Connexions 42

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Connexions联 www.ccifc.org

Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine

结 Numéro 42

+ L’industrie du dessin animé Livre Blanc sur les investissements français

DOSSIER TOURISME:

A nous les vacances ! 中国的旅游:我们的假期万岁!





卷首语

Éditorial

A nous les vacances ! “Huanying Guanglin”, Bienvenue ! Cette phrase a tendance, ces dernières années, à être remplacée par “Hello, cheap, cheap, look, look”. Les Chinois sont en pleine révolution touristique. Les hôtels poussent comme des champignons, les transports en commun se rénovent, les sites se refont une beauté et la presse propose même des tours pour visiter le Sichuan. Récemment, l’apparition de l’hôtellerie de luxe confirme que la Chine est un marché avancé. Pékin, avant les Jeux, doit voir la naissance du premier hôtel 7 étoiles, malheureusement il n’est pas français ! La Chine est en voie de détrôner notre Belle France de sa position de leader mondial du tourisme. Pourtant, les limites de cette croissance sont réelles. De nombreux efforts sont à apporter quand au respect de l’environnement, à l’amélioration des services et de l’aide aux touristes, à l’accessibilité des sites pour les handicapés ou encore à la formation des étudiants aux métiers du tourisme.

Autant de perspectives d’avenir que les Français ont bien compris. Dans cette édition, nous passerons en revue de nombreux thèmes. Ce que l’on appelle dans notre jargon le « outbound », les voyages de la Chine vers l’étranger, prend de l’importance. La société chinoise devient hédoniste et voyage. Nombreux sont les « Europe tours » qui proposent de découvrir notre France en 3 jours. A nous Français de leur proposer un accueil adapté pour des longs séjours. Des initiatives réalisées en Chine par les régions Ile-de-France ou PACA lors de salons grand public sont prescriptives et permettront à notre pays de bénéficier de ces changements. n A tous bonne lecture ! Thomas OUDART Coordinateur du Groupe de travail Tourisme de la CCIFC Directeur Commercial et Marketing Accor – Novotel Beijing West

我们的假期万岁! “欢迎光临”!

而法国人已经意识到这些未来和前景。在这一期中,我们

这些年来,这句话已经渐有被“你好,这儿便宜,进

将重新审视多个主题。在业界被称为“出境”的中国人出

来看看”替代的趋势。中国正在经历着一场旅游革命。酒

境旅游开始显出其重要性,中国社会开始享乐,开始旅游

店如雨后春笋般出现,公共交通日新月异,旅游景点改换

了。绝大多数欧洲游会组织中国人到法国游玩三天,我们

漂亮的面孔,甚至报纸杂志也开始介绍四川旅行路线。最

法国人应该提供适宜的服务以延长他们的逗留时间。由巴

近奢侈型酒店业的出现更确认了中国是一个先进的旅游市

黎大区以及普罗旺斯-阿尔卑斯-蓝色海岸大区在中国一些

场。在奥运会之前,北京将建成一座7星级酒店,可惜不是

大众会展中组织的活动正是一剂良药,能让我们国家也享

法国的!中国正在把我们美丽的法国从世界旅游之都的宝

受到这些变化所带来的利益。n

座上挤下来。但是,其增长的同时也存在着局限。中国在保

祝您阅读愉快!

护环境、改善服务项目和为游客提供的帮助、方便残疾人

雅高-北京诺富特海润酒店

游览及培训旅游行业专业人才方面都有很多的努力要做。

市场营销总监:吴德马


Directrices de la publication Juliette Yanitch Responsable de la publication Mathieu Baratier Rédactrice en chef Anne Garrigue Relecture de la traduction chinoise Hao Yihui Graphiste Xie Bin

Ont collaboré à ce numéro : Véronique d’Antras, Laurent Ballouhey, David Bel, Paul-Emmanuel Benachi, Jason Briganti, Philippe Charles, CharlesHenri Chevet, Antonia Cimini, Flore Coppin, Anne-Séverine Douard, Isabelle Fan, Thibaut Fabre, Fabienne Goyeneche, Sophie Lavergne, Frank Legré, Marion Lespine, Maison de la France, la mission économique de Chengdu, Thomas Oudart, Guillaume Rougier-Brierre, Christophe Simonnet, Song Ning, Nicolas Sridi, Renaud de Spens, Emilie Torgemen. Photographie de couverture Imagine China Publicité Pékin : Hao Yihui Tél. : (010) 6512 1740 # 14 Shanghai : Gwladys Goubil Tél. : (021) 6132 7100 # 114 Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8121 6818 # 801 Connexions est édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine www.ccifc.org connexions@ccifc.org Imprimé par Versatra Graphics

Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

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Sommaire Numéro 42

Entretien avec Xu Xiaofeng « Notre politique à l’égard des investissements 12 étrangers n’a pas changé »

Actualité

28

© Anne-Severine Douard

8 12

Entretien avec Xu Xiaofeng

L’appétit d’un géant

徐晓峰先生专访

Vie des entreprises Chronique media Chronique du net Chroniques Juridiques

18 24 26 28

Dossier

Special Tourisme A nous les vacances !

30

Une industrie en plein boom Révolution touristique chez les Chinois 33 Top Travel 36 « Les Chinois veulent apprendre pendant leur voyage » 40 Des vacances à flux tendu Les Tour-opérateurs, service sous haute protection 41 42 Un marché hôtelier en pleine ébullition Guide touristique, un travail précaire et mal payé

43

Le tourisme et ses conséquences

© Imagine China

30

Tourisme : A nous les vacances !

Lijiang 45 Le folklore à l’âge industriel « Seul un tourisme intelligent peut préserver la 50 culture tibétaine » Tourisme au Tibet : 53 menaces sur l’environnement 54 Pékin se prépare au tourisme olympique Wild China 55 La « vraie Chine », en première classe Maison de la Chine 56 « Nous bougeons avec la Chine » Laotai Shan 57 Tout pour le MICE

Les touristes chinois en France

Tourisme chinois en France : du quantitatif au qualitatif

© Imagine China

43

Tourisme chinois en France : du quantitatif au qualitatif Visas pour la France nouvelle procédure Anatomie du backpacker chinois Retour de France: témoignages de touristes RCP Les voyages Lune de Miel Biarritz mise sur ses golfs pour attirer des Chinois « haut de gamme » Bolénor Vacances VIP

59 62 64 66 68 69 70



Connexions

Sommaire Numéro 42

La Chine à la loupe Le Sichuan Un nouveau choix en Chine Grimaud Frères : Le bonheur est dans le Sichuan Atexis : Le Sichuan, accélérateur de production Ernst & Young : Surfer sur la vague du Go West

72 74 75 75

Tourisme en Chine Sur les marches du Tibet, le grenier à blé de la Chine

72

La Chine à la loupe

© Imagine China

L’entreprise

Le Sichuan Un nouveau choix en Chine

76

86

Agrifrance Une PME française dans les sillons chinois

Association

88

Couleurs de Chine Allez les filles !

Culture 91

La Chine veut se faire un nom dans le dessin animé

« Un secteur en ébullition mais encore immature » 94 96

Jean Chalopin, l’alchimiste Lire La sélection de Laurent Ballouhey

88

聚焦法国

© Michelin

78

南部-比利牛斯Midi-Pyrenees

专访 徐晓峰先生

中文目录

Ñ“我们的外资政策没有改变”

14

专栏:我们的假期万岁 ! Ñ Ñ Ñ

中国旅游业的革命 《世界》杂志访谈:中国人在旅途中学习 丽江: 工业时代的传说

Ñ 法国的中国游客:从量到质的转变 Ñ 申请签证的新程序 Ñ

保利诺: VIP假期

35 37 47 61 61 71

聚焦法国 L’entreprise

Agrifrance Une PME française dans les sillons chinois

© AgriFrance

86

98

Ñ

南部-比利牛斯Midi-Pyrenees

Ñ

阿利芳公司: 中国田野里的法国中小企业

Ñ

中国预备在动画领域一展宏图

78

公司特写 87

文化 93


M. Xu Xiaofeng

© Anne-Severine Douard

Entretien avec Xu Xiaofeng Xu Xiaofeng est le nouveau directeurgénéral adjoint du département Europe du Ministère du Commerce. Le mois de novembre est riche en événements pour les relations économiques franco-chinoises avec la tenue d’un forum pour les PME, organisé par UbiFrance et la mission économique, le Gala de la chambre de commerce sur fond de première visite d’Etat de Nicolas Sarkozy. C’est l’occasion de faire le point sur les échanges commerciaux entre Pékin et Paris, du point de vue des autorités chinoises. Entretien.

‘‘ Notre politique à l’égard des

investissements étrangers n’a pas changé ’’ Connexions : Etes-vous satisfait du développement récent des échanges économiques entre la France et la Chine ? En particulier, l’organisation des Années Croisées a-t-elle eu une influence positive sur les échanges commerciaux ? XU Xiaofeng : Depuis l’organisation des Années Croisées, en 2003-2005, les relations économiques entre nos deux pays ont connu un développement régulier et soutenu. Cette manifestation est sans précédent dans les relations sino-françaises. Elle a eu une influence qui va au-delà du domaine culturel. L’impact sur les relations économiques est réel, d’abord parce que ces Années Croisées ont été l’occasion d’améliorer notre connaissance mutuelle. Ce qui est favorable à l’économie, j’en veux pour preuve, la croissance des échanges bilatéraux : en 2002, ils se chiffraient à 8 milliards de dollars, un an plus tard à 10 milliards et cette année nous pouvons espérer dépasser les 30 milliards de dollars. La tendance est la même pour les programmes 12 Connexions

d’investissement, il y en avait 342 en 2005, ce qui représentait 620 millions de dollars, contre seulement 162 programmes recensés trois ans plus tôt. Ce phénomène est d’ailleurs réciproque. Aujourd’hui, des entreprises chinoises investissent également en France, on l’a vu avec le rachat d’une filiale de Rhodia, Adisseo, par le groupe chinois Blue Star. C. : UbiFrance et la mission économique organisent un forum avec 200 PME françaises au mois de novembre à Pékin. Au même moment, la chambre de commerce rassemblera mille personnalités du monde des affaires pour son Gala annuel et le Président de la République française se rend à Pékin … Pensez-vous que ce genre d’initiatives soient utiles pour le développement des échanges commerciaux ? X.X. : Toutes les occasions sont bonnes pour approfondir


Entretien avec Xu Xiaofeng notre relation et mieux nous comprendre. Le forum PME, le Gala et la visite présidentielle sont donc utiles pour nos échanges. D’ailleurs, notre ministère participe au forum China-Europa organisé au Havre cette année et l’an dernier, pour aller à la rencontre des entreprises européennes. Toutes les initiatives prises par les autorités françaises sont donc les bienvenues. Toutes les activités qui renforcent la compréhension mutuelle sont encouragées par le Ministère du Commerce. De son côté, le gouvernement chinois attache beaucoup d’importance aux échanges et à la coopération entre les entreprises des deux pays. Nous constatons que le premier déplacement hors d’Europe de la nouvelle ministre de l’économie, Christine Lagarde, a été effectué en Chine, c’est un bon signe.

domaine de l’aéronautique, du nucléaire et du transport ferroviaire, par exemple, la coopération est engagée de longue date. Bien sûr, chaque pays a sa spécialité et ses points forts… Les entreprises françaises, petites ou grandes, sont donc les bienvenues pour investir dans notre pays. La Chine n’a pas seulement besoin d’avions, les besoins du marché chinois sont très variés, le potentiel est immense. Nous apprécions, par exemple, les produits technologiques français qui sont un des atouts de vos entreprises. Les investissements français dans notre pays peuvent donc encore augmenter, et les entreprises peuvent attendre d’autant plus de bénéfices.

C. : Que pensez vous de la présence des entreprises

C. : Quels sont les investissements que vous souhaiter attirer en priorité ? X.X. : La politique pour encourager les investissements

françaises en Chine, sont-elles bien représentées ? Cette présence est-elle suffisante si on la compare avec d’autres pays européens ? X.X. : Les grands programmes d’investissement des entreprises françaises sont bien connus des Chinois. Dans le

étrangers est toujours d’actualité, il n’y a pas de changement. Le Ministère du Commerce a publié des règles sur les investissements pour distinguer ceux qui sont encouragés, ceux qui sont limités et ceux qui sont interdits. Nous voulons accueillir les projets dans le domaine de la recher-

Connexions 13


«Il n’y a pas de nationalisme en Chine. D’ailleurs, je constate qu’en France aussi l’achat d’une entreprise nationale par un groupe étranger provoque de vives réactions.» che et du développement, dans les économies d’énergie et la protection de l’environnement, les technologies de pointe, etc… tout ce qui peut nous apporter un développement durable pour notre pays. A contrario, nous limitons ou même nous interdisons les investissements qui sont susceptibles de porter atteinte au cadre naturel, gaspiller l’énergie ou entraîner une mauvaise gestion des matières premières. C. : Ces derniers mois, deux affaires concernant des entreprises françaises, Danone et Schneider, ont suscité un vif débat en France. Ces deux affaires ont fait naître des inquiétudes chez certains entrepreneurs français qui veulent s’implanter en Chine et qui craignent d’être confrontés aux mêmes problèmes. Est-ce le signe d’un changement d’attitude visà-vis des investissements étrangers ? X.X. : L’ouverture internationale reste la pierre angulaire de notre politique. Notre attitude à l’égard des investissements étrangers n’a pas changé. Nous continuons à les encourager et il n’y a pas de raison de s’inquiéter, notre attitude est toujours la même, les investisseurs français peuvent se rassurer. Concernant ces deux affaires, elles ont provoqué de nombreux débats et commentaires, mais il faut regarder les choses en toute objectivité : il y a des centaines de milliers d’entreprises étrangères en Chine, s’il y a quelques problèmes ici ou là, c’est normal! Pour les entreprises mixtes, les joint-ventures, nous restons attachés à préserver une situation d’égalité entre les partenaires, qui doivent partager équitablement les profits. En cas de conflit entre les parties, nous espérons trouver une solution négociée pour ne pas nuire aux intérêts des entreprises. Si les négociations échouent, la justice est là pour résoudre le différend en appliquant la loi de façon équitable. Donc, ces 14 Connexions

© Anne-Severine Douard

Entretien avec Xu Xiaofeng

deux affaires sont des cas isolés, je pense qu’elles n’auront pas d’influence sur le climat général des investissements étrangers en Chine. C. : Ces derniers temps certaines décisions politiques, comme la loi réglementant les fusions-acquisitions, montrent une volonté de protéger les entreprises nationales et certains secteurs de l’économie chinoise. Le terme de « nationalisme économique » est même régulièrement employé dans la presse, en Europe, pour parler de cette tendance. Selon vous, quelle est la réalité de ce phénomène? X.X. : Depuis l’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce, l’ouverture de notre économie est un processus ininterrompu. Notre implication dans l’économie mondiale est toujours plus grande. Mais la construction de l’économie chinoise est un phénomène encore récent. Nous cherchons encore à améliorer les lois, c’est le processus normal de construction du système légal, il a pour but d’offrir aux entreprises un environnement stable. Avant, il n’y avait pas de loi en Chine sur les fusions acquisitions, nous devions donc nous doter de cet outil juridique. Dans les pays occidentaux, ce genre de mesure existe depuis longtemps. Il ne faut pas se tromper, nous avons besoin d’améliorer le système juridique pour donner aux entreprises un environnement plus stable, des règles plus équitables et transparentes. Cette loi n’est pas tournée contre telle ou telle entreprise ou tel ou tel pays. C’est un phénomène tout à fait normal et on ne peut donc pas parler de « nationalisme économique ». D’ailleurs, je constate qu’en France, aussi, l’achat d’une entreprise nationale par un groupe étranger provoque de vives réactions. n Propos recueillis par Mathieu Baratier


专访 徐晓峰先生 中国商务部欧洲司副司长徐晓峰先生专访

‘‘我们的外资政策没有改变’’ 11月, 萨科齐总统将要来华访问, 由法国企业国际发展局和法国驻华使馆经 济处组织的“2007中法企业论坛”, 中国法国工商会组织的“年会”也即 将揭开帷幕。我们非常期待这丰富多彩, 促进中法经贸关系的日子。此次 采访是对了解北京巴黎经济贸易往来,以及中国政府观点的绝好机会。 长。法国也成为中国有实力的企业对外投资的目的国。比 如中国的蓝星集团并购法国安迪苏公司等。中法经贸关系 近几年来取得了快速发展。我们两国政府都高度重视双边 经贸关系,将共同努力推动经贸合作向更广领域发展。

《联结》: 由法国企业国际发展局和法国驻华经济处举办 的,有200家法国中小企业参加的“中法企业论坛”,以及 由中国法国工商会举办的千人年会都将于11月底在北京举 行。届时法国总统萨科奇先生也会到北京来访。您认为这 些活动对经济贸易的发展有没有影响? 徐:所有这些机会都将是企业间建立联系的契机,对加深

徐晓峰先生

© Anne-Severine Douard

相互了解十分有益。“中法企业论坛”, 法商会年会以及 法国总统的来访都将对推动两国经济贸易合作起到积极的 影响。另外,去年在法国勒阿弗尔举办了第一届中欧贸易 投资项目对接会,今年12月份还会举办第二届。法方的组 织者希望今后能在中国和法国轮流举办相应的活动。跟

《联结》:您对近年中法两国经济贸易发展是否满意? 特

法国企业和欧洲其他国家企业进行交流,就双方感兴趣的

别是中法交流年, 是否对经济贸易带来了一些影响?

项目进行洽谈。毫无疑问,这些活动都有助于双方企业更

徐晓峰: 2003年到2005年中法互办文化年以来,两国经济

好地了解相互优势和市场需求,所以商务部都给予了大力

贸易发展保持稳定快速的发展势头。中法文化年举办时间

支持和力所能及的帮助。中国政府十分重视加强两国企业

长、内容丰富、参与面广,在中外交流史上堪称空前盛

交流合作,尽可能地为企业交流提供平台。我们高兴地看

举,成为中法关系史上的一个里程碑。中法互办文化年的

到,法国经济财政和就业部长拉嘉德女士上任后将中国作

影响是广泛的、深远的。文化年对加深两国人民的相互了

为访问欧盟之外的第一站也表明了法国政府对发展两国经

解起到积极作用, 也推动了双边经贸合作的发展。从统计

贸合作的重视。

数据上看, 2002年双边贸易额仅80多亿美元,2003年突破 100亿美元,2005年翻番突破200亿美元,2007年1至8月

“联结”: 您对在中国的法国企业现状有何看法?其表现与

已超过200亿美元,据乐观估计,2007年的中法双边贸易

欧洲其他国家相比有何区别?

额可能超过300亿美元。从双边投资看,2002年法国对华

徐: 就个人来讲,作为一个普通的中国百姓, 听说较多的是

直接投资项目162个,到2005年,法国对华直接投资项目

法国的飞机,核电,高铁等等这些大项目,对其他方面了

达342个,实际投入外资6.2亿美元,比2002年均有大幅增

解少一些。每个国家的产业优势、开拓市场的取向各有不 Connexions 15


专访 徐晓峰先生 同。我们欢迎法国企业,不论是大企业还是中小企业,积

重要内容,我们将继续支持和鼓励外商投资,并进一步提

极开拓中国市场。中国市场的需求是多元的,潜力也是巨

高利用外资的效率。在这方面外国投资者没有必要担心和

大的。法国企业有自己的技术优势, 可以做的更多。投入

疑虑。关于这两个事件,我认为,应该客观理性的看待。

更多当然也会收获更多。

相对于在中国的几十万家外资企业来说, 出现一些个别的 矛盾是正常的。在出现问题的时候, 双方要本着平等共赢

“联结”: 哪些投资是优先选择的?

的原则, 实事求是的解决。矛盾双方要互谅互让, 冷静处

徐: 中国在对外开放、利用外资方面的政策是明确的、一

理。中国有句古话是: “ 和气生财”就是这个道理。在双

贯的。随着中国经济进入新的发展阶段, 在利用外资方面

方没有办法自行解决的情况下,可以求助于司法部门,我

会有一些调整, 如商务部联合其它部门发布了《外商投资

们相信司法部门会尊重双方的意愿, 公平公正的裁决。我

产业指导目录》,有鼓励、限制和禁止之分。总体来说,

不认为个案会影响投资的整体气氛。

我们欢迎投资到研发、节能、环保、高新技术等领域。而 对资源消耗型、高能耗、高污染的行业是严格限制或禁止

“联结”: 最近一些新出台的法律, 表现出保护民族企业的

的。目的是按照科学的、可持续发展的要求来发展经济,

意向。 “新中国经济爱国主义”的说法在欧洲的一些刊物

我们的产业导向是根据中国经济发展的实际情况来制定

中出现。对这样的现象您如何看待?

的。

徐:加入WTO之后, 中国的市场开放不断深化。中国市场 经济建设时间不长,还缺少某些规范市场的法律,而类似

“联结”: 最近几个月, 关于法国企业“达能”和“施耐

的法律在西方国家早已经存在,这就需要我们不断的完善

德”的事件在法国引起一些关注。这两个事件给部分想在

法律体系,

中国扎根的法国企业带来了一些忧虑, 他们担心遇到相同

的建立和完善法律的过程并不是针对某些具体企业或国

的问题。这是否代表对外资态度的一些改变?

家,谈不上“经济爱国主义”。我想在法国,外国企业要

徐:对外开放是我国的基本国策。吸引外资是对外开放的

收购法国企业也会有相同的反应。n

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给企业一个公平, 透明的经济环境。这是正常



Vie des entreprises La French touch appliquée aux fleurs de Shanghai

© Secret Garden

C

onnus pour les parfums et le vin, les Français pourraient acquérir une nouvelle réputation dans le domaine des fleurs. Fortes d’une image romantique chère aux clichés chinois, plusieurs entreprises hexagonales se lancent dans le commerce de détail de fleurs. Secret Garden a été le premier à s’y essayer pleinement. « Nous avons pensé qu’il y avait un vrai marché et une vraie attente autour du design floral », explique Clothilde Gallet, responsable du développement de l’enseigne, lancée par trois Français et un Italien, installés à

Secret Garden a ouvert une boutique à Shanghai cette année.

