux investisseurs chinois. Le Premier Ministre, Manuel Valls, l’a encore rappelé début juillet à Toulouse, lors de la visite de son homologue chinois, M. LI Keqiang, en incitant les entreprises chinoises à investir en France.

Quand la Chine investit en France Ces manifestations d’intérêt traduisent l’importance d’un phénomène qui fait aujourd’hui de la Chine l’un des trois plus grands pays investisseurs au monde. Parmi les destinations susceptibles d’accueillir ces investissements, la France dispose d’atouts importants qui la placent dans le trio de tête des pays d’accueil au sein de l’Union européenne. De nombreux exemples témoignent de l’intérêt et de la qualité de ces projets, et rendent les perspectives d’autant plus prometteuses que l’internationalisation des entreprises chinoises n’en est qu’à ses débuts.

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Les investissements chinois à l’étranger ont connu une progression fulgurante. La Chine est devenue en quelques années un grand pays investisseur à l’étranger. Elle se classe au 3ème rang mondial par les flux d’IDE, qui sont passés de 2,8 milliards de dol-

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Les entreprises chinoises installées en France y emploient plus de 15 000 personnes. Elles représentent un stock d’IDE de 4 milliards d’euros selon le Ministère chinois du commerce.


La destination finale des IDE chinois est difficile à déterminer. Pour des raisons fiscales, 60 % des flux ont pour destination Hong Kong et des places financières offshores (Iles vierges et Caïmans), et sont ensuite réinvestis dans des pays tiers. Imagine China

lars US en 2003 à 116 milliards de dollars en 2014, et au 11ème rang par le stock (613 milliards de dollars à fin 2013, soit 37,4 % du stock d’IDE français à l’étranger). La destination finale des IDE chinois est difficile à déterminer. Pour des raisons fiscales, 60 % des flux ont pour destination Hong Kong et des places financières offshores (Iles vierges et Caïmans), et sont ensuite réinvestis dans des pays tiers. Selon les statistiques chinoises qui ne prennent en compte que le premier pays de destination des fonds, l’Union européenne a reçu 6,1 % du stock d’IDE chinois et les ÉtatsUnis 3,3 %, mais ces données sous-estiment la part réelle investie dans ces deux zones qui est indéniablement plus élevée. Bien que l’industrie soit le principal moteur de l’économie chinoise, les IDE chinois dans le secteur manufacturier sont modestes. Pour l’essentiel, il s’agit de bureaux commerciaux, de sièges régionaux et d’acquisitions. Les sociétés chinoises établissent encore peu d’investissements de production, tels que des unités d’assemblage, à l’étranger, bien que cette tendance soit en augmentation.

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La France est l’une des principales destinations des investisseurs chinois en Europe. Les entreprises chinoises installées en France y emploient plus de 15 000 personnes. Elles représentent un stock d’IDE de 4 milliards d’euros selon le Ministère chinois du commerce.

Leurs filiales sont principalement localisées en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, mais leurs implantations s’étendent progressivement, souvent par le fait d’acquisitions, dans les autres régions françaises. Il faut aussi compter avec une communauté d’entrepreneurs individuels d’origine chinoise, très active, particulièrement dans le négoce, mais non comptabilisée dans les statistiques d’investissement.

La France compte de nombreux investisseurs chinois de référence. Il s’agit soit de groupes importants ayant établi leur siège européen à Paris (ZTE, LENOVO, HAIER), soit d’acquisitions de sites industriels ou de prises de participation dans des sociétés françaises. La prise de participation de 30% du fonds souverain chinois (CIC) dans le capital de la branche exploration / production de Gdf-Suez en 2011, reste la plus importante opération chinoise en France à ce jour (2,3 milliards d’euros). Mais plusieurs autres opérations majeures ont été réalisées au cours des derniers mois, notamment l’investissement du groupe automobile Dongfeng dans PSA, la prise de contrôle du Club Méditerranée par Fosun ou encore l’investissement dans l’aéroport de Toulouse. L’investissement chinois repose également sur un tissu d’entreprises de taille intermédiaire. Leurs projets ne sont pas aussi visibles que ceux des grands groupes, mais comptent néanmoins en termes de création et de maintien de l’activité. Ils émanent de sociétés privées ayant connu un fort développement dans leur secteur et disposant d’une base de clientèle importante en Europe. Ces sociétés sont originaires des provinces industrielles du Zhejiang et du Jiangsu aux abords de Shanghai, du Guangdong, mais aussi des environs de Pékin, notamment le parc de Zhongguancun. Elles témoignent du dynamisme de l’appareil industriel chinois et de son potentiel à l’international.

Augmentation des flux d'IDE chinois à l'étranger (en milliards USD)

116 107.8 87.8

74.65 68.81 55.91

56.53

26.51 21.16 12.26 2.7

2.85

2002

2003

5.5 2004

2005

2006

2007

2008

2009

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Source : Ministère chinois du commerce

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Imagine China

Les entreprises chinoises n’en sont qu’au début de leur internationalisation. La montée en puissance de leurs investissements est à la mesure de la place acquise par la Chine dans l’économie mondiale.

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Ces investissements contribuent au maintien de l’activité et de l’emploi en France. Le facteur clé qui conduit ces entreprises à investir en France est l’accès au marché européen. Elles le font dans une perspective régionale et une logique d’implantation durable qui valorisent le rôle de la France comme porte d’entrée sur l’Europe, voire le Moyen-Orient et l’Afrique. Attirer les sièges européens des sociétés chinoises est un atout pour notre économie. Il en est de même dans la logistique où les ports français, grâce à leur excellente localisation et la réforme de leurs modes de gouvernance et d’organisation, ont des atouts à faire valoir auprès des investisseurs chinois. Les reprises de sites industriels se sont jusqu’à présent effectuées sans difficultés majeures. L’un des plus gros investissements chinois a été réalisé par le groupe chimique CHEMCHINA qui emploie plus de 2 000 personnes en France. De nombreuses acquisitions concernent la reprise de sociétés en difficulté, souvent des PME ayant un savoir-faire, mais délaissées par leur précédent actionnaire. Les reprises permettent de sauver le site, de réinvestir et parfois d’ouvrir à de nouveaux marchés, notamment en Chine. Dans la plupart des cas, les investisseurs chinois maintiennent l’équipe de direction française et n’envoient que quelques expatriés pour assurer le lien avec la maison mère. Les entreprises installées en France y étendent leur activité, ce qui est un gage de

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réussite. Ainsi, le groupe Weichai Power, qui a repris l’entreprise Moteurs Baudouin à Marseille en 2009, a non seulement accru l’effectif, mais créé un centre de recherche sur les systèmes de propulsion marine. L’implantation en France permet à ces entreprises de mieux connaître les atouts de notre pays, notamment en termes d’innovation, et les habituent à travailler avec des équipes françaises.

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La croissance des investissements chinois s’accompagne d’une diversification des projets. Les entreprises chinoises n’en sont qu’au début de leur internationalisation. La montée en puissance de leurs investissements est à la mesure de la place acquise par la Chine dans l’économie mondiale. Certes, toutes les entreprises n’ont pas vocation, et surtout la capacité d’investir à l’étranger. Le manque d’expérience et de cadres ayant un profil international jouent encore en leur défaveur. L’évolution des dernières années montre toutefois que les investisseurs chinois gagnent rapidement en maturité et n’hésitent plus, à l’instar des groupes américains et européens, à s’entourer des meilleurs experts pour réaliser leurs projets à l’étranger. Leurs investissements se diversifient. Ils gagnent de nouveaux domaines d’activité comme l’hôtellerie, la distribution et l’immobilier. On note ainsi le développement de nouveaux projets tournés vers l’innovation et le design, notamment pour la conception de produits (cosmétique, prêt à porter) des-

tinés au marché chinois. Dans le même esprit, la première implantation majeure d’une unité de production en France par un investisseur chinois, le groupe laitier SYNUTRA, concerne un secteur dans lequel la France dispose d’un savoir-faire et offre une garantie de qualité pour les consommateurs chinois. L’usine de séchage de lait et de lactosérum, que l’investisseur construit actuellement en Bretagne, verra l’intégralité de sa production exportée vers la Chine. Les investisseurs chinois s’ouvrent aux partenariats. La tendance n’est pas nouvelle comme en témoignent les prises de participations de plusieurs groupes chinois dans des sociétés françaises depuis quelques années, mais elle s’amplifie. Les investisseurs ont conscience de l’intérêt de s’appuyer sur un partenaire local pour aborder les marchés français et européen, mais aussi des pays tiers. Cette orientation s’inscrit dans les priorités des deux gouvernements comme en témoigne la Déclaration conjointe sur les partenariats franco-chinois en marchés tiers annoncée à l’occasion de la visite du Premier ministre chinois en France début juillet. Elle ouvre un champ très large aux opportunités d’affaires et coopérations entre entreprises françaises et chinoises et laisse augurer de perspectives très favorables pour le renforcement des investissements croisés entre les deux pays. Pascal Gondrand, Directeur de zone Invest in France, Business France


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À la loupe - attractivité touristique

Globetrotters tant convoités Europe, Etats-Unis, Asie du Sud-Est… Les Chinois ont la bougeotte. Chaque année, ils sont plus de 110 millions (contre 10 millions en 2000) à goûter aux plaisirs des vacances à l’étranger. En coulisses, la concurrence pour attirer ces nouveaux touristes fait rage. Ils sont désormais aux quatre coins du globe, en groupe pour la plupart, reconnaissables souvent – comme l’était le touriste japonais naguère – aux appareils photos reflex qu’ils portent en bandoulière. Eux, ces touristes chinois – rois du shopping – devenus en quelques années les invités de marque des grandes capitales mondiales. A Paris, à Londres, à New-York, on les accueille les bras ouverts. Ils y ont leurs propres tour-operators spécialisés, leurs magasins duty-free, leurs restaurants réservés... Et surtout, des vendeurs et des vendeuses formés pour les accueillir. Car ces touristes valent de l’or. En France par exemple, où ils sont 2 millions à venir chaque année. Conséquence de ce changement : « la compétition pour attirer, {séduire} le touriste chinois devient féroce », admettait en 2013 déjà dans l’hebdomaire britannique The Economist, Andrew McEvoy, du bureau du tourisme australien. Depuis, selon l’AFP, une vive concurrence européenne, voire mondiale, « s'exerce pour attirer les touristes chinois, connus pour être dépensiers en voyage. La France, l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont notamment instauré des délivrances accélérées de visas pour les Chinois, avec des procédures réduites à 48, voire 24 heures ». Bientôt, les touristes chinois pourront également « obtenir un visa d'entrée en Belgique et au Royaume-Uni qui ne fait pas partie de l'espace Schengen », et ce en ne déposant qu’une seule demande. P. Ti. A RETENIR

La durée de séjour moyenne en France est autour de 5 nuitées, moyenne établie entre le plus gros de la clientèle, qui est en séjour multi-destinations et passe donc 3 à 4 nuitées en France, et les voyageurs individuels et mono-destination, moins nombreux mais qui restent entre 7 et 12 jours dans notre pays.

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LA FRANCE (NOUVEL) ÉDEN DES TOURISTES CHINOIS Avec plus de 84 millions de touristes par an, l’Hexagone reste la première destination touristique au monde (même si la 3e en termes de recettes). Et c’est notamment en développant son attractivité vis-à-vis des nouveaux globetrotters de l’Empire du Milieu que la France entend passer la barre des 100 millions de visiteurs par an d’ici à 5 ans.


« Notre clientèle chinoise, qui voyage le plus souvent en individuel, est intéressée par la culture et ont une curiosité affirmée vis-à-vis du monde. On leur propose ainsi des thématiques dans l’air du temps, comme des séjours éducatifs, artistiques et culturels pour leurs enfants par exemple ». Patricia Tartour, PDG et fondatrice de l'agence de voyage La Maison de la Chine Imagine China

C

ourtiser les touristes chinois, c'est miser sur l'avenir. Car pour ces voyageurs – issus de la classe moyenne émergente – l'argent ne compte pas vraiment. « Ils voyagent avant tout pour prendre du plaisir », résume Patricia Tartour, PDG et fondatrice de la Maison de la Chine, agence parisienne qui propose des séjours en France sur mesure pour cette clientèle VIP. Pas de vraie limite de budget donc pour ces touristes, naguère peu habitués aux grands voyages, mais qui aujourd'hui raffolent de la France, leur destination préférée devant les États-Unis et Singapour, selon une étude réalisée en 2012 par le magazine Hurun

(l'équivalent du Forbes chinois). Les plus aisés peuvent vouloir des yachts privés, des voitures de luxe, les meilleures tables de Paris. « Lors de voyages business en France ou ailleurs en Europe, certains exigent de faire un crochet en avion privé dans un domaine viticole pour une dégustation. Cela nous est arrivé à Château Lafitte. Il faut être alors très réactif », témoignait ainsi dans les colonnes du magazine Challenges, Pivoine Houy, gérant du courtier aérien Sky Project International qui propose des services d'accompagnement ultra-personnalisé à cette clientèle très haut de gamme. Voyages « sur-mesure » Une chose est sûre : la France est devenue pour ces touristes chinois une sorte d’Éden dans lequel ils sont de plus en plus à rechercher une expérience de voyage unique. « Ils prennent davantage le temps de vivre », ajoute Patricia Tartour. « Notre clientèle chinoise, qui voyage le plus souvent en individuel, est intéressée par la culture et a une curiosité affirmée vis-à-vis du monde. On leur propose ainsi des thématiques dans l’air du temps, comme des séjours éducatifs, artistiques et culturels pour leurs enfants par exemple ». Mais cette clientèle n’a, dixit, peu de prise avec le concret. « Il faut leur proposer du sur-mesure, sinon ils sont perdus ». Partenaires locaux Perdure également l'amour du lèche-vitrine. Selon une étude de l'Office du tourisme de Paris, les Chinois représentent en effet la seconde nationalité à citer le shopping comme motivation d'une visite de la Ville Lumière (27 %, derrière les 31 % de Japonais). Ils veulent à tout prix rentrer au pays, les bras chargés de sacs et accessoires de marque achetés sur les Champs Elysée et aux Galeries Lafayette. Reste que capter ces touristes chinois est encore jugé « difficile » de tous les spécialistes. Principal frein, comme le relevait le même article du magazine Challenges : « l'interdiction pour un voyagiste étranger d'ouvrir en Chine une agence en propre et donc l'obligation de trouver des partenaires locaux, pas toujours fiables ». Une obligation qui pourrait changer dans les prochaines années alors que les autorités tricolores ont récemment facilité les procédures d’obtention de visa aux quelque 2 millions de touristes chinois de passage en France chaque année. Pierre Tiessen

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DR

I n t e rv i e w

Frédé ri c M a z e n q Directeur général d’Atout France Grande Chine

Des touristes

« à la découverte du patrimoine » Quelles sont les tendances de fréquentations de la destination France auprès de la clientèle chinoise ? Nous connaissons une forte progression depuis une dizaine d'années (le premier groupe de touristes de loisirs chinois étant arrivé en France en septembre 2014 seulement) mais celle-ci s'est récemment accélérée, atteignant plus de + 23% en 2012 et en 2013. Les chiffres de 2014 ne sont pas encore disponibles mais le résultat devrait être du même ordre. Globalement, la taille du marché a quasiment été multipliée par 5 depuis 2006. Sur la durée, des facteurs comme la promotion de la destination, les efforts d'adaptation de l'offre, la professionnalisation des tour-opérateurs, la progression des niveaux de revenus des Chinois, la montée en puissance du RMB face à l'euro ou encore le développement de la desserte ont été déterminants. En 2014, ces divers facteurs ont été renforcés par une mesure essentielle, celle de la simplification du processus de demande de visas, avec le traitement des demandes en 48 h et la sup-

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« La France est un pays côté d'une longue histoire et un pays qui a su préserver et valoriser la patrimoine issu de cette longue histoire, ce à quoi les Chinois sont d'autant plus sensibles étant donné la prise de conscience des dommages déjà subis et des menaces qui pèsent sur le leur. »

pression des circonscriptions consulaires. Cette tendance se maintient de façon intéressante avec la transformation (diversification, progression de la proportion de repeaters) de la clientèle des 3 villes principales et le développement en volume de la clientèle moins expérimentée (primo-visiteurs) des villes de deuxième tiers. Quelles sont les habitudes de consommation des touristes chinois en France ? La majorité des touristes viennent encore en France dans le cadre de packages Tours commercialisés par des tour-opérateurs chinois et qui comprennent le plus souvent 3 pays de Schengen, la combinaison la plus fréquente étant France, Italie et Suisse. A côté de ces produits classiques, on trouve désormais des voyages organisés en mono destination France et, de plus en plus, des voyageurs se déplaçant de façon indépendante qu'ils aient fait appel, ou pas, à un professionnel pour organiser leur séjour. Le voyage en lui-même va coûter au touriste chinois entre 15 000 RMB pour


Atout France

un forfait basique et... beaucoup plus, selon ce qu'il recherche. Le budget shopping est en général très conséquent, les Chinois étant la clientèle la plus dépensière en duty free avec une moyenne de passage en caisse autour de 1300 euros. Bien sûr, les points de passage principaux que sont Paris et la Côte d'Azur, surtout Nice, recueillent des retombées très importantes, mais de nombreuses destinations ont connu ces dernières années des progressions remarquables : Dijon et Beaune, le Val de Loire, Bordeaux, Toulouse, Avignon, Marseille, Antibes, la Normandie (Rouen, Giverny, les plages du débarquement)... Quelles sont pour cette clientèle les "lignes de force" (attractivité) de la France ? Fondamentalement, le tourisme chinois est un tourisme de découverte du patrimoine. La France est un pays côté d'une longue histoire et un pays qui a su préserver et valoriser le patrimoine issu de cette longue histoire, ce à quoi les Chinois sont d'autant plus sensibles

étant donné la prise de conscience des dommages déjà subis et des menaces qui pèsent sur le leur. L'autre angle essentiel pour notre destination est celui du romantisme, la France bénéficiant d'une image forte dans ce domaine dans l'imaginaire des chinois, ce qui fait donc d'elle le lieu par excellence pour les voyages de noces et les cérémonies de mariage à l'étranger. Cette consommation touristique très classique se complète d'une importante composante shopping (par plaisir, par nécessité familiale, amicale ou professionnelle, et aussi beaucoup parce qu'entre la détaxe, l'absence de taxe sur les produits de luxe et la montée du pouvoir d'achat des Chinois portée par le RMB fort, la France est, en proportion, bon marché ...et ce sans risque d'acheter accidentellement des contrefaçons). D'autres segments comme le tourisme d'affaires et l'œno-tourisme ont aussi de belles progressions et nous comptons dans les années qui viennent voir se développer le tourisme vert, le golf, le ski, le tourisme familial, le tourisme des jeunes...