Shanghai depuis plusieurs années. Forte de plusieurs mois de recherche marketing, la jeune entreprise cherche à conquérir la classe moyenne, avec des bouquets « ronds, qui associent plusieurs sortes de fleurs », vendus entre 45 et 300 RMB. La petite boutique de Zizhong lu, près du quartier rénové de Xintiandi, a ouvert en juin et d’autres points de vente devraient voir le jour d’ici début 2008. Installé depuis trois ans à Shanghai, Sébastien Lathuile vise une clientèle davantage haut-de-gamme. L’artisan fleuriste vend déjà ses bouquets à une clientèle fortunée, majoritairement expatriée mais aussi chinoise, à la boutique Gourmet du Shangri-La, dans le quartier des affaires de Pudong. Prix de départ : 500 RMB. Le Français étudie la possibilité d’ouvrir une boutique en propre, mais les emplacements de choix sont rares à Shanghai et l’essentiel de ses clients sont des entreprises, à l’instar des grands hôtels, à Shanghai ainsi qu’à Pékin. Le fleuriste intervient également sur de nombreux événements. Le dernier arrivé sur le marché est sans doute le plus connu pour la clientèle française : Au Nom de la Rose. L’enseigne possède déjà un solide réseau de magasins en France et a décidé de se développer en Chine. Son premier magasin, sur Jianguo Xilu, a ouvert officiellement en octobre et le second ouvrira au-dessus de la boulangerie Paul, à The Village sur Dongping lu le 10 novembre. « Nous avons deux types de produits : les roses et les produits dérivés », précise Agnès Chung, responsable de la marque en Chine. Les Shanghaiens pourront donc goûter des chocolats aux pétales de rose cristallisés ou du confit de rose. L’enseigne française se concentre pour l’instant sur le centre économique chinois avant de s’intéresser à d’autres villes du pays.

Un marché prometteur pour Carbone Lorraine

L

© Imagine China

e spécialiste français du graphite devrait bénéficier de la volonté du gouvernement chinois de réduire sa consommation de charbon, qui fournit 70% des besoins énergétiques du pays. Les impératifs écologiques que s’est imposés Pékin vont permettre à Carbone Lorraine de profiter de l’engouement pour les énergies renouvelables. Le groupe a déjà vu ses ventes bondir de 27 % en Chine depuis janvier 2007. Carbone Lorraine a d’ailleurs investi 40 Le gouvernement soutient le développement de l’énergie solaire, qui est surtout adaptée millions d’euros dans une nouvelle aux habitations isolées (ici dans la province du Xinjiang). usine de production de graphite isostatique, inaugurée à Chongqing en octobre. Le site doublera la capacité de production avec 5 000 tonnes prévues d’ici 2010. Le carbone isostatique est nécessaire .pour fabriquer le silicium, élément de base des cellules photovoltaïques des panneaux solaires.

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Pages réalisées par Julie Desné

Les Relay à Shanghai

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© Relay

e groupe Lagardère a ouvert en octobre huit librairies, sur le même modèle qu’en France, à l’aéroport de Hongqiao à Shanghai. Réparties sur les zones de départ et d’arrivée, elles offrent un large gamme de titres de presse, de livres et de magazines en chinois, ainsi qu’en langues étrangères. « Nous avons déjà des livres en anglais et auront des ouvrages en français et en japonais d’ici fin novembre », explique Séverine Lanthier, directrice de Un point de vente Relay à Shanghai. HDS (Hachette Distribution Services) en Chine. Un Virgin a également ouvert ses portes à Hongqiao. Le groupe Lagardère possède l’exclusivité du développement de la marque pour les lieux de voyage. Livres, DVD et CD y sont vendus. L’entreprise française compte également ouvrir une librairie sous l’enseigne InMedio, en novembre, au Carrefour Gubei à Shanghai.

Lister ouvre un nouveau centre de bureaux

© Lister

L

ister renforce son offre de locaux commerciaux à Shanghai avec l’ouverture en novembre d’un troisième ensemble de bureaux et de salles de réunion. Le nouvel espace propose 40 bureaux tout équipés, situés au 26ème étage de la tour HongKong Plaza, au cœur de Shanghai. Les entreprises y trouveront un ensemble de services prêt à l’emploi : secrétariat, accès internet, mobilier, etc… Et ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir la vue sur Shanghai, pourront toujours se rabattre sur l’offre « bureau virtuel » : une adresse postale et un numéro de téléphone dans ce lieu prestigieux.

La tour Hong-Kong Plaza à Shanghai

BeThe1 arrive en Chine

PSA renforce sa présence

L

e constructeur français a d’ores et déjà inscrit la Chine au rang des pays qui verront les premiers la C5. La nouvelle berline de la marque Citroën sera produite dans la nouvelle usine de Wuhan et commercialisée en Chine en même temps qu’en France, au printemps prochain. C’est la première fois que la Chine obtient une telle primeur. Les consommateurs chinois intéressent de plus en plus le constructeur qui installera un bureau de design sur place dès 2008. Côté production, Peugeot Motocycles, qui produit les scooters Peugeot dans le Doubs en France, s’apprête à démarrer une ligne de production en partenariat avec Jinan Qingqi, un des leaders du marché chinois basé dans le Shandong.

Rungis met un pied en Chine

L

e 1er marché mondial de produits frais souhaite développer sa présence en Chine et notamment à Shanghai. Selon les déclarations de Marc Spielrein, PDG de la Semmaris, société gestionnaire du marché de Rungis, l’empire du milieu sera une priorité avec la Russie. L’installation à Shanghai ne devrait cependant pas être facile : les changements à la tête de la municipalité – suite aux affaires de corruption qui ont forcé Chen Liangyu, ancien n°1 du Parti à Shanghai, à la démission – ont ralenti les négociations en cours.

S

pécialiste du recrutement dans le secteur du luxe, de la mode et de la beauté, Bethe1 a ouvert un bureau à Shanghai en juin dernier. L’entreprise, fondée en 2002 par François Bouyer, est déjà présente dans 30 pays à partir de la France, des Etats-Unis et du Japon. Pour Fabien Guérin, directeur de Bethe1 Chine, le choix de Shanghai « est un bon compromis car les décisionnaires sont le plus souvent à Shanghai ou Hong-Kong et Shanghai, haut lieu de fabrication, reste la vitrine.» Jusqu’ici, la réaction du marché est positive. « Nos clients apprécient un interlocuteur qui parle leur langage et connaît les marchés locaux. » Bethe1 passe par Internet pour être réactif et fiable. Sur un marché tendu, outre sa banque de données de 80 000 candidats potentiels, Bethe1 compte sur ses liens avec les écoles et les réseaux d’anciens pour viser deux viviers essentiels: les Chinois internationalisés et les internationaux sinisés.

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Vie des entreprises 进军上海花市的法国企业

向以香水和美酒著称的法国,或许能在鲜花领 域获取新的名誉。由于中国人对法国惯来有浪 漫的印象,许多法国企业开始进军鲜花零售市

场。神秘园(Secret Garden)是第一个开展全面尝试的。 “我们认 为在鲜花设计上有真正的市场和需求,”品牌发展负责人克罗 蒂尔德·加莱(Clothilde Gallet)解释道。由三个法国人和一个意 大利人创立的神秘园品牌,在上海落户已经有好几年了。经过数 月的市场调研,年轻的公司希望以“圆形,搭配多种花朵”,售价 © Secret Garden

在45至300人民币之间的花束赢取中产阶级市场。位于自忠路刚 翻新的新天地街区附近的小店铺已经于六月开张,其他销售点 应于2008年初之前开业。 塞巴斯蒂安·拉兑勒(Sébastien Lathuile)在上海已有三年了,他

名”(Au nom de la rose)。该品牌已在法国铺设了坚固的店铺网

瞄准的主要是那些高级客户。这个花匠已经开始在浦东商业区

络,现在决定来中国发展。位于建国西路的第一家店铺已正式

香格里拉大酒店向富裕的客人出售价格500人民币的花束,主要

于十月开张,第二家店铺坐落于东平路The  Village购物中心的

是一些旅居中国的外国人,也有中国客人。他也研究过开设一

Paul面包房楼上,也将于11月10日开张。 “我们提供两类产品:

家独立门面店的可能性,但是上海理想的店址非常稀少,而且无

玫瑰及其衍生品”,中国品牌总监阿涅丝·张 (Agnès Chung)详

论在上海还是北京,主要顾客群都是类似大酒店的企业。这个

细说道。上海人因此可以品尝到水晶玫瑰花瓣巧克力及玫瑰

法国花商也参与很多大活动。

冻。在去别的城市发展之前,法国品牌主要把精力集中在中国经

最 后一个 进 入市场的也是法国人最为熟悉的“以玫瑰之

济中心上海。

© Imagine China

洛林煤炭公司市场前景看好

个法国石墨专家应该得到中国政府的资助,因为洛林煤炭满足了中国70%的能源需求,正符合政府希望降低煤炭消费 量的愿望。北京势在必行的生态需要使得其对可再生能源热情高涨,这将是洛林煤炭的一个契机。自2007年一月起, 该集团在中国的销售额已经跃升了27%。洛林煤炭还于十月在重庆投资四千万欧元开设了一家新的均衡石墨生产工厂。

这个厂址预期在2010年前生产量达五千吨,将比现在翻两番。

标致雪铁龙集团(PSA)增强知名度

个法国汽车制造商已经把中国列为C5第一批上市国家。这款新的雪铁龙四门轿车将在武汉的新工厂制造,并将于下 个春天在中国与法国同步上市。这是中国第一次获此殊荣。由于中国消费者对标致雪铁龙越来越大的兴趣,2008年公 司还将在中国成立一个设计室。在生产方面,法国杜省轻骑生产商标致摩托准备与市场龙头企业山东济南轻骑合作启

动一条生产线。 20  Connexions


Pages réalisées par Julie Desné

经纬(Relay)连锁店在上海

嘉代尔集团于十月在上海虹桥机场新开了八 家与其法国店相同模式的书店。这些店铺分别 分散在出发和到达区,提供大量中文报刊书籍

以及一些外文书。 “我们已经拥有一些英文书,十一月底之前 还要上法文和日文书”,桦榭发行服务公司中国区总经理塞芙 琳娜·朗蒂埃(Séverine

Lanthier)解释说。一家音像图书超市

Virgin也在虹桥开张,出售书籍、DVD和CD,拉嘉代尔集团获 © Relay

得Virgin在旅游地点的独家品牌代理权。该法企也考虑于十一 月在加乐福古北店开设一家InMedio品牌的书店。

为奢侈品、时尚和美容领 域的招聘专家,Be The 1 于六月在上海设立了一个

办公室。这个由弗朗索瓦·布耶(François Bouyer)于2002年创建的公司已经从法国、 美国和日本延伸到了30个国家。对于Be The 1中国经理法比安·盖林(Fabien

Guérin)而

言,上海这个选择“是一个很好的折衷点, 决策人经常在上海或香港,而上海这个生 产要地则是用以展示的橱窗”。目前为止, 市场的反响良好。 “我们的顾客很欣赏会

李斯特(Lister)新开了第三个一条 龙服务办公中心

L

ister于十一月在上海开设了第三个办公 会议一体化中心,以强化其在上海的商 务场所服务。新中心位于上海市中心香

港广场大楼的26层,提供40个全部配套完善 的办公室。公司在此可以获得一系列事先预备 好的服务:秘书处、网络连接、家具,等等。而 没有能力租用的企业,也可以选择“虚拟办公 室”服务:这块宝地的一个邮政地址和电话 号码。

© Lister

Be The 1在沪开张

说他们的语言并且了解当地市场的谈话对 象。”Be The 1通过网络增强其知名度和可 信度。在这个竞争激烈的市场上,除去一个 存有8万潜在候选人的资料库,Be The 1还 寄希望于学校以及老生网络以搜罗两类主 要人才:国际化的中国人和中国化的国际 人。

汉吉斯(Rungis) 踏足中国

界第一鲜货批发商汉吉斯 希望在中国,尤其是到上海 发展。为汉吉斯作市场管

理的Semmaris公司董事长马克·斯皮尔雷 (Marc

Spielrein)声称,中国将和俄罗斯一

起成为其首要目标。但是具体落实却不那么 容易:上海市委书记陈良宇因贪污事件被 免职,这市政府第一把手的改变延缓了当前 的谈判进度。 Connexions 21


Vie des entreprises

M. Hubert Testard

© Anne Severine Douard

«Le chiffre d’affaires de nos entreprises est deux fois plus élevé que nos exportations» A l’occasion de la publication d’un Livre Blanc sur les investissements français en Chine, publié conjointement par la chambre de commerce et d’industrie française en Chine, les conseillers du commerce extérieur et la mission économique, entretien avec Hubert Testard, ministre conseiller et chef des services économiques de l’Ambassade.

Connexions : Un des objectifs de ce Livre Blanc est de remettre en cause certaines idées reçues sur le retard des entreprises françaises en Chine. Votre étude auprès de 110 entreprises françaises implantées en Chine veut donner une image différente de la présence économique de la France, quelle estelle ? Hubert Testard : Vu de France, nous avons tendance à mettre l’accent sur les exportations et sur le déficit bilatéral, mais on oublie souvent les implantations et les investissements qui sont pourtant des éléments fondamentaux de nos relations économiques avec la Chine. Notre étude montre que les entreprises françaises représentent 250 000 emplois en Chine et elles ont réalisé un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros en 2006, soit deux fois et demie la valeur des exportations. De plus, les prévisions de croissance de ces entreprises sont en moyenne de 20 à 25%... Tout cela n’est pas pris en compte dans les statistiques de la balance des paiements, et pourtant c’est très important pour donner une image fidèle de notre présence. C. : Selon vous, les entreprises françaises ont-elles pris la mesure de l’importance de la Chine comme relais de croissance pour leurs activités ? 22  Connexions

H.T. : Oui, je le crois. Pour les grands groupes, c’est clair, la Chine fait maintenant partie des priorités stratégiques. Mais beaucoup sont encore dans une période de transition. Si la Chine est déjà un élément incontournable, elle n’occupe pas encore une place centrale comme le marché américain ou allemand. Même si les perspectives de croissance sont importantes en Chine, pour la plupart des entreprises, ce marché ne représente encore en moyenne que 3 ou 4% du chiffre d’affaires. Il y a donc un décalage entre la vision sur le terrain et la stratégie globale des groupes, mais certains sont en train de le corriger, comme PSA, qui s’est réorganisé récemment pour que le responsable Chine ait un accès direct au Pdg. C’est fondamental pour pouvoir réagir à l’évolution rapide du marché chinois, et c’est une tendance qui existe depuis un an ou deux. C. : Le marché chinois a-t il tenu ses promesses pour les entreprises françaises qui y sont implantées ? H.T. : Dans certains domaines, le marché chinois est encore très neuf et sous dimensionné. Essilor, dans les lunettes, nous expliquait que la Chine ne représentait qu’un dixième du marché américain alors que la population y est quatre fois plus importante. Cette situation se retrouve dans plusieurs secteurs, comme les activités de restaura-


tion collectives par exemple, où il y une immaturité du marché par rapport au potentiel. Pour d’autres créneaux, il y a un cloisonnement, géographique ou par nationalité du donneur d’ordre. Même chose pour les biens de consommations, on est encore en deçà du potentiel notamment dans l’industrie du luxe : les rythmes de progression sont élevés mais il peut y avoir des déceptions. Nous sommes encore dans une phase de transition.

isolés. Le constat plus global de notre enquête est que, même si les problèmes de partenariat ou de propriété intellectuelle sont fréquents, ils n’ont pas, dans la plupart des cas, empêché nos entreprises de réussir. Il faut apprendre à gérer ces tensions et ces risques. Une solution souvent pratiquée ces dernières années a été de racheter son partenaire chinois. Et il y a aussi des partenariats qui marchent très bien (plus d’un millier de JV franco-chinoises se portent bien). Quant à la propriété intellectuelle, c’est une bataille quotidienne qu’il va falloir mener pendant de nombreuses années.

C. : Votre étude souligne que les exemples de délocalisations françaises en Chine sont très rares. Il s’agirait donc d’un mythe dans l’opinion française ? H.T. : C’est une des conclusions de notre enquête, qui s’appuie sur l’ensemble des interviews réalisées et sur le témoignage des cabinets d’avocat français. En revanche, le sourcing est un phénomène important et il se développe, pas seulement en Chine. Si une entreprise française décide de se fournir en Chine, c’est vrai qu’il peut y avoir une perte d’emplois en France. Si une entreprise investit en revanche, le sourcing peut représenter une partie du projet d’implantation, mais l’investissement génère d’autres activités qui ont en général des retombées positives pour l’emploi en France. C’est le cas de Seb par exemple qui s’est fourni en Chine pour ses produits bas de gamme et, en La présence française en Chine: même temps, a développé ses activités dans le haut de gamme 1800 implantations (850 entreprises) à partir de France. Le sourcing est 250 000 salariés une conséquence de la globalisa- secteur primaire : 10% tion des achats et se développe industrie : 50% de façon autonome par rapport tertiaire : 40% aux stratégies d’implantation, en C.A. : 20 Mds d’euros en 2006 Chine ou dans un autre pays. C. : Vous écrivez dans le Livre Blanc que « les freins à l’implantation se sont récemment renforcés », estce que les affaires de Danone et Schneider sont le signe d’un climat moins favorable aux investissements étrangers ? H.T. : Les affaires Danone et Schneider sont particulièrement importantes et ne peuvent pas nous laisser indifférents. On ne peut pas dire non plus que ce sont des cas

C. : Pour vous, il n’y a pas de nationalisme économique en Chine ? H.T. : Il y a eu un durcissement de la politique gouvernementale, qui s’est manifestée dans de nouveaux textes législatifs ou réglementaires. La loi sur les fusions-acquisitions donne, par exemple, un pouvoir d’investigation très important aux autorités en cas d’atteinte à la concurrence, quand la sécurité économique nationale est en jeu ou quand une marque chinoise est impliquée. Le gouvernement peut donc bloquer toute acquisition qui ne lui conviendrait pas, il y a potentiellement un risque difficile à quantifier pour les investisseurs. Mais pour l’instant, si les procédures sont devenues plus longues, les décisions pour nos entreprises sont restées positives. Le gouvernement reste largement ouvert aux investissements étrangers, mais il est plus sélectif. Il y a, par exemple, une volonté de promouvoir les solutions chinoises, notamment dans les hautes technologies où les demandes de transferts sont parfois excessives. L’indépendance technologique est un objectif très important et cela peut conduire à des situations défavorables pour les entreprises étrangères. n Propos recueillis par Mathieu Baratier

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Chronique media

La longue route vers Par Renaud de Spens, service de presse de l’Ambassade de France

La nouvelle loi pour réformer le système des vacances suscite un vif débat dans les medias.

A

vant 1999, la plupart des Chinois n’avaient qu’une poignée de jours de vacances : 2 pour la fête nationale, 3 pour la fête du printemps, 1 pour le premier mai. Pour encourager la consommation, ces jours nationaux se sont alors étendus pour devenir des “semaines dorées” (黄金周 huangjin zhou), où 3 jours de vraies vacances pour chacune de ces trois périodes sont juxtaposés à 4 jours qui compensent un travail supplémentaire pendant les week-ends qui les encadrent. Un 10e jour de vacances est aussi souvent donné pour le premier janvier. La plupart des administrations et quelques entreprises offrent également quelques journées en plus, à choisir librement. Ce système a deux défauts majeurs : le premier est l’inégalité, certains fonctionnaires ayant beaucoup plus de vacances que la plupart des salariés du privé grâce à leurs jours mobiles ; le second, les trop formidables effets secondaires des vacances fixes. La masse énorme de personnes concernées provoque des congestions inextricables des réseaux de transport et des dégâts sur les monuments historiques et l’environnement. Le Conseil des Affaires d’Etat a donc publié le 5 novembre un projet national de loi sur les congés payés. L’importance de l’affaire a trouvé dès le lendemain un large écho dans la presse. C’est aussi un projet de loi “participatif” qui sollicite l’avis des citoyens.

Des jours progressifs suivant l’ancienneté Le projet de loi est très court, ne comprenant pour l’instant que 7 petits articles. Il est publié un peu partout dans les media. Son article premier indique qu’il a pour objet de “protéger le droit au repos” des travailleurs. L’article 2 explique qu’il faudra avoir passé un an entier dans la même entreprise ou administration pour avoir droit aux congés payés. Ceux-ci seront nommés simplement “vacances annuelles” dans le reste du document. Ce changement sémantique montre le volontarisme des auteurs du projet qui entendent l’inscrire dans une banalité future et tranquille du monde du travail. Les durées progressives minimales de ces vacances annuelles sont évoquées dans l’article 3 : 5 jours pour de 1 à 10 ans d’ancienneté, 10 jours pour de 10 à 20 ans, et 15 jours au-delà. Enfin, les entreprises ou administration devront verser des compensations salariales si elles empêchent leurs employés de prendre des vacances. Les media chinois ont presque toujours relayé l’information en “une”, et parfois à la première ligne. Cette mise en avant n’était pas uniquement téléguidée par le pouvoir, et reflétait aussi l’immense intérêt porté à ce sujet par l’opinion, comme en ont immédiatement témoigné les forums sur internet. Les éditorialistes chinois l’ont accompagné, avec plus de 170 articles sur ce thème en deux jours.

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les congés payés Un projet de loi “participatif” A travers un site internet, le gouvernement sollicite l’avis des citoyens sur son projet de loi. Le Quotidien de la Jeunesse de Pékin met particulièrement cet aspect en valeur dans son article de “une” intitulé : idées demandées pour la loi sur les congés payés. Ce n’est pas la première fois que les autorités utilisent ce mode de consultation populaire. D’ailleurs, il s’agit ici de présenter un projet de loi qui va plutôt dans le sens des aspirations du peuple. Celui-ci s’exprime massivement sur le sujet dans les forums, et l’on compte des dizaines de milliers de commentaires ici ou là. La grande majorité des opinions est bien sûr positive, mais reste très sceptique. Sur le site internet 163.com, le commentaire le plus plébiscité (3444 votes positifs et aucun négatif ) est bien représentatif de l’ensemble : “On ne peut même pas garantir les salaires, et l’on ose penser aux congés payés... Il est impossible de mettre en place des congés payés en Chine. Tu as le cran d’en parler à ton patron? Il pourra te faire sauter, parce que ce n’est pas la main-d’oeuvre qui manque et qu’il sait qu’il te remplacera facilement”. Cette inquiétude extrême sur la future efficacité de la loi s’exprime de manière plus construite dans la série d’éditoriaux et de réponses de spécialistes qui ont fleuri dans les éditions du 7 novembre, le lendemain de l’annonce officielle. On y apprend que certains salariés aux revenus modestes s’inquiètent, car ils n’ont pas compris que les congés payés étaient... payés. D’autres ont une lecture plus attentive, et se demandent si un salarié ayant un contrat d’un an seulement a droit à quelque chose. Les spécialistes répondent prudemment : en prenant le projet de loi à la lettre, un contrat de juste un an ne donne droit à aucun congé payé ; mais le texte n’est pas encore définitif, et on peut espérer que ce point soit “clarifié” dans la version finale. Enfin arrive la question cruciale : que faire si les congés payés ne sont pas accordés ? La loi donne droit à une compensation financière, mais comment obliger les entreprises et les administrations à les octroyer ?

Vers la réhabilitation des fêtes traditionnelles? Semblant trahir un plan de communication bien établi, le lendemain de l’annonce de la loi sur les congés payés sont parus de nombreux articles pour préparer l’opinion à des bouleversements sur le prochain calendrier des vacances nationales. La stratégie du gouvernement semble claire : démanteler par étapes le système actuel, en prenant de grandes précautions afin de ne pas susciter de conflits sociaux. En effet, si l’intérêt général est probablement de passer à un modèle de vacances et de jours fériés similaires à ce qui se passe ailleurs dans le monde, une partie de la population tient aux semaines dorées. Ce déchirement d’intérêts divergents se lit dans les commentaires internet, entre les élites urbaines qui se réjouissent d’une possibilité de diversifier leurs vacances, de prendre des week-ends prolongés à l’occasion, et les migrants, souvent modestes, qui ont parfois plusieurs journées de train pour rejoindre leur famille à l’autre bout de la Chine. Le lien entre les congés payés et la réforme des semaines dorées n’échappe à personne, et beaucoup d’éditorialistes montent au créneau pour rassurer la population, comme dans un article paru dans l’édition du 7 novembre du Soir de Pékin : des spécialistes y affirment que les congés payés ne pourront pas remplacer les semaines dorées. La solution “miracle” est cependant trouvée par un certain nombre d’internautes : “gardons les semaines dorées et instaurons des jours de vacances supplémentaires pour les autres fêtes traditionnelles”... n

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Chronique du Net

Le sacre de monsieur tout le monde Par Mathieu Baratier, responsable des publications, CCIFC

« Grande Sœur Lotus » et « le Petit Gros » sont des icônes du net chinois. Une frénésie de clics qui a changé la vie des deux protagonistes.

I

ls n’ont rien fait de particulier, dans le décor d’une ville chinoise, ils passent inaperçus et pourtant, Internet en a fait des stars. Le monde virtuel a offert au « Petit Gros » et à « Grande Soeur Lotus » la chance d’une seconde vie, parfois malgré eux. Pourtant, celui que les forums appellent « l’homme le plus populaire du net » n’a rien du sexe symbole : à 19 ans, il est petit et connaît une évidente surcharge pondérale. Il y a cinq ans, il était encore stagiaire dans une station essence quand une simple photo l’a propulsé au statut d’icône du net. Le cliché le représente en train d’aider des enfants à traverser une rue au cours d’un exercice organisée par son école. En deux ans, les internautes se sont emparés de ce cliché, l’ont transformé, pour glisser le « petit gros » dans des postures cocasses ou insolites, l’introduire au milieu d’une scène de film, aux côtés du président des Etats-Unis, dans un groupe de danseuses étoiles en justaucorps… avec, à chaque fois, son visage poupon et sa moue devenus légendaires. Le « petit gros » -c’est son nom sur internet- s’est aperçu tardivement de cette célébrité pour la simple raison qu’il n’avait pas d’ordinateur et ne fréquentait pas les cafés internet. Fin 2005, il a commencé à sillonner la Chine pour répondre aux interviews et participer à des émissions de télévision. Il confie volontiers qu’il a le projet d’écrire sa biographie ou encore de créer une association pour les gros. Il reconnaît aussi qu’il ne sait rien faire et que cette gloire soudaine

ne lui a jamais rapporté d’argent directement. Shi Hengxia, elle non plus ne sait pas faire grand chose. D’ailleurs, son succès sur internet a commencé avec le récit de son échec au concours d’entrée à l’université. Quelques photos et un pseudonyme qui sonne bien ont fait de « Grande Sœur Lotus » une diva du monde virtuel. Son nom a commencé à circuler sur le net au printemps 2005 accompagné de photos montrant la jeune fille à la recherche d’un petit ami et prenant des poses lascives. Un mélange de naïveté et de morgue a vite fait de captiver les internautes et de provoquer l’hilarité générale. « Sister Lotus » n’a rien à dire, rien à vendre et rien à revendiquer et c’est justement ce qui semble faire son succès. Même les professeurs de sociologie se sont penchés sur le phénomène pour y déceler l’avènement de « monsieur tout le monde » contre les héros donnés en modèle par les médias officiels. Pour d’autres, la « Grande Sœur Lotus » incarne l’affirmation d’une personnalité face au conformisme de la société chinoise. Deux ans plus tard, la jeune femme approche la trentaine, elle a abandonné son emploi dans une maison d’édition pour une carrière de comédienne sans résultat. Son blog affiche des photos prises dans un studio de musique, un disque serait en préparation. Mais la vraie révolution se devine au détour d’une série de clichés romantiques : avec la gloire virtuelle, « Grande Sœur Lotus » a rencontré l’amour. Réel. n

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CIF ©C

C

Elle n’a rien à dire, rien à vendre et rien à revendiquer et c’est justement ce qui semble faire son succès



Chroniques juridiques Pour un contrôle contractuel de la qualité Par Christophe Simonnet, Avocat et Paul-Emmanuel Benachi, Avocat associé, Cabinet Lefèvre Pelletier & Associés

Pour assurer la qualité des produits fabriqués en Chine, le contrat de fabrication ou de sous-traitance est un précieux outil de compréhension mutuelle et d’intérêts bien gérés des parties.

L

e contrôle contractuel de la qualité est actuellement insuffisant voire inexistant en Chine. Quelle que soit leur taille, les sociétés étrangères qui y font fabriquer leurs produits travaillent rarement sur la base de contrats. Non seulement il n’y a pas de contrôle contractuel de la qualité, mais il n’y a souvent même pas de contrat. Les conditions générales de vente et d’achat s’opposent alors et génèrent des conflits de loi et de juridiction qui rendent fastidieux et incertain tout contentieux. L’expérience montre par ailleurs que les réflexes contractuels souvent acquis en France ne sont pas appliqués en Chine et que les spécifications de fabrication y sont moins précises alors qu’elles devraient l’être davantage, compte tenu de la relative imprécision des traductions. Tout cela rend indispensable l’établissement d’un contrat de fabrication ou de sous-traitance, qui ne doit pas être l’énoncé de grands principes et se contenter de renvoyer à des annexes contenant des informations souvent contradictoires ou imprécises. Tout doit y être détaillé, depuis le processus de validation des échantillons jusqu’au transport des produits. De même, toute modification souhaitée par le fabricant chinois doit être systématiquement avalisée préalablement par écrit. Ces exigences contractuelles impliquent néanmoins de la part de la société étrangère plus de souplesse dans le contrat sur l’évolution possible des prix de fabrication de son partenaire chinois. A défaut, ce dernier risque de baisser unilatéralement la qualité des produits pour rester rentable ainsi que l’ont récemment montré les problèmes de production rencontrés par Mattel. Par ailleurs, le contrat doit empêcher le partenaire chinois

d’organiser son insolvabilité en cas de manquement grave aux exigences de qualité et le dissuader d’augmenter sa rentabilité en abaissant la qualité des produits fabriqués. Le contrat doit dégager clairement une exigence de qualité, sanctionnée rapidement et efficacement. Cela peut se réaliser par l’insertion de clauses stipulant une procédure minutieuse d’acceptation des produits fabriqués et une garantie contractuelle de 2 à 3 ans. Néanmoins, le contrat ne suffit pas et le contrôle sur le terrain devra être réel et méticuleux. L’exemple de Mattel, qui avait confié son contrôle qualité à un tiers, l’a malheureusement montré. La mise en œuvre de la garantie contractuelle pourra permettre une indemnisation si le contrat est bien rédigé et une assurance pourra être utilement souscrite à cette fin. Les choix du droit et de la juridiction applicables sont aussi primordiaux dans la mise en place d’un contrôle contractuel de la qualité. Si le droit applicable et la juridiction choisis permettent au fabricant chinois de ne pouvoir être attaqué qu’en droit chinois devant le tribunal du ressort de son entreprise, il est probable qu’il l’acceptera, sans même lire le contrat. L’application au contrat de la convention de Vienne du 11 mai 1980 sur la vente internationale de marchandises avec, en droit résiduel, le droit français, est recommandée. Cependant, le droit chinois peut utilement être choisi dans certains cas, sous réserve qu’une clause d’arbitrage soit prévue et qu’elle soit rédigée avec une extrême précaution, eu égard aux réserves émises par la Chine quant à l’application de certaines conventions internationales traitant de ce sujet. n

“Le contrat ne suffit pas et le contrôle sur le terrain doit être réel et méticuleux. L’exemple de Mattel, qui avait confié son contrôle qualité à un tiers, l’a montré”

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Nouvelle loi sur la concurrence : un changement radical Par Guillaume Rougier-Brierre, avocat associé, cabinet Gide Loyrette Nouel

La nouvelle loi sur la concurrence scellera un changement fondamental d’environnement qui touchera les groupes locaux autant qu’étrangers.

L

es autorités chinoises ont mis près de 20 ans à élaborer la nouvelle loi sur la concurrence, finalement adoptée le 30 août 2007. Ce texte représente une vraie évolution et, à bien des égards, une révolution. Il s’agit en effet de traduire en droit l’essence même d’une économie de marché. La nouvelle loi reprend d’ailleurs l’essentiel des concepts auxquels les praticiens de la matière sont habitués, notamment en Europe. Ainsi distingue-t-elle deux grands ensembles: d’un côté, le contrôle des comportements sur les marchés et, de l’autre, le contrôle des changements de structure des marchés. La première catégorie regroupe les pratiques concertées et les abus de position dominante. Jusqu’à présent, les entreprises étrangères et chinoises étaient soumises, de la même façon, à des réglementations très variées et, au fond, parcellaires. Désormais, elles suivront un texte synthétique d’application plus large. La seconde catégorie régit le contrôle des changements de structure des marchés, en d’autres termes, le contrôle des concentrations. Jusqu’alors, le contrôle des concentrations résultait des règlements successifs sur les acquisitions de sociétés domestiques par des étrangers et donc ne s’appliquait pas aux opérations purement chinoises. Le contrôle des concentrations sera désormais applicable indistinctement à tous, quelle que soit leur origine. On ne mesure cependant pas encore exactement la taille des opérations qui seront soumises à contrôle, car les seuils de notification et le périmètre exact des parties concernées seront définis dans un règlement d’application, non encore adopté à cette heure. L’entrée en vigueur de la nouvelle loi, le 1er août 2008, scellera cependant un changement fondamental d’environnement, auquel les investisseurs étrangers sont en principe habitués,

mais que peu de groupes locaux ont anticipé. Dans de nombreux secteurs, ils pourraient notamment ressentir l’impact des contrôles de concentration et/ou devenir sujets d’enquêtes sur des ententes illicites. Rien ne permet donc de dire que le nouveau texte signe une défiance particulière à l’endroit des investissements étrangers. Certes, les entreprises étrangères redoutent les conséquences de l’article 31 de la nouvelle loi qui laisse entendre que des concentrations pourraient être rejetées si elles menacent la “sécurité nationale”. Toutefois, là encore, cet article est loin d’être nouveau. Le règlement précité sur les acquisitions par les étrangers en prévoit déjà le principe dans son article 12. Ensuite, la répétition de cet article vise surtout à répondre aux législations étrangères qui ont été récemment opposées aux investissements chinois. Enfin, la loi prévoit même, dans un chapitre V un peu sibyllin applicable uniquement aux entités publiques chinoises, la sanction des abus de puissance publique pouvant restreindre le libre jeu de la concurrence. L’essentiel est de retenir que le droit de la concurrence sera dorénavant un sujet incontournable dans la pratique des affaires en Chine. Depuis quelque temps déjà, les exigences des autorités chinoises s’étaient sophistiquées, excluant par exemple des notifications courtes sous forme de simple lettre de courtoisie. Le droit de la concurrence sera désormais mis en œuvre par des fonctionnaires spécialisés. La politique de concurrence échappera en effet au contrôle du MOFCOM et du BAIC et sera transférée, sous la tutelle du Conseil d’Etat, à une nouvelle autorité dotée d’importants pouvoirs de contrôle et d’enquête, qui pourra se saisir ex officio ou sur plainte écrite de tiers. n

“Le droit de la concurrence sera désormais mis en œuvre par des fonctionnaires spécialisés”

Connexions 29


DOSSIER : Tourisme

A

nous

les

La Chine est en passe de devenir une grande puissance du tourisme : en 2014, elle devrait être la première destination au monde pour les touristes et les Chinois seront les plus nombreux à visiter les sites touristiques de la planète. Chaque année, les déplacements et les recettes générées par ce secteur affichent une hausse de 10% et l’arrivée des classes moyennes a fait naître de nouvelles formes de tourisme, sportif ou culturel, initiées par les jeunes cadres urbains. En Chine, voyager pour ses loisirs est un phénomène récent mais qui a déjà engendré un tourisme de masse et une industrie florissante. Cette soudaine irruption des bataillons de touristes a donc des implications économiques importantes mais aussi des conséquences sur les cultures locales et l’environnement. 30  Connexions

© Imagine China

我 们 的 假 期 万 岁

Les Montagnes Jaunes (Huangshan), classées au patrimoine mo


vacances

! ‡

ondial de l’UNESCO, accueillent 10 millions de visiteurs par an. Connexions 31


Dossier

© Anne Severine Douard

C’est la ruée ! Trois fois par an, ils sont des centaines de millions à prendre le chemin des vacances. Les Chinois profitent avec enthousiasme des « semaines en or » introduites par le gouvernement en 1999, avec l’objectif de relancer la consommation. Ces « congés payés » ont donné un coup de fouet au secteur touristique : le marché représente aujourd’hui 2,5% du PNB et connaît une progression soutenue. Développement d’une offre hôtelière de qualité, diversification des agences, meilleure formation des guides, l’industrie du tourisme se met progressivement au diapason des pratiques internationales, alors que les touristes chinois sont chaque année plus nombreux à se rendre à l’étranger pour leurs vacances, avec des séjours toujours plus sophistiqués.

Une industrie en plein boom

32  Connexions


Tourisme

Révolution touristique chez les Chinois

© Imagine China

En quelques années, la Chine est devenue un grand pays de tourisme, pour les Chinois d’abord mais aussi pour les étrangers. Elle pourrait même, en 2014, détrôner la France en devenant la première destination touristique mondiale.

L’accès à la très populaire réserve naturelle de Jiuzhaigou, dans la province du Sichuan, est désormais limité à 28 000 visiteurs par jour.

U

n petit coin de paradis non pollué à une heure de Pékin. Un vieux couple de fermiers, récoltants de jujubes et de châtaignes, arrondit ses fins de mois depuis cinq ans en ouvrant des chambres d’hôtes aux Pékinois et aux étrangers. Le mari guide ses clients sur les sentiers de son enfance et raconte comment le niveau de la rivière a drastiquement baissé depuis les années 70. La femme mitonne les légumes de son jardin et les champignons des collines. Ce nouvel écotourisme en est encore à ses balbutiements, mais correspond bien aux besoins des nouvelles classes moyennes citadines, qui cherchent à mieux connaître leur immense territoire et à

retrouver leurs racines. Il s’inscrit plus globalement dans une vraie révolution du tourisme. Les Chinois sont maintenant très nombreux à pouvoir circuler et ils en profitent pour sillonner leur mère patrie afin de mieux la connaître. Ils viennent même aujourd’hui s’entasser dans les sites célèbres, au point de menacer l’équilibre écologique et l’authenticité de certains lieux. Quant aux plus aisés, ils partent désormais à l’assaut du monde pour découvrir ce qu’ils ont vu à la télévision et faire de nouvelles expériences. 360 millions de Chinois partent en vacances Les chiffres sont sans appel. La ruée

vers les vacances a commencé. Lors des derniers congés - fête nationale du 1er octobre 2007-, 360 millions de Chinois se sont déplacés pour rejoindre leur famille mais aussi, et surtout, pour profiter de leurs vacances. Déjà, lors des congés du 1er mai 2007, à Hangzhou, haut lieu touristique près de Shanghai, le nombre de touristes avait dépassé pour la première fois celui des habitants (7,6 millions). A la même période, 5 millions de provinciaux avaient débarqué à Pékin alors que 1,87 million de Pékinois se rendaient dans d’autres provinces. Cet essor du tourisme populaire a commencé à partir de 1999, avec l’instauration des « semaines d’or », destinées Connexions 33


à relancer la consommation autant qu’à permettre aux Chinois de se reposer pendant une semaine, trois fois par an. Résultat : le chiffre d’affaires lié au tourisme a fait un grand bond en avant et s’élève en 2007 à 2,5% du PIB1. Selon l’Administration Nationale du Tourisme de Chine (CNTA), à la fin de 2006, la Chine comptait près de 13 000 hôtels étoilés, et près de 17 000 agences de voyages. Et 5,2% de la totalité des employés en Chine travaillaient dans un secteur lié au tourisme. L’explosion des flux est particulièrement sensible pour le tourisme chinois vers l’étranger. Avec un rythme de 10%, la croissance du tourisme chinois « outbound » est la plus élevée du monde. Cette année, 37 millions de Chinois sont sortis du pays dont 1,7 million en Europe (y compris la Russie), alors qu’ils n’étaient que 4,5 millions en 1995. Et les projections prévoient 50 millions de touristes chinois dans le monde en 2010 et 100 millions d’ici 2020. Un marché juteux… Cette révolution touristique a entraîné l’essor d’une industrie locale qui répond d’abord et avant tout aux demandes des touristes chinois mais aussi à celles d’un nombre grandissant d’étrangers qui viennent visiter l’Empire du Milieu, devenue une destination phare. Il est vrai que le pays dispose d’importantes ressources: 750 vestiges culturels protégés par l’Etat dont 23 sites classés par l’UNESCO au patrimoine mondial. Des sites historiques telles que les capitales impériales, la région natale de Confucius, la Grande muraille, mais aussi des sites pittoresques comme Guilin, les Cinq monts sacrés, les rives du Yangtse ou les grands steppes de la Mongolie Intérieure ou du Xinjiang….Sa culture différente, en pleine métamorphose, suscite une grande curiosité de la part des occidentaux, alors que la Chine apparaît comme une destination relativement sûre. Résultat : alors qu’ils étaient moins de 300 000 à se rendre en Chine en 1978, le nombre de visi34  Connexions

© Imagine China

Dossier

Chaque année, 7 millions de touristes prennent d’assaut la Grande Muraille près de Pékin.

teurs étrangers est passé à 22 millions en 2006, dont la moitié de touristes, sans compter les visiteurs venus de Hong Kong, Macao, ou Taiwan. Cette croissance est si rapide que l’Organisation Mondiale du Tourisme, a révisé à la hausse ses prévisions, estimant que la Chine pourrait dépasser la France à la tête des destinations touristiques mondiales, non pas en 2020 comme prévu, mais dès 2014 ; les JO de Pékin en 2008 et l’Exposition Universelle à

«Théoriquement,  le marché des agences de voyage est ouvert depuis juillet 2007 et les opérateurs étrangers devraient recevoir le même traitement que les entreprises chinoises » Shanghai en 2010 jouant le rôle d’accélérateurs de croissance. L’ouverture, enfin ! Ce marché juteux a surtout, jusqu’à maintenant, profité aux agences chinoises. Mais les choses pourraient changer puisque la Chine a pris l’engagement, avec son adhésion à l’OMC en 2001, d’ouvrir totalement son marché dès 2007. C’est donc théoriquement chose faite depuis le mois de juillet. Les agences de tourisme étrangères ont obtenu le droit à un traitement identique à celui des agences chinoises et sont autorisées à installer leur filiale en Chine, avec un seuil de capi-

tal social abaissé de 250 000 à 150 000 RMB, explique-t-on à Maison de la France2. Mais il faut encore attendre les résultats pratiques, derrière l’effet d’annonce, notamment pour les agences de taille moyenne qui, pour l’instant, passent encore systématiquement par des intermédiaires locaux. Par ailleurs, la Chine doit affronter des problèmes de dégradation rapide de son patrimoine. L’accélération mal contrôlée du tourisme a un fort impact sur la dégradation de l’environnement naturel, mais aussi sur le cadre culturel. Dans certaines villes comme Lijian, dans le Yunnan, les boutiques ont remplacé les habitations, une par une, au détriment de l’authenticité du site. Cette commercialisation des grands sites s’accompagne trop souvent d’une stratégie de développement à court terme qui ne tient pas compte de la nécessité de préserver les sites. La Chine manque encore d’infrastructures de qualité, même si elle met les bouchées doubles dans les métropoles pour rattraper son retard. Elle souffre surtout d’un manque de respect de l’environnement naturel ou culturel. Papiers gras en pleine nature, graffitis sur les monuments, parkings envahissants ou hôtels sans grâce qui défigurent les sites naturels, les dégradations sont rapides et de tous ordres. Une véritable course de vitesse s’est engagée entre ceux qui veulent initier un développement touristique durable et ceux qui visent la rentabilité à court terme. n Anne Garrigue

1 2

selon le Conseil mondial du tourisme et du voyage Source Maison de la France


Tourisme

中国旅游业的革命 短短几年之内,不论在中国人眼里还是外国人眼中,中国已变成了一个 旅游大国。到2014年,她甚至有可能把法国从世界第一旅游目的地的 宝座上挤下来。

国共有一万三千家星级酒

未受污染的小角落,有一

店以及一万七千家旅行社。

对靠采摘枣子和栗子为

5.2%的中国员工就职于和

生的老农夫妇,自五年来他们因开设接待

旅游业相关的领域。旅游大

北京人和外国人的旅馆,月收入增加了不

潮的膨胀在出境游中尤其明

少。丈夫会带着客人来到他从小嬉耍过的

显。每年增长10%,是全世

林间小道,诉说河水水位怎样从70年代起

界最快的。今年,三千七百

急剧降低。女人则善于烹调院子里的蔬菜

万中国人出过国,其中一千

和山丘上的蘑菇。这种新型生态旅游虽然

七百万到欧洲(包括俄罗斯),而1995年

终于开放了!