Imagine China

Lors de la visite à Nice des 6 500 employés du groupe TIENS, la plus grande délégation chinoise jamais accueillie en Europe

L'image de la France auprès de cette clientèle a-t-elle changé en 10 ans ? Les fondamentaux (art de vivre, vin, gastronomie, romantisme, marques...) demeurent les mêmes. Certains éléments ont pris de l'importance, comme le vin, étant donné la progression de sa consommation en Chine, mais le positionnement d'ensemble de la destination demeure le même. Globalement, les efforts faits par la France pour attirer la clientèle chinoise ont été bien perçus en Chine et ont porté leurs fruits. La zone d'ombre au tableau est le développement depuis quelques années d'une perception de la France comme d'une destination peu sûre, même si des progrès sensibles ont été faits dans ce domaine depuis le "pic" de 2013. Nous comptons beaucoup sur un renforcement de l'image de la France comme destination adaptée à la clientèle d'affaires, un message qui est fortement porté par l'accueil en mai du groupe incentive de la société Tiens, le plus grand groupe de ce type accueilli à ce jour dans notre pays. Nous accueillerons d'ailleurs un groupe de 3700 Chinois en séjour incentive à Paris en novembre, ce qui montre bien la perception accrue des capacités de nos professionnels et destinations dans ce domaine. En plus du tourisme d'affaires, il sera de plus en plus nécessaire d'élargir cette perception de la France en Chine en insistant sur les capacités de la France comme destination adaptée au tourisme des jeunes et au tourisme de nature, deux thèmes qui ne sont pas encore suffisamment associés à notre destination. Propos recueillis par P. Ti En chiffre

5 millions

Nombre de touristes chinois de passage chaque année en France à l’horizon 2020, contre 2 millions actuellement. Un objectif fixé par la ministre Laurent Fabius qui espère que la France pourra franchir la barre des 100 millions de visiteurs dans 5 ans (contre 84 millions). Mi-juin, Anne Hidalgo a par ailleurs lancé le Comité de la destination Paris. Composé des grands acteurs du tourisme, ce comité est chargé « d’élaborer un plan d’action stratégique pour conforter l’attractivité de la capitale » auprès de la clientèle chinoise notamment, note l’hebdomadaire Challenges, et lui permettre de « rester durablement la première destination mondiale ».

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La Vallée Village le tourisme « shopping »

Vallée Village

Situé à 35 minutes du centre de Paris et à 5 minutes de Disneyland Paris (première destination touristique en Europe avec 14,9 millions de visiteurs en 2013), La Vallée Village réunit 120 marques et une galerie d’art contemporain, l’Espace La Vallée Village. Les clients bénéficient de prix réduits (-33% minimum) tout au long de l’année sur le prix de vente conseillé des collections des saisons précédentes de grandes marques françaises, européennes et internationales de la mode et du luxe.

DR

« La clientèle chinoise est notre première clientèle internationale »

Retour d’expérience

Trois questions à…

H u gu e s W itvo et

Directeur de La Vallée Village

Combien de touristes chinois ont-ils fréquenté La Vallée Village en 2014 ? L’an dernier, plus de 6,3 millions de personnes ont fréquenté le site, parmi lesquelles 50 % de touristes. Au total, plus de 170 nationalités sont représentées dans le Village. La clientèle chinoise est notre première clientèle internationale (CA Detaxé). La Vallée Village est le troisième site culturel et de loisirs le plus fréquenté autour de Paris, juste après Disneyland Paris et le Domaine de Versailles. Quelle a été l'évolution de la fréquentation chinoise sur le site ? En 2014, la Chine a contribué pour 39 % de la totalité des ventes détaxées (hors UE) effectuées à La Vallée Village, avec une hausse du chiffre d'affaires de 43 % pour cette clientèle par rapport à 2013. A fin avril 2015 le CA detaxé de la clientèle chinoise est en hausse de 55 %. Quelle est votre stratégie de développement pour "capter" davantage cette clientèle férue de shopping ? Pour assurer la promotion de La Vallée Village auprès de la clientèle chinoise, nous

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avons mené plusieurs actions, parmi lesquelles l’ouverture d’un bureau de représentation directement à Shanghai et Pékin), permettant une interaction quotidienne avec les acteurs clés B2B du marché. Ce bureau gère également la stratégie tourisme de nos Villages chinois, permettant ainsi de coordonner une stratégie globale et des partenariats croisés. Nous travaillons par ailleurs avec une agence de presse basée à Shanghai permettant une interaction avec les journalistes, influencers, bloggers etc, assurant ainsi une visibilité de La Vallée Village auprès du grand public chinois. Nous avons aussi signé de nombreux partenariats avec des opérateurs touristiques chinois dont Air China, China Eastern (crédit de miles grâce au shopping, visibilité croisée), Bank of China, UnionPay, Concorde Travel, Huawei, CTrip, Chinagora, etc. Nous menons enfin des actions digitales en marché source (au moment de la préparation du voyage) ou à destination (i.e quand la clientèle chinoise arrive à Paris). 1. Source : « Repères 2014 de l’activité touristique de la destination Paris Ile-de-France », édité par le Comité Régional du Tourisme Ilede-France.

Propos recueillis par P. Ti


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Grand témoin |Pierre-Frédéric Roulot

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EN CHIFFRE

2,5 milliards d’euros

Louvre Hôtels

Pierre-Frédéric Roulot, président du groupe Louvre Hôtels (95 000 chambres // 20 000 collaborateurs) analyse pour Connexions la nouvelle stratégie de son groupe - numéro deux français de l'hôtellerie économique - récemment racheté par le conglomérat chinois Jin Jiang.

Ligne de crédit sur 3 ans que Louvre Hôtel obtient par un accord signé cet été avec la banque chinoise ICBC. Ligne de crédit qui va permettre au groupe de poursuivre sa stratégie de développement en France et en Europe à tous les niveaux : développement organique, rénovation de son parc hôtelier et croissance externe.


Louvre Hôtels

va passer à la vitesse supérieure Le rachat auprès de Starwood Capital pour 1,3 milliard d’euros de Louvre Hôtels – groupe que vous dirigez depuis 2007 – par le conglomérat Jin Jiang a été officialisé en mars dernier… Vos impressions aujourd’hui ? Impressions très positives ! Nous sommes passés sous pavillon chinois (voir Repère cicontre) et devenons, avec ce rapprochement avec Jin Jiang, un véritable groupe mondial, qui pointe à la 8e place avec désormais un total de 245 000 chambres (contre 95 000 jusqu’alors pour Louvre Hôtels). Nous étions jusqu’alors très franco-français. Starwood Capital était propriétaire des enseignes Campanile, Première classe et Kyriad depuis le rachat en 2005 du Groupe Taittinger et de sa filiale Société du Louvre, auxquelles il a adjoint en 2009 le réseau néerlandais Golden Tulip. Jusqu’à aujourd’hui, 95 % de nos implantations étaient en France, et le reste en Europe. Avec notre entrée au sein de Jin Jiang, nous entendons élargir nos implantations, en particulier en Chine. Quels sont justement vos objectifs de développement ? Ils sont très clairement ambitieux : nous souhaitons doubler tous les ans le nombre d’hôtels du groupe Louvre Hôtels ; passer ainsi de 75 ouvertures par an jusqu’alors à 150, voire 200 ouvertures dès 2016 ou 2017. Nous allons alors passer à la vitesse supérieure, j’en ai les moyens, Jin Jiang me les donne. Et cela passera par des ouvertures en France, afin de répondre demain aux besoins de la clientèle touristique chinoise poussée par Jin Jiang. Nous sommes également dans une logique de croissance organique et de nouvelles acquisitions, nous regardons ce qui peut se présenter. Nous cherchons ainsi à accélérer le développement de l’ensemble de notre portefeuille de marques sur les principaux marchés européens et ceux des grands pays. Enfin, c’est évidemment en Chine que nous cherchons à déployer cette nouvelle stratégie.

« Nous souhaitons doubler tous les ans le nombre d’hôtels du groupe Louvre Hôtels ; passer ainsi de 75 ouvertures par an jusqu’alors à 150, voire 200 ouvertures dès 2016 ou 2017. »

chambres ou encore des raviolis vapeur au menu. Le rachat par Jin Jiang de Louvre Hôtels a-t-il été accompagné de changements dans les management des équipes ? Il n’y a strictement aucun changement dans le management français. Les Chinois nous disent : faites comme avant car vous êtes bons dans ce que vous faites. Les deux entités se connaissent bien : Jin Jiang et Louvre Hotels Group sont en effet partenaires commerciaux depuis 2011. Une chose est sûre : Jin Jiang veut garder Louvre Hôtels comme le véhicule du groupe à l’international. Depuis le rachat, je reçois énormément de CV. Louvre Hôtels est devenu « The place to be, the place to work » ! (rires) Propos recueillis par P ie rre Ti es s en

Concrètement, en Chine, quelles enseignes entendez-vous mettre en avant ? Nous avons décidé d’y développer notre enseigne Campanile. Le président de Jin Jiang apprécie particulièrement cette enseigne qui propose une bonne restauration, un espace jardin et désormais un espace lounge. Deux établissements de ce type seront ouverts à Shanghai, où est basé Jin Jiang, d’ici à la fin 2015. Mais à terme, nous souhaitons être dans toutes les grandes villes. Nous souhaitons aussi mettre en avant notre enseigne 4 étoiles Golden Tulip. Deux établissements pilotes sont également en cours d’ouverture, dont l’un à Shanghai, dans les murs du Rainbow, propriété de Jin Jiang. Ce développement se déroulera sous le modèle de la réciprocité : les Campanile en Chine mettront ainsi en avant la petite touche française qui fait aussi craquer les clients chinois. Il s’agira par exemple de croissants au petit déjeuner. En France, certains établissements proposent un accueil en mandarin, la télévision chinoise dans les

Repère

Louvre Hôtels sous pavillon chinois Annoncé en novembre 2014, le rachat de Groupe du Louvre et de sa filiale Louvre Hotels Group a été officialisé en mars dernier. « Pour 1,3 milliard d’euros, ce groupe – qui exploite 1 100 hôtels dans 42 pays sous les enseignes Première Classe, Campanile, Kyriad, Tulip Inn, Golden Tulip et Royal Tulip – passe ainsi du fonds d’investissement américain Starwood Capital au chinois Jin Jiang International », rappelle le site spécialisé Tour Hebdo. Les deux groupes hôteliers sont aujourd’hui de taille relativement similaire : Louvre Hotels est le 10e mondial alors que Jin Jiang se classe à la 14e place avec 1 700 hôtels et une présence dans 11 pays et d’abord en Chine, son premier marché. « La gamme de marques est également proche entre les deux sociétés, le chinois exploitant de son côté les enseignes J.Hotel, Jin Jiang, Metropolo et Jin Jiang Inn ».

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RETOURS D'EXPÉRIENCE - focus entreprises

À Châteauroux Une « offre globale » pour faciliter les échanges France-Chine

FOCUS ENTREPRISE

Beijing Capital Group

DR

Cette ville du Centre-Val de Loire est en train de transformer une ex-base de l’OTAN en une grande zone de coopération sino-française. DONG Bin, directeur des investissements internationaux chez Beijing Capital Group, le promoteur du projet, répond aux questions de Connexions.

DONG B in Directeur des investissements internationaux Beijing Capital Group

Pouvez-vous nous présenter le projet de Châteauroux en quelques mots ? Il s’agit du tout premier parc technologique de coopération sino-française. Des entreprises chinoises, françaises ou européennes travaillant entre l’Europe et la Chine pourront s’implanter sur cette zone de 4,6 kilomètres carrés

et bénéficier des services de notre société, Beijing Capital Group. Nous sommes le promoteur de ce projet et avons déjà investi 20 millions d’euros. Cette plate-forme est située sur une ancienne base militaire de l’OTAN. 8 000 mètres carrés de bâtiments existants sont d’ailleurs en train d’être reconvertis. Pour la ville, c’était l’opportunité de donner une nouvelle vie aux dortoirs, bureaux et infrastructures militaires déjà sur place. De notre côté, cela faisait longtemps que nous voulions renforcer notre présence à l’international, particulièrement en Europe. Nous avons acheté le terrain en 2012. Depuis, la ville de Châteauroux n’a cessé de nous soutenir. Trois secteurs seront ciblés : l’éducation, la logistique et l’innovation. Pour une entreprise chinoise, s’installer à Châteauroux ne va pas de soi… La ville était pourtant idéale pour accueillir un projet de cette ampleur. D’abord, la muni-

« Nous sommes le promoteur de ce projet et avons déjà investi 20 millions d’euros. Cette plate-forme est située sur une ancienne base militaire de l’OTAN. 8 000 mètres carrés de bâtiments existants sont d’ailleurs en train d’être reconvertis. Pour la ville, c’était l’opportunité de donner une nouvelle vie aux dortoirs, bureaux et infrastructures militaires déjà sur place. »

Jean-Marc Desloges

cipalité a été particulièrement accueillante et s’est montré très flexible. Ensuite, d’un point de vue logistique, Châteauroux est très bien située. L’aéroport local est situé à 5 minutes du parc sino-français. Nous sommes également bien desservis par les autoroutes et le réseau ferré. C’est très facile de rejoindre Paris, Lyon, Montpellier et Orléans. Bref, en termes d’emplacement, c’est parfait. Nous pensons que cela pourra être une excellente base pour l’industrie aéronautique et automobile, par exemple.

Chateauroux, 11 juin 2014. Gil Avérous, maire de Châteauroux et Song Fengjin, directeur général adjoint de Beijing Capital Group.

Combien d’entreprises ont confirmé à ce jour leur volonté de s’implanter à Châteauroux ? Jusqu’à présent, nous en avons six, dont trois grandes universités chinoises : l’université de Pékin (Beida), l’université des Langues étrangères de Pékin (Beiwai) et l’université Lianhe de Pékin. Elles doivent s’installer cet été. 4 000 mètres carrés de surface sont déjà disponibles. Ces universités pourront ouvrir à

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Châteauroux des campus pour leurs étudiants apprenant le français. Elles pourront aussi y organiser des programmes d’été et lancer des coopérations avec des universités françaises. Nous sommes certains que d’autres facultés chinoises viendront ensuite. Elles sont fondamentales car ce sont elles, précisément, qui formeront le capital humain recherché par les entreprises basées dans le parc. Comment justement allez-vous en convaincre davantage ? L’année dernière, Beijing Capital Group a emmené plus de 125 patrons chinois à Paris pour le Sommet sino-européen des entrepreneurs (SEES), que nous avions organisé. Après la cérémonie de clôture, nous les avons ensuite accompagnés à Châteauroux pour qu’ils voient le site de leurs propres yeux. Cette année, nous répétons l’opération avec 150 patrons chinois attendus à Paris du 7 au 9 septembre 2015. Ils sont à la tête de très grosses sociétés chinoises dans l’agriculture, la manufacture, l’immobilier, les énergies… Comme l’année dernière, nous retournerons avec eux à Châteauroux. On ne peut pas montrer simplement des photos ou des présentations Powerpoint ! Les prospects doivent venir sur place, voir à quoi cela ressemble. Côté français, quels seront les services proposés aux entreprises hexagonales ? Cela sera une offre globale. Comment s’implanter juridiquement en Chine, de l’étude de marché à la recherche des partenaires chinois. Aujourd’hui, de nombreuses PME françaises ont du mal à apprivoiser le marché chinois. Soit parce qu’elles n’ont pas encore la taille critique suffisante, ou bien parce qu’elles n’ont pas le bagage culturel nécessaire pour faire du business avec la Chine. Le pays est immense et c’est dur pour elles de s’associer avec les bons partenaires. Nous voulons agir comme un entremetteur, les conseiller tout au long du processus. En Chine, dès qu’on a le bon partenaire, tout devient plus facile. Pensez-vous ensuite répliquer ce parc sino-français ailleurs dans le monde ? Il faut d’abord que cela soit un succès en France. C’est la condition pour envisager, dans un deuxième temps, un parc similaire au Royaume-Uni ou en Amérique du nord. Pour ce projet, nous n’avons jamais hésité. Notre choix a toujours été la France. Nous avons pris une sage décision. La Chine à présent promeut les échanges avec l’Europe, et en France, les industries locales sont très compétitives. Elles fournissent chaque jour de nombreuses opportunités pour travailler avec des entreprises chinoises. Propos recueillis par Raphaël Balenieri

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FOCUS ENTREPRISE

Vidon

De la Chine vers la France Le cabinet français Vidon, spécialisé dans la propriété intellectuelle a longtemps aidé les sociétés françaises à protéger leurs technologies dans le « Far West chinois » de la propriété intellectuelle. À présent, il cible les entreprises chinoises qui font le chemin inverse.