刚刚起步,但是非常符合城市新中产阶级

这个数字只有四百五十万。预计中国出境

目前为止,尝到这个蕴藏巨大利润的市场

的需要,他们希望更好地了解自己生长的

游客在2010年将达到五千万,到2020年

甜头的还只有中国的旅行社。但是,根据

土地,找回自己的根。更全面地来说,这

会达到一亿。

2001年中国进入世贸组织的协议,必须在

© Imagine China

北京仅一小时距离的一个

2007年完全开放市场,情况或许会有转

种旅游方式属于一场真正的旅游业革命。 越来越多的中国人有能力出行,于是他们

充满利润的市场

机。理论上从今年7月起就已经开始执行

借此机会在祖国大地上踏出自己的足迹以

这次旅游业革命首先带来了当地旅游工业

了,外国旅行社已经获得与中国旅行社同

便更好地了解她。即便在今天,他们也会

的迅速发展,他们主要为中国游客提供

等的待遇,并且被允许在华开设子公司,

蜂拥到知名景点,此举即将威胁到生态平

服务,但也面向为数越来越多的来华外国

其注册资本也从二十五万人民币下降到了

衡和某些景点的原貌。而稍富裕些的人则

游客,中国已经成了一个不可不去的目的

十五万人民币,法国旅游局解释说。但是

选择接近自然,找寻在电视上看到过的事

地。确实,中国拥有着许多重要的旅游资

还要等待宣传效应过后的实际应用结果,

物,探求新鲜的经历。

源,750个国家保护文化遗址,其中23个

尤其是那些中型旅行社,目前为止还需要

被联合国教科文组织列为世界文化遗产。

通过中间人操作。另外,中国必须迎击遗

三亿六千万中国人外出度假

皇家古都,孔子的故乡,长城,风景如画的

产毁坏迅速的问题。快速增长却没有得到

数字说明一切。度假之路已经铺好。在

桂林,五座圣山,长江两岸,内蒙和新疆

有效控制的旅游业对自然环境和人文环

上一个带薪假期即2007年十一国庆节期

的大草原……中国文化多样,变化多端,对

境的破坏是巨大的。在某些像云南丽江这

间,三亿六千万中国人返回自己的家乡或

外国游客的好奇心有极大的吸引力,而且

样的城市,商店代替了居民楼,一家挨着

者更多的是去享受假期。早在2007年的

中国是一个相对安全的目的地。结果是:

一家,极大损害了景点的原貌。这种大景

五一长假期间,上海附近的旅游胜地杭

1978年还只有三十万外国人来中国,在

点商业化模式的背后经常是不注重景点保

州就达到了史上第一次游客数量多于居

2006年,该数目增加到了两千两百万人,

护的短期发展路线。而且中国还缺少高质

民数(七百六十万)。第一个阶段,四百万

其中一半是游客,不包括香港、澳门或台

量的基础建筑设施,尽管那些大城市在

外地人来到北京,而北京人只有一百八十

湾人士。根据这样迅猛的增长,世界旅游

加紧弥补差距。中国最大的痛苦还是人们

七万去外地。大众旅游迅猛发展的开端

组织重新预测中国在2014年就有可能超

对自然和人文环境尊重的不足。随处扔在

是2000年,政府为了重新推动消费,让人

过世界第一旅游目的地法国,比预期的

自然界里的油纸、建筑上的乱涂乱画、杂

们得到休息时间,设置了一年三次的黄金

2020年还要提前了。北京2008年奥运会

乱的停车场、毫不留情扭曲自然景点的酒

周,结果是:与旅游业相关产业的营业额

和上海2010年世博会的举办将进一步推

店,破坏不仅迅速而且来源众多。一场支

迅速上扬,于2007年高占国内经济总值的

动其增长。

持旅游可持续发展和只谋求短期利润的

2.5%。据国家旅游局统计,2006年末,中

拉力赛已经展开。n Connexions 35


Dossier

Top Travel « Les Chinois veulent apprendre pendant leur voyage » Avec la création cet été du magazine Top Travel, un mensuel entièrement consacré aux voyages, le groupe de presse LifeStyle veut surfer sur la nouvelle mode du tourisme international qui a gagné la classe moyenne chinoise. Entretien avec la rédactrice en chef, Wang Jianmei. Connexions : Pourquoi avoir décidé de créer un mensuel sur le tourisme ? Wang Jianmei : Le groupe LifeStyle, qui possède déjà trois magazines, avait ce projet depuis le printemps de l’an dernier. Nous avons constaté que les Chinois voyageaient de plus en plus pour des motifs non professionnels. C’est un phénomène qui accompagne le développement de l’économie et la hausse du niveau de vie. Notre mensuel s’adresse donc à un lectorat urbain, âgé entre 25 et 45 ans et qui possède un fort pouvoir d’achat. C’est pourquoi Top Travel est vendu uniquement dans cinq grandes villes de Chine, et dans les aéroports, ce qui représente déjà un gros potentiel, d’ailleurs notre tirage est de 300 000 exemplaires… C. : Et vous avez choisi de présenter uniquement des séjours à l’étranger, pourquoi ? W.J. : La plupart des magazines sur le tourisme ne s’intéressent aujourd’hui qu’au tourisme en Chine. De plus, jusqu’à une époque récente, les publications qui présentaient des destinations à l’étranger donnaient des informations très vagues, pour donner au lecteur une impression générale du pays, mais rien de concret et d’utile pour 36  Connexions

les voyageurs. Il faut dire que, il y a peu de temps encore, les voyages à l’étranger étaient un luxe. Aujourd’hui, c’est devenu une possibilité réelle pour beaucoup de Chinois. Et comme c’est un phénomène nouveau, ils ont besoin de conseils et d’information pour les guider. C’est pourquoi nous proposons des renseignements pratiques, des adresses d’hôtel par exemple, et des conseils pour préparer leur

voyage… et puis, nous avons choisi de parler des pays étrangers car c’est un marché qui se développe encore plus rapidement que le tourisme intérieur : les départs vers des pays étrangers ont augmenté de 10% chaque année entre 2003 et 2006… C. : Avec ses informations pratiques et ses reportages culturels, Top Travel semble s’adresser principale-


Tourisme ment aux voyageurs individuels, pourtant la majorité des touristes chinois partent avec des groupes organisés et ne décident pas de leur programme… W.J. : Nous ne voulons pas seulement toucher les individuels mais aussi les groupes. D’ailleurs, si beaucoup de Chinois partent en groupe c’est pour des raisons pratiques, car c’est souvent très difficile, voire impossible, d’obtenir un visa pour les voyageurs individuels. Aussi nous espérons que tous les voyageurs utiliseront nos informations. Nous voulons que les touristes préparent mieux leurs déplacements à l’étranger, qu’il se renseignent avant de partir sur le pays qu’ils vont visiter. Et cela correspond à une tendance générale. Avant, c’est vrai, les touristes chinois visitaient parfois 11 pays d’Europe en 10 jours. On a même une expression en chinois pour ce type de tourisme : « dans le bus, on dort, quand on descend, c’est pour prendre des photos ». Les groupes suivent le guide et prennent des photos, parfois sans savoir ce qui est photographié ! Aujourd’hui, ce n’est plus comme ça. Les gens veulent prendre leur temps et veulent apprendre pendant leur voyage. Un responsable d’agence de voyage me disait que depuis l’an dernier, il vendait surtout des séjours pour visiter deux ou trois pays, pas davantage. C. : Les touristes chinois sont donc devenus plus exigeants ? W.J. : Oui, c’est certain, nous assistons à de grands changements. Et notre magazine répond à cette évolution. Il n’est plus question de faire un reportage pour présenter la France en général par exemple, nous devons chercher des endroits hors des sentiers battus dans le sud du pays par exemple. Nous avons publié aussi un dossier sur les vendeurs de disques de jazz à Paris ou encore un guide pratique des musées de la capitale française, réalisé à partir de l’expérience d’une famille chinoise. Aujourd’hui, il faut se distinguer, être

plus précis et spécialisé pour intéresser les nouveaux touristes chinois... C. : La délivrance des visas peut avoir une influence sur le choix des destinations ? W.J. : Oui, c’est clair. Il ne faut pas négliger cet aspect pour comprendre les habitudes touristiques des Chinois. Un occidental peut choisir sa destination longtemps à l’avance sans avoir de surprise. Pour un Chinois, avec le visa, il y a un délai d’attente et d’incertitude qui peut durer parfois plusieurs mois. C’est donc plus compliqué. Depuis

deux ans, on constate un engouement pour l’île de Bali, c’est parce que le visa est devenu plus facile à obtenir. Même chose pour la Thaïlande. Le prochain numéro de notre magazine sera consacré au Maroc car c’est devenu une destination « autorisée » pour les Chinois. En revanche, vous ne verrez jamais un article sur les Etats-Unis, c’est encore trop difficile d’obtenir un visa de tourisme, la plupart des voyageurs qui vont en Amérique, aujourd’hui, sont des hommes d’affaires. n Propos recueillis par Mathieu Baratier

《世界》杂志访谈

中国人在旅途中学习 随着全新旅游月刊《世界》的创办, 《精品购 物指南》报社集团瞄准中国中产阶级,期冀在 国际旅游业的新浪潮中弄舟。本刊专访了《世 界》执行主编王建梅女士。 联 结:为什么决定创办一本完全 专注

应该说《世界》诞生恰逢中国人出境旅游

于旅游的月刊呢?

大潮涌现。植根于这种背景,我们把定位

王建梅:精品购物指南集团已拥有三本杂

锁定在出境旅游市场。我们会提供一些

志,这次创办旅游月刊也早在去年春天就

实用信息,比如说酒店地址,以及一些建

开始计划了。我们观察到越来越多的中国

议来帮助他们准备旅行…另外,定位于境

人开始自己去旅游,而非公派,这是中国

外国家也是因为出境旅游市场比国内旅

经济发展和人民生活水平提高的必然现

游市场发展更加迅速:出境游的比率从

象。 《世界》的定位为30岁至45岁之间拥

2003至2006年每年增长10%…

有较强消费能力的城市读者群,因此我们 的杂志只在全国几大城市及机场有售,并

联结: 《世界》最大的不同是避免了空

在全国多个城市的高端休闲场所直投。

洞的介绍,而注重提供更有贴近性的

联结:为什么你们的杂志只报 道出境

实用内容,但 大多数中国游 客 是 跟团

旅游?

出游,并不自己设定路线……

王建梅:以前,出境旅游还是一种奢侈。

王建梅:是这样的。 《世界》杂志最核心

而现在对于许多中国人而言都是可能的。

的价值是倡导高品质的旅游方式。追求更 Connexions 37


Dossier 高品质的旅行是旅游业的大趋势. 过去, 中国游客喜欢10天游欧洲11国, “上车睡 觉, 下车拍照”。现在的情况已经不是这样 了。人们更希望慢慢来,在旅行中体验更 多东西。有一个旅行社经理告诉我说从去 年开始,他们出售的主要是两至三个国家 的路线,没有再多的。伴随这种转型,旅 行者对旅游杂志的需求也相应发生着变 化。 联结:也就是说中国游 客的要求越 来 越高了? 王建梅:对,这是肯定的,我们见证着巨 大的变化。因此我们不再只通过一个简单 的游记来介绍法国,而是通过多种角度报 道最鲜活的内容,例如法国南部。我们曾 经出版过法国巴黎博物馆的实用宝典。今 天,要做的就是以更细致、更专业的笔触 去吸引新的中国游客。n

王建梅女士

38  Connexions



Dossier

Des vacances à flux tendu Trois fois par an, la Chine entre en ébullition. Depuis 1999, les Chinois découvrent les joies des congés payés. Tous ensemble, au même moment, ils prennent des vacances, pour le meilleur et pour le pire. personnes sur les routes lors de la Fête Nationale cette année, une affluence à la fois source d’insécurité et de dommages environnementaux. Les « golden weeks » sont devenues un cauchemar logistique aussi bien pour les usagers que pour les professionnels du tourisme. Les sites, les hôtels et les restaurants sont littéralement pris d’assaut et les prix flambent. Cinq millions de touristes se sont rendus à Pékin cette année pendant la « golden week » du 1er mai et 146 tonnes de déchets ont été ramassées autour de la Cité interdite à cette période, rapporte l’agence officielle Xinhua. Véritable défi pour les infrastructures et les services, les vacances sont aussi parfois un casse-tête économique pour des entreprises qui se voient contraintes de fermer leur porte faute d’employés. Les congés «made in China» sont synonymes de pics

de consommation et les recettes ne cessent d’augmenter. Selon Xinhua, le volume de la vente au détail lors de la Fête Nationale a enregistré cette année une hausse de 16% par rapport à 2006, « frôlant 350 milliards de RMB   » (35 milliards d’euros). Le succès des vacances et la croissance régulière du tourisme intérieur semblent pourtant rendre inévitables un réaménagement et un assouplissement du système actuel. Un projet de loi, présenté par le Conseil des affaires d’Etat le 5 novembre dernier, prévoit d’aménager ces vacances pour les étaler et les adapter à l’ancienneté des salariés. Les semaines en or seraient alors menacées, au détriment des travailleurs migrants qui profitent de ces congés fixes pour rentrer au pays natal. Les débats vont bon train dans la presse et sur le Net pour s’interroger sur les conséquences d’une telle remise en cause. n Sophie Lavergne

La saturation des sites touristiques et des moyens de transport a provoqué un débat sur la réforme des « semaines en or ».

40  Connexions

© Imagine China

A

la fin des années 1990, en pleine crise financière asiatique, le gouvernement chinois a décidé d’instaurer une semaine de vacances pour relancer l’économie par la consommation. Le cinquantenaire du régime communiste fut l’occasion choisie pour la première « semaine d’or  », le 1er octobre 1999, jour de la Fête Nationale. Une deuxième semaine fut octroyée en 2000, pour le Nouvel An Chinois et une troisième, en 2001, pour le 1er mai. La plupart des Chinois disposent donc d’une vingtaine de jours de congés par an (presque deux fois plus qu’aux Etats-Unis), mais à date fixe. Dès lors, le pays entre en surchauffe. Des centaines de millions de personnes se pressent dans les trains ou les avions, le Nouvel An constituant le point culminant des déplacements. L’Office du tourisme chinois a annoncé un chiffre record de 360 millions de


Tourisme

Les Tour-opérateurs, service sous haute protection Les agences de voyages chinoises rivalisent d’inventivité pour satisfaire une demande de plus en plus nombreuse, exigeante et variée.

L

(ADS), c’est-à-dire des pays signataires d’une convention avec les autorités chinoises : accords avec des consulats pour l’obtention des visas et partenariat avec des agences étrangères. Les « agences ADS » sont limitées en nombre, mais en forte croissance, elles ont été multipliées par 10 en six ans. Elles représentent aujourd’hui un marché en expansion à la fois sur le territoire national (672 d’entre elles ont ainsi été accréditées ADS en 2006) et pour les pays accueillants où 400 agences ont été agréées la même année. Un chiffre qui devrait croître tant le tourisme

© Anne Severine Douard

a conversion du secteur touristique à l’économie de marché en 1997 a sonné le glas du monopole détenu jusque là par trois agences d’état : la China International Travel Service, la China Travel Service et la China Youth Travel Service. Leur nombre est passé à 6 222 en 1998, à 16 846 en 2006, étendant ainsi leurs prestations et améliorant la qualité de leurs services. Ces agences sont aujourd’hui contrôlées par la China National Travel Administration (CNTA) qui les accrédite et leur accorde un label « national   » ou « international ». Les agences

Le nombre d’agences de voyage accréditées pour le tourisme international a explosé.

nationales s’occupent du tourisme intérieur, les « internationales » étant elles autorisées à organiser à la fois l’accueil des touristes étrangers ainsi que le déplacement des Chinois, hors de leurs frontières. Organiser des voyages hors de Chine pour les Chinois est toujours soumis à un régime particulier. Le voyage doit s’effectuer obligatoirement en groupe (5 personnes minimum) et uniquement vers des « destinations touristiques autorisées »

à l’étranger est devenu un « must » pour les Chinois a i s é s . « N o u s avons assisté à une augmentation de 10 à 15% du tourisme en partance pour l’étran-

ger  », selon le très officiel Quotidien du Peuple. Ce système d’accréditations est aussi une porte ouverte à des arrangements entre agences, celles dépourvues d’accréditation versant des commissions aux accréditées pour l’obtention de visas. Même si la China International Travel Service, la China Travel Service et la China Youth Travel service demeurent les principales agences chinoises accréditées pour les voyages à l’étranger, les agences

en ligne comme eLong ou Ctrip ont fait une entrée fracassante sur le marché. On parle même d’un véritable « boom ». Ctrip.com qui gère essentiellement des réservations de billets d’avion et de chambres d’hôtel a vu son chiffre d’affaires en hausse de 49% en 2006 et prévoit une croissance de 30% pour 2007. L’essor du tourisme chinois et l’ouverture sans restriction

Trois agences contrôlaient le marché en 1997, elles sont aujourd’hui 16 846 à opérer comme voyagiste en Chine, la plupart sur le marché des séjours intérieurs du marché du tourisme aux entreprises étrangères en vigueur depuis mi-2007 attirent de nombreux investisseurs internationaux. En fait, le marché chinois est ouvert depuis 2003 aux entreprises à capitaux étrangers. JALPAK, l’un des plus importants voyagistes japonais, a ainsi été la première à obtenir la permission de s’implanter en Chine. Mais cette ouverture prématurée au regard du calendrier fixé par l’OMC s’est assortie d’une série de dispositions (exigence sur le capital et le chiffre d’affaire annuel) freinant l’implantation des agences étrangères de taille moyenne. Aujourd’hui, seules 24 agences de voyage étrangères sont présentes sur le territoire chinois. Dans les faits, beaucoup d’acteurs étrangers du secteur sont installés en Chine sous forme de société de conseil, dans l’espoir de se faire un jour une place au soleil du tourisme chinois. n Sophie Lavergne Connexions 41


Dossier

Un marché hôtelier en pleine ébullition Alimenté par l’ouverture internationale et la croissance économique interne, le marché de l’hôtellerie en Chine connaît une phase d’expansion sans précédent et attire des investissements étrangers.

42  Connexions

deux étoiles en cours de c o n s t r u ction car les établissements chinois du segment sont de piètre  qualité et le service n’est pas la hauteur des attentes des étrangers » explique Thomas Oudart, direc teur commercial Le nouvel hôtel Sofitel Wanda de Pékin, ouvert en août 2007 du futur Novotel Beijing West. Pour le tré un par un les différents bureaux groupe, l’important est de bien cibler délivrant les licences nécessaires, la localisation pour répondre aux at- avec parfois des drôles de surprises : tentes sur le long terme sans se laisser « Les critères sont parfois assez étranemporter par des évènements ponc- ges, remarque le jeune entrepreneur, tuels comme les JO. « Pour réussir en comme cette nécessité de posséder Chine, il faut savoir tisser des relations un abris anti-attaques aériennes ! On durables avec les administrations et se rend compte qu’en travaillant nos apprendre à donner de la face aux relations, ce genre d’obstacle peuvent clients importants, par exemple en être levés, mais ça prend du temps… » prenant toujours soin de faire partici- Au final, la rentabilité du projet semble per un Occidental à la première ren- certaine mais les Français redoutent contre » précise le manager. Même un barrage administratif de dernière son de cloche pour une aventure minute mettant fin à leur rêve. Le marchinoise assez différente, avec Pierre- ché chinois de l’hôtellerie s’avère donc Marie David et ses deux partenaires un secteur prospère à long terme, mais dont le but est d’ouvrir une gues- où il faut savoir se montrer patient et thouse haut de gamme dans une cour habile, surtout lorsqu’on ne possède carrée de la capitale. Avec l’aide d’un pas le soutien de grands groupes inPékinois habitué aux rouages admi- ternationaux. n nistratifs, les trois Bretons ont renconNicolas Sridi

© Sofitel Wanda

A

vec un taux de croissance annuel de près de 20% par an depuis 2001, le nombre d’hôtels étoilés en Chine a atteint les 13 000 fin 2006. Plus de 50% du parc est actuellement constitué d’établissements deux étoiles alors que le très haut de gamme ne représente que 2% du marché. Cette forte croissance devrait se poursuivre puisque, selon la CNTA, le pays devrait enregistrer un minimum de 2,47 milliards de nuits d’hôtels en 2010 dont 68,8 millions pour les touristes étrangers et 1,78 milliards pour les Chinois. A un niveau plus local, le marché pékinois est dopé par l’imminence des Jeux Olympiques qui a entraîné une refonte totale des infrastructures touristiques et particulièrement des hôtels. Disposant actuellement de 700 hôtels étoilés, la capitale en accueillera 22 de plus d’ici le début 2008 et de gros efforts sont faits pour améliorer les établissements et, en particulier, la qualité de leurs services. A Shanghai, c’est l’activité économique et la perspective de l’exposition universelle de 2010 qui alimente la croissance du secteur, en particulier au niveau des hôtels de luxe - 4 et 5 étoiles- le nombre de chambres devrait doubler pendant les trois prochaines années. Si la croissance du marché hôtelier chinois fait rêver les investisseurs étrangers, il faut néanmoins faire attention. Un grand groupe comme Accor, déjà bien présent avec 55 hôtels en Chine, n’hésite pas à restructurer en Europe pour pouvoir investir massivement dans le pays. « Nous misons fortement sur les hôtels « entrée de gamme » avec 40 Ibis


Tourisme

Guide touristique, un travail précaire et mal payé L’abondance de la main d’oeuvre contribue à créer une situation précaire pour des guides dont le niveau de formation reste très inégal.

Ê

© Anne Severine Douard

tre guide touristique en Chine grande agence de voyage publique de est loin d’être une sinécure. Les Chine, le nombre de guides est passé centaines de milliers de guides de 150 à 600 en quelques années. du pays doivent effectuer une forma- Comme dans tous les secteurs, l’abontion difficile, affronter une concurren- dance en ressources humaines contrice accrue et des conditions de travail bue à créer une situation précaire pour précaires. Pour accéder à les jeunes guides tourisla profession, le Ministère tiques qui se répercute du Tourisme a créé depuis aussi sur leurs revenus. plusieurs années un exaUn guide chinois est men, passage obligé pour en fait rarement payé décrocher le certificat ofdirectement par les ficiel de « guide touristiagences de voyage qui que ». Les modalités d’acestiment que les comcès à l’examen ne sont pas missions des boutiques toujours les mêmes. Les et les pourboires des candidats voulant devenir clients sont suffisants. guide pour les touristes Les quelques agences chinois, n’ont besoin que qui proposent un fordu baccalauréat alors que fait journalier n’offrent ceux qui veulent travailler jamais plus de 50 RMB avec les étrangers doivent par jour. La situation posséder une maîtrise et des guides parlant une un bon niveau de langues. langue étrangère peut Ces derniers ne représenêtre différente car c’est tent cependant que 10% la loi du marché qui de l’ensemble des guides s’applique. Si on mantravaillant en q u e  d e Chine. A Pé- Sur 30 000 guides en activité à personnel kin, sur les 30 Pékin, 150 sont francophones parlant 000 guides en une langue activité, seuls 150 sont francophones. très demandée, les tarifs augmentent. Les professionnels du marché national C’est le cas pour les guides connaissont pour la plupart des jeunes en at- sant l’italien et l’espagnol, pour lestente de décrocher un meilleur poste quels les agences sont prêtes à payer ailleurs. Ils travaillent en freelance, en jusqu’à 800 RMB par jour alors que un lien avec des agences de voyage pu- bon guide français coûte entre 300 et bliques ou privées, et ne reçoivent 600 RMB par jour grâce à l’abondance presque jamais de salaire mensuel. d’adeptes en Chine de la langue de Seuls 30% d’entre eux ont un vérita- Molière. n ble statut d’employés. Au CITS, la plus Antonia Ciminii

Portrait Monsieur Zhang, guide francophone Guide touristique depuis plus de vingt ans, M. Zhang a choisi cette profession par passion. A l’époque de ses débuts ni examens ni stage de formation ne venait réglementer l’accès au statut de guide. « En 1986, le tourisme en Chine venait de commencer, l’Etat manquait de guides parlant des langues étrangères, nous étions donc très recherchés, se souviens le guide moi même je n’ai pas eu vraiment le temps de me former. Après avoir servi comme assistant trois ou quatre fois, j’ai tout de suite été envoyé sur le terrain ». Depuis M. Zhang n’a pas arrêté d’accompagner des touristes français de toute sorte, qu’il décrit comme des gens passionnés et très intéressés par la Chine. Il arrive souvent que ses clients lui posent des questions inattendues ou veuillent visiter des lieux hors des sentiers battus. « Avant les Français venaient pour de long séjour de plus que 20 jours. Maintenant la durée de leurs vacances est plus courte, à peu prés 15 jours, mais la saison est pour nous plus longue parce qu’ils reviennent plusieurs fois et à des moments différents de l’année ». Pour M.Zhang, ce travail est particulièrement dynamique et enrichissant et il se réjouit de l’avoir préféré au poste en entreprise que l’Etat lui avait offert à sa sortie de l’université. n Connexions 43


Dossier

L’afflux de touristes est une opportunité de croissance, surtout pour les régions excentrées. Mais des effets pervers apparaissent déjà : marginalisation des populations locales, sites historiques défigurés ou encore d’équilibres écologiques menacés. Avec un développement ultra rapide et sans garde fou, le tourisme conduit parfois à la « folklorisation » des cultures minoritaires, comme en témoigne l’exemple de Lijiang. Des voyagistes tentent d’inverser la tendance en développant un tourisme de qualité, créatif et respectueux des cultures et de l’environnement.

44  Connexions

© Anne Severine Douard

Le tourisme et ses conséquences


Tourisme

Lijiang

© Anne Severine Douard

Le folklore à l’âge industriel

En quelques années, Lijiang, au coeur du Yunnan, est devenu une destination touristique phare.

P

remière semaine d’octobre à Lijiang, dans la province du Yunnan : les cars déversent des flots de touristes -près de 30 000 par jourles serveurs des restaurants sortent des placards leurs costumes chamarrés des minorités ethniques, les machines à laver des hôtels fonctionnent à plein. C’est le coup d’envoi d’une semaine de folie, une « semaine en or » pour le tourisme de Lijiang. Alors que cette petite ville de 300 000 habitants ne comptait que deux hôtels à la fin des années 1980, elle en possède aujourd’hui près d’une centaine, sans compter les chambres d’hôtes. Lijiang possède aussi désormais son hôtel 5 étoiles, tourisme de masse oblige. De 200 000 visiteurs par an en 1994, Lijiang est passée à 4,8 millions en 2006. A croire que tous les Chinois convergent vers le même lieu de villégiature, attirés par les images diffusées par la télévision et les représentations fantasmagoriques d’une minorité au folklore encore vivace, aux coutumes

millénaires restées inchangées. A 2400 mètres d’altitude, au pied d’une montagne, la vieille ville ressemble à un village. Les voitures y sont d’ailleurs interdites et on n’y trouve ni commerce alimentaire ni supermarché. Traversée par un dédale de canaux et de ruelles tortueuses bordées de basses maisons traditionnelles, en bois rouge sombre et aux toits de tuile, elle n’offre pas la moindre trace de béton : Lijiang est

La plupart des commerçants de la vieille ville ne sont pas des Naxi, qui préfèrent habiter la ville nouvelle, mais des Hans, venus le temps de la saison touristique dédiée toute entière au tourisme. Un Disneyland chinois, diront les critiques, agacés par la concentration de boutiques de souvenirs, qui ont investi le rez-de-chaussée des maisons traditionnelles. Echarpes, bibelots en jade, articles de cuir, thé… il y a beaucoup

de choses à acheter à Lijiang, et presque tout est estampillé « naxi ». Car Lijiang est avant tout le berceau des Naxis. Cette minorité, d’origine tibétaine, a notamment la particularité de posséder sa propre écriture, considérée comme la seule écriture hiéroglyphique encore en usage en Chine. Elle a aussi ses rituels religieux, ses costumes, et sa musique. Aujourd’hui, 70% des Naxi vivent encore à Lijiang, la plupart dans la nouvelle ville. Un musée consacré à la religion et aux peintures dongba –les chamans naxi- leur est consacré, de même qu’un institut de recherches sur la culture dongba. Patrimoine de l’humanité Lijiang n’est donc pas seulement un paradis pour touristes. Au détour des rues de la vieille ville, on croise les femmes naxi, à casquette et en blouse bleue, pipe à la bouche et panier sur le dos. L’architecture des maisons est aussi parfaitement préservée, ce qui a valu à Lijiang d’être inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, en 1997, un an après avoir été frappée par un tremblement de terre. C’est d’ailleurs le séisme ravageur de 1996 (300 morts et 16 000 blessés) qui a placé pour la première fois Lijiang sous le feu des projecteurs. Voyant que les bâtiments anciens avaient bien résisté aux secousses, le gouvernement local a dépensé des millions de yuans pour reconstruire les parties anciennes, en respectant l’architecture et les matériaux traditionnels. Le comité pour la conservation et la gestion du patrimoine de Lijiang est le premier organisme municipal de conservation à avoir été créé en Chine, ce qui fait de la ville une sorte de laboratoire chinois de gestion du patrimoine. « L’authenticité du site (de Connexions 45


Dossier

Rancoeur de la population locale Pourtant, le tourisme de masse a ses effets pervers. S’il a indéniablement permis aux Naxi de s’enrichir, beaucoup tirant profit de la location de leurs maisons traditionnelles, tout le monde n’a pas profité de cette croissance. « La mentalité des gens a changé, souligne Laure, guide touristique à Lijiang. Les gens n’ont plus la même sincérité qu’il y a dix ans. Ils développent une certaine rancœur à l’égard des Chinois qui ne sont pas de la région, surtout des Hans, à qui ils reprochent de vouloir faire du profit à court terme sans se préoccuper de la ville. » D’où certains coups bas, explique t-elle, comme faire payer à des locataires hans de l’eau purifiée qui ne l’est pas… Dans son article sur Lijiang, l’anthropologue américain Charles McKhann écrit : « L’envie pure et simple constitue vraisemblablement une cause importante de la xénophobie des Lijiangais ». Il faut dire que la plupart des commerçants de la vieille ville ne sont pas des Naxi, qui préfèrent habiter la ville nouvelle, mais des Hans, venus le temps de la saison touristique. Selon Charles McKhann, la plupart des propriétaires des banques, hôtels et restaurants sont aussi venus d’autres régions. Pour lui, l’argent du tourisme ne profite pas à la communauté rurale de Lijiang, restée pauvre. En 1997, 20% des familles d’agriculteurs de la région vivaient encore avec moins de 500 yuans par mois (50 euros). Il faut dire que le tourisme de masse, qui vise une rentabilité maximum en un minimum de temps, reste circonscrit à quelques sites à fort rendement –tels le téléphérique du mont du Dragon de jade- les touristes ayant peu l’occasion de s’aventurer dans les villages locaux, sauf à Shuhe. n Philippe Charles

46  Connexions

Shuhe, la « naxi-tude » mise en scène

© Anne Severine Douard

la vieille ville) et de son aspect n’est pas mise en doute », affirme le Conseil international des monuments et des sites dans son rapport de juillet 1996.

A quatre kilomètres au nord de Lijiang se trouve un village « traditionnel » naxi : Shuhe. Seul ennui, une partie a été entièrement reconstituée pour les besoins de l’industrie touristique. Comme par hasard, c’est par cet endroit qu’on pénètre le lieu, et le droit d’entrée s’élève à 20 RMB. Un parking bondé de cars de touristes annonce la couleur. Les ruelles offrent d’abord une débauche de commerces et de res-

taurants, sans doute pour attirer le touriste chinois, qui, selon la guide, « préfère le folklore aux villages », autrement dit le folklore sympathique. Près d’un canal, un Occidental joue de la guitare, un autre jongle, tandis qu’un homme tend un micro de karaoké aux touristes. Comme à Lijiang, pas de linge aux fenêtres, pas de boucherie ni de marchands de légumes, pas de banque non plus. Une centaine de Chinois font la queue pour assister à un concert de musique « naxi », mais les sons qui sortent de l’esplanade sont de l’électro. Le ticket d’entrée se vend 160 RMB (16 euros). Ce n’est qu’après avoir marché une quinzaine de minutes que l’on arrive enfin dans la partie plus authentique. Là, les fenêtres ne sont pas systématiquement ornées de fleurs, mais des images des dieux protecteurs du foyer sont collées sur les portes. Les femmes naxi en costume traditionnel reviennent des champs. P.C.


Tourisme

丽江

© Anne Severine Douard

工业时代的传说

月的 第一周 ,云南省丽

汇集到了这同一个度假地。古老的城市位

有自己的宗教仪式、自己的服装和音乐。

江:旅游大巴倾倒出大批

于海拔2400米处的一个山脚下,看上去

70%的纳西人现在仍生活在丽江,大多数

大批的游客 ― 每天近

像个村庄。汽车在这里是被禁止的,人们

人住在新城里面。城里还有一个东巴

30000人 ― 餐馆服务员从壁橱里拿出他

既看不到食品店,也看不到超市。迷宫一

纳西的萨满 )宗教和绘画博物馆,以及一

们的少数民族服饰,酒店里的洗衣机在全

样的水道和迂回曲折小路穿梭其中,水道

个东巴文化研究所。

速运转。这是客流猛增的一周,是丽江的

和小路两边是暗红色的传统瓦房,没有呈

因此丽江并不只是一个旅游的天堂。在老

旅游“黄金周”。

现出丝毫水泥的痕迹:丽江被完全献给

城的街角处人们会遇到纳西妇女,她们戴

而这座拥有300 000人口的小城在上世纪

了游客。 “一个中国的迪斯尼乐园.”批评

着头饰,穿着蓝衫,嘴里衔着烟袋,背上背

80年代末还只有两家酒店,今天已经有

者也许会这样说,因为那些纪念品商店令

着篮筐。房屋的建筑风格被很好地保留

100多家―这还不包括居民家中的客房。

人厌烦,它们占据了传统老房子的底层。

下来,这让丽江在1997年被联合国教科

丽江今后还会有自己的五星级酒店,这是

围巾、玉制小摆设、铜器、茶…

在丽江有

文组织写进了世界人类遗产名录,正是在

旅游规模所要求的。丽江的年游客量已

许多可买的东西,而几乎所有的东西都打

遭受地震打击的第二年。也正是那场毁灭

从1994年的20万发展到2006年480万。

上了“纳西”的印记,因为丽江是纳西族

性的地震(300人死亡,16000人受伤),

因为被电视里所播放的画面所吸引,被拥

的摇篮。这个少数民族起源于藏族,其主

第一次将丽江置于聚光灯下。

有依旧鲜活的民俗和千年不变服装的少

要特点是拥有自己的文字,被认为是目前

当地政府看到老建筑很好地经受了地震

数民族的魔幻表演所吸引, 所有中国人都

仍在中国使用的唯一的象形文字。他们还

的摇撼,于是花费几百万元修复老房屋,

Connexions 47


Dossier 同时保留了传统的建筑风格和建筑材料。

然而,规模旅游业带来了恶果。不可否认,

们的观念发生了变化,”丽江导游络尔强

丽江文物保护管理局是中国设立的第一

它让纳西人致富了,很多人在出租他们的

调, “人们已经没有了10年前所具有的真

个市政文物机构,这使其成为中国文化遗

传统房子时获得了收益,但并不是所有的

诚。他们在心中郁积着对外省人的意见,

产管理的一个实验室。

人都从这种经济增长中得到了好处。 “人

谴责那些企图迅速致富而不顾及丽江 死活的人。”因此就有了一些不光明的手 段,她说道, “例如让汉族房客交纳净水 费。”美国人类学家Charles McKhann在其 关于丽江的一篇文章中写道: “简单的欲 望可能是构成丽江人排外的一个重要原 因。”应该说大多数老城的商人并不喜欢 住在新城里,而是那些在旅游季节来到 此地的汉族人。 Charles McKhann认为,大部分银行、酒店 和餐馆的主人都是外地人。旅游业带来 的钱并没有使依然贫穷的农业小镇受益。 1997年,本地20%的农民家庭依然靠每月 500元(50欧元)生活。应该说的是,希望 在最短时间内获取最大收益的规模化旅 游依旧被限制在几个收入很高的景点,例 如玉龙雪山索道;游客很少能有机会在当 地的村子中探险,除了束河。 束河,舞台之上的纳西 在距丽江4公里的北部地区有一个纳西 族“传统”村落:束河。唯一的恼人之处 是,有一部分为了旅游业的需求而被完全 改建了。似乎是偶然选择的结果,人们就 是从这个地方进入旅游区,门票的价格 高达20元。一处挤满了游客汽车的停车场 显示着这里的活力。街道入口处首先呈现 出的是商业和餐馆,也许是为了吸引

按照导游的说法 ― 喜欢“乡村风俗”或 者热情风俗的中国游客吧。在河道边上, 一个西方人在弹吉他,另外一个正把卡拉 OK的麦克风递给游客。就像在丽江一样, 这里窗户没有窗帘,没有肉店也没有菜市 场。上百个中国人在排队等候观看一场纳 西族音乐会,然而从广场上传来的声音却

© Anne Severine Douard

是电子音乐。音乐会的门票是160元(16欧

48  Connexions

元)。在行走了约15分钟后才到达更加正 宗的地方,在这里,窗户上随意装饰着鲜 花,大门上贴的是门神画像。身着传统服 装的纳西妇女正从田间归来。n



Dossier Laurence Brahm

« Seul un tourisme intelligent peut préserver la culture tibétaine »

Connexions : Quel était votre objectif en créant la Maison de Shambhala ? Laurence Brahm : L’objectif était de restaurer un bâtiment qui appartient au patrimoine culturel tibétain et de créer un éco-tourisme compatible avec le développement durable. Ici, dans le Barkor, le vieux quartier de Lhassa, nous avons fait travailler 50 artisans tibétains pour remettre en état cet immeuble qui était presque à l’abandon. En plus de l’hôtel, nous avons créé une fondation pour mener des projets humanitaires. L’hôtel et la fondation ont le même objectif : oeuvrer pour la diversité culturelle. Notre méthode, c’est de donner une base économique à la culture tibétaine, car une culture sans fondement économique est condamnée à finir dans un musée, elle meurt. C. : Comment faites-vous, concrètement ? L.B. : Dans l’hôtel, nous vendons des bijoux et des produits de l’artisanat 50  Connexions

local : des bijoux avec des pierres précieuses, conçus par des Tibétains, ou encore des colliers de prières enfilés par des nonnes. Tous ces produits sont fabriqués par des locaux, qui travaillent chez eux, selon leurs habitudes, ce qui permet de conserver les communautés en place et d’entretenir leurs traditions, en leur apportant une source de revenu. Il faut savoir que 99% des objets vendus aux touristes dans la vieille ville de Lhassa sont fabriqués hors du Tibet. Dans notre hôtel, tout le mobilier a été fabriqué localement, par des artisans tibétains…. sauf peut-être la machine à café et les verres à vin ! C. : C’est donc une forme de tourisme très particulier, vos clients ne sont pas des touristes comme les autres ? L.B. : En effet, ils viennent ici pour

avoir une expérience de la culture tibétaine. Dans la Maison de Shambhala, il n’y a pas de business center mais il y a des cours de yoga et nous n’avons que dix chambres. Tous nos clients sont étrangers, ils viennent de tous les continents, mais nous n’avons pas de Chinois, sauf quelques Hongkongais. En voyage, les Chinois veulent retrouver un environnement qui leur est familier, ils préfèrent aller dans un hôtel qui possède un karaoke… C. : Quels changements observez-vous à Lhassa depuis l’ouverture de la ligne de chemin de fer et l’augmentation du nombre de touristes ? L.B. : L’atmosphère a changé, le tourisme a apporté de l’argent au Tibet, mais ce ne sont pas toujours les Tibétains qui en profitent. De même, les in-

La terrasse de la Maison de Shambala, un hôtel de caractère au cœur du vieux Lhassa.

© House of Shambhala

Laurence Brahm, un avocat américain reconverti dans le tourisme.

© House of Shambhala

Après avoir été avocat d’affaires en Chine, Laurence Brahm s’est lancé dans le tourisme avec plusieurs hôtels à Pékin, dont le Red Capital Club, ouvert en 1999. L’an dernier, il a ouvert un hôtel à Lhassa, avec l’ambition de concilier tourisme et culture locale.



Dossier

C. : Finalement, vous pensez que le tourisme est une bonne chose pour le Tibet ? L.B. : Le tourisme intelligent, oui, si l’on sait utiliser la culture locale dans son contexte en respectant les communautés existantes. Sinon, on fabrique un Disneyland. Dans ce cas là, le tourisme est favorable à la culture des touristes pas à la culture locale. Ici, la plupart des hôtels chinois utilisent la culture tibétaine sans respecter le contexte original, l’atmosphère qu’ils créent est complètement factice. n Propos recueillis par Mathieu Baratier

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Une chambre de l’hôtel : tout le mobilier est fabriqué par des artisans tibétains.

© House of Shambhala

frastructures se sont développées, et les Tibétains peuvent en profiter, mais il y a des effets pervers, notamment, la société tibétaine est devenue plus mercantile.


Tourisme

Tourisme au Tibet : menaces sur l’environnement La ligne ferroviaire Qinhai-Lhassa a fait entrer le Tibet dans l’ère du tourisme de masse. Il y avait 30 000 touristes en 1995, 2,5 millions en 2006 et ils seront 3,5 millions cette année, selon les chiffres de l’administration. Cette déferlante n’est pas sans conséquence pour l’environnement.

© Imagine China

L

e tourisme, quel que soit le pays, exerce une pression sur l’environnement : ponctions sur les ressources (matières premières, eau, énergie) et pollutions (air, eau, déchets, pollutions sonore, visuelle…). Dans le cadre tibétain, les craintes sont nombreuses. En dehors de Lhassa, il n’y a ni collecte de déchets ni usine de traitement. L’usine de recyclage la plus proche est située à plus de 1300 kilomètres, à Lanzhou ! Le souséquipement est également vrai pour le traitement des eaux usées. L’immensité du Tibet et l’éparpillement des sites ne facilitent pas la tâche. Parmi les autres sources d’inquiétude, citons l’augmentation du nombre de barrages hydroélectriques, une déforestation accrue pour satisfaire la demande en bois et un mode de vie nomade de plus en plus menacé par la multiplication des projets routiers et ferroviaires (les travaux de prolongement vers l’ouest de la ligne Qinhai-Tibet ont déjà commencé). Une dernière crainte concerne les zones d’alpinisme. L’ascension du Mont Everest est devenue très populaire (600 personnes au sommet mais plus de 25 000 au camp de base, rien que pour les six premiers mois de 2007) et elle est moins chère du côté tibétain que du côté népalais. Multiplication des déchets laissés sur place et déforestation en sont les conséquences néfastes. Au Népal voisin, « chaque trekkeur consomme en moyenne 4 à 5 kilos de bois de chauffage par jour et l’activité de chaque lodge d’étape

Depuis 2006, le train Pékin et Lhassa amène des milliers de touristes au Tibet.

implique l’abattage d’un hectare de forêt chaque année », témoignait la journaliste spécialisée Béatrice Dehais dans une étude du Ministère des Affaires Etrangères publiée en 2003. « Des écosystemes extrêmement fragiles » Le responsable de WWF à Lhassa, Dawa Tsering, met en garde : « le rétablissement des écosystèmes sera très difficile ». Au Tibet depuis 2001, WWF travaille à l’amélioration des réserves naturelles et lutte contre le trafic des espèces protégées (léopard des neiges, antilope du Tibet) dont les touristes constituent une partie de la clientèle. Plus globalement, l’ONG sensibilise les touristes à la fragilité des lieux. L’écosystème tibétain est en effet un des plus riches du monde, en partie du fait de son isolement historique. C’est ce qui le rend attractif. Mais les

milieux les plus riches en diversité sont aussi les plus fragiles. Une priorité gouvernementale Le gouvernement a fait du développement du tourisme une priorité. L’objectif affiché est d’attirer 6 millions de touristes en 2010. Les autorités multiplient les déclarations rassurantes et les mesures : interdiction des sacs plastiques, mise en place de zones protégées, suivi régulier des émissions de CO2. Mais peu de moyens sont affectés à ces mesures et elles ne s’accompagnent pas d’une réflexion, pourtant indispensable, sur le nombre de touristes et le type de tourisme souhaités au Tibet et surtout sur la capacité des écosystèmes à supporter une telle pression. Il en va pourtant de la préservation d’une des réserves de la biosphère. n David Bel Professeur à l’Université Normale du Sud (Foshan) Connexions 53


Dossier

Pékin se prépare au tourisme olympique

© Anne Severine Douard

En plus des infrastructures sportives et de la modernisation de l’urbanisme, la capitale chinoise fait de gros efforts pour assurer l’accueil des touristes lors des Jeux Olympiques.