D

epuis son installation à Shanghai en 2008, le cabinet français Vidon, spécialisé dans la propriété intellectuelle, s’est toujours concentré sur une activité : l’accompagnement d’entreprises françaises voulant protéger leurs innovations, marques et technologies en Chine. Depuis peu, cependant, la société a appris à faire l’autre bout du chemin. « Jusqu’à présent, il y avait peu de flux dans l’autre sens. Ce qu’on voit maintenant – et la tendance n’en est qu’à ses débuts –c’est une Chine qui développe des brevets, des marques, qui innove et qui veut exporter sa technologie tout en la protégeant. De plus en plus, on travaille donc dans les deux sens »

« Le pays crée maintenant de la valeur, met au point des produits high-tech exportés ensuite à l’étranger, sous leurs noms et leurs couleurs. Huawei en France, maintenant, tout le monde connaît ! »


En dix ans, le nombre de demandes de brevets déposées par la Chine à l’étranger a été multiplié par presque 16 pour atteindre… 27 000 dossiers ! De 2004 à 2014, Pékin est ainsi passé du 13e au 4e rang mondial des champions de l’innovation, derrière les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne.

Imagine China

explique François Vieillescazes, 37 ans, directeur du bureau shanghaien de Vidon. Et les chiffres sont là pour confirmer cette « tendance ». En dix ans, le nombre de demandes de brevets déposées par la Chine à l’étranger a été multiplié par presque 16 pour atteindre…27 000 dossiers ! De 2004 à 2014, Pékin est ainsi passé du 13 e au 4 e rang mondial des champions de l’innovation, derrière les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne.

« Huawei en France, maintenant, tout le monde connaît ! » Pour Vidon, c’est une aubaine. L’entreprise a maintenant un gros portefeuille de clients chinois, allant des PME du Guangdong aux grandes multinationales de télécom. Pour les dépôts de brevet en France, par exemple, Vidon les accompagne tout au long de la procédure, que ce soit via l’Office européen des brevets (OEB), ou directement auprès des autorités françaises.

« Via l’OEB, il y a un coût initial assez élevé, mais c’est très intéressant quand on veut protéger sa technologie dans plusieurs pays européens » témoigne François Vieillescazes. En effet, une seule procédure d’examen est réalisée, à Munich, siège de cette institution. Ensuite, si la demande est acceptée, le déposant doit désigner les Etats membres de l’OEB dans lesquels il souhaite faire valider son brevet. La procédure directe en France, elle, sera choisie en revanche par les entreprises certaines de ne vouloir protéger leurs innovations que dans l’Hexagone. Pour François Vieillescazes, les besoins des entreprises chinoises en termes de protection intellectuelle se sont accélérés avec la fin de l’usine du monde. « Ce modèle est en voie de disparition. Le pays crée maintenant de la valeur, met au point des produits high-tech exportés ensuite à l’étranger, sous leurs noms et leurs couleurs » analyse le Français basé en Chine depuis 3 ans. « Huawei en France, maintenant, tout le monde connaît ! » Ce changement a bien sûr nécessité une petite réorganisation interne. Désormais, Vidon emploie à Shanghai du personnel formé à la fois au droit français comme au droit européen. Même chose en France, où le cabinet a recruté de nouveaux collaborateurs… de nationalité chinoise. « On ne veut pas être un passe-plat, être sollicité juste parce qu’on parle mandarin » affirme cependant le responsable. « L’idée, c’est vraiment de pouvoir accompagner, depuis Shanghai, des clients chinois vers la France et vers l’Europe ». Raphaël Balenieri

Chiffres-clés

100

Nombre d’employés total (consultants, ingénieurs brevets, autres) du groupe Vidon

45

Nombre de consultants travaillant chez Vidon

25

Nombre d’ingénieurs brevets

DR

2 Equipe de Vidon à Shanghai

Nombre de bureaux de Vidon à l’étranger (Chine et Thaïlande)

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DR

YU QINGX IN Directeur de Jumbo Chains

Vingt ans après sa fondation, cette entreprise de 7000 employés spécialisée dans l’immobilier change de cap. Elle ouvre un bureau à Paris, son premier à l’étranger, pour séduire des clients européens et les amener en Chine

FOCUS ENTREPRISE

Jumbo Chains

De l’immobilier au conseil La mue (française) de Jumbo Chains

L

orsque la société chinoise Jumbo Chains, spécialisée dans le management de propriétés immobilières, a décidé de faire ses premiers pas sur le Vieux Continent, la question est venue rapidement : où s’implanter exactement ? Londres ou Paris ? Très vite, la capitale française l’emporte. « Paris, c’est au cœur de l’Europe. C’est pratique pour le business, avec des vols directs depuis la Chine, et en même temps, très riche en culture » affirme Yang Shurong, en charge du projet chez Jumbo Chains. « Le problème de Londres, poursuit Mme Yang, c’est qu’elle n’est pas dans l’espace Schengen ». Nous sommes au siège de cette entreprise de 7 000 employés, situé dans un immeuble de six étages, à quelques pas du Temple des Lamas, en plein cœur de Pékin. À l’intérieur, les salariés travaillent en silence dans l’openspace derrière des rangées d’ordinateurs.

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Encore peu internationalisée, l’entreprise se rêve néanmoins en « pont » entre l’Europe et la Chine. Avec, à terme, cette ambition : « devenir l’entreprise de conseil en stratégie et d’audit la plus performante en Chine dans le domaine du transfert des secteurs industriels ».


Fondée en 1995 dans la capitale chinoise, l’entreprise est numéro 1 dans la gestion immobilière externalisée (sécurité, entretien général, environnement extérieur, chauffage, déchets…) des grands parcs industriels et technologiques chinois, dont celui de Zhongguancun à Pékin, Zhangjiang High-Tech à Shanghai et Guanggu Software à Wuhan. Imagine China

Comme dans les agences immobilières chinoises, la chemise blanche et le pantalon noir sont ici de rigueur. Personne ne déroge à l’uniforme, sauf Yang Shurong, et tous les employés ont leurs badges attachés à des cordons portés autour du cou. Un bureau sur les Champs-Elysées C’est cette Taiwanaise de 46 ans, parfaitement francophone, qui a été chargée de superviser cette première implantation dans l’Hexagone. Un choix judicieux, sans aucun doute, puisque Yang Shurong a passé six ans en France, entre 1991 et 1997. À Pékin depuis maintenant quinze ans, elle a garde de forts liens avec Paris - sa jeune fille, étudiante en classe prépa, y fait ses études - et la perspective d’enchaîner les aller-retour en avion ne l’effraie absolument pas. Pour Jumbo Chains, le lancement de ce bureau parisien, « probablement à côté des Champs Elysées », est un grand pas pour cette société de property management relativement méconnue. Fondée en 1995 dans la capitale chinoise, elle est numéro 1 dans la gestion immobilière externalisée (sécurité, entretien général, environnement extérieur, chauffage, déchets…) des grands parcs industriels et technologiques chinois, dont

celui de Zhongguancun à Pékin, Zhangjiang High-Tech à Shanghai et Guanggu Software à Wuhan. Mais Jumbo Chains compte aussi comme clients des complexes résidentiels, des édifices commerciaux et des bâtiments publics : écoles, ministères, musées, hôpitaux. En 2008, pendant les Jeux Olympiques d’été de Pékin, c’est elle qui avait été désignée pour s’occuper du Nid d’Oiseau, le célèbre stade imaginé par Ai Weiwei, ainsi que le Water Cube. Deux années plus tard, c’est à Shanghai qu’elle avait brillé en décrochant la gestion de plusieurs installations sur le site de l’Exposition universelle. C’est elle, enfin, qui administre toutes les usines en Chine du groupe Haier, numéro Un mondial de l’électroménager. Activité de conseil Aujourd’hui, malgré ces succès évidents – elle a sous sa garde, au total, plus de 30 millions de mètres carrés d’immobilier à travers la Chine - Jumbo change son fusil d’épaule. Désormais, elle migre de plus en plus vers des activités de conseil à destination de sociétés européennes souhaitant s’implanter en Chine. Et c’est bien là le but de son investissement à Paris:

séduire sur place de gros clients européens, les aider ensuite à s’installer dans le pays, puis obtenir, in fine, le management en Chine de leur parc immobilier (bureaux, usines, etc.) « À l’étranger, la gestion immobilière est réalisée par des sociétés locales car il faut connaître le pays. En tant qu’entité chinoise, nous ne pouvons pas avoir ce marché », explique Yang Shurong. « Par ailleurs, en Chine, le property management coûte cher. 50 % des coûts viennent des ressources humaines, à savoir les employés sur le site en charge de l’entretien, de la sécurité, etc. Pour faire des profits, il faut donc avoir de grandes surfaces », témoigne la jeune femme. Pont culturel Pour l’instant, Jumbo Chains ne travaille « pas directement » avec les multinationales étrangères, mais seulement indirectement, via les parcs industriels et technologiques en Chine où celles-ci sont implantées. Encore peu internationalisée, l’entreprise se rêve néanmoins en « pont » entre l’Europe et la Chine. Avec, à terme, cette ambition : « devenir l’entreprise de conseil en stratégie et d’audit la plus performante en Chine dans le domaine du transfert des secteurs industriels ». À ce jour, pourtant, cette stratégie est encore un peu floue. Une dizaine de personnes devrait rejoindre le bureau à Paris de Jumbo Chains qui doit ouvrir cette année. Si le projet fonctionne, la grosse PME chinoise prévoit ensuite d’en ouvrir un deuxième, à New York cette-fois, et pourquoi pas un troisième pour le sud-est Asiatique. Mais cela sera dans quelques années. Raphaël Balenieri Chiffres-clés

7 000

Nombre total des effectifs de Jumbo Chains à travers la Chine

203

Nombre de contrats de property management signés par l’entreprise

40

Nombre de villes en Chine dans lesquelles Jumbo Chains est implantée

30

Superficie immobilière, en millions de mètres carrés, gérée par l’entreprise

6

Nombre de filiales détenue par la société

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Enquête Ifop

Attractivité : quel rôle joue le « made in France » ? Quel rôle joue le « made in France » dans l’attractivité des marques et des produits français ? L’Ifop a cherché à en savoir plus en réalisant au mois de juin 2015 une étude auprès de citoyens chinois de la classe moyenne1 dans cinq grandes villes de Chine : Shanghai, Pékin, Canton, Wuhan et Shenyang. Cette étude révèle que l’offre française présente de forts atouts auprès du grand public chinois, mais qu’un travail important reste à faire pour convaincre de sa dimension d’innovation.

L’

attractivité de la France repose notamment sur la force de ses entreprises et de ses marques et, pour celles qui s’adressent aux particuliers, sur les valeurs qui sont rattachées à l’origine France dans l’imaginaire des consommateurs chinois. Des consommateurs dont on sait qu’ils sont de plus en plus informés et exigeants à l’égard des marques étrangères, et dont les comportements sont en partie influencés par l’image qu’ils se font des savoir-faire nationaux associés aux marques auxquelles ils sont confrontés dans leur quotidien.

La France : une association très forte au luxe Parmi les huit pays évalués dans l’enquête Ifop - l’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud, la France, l’Italie, le Japon, les UK et les USA - la France est le pays le plus fortement associé à un secteur d’activité donné, en l’occurrence le luxe. Notre pays se distingue par une expertise très

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Galeries Lafayette à Paris

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Le « made in » : un critère d’achat important Le pays d’origine est un critère largement pris en compte par les consommateurs dans leurs achats puisque 44 % d’entre eux déclarent y prêter attention « systématiquement ou le plus souvent » et 30 % « de temps en temps ». Par ailleurs, 70 % considèrent qu’il s’agit d’un critère qui joue un rôle « assez ou très important » dans la façon dont ils choisissent un produit ou service plutôt qu’un autre. Ces niveaux se situent environ dix points au-dessus de ceux que l’on observe lorsque l’on interroge les citoyens français sur le même sujet. Le « made in » constitue donc clairement un levier, ou un frein, à l’achat de nombreux produits et services en Chine.


La Chine développe sa légitimité dans les technologies L’Allemagne est très fortement associée dans l’esprit des Chinois à l’automobile et aux technologies, l’Italie au luxe (mais moins fortement que la France), les Etats Unis aux technologies, à l’aéronautique et aux services internet. Dans les domaines de la grande consommation les pays asiatiques profitent de leur proximité culturelle pour se distinguer puisque la Corée et le Japon sont les plus associés au secteur des cosmétiques (la France arrive en troisième position, une partie de l’association perçue à ce secteur se déportant sans doute sur le luxe), et la Chine et le Japon à l’alimentaire. La Grande Bretagne manque en comparaison de points saillants. On notera que les Etats Unis et à un degré moindre l’Allemagne sont perçus comme en pointe sur les secteurs plus techniques – technologies, aéronautique, services internet et énergie – mais dans tous ses domaines la Chine n’est pas loin, traduisant la prise de conscience d’une montée en puissance de ce pays dans nombre de ces domaines. On sait qu’elle ne repose pas encore sur une grande capacité d’innovation mais plutôt sur un savoir se réapproprier des technologies existantes pour les développer selon de nouveaux modèles très pertinents localement. Mais les success stories d’Alibaba, Huawei ou

Imagine China

identifiée et différenciante dans ce domaine, ainsi qu’à un degré moindre dans les cosmétiques. Cette force dans le luxe est un atout qui contribue à associer l’origine France à des dimensions de savoir-faire, de création et de capacité à délivrer du rêve qui sont fortement valorisantes. Mais l’identification puissante à ce secteur contribue aussi à occulter d’autres dimensions de la proposition France dans l’esprit du grand public. Ainsi la France est paradoxalement très peu associée aux secteurs de l’automobile, de l’énergie et de l’aéronautique, dans lesquels elle dispose pourtant de véritables atouts. Il y a là un manque évident de visibilité des réussites de nos entreprises, et un enjeu d’explication de nos savoir-faire dans un pays, la Chine, où le développement d’une image de marque passe par le « savoir éduquer » le consommateur. Ce déficit pose surtout un problème dans l’univers du B to C, notamment dans le secteur de l’automobile. On notera l’initiative intéressante de Citroën qui s’accommode de cette ambivalence et rencontre un beau succès avec sa DS positionnée sur un créneau premium et jouant prioritairement sur des leviers d’image inspirés du secteur du luxe : historique de marque, service haut de gamme, personnalisation à l’extrême, etc.

Ariane 5 production. Les Mureaux, France.

Xiaomi commencent visiblement à construire un sentiment de confiance des Chinois à l’égard de la capacité de leurs entreprises à devenir des acteurs technologiques de premier plan. Un déficit de perception de la capacité d’innovation technologique des entreprises françaises Dans le droit fil de ces associations sectorielles, le « made in France » est rattaché dans l’esprit des consommateurs chinois à des valeurs d’esthétique, d’inscription dans l’air du temps, de plaisir d’offrir, et, dans une certaine mesure seulement, de qualité. Ainsi c’est la dimension d’élégance et de bon goût du luxe qui nourrit l’image de l’origine France, plus que la dimension de qualité dont la traduction dans l’univers industriel n’est pas évidente pour le grand public. D’une façon générale, le « made in France » n’est pas assez identifié à des capacités techniques et d’innovation technologique qui sont pourtant portées haut par certaines de nos entreprises, essentiellement il est vrai dans l’univers B to B. De façon logique le « made in Germany » est très associé dans l’esprit des Chinois aux notions de qualité et de sécurité, le « made in USA » à l’innovation et au savoir-faire technologque, le « made in China » et dans une certaine mesure le « made in Korea » à la notion de compétitivité et

La France est paradoxalement très peu associée aux secteurs de l’automobile, de l’énergie et de l’aéronautique, dans lesquels elle dispose pourtant de véritables atouts. Il y a là un manque évident de visibilité des réussites de nos entreprises, et un enjeu d’explication de nos savoirfaire dans un pays, la Chine, où le développement d’une image de marque passe par le « savoir éduquer » le consommateur.

d’avantage prix. Le profil d’image du « made in Italy » ressemble, en moins marqué, à celui de la France. Les « made in UK » et « made in Japan » présentent en comparaison peu d’aspérités. La France peut donc s’enorgueillir d’une image forte et structurée, porteuse de valeur et qui la positionne clairement par rapport aux offres nationales concurrentes. Il lui reste à convaincre le grand public que celle-ci n’est pas exclusive des capacités techniques et d’innovation indispensables pour construire légitimité et attractivité dans beaucoup de secteurs porteurs. Des positions à prendre sur le service et la dimension environnementale Il est intéressant de noter qu’aucun des pays testés n’est clairement associé à la protection de l’environnement ou à la qualité du service délivré au client. Il y a là deux domaines porteurs, fortement encouragés (à des titres différents) par les autorités, et sur lesquels des positions sont à prendre. Certaines entreprises françaises sont très performantes dans ces domaines, encourageons les pour qu’elles développent là des positions et des dimensions d’image qui rejaillissent sur l’ensemble de la filière française. 1. Foyers disposant d’un revenu mensuel égal ou supérieur à 5 000 RMB

Christophe Jourdain, IFOP Asia

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Abécédaire

ABCE ACQUISITIONS Une étude de 2013 montrait que 8 fois sur 10, les groupes chinois préfèrent, à l’étranger, acquérir (ou passer par une JV) plutôt que de se lancer seuls dans un business. De fait, la majorité – si ce n’est la totalité - des implantations d’entreprises chinoises en France se sont faites par le rachat (ou le montage de JV) de structures existantes. Une stratégie qui permet à ces groupes d’hériter, sur place et sur des secteurs qu’ils ne maitrisent pas toujours, d’une très bonne notoriété et souvent d’excellents réseaux de distribution.

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BUSINESS FRANCE Agence née de la fusion de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii) et de l'Agence française pour le développement international des entreprises (Ubifrance). Lancé en janvier dernier, Business France a pour mission « d'aider les PME et les entreprises de taille intermédiaire à mieux se projeter à l'international, et d'attirer davantage d'investisseurs étrangers en France pour y créer ou y reprendre des activités créatrices d'emplois ». Les filiales d'entreprises étrangères implantées en France représentent environ 2 millions d'emplois.

CIC Acronyme de China Investment Corporation. Ce fonds souverain, à la tête de 200 à 300 milliards de dollars d'investissements, a été créé en 2007 dans le but de faire fructifier à l'étranger les énormes réserves de change détenues par Pékin. En 2014, comme l’indiquait alors Le Monde, le bureau national chinois d'audit, équivalent local de la Cour des comptes, a épinglé ce même CIC, « pour n'avoir pas effectué les contrôles nécessaires en amont sur douze investissements à l'étranger, dont six se sont traduits par des pertes entre 2008 et 2012. »

EXIMBANK Banque chinoise chargée de financer les projets d’infrastructure et les investissements à l’étranger. « Elle distribue les prêts concessionnels qui font l’essentiel de l’aide au développement chinoise », précisent Brigitte Dyan et Hubert Testard, auteurs de « Quand la Chine investit en France ». Et de préciser « Parmi les dix plus importantes opérations citées dans le rapport annuel de l’Eximbank pour 2012 figure le rachat du distributeur de cinéma AMC Entertainment Holdings aux ÉtatsUnis par le groupe Wanda pour un montant total de 2,6 Md$ ».


I MP R IDE Selon les données de la Banque de France, le stock d’IDE (investissements directs étrangers) en provenance de Chine et de Hong-Kong s’élevait respectivement à 2,7 milliards d’euros et 1,6 milliard d’euros fin 2013, soit 0,9% des stocks d’investissements en France. « La progression des investissements chinois devrait s’accélérer », note les services du Trésor français. Et de préciser que « la France reste toutefois moins attractive que l’Allemagne auprès des investisseurs chinois, malgré quelques opérations importantes réalisées dernièrement . »

MILLIARDS Quand la Chine passe à la vitesse supérieure... Le niveau des investissements étrangers chinois a ainsi été multiplié par 100 selon les données du MOFCOM, passant de 0,9 milliards de dollars en 2000 à 120 milliards en 2014. « La Chine continentale est devenue le troisième investisseur mondial en 2012, le second devant le Japon si l’on inclut Hong Kong dont les investissements étaient historiquement beaucoup plus élevés que ceux de la Chine, et qui se situent aujourd’hui à un niveau comparable », commentent les auteurs de « Quand la Chine investit en France ».

PÉRIL JAUNE « Faut-il craindre les investissements chinois en France ? » : ainsi titrait un article paru dans Le Monde fin 2014. De fait, l'arrivee en France de capitaux chinois inquiète. « Nombre d'observateurs voient dans la deuxième puissance économique mondiale, un ogre assis sur une colossale réserve de changes », argumentait alors le quotidien français. Une chose est sûre : le stock d’investissement chinois en France reste modeste si l’on considère les investissements américains ou allemands et le poids de la Chine dans les échanges mondiaux.

RÉSEAUX C’est au travers de réseaux que les entrepreneurs chinois ont appris ces dernières années à se structurer et à échanger sur leurs investissements hors de Chine. L’un des plus influents est sans doute le China Entrepreneurs Club, créé en 2006 et qui regroupe les plus puissants CEO du pays parmi lesquels Jack Ma (Alibaba), Wang Jianlin (Wanda Group) ou encore Guo Guangchang (Fosun). Il est présidé par Liu Chuanzhi (Lenovo). En 2013, ils ont été reçus par François Hollande qui leur a dit souhaiter accélérer les investissements chinois dans l’Hexagone.

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Actualités de la Chambre Interview de

J av i e r G i m e n o

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Président de la CCI France Chine

« La CCIFC est un catalyseur, un déclencheur, un accélérateur » Délégué Général et CEO du groupe SaintGobain Asie Pacifique, Javier GIMENO est également depuis avril 2015 Président de la CCI France Chine. Il détaille dans Connexions ses motivations et ses ambitions pour la Chambre.

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Pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Je suis né à Madrid, en Espagne, où j’ai poursuivi des études de droit (Université de Navarra 1982-1987), économie et commerce (Instituto de Empresa 1987-1989). En 1990, j’ai intégré le Groupe Saint-Gobain, que je n'ai jamais quitté depuis lors. J’ai eu l’opportunité d’y occuper différentes fonctions managériales dans plusieurs pays européens, dont la France, où j’ai vécu pendant 13 ans avec ma famille et où l’un de mes deux enfants est né. Pendant ces «années françaises», j’ai été Directeur Général de Saint-Gobain Glass Solutions France ainsi que Directeur Commercial et Marketing de Saint-Gobain Sekurit International, responsabilité mondiale qui m’a amené à faire des déplacements très réguliers en Asie, notamment en Chine, qui m’a immédiatement fasciné.

C’est en 2010 que j’ai été appelé à diriger depuis Shanghai le business automobile de Saint-Gobain en Asie, alors en pleine expansion dans la zone. Deux ans plus tard le Groupe Saint-Gobain m’a fait l’honneur de me confier l’ensemble de ses activités dans la région Asie-Pacifique. A l’heure actuelle ce dispositif compte une centaine d’usines dans 12 pays différents et quelques 15 000 collaborateurs qui mènent à bien une mission ambitieuse en termes de croissance et de rentabilité. La Chine représente environ la moitié du périmètre de ma responsabilité opérationnelle. Après presque 5 années passées en Chine au service de Saint-Gobain, quelles sont selon vous les clés de succès dans ce pays-continent ? A mes yeux, la réussite en Chine nécessite,


« En effet, les responsabilités de Président de la Chambre ont rendu mon emploi du temps plus intense et plus complexe à gérer; bien entendu, je suis loin de m’en plaindre car ce poste, en plus du prestige et de l’honneur en soi pour celui qui l’exerce, offre une vision extrêmement riche de la Chine et de la vie des entreprises dans ce pays. »

d’une part, un développement continu et sans concessions d’une offre parfaitement locale, et de l’autre, une grande qualité d’exécution dont la rigueur et la vitesse de mise en œuvre sont des éléments essentiels. Bien entendu, ce sont des conditions nécessaires mais sûrement pas suffisantes. Qu’est-ce qui vous a motivé, malgré un agenda déjà très chargé, à candidater pour la présidence de la CCI France Chine ? En effet, les responsabilités de Président de la Chambre ont rendu mon emploi du temps plus intense et plus complexe à gérer; bien entendu, je suis loin de m’en plaindre car ce poste, en plus du prestige et de l’honneur en soi pour celui qui l’exerce, offre une vision extrêmement riche de la Chine et de la vie des entreprises dans ce pays. Il est certain que les difficultés envisageables pour rendre compatibles les responsabilités de Président de la Chambre et celles de mon rôle chez Saint-Gobain m’ont fait beaucoup hésiter avant de poser ma candidature au poste. Finalement je me suis décidé, poussé par les encouragements de quelques bons amis et collègues, et surtout par la vo-

lonté de servir nos entreprises françaises et au travers d’elles de servir la France, pays que j’admire et que j’aime profondément. Quelle est votre vision du rôle de la Chambre ? Le rôle essentiel de la Chambre, celui qui justifie son existence et sans lequel la Chambre n’aurait qu’une valeur assez limitée, est celui de faciliter l’implantation des entreprises françaises en Chine et d’accélérer leur développement dans ce pays. La Chambre est au service de cette mission que je n’hésiterais pas à qualifier d’exaltante. D’autres acteurs, publics et privés, contribuent aussi de façon très efficace à la réussite de cette mission collective. En ce qui concerne la Chambre, nous le faisons avec la légitimité que nous donne notre relation intime, consanguine, avec cet ensemble de plus de 1 500 entreprises dont chacun des élus de la Chambre est issu. Forte de cette légitimité et de l’indépendance qui en résulte, la Chambre assure sa tâche dans la cohérence, dans la persévérance et donc dans la durée. Enfin la Chambre est un catalyseur, un déclencheur, un accélérateur, mais ne se subs-

titue ni aux entreprises qu’elle représente ni aux institutions de l’état français à l’étranger. Quelles sont vos premières impressions après quelques mois en tant que Président de la CCIFC ? Il me semble que la Chambre remplit bien son rôle principal. L’équipe opérationnelle en charge est de grande qualité et hautement motivée. L’essentiel est donc bien assuré. Cependant je reste convaincu que le potentiel à développer est encore extraordinaire. De ce point de vue avec le nouveau Bureau National j’ai la conviction que la Chambre se doit d’être plus ambitieuse dans ses objectifs, plus présente auprès de nos adhérents, plus active auprès des medias et des pouvoirs locaux, plus incisive auprès de nos partenaires chinois et européens ; en somme plus forte, plus efficace, avec une voix plus facilement reconnaissable : celle des entreprises françaises en Chine. La Chambre est en perpétuelle évolution afin de répondre au mieux aux besoins de ses membres et aux exigences du marché. Quels sont vos projets pour rendre la CCIFC toujours plus performante ? Il me semble primordial de mieux harmoniser l’ensemble des actions de nos différents bureaux en Chine autour d’un projet collectif, qui représente aux mieux les intérêts de nos membres et partenaires. Dans cet esprit, ensemble nous allons travailler dur pour renforcer la visibilité et le prestige des entreprises françaises en Chine ; pour intensifier la collaboration des grands Groupes français avec les moyennes et petites entreprises françaises dans ce pays de façon à accélérer leur développement ; nous allons nous efforcer de multiplier et d’enrichir les liens entre nos entreprises et les acteurs économiques locaux ; enfin nous allons nous battre pour mieux fédérer les acteurs français en Chine autour de plateformes de différentiation dans les domaines où la France et ses entreprises excellent. Et en faisant tout cela, je suis convaincu que la Chambre accomplira au mieux sa mission de catalyseur au service de la réussite des entreprises françaises en Chine ; et, en conséquence, plus ou moins rapidement mais de manière inéluctable en tout cas, elle contribuera au développement de l’attractivité de la France aux yeux des entreprises chinoises de façon à ce que notre pays devienne un bénéficiaire important de leurs investissements à l’étranger. Propos recueillis par L aila TAYEB I

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Actualités de la Chambre

LA MAISON FRANCE CHINE Le pied-à-terre des entreprises françaises en Chine

CCIFC

Partenaires du projet

Après plus d’un an de travail, le projet phare de la CCIFC voit enfin le jour : la Maison France Chine ouvrira ses portes le 15 août 2015, dans des locaux entièrement rénovés à Sanlitun, en plein cœur de Pékin. Ce lieu, que la CCIFC a voulu central, accessible et accueillant pour toute entreprise française désireuse d’approcher le marché chinois, a pour but de regrouper des entreprises et un maximum d’acteurs français afin de créer un écosystème porteur et créateur de valeur, en mutualisant les moyens physiques et humains au service du développement des entreprises françaises en Chine. Un pari réussi et un concept qui en a séduit plus d’un puisque 12 entreprises, institutions et associations ont rejoint la CCIFC, qui y installe également son siège national, son antenne pékinoise et ses bureaux de domiciliation. Les secteurs représentés au sein de la Maison France Chine vont de l’institutionnel au paramédical en passant par l’immobilier, la communication ou encore la restauration. Deux étages de cet immeuble de 3 étages seront dédiés au projet, soit près de 2000 m2, avec des espaces de réunion et de pause partagés gratuitement avec tous les partenaires du projet. Une option a été posée sur le 3e étage pour que dès sa libération, d’autres entreprises puissent nous rejoindre, les bureaux actuels étant déjà tous occupés. Le logo et le nom, en cours de développement, seront clairement affichés sur la façade de l’immeuble, donnant une visibilité et un cachet uniques à ce centre d’affaires exposé au passage dans le quartier le plus fréquenté de Pékin. Il est le fruit d’un travail de longue haleine pour réunir des partenaires autour d’un projet commun, et dénote de la capacité de mobilisation des acteurs français pour faire naitre des projets innovants. Il n’aurait pu voir le jour sans la générosité et l’im-

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plication de nos membres et partenaires qui nous ont soutenus tout au long du projet. Nous tenons ainsi à remercier Scout Real Estate, partenaire du projet, qui a donné de son temps et de son énergie pour trouver les locaux et négocier les meilleurs conditions ; Saint-Gobain et Schneider Electric, qui nous ont fourni gracieusement du matériel ; WTL Design qui a travaillé sans relâche et avec un professionnalisme rare pour respecter des délais difficilement tenables afin de nous offrir un cadre de travail des plus agréables ; et AGS pour ses services de déménagement. Des services encore plus professionnels Les services traditionnels de la CCIFC continueront d’y être dispensés, mais avec des capacités plus importantes et des moyens plus modernes. D’autres services ont été ajoutés pour compléter notre offre. Ainsi, vous pourrez solliciter la Maison France Chine pour : • Participer à des événements, des conférences et des séminaires dans des locaux plus spacieux et plus confortables ; • Louer nos espaces de réception pour vos propres évènements à des tarifs très avantageux ; • Organiser des sessions de formation et déléguer vos recrutements à la Chambre ; • Domicilier vos entreprises (voir encadré) ; • Développer vos affaires en Chine en contactant le Service d’Appui aux Entreprises ; • Y installer votre entreprise à terme, quand les locaux du 3e étage seront disponibles. Nous espérons que cette initiative, plébiscitée par le gouvernement et par l’Ambassade de France en Chine et extrêmement bien accueillie par le réseau

des CCI françaises à l’international, sera bénéfique pour nos membres et partenaires, et pourquoi pas répliquée ailleurs dans le monde pour que rayonne la Maison France et que s’étende notre réseau d’influence. En attendant, rendez-vous bientôt à la Maison France Chine pour son inauguration (les détails de cet évènement vous seront communiqués en temps et en heure) ! Votre contact Maison France Chine : Nathalie ANIEL Directrice de l’antenne de Pékin Aniel.nathalie@ccifc.org

Un nouvel espace de domiciliation Nous sommes heureux de pouvoir enfin répondre à la demande pressante de domiciliation, le nombre de bureaux passant de 10 dans nos locaux actuels à 19 au sein de la Maison France Chine. Sont compris dans le prix du loyer : le mobilier (2 stations de travail), l’accès Internet et 2 lignes téléphoniques (en incluant les téléphones), l’accès au photocopieur/fax, le service de secrétariat pour réceptionner vos courriers et vos appels en votre absence, l’accès a un espace commun de réunion et de pause et des tarifs préférentiels sur la location de l’espace de réception et la grande salle de réunion. Seuls les frais de communication téléphonique seront à ajouter au montant du loyer. Il ne reste plus que 3 bureaux de disponible, de 11m2 à 16m2, donc n’hésitez pas à contacter le responsable domiciliation de l’antenne de Pékin pour plus d’informations : Audrey Rehby, rehby.audrey@ccifc.org


Annuaire des membres 2015/2016

Votre société y figure-t-elle ?