Touristes étrangers sur la Grande Muraille

A

vec plus de 500 000 touristes étrangers attendus pendant les Jeux Olympiques, contre 370 000 au mois d’août 2007, la capitale chinoise va devoir mettre à niveau ses capacités d’accueil. En premier lieu, l’aéroport de la capitale ouvrira un nouveau terminal ultra-moderne imaginé par l’architecte anglais Norman Foster. Les touristes olympiques pourront ensuite emprunter la toute nouvelle navette automatisée reliant l’aéroport à la station de métro Dongzhimen pour gagner le centre ville. Au niveau de l’hôtellerie, les infrastructures seront renforcées et rénovées en particulier pour les petits budgets et le luxe. La capitale devrait compter plus 800 hôtels étoilés en 2008 contre 700 actuellement. Mais 54  Connexions

ces efforts risquent d’être insuffisants : même avec des réservations ouvertes aux seuls groupes, les établissements affichent déjà un taux de remplissage important. De plus, la municipalité s’est opposée à toute régulation des tarifs hôteliers et les prix des chambres risquent de s’envoler à l’approche des Jeux. Côté pratique, de nombreux points information devraient être mis en place dans la ville et la signalétique sera totalement bilingue en anglais. Pour l’accueil, la municipalité mise surtout sur son armée de bénévoles, ils seront plus de 400 000, qui pourront venir en aide aux touristes égarés et les renseigner en anglais en cas de problème. Les chauffeurs de taxi suivent par ailleurs une formation accélérée en se passant en boucle

des cassettes dans la langue de Shakespeare et certaines compagnies testent des traducteurs automatiques. Les géants des télécoms préparent aussi les JO avec des services multilingues d’orientation et de renseignements interactifs alors que la municipalité ouvrira un numéro d’assistance 24h/24. Enfin, les comités de quartier des zones les plus touristiques de la capitale proposent aux habitants d’apprendre un peu d’anglais. Il ne faudra donc pas s’étonner si un couple de personnes âgées d’un quartier historique vous interpelle joyeusement d’un : « vous avez l’air particulièrement en forme aujourd’hui, vous avez fait du sport hier ? » n Nicolas Sridi


© Wild China

Tourisme

« Nous sommes aux antipodes des voyages de masse organisés par les agences d’Etat chinoises. »

Wild China

La « vraie Chine », en première classe Wild China, une agence basée à Pékin et Hong-Kong, a été créée en 2000 par une Chinoise originaire du Yunnan, pour séduire une clientèle soucieuse de voyager « responsable »

«W

ild China s’inscrit dans la lignée du tourisme responsable, un mouvement anglo-saxon, parti il y a quelques années des Etats-Unis et qui prône de s’investir dans les pays visités en préservant la culture et l’environnement, explique Véronique d’Antras, consultante, senior adviser francophone chez Wild China. Nous refusons un tourisme tourné exclusivement vers la consommation. Nous sommes aux antipodes des voyages de masse organisés par les agences d’Etat chinoises, qui offrent des circuits très balisés, en grands groupes bruyants. Nous voulons au contraire que les gens s’investissent dans les régions qu’ils visitent. Nous leur faisons rencontrer des responsables, parfois même participer à un travail d’ONG. Nous créons des cir-

cuits originaux, taillés sur mesure, respectueux de l’environnement. Dans chacune de nos offres, nous veillons à ce que chaque facette du séjour reste hors des sentiers battus. Ainsi au Qinhai, (Tibet chinois), où il n’existait aucune infrastructure hôtelière de qualité, nous avons monté, avec les populations locales, un système d’hébergement sous tente traditionnelle, avec tout le confort moderne, y compris des douches et des draps de lits frais. » Un rêve pour nomades de luxe qui peuvent découvrir la Chine « réelle », en privilégiant un bon confort. « Notre clientèle est composée d’entreprises et de voyageurs individuels. Nous avons même un département éducation, à destination des musées et des universités. Parmi nos clients, nous avons de prestigieux organismes

tels que l’association des anciens de l’Université de Harvard, Mac Kinsey ou National Geographic. C’est un public exigeant et averti qui s’intéresse, sans être expert, à des voyages de connaissances ». Une des priorités de Wild China est de trouver les bons guides, à qui confier ce type de groupes. « Nous avons recours à une nouvelle génération de guides, jeune et cultivée. La profession était traditionnellement mal payée et se finançait surtout sur les pourboires et les commissions. Aujourd’hui les salaires ont un peu monté mais il reste difficile de trouver les perles rares qui aiment rencontrer des ONG, des experts et sont moins intéressés par l’argent que par l’échange.» n Anne Garrigue Connexions 55


Dossier

Maison de la Chine

« Nous bougeons avec la Chine »

Avec 12 000 clients par an, Maison de la Chine revendique la première place des voyagistes français en Chine.

«N

ous avons été longtemps les seuls voyagistes français présents en Chine », explique Patricia Tartour, PDG et fondatrice de Maison de la Chine, qui emploie 130 personnes. « Nous avons obtenu très tôt une licence grâce à des liens anciens avec l’administration et nous sommes actuellement en attente d’un statut d’agence à part entière en Chine pour les visiteurs étrangers.». Premier voyagiste français vers la Chine avec 12 000 clients par an, la force de Maison de la Chine est sa capacité d’innovation. « Peu importe que nous soyons copiés. Nous ne manquons pas de nouvelles idées. A l’approche culturelle qui est notre marque de fabrique, nous avons ajouté un travail sur le développement durable et le tourisme responsable.» Une pratique qui colle aux nouvelles tendances du tourisme haut de gamme mais qui a 56  Connexions

© Maison de la Chine

Présente en Chine depuis 1991, Maison de la Chine veut y ouvrir une filiale pour mieux se renouveler, en restant fidèle à ses objectifs culturels.

encore du mal à s’implanter en Chine. « C’est un travail de longue haleine, explique Patricia Tartour. Le tourisme dépend des politiques de ministères ou départements gouvernementaux et sont souvent appliquées sans tenir compte de leur impact sur le tourisme. Nous essayons d’expliquer à nos interlocuteurs que l’environnement, la culture et la société constituent les fondements d’un développement durable du tourisme et qu’il importe de préserver et mettre en valeur ces richesses pour assurer la compétitivité à long terme. ». Pour convaincre les Chinois, la Maison de la Chine a mené une politique volontariste et pesé de tout son poids commercial à chaque fois que cela a été possible. « A travers nos coopérations avec les acteurs locaux, explique Patricia Tartour, nous tâchons d’améliorer le comportement des entreprises de tourisme. Nous

tentons d’obtenir une certification de pratiques d’exploitation pour les entreprises privées (circuits de magasins, restaurants). Dans le domaine des transports, nous voulons faciliter l’accès et favoriser le développement local pour adapter les infrastructures à la demande. Nous avons mené des actions avec l’UNESCO en matière de préservation du patrimoine culturel. Toujours avec l’UNESCO, aujourd’hui, nous nous intéressons à des programmes de formation et d’intégration des populations locales au développement du tourisme durable en Inde. Nous participons à une mission au Huizhou, qui vise à développer un éco-tourisme dans une région rurale très riche sur le plan patrimonial. » Patricia Tartour qui accompagne des touristes en Chine depuis 1979, a observé de près les mutations. « Dans les années 70, la Chine, c’était de beaux voyages autour de la civilisation classique et de la révolution culturelle. Aujourd’hui, l’offre s’est diversifiée, des villes mondes au nouveau souffle culturel, et les prix ont baissé: nos premiers produits sont à 450 euro, moins cher que Marrakech. La Chine n’est plus réservée aux « seniors » qui ont de l’argent. De plus en plus d’individuels et de groupes d’affinités choisissent leurs propres itinéraires.» Patricia Tartour observe aussi que les Occidentaux ont changé de regard sur la Chine. « Pour la première fois, le grand public réalise qu’il existe une modernité non occidentale. La Chine s’impose dans des domaines qui surprennent. Nous sommes là pour relayer ces mutations et coller à l’actualité. » n Anne Garrigue


Tourisme

F

Laotai Shan

Tout pour le MICE

© Laotai Shan

Laotai Shan propose des séjours sur mesure pour les programmes «incentive» des entreprises françaises.

Un pique-nique sur la Grande Muraille organisé par Laotai Shan.

aire venir l’orchestre philharmonique d’Ulan Bator dans le désert mongol pour des vendeurs de pneu, organiser une chasse au trésor dans le vieux Shanghai pour les employés d’une société de conseil… ce sont quelques-uns des séjours taillés sur mesure par Olivier Marchesin pour les clients de cette agence de voyage. Une large part de l’activité de Laotai Shan en Chine est constituée par ces voyages « incentive », aussi appelés MICE1, proposés aux grandes entreprises qui veulent motiver leur personnel, récompenser leurs employés ou leurs clients. « L’incentive représente la moitié de notre clientèle mais 70% de notre chiffre d’affaires, car les entreprises y consacrent un budget important, confie le directeur de Laotai Shan ». A chaque fois, il faut s’adapter au profil des clients. Au programme, pour les 240 professionnels du pneumatique, randonnées en 4x4 dans les steppes de Mongolie Intérieure et tribune VIP au Grand Prix de Formule 1 de Shanghai. Pour les salariés d’un opticien, ce sera une visite privée du Palais du Peuple de Pékin en marge de leur congrès. « Il faut trouver des formules qui sortent de l’ordinaire pour leur montrer que l’entreprise leur offre l’exceptionnel, explique Olivier Marchesin ». La privatisation d’espace prestigieux reste la formule la plus courante, comme ce repas gastronomique servi dans un temple de la vieille ville de Pingyao, accompagné d’un spectacle de feux d’artifices. « Nous devons rester en avance sur l’originalité, explique Olivier Marchesin. » Mais comme toutes les agences étrangères, Laotai Shan doit composer avec la réglementation chinoise : « nous utilisons la licence de notre partenaire chinois pour réserver les guides, les bus et les billets d’avion mais dans certaines villes, elle n’est pas valable et nous devons trouver des réseaux locaux. » L’agence française a donc préféré s’installer à Hong-Kong pour gérer les 4000 personnes qu’elle fait venir en Chine chaque année. Mathieu Baratier 1

Meetings Incentives Conventions and Exhibitions

Connexions 57


Dossier

Les touristes chinois en France

© Imagine China

La France reste la destination touristique numéro 1 pour les Chinois qui se rendent en Europe. Plus de 600 000 Chinois ont visité la France l’an dernier, soit 10% de plus que l’année précédente et les touristes chinois représentent désormais 1,6% de la clientèle touristique en France. Pourtant, leur arrivée massive ne s’est pas traduite par une manne financière pour l’industrie touristique hexagonale qui cherche encore les moyens de prospérer sur la rente du romantisme, de la gastronomie et des beaux paysages.

58  Connexions


Tourisme

Tourisme chinois en France : du quantitatif au qualitatif

© Imagine China

Les Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter la France mais ce sont surtout les voyagistes chinois qui en profitent.

Depuis le 1er septembre 2004, la France a le statut de « destination autorisée » pour les touristes chinois.

A

lors que le nombre de Chinois qui partent à l’étranger explose, la France s’impose comme une destination européenne incontournable : 600 000 Chinois s’y sont rendus en 2006-2007, soit 10% de plus que l’année précédente. Et les touristes chinois représentent désormais 1,6% de la clientèle touristique en France. Génèrent-ils pour autant la manne tant attendue? Rien n’est moins sûr. Les Chinois, à la différence d’autres touristes, dépensent peu en hôtellerie ou en location de voiture. Certes,

ils se précipitent dans les magasins et sont devenus la première clientèle des « duty free » de Paris. Les Galeries Lafayette ou le Printemps ont même mis en place une politique particulière pour mieux répondre à leurs exigences. Mais pour les professionnels français du secteur, les touristes chinois n’ont pas représenté le filon attendu. En effet, cette nouvelle clientèle a très vite été captée par les opérateurs chinois installés en France. Ces derniers proposent des circuits bon marché avec repas dans des restaurants

souvent tenus par des Chinois et logement dans des hôtels de catégorie inférieure, éventuellement en périphérie des grandes villes. La formule a séduit la clientèle chinoise habitué à ce type de prestations pour les circuits à l’intérieur de la Chine. Pourtant, cette situation pourrait changer car les touristes chinois sont de moins en moins satisfaits de ces produits bas de gamme. Pour Jean-Michel Harzic, directeur de la Maison de la France à Pékin, l’objectif aujourd’hui n’est plus seulement d’augmenter le nombre global de visiConnexions 59


© Maison de la France

Dossier

La plupart des touristes chinois ont dix jours pour visiter 7 à 8 pays européens… et prendre des milliers de photos.

teurs chinois en France mais aussi d’at- et surtout pour son style de vie et son tirer une clientèle plus lucrative pour shopping. Les Chinois sont friands de des séjours de luxe et du tourisme produits de « demi-luxe ». Pour diverd’entreprise (MICE1). « Nous cherchons sifier la clientèle, Maison de la France à faire de la France une mono destina- met en avant des séjours thématiques tion pour allonger la durée des séjours, sur le golf ou les vignobles. Enfin, la explique Jean-Michel Harzic. Les tou- France reste une destination romantiristes chinois qui viennent en France que aux yeux des Chinois qui viennent veulent visiter l’Europe. Ils sont en pha- se marier à Paris ou à Rome, le plus se de découverte et ne pratiquent pas souvent en groupe. Les parcours les un tourisme sédentaire. Il s’agit souvent plus demandés en Europe concernent d’un premier voyage, peut-être même la France, l’Italie et la Suisse avec des du voyage d’une vie. Même si la Fran- tarifs qui oscillent entre 1200 et 2000 ce, grâce à une euros pour 8 image toujours «Même si la France, grâce à une à 12 jours de positive, est image toujours positive, est prévoyage. présente dans sente dans 80% des circuits euro«Recevoir 80% des circuits péens, les Chinois visitent Paris au des touriseuropéens, les pas de course» tes chinois Chinois visitent oblige à des Paris au pas de course… Ils n’ont que efforts d’adaptation, tient à souligner 10 jours pour visiter 7 à 8 pays ! C’est Frédéric Mazenq, directeur adjoint de un type de voyage qui rapporte peu Maison de la France. Dans les chamaux prestataires dont les marges sont bres, il faut prévoir une bouilloire pour réduites et les oblige à faire de gros l’eau chaude et des petits déjeuners à volumes pour gagner de l’argent. » la chinoise, explique-t-il. Il faut aussi En 2007, les séjours en France com- des chambres identiques pour tous, portaient trois nuitées en moyenne, afin d’éviter les jalousies entre clients. » essentiellement à Paris mais aussi par- Mais l’argument principal pour fois sur la Côte d’Azur, dans la région convaincre les touristes chinois reste Rhône-Alpes, le Val de Loire, l’Alsace le prix. Il existe toutefois une nouvelle ou le Languedoc. La France attire pour clientèle plus jeune et branchée, qui ses paysages et son histoire, mais aussi commence à s’intéresser aux bouti60  Connexions

que-hôtels et préfigure l’avenir. Enfin, un des marchés les plus prometteurs pour le tourisme chinois en France est celui des voyages de motivation ou de remerciement, les fameux MICE. Ce produit, quasi inexistant il y a quelques années, connaît un développement foudroyant en Chine où toutes les grandes agences de tourisme se sont dotées d’un département ad hoc. « C’est potentiellement un gros marché, explique Frédéric Mazenq, les entreprises n’hésitent pas à dépenser de gros budgets. L’année dernière, la société Amway a loué la galerie des Batailles du Château de Versailles pour récompenser ses meilleurs commerciaux de Chine. » Jean Michel Harzic, de son côté, se veut optimiste pour l’avenir : « L’accumulation des excédents commerciaux pousse le gouvernement à développer le tourisme chinois à l’étranger pour rétablir un équilibre de sa balance des paiements. De plus, l’augmentation prévue de la monnaie chinoise devrait faciliter les voyages des Chinois à l’étranger. Si la politique de délivrance des visas accompagne cette tendance, nous pouvons espérer de bons résultats » n Anne Garrigue

« Meetings Incentives Conventions and Exhibitions », voyage organisée par une entreprise pour récompenser ses meilleurs employés ou fidéliser ses gros clients. 1


Tourisme

法国的中国游客:从量到质的转变 到法国旅游的中国游客越来越多了,但其中最大的受益者还是中国旅 游业者。

国出境游客激增,法国也 成了欧洲一个不可不去的 目的地:在2006至2007年

间,有六十万中国人去过法国,比前一年 增长10%。中国游客从此占据了赴法游客 总数的1.6%。但是这是否会带来期待已 久的奇迹呢?一切都还不确定。中国游客 和其他游客不同,他们在酒店和租车上花 费极少。当然,他们会迫不及待地涌进商 店购物,中国顾客是巴黎“免税店”的第 一顾客源。老佛爷和春天百货甚至专门为 中国游客设置了特别政策以更好地满足 他们的需求。但对于法国旅游业专业人 士而言,中国游客并没有带来期待的财源 在法的中国人掘走。他们提供便宜的路 线,在中餐馆吃饭,在远离中心的市郊旅 店住宿。对于已习惯了国内同类待遇的中

© Imagine China

滚滚的景象。事实上,这些新客户已经被

国游客,这种安排对他们是有吸引力的。

式在服务上的利润是非常低的,因此只能

点,”他解释说, “房间也要统一,避免顾

然而,随着中国游客对他们低质量的服务

用增加数量的方法来挣钱。”2007年,他

客间的忌妒心理。”但是对中国游客最有

越来越不满意,这种状况或许能得到改

们在法国的平均逗留时间为三个晚上,主

吸引力的还是价格。也存在有较年轻时尚

变。

要在巴黎,有时也会去蓝色海岸、罗讷-阿

并开始对精品酒店感兴趣的新顾客群,他

对于法国旅游局北京办事处总经理让-米

尔卑斯区、卢瓦河谷、阿尔萨斯或者朗格

们预兆着未来。最后,对中国赴法旅游起

歇尔·哈兹克(Jean Michel Harzic)而言,当

多克地区。法国最吸引人的地方是她的

到最大推动作用的还是商务旅游人士。几

前的目标不仅仅是要增加中国赴法游客

风景和历史,另外还有她的生活方式和商

年前还几乎不存在的商务旅游,在中国以

的总数,更是要吸引那些能享受得起奢华

店。中国人非常酷爱那些“半奢侈品”。为

迅雷不及掩耳之势发展起来,所有大旅行

行程的顾客和商务旅行人士(MICE)。 “我

了使顾客多元化,法国旅游局北京办事处

社都设置了相关部门。 “这是一个潜在的

们正在寻求将法国变成一个独立目的地以

把推广高尔夫或葡萄园主题旅游放在首

巨大市场,”弗雷德里克·马增克说, “企

延长人们的逗留时间,”让-米歇尔·哈尔

位。无论如何,法国在中国年轻人心目中

业会毫不犹豫地支付大笔开销。去年,安

兹克解释说, “来法国的中国游客都希望

是一个浪漫的地方,他们会成群地来巴黎

利公司就租用了凡尔赛宫巴泰尔画廊以

能游览欧洲。因为他们还处于探索阶段,

或罗马结婚。欧洲游最抢手的路线包含法

酬谢他们最好的中国经销商。”让-米歇

还没有到度假旅行的程度。这通常是他

国、意大利和瑞士,价格在1200欧元到

尔·哈兹克认为未来是乐观的: “中国贸

们的第一次欧洲游,甚至是一辈子唯一的

2000欧元之间,为期8至12天。

易顺差的累积推动政府发展中国公民出

一次。即便法国因得益于其惯来的正面形

要接纳中国游客必须做出相应的努力,

境旅游以重新平衡其国际收支。而且,随

象而出现在80%的欧洲游路线上,中国人

法国旅游局经理助理弗雷德里克·马增

着人民币预期的增值,中国人出境旅游会

还是像赛跑一样游览巴黎……他们只有十

克(Frédéric  Mazenq)强调。 “在房间里

更加容易。如果签证发放能够跟上这个

天时间,却要去七八个国家!这种旅行方

应该放一个热水壶,要准备一些中式早

趋势的话,我们可以期待完美的结果。”n Connexions 61


Dossier

Visas pour la France

nouvelle procédure Pour faire face à la montée des demandes de visa, le consulat de France s’est tournée vers une entreprise privée pour assurer le suivi des formalités.

L

e nombre de demandes de visa pour la France ne cesse d’augmenter depuis quelques années dans les quatre consulats de Chine – Pékin, Shanghai, Wuhan et Canton -. Pour l’ensemble de la Chine, le chiffre a doublé en cinq ans, passant de 93 819 en 2001 à 183 792 en 2006. L’augmentation est particulièrement sensible à Pékin, où ce chiffre a triplé, moins vive dans les trois autres consulats: 77% à Shanghai, 70% à Canton et 45% à Wuhan. Ce surcroît de travail à Pékin, devenu un des consulats français dans le monde qui traite le plus grand nombre de demandes de visa par employé, a poussé les services consulaires à favoriser la mise en place d’un nouveau service privé pour les demandeurs de visa, dispositif qui existe déjà en Inde, au Pakistan, au Koweit, en Turquie ou en Russie. Au consulat, on indique que l’objectif de cette réforme est de soulager les services consulaires de tâches matérielles liées à la constitution des dossiers pour leur permettre de se concentrer sur l’instruction des demandes et la décision d’attribution des visas. Il s’agit d’abord, explique-t-on, d’améliorer le service aux demandeurs et de permettre aux services consu-

Répartition des visas délivrés par le consulat de Pékin en 2006

Visas d’affaires 35%

Visas groupes touristiques (visa SDA) 50%

Visas de circulation 5 %* Autre 10%

permettent à leur titulaire d’entrer à plusieurs reprises en France pour des séjours de moins de trois mois et espacés d’au moins trois mois *

Visas « court séjour » délivrés par les pays de l’espace Schengen en 2006

France 28%

Allemagne 34%

Italie 13 %

Autre pays 25%

laires d’être plus vigilants en matière de contrôle des risques sécuritaires et migratoires. La société VisasFrance propose, moyennant le versement de 260 RMB (26 euros), de préparer les dossiers des demandeurs. Elle aura un rôle d’information, de prise de rendezvous et de perception des frais de visa

申请签证的新程序

pour le compte des services consulaires. Elle accueillera les demandeurs pour la mise en forme et la réception de leur dossier et assurera la restitution de leur passeport. Elle n’interviendra pas dans la décision d’attribution de visa, assure t-on au Consulat de Pékin. Et l’administration française de préciser : « un de nos soucis est d’assurer un meilleur service au public, en éliminant non seulement les files d’attentes ou les délais excessifs mais aussi les phénomènes de corruption qui leur étaient liés. » Actuellement, les délais d’obtention du visa sont de l’ordre de quatre à cinq jours à Pékin, auxquels il faut ajouter une petite semaine d’attente pour l’obtention d’un rendez-vous. Mais ces délais peuvent s’allonger en période de pointe. Et un certain nombre d’agences chinoises ont pris l’habitude de facturer à leurs clients, inquiets ou mal informés, des frais de constitution de dossier d’un montant parfois arbitraire. Ce système devrait en outre permettre de faciliter l’accès au visa des provinciaux, grâce à l’ouverture à terme de filiales dans des villes sans représentation consulaire française. n A. G.