Site internet ccifc.org

Un nouveau look une nouvelle langue ! Vous l’aurez peut-être constaté en visitant le site internet de la CCIFC ces dernières semaines, ce dernier a subi quelques changements afin de rendre votre navigation toujours plus agréable et plus intuitive. Ces derniers mois, tous nos supports de communication avaient progressivement adopté une nouvelle charte graphique, commune à toutes les CCI membres du réseau CCI France International, dans le but d'afficher clairement notre appartenance à ce réseau de 112 chambres françaises dans le monde. C’est au tour du site web d’exhiber ses nouvelles couleurs et sa nouvelle identité visuelle, avec une légère restructuration au passage afin de faciliter la navigation de nos utilisateurs. C’est également dans un souci de rapprochement de nos partenaires chinois que nous avons finalement lancé une version en Mandarin du site ccifc.org, une initiative largement acclamée par nos amis chinois de qui nous avons reçu énormément de feedbacks positifs. Notre librairie manque encore de contenus en chinois mais n’hésitez pas à vous rapprocher de l’équipe Communication si vous souhaitez publier des articles intéressants sur le marché chinois (ou français) en Mandarin. Cette version chinoise du site n’est que la première étape d’une série de projets destinés à améliorer nos communications auprès de notre audience chinoise, notamment sur Weibo et prochainement sur Wechat. Rendez-vous donc sur ccifc.org/cn et n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires ou suggestions ! Pour plus d’information, veuillez contactez : Laila Tayebi Directrice Communication Tayebi.laila@ccifc.org

Si ce n’est pas le cas, c’est votre dernière chance : le délai d’adhésion a été étendu au 31 août pour adhérer et de ce fait apparaitre dans le nouvel annuaire qui sera tiré à plus de 4 000 exemplaires. N’hésitez pas à contacter votre antenne locale qui vous guidera dans vos démarches d’adhésion et de mise à jour de votre profil sur l’annuaire. Passé ce 2015-2016 délai, vous pourrez toujours adhérer mais vous ne figurerez pas dans le prochain annuaire qui sera publié fin Novembre et qui servira de référence pour l’année 2016. Vous pourrez néanmoins apparaitre dans la rubrique « Ils arrivent » du magazine Connexions et dans la rubrique « Newest members » de notre site web. Pourquoi figurer dans l’annuaire ? L’annuaire des membres de la CCIFC est l’annuaire de référence pour contacter des entreprises françaises en Chine. Vous pourrez non seulement y trouver les contacts que vous recherchez, des clients potentiels ou des partenaires, mais vous pourrez également être trouvé par ces potentiels partenaires et clients. Bénéficiez d’une visibilité accrue Multipliez vos chances d’être remarqué en réservant un espace publicitaire sur le support le plus attendu de la Chambre. Avec un lectorat composé essentiellement de chefs d’entreprises et de décideurs issus de la communauté d’affaires franco-chinoise, ainsi que d’officiels français, de la presse en Chine et des CCI françaises dans le monde, vous communiquerez auprès d’une cible de qualité sur un support institutionnel efficace, sur une durée d’un an. Certains espaces sont encore disponibles donc n’attendez plus pour contacter votre antenne locale ! Vos contacts Adhésion : Pékin Penny Pan : pan.hui@ccifc.org Shanghai Delphine Yao : yao.delphine@ccifc.org Chine du Sud Vanessa LI : li.vanessa@ccifc.org Vos contacts Publicité : Pékin Yinyan Gao : pan.hui@ccifc.org Felix Fei : fei.bo@ccifc.org Shanghai et Chine du Sud : Morgan Lefevre : lefevre.morgan@ccifc.org

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Actualités Business Services

Chinese Desk « Nous voyons aujourd’hui la CCIFC comme un partenaire stratégique »

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parle de « vie raffinée », c’est à la France qu’on pense en premier lieu. Ses produits sont le symbole même du raffinement: de la maroquinerie au prêtà-porter en passant par les accessoires, la parfumerie et les cosmétiques, sans oublier la gastronomie. Quelqu’en soit le design, la technologie ou la qualité, il existe une attirance irrésistible et irrationnelle des Chinois pour les produits français. C’est pourquoi Iluxday ne peut prétendre vendre du raffinement sans proposer des produits français. En outre, de nombreuses marques familiales françaises historiques sont connues du public chinois et pourtant, pour diverses raisons, elles ne sont pas encore commercialisées en Chine. Iluxday porte une attention toute particulière à ces marques.

C’est en avril dernier que CAI Jun, CEO de cette société chinoise qui distribue entre autres des produits de luxe via son portail en ligne www.iluxday.com, s’est rendu en France, accompagné par la CCIFC, pour nouer des partenariats stratégiques avec des fabricants français. Il revient pour Connexions sur sa coopération avec le Chinese Desk, un service du département Service d’Appui aux Entreprises de la CCIFC. Pourriez-vous présenter brièvement les activités et le positionnement d’Iluxday ? www.iluxday.com est un site de vente en ligne créé en 2013 par la société Lingxiu E-commerce, elle-même fondée à Shanghai en 2011 et dont le géant du Transport chinois Orient Int’l Enterprise est devenu l’actionnaire majoritaire en juin 2014. Ce portail se positionne sur un créneau en pleine croissance, celui du « luxe entrée de gamme », ciblant ainsi la très convoitée classe moyenne chinoise. Sur le thème de « la vie raffinée », Lingxiu E-commerce commercialise des produits importés de luxe et de consommation courante, et ambitionne ainsi de devenir la plus importante plateforme e-commerce sur ce segment. On y trouve aussi bien des grandes marques que des produits de puériculture, domestiques ou alimentaires, entre autres. Orient Int’l Enterprise, LTD dispose d’un savoir-faire unique en termes d’intégration de marques, de logistique et de distribution : le professionnalisme de ses équipes et l’optimisation de sa supply chain depuis le sourcing directement à l’étranger jusqu’au transit en zone de libre échange, sont autant de facteurs qui permettent à Iluxday de faire la promesse de la meilleure qualité au meilleur prix. Lingxiu E-commerce expose également sa vision de « la vie raffinée » dans des showrooms O2O (online to offline), sur le modèle des Apple stores, afin que les consommateurs chinois de tous bords puissent apprécier son offre de visu, avant de passer aux commandes, en ligne cette fois. Quelle place occupe la France parmi vos fournisseurs étrangers et pourquoi un intérêt si particulier pour les produits français ? Nous sourçons actuellement en Europe, aux Etats-Unis et en Australie, mais il est vrai que la France nous intéresse tout particulièrement. La France est reconnue en Chine comme la capitale de la mode. Quand on

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Connaissiez-vous déjà la CCIFC et son Chinese Desk, et comment êtes-vous entré en contact avec eux ? Les équipes d’Iluxday et de la CCIFC se sont rencontrées dans le cadre de la « Conférence E-commerce des Marques Haut de gamme » en collaboration avec la mairie de Jing'an en 2012. Caroline PENARD, Directrice de l’antenne de Shanghai de la CCIFC, fut en quelque sorte l’invitée spéciale de cette conférence. Son intervention nous a permis de comprendre l’influence de la CCIFC en Chine et en France, et de prendre connaissance des services proposés par son Chinese Desk. C’est de cette manière que nous sommes entrés en contact avec le Service d’Appui aux Entreprises, et nous voyons aujourd’hui la CCIFC comme un partenaire stratégique qui nous espérons nous accompagnera sur le long terme tout au long de notre développement. Quels étaient vos objectifs en faisant appel aux services de la CCIFC ? Nous avions au préalable bien étudié le champ d’activités et les domaines de compétence de la CCIFC, et elle nous a ainsi semblée être la plus apte à nous assister dans notre quête permanente des meilleurs fournisseurs. Grace à une base de données solide, la Chambre a pu nous mettre en relation avec des marques et des fabricants que nous avions ciblés ensemble, en fonction de nos besoins. La CCIFC jouit également d’une très bonne réputation et d’une grande crédibilité auprès du gouvernement et des autorités, et a pu ainsi servir d’intermédiaire solide et efficace, un atout précieux quand on veut faire des affaires aussi bien du côté chinois que du côté français. Estimez- vous que ces objectifs ont été remplis ? Fin Avril dernier la CCIFC a organisé pour nous une mission de prospection. Nous avons ainsi rencontré 8 entreprises à Paris, dans le secteur de l’alimentation, de la puériculture ou encore dans la maroquinerie, etc. Ces rencontres ont toutes débouché sur des intentions de commandes. La CCIFC nous a également aidés à rencontrer un certain nombre d’entreprises françaises tres réputées et nous sommes parvenus à signer un accord préalable de partenariat avec elles. La Chambre nous a fait également parvenir les coordonnées de tous les contacts qualifiés lors de cette mission et nous n’avons reçu que des échos très positifs aussi bien en interne que de la part des fournisseurs. Nous pensons que cette mission a jeté les bases d’une coopération solide et que nous espérons fructueuse pour nos deux organisations. Nous recommandons donc sans aucune hésitation les services de la CCIFC et nous pensons sincèrement qu’il est dans l’intérêt des entreprises chinoises d’approcher le marché français par le biais de la CCIFC et de son Chinese Desk, qui contribue à son échelle efficacement au développement des relations économiques et de l’amitié sino-française. Contact : Fiona QIAO Chinese Desk Manager qiao.fiona@ccifc.org


Actualités des Antennes

HR workshop

Dîner des managers

Le 8 avril 2015, la CCIFC Chengdu a organisé un évènement avec la Chambre Européenne du Sud-Ouest de la Chine à l’hôtel Sofitel Chengdu Taihe. Le thème du RH workshop était l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle ainsi que le stress au travail. Mme Martina Gottwald de Dragonfly Group nous a présenté la partie théorie et M. Xian Lin, professeur de Taichi, connu dans le Sichuan, a effectué une démonstration de Taichi. Le workshop s'est terminé par une mise en pratique incluant les participants dans une ambiance zen.

La CCIFC Chengdu a organisé un dîner dont le thème était : Keep Calm and Dine with Companies' Directors au Jinyue Restaurant de l’hôtel Jinjiang. Plus de 30 entreprises se sont rassemblées pour cet évènement. Ce diner des managers est le premier et se verra répété chaque année. Les invités ont pu pour la plupart découvrir les plats du restaurant et apprécier son atmosphère paisible.

le 8 avril

Rose de mai

le 17 juin

Inauguration de Dior le 25 juin

le 19 avril

L'inauguration du Jardin "Rose de mai La France" a été organisé le 19 avril 2015, par Mme Xu et M. Okata, le directeur général et le designer. Ce jardin est la première roseraie en Chine. Monsieur le Consul général de Chengdu, Olivier Vaysset, était présent à cet événement. Mlle Anne Evenou, Mme Janina Simion, et Chengdu Harmony International Choir ont d’abord interprété des chansons d'amour, puis les invités ont pu visiter la roseraie.

Go West policy

le 23 avril

M. Sébastien Jouin, conseiller du Service économique du Consulat général a présenté, le 23 avril 2015, les résultats économiques du Sud-Ouest de la Chine de 2014 en comparaison des 15 dernières années. Le séminaire a eu lieu dans les locaux de La Défense et a connu un franc succès.

Effective communication

le 26 mai

Le 26 mai 2015, nous avons organisé le premier séminaire en Chinois "Communication efficace" présenté par Marie Massard, ancienne représentante de CCIFC Chengdu. Le sujet était : comprendre et percevoir des détails ou informations d’une personne avant même que celle-ci ne commence à parler.

CCIFC

成 都

CHENGDU

La CCIFC Chengdu a été invitée à participer à la cérémonie d’ouverture du magasin Dior cosmétique à Chongqing. Les médias ainsi que les officiels étaient également présents pour cette inauguration.

Premier Cocktail à Chongqing le 25 juin

Le 25 juin 2015, la CCIFC Chengdu en coopération avec l’Hôtel Sofitel Forebase Chongqing a organisé leur premier cocktail à afin de regrouper les entreprises françaises de Chongqing. Nous espérons ainsi commencer une fructueuse alliance entre la CCIFC et les entreprises françaises locales.

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Actualités des Antennes

上 海

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SHANGHAI


Grands événements passés

Principaux événements à venir d’aout à octobre

4e Edition du GMP

Rencontre avec Pierre Gattaz

(Global Manager Program)

CCIFC

le 2 juin

Le 2 juin dernier, plus de 100 personnes ont pu échanger avec le président du MEDEF lors d’une rencontre organisée dans les locaux de la CCI France Chine à Shanghai. Cette rencontre fut l’occasion pour Monsieur Gattaz de présenter sa vision de la situation économique en France et des relations franco-chinoises aux membres de la chambre de commerce.

Soirée Devialet @ Kee Club

CCIFC

le 30 juin

La CCIFC Shanghai a organisé une soirée exclusive pour ses membres du Comité de Patronage pour la présentation du tout dernier système de son Devialet : le Phantom. Cette soirée était également l’occasion de participer à une expérience unique d’écoute de l’Expert : Système audio le plus pur du monde. Nous tenons à remercier chaleureusement Devialet Ingénierie Acoustique de France de nous avoir réservé cette soirée exceptionnelle dans les splendides salons du Kee Club.

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Actualités des Antennes

Journée de visites d’entreprises à Huairou le 24 avril

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北 京

PEKIN

Une fois n’est pas coutume, nous avons, le 24 avril dernier, proposé aux membres de Pékin une visite en bus d’une journée à l’extérieur de la ville pour découvrir 3 sites de membres et entreprises françaises. Nous nous sommes d’abord rendus à l’hôtel Kempinski Sunrise (notre photo) où nous avons été accueillis par le directeur général

de l’hôtel Brice Pean. Après une visite du bâtiment principal, nous nous sommes rendus dans les différents pavillons qui ont accueilli des délégations étrangères lors de l’APEC en novembre 2014 et avons visité la salle de conférences dans laquelle ont notamment siégé Xi Jinping et Barak Obama. Après le déjeuner, nous nous sommes rendus chez Robertet, entreprise française dont le siège se trouve à Grasse et qui produit en Chine des arômes à partir de matières premières naturelles pour la parfumerie et l’industrie agro-alimentaire. Nous avons été impressionnés par le niveau de français des équipes chinoises, quasiment toutes formées en France. La dernière entreprise visitée a été Poma, entreprise grenobloise qui fabrique des cabines pour les télésièges et funiculaires, à destination du marché chinois dans les secteurs du tourisme et des parcs d’attraction. Les directeurs français et chinois nous ont accueillis chaleureusement et à l’extérieur tout autour de l’usine, nous avons pu voir les stock de cabines destinées à E Mei shan en attente de livraison sur site.

Dîner Réseaux Chine

La première édition 2015 de Réseaux Chine Pékin a réuni plus de 60 représentants français et chinois dans la magnifique enceinte du « Temple Restaurant Beijing ». Une fois encore, les échanges aux différentes tables organisées par secteur d’activité ont été riches et ce rendez-

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CCIFC

CCIFC

le 19 mai

vous a donné l’occasion à l’ensemble des convives de faire la connaissance de M. Javier Gimeno, notre Président nouvellement élu. La séquence d’opéra de Pékin mimé proposée durant le début du dîner se mariait parfaitement avec la beauté et l’ancienneté du lieu.


Exposition Miss Dior

Journée CCIFC de Dalian

le 31 mai

le 29 mai

Conférence R&D le 11 juin

Le 11 juin au matin, nous nous sommes associés à la Chambre allemande à Pékin pour proposer un « Breakfast Seminar » sur le thème R&D suivant « New Development Trends for High and New Technology Enterprise ». Mr Alan Garcia, ASPAC Regional R&D Partner au sein de KPMG, a développé devant les représentants des membres des deux Chambres de Commerce les déductions offertes aux entreprises en Chine dans leurs dépenses de R&D.

CCIFC

Le vendredi 29 mai dernier s’est déroulée la première journée CCIFC 2015 au Shangri La de Dalian. Le programme, concocté par notre fidèle représentant sur place Frédéric Choux (DCT Wines), était particulièrement riche et varié : la matinée a démarré par l’intervention d’Isabelle Miscot, consule à Shenyang, qui a présenté l’actualité de la circonscription, suivie de Serge Grely, attaché scientifique et universitaire du Consulat de France à Shenyang sur la problématique de la scolarité des enfants français à Dalian. Audrey Rehby et Nathalie Aniel ont ensuite présenté la CCIFC et ses différents services et activités. Thierry Labarre (Partner Mazars et Trésorier National de la CCIFC) est ensuite intervenu sur l’impact pour les entreprises de la loi anticorruption. Les échanges se sont poursuivis autour du magnifique buffet du Shangri-La, puis, l’après-midi, Helen KONG (Dezan Shira) a exposé les dernières réglementations en vigueur sur le contrat de travail et a répondu aux questions pratiques posées par les différents représentants présents. La dernière partie de l’après-midi nous a donné la chance d’accueillir, pour la première fois à Dalian, Jean Leviol, Ministre conseiller et chef du Service Economique Régional de l’Ambassade de France. Ce dernier a exposé les forces de la France en Chine et l’état des relations franco-chinoises, a répondu aux questions concernant les VIE et partagé sa vision de l’avenir du dispositif. La journée s’est poursuivie autour d’un verre (ou de plusieurs !) au café Copenhagen, lieu de RDV mensuel de l’association « International Club of Dalian » qui fédère la communauté d’affaires de Dalian.

CCIFC

DR

Le 31 mai, la société Christian Dior parfums nous a très généreusement « prêté » le cadre de leur magnifique exposition « Miss Dior »au Centre Ullens pour l’organisation d’une soirée-cocktail à laquelle nous avons pu convier membres et partenaires de la CCIFC. Ce moment d’exception a été hautement apprécié par nos invités, un grand merci !

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Actualités des Antennes

中 国 南 部

canton

Interwine

du 10 au 13 mai Aujourd’hui, le salon Interwine s’impose comme une prestigieuse vitrine pour les vins et spiritueux étrangers, réunissant plus de 39 000 visiteurs et 672 exposants lors de cette session de printemps sur 30 000 m2. Ce rassemblement de professionnels, sous le Pavillon France CCI France Chine, leur offre l’opportunité de confirmer leur présence sur le marché, de développer de façon importante leur portefeuille clients et de renforcer leur visibilité en Chine du Sud en rencontrant tout profil issu de ce secteur. Distributeurs, grossistes, restaurateurs & hôteliers, négociants, importateurs, acheteurs et producteurs se donnent rendez-vous chaque mois de mai et de novembre dans le but d’échanger et de proliférer sur ce marché en constante évolution.