年来 ,申请去法国的签证 在中国的四个领事馆

北京、上海、武汉和广州,

为了应对签证申请数量的上涨,法国驻北京领

都不断增加。在全中国范围内,申请数 量在五年内已经增加了一 倍,2 0 0 1年

事馆与一家私企合作以保证申请程序的进行, 但是保留着对申请预审和签证发放的控制。 62  Connexions

为93819个,2006年达到了183792个。 北京的增加尤其明显,数量是 原来的 3倍,在其他三个领事馆则没有这么快:



Dossier 上海增加了7 7 % ,广州增加了7 0 % ,武

改善对申请人的服务质量,使领事馆的

的服务,同时不仅要消除排长队的现象

汉增加了45%。北京工作量的猛增使其

工作在控制安全和移民风险方面具 备

或期限超时,还要消除与之有关的腐败现

成为了世界上人均处理签证申请最多

更高的警戒。法国签证服务公司按照平

象。”目前在北京拿到签证的时间是4-

的法国领事馆之一,这促使领事馆为申

均2 6 0元(2 6欧元)的费用标准,准备

5天,但是之前还要为得到会晤机会而等

请人 建立一种新的私人 服务方式 ,一

申请人的资料。它将为领事工作扮演咨

待一周。然而这样的期限在高峰时期还要

种在印度、巴基斯坦、科威特、土耳其

询、接待和收取签证费的角色。

被延长。因此一些中国旅行社就形成了向

和俄罗斯已经存在的 机制。领事 馆的

它将接待申请人,使之符合程序,接收

焦急等待或不了解情况的游客任意收取

官员指出,这一改革的目的是减轻领事

他们的材料,并承担护照的归还工作。北

资料费的习惯。得益于很快将在某些城市

服务机构在文件收 集方面的体力工作

京领事馆的人保证签证公司不介入签证

开放的签证子公司,这种不需要直接面对

量,从而集中精力进行申请的预审和决

发放的决定环节。领事馆的官员肯定地

法国领事馆体制将会使外省公民更容易

定签证的发放。他解释,具体目的就是

说: “我们所关心的是向公众提供更好

拿到签证。n

Anatomie du backpacker chinois

Le site www.eueueu.com 64  Connexions

© Zhao Yang

C’

est presque une histoire de copains. Trois étudiants chinois de retour d’Europe où ils ont fait des études de commerce, ont décidé de faire leur propre agence de voyage. Leur cible : les backpackers, ces voyageurs individuels qui veulent partir à la découverte du Vieux Continent sans la contrainte des groupes organisés et de leurs programmes rigides. « Les touristes individuels ne représentent encore que 3 ou 4% des départs vers l’Europe, mais nous pensons que ce chiffre va augmenter rapidement, beaucoup de Chinois ne savent pas encore qu’ils peuvent obtenir un visa individuel, explique Zhao Yang, un des fondateurs de l’entreprise. » Voyager seul, c’est déjà courant à l’intérieur de la Chine, moins pour les pays étrangers. Zhao Yang et ses

Après des études en France, Zhao Yang a créé son agence de voyage.

associés sont convaincus que ce marché va exploser. Ouvert il y a un an et demi, leur site internet rassemble déjà 10 000 membres qui s’échangent des informations pratiques et des conseils sur une multitude de forums spécialisés. Pour ceux qui veulent aller plus loin, l’agence propose des billets d’avion, des réservations d’hôtel et surtout l’Europass, qui permet de prendre le train dans plusieurs pays européens, une formule plébiscitée par les voyageurs individuels. Pour autant, le backpacker chinois n’est pas un aventurier solitaire, précise Zhao Yang : « Nos clients préfèrent former des petits groupes de 3 ou 4 pour profiter des tarifs préférentiels dans les hôtels et leur programme est fixé à l’avance avec

beaucoup de précision, ils connaissent l’heure des trains, les hôtels sont réservés avant le départ, etc… » Les lourdes procédures pour obtenir un visa Schengen expliquent en partie ces préparatifs soignés. D’ailleurs, pour ces voyageurs prévoyants, l’agence de Zhao Yang propose un service de « conception de parcours » afin de minuter à l’avance le voyage. Dans les pays les plus demandés -France, Angleterre et Pays-Bas- une vingtaine d’étudiants chinois joue un rôle de relais et sont chargés de dénicher les meilleures offres pour cette nouvelle génération de touristes qui ne veulent pas visiter l’Europe en courant derrière un petit drapeau. n M.B.



Dossier

A la découverte de la France Rencontre avec deux jeunes Chinois qui ont choisi Paris et ses alentours comme destination pour leurs vacances.

Zhang Zhu, 32 ans

«Les indications en anglais n’existent presque pas et il est rare de croiser des gens qui parlent une autre langue»

Z

hang Zhu a 32 ans, elle travaille dans une banque étrangère et rêvait depuis longtemps d’aller en Europe. Au mois de septembre dernier, elle s’est enfin décidée: son guide touristique à la main et accompagnée de petit ami, elle est partie pour un voyage « routard » en France, puis en Autriche et en Islande. « On préfère être libre lorsqu’on voyage, c’est pour ça qu’on n’a pas voulu faire un séjour en groupe où l’on risque d’enchaîner les visites d’une demie-heure. Prendre le temps pour regarder et pouvoir ren66  Connexions

contrer des gens, c’est très important, explique Zhang Zhu. » En trois jours, ils ont surtout eu le temps d’apprécier l’architecture de la capitale française : « les immeubles sont fascinants, on a adoré les rues très étroites qui donnent une sensation d’intimité. A Pékin, où l’espace est tout autre, on a des sensations très différentes. Et les églises remplies de vitraux colorés, quelle beauté! » Le seul regret de Zhang Zhu, c’est la difficulté de communication dès qu’on ne parle pas le français. « Je pense que la France n’est pas un pays

© ZHANG Zhu

« La France n’est pas un pays où il est facile de voyager»

où il est facile de voyager. Les indications en anglais n’existent presque pas et il est rare de croiser des gens qui parlent une autre langue ne serait-ce que pour vous renseigner. C’est vraiment dommage ». Mise à part ça Zhang Zhu et son copain ont pu avoir en trois jours un aperçu de la France et de ses cotés les plus insolites. Des fruits qu’ils n’avaient jamais vus, des SDF qu’ils ont pu croiser dans la rue, ce voyage aura été pour eux une source d’étonnement permanent. n A.C.


Tourisme

Chen Xiao, 26 ans « C’est un pays vraiment romantique! »

«A

h, c’est un pays vraiment romantique! » se souvient en soupirant Chen Xiao quand il raconte, plein d’enthousiasme, son voyage en France. Même si elle a été brève, cette première expérience touristique lui a donné un aperçu de la vie sur le Vieux Continent, où il compte retourner le plus tôt possible. « Je suis parti en 2005, à l’époque j’avais 24 ans- raconte Chen Xiao - j’ai profité des vacances d’été pour aller rendre visite à ma cousine qui habite à Brest  ». Chen Xiao a donc débarqué à Paris tout seul pour un voyage à travers le pays avant de terminer dans la ville

bretonne. La capitale ne l’a pas spécialement fasciné et il a décidé de se rendre au Nord pour profiter de la campagne: « j’ai découvert la Normandie sur mon guide, on en parlait comme

« en Normandie, le paysage est très vaste mais en même temps, on n’y rencontre que des petits villages paisibles » d’un lieu très beau. Je suis allé voir et je suis resté envoûté: le paysage était très vaste mais en même temps, on n’y rencontrait que des petits villages paisibles ». Pour ce jeune homme venant

d’une métropole chinoise, la Normandie était un lieu tout à fait idéal pour se détendre. Il a pu s’arrêter dans les maisons d’hôte à son gré et profiter de la gastronomie locale que Chen Xiao a spécialement apprécié. « J’ai acheté beaucoup de vin, c’est tellement bon marché en France! Et comme je suis assez connaisseur, je ne me suis pas privé d’en déguster sur place. J’ai aussi voulu essayer le fromage français dont on parle tant. J’ai plutôt préféré le fromage de chèvre et j’en ai même ramené à mes amis en Chine, c’est un cadeau très insolite! » n Antonia Cimini

Connexions 67


Dossier

RCP

Mariage au château

© RCP

En 2006, les premiers couples de Chinois de Hong-Kong sont venus immortaliser leur union dans les châteaux de la Loire

L

a mairie de Tours n’avait sans doute jamais vu ça : une quarantaine de couples chinois se pressait, ce 9 octobre pour être mariés par le premier magistrat de la ville. La cérémonie à peine terminée, la troupe a pris la direction du château de Chenonceau pour une visite commentée et surtout une longue séance de photos. Ces 80 Chinois, originaires de la ville de Tianjin, sont les précurseurs d’un type de tourisme bien particulier, le séjour « Lune de Miel ». Sur ce créneau haut de gamme, la France a des atouts que l’agence RCP compte bien exploiter. En 2006, les Chinois ne représentaient encore que 3% des 8 millions de visiteurs du château de Chenonceau. C’est pourquoi, RCP propose aux 68  Connexions

voyagistes chinois d’inclure dans leurs circuits pour jeunes mariés un passage par les châteaux d’Amboise et de Chenonceau, haut lieux du romantisme à la française. Au menu de cette étape : séances de photos en robes blanches et queue de pie, balade en calèche et en montgolfière. « Nous proposons tout un programme sur le thème de la Renaissance avec la représentation d’un mariage d’époque en costumes et accompagné de musiciens, détaille Zhen Ni, responsable de l’agence RCP à Pékin.» Mais l’arrivée de cette nuée de robes blanches n’est pas sans perturber l’ordonnance royale des lieux, précise la jeune femme : « L’autorisation de prendre des photos dans les jardins est accordée seulement aux

touristes chinois, c’est exceptionnel. Et pour les prises de vue à l’intérieur des châteaux, en période de visite, cela pose encore des problèmes d’organisation. » La logistique de la lune de miel, elle aussi, n’est pas une mince affaire car il faut faire voyager les robes et les costumes entre la Chine et la France. L’agence RCP met à disposition, sur place, des maquilleurs et des photographes. Mais certains touristes exigeants n’hésitent pas à faire venir leur propre équipe de techniciens, comme ces mariés de Hong-Kong qui, l’an dernier, ont choisi le décor royal d’Amboise et de Chenonceau pour immortaliser leur union. n M.B.


Tourisme

Biarritz mise sur ses golfs pour attirer des Chinois « haut de gamme »

© Office du tourisme de Biarritz

C

omment amener à séjourner à Biarritz des touristes chinois qui ne connaissent rien aux piments d’Espelette ni aux plaisirs vivifiants de l’océan Atlantique? L’office du tourisme de la ville a trouvé la solution en faisant la promotion en Chine de ses terrains de golf, en particulier « le Phare » créé en 1888 et deuxième plus grand golf d’Europe. Depuis deux ans, Biarritz Tourisme organise la « France Cup » à Pékin, Shanghai et Canton, avec plus de 100 joueurs à chaque tournoi et réunit les 12 gagnants pour la finale à Biarritz. Cette manifestation a suscité un très fort engouement des riches Chinois pour le golf à la française. La ville se positionne ainsi sur un tourisme « haut de gamme », sans pour autant développer d’infrastructures hôtelières

ou un tourisme de masse. « Nous travaillons surtout avec la presse de luxe, les clubs VIP, les grandes marques françaises et bien sûr les média chinois spécialisés sur le golf », explique Zhang Dongli, la représentante en Chine de l’office de tourisme de Biarritz. Cette stratégie s’est montrée payante avec une forte croissance des réservations de séjours depuis la Chine. « Les golfeurs chinois fonctionnent beaucoup en réseau. Ils découvrent la région via le sport mais apprécient aussi d’autres aspects comme la proximité de la mer et de la montagne. Le bouche à oreille fait le reste », précise Mlle Zhang. Et pour aider les Chinois à découvrir d’autres aspects de la culture locale, le restaurant « Le Biarritz » a ouvert il y a six mois à Pékin, avec une carte et une décoration de la région. L’organisation sur place de séminaires sur le golf et de dégustations de vin devrait permettre d’accroître encore la renommée de la ville auprès des riches citadins chinois. Nicolas Sridi

Connexions 69


Dossier

Bolénor

Les touristes chinois sont habitués aux grands volumes dans les halls d’hôtel (ici, la réception du Sofitel Wanda, à Pékin).

P

our une clientèle chinoise aisée, qui cherche de plus en plus à sortir de la norme, voyager à l’étranger n’est désormais plus suffisant pour se distinguer, il faut faire plus. Qu’il s’agisse d’un séjour touristique ou d’un voyage d’affaires, les riches Chinois sont devenus très exi70  Connexions

geants. «Une clientèle de haut niveau a une conception du service très particulière », explique Isabelle Fan de Bolenor, une entreprise qui depuis 9 ans tente de satisfaire les goûts de luxe de ses clients chinois. Chefs d’entreprise, cadres et délégations officielle, autant de catégories auxquelles il faut s’adres-

© Sofitel Wanda

Vacances VIP ser dans un langage qui ne s’improvise pas et qui demande de bien connaître à la fois les attentes des Chinois et les interrogations des hôtes français. « Quand ils sont en voyage d’affaires, nos clients apprécient qu’on leur fasse la conversation sur des sujets sociaux, économiques ou même sur la Chine, pour montrer qu’on connaît leur culture » précise aussi Isabelle Fan. Au delà du confort, en terme d’organisation, c’est bien la qualité du service matériel qui fait la différence. Ces touristes haut de gamme ne descendent que dans des hôtels 4 ou 5 étoiles que les sociétés de services comme Bolenor cherchent à adapter aux usages chinois. « Avant de réserver un hôtel pour nos clients, nous nous rendons sur place pour un examen minutieux. Nous faisons attention à la taille et la disposition des chambres mais aussi à des détails précis, par exemple, si elles sont équipées de bouilloires à eau. Il nous arrive aussi d’essayer la literie car, c’est bien connu, les Chinois aiment les lits durs ». Et une simple inspection des lieux ne suffit pas toujours. Lorsqu’il s’agit d’un voyage d’affaires en groupe, l’enregistrement et l’assignation des chambres doivent être fait à l’avance car les clients ne veulent pas attendre et il faut aussi fournir une petite formation au personnel. Comme l’explique Isabelle Fan, « souvent ce que les Chinois reprochent à l’Europe c’est la lenteur du service. Ils ont l’habitude d’obtenir des plats dix minutes après les avoir commandés, que leurs bagages soient portés, etc… ce qui n’est pas toujours le cas hors de Chine. C’est pour cela que nous formons le personnel, pour faire en sorte que le client se sente le moins négligé possible ». n Antonia Cimini


Tourisme

保利诺

VIP假期

于越来越喜欢寻找异于

应对法国接待方的询问。 “如果是商务旅

为大家都知道中国人喜欢睡硬床。”但一

常规事物的中国富裕阶层

行,顾客们比较喜欢我们谈论社会、经济

次简单的检查不一定足够。如果是一个商

而言,出境游再也不足以

或者中国话题,因为这显示出我们了解他

务旅行团队,还需要提前做好入住登记

彰显自己的与众不同了,人们需要做得更

们的文化”,范女士详细说道。在舒适之

和房间分配事宜,因为客人是不喜欢等待

多。不论是个人旅游还是商务旅游,中国

外,组织上的服务和硬件质量最能彰显服

的,也要给员工提供一些相关的培训。就

富人都变得挑剔了。 “高级顾客对于服务

务的不同。高等级的游客只下榻四星或五

像伊丽莎白·范所说, “中国人对欧洲最

的理念是非常独特的”,保利诺的伊丽莎

星级酒店,像保利诺这样的服务公司就会

有怨言的地方就是服务速度慢。他们习惯

白·范(Isabelle  Fan)解释道。保利诺企业

预定此类酒店以适应中国人的习惯。 “在

了点完菜后10分钟就上菜、有人帮助搬行

服务公司9年来一直致力于满足中国高级

为顾客预定酒店前,我们会亲自去作仔细

李,等等。但在国外却不一定这样。所以我

客户的奢侈口味。企业老板、高层主管、

的检查。我们会察看房间的大小和位置,

们培训员工要尽量做到使客人不要有被

官方代表团,对于每一类人都要事先准

也会注意一些小细节,比如说热水壶的配

忽略的感觉。”n

备相应的词汇,了解他们的需求并准备好

备。有时我们还会试一试床的舒适度,因

Le Guide Vert Michelin en chinois « En route pour l’Espagne »… la dernière destination du Guide Vert Michelin en chinois ! Ce guide, destiné au marché chinois est diffusé dans les librairies de tout le pays et sur Internet depuis octobre 2007. Il présente 22 destinations touristiques espagnoles, ainsi qu’une introduction générale sur le pays, son histoire, sa culture, et mille petits détails pratiques sur ce qui peut dérouter un voyageur chinois dans la patrie de Cervantes… Adapter le contenu du Guide Vert aux voyageurs chinois, telle est la mission que s’est donnée Michelin en commençant à publier des guides en Chine en 2006. Le premier guide, Europe, est sorti en avril 2006. Il a été suivi en octobre 2006 d’un guide France, puis d’un guide Italie en avril 2007. Ces trois premiers guides ont été particulièrement bien accueillis par les lecteurs et voyageurs chinois, et le guide Europe est réimprimé pour la cinquième fois, en attendant une deuxième édition en 2008. Espagne est le dernier né de la collection, et propose, pour la première fois, quelques restaurants étoilés, sélectionnés par l’équipe du célèbre Guide Rouge. Ce guide sera suivi d’autres destinations très prochainement… Tous les guides reprennent le contenu culturel et pratique du Guide Vert Michelin original, en l’adaptant complètement pour des lecteurs non-Européens, en ajoutant des informations pratiques, des contenus culturels spécifiques etc., le tout agrémenté de nombreuses photos et de cartes Michelin bilingues.

Connexions 71


La Chine à la loupe : Le Sichuan Shenyang

Shanghai

Sichuan

© Imagine China

Canton

Le Sichuan

Un nouveau choix en Chine Par Thibaut Fabre, adjoint au chef de la mission économique de Chengdu.

Le Sichuan, province d’une taille comparable à la France, est à la pointe du mouvement de développement chinois vers l’Ouest. Situé au sud-ouest de la Chine, le Sichuan s’étend sur s’articule autour de la sidérurgie (6ème producteur d’acier une superficie comparable à la France (485 000 km²) et chinois, 2ème pour les alliages en fer), des produits chimioccupe la troisième place des provinces de Chine les plus ques (1er producteur d’acide sulfurique, d’engrais), et des peuplées, juste derrière le Henan et le Shandong. Province matériaux de construction. Le Sichuan, qui signifie en franagricole mais aussi fortement industrialisée, notamment çais la « terre des quatre fleuves », bénéficie d’importantes ressources hydrauliques. dans le secteur des technologies Elle a donc pu développer de pointe (aéronautique et Son tissu industriel s’articule autour de une agriculture extrêmespatial), le Sichuan retrouve quatre piliers constitués par les industries ment diversifiée et fertile désormais un poids politique aéronautiques, pharmaceutiques, en privilégiant les cultures et économique déterminant. électroniques et agro-alimentaires spéculatives (cultures maLes orientations du dernier plan raichères et fruitières). Elle quinquennal (XIème plan de jouit d’une véritable autonomie énergétique grâce à son 2006 à 2010) et la politique du « Go West » menée par les potentiel hydroélectrique et à l’importance de ses réserves autorités centrales renforcent cette tendance. en gaz naturel. Enfin, l’excellence de son système éducatif La province se caractérise par l’abondance de ses ressourlui permet d’offrir une main d’œuvre très qualifiée dont le ces naturelles. Elle est riche en minerais et les conditions coût est sensiblement moins élevé que pour les régions d’exploitation y sont favorables, ce qui a favorisé le décôtières. veloppement d’une industrie lourde importante. Celle-ci

72  Connexions


Le Sichuan en chiffres

La politique « Go West » Le Sichuan et sa capitale bénéficient pleinement des premières retombées de la politique du « Go West » menée par les autorités chinoises. Ses principales mesures reposent sur une batterie d’avantages fiscaux et sur une politique très ambitieuse d’investissement public destinée à financer des grands projets d’infrastructures. Ces incitations, conjuguées à l’explosion des coûts de production sur la côte (prix de l’énergie, coût de la main d’œuvre, coût des terrains, etc…) conduisent un nombre croissant d’entreprises chinoises et étrangères à choisir l’implantation dans le Sichuan.