Le secteur des vin & spiritueux remonte la pente de la politique anti-corruption en Chine du Sud et c’est sous le Pavillon France, lors de la dernière session du salon international Interwine qui s’est tenue à Canton, au complexe China Import & Export Fair, que la CCIFC rassemblait 17 exposants venus de toute la Chine et de France. La CCI France Chine est présente sur ce salon depuis plus de 5 années maintenant, à raison de deux Pavillons France par an, au printemps et en automne, et de la sorte, accompagne et aide les exposants dans leurs démarches et approche du marché des vins et spiritueux en Chine du Sud. Grâce à son équipe spécialisée, la CCIFC Chine du Sud permet aux entreprises présentes sous le Pavillon France de bénéficier de tarifs préférentiels, d’un design français spécifique et unique pour une visibilité accrue et du support de la CCI France Chine et de ses services avant, pendant et après le salon.

Contact : Emeline HESPEL hespel.emeline@ccifc.org 86 (20) 2916 5531

Visite Servair

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le 29 mai

En date du vendredi 29 mai, les membres de la CCIFC en Chine du Sud, ainsi que ceux de France

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Macao Business Association, ont pu visiter les coulisses de Servair, installé en joint-venture avec Guangzhou Nanland Air Catering Co. Ltd, à l’aéroport international de Baiyun, Canton. Un grand merci à Vincent MARÉCHAL et Paul SHI qui nous ont ouvert les portes de leur structure, dans une zone et un contexte hautement sécurisés. Ce tour de l’usine a permis aux visiteurs de bien cerner les contraintes hygiéniques et sanitaires imposées par une telle activité : la préparation et l’approvisionnement en plats préparés des avions de ligne au départ de Canton.


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Nouveaux collaborateurs... Arrivée de : Florence HUANG La CCIFC Chine du Sud est ravie d’accueillir Florence HUANG au sein du département Évènementiel et Communication. Florence est en charge des relations avec les médias, les partenaires chinois et les membres lors des nombreux évènements tenus à Canton. huang.florence@ccifc.org

SHENZHEN

Le Pitch : l’opportunité de rencontrer des investisseurs en Chine du Sud

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le 19 juin

La Chine du Sud, comparée par certains à la Silicone Valley chinoise, accueille de nombreux entrepreneurs et chefs d'entreprise en quête d'investissements. Soucieuse de surfer sur cette demande grandissante, la CCI France Chine a organisé une rencontre entre ses membres et des investisseurs chinois et hongkongais. Parmi les candidats, Nevo, Elysee Furniture, Syncontrol, Setinox, Shosha, Dafann, IPW et Last Mile sont venus pitcher leurs projets dans le but d'attirer les fonds nécessaires à la bonne réalisation de leur plan. Le Pitch s'est tenu au sein du nouveau TechTemple de Shenzhen le vendredi 19 juin dernier. Sous la forme d'un speed-meeting, les candidats disposaient d'un temps de 20 minutes pour pitcher leur projet suivi de 10 minutes de questions avant d'enchainer les rendez-vous suivants. C'est un véritable marathon que ces entrepreneurs et chefs d'entreprises ont vécus, repoussant leurs limites dans le but d'atteindre leur rêve. Nous tenons à remercier le bistro de Shenzhen, l'Épicerie, pour les merveilleux cannelés et brownies ainsi que Tristan Roquette, CEO de Teamacting et Executive Coach qui a contribué à la préparation des participants et de leurs projets.

Cocktail de Printemps 2015 @Free Space Club le 4 juin

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C’est sous un parfait ciel bleu, agrémenté de quelques gouttes, que s’est tenu le traditionnel Cocktail de Printemps de la CCI France Chine à Canton le jeudi 4 juin dernier. Plus de 110 membres, venus de toute la Chine du Sud, se sont réunis sur la superbe terrasse du Free Space Club, dans le quartier des artistes Red Thory, sur la rive gauche de la rivière des Perles. Dans cette ambiance très conviviale et chaleureuse, TWL a offert aux invités une large sélection de vins rouge, rosé et blanc, le tout accompagné de délicieuses pizzas, tout droit sorties du four de Piazza et de crèmes glacées givrées Maison Délice. Merci à tous les membres présents et Monsieur le Consul Général de France à Canton pour sa venue. Nous vous retrouverons à Canton lors de la soirée du 14 juillet et du Cocktail de Rentrée le 25 septembre prochain au Sofitel Guangzhou Sunrich.

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Actualités des Membres

Le groupe français Châteauform’ s’ouvre au marché Chinois… Avec l’inauguration le 25 juin d’une première maison à Pékin exclusivement dédiée à l’organisation des séminaires d’entreprises ! La Société française créée en 1996, leader dans l’accueil des séminaires « comme à la maison », exporte désormais son savoir-faire en Chine. Unique en son genre, le groupe français va pouvoir y accueillir ses clients en Asie et poursuivre son développement ! La french touch des maisons Châteauform’ séduit déjà à l’international et les cadres chinois qui ont passé la porte des maisons Châteauform’ en Europe ont manifesté un fort enthousiasme. Avec l’Ouverture d’un premier site début juin 2015 Châteauform’ City Chuanshan Academy accueille désormais au cœur de Pékin, à proximité du zoo, dans un authentique "Siheyuan" et propose 9 salles de réunions dont un auditorium de 40 places, une salle de 50, et des salles à manger pour des évènements, diners, cocktails jusqu’à 200 personnes. Deux autres sites verront le jour au printemps 2016, un village de court yard avec vue sur la grande muraille avec 50 chambres et l’autre dans des Villas de l’architecte Pei de Suzhou. Pour plus d’informations rendez-vous sur www.chateauform.cn ou par téléphone appelez Capucine Jacquemain au 13811693001

Centdegrés s’installe à Pékin aux côtés de la CCIFC Centdegrés est une agence française de design global réputée et reconnue internationalement depuis presque trente ans. Fondée en 1988 par Elie Papiernik et David Nitlich, rejoints par Thibault Ponroy en 2009, l’agence compte aujourd’hui plus de cent personnes à travers le monde. Le lien entre centdegrés et la Chine est fort depuis la création du bureau de Shanghai en 2008. Ce bureau propose aux marques chinoises son expertise internationale avec une capacité inédite de création sur-mesure, à travers un équilibre dans ses propositions : savoir marier l'identité asiatique et les standards occidentaux. Depuis près de 7 ans, l'antenne centdegrés de Shanghai, réussit le pari de construire des marques locales fortes, rivalisant avec la concurrence internationale. "Aujourd’hui, une nouvelle étape s’inscrit dans l’histoire de centdegrés en Chine avec l’ouverture du bureau de Pékin. La qualité de notre accompagnement auprès des marques chinoises devient encore plus solide avec cette présence dans la capitale. Notre équipe sera installée au sein du magnifique projet de la maison France Chine. Cette nouvelle antenne pourra répondre au plus près aux challenges du marché et permettra de fournir notre vaste panel de savoir-faire, avec une expertise forte en digital et événementiel." Matthieu Rochette-Schneider, General Manager de centdegrés

GDF SUEZ devient ENGIE Le 24 Avril, 2015, GDF SUEZ a annoncé à Paris : GDF SUEZ devient ENGIE. Le monde de l’énergie connaît des bouleversements profonds. La transition énergétique est plus que jamais une réalité pour laquelle nous avons de grandes ambitions et une grande responsabilité. Pour accompagner ces nouveaux défis et accélérer notre développement, nous avons pris la décision de doter le Groupe d’un nouveau nom : ENGIE. Un nom simple et fort, un nom qui évoque l’énergie pour tous et dans toutes les cultures, un nom qui incarne l’ensemble de nos valeurs et activités. Avec ce nouveau nom, ENGIE affirme que l’énergie est l’affaire de tous : collaborateurs, actionnaires, partenaires ou clients, car collectivement nous sommes les architectes de l’énergie. Nous devons agir, être optimiste et chercher ensemble les solutions qui changeront le quotidien de tous pour une plus grande efficacité énergétique. Avec ENGIE, nous affirmons notre volonté d’accélérer notre développement pour assurer notre place de leader de la transition énergétique en Europe et d’énergéticien de référence dans les pays à forte croissance. ENGIE opère dans 70 pays et ses activités concernent cinq « métiers» : Gaz naturel, la production d'électricité, services énergétiques décentralisés y compris le refroidissement et le chauffage par réseaux, les services d’efficacité énergétique pour les clients industriels (B to B ) et les services d'efficacité énergétique pour les utilisateurs finaux (B to C).

EuroChina Huizhi ltd ou le conseil stratégique de terrain EuroChina Huizhi ltd est une société de conseil en stratégie opérationnelle créée en 2009. Les deux caractères chinois Hui Zhi signifient "rassembler les connaissances". Elle propose en Chine trois services : la collecte d'informations à haute valeur ajoutée venant du terrain afin de mieux comprendre un marché et sécuriser un investissement, le démarrage d'activité commerciale et enfin un service de fusions-acquisitions. Ses clients sont des entreprises de taille intermédiaire déjà fortes dans leur domaine d'activité à l'international, souvent dans des marchés de niche. Qu'elles soient nouvelles en Chine ou bien présentes depuis plusieurs années, leurs besoins d’accéder à des données fiables est fondamental pour le bienfondé de leurs décisions stratégiques. La problématique est la suivante: dès qu'on veut trouver des informations très précises, a fortiori en Chine, on bute sur leurs origines et sur leur fiabilité. Il faut donc aller sur le terrain pour mener l'enquête. Cette approche pragmatique sur-mesure est très appréciée par nos clients, car elle répond exactement à leurs attentes. De plus, elle nous différencie de nos concurrents qui choisissent un positionnement plus généraliste. Un exemple: pour un client spécialisé dans la production d'un type très particulier d'additif pour le diesel, pourtant leader à l'international mais absent en Chine, une approche marketing classique n'aurait rien donné de probant. Il a fallu rentrer dans le détail de la technologie de raffinage choisie par les pétroliers chinois notamment la place donnée à l’hydrocraquage. Nous avons enquêté et visité une cinquantaine de raffineries en Chine et à Taiwan. La mission a d’abord permis de trouver le bon angle d’attaque pour rentrer sur le marché chinois, puis de connaitre les décideurs et les concurrents et enfin d’obtenir les premières grosses commandes.

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Shosha – La première application de réseau social « authentique » Shosha redessine le paysage des réseaux sociaux qui sont devenus artificiel et permet à ces utilisateurs de partager des moments sincères avec ceux qui s’en soucient - tels que la famille et les amis proches. Des études ont montré que les réseaux sociaux affichent une sorte de “film en sur-brillance” ayant un impact sur les individus qui sont de plus en plus négatif et envieux, ne voyant chez leurs contacts que les moments les plus grandioses et agréables de la vie. Bien que ce soit un bon moyen pour les uns et les autres de stimuler leur image, Shosha s’adresse à la famille et aux amis en leur permettant de découvrir des moments plus courants et plus authentiques de la vie. L’invitation peut apparaitre à n’importe quel moment de la journée, que l'utilisateur promène son chien ou est en train de déjeuner et ainsi enregistrer la vidéo en utilisant soit la caméra avant soit la caméra arrière de son téléphone mobile. Avec les réseaux sociaux actuels, nous avons tournés notre attention sur notre apparence en ligne plutôt que de porter attention à être dans le présent, sur ce qui se passe autour de nous et dans notre environnement. L’idee de Shosha est d’avoir un film de sa vie, qui est la compilation des videos journaliers de 5 secondes. Notre équipe est basée dans le district de Futian à Shenzhen. Aujourd’hui nous travaillons sur la version beta de Shosha prévue pour mi juillet. Visitez notre site internet www.shoshaapp.com et devenez un de nos premiers utilisateur de la version béta.

Enfin de la belle lingerie en ligne ! Déçue de ne trouver nul part de lingerie chic et glamour à prix raisonnable, lassée de longue attente de commande d’e-shopping à l'étranger, nous savons à quelle point il est difficile de trouver une lingerie fine ici en Chine, d’où l'envie de crée une e-boutique de lingerie. Pourquoi TheLittleCat ? « Chaque femme moderne a en elle un côté chat - Elle est indépendante, déterminée, bien soigné et élégante. » C’est avant tout l’envie de faire découvrir et partager un amour des beaux produits. THELITTLECAT.CN est une e-boutique de dessous intimes exclusifs pour les femmes. C’est une source d’inspiration pour elles, d’élégance. Une collection chic et glamour qui allie intime et raffinement. Une très belle sélection de lingerie désignée répondant au besoin des femmes désireuses de raffinement et de confort. THELITTLECAT.CN représente les marques premiums européennes : Marques de bas - Cecilia de Rafael ; Fogal ; Pretty Polly Marques de lingerie designer L’Agent by Agent Provocateur ; Fleur of England ; Shell Belle couture ; Edge O’beyond ; LOVE Stories ; Kriss Soonik ; Madame Aime ; Dement

Les soins médicaux notés sur cette 1e appli sociale en Chine Dans le domaine de la santé en Chine, les besoins sont énormes et non satisfaits. On déplore notamment un manque d’information transparente et un déficit de confiance envers les médecins ou les traitements. Pour répondre à ces problèmes, nous avons lancé - The CareVoice - start-up basée à Shanghai qui est la première plateforme sociale de partage d’expérience dans le domaine de la santé. L’application mobile, disponible depuis début 2014, permet aux patients de prendre les meilleures décisions de santé en fonction de leur besoin. Nous avons aujourd’hui près de 30 000 visiteurs et 15 000 retours d’expérience enregistrés sur l’application. Si les personnes qui ont des besoins de services ou traitement médicaux représentent le cœur de cible, notre plateforme est également destinée aux professionnels/institutions qui peuvent l’utiliser dans une démarche innovante de suivi de l’expérience patient ainsi que dans une logique promotionnelle pour permettre à leur offre de soins de gagner en visibilité. Ainsi, nous avons développé des dizaines de partenariats avec des institutions de santé de haut niveau comme le service obstétrique et gynécologique de l’hôpital Est de Shanghai ou encore des pharmacies en ligne du groupe anglo-saxon Cardinal Health afin de faciliter l’achat et la délivrance de traitements en ligne.

Du nouveau chez Wishu Wishu, marque spécialisée dans la distribution de produits d’hygiène intime, vous invite à découvrir ses nouveautés. Avec le lancement de sa gamme de protège-slips (composés d’un filtre naturel en fibres de bambou), Wishu a entrepris une refonte complète de l’identité packaging sur sa gamme de tampons. Enfin, le nouveau packaging des lingettes intimes réalisé en collaboration avec l’agence de branding Nude, conclu cette mue entreprise par la marque. Avec un esprit léger, frais et urbain, le nouveau design de Wishu se tourne résolument vers la femme chinoise contemporaine. Wishu lance aussi cet été son site Internet fraîchement rénové www.wishu-tampons.com dans lequel vous retrouverez toute la ligne de produits ainsi que de nouvelles fonctionnalités (blog, boutique et paiement en ligne, Girl’s room…). Côté distribution, avec la volonté de rendre ses produits accessibles au plus grand nombre et après avoir ouvert ses e-boutiques sur Yihaodian, Taobao et Suning.com, Wishu est maintenant présente sur JD.com (deuxième plateforme e-commerce en Chine). Enfin, dernier challenge, la distribution en GMS afin de compléter le travail entrepris depuis ces 3 dernières années. A bon entendeur !

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Décryptage | Une des médias

La fièvre boursière qui a saisi la Chine début 2015 a déjà été racontée – les 150 % de croissance de l'indice de Shanghai en un an jusqu'à la mi juin, puis la perte brutale de 30 % en trois semaines, soit l'équivalent de l'évaporation de 3 000 milliards de dollars. L’interventionnisme vigoureux de l'Etat chinois pour enrayer la chute n'est pas non plus passé inaperçu, et les commentateurs ont tous souligné les dangers sur la croissance économique et surtout sur le mécontentement social que faisait peser l'éclatement de la bulle boursière. Le rôle d’auxiliaire public des media chinois, qui contribuent à la diffusion d'une mise en récit apaisante de la situation, a été moins mis en valeur.

Imagine China

REN AU D DE SP E NS

Comment les media chinois contribuent à limiter la chute boursière

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omme d'autres magazines, le numéro du 6 juillet 2015 du Zhongguo Xinwen Zhoukan (中国新闻周刊) fait ainsi sa « une » sur la bourse tout en réussissant à ne pas parler du krach. Les actions sont alors en train de dégringoler depuis trois semaines, mais la couverture montre un Chinois accroché aux cornes d'un taureau propulsé vers le ciel à la verticale. Et plutôt que de présenter des analyses du marché – cette semaine, même la presse financière a l'interdiction de diffuser des informations négatives qui pourraient contribuer à accélérer la chute des cours – l'hebdomadaire préfère présenter le « peuple

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des boursicoteurs chinois ». Il s'agit de mettre en valeur des groupes clef, dans lesquels les Chinois peuvent identifier soit des prescripteurs d'opinion, soit leur propre reflet idéalisé : les experts, au sommet de la pyramide technocratique, les paysans, qui, quoiqu'ils ne représentent aujourd'hui que moins de 30 % de la population, constituent la base mythologique de la légitimité du régime, et les « post90 », bref, les « jeunes », pour permettre aux lecteurs de tous âges de s'identifier agréablement. L'expert est un courtier, « l'un des dix meilleurs de Chine », selon lui-même. Connu sous le pseudonyme de Hua Rong (华荣), de son vrai nom Yu Zhenghua, il est entré dans le métier

dès 1991. Il raconte avoir perdu 7 millions de yuan lors du krach de 2001. Cependant, grâce à son flegme et sa capacité à apprendre de ses erreurs, il a réussi à gagner de l'argent pendant la crise de 2008, lorsque l'indice de Shanghai avait brusquement chuté de 6 000 à 1 600 points. Aujourd'hui, lorsqu'il réussit à faire gagner 1 milliard de yuan à un grand compte avec qui il coopère, et que celui-ci ne lui reverse « que » 5 % en remerciement, il professe un fatalisme respectueux des hiérarchies : « quand tu as moins de fric, tu ne peux que te la boucler ». Yu Dan, vulgarisatrice de Confucius, avait appris aux téléspectateurs de l'ère Hu Jintao qu'il fallait n'en vouloir qu'à soimême et non à la société quand on était insa-


Le dossier du Nanfang Zhoumo donne à ces jeunes des modèles qu'ils pourront suivre. Parmi eux se trouve Liu Zhengtai, plus connu sous le sobriquet de « dieu des marchés boursiers de l'université Fudan ». Cet étudiant ne veut pas être distrait une seule seconde par les contingences futiles de la vie. Il paye donc une dizaine de camarades pour s'en occuper : l'un achète son matériel informatique, l'autre emprunte des livres pour lui à la bibliothèque, lui trouve un logement à louer, lui vérifie ses comptes... et tous l'appellent « patron » (老板 lăobăn).

tisfait, Hua Rong enseigne que pour ramasser les miettes en or du rêve chinois, il faut laisser les plus gros se gaver. « Village des boursicoteurs » En pensant à ces miettes, les 800 familles du village de Nanliu, à l'ouest de Xi'an, salivent. Rien d'extraordinaire à cela, sauf que la presse chinoise, qui adore les symboles exemplaires, a décidé que Nanliu était « le village des boursicoteurs ». A chaque fois qu'ils veulent traiter un sujet, les journalistes arrivent toujours à trouver un village isolé qui a réussi à se trouver une spécialité pour se faire remarquer : il y a le village qui vit encore à l'heure de Mao, le village des poètes, le village dont les habitants prétendent descendre d'une légion romaine, et les innombrables localités où la nourriture est meilleure, les filles sont plus belles ou les garçons ont tous du poil aux pattes, comme s'en moque le blogueur et écrivain Han Han dans le roman « Son royaume ». Pour Nanliu, c'est donc la spéculation boursière, dans laquelle serait engagé un quart des foyers du village. La salle commune a même été équipée en écrans diffusant les cotations. C'est l'ancien vice-secrétaire du Parti du village, Liu Jian'an, qui a lancé la mode en 2006.

« Ici, les gens n'ont qu'au plus qu'un demi hectare de terres cultivables, et en se tuant à la tâche, on ne peut en gagner qu'une dizaine de milliers de yuan par an », explique t-il. Qu'importe si la faiblesse des mises ne permet pas aux villageois de vraiment obtenir beaucoup plus avec la bourse, et si les gains se perdent souvent lorsque le marché baisse. Au moins, depuis qu'il fait « sauter les actions » (jouer à la bourse se dit 炒股 chăo gŭ en mandarin), Liu Jian'an a trouvé une excuse pour rester le matin à la maison rivé à son ordinateur au lieu d’aller épandre des pesticides sur les pommiers comme le reste de sa famille. La manie a d'ailleurs élevé le niveau moral du coin, comme l'explique une boursicoteuse : « avant, on racontait des blagues, on colportait des ragots, maintenant on parle des grandes affaires de l'Etat et du développement économique ». Les hommes sont ravis : « c'est toujours mieux que de jouer au Mah-jong », lâche l'un d'eux, sans savoir qu'un rédacteur va utiliser sa citation deux fois dans les titres du dossier. Le « patron » des marchés boursiers Le mah-jong, les jeunes nés après 1990 trouvent ça ringard en général, et ils ont nombre de jeux plus amusants sur leurs ta-

blettes. En outre, se désolent les journalistes, ils sont très peu sensibilisés à la question de l'argent... Et pourtant, parmi les plus âgés d'entre eux, qui sont à l'orée du monde professionnel, une mutation s'opère : « pendant mes années à l'université, je pensais que l'argent n'était pas important, maintenant que je travaille, j'ai changé d'avis » explique un garçon, tandis qu'une fille témoigne : « j'ai longtemps cru qu'il n'était pas nécessaire d'avoir une voiture et un appartement pour se marier, mais depuis quelque temps, je me pose des questions ». Le dossier donne à ces jeunes des modèles qu'ils pourront suivre. Parmi eux se trouve Liu Zhengtai, plus connu sous le sobriquet de « dieu des marchés boursiers de l'université Fudan ». Cet étudiant ne veut pas être distrait une seule seconde par les contingences futiles de la vie. Il paye donc une dizaine de camarades pour s'en occuper : l'un achète son matériel informatique, l'autre emprunte des livres pour lui à la bibliothèque, lui trouve un logement à louer, lui vérifie ses comptes... et tous l'appellent « patron » (老板 lăobăn). Liu Zhengjian avait d'abord investit en bourse 20 000 yuan empruntés à sa famille. Avec ses gains, il avait pu remplacer l'ordinateur à 3 000 yuan et le mobile de contrefaçon qu'il avait apporté de son Yunnan natal en des produits de marque Apple, raconte t-il. Mais en décembre 2014, alors que l'indice de Shanghai dépasse les 3 000 points, il comprend qu'il lui faut plus de capitaux pour pouvoir passer à l'étape supérieure. Il enregistre alors 40 minutes de conseils sur la bourse, qu'il fait taper par une de ses petites mains, et vend le texte 70 yuan sur Weixin. Il gagne ainsi 100 000 yuan... Grâce à des prêts leviers, il finit par pouvoir utiliser en tout 5 millions en bourse, qui lui rapporteront en deux mois 1000% de son apport personnel initial. Il parvient plutôt bien à anticiper la chute, et pense même dès le 7 juin que « la semaine prochaine, des gens sauteront par la fenêtre ». Mais, finalement, même si le dossier évoque aussi timidement la déception qui a saisi certains perdants du krach de juin, l'important n'est pas là : en investissant dans la bourse, les citoyens chinois font preuve de patriotisme et permettent aux entreprises de trouver une partie de leur besoins en capitaux. Et comme dit Hua Rong, « de toute façon la majeure partie des petits porteurs sont des consommateurs – leur argent est destiné à être consommé par les marchés... » Pas de quoi s'alarmer ou se fâcher donc. Et d'ailleurs, comme l'explique aussi le Nanfang Zhoumo, désormais, ce n'est plus la bourse qui monte à perdre haleine, mais le prix des timbres de collection, nouveau marché à la mode des postulants au rêve chinois ! R E N AUD D E S P E N S

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Décryptage | Clichés

Club France, le réseau des anciens étudiants chinois en France Les ambassadeurs de l’attractivité française

© Ambassade de France en Chine / Matjaž Tančič

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M. Wang Yan, fondateur de Sina et parrain du premier Prix de l’entrepreneuriat Club France, avec les lauréats 2014

M. Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Chine, lors du 6e anniversaire de Club France et le lancement de Club France Sciences, le 25 octobre 2014 à Pékin

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© Ambassade de France en Chine / Matjaž Tančič

© Ambassade de France en Chine / Matjaž Tančič

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n 2008, l’ambassade de France en Chine créait Club France, le réseau des anciens étudiants chinois en France. Après presque 7 années d’existence, Club France est présent dans quinze villes de Chine, rassemble plus de 8 500 membres actifs et compte près de 19 000 inscrits à sa lettre d’information mensuelle et 40 000 abonnés sur ses réseaux sociaux. Le réseau Club France permet aux anciens étudiants chinois en France de développer leurs cercles amicaux et professionnels, tout en maintenant une relation privilégiée avec l’Hexagone à travers des manifestations à caractère culturel, sportif ou festif. L’objectif prioritaire de Club France demeure néanmoins l’insertion professionnelle et l’accompagnement de carrière de ces anciens étudiants. Pour favoriser les échanges entre professionnels d’un même secteur d’activité et encourager de nouvelles synergies, plusieurs sous-groupes thématiques ont été créés dans le domaine de l’aéronautique, du développement durable, de la finance, des sciences, de la santé, et tout dernièrement, des arts. Chaque année, Club France propose près d’un millier d’offres d’emploi via son site Internet ou lors du Forum


© Ambassade de France en Chine / Mathias Magg

© Ambassade de France en Chine

Club France

5e édition du Forum Emploi à Pékin

Lancement de Club France Arts à l’occasion du 10e anniversaire du festival Croisements, en présence de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, et de Mme Tie Ning, présidente de l’Association des écrivains de Chine

Emploi, dont la 5e édition s’est tenue en juillet 2015 à Pékin, Canton, Chengdu, Shanghai, Wuhan, et pour la première fois à Shenyang, en partenariat avec Zhaopin.com, la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine et la Jeune chambre économique française de Pékin et de Shanghai. En 2014, l’ambassade de France en Chine a lancé le Prix de l’entrepreneuriat Club France, qui permet à un porteur de projet ambitieux d’être guidé dans les premiers mois du lancement de son activité par un accompagnement personnalisé, ainsi qu’un soutien financier et matériel. Le parrain de la première édition, M. Wang Yan, fondateur de Sina, a remis le Prix de l’entrepreneuriat Club France 2014 à M. Gu Zhifeng, diplômé de l’école nationale supérieure des mines de Paris, avec un projet de développement d’un produit de décontamination nucléaire. Le deuxième Prix de l’entrepreneuriat Club France sera décerné en septembre 2015 par un jury de professionnels du monde des affaires. Club France se développe en synergie avec France Alumni, le nouveau réseau social français destiné aux anciens étudiants étrangers ayant fait leurs études en France. Lancé par le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, M. Laurent Fabius, le 26 novembre 2014 au Quai d’Orsay, France Alumni vise à mettre en réseau les anciens étudiants étrangers en France, chaque étudiant étranger s’inscrivant dans un établissement d’enseignement supérieur français étant un potentiel ambassadeur de la France. La France est le 3e pays d’accueil au monde des étudiants étrangers, derrière les Etats-Unis et le RoyaumeUni. En recevant de plus en plus d’étudiants chinois dans ses établissements d’enseignement supérieur, la France souhaite former de futurs cadres qui, une fois de retour dans leur pays d’origine, se tourneront naturellement vers notre pays pour nouer des partenariats commerciaux, financiers ou technologiques. Les étudiants étrangers ont ambition à devenir des facilitateurs des relations économiques et politiques entre leur pays et le nôtre. Renforcer l’attractivité de la France auprès des étudiants chinois est un enjeu majeur pour le rayonnement de notre enseignement supérieur et de nos laboratoires de recherche, mais également pour l’amélioration de notre compétitivité. Afin d’assurer un meilleur suivi des étudiants chinois, l’inscription à Club France va être automatisée lors du départ vers la France, grâce à la création d’un statut de pré-alumni. Les membres de Club France sont hautement qualifiés, plus de 90 % d’entre eux sont titulaires à minima d’un master. Ces profils biculturels et pour la grande majorité trilingues français, chinois, anglais, sont une opportunité pour le développement des entreprises françaises en Chine et à l’international. Anthony Chaumuzeau, conseiller de coopération et d’action culturelle, directeur de l’Institut français de Chine, ambassade de France en Chine

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Décryptage | Livres

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Par Françoise BLÉVOT PAS SI BETES

Deux courts romans inédits réunis en un volume, dans lesquels on retrouve le petit monde cher à Mo Yan, ainsi que son goût pour la dérision et les métamorphoses dans le premier, la vie rurale dans le second, décrite avec la rudesse et la poésie qu’il sait si bien associer. Points communs à tous les deux, les difficultés relationnelles entre des êtres mal assortis, malheureux et pathétiques, l’amour que Mo Yan porte à ses personnages, si présents, si vivants, et l’humour avec lequel il les met en scène, dans un style inimitable…

Professeur Singe suivi de Le bébé aux cheveux d’or Mo Yan

Traduit du chinois par François Sastourné et Chantal Chen-Andro Editions du Seuil 248 pages – 19 €

PETITE MUSIQUE TRISTE

Xiao’e mène une vie assez terne, son métier de correctrice dans une agence de presse n’a rien d’épanouissant, ses amours non plus. Mais sa logeuse, une vieille dame juive, lui inspire de l’affection. Et soudain cette vie sans relief va être bousculée par des événements surprenants… Avec cette jolie histoire le lecteur pénètre dans le climat très particulier de Harbin, en Mandchourie, ville peu et mal connue dont le passé très particulier n’en finit pas de lui conférer un caractère qui n’appartient qu’à elle.

Bonsoir, la rose

QUESTIONS-REPONSES

Ecrit sous forme de conversation entre l’auteur et ses nièces, ce charmant petit livre est de ceux qui conviennent parfaitement pour s’initier à la spiritualité chinoise, qui a le don d’intriguer beaucoup d’Européens. Et la connaissance très approfondie de la pratique populaire de cette religion par Jacques Pimpaneau permet à ceux qui possèdent déjà des notions dans ce domaine de découvrir de nombreux petits détails pittoresques et pleins de sens.

A deux jeunes filles qui voudraient comprendre la religion des Chinois Jacques Pimpaneau

Editions Philippe Picquier 110 pages – 6,5 €

LA CARTE ET LE TERRITOIRE

Portant le nom de celui qui l’avait légué à la Bodleian Library d’Oxford, la carte dont il est question date de 1608 et représente la partie du monde connue alors des Chinois. Dessinée et peinte à la main, elle est extraordinairement exacte et exceptionnellement grande… Timothy Brook remonte le temps et enquête minutieusement à son sujet. Avec lui on rencontre une foule de protagonistes et l’on s’intéresse à une époque où, suite aux grandes découvertes des siècles précédents, le champ des connaissances et la vision du monde se modifient de façon spectaculaire.

La carte perdue de John Selden Sur la route des épices en mer de Chine Timothy Brook

Traduit de l’anglais (Canada) par Odile Demange Editions Payot-Histoire 298 pages – 21 €

Chi Zijian

Traduit du chinois par Yvonne André Editions Philippe Picquier 186 pages – 20 €

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ROULEZ JEUNESSE !

Xiaolong, son principal personnage est motard, et c’est toujours avec la même fougue que Han Han enfourche ses thèmes de prédilection. Tantôt lucide tantôt puéril, il décrit en quelque sorte la post-adolescence de jeunes adultes qui n’en finissent pas de mûrir, de se gaver de ce que leurs grands parents avaient rejeté avec véhémence,

choisissant comme décor une petite ville de province où il se passe des choses bien curieuses dues à la pollution. Xiaolong voudrait bien y devenir quelqu’un qui compte… Y parviendra-t-il ?

Son royaume Han Han

Traduit du chinois par Stéphane Lévêque Editions Philippe Picquier 246 pages – 21 €

DE FACE ET DE PROFIL

Voilà un excellent livre que tout expat en Chine devrait avoir sur sa table de nuit… pour pouvoir le consulter fréquemment, jusqu’à le connaître par cœur ! Ceci dit, l’on n’est pas obligé d’être en poste en Chine pour s’amuser des nombreuses anecdotes qu’il contient, des thèmes abordés, pour mieux comprendre le « fonctionnement chinois » et ses multiples subtilités dans toutes les situations de la vie courante.

Comment ne pas faire perdre la face à un Chinois Anne-Laure Monfret

Editions Dunod 170 pages – 15,50 €

DES TORTS ET DES TRAVERS

Voici de très courtes histoires trempées dans l’acide, des portraits pleins d’humour, des fonctionnaires, des universitaires, des politiques sont mis en situations typiquement chinoises. C’est plutôt loufoque, inattendu et cependant proche de n’importe quel échantillon humain pris sur la planète au vingt et unième siècle. Un mélange réussi.

Tout ça va changer Lao Ma

Récits traduits du chinois par Lucie Modde Editions Philippe Picquier 126 pages – 14,50 €


BEAUX LIVRES Les Français en Chine

ET AUSSI... TRIBULATIONS TRICOLORES

L’auteur fut longtemps journaliste au Monde. Sa plume érudite et spirituelle fait revivre les « très riches heures » que nombre de Français ont passées en Chine à des titres variés ; religieux, diplomates, aventuriers, commerciaux, certains célèbres, d’autres moins se croisent et se rencontrent, si « le monde est petit »… la Chine l’est encore plus ! Il insiste aussi sur le rôle des « passeurs de culture » qui ont fait mieux connaître l’Empire du Milieu aux Français. Le tout présenté dans une jolie édition cartonnée un peu « vintage », contenant beaucoup d’illustrations. Portraits et récits choisis des longs-nez dans l’empire céleste Jean de la Guérivière Editions Bibliomane 280 pages – 25 €

La balade de Yaya

L’HISTOIRE EN MANGAS

PatrickMarty–Charlotte Si l’on est à la fois amateur d’histoire et de Girard–Jean-Marie mangas, voici de quoi se régaler. Omont–GoloZhao La période dont il est question ici est Editions Fei cependant tragique, puisqu’elle a pour point de départ 96 pages – 9 tomes l’invasion japonaise en 1937, mais la narration est si délicate de 8,9 € chacun

et touchante, soutenue par les ravissantes illustrations d’un artiste chinois, que cette série qui s’achève avec le tome 9, « la sonate » est –une fois encore- une réussite des Editions Fei. Le classique du thé

THEOPHILE

Le grand imagier chinois

POUR PETITS ET GRANDS

Du nô à Mata Hari

L’ASIE EN SCENE

Lu Yu est célèbre depuis plus de mille trois cents ans pour avoir écrit ce petit recueil qui pourrait s’appeler « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le thé… » Plein de délicatesse, il retrace la « carrière » de l’une des boissons les plus consommées du monde, son histoire, ses légendes, sa culture, ses variétés… Un régal intemporel ! Lu Yu Traduction et présentation de Catherine Despeux, Rivages Poche – Petite bibliothèque 190 pages – 7,10 €

Voici le plus joli livre sur les caractères chinois que l’on puisse trouver. Catherine Louis a parfaitement compris que les idéogrammes, comme le dit le sinologue Cyrille Javary, sont des « dessins d’idées ». Ceux-ci, en l’occurrence, sont d’un esthétisme parfait, et permettent vraiment de les mémoriser plus facilement, tant ils « collent » à l’idée exprimée par chacun d’eux. Introduction aux éléments de base, cet imagier décrit et illustre un peu plus de 450 caractères autour de trois grands thèmes, l’homme, la nature, les animaux. Une réussite. Catherine Louis Editions Philippe Picquier 256 pages – 25 €

Quelle merveille que ce « beau livre » ! Ca r c ’est ma intena nt a insi que l’on peut qualifier beaucoup de catalogues d’expositions. Celui-ci fait le tour des connaissances en matière de théâtre en Asie, Inde, Indonésie, Japon, Chine, où l’art du spectacle est imprégné de mythologies et d’art populaire, où la représentation est rituelle la plupart du temps. Il contient des articles d’éminents spécialistes et est illustré par les nombreux objets, costumes, accessoires présentés à l’exposition éponyme du Musée Guimet. Chacun ira bien sûr tout d’abord vers ce qui l’attire le plus, mais tout mérite lecture et admiration. Bibliographie, filmographie, glossaire complètent l’ouvrage. Sous la direction d’Aurélie Samuel Editions Artlys – MNAAG 256 pages – 39 €

Chine, le grand bond dans le brouillard Gabriel Grésillon éditions Stock

La Chine est la deuxième économie mondiale. Les investissements à l’étranger d’entreprises chinoises ont explosé. Les bénéfices des cinq premières banques nationales dépassent les 100 milliards d’euros. Le président Xi Jinping verrouille, en stratège et héritier du système communiste, toutes les portes des pouvoirs. Et les classes moyennes consomment et s’amollissent. Tout va bien, alors, pour la Chine au grand concert des nations ? Il y a un risque chinois, dit l’auteur, correspondant en Chine depuis 2010 pour le quotidien Les Echos, dans cet essai documenté au quotidien, et fruit d’enquêtes à Pékin et ailleurs depuis 2010 : « Il n’est pas excessif de dire que l’injustice politique fondamentale de la Chine a accouché d’un système inégalitaire mais que cette inégalité a contribué à propulser le pays sur la trajectoire du développement. » La croissance, mais à quel prix ? Concentration des pouvoirs, périls sur la contestation 2.0, dégradation de l’environnement, smog urbain, cancer des pollutions dévastant les campagnes, inégalités devant l’immobilier, marginalisation des minorités, et 230 millions d’humbles infortunés qui vivent clandestinement, sans le fameux passeport intérieur. Le modèle chinois aurait-il vécu ? Pris en étau entre la crise industrielle du low cost, car il y a désormais moins cher que la Chine au Bangladesh ou au Cambodge, et l’étouffement de l’arbitraire politique, la Chine entre dans le brouillard. Pour combien de temps et à quel risque imposé aux démocraties occidentales, dont la France ?

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联结 N.74|2015 夏

中国在法投资

L’appeL de La France

吸引中国投资者的法国市场

90年代,中国的“总设计师”邓小平就曾提出“走出去”的经 济发展口号,鼓励中国企业进行境外投资,提升自身竞争力,从 而进一步在全球化大趋势下占据有利地位。自2006年“十一五 计划”以来,鼓励国有企业和私营企业谋求海外发展已成为中国 发展战略的重要内容,也是其全球化战略的重要一步。法国以其 独特的优势成为中国投资者在欧盟的首选国家之一。而许多例子 Imagine China

也证明了在法投资项目的高质量性与高回报性。

Matières premières, agroalimentaire, tourisme, nouvelles technologies, logistique ou encore industrie de pointe… Désormais, plus rien n’échappe à l’étranger aux investisseurs de l’Empire du milieu, qu’ils soient publics et donc directement rattachés au régime communiste ou simples entrepreneurs privés. Pour la seule année 2014, ils ont dans leur ensemble procédé à quelque 120 milliards de dollars d’emplettes en fusions-acquisitions en dehors de leur pays. Soit 10 fois plus qu’en 2005 (et en augmentation de 10 % en glissement annuel). Vertigineux! « L’usine du monde » s’est ainsi muée, en un temps record, en une puissance prête à mettre des milliards sur la table pour s’emparer de fleurons à l’étranger. En France comme ailleurs. En 2014, le chinois Jin Jiang mettait ainsi la main presque naturellement sur le groupe Louvre Hotels, numéro deux derrière Accor de l’hôtellerie économique en France (contre 1,5 milliard de dollars)… Sans compter début janvier l’OPA – réussie au forceps face à l’italien Bonomi – du conglomérat shanghaien Fosun sur Club Med. Opération qui valorise à présent « l’ex » groupe français à 939 millions d’euros. Quelles sont les tendances et les retombées économiques mais aussi politiques de ces investissement directs chinois ? Sur quoi repose l’attractivité française ? Dossier

中国投资者对其要投资的领域非常了解,

中国投资者监督交易的权益,确保其交易的安

2014年是中国对法投资非常重要的一

有时甚至超过法国企业本身。收购之前,他们

全性。法国政府和企业都对华人投资的热情度

年:东风入股PSA,复星集团力挽狂澜获得地

往往对其产品在法国以及中国发展的潜力有着

极高。中国企业在法投资往往享有财政税收、

中海俱乐部,投资建设Toulouse-Blagnac机场

清晰明确的分析。对他们而言,投资或者收购

社会措施以及人才交流等方面的优惠政策。

及锦江集团收购卢浮酒店集团等。今天,有超

的主要目的是为了获取法国企业的先进技术与

对于一些中国企业来说,在法投资也是其

过200家中国企业在法国设有子公司,其中大

专业技能,从而提高其在中国同行中的核心竞

向非洲甚至南美洲进一步发展的“桥梁”。这

多是私有和多元化经营企业,主要涉及金融、

争力。例如,他们对农业领域的Smithfield和

些独有的地理优势使法国得以巩固其经济发展

空运和海运、电信、时尚、能源及航空等领

Weetabix,能源领域的ENGIE集团,以及动物

的战略地位,成为欧洲对中国投资最具吸引力

域。MOFCOM的调查数据显示,中国的对外

医学领域的Ceva的收购案。同样因为这一原

的国家之一。在李克强总理率领的中国代表团

投资从2000年的90万美元到2014年的1.2亿美

因,中国投资者在企业的经营管理方面不会做

访问欧洲期间,双方于今年6月30日签署了双

元,已经增长了十倍。仅今年前五个月,境外

过多干涉。法国企业被收购后,仍可保有很大

边投资合作协议。中国将进一步加强与欧洲国

投资增长了47.4%,约2.784亿人民币。

的自主管理权,原有的管理团队也大多会被保

家,特别是与法国的合作,以共同开拓第三国

留下来。与此同时,被收购公司的投资能力也

市场,并努力使三方受益。

中国对外投资飞速增长

日趋成熟的中国投资者

得以增强。

“自2008年在中国设立分部以来,我 发现中国投资者变得越来越老练。”Invest

中国对法投资促进双方共同发展 法国成为欧洲最能吸引中国投资的国家之一

根据中国商务部的统计,中国在法直接投

Securities亚洲执行合伙人Christine Lam-

法国以其先进的科学技术水平与突出的创

资总量为40亿欧元。许多大型企业,如中兴、

bert-Goué如是说。如果说起初中国投资者会

新能力时刻吸引着中国投资者的目光。 其科研

联想、海尔等,将其欧洲总部设在巴黎。而有

遇到语言、法律、税收等方面的障碍的话,如

领域也覆盖极广,从生活方式到航空航天,从

的则选择直接收购法国企业或部分股权。此外

今的他们已愈发成熟谨慎。他们开始驾轻就熟

废弃物处理到建立智能城市所需的信息技术。

中型企业在法国的投资也有持续增长,并在欧

地委托知名投资银行,并聘请专业的律师团队

法国具有中国投资者所看重的人力资源优势,

洲拥有大量客户群。

为其海外项目服务。此外,他们的投资也更加

有着大量高素质的学生以及活跃在法国各地的

多样化,并不断尝试涉足如酒店、分销和房地

华人经济团体。

产等新的业务领域。

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此外,法国完善的法律制度也有效保障了

中国投资者更愿意依靠当地的合作伙伴来 打开法国和欧洲甚至第三国的市场。这些投资 或收购挽救了很多处于困境的企业或工厂,有


时甚至还能帮助他们开拓新市场,特别是中国

“短短几年内,中

了全球合作协议。相信在未来的合作中,华为

市场。同时中国的投资也为法国增加了工作岗

国的海外投资已成

在法国的发展将迈上新台阶。

位,稳定了法国的就业率。

为中法两国经济关

这一互利型合作在今年七月中国国务院总 理李克强访问法国时发表的中法联合声明中也 得到了强调。这将会给中法两国公司的合作创 造更多机会,同时也描绘了扩大两国相互投资 的美好蓝图。

系的主要议题。中 国作为当今世界三 大投资国之一,其 境外投资规模日益 增长。法国以其独

ENGIE集团(前GDF-Suez) 法国能源巨头ENGIE集团,近年与中国公 司也有着大量合作。ENGIE集团的中国合作伙伴 主要可分为两类:大型国有企业和液化天然气 领域的民营企业。ENGIE集团与中国大型供电商 的合作致力于提高能源利用率,利用天然气取

特的优势成为中国

代煤炭以减少城市空气污染。与民营企业合作

在法投资也会遇到障碍。中国投资者面临

投资者在欧盟的首

方面则偏向于以液化天然气卡车取代柴油车。

的第一个挑战就是语言不通导致的信息传递不

选国家之一。法国

同时,ENGIE集团和其中国合作伙伴也

总统和政府曾多次

希望可以在中国以外的地区共同投资生产液化

双方合作的机遇与挑战

完整以及两国文化背景的差异。此外,缺乏有 经验且有国际阅历的管理团队也始终限制着中 国企业的发展。对中国投资者的到来,部分法 国企业也带有偏见,对中国投资方信心不足。

表示欢迎中国投资 者来法投资。”

天然气,如南非、非洲、拉丁美洲、印度或中 东地区。对于ENGIE集团的优势,其中国经理 Jean-Marc Guyot指出“对于在中国的项目,

这要求管理者对两国文化有充分的了解并

中国合作伙伴非常欣赏我们在能源管理项目中

且能合理地协调与促进合作关系,这样才能建

的技术经验和能力。对于国际项目,Engie集

立起相互信任,促进双方的合作与发展。

团的附加价值在于能够在众多国家发展天然气 链和电力产业,以及具有操作这些工业设施的

企业聚焦

能力。”

华为技术有限公司(法国分公司) 华为作为中国电子通信领域的佼佼者,在

卢浮酒店集团

世界上170多个国家拥有17万名员工。他们打

今年三月,中国锦江集团斥资13亿欧元从

算将欧洲发展成为华为的“第二本土市场”,

美国喜达屋购得欧洲第二大经济酒店——卢浮

更把法国当作其发展战略的核心。从2003年

酒店集团。之前,卢浮酒店非常法国本土化,

在法国设立分公司至今,华为在法已有700

其95%的酒店位于法国而其余酒店则分散在

多名员工,他们分散于巴黎、里昂、里尔、

欧洲。旗下众多特色品牌,包括Campanile、

波尔多、尼斯等多个城市。近年来,法国华

Kyriad、 Tulip Inn等,覆盖了豪华型酒店和经

为与Orange、 Bouygues Télécom、 Free和

济型酒店的市场。融入锦江集团后,卢浮酒

SFR-Numéricable等法国主流电信运营商有着

店将进入一个高速发展期。卢浮酒店董事长

长期稳定的合作关系。同时,他们也与法国科

Pierre-Frédéric Roulot告诉我们,他们将近期

研人员、实验室和法国高校保持着紧密合作。

发展目标定为酒店数量每年增加一倍,并将加

华为选择投资法国市场,看中的是法国特

速在欧洲市场的酒店品牌整合。这一切都得力

有的优势。在人才方面,法国拥有世界最好的

于中国锦江集团的注资和卢浮酒店集团优秀的

工程师学校,有着大量高素质专业人才以及专

管理团队。他们也将大力发展中国市场,在中

业技术。其次,数字生态系统在法国也得到充

国开发融合法国风格与中国特色的Campanile

分发展。另外,华为在法国的投资所得到的热

品牌,并建立Golden Tulip四星酒店。

情欢迎也体现在税收减免等方面。

同时,锦江集团也把卢浮酒店定位成其国

随着双方合作的持续深入,华为将继续扩

际化道路上的加速列车。他们十分认可法国管

大在法投资,并于2015年7月2日,李克强总

理团队的专业经验,并在收购后保持了其原有

理访问巴黎之际,同STMicroelectronics签署

的工作运作方式。

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会员企业简讯

欧 洲 企 业 法 国 会 议 之 家 Châteaufom向 中 国市场敞开怀抱……

Centdegrés是一个从业三十年的国际化全 方位的法国设计公司

…随着六月份第一所专属致力于商务会议 服务的会议宅邸在北京开业! 成立于1996年,这家法国公司一直是打造“像家一样”会议气氛 的领导企业。现在他们开始了在中国的企业探索之旅。法国团队已经 准备好了用他们独特的经营理念在亚洲迎接他们的客户并且继续深入发 展! 纯粹法国商务范儿的法国会议之家Châteauform’已经吸引了一大批 来自各行各业的全球企业,一些中国企业高层也已经打开过法国会议之 家欧洲数十家宅邸的大门,感受过他们的专业与热情。 随着2015年6月第一所在中国的法国会议之家—“船山书院”的开 业,他们已经完全准备好了在北京的心脏进行专业的会议服务。坐落于 毗邻北京动物园的古老四合院里,拥有九间商务会议室,包括一间可以 容纳40人的礼堂,一间可以容纳50人的中型会议室以及一间可以容纳 200人进行活动、晚宴及鸡尾酒会的宴会厅。 2016年春天,另外两家法国会议之家将会盛大开业。第一家将会 是拥有50间客房并且可以俯瞰整个八达岭长城的美丽郊外庭院,第二家 将会是国际建筑大师贝聿铭先生在苏州设计的宅邸。 更多相关资讯,请浏览我们的中国网站 : www.chateauform.cn 或 致电姜雪女士(+86 138 1163 2061)

由Elie Papiernik先生和David Nitlich先生在 1988年创建,Thibault Ponroy先生于2009年加入,现如今设计公司在世界 各地已超过百位员工。 自2008年开设上海分公司以来,中国与centdegrés法尚彼此间增强联 系。分公司为中国品牌提供度身定制的专属创意的国际化专业能力,通过 其创新主张发现两者的和谐: 亚洲的标识和西方的标准之间的最佳平衡。七 年来,上海分公司成功地建立了强大的中国品牌形象,使他们能够面对日 益增长的国际化与本土化竞争。 "今天,随着我们的北京办公室的开放,centdegrés中国即将进入一 个新篇章。我们与中国客户的伙伴关系质量也随着在首都北京子公司的出 现变得更强。 我们的办公室将在庄严华丽的“法国之家”揭开帷幕。我们的团队 已准备就绪将密切回应本土市场的挑战,特别关注数字化和活动,并提 供我们广泛的专业知识。" Matthieu Rochette-Schneider,centdegrés 法尚,中国总经理。

GDF SUEZ(苏伊士环能)更名为 ENGIE

2015年4月24日,GDF SUEZ(苏伊士环 能)在巴黎公布:GDF SUEZ正式更名为EN-

GIE。 能源产业正在经历翻天覆地的改变、亦面临前所未有的机遇和挑 战。为支持和伴随能源转型、彰显决心,集团决定启用一个全新的名 称,一个简单、但却是有力量和内涵的名称。 借助ENGIE这个新名称,我们想阐明:能源关系到每个人,诸如 我们的员工、客户、股东、我们的合作伙伴;联合在一起,我们将成为 能源的建筑师,去构建明日的解决方案。通过ENGIE,我们再次阐明: 我们要加速发展步伐,致力于成为欧洲能源转型进程中的领军角色、成 为那些发展迅猛国家中标杆性的领军能源企业。 ENGIE集团在70个国家开展业务,共涉足五大业务领域:天然气 全产业链、集中式发电、城市和区域分布式用能方案、工业用户能源解 决方案和居民用能解决方案。

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