© Imagine China

Une croissance supérieure à la moyenne nationale Le PIB de la province du Sichuan a atteint 863,78 milliards de RMB en 2006, en hausse de 16,9% par rapport à l’année précédente. Depuis 2000, la progression du PIB s’élève à +69,8%, soit une progression moyenne annuelle de 11,2%. Ce rythme, sensiblement supérieur à la croissance chinoise,

L’atelier de Chengdu Aircraft Industrial Corporation

souligne le dynamisme de son économie. Son tissu industriel s’articule autour de quatre piliers constitués par les industries aéronautiques, pharmaceutiques, électroniques et agro-alimentaires. Emblèmes de ces secteurs dans la région, les entreprises sichuanaises Chengdu Aircraft Corporation (construction aéronautique), Diao Group (produits pharmaceutiques), Changhong (production de

Population totale : 87 millions d’habitants Densité : 179,4 hab. / km². Superficie : 485 000 Km² Villes : Chengdu est la capitale de la province avec 10,4 millions d’habitants. Les autres villes d’importance sont Mianyang, Deyang et Yibin. téléviseurs) et New Hope (alimentation du bétail, produits laitiers et viande), ont acquis une renommée nationale et cherchent à présent à s’internationaliser. En 2006, le total des échanges commerciaux du Sichuan s’est élevé à 11,02 milliards de dollars, en progression de 39% par rapport à l’année précédente. Les importations de la province représentaient l’an dernier, 4,40 milliards de dollars contre 6,62 milliards de dollars pour les exportations, soit un taux de couverture de 150 %. Le Sichuan est le plus grand exportateur de la Chine de l’Ouest. Le textile, les produits électroniques, principalement les composants des téléviseurs, et les produits de l’acier représentent les principaux postes des exportations de la province. En ordre décroissant, les USA, la zone administrative spéciale de Hong-Kong, l’Inde et le Japon sont les principaux clients du Sichuan. Les principaux fournisseurs de la province sont, par ordre décroissant d’importance, les USA, le Japon, l’Allemagne et la Corée. Les produits importés sont principalement des composants électroniques, des minerais, des équipements et pièces pour l’aéronautique et de l’acier. La France, premier investisseur européen Le total des échanges commerciaux entre la France et le Sichuan s’est élevé à 200 millions de dollars en 2006. Nos exportations représentaient 132 millions de dollars et nos importations 68 millions de dollars. En 2006, la France, avec une part de marché de 3%, en légère baisse par rapport à l’année précédente, était le 8ème fournisseur de la province et son 26ème client. Le solde commercial de nos échanges avec le Sichuan est largement excédentaire, en 2006 il s’élevait à 63,22 millions USD. La France occupe la 10ème place, devant l’Allemagne et la Grande-Bretagne, des investisseurs étrangers dans la province, ce qui fait d’elle le premier investisseur européen. Une trentaine d’entreprises françaises sont implantées dans le Sichuan. Tous les secteurs sont représentés, mais les investissements les plus significatifs sont concentrés dans le secteur industriel et aéronautique. La présence française ne cesse de se renforcer et en l’espace de quelques années des entreprises telles que Areva (nucléaire civil), Véolia (qui assure un peu moins de la moitié de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Chengdu), Alcatel (centre de R&D), Groupama (assurance agricole), Lafarge (cimenterie), Accor (Sofitel et Ibis avec pour projet l’ouverture de 6 nouveaux hôtels ibis d’ici l’an prochain) et les distributeurs Carrefour et Connexions 73


La Chine à la loupe : Le Sichuan Auchan ont développé leurs activités dans la région. Le dernier investissement français a été réalisé par Ubisoft qui, après Shanghai, vient d’ouvrir son deuxième studio de production de jeux vidéo à Chengdu. Bien qu’encore sous représentées les PME françaises sont de plus en plus nombreuses à faire le choix du Sichuan et notamment de Chengdu pour y conquérir de nouveaux marchés. Le Sichuan ambitionne de devenir un carrefour industriel et commercial majeur pour l’Ouest de la Chine. Afin de réussir cette mutation, les autorités locales sont tendues vers un objectif unique de croissance et de création de richesse. Que ce soit dans le domaine des grandes infrastructures, de la santé, de la R&D, des industries à haute valeur ajoutée ou du marché des biens de consommation, Chengdu et la province du Sichuan offrent des opportunités qu’il convient de saisir dès maintenant. n

Evolution du PIB du Sichuan de 2000 à 2005 15% 12%

Moyenne nationale : 9.35%

12.7%

12.6%

2004

2005

11.3%

10.2%

9% 8.5%

9%

6% 2% 0 2000

2001

2002

2003

Le Sichuan, un nouveau choix en Chine La Mission Economique de Chengdu a publié un guide pour mieux appréhender les opportunités économiques et commerciales du Sichuan. Il dresse un tableau détaillé de l’environnement économique de la province et comprend de nombreux conseils pratiques pour y réussir son implantation ou le développement de son réseau de distribution. Cet ouvrage (61€) est disponible sur le site internet d’Ubifrance, sur celui de la mission économique ou directement auprès de la mission économique de Chengdu.

Le bonheur est dans le Sichuan

V

endre des canards en Chine, c’est une drôle d’idée. Autant ouvrir un commerce de glaces au Groenland. Et pourtant, une entreprise française a réussi sur ce créneau paradoxal : chaque année, les éleveurs chinois achètent 3 millions de cannetons à la société Grimaud Frères, implantée au Sichuan depuis 1995. « Nos produits sont vivants et donc extrêmement fragiles, c’est pourquoi nous avons une politique de production locale, explique le président du groupe, Frédéric Grimaud. De plus, il peut y avoir des barrières sanitaires aux frontières pour les animaux. » En Chine, le premier couvoir s’est donc ouvert près de Chengdu, au cœur d’une province agricole grosse consommatrice de palmipèdes sous toutes ses formes. La présence d’un client et partenaire chinois a aussi pesé dans la balance. Depuis, l’entreprise française a racheté le capital de la structure conjointe et ouvert une autre unité de production dans la province du Fujian, sur la côte Sud. Cet investissement sur le marché chinois s’est avéré rentable dès 1997, assure le président de Grimaud Frère. Aujourd’hui, plus de 120 personnes, toutes chinoises, travaillent dans le couvoir du Sichuan pour accompagner la naissance des cannetons. Les cadres détiennent même 74  Connexions

Le couvoir Grimaud Frères près de Chengdu

© Grimaud Frères

Grimaud Frères

12% du capital. Régulièrement, des techniciens français font le voyage depuis le siège, situé près de Nantes, pour former les équipes sichuanaises. Car le succès de Grimaud Frères repose sur un savoir-faire pointu. L’entreprise s’est spécialisée dans le canard trois étoiles, issu d’une rigoureuse sélection génétique qui assure au groupe la première place mondiale des fournisseurs de palmipèdes reproducteurs. « Nos canards grandissent plus vite, mangent moins et produisent plus de viande, explique Frédéric Grimaud. » La descendance de ces champions finira laquée sur les tables de tous les restaurants de Chine. « Si on tient compte de l’effet multiplicateur, nous pouvons dire qu’un canard sur cinq mangé en Chine est issu de nos reproducteurs, se réjouit Frédéric Grimaud ». La Chine est ainsi devenue le premier marché pour le canard génétiquement sélectionné de Grimaud Frères qui réalise dans ce pays 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. n


Le Sichuan, accélérateur de production

L’usine Atexis de Chengdu produit 700 000 capteurs thermiques par an.

P

our Atexis, l’implantation en Chine a d’abord été une longue marche. Son président, Pascal Hermandesse, a parcouru 10 000 kilomètres à travers le pays pour dénicher le meilleur endroit. Et c’est à Chengdu que la PME a finalement choisi de s’installer. Pourquoi Chengdu ? « Shanghai est trop chère et soutient peu les PME et la région de Pékin n’est pas intéressante pour notre secteur, explique Pascal Hermandesse. De plus, au Sichuan, le coût de la main d’œuvre est 20% inférieur à celui du littoral et les autorités locales nous ont apporté un soutien actif ». XXX

© Atexis

Atexis

Grâce à cette mobilisation, les procédures n’ont pas traîné : en deux mois, l’entreprise était enregistrée et possédait ses licences de production et d’exportation. « Pour les démarches, nous avons fait appel à un avocat local, vingt fois moins cher qu’un cabinet international, c’est un détail qui compte pour une PME », précise Pascal Hermandesse. Dernier avantage, très apprécié par le directeur d’Atexis, la fidélité de la main d’œuvre : « Tous nos ouvriers sont sichuanais, ils sont donc attachés à leur région et le marché de l’emploi est moins tendu que sur le littoral où les salariés ont tendance à changer souvent d’employeur ». Depuis l’ouverture d’une ligne aérienne directe vers l’Europe, Atexis peut désormais envoyer ses capteurs à ses clients, répartis dans une quarantaine de pays du monde, sans passer par Pékin. Une solution logistique, il est vrai, réservée aux seuls produits de petites tailles. Depuis son arrivée au Sichuan, l’activité de l’entreprise française s’est développée rapidement et, avec 70 salariés, Atexis continue à embaucher. Les lignes de production sont même à l’étroit dans les 1500 m2 de l’atelier qui produit déjà 700 000 capteurs par an. Depuis un peu plus de deux ans qu’elle s’est implantée au Sichuan, l’entreprise a déjà multiplié son chiffre d’affaires par cinq. n

Surfer sur la vague du Go West Ernst & Young

Avril 2007, Ernst&Young Chengdu devient une « branch ».

© Ernst & Young

E

rnst & Young a fait preuve d’un sens aigu de l’anticipation en installant un bureau de représentation à Chengdu dès 1999. A l’époque, s’implanter dans l’Ouest de la Chine était encore considéré comme une aventure, en particulier quand il s’agissait de proposer des services sophistiqués comme l’audit et le conseil. Aujourd’hui, Chengdu connaît un développement économique soutenu et s’est imposé comme le centre économique et culturel de la Chine occidentale, concentrant nombre d’universités et d’instituts de recherche scientifique. Depuis 2007, l’antenne sichuanaise d’Ernst & Young a le statut de “branch” pleinement active et le cabinet espère bien toucher les dividendes de son implantation précoce. Ernst & Young veut surfer sur la vague du « Go West », la politique incitative des autorités chinoises. Ces mesures visent à attirer les entreprises dans le Sichuan, soit autant de nouveaux clients potentiels pour les services d’audit et de conseil. « Nous voulons être là pour contribuer au développement des entreprises dans

cette région où nous pouvons faire valoir notre très bonne connaissance de l’environnement local », argumente Daniel Chen, responsable de Ernst & Young Chengdu. Le bureau de Chengdu emploie une centaine de personnes et fournit essentiellement des prestations d’audit, de conseil et de fiscalité. Le chiffre d’affaires généré par le bureau sichuanais représente une partie encore relativement mineure de l’activité d’Ernst & Young en Chine, mais l’entreprise y a des projets de développement ambitieux, avec comme première étape le déménagement de ses bureaux à la fin de l’année dans l’immeuble du Shangri-la, le plus moderne de la ville. n Connexions 75


Tourisme en Chine

Sur les marches du Tibet, le grenier à blé de la Chine Terre bénie par les quatre grands fleuves d’Asie qui s’écoulent à travers ses pentes vertes et fertiles, loin à l’ouest de Pékin, le Sichuan abrite les plus riches terres agricoles et réserves naturelles du pays. Région encore peu envahie par les touristes, elle offre une telle variété de paysages, d’habitat et de cultures qu’il est bon de s’y attarder.

S

ituée sur les Marches du Tibet, l’accès à cette province très montagneuse a toujours été difficile, sauf de nos jours grâce aux vols directs de compagnies internationales, comme KLM/Air France, sur Chengdu, sa capitale. De quoi aller à l’encontre d’un proverbe chinois célèbre qui dit : « Le chemin du Sichuan est plus difficile que de monter au ciel (蜀道难,难于上青天). »

© DR

Des sites classés Rendue célèbre par ses pandas géants se réfugiant dans les forêts de bambous de la réserve de Wolong, la province de l’Ouest possède un grand nombre de sites culturels et naturels classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité, dont la vallée de Jiuzhaigou et les monts Huanglong, le Bouddha de Leshan, la montagne bouddhiste Emei. D’autres sont inscrits sur la liste d’attente, comme les tours carrées du Minyak et du Jiarong découvertes par l’exploratrice française Frédérique Darragon, le monastère de Palpung, l’imprimerie de Dege et des réserves d’une biodiversité exceptionnelle abritant des espèces rares en voie de disparition, comme le léopard des neiges et le cerf du Père David.

76  Connexions

Présence d’une haute civilisation Dès le XVIème siècle avant notre ère, une civilisation avancée et indépendante s’est établie dans le royaume de Shu sur les terres rouges du bassin du Yangtse et y a cultivé grâce au complexe hydraulique de Dujiangyan, une zone agricole qui allait devenir le grenier à blé de la Chine. La présence d’importants sites bouddhistes et taoïstes démontre le raffinement de cette civilisation terrienne qui a su mener une vie quotidienne faite de poésie et de spiritualité, loin des rigueurs du pouvoir. Dans les rues de Chengdu, l’abondance des maisons de thé et des temples, les discussions très libérales de ses habitants, témoignent du réel art de vivre de cette dynamique capitale économique. Une région de minorités Mais, le Sichuan, ce n’est pas seulement le Bassin rouge ! La moitié de la province est occupée par des régions montagneuses très peu peuplées, véritables viviers des populations tibétaines et qiang rassemblées au Nord dans la préfecture autonome tibétaine et qiang de Aba et à l’Ouest dans la préfecture autonome tibétaine de Ganze. Là, se trouvent les fabuleux paysages arpentés par de célèbres explorateurs, comme Alexandra David-Neil, qui n’ont pas hésité à traverser de très hautes montagnes sacrées, telles le Minyak Gonga, le Siguniang et les gorges profondes des quelques quatre-vingt rivières de la province. Encore très peu visitées par les touristes, ces vastes étendues, parsemées de maisons de pierre et de bois sur lesquelles flottent au vent les drapeaux de prières multicolores ou de tentes de nomades blanche ou noire, retiendront l’attention des voyageurs à la recherche d’itinéraires hors des sentiers battus.


Que voir à Chengdu et alentours ? - Les classiques : Monastère de Wenshu; Chaumière du poète Du Fu et maisons de thé; le mont Emei et le Bouddha géant de Leshan ; réserve des pandas de Wolong et système hydraulique de Dujiangyan. - Les plus : Centre de reproduction des pandas géants; le ‘Moon Bear Rescue Center’, centre international de protection des animaux qui se bat contre la vente des organes d’ours; spectacle d’Opéra sichuanais.

© DR

Itinéraires « hors sentiers battus » à partir de Chengdu - Nord : vers Langzhou (Gansu) Points forts : les villages de la minorité Qiang de Tao Ping et Maoxian qui ont préservé leur mode de vie traditionnel ; les réserves naturelles de Huanglong et Jiuzhaigou aux lacs de turquoises ; les villages de Songpan et de Langmusi avec des ballades à pied ou à cheval dans les vallées d’altitude où se cachent monastères et troupeaux de yak ; le monastère de Labrang à Xiahe (Gansu). - Nord-Ouest : vers le parc du Siguniang et Danba Points forts: marche dans les vallées secrètes de la montagne des “quatre jeunes filles” ; rencontre avec les villageois Tibétain et Qiang ; visite des villages aux tours carrées du Gyalrong et de Danba. - Ouest : vers le parc du Minyak Gonga Points forts : pour les sportifs, tour de la montagne sacrée en suivant le chemin de pèlerinage des Bouddhistes jusqu’au monastère du « roi des montagnes du Sichuan » à travers des cols de 4000m d’altitude, des vallées tapissées

© DR

de fleurs rares et d’espaces non touristiques. - plus loin à l’Ouest : vers Ganzi et Dege et le Kham Points forts : grimper les marches vers le Tibet, traverser les hauts cols et visiter les monastères et ermitages Khampas à Kangding et Ganzi, le superbe lac de Yilhun, l’imprimerie bouddhiste de Dege, les monastères actifs de Dzogchen, Palpung et Dzongsar. Immersion avec des religieux et méditants. Ballades à cheval et à pied. Pour les plus hardis et qui ont du temps : continuer la route vers Lhassa, via Chamdo (TAR) ou vers Yushu et Xining (Qinghai) - Sud-Ouest : vers Litang, Yading et Shangri-La (Yunnan) Points forts : traverser les hauts-plateaux des fiers Khampas, assister au festival de chevaux de Litang, visiter des monastères et couvents retirés dans des vallées secrètes, parcourir à pied ou à cheval le chemin de pèlerinage des quatre montagnes enneigées et sacrées de la réserve de Yading, un itinéraire encore inconnu, et suivre la route du thé et du sel vers le Shangri-La. n Veronique d’Antras

Connexions 77


© Colorise Gers/Michelin

聚焦法国

南部-比利牛斯Midi-Pyrenees 南部-比利牛斯大区色彩斑斓:北部的图卢兹和阿尔比一带是一片棕红,被称为“法国 的托斯卡纳”的热尔(Gers)黄中带赤,南运河(Canal du midi)沿岸呈银白色,而到了阿列 日(Ariège),辽阔的森林一直延伸到冰雪覆盖的山顶,白绿相间。 这个地区也是美食家和好食家的天堂,鲁埃格(Rouergue)的aligot(一种用土豆和奶酪 烹制的菜)、图卢兹的什锦砂锅(cassoulet)和热尔的肥鹅肝会让他们不知从何下手。 来到这里,诗人墨客文思泉涌,凡夫俗子心旷神怡。南部—比利牛斯就是这样神奇。

地区简介: 南部-比利牛斯大区位于法国南部,与西班牙接壤。人口约260万,面积 45 348平方公里,是法国22个大区中最大 的一个,包括八个省:阿列日、阿韦龙(Aveyron)、热尔、上加龙(Haute-Garonne)、洛特(Lot)、塔恩(Tarn)和塔恩-加龙 (Tarn-et-Garonne)。 旅游信息查询 南部-比利牛斯旅游局网站 www.tourisme-midi-pyrenees.com (法语、英语、西班牙语、荷兰语) 本版文章版权专有。未经米其林事先书面许可,任何个人或企业不得以复制、转载(包括网上转载)或其他任何方式使用其中的任何内容(包括文 字 和 图 片 ) 。 米 其 林 保留对任何未经授权的使用追究法律责任的权利。如需转载或发现文章中有不妥之处或有任何意见和建议,请发电子 邮 件 至 : jennifer.kong@michelin.com.cn

78  Connexions


加龙河流域

西班牙圣地亚哥·德·孔波斯特拉的朝圣

南部-比利牛斯大区的个性离不开加龙河

者都要在这里先停一站。

历史点滴

的孕育。加龙河精力充沛,但又喜怒无常, 在它的滋养下,这个南部大区成为法国最

多明我会教堂(Les Jacobins)

富足的粮仓之一,草原一望无际,茁壮的

这座砖砌教堂是法国南部哥特式教堂中

庄稼随风摇曳。图卢兹是南部-比利牛斯

的精品,代表了南方哥特式的最高水平。

大区的首府,生活着55万居民,集中着大

教堂里有一根巨大的棕榈树形石柱,堪称

量的尖端工业和科研机构,其科技实力不

石柱艺术的一个大胆创新。教堂的回廊也

仅在南部-比利牛斯大区举足轻重,对法

优美动人。

起 兵 反 对 路 易 十三 统 治 的 朗 格 多克 总 督 蒙 莫 朗 西 (Montmorency)公爵兵败被俘 后,于1632年在市政厅的院子 里被处死。现在广场上立有一 块纪念牌,记录这个事件。

国乃至世界都有相当的影响。然而,这个 享有“法国的托斯卡纳”之称的大区最吸

市政厅广场 (Place du Capitole)

330、A340及最新的A380都是在这里总

引人的也许不是它的先进技术,而是美丽

市政厅广场是图卢兹人喜欢的聚会场所,

装的。工厂有一个放映室和一个展厅,介

和谐的自然景观。

东侧是庄严华美的市政厅,广场中央的地

绍空客的总体规划。车间里设有专用天

面上镶有一个铜质的朗格多克十字架,十

桥,方便参观者观看飞机的组装过程。世

图卢兹(Toulouse)

字架的末端刻着黄道十二宫的图案。广场

界首架超音速客机——协和飞机的第一

法国人都说图卢兹的色彩一天三变:清

周围的拱廊下悬挂着29幅大画作,表现的

架样机也保存在这里。

晨玫瑰,晌午淡紫,傍晚金红。然而,这

都是载入图卢兹史册的人物和事件,其中

座“玫瑰之城”不仅是块调色板,还是历

有空中客车公司和探戈之王卡洛斯·加尔

太空城(Cité de l’espace)

史传统的熔炉。图卢兹昔日曾是奥克语地

戴尔(Carlos  Gardel)。十字架和这些画作

太空城宏伟的展厅和摆在院子里的高大

区的大首府,图卢兹执政官管理事务的中

都出于雷蒙·莫雷蒂(Raymond Moretti)之

火箭让人从老远就能看到它们的身影。参

心地。徜徉在老城区的大街小巷,鲜花簇

手。

观者可以参与各项探索太空的活动,还可 以亲自动手体验。活动场所主要有三个:

拥中的文艺复兴庭院和厚重大门掩映下的 豪华宅邸让人有时光倒流之感。而今天,

阿塞扎公馆(Hôtel d’Assézat)

院子里是大型设施的展示,如阿里亚纳火

航空工业为图卢兹的腾飞插上了翅膀,历

阿塞扎公馆是图卢兹最美的私人宅邸,建

箭,天象厅放映介绍宇宙和演示太空景象

史与现代的相交令其辉映出与众不同的光

于1555至1557年,曾是执政官阿塞扎的住

的影片,展厅则传授与太空相关的各种知

芒。

所,现在是邦贝尔基金会(Bemberg)的所

识。无论是孩子还是成人来到这里都会

在地。另外还有六个图卢兹的学术团体

在愉悦身心的同时学到不少的太空知识

圣塞尔南教堂(St-Sernin)

也设在这里,其中包括历史悠久的文学院

有一首诗歌这样唱道: “圣塞尔南教堂,

Académie des Jeux floraux, 举世闻名的作

阿尔比

沐浴阳光的珊瑚花,把夜空照亮……”。圣

家雨果年轻时曾在赢得这个学院举办的

阿尔比地区盛产植物颜料,在相当长一段

塞尔南教堂是法国南方最著名、最美丽的

诗歌比赛的桂冠。

时期内,颜料贸易为阿尔比带来了滚滚的

罗马式教堂,也是法国收藏文物最多的教

财源。15世纪是阿尔比最繁荣的时期,城

堂。公元4世纪末,为了保存圣塞尔南的遗

欧洲航空航天中心

骸,人们在这里建起一座教堂。查理曼大

空中客车( Airbus )

帝对教堂进行了扩建,并送来大量文物,

空客的总装厂名为Clément-Ader,厂房

圣塞西尔大教堂(Sainte-Cécile)

当时欧洲各国的圣徒都来这里朝拜,前往

长500米,宽200 米,空客的远程客机 A

圣塞西尔大教堂是十字军征服阿尔比之

市面积不断扩大,市容大大美化。

后罗马人为显示他们的实力和权力而建

你知道吗?

造的。大教堂外形像一座堡垒,整个工 程持续了200多年。站在8月22日桥(pont

图卢兹的主要建筑材料是用加龙河冲积平原的泥土烧制成的红砖,因此 整座城市都呈红褐色,无论是教堂、私人宅邸、水塔、庄园、桥梁、回廊 还是大型雕塑,都像是由红色的珊瑚建成。罗马人留给我们的这令人着 迷的红褐色从图卢兹一直延伸到蒙托邦(Montauban),娓娓地向人们讲 述着生活的甜美。

du

22

août)上或阿尔比老城区的一条

街道上(如皮埃什-贝朗吉耶街[PuechBérenguier] 远望大教堂,情景让人印象深 刻。教堂内,在大管风琴下面的西侧墙壁 上装饰着一幅《最后的审判》,画面气势 Connexions 79


聚焦法国 宏大,震人心魄。 图卢兹-洛特雷克博物馆 (Toulouse Lautrec) 在11号展厅可以看到图卢兹-洛特雷克最 著名的《磨坊街的沙龙》。23展厅里有这 位画家使用过的空心拐杖。据说洛特雷 克在离开他在Neuilly的住所时,悄悄地在 拐杖里灌满陈酿的干邑,他的朋友兼“保 镖”保罗·维奥(Paul Viaud)常常百思不得 其解。

© Gautier Battistella/Michelin

洛特雷克 (Lautrec) 这座中世纪的小镇位于一座小山丘上,原 来是一处要塞,所出产的紫皮蒜很有些名 气。小镇在染料贸易兴旺的时代积累下丰 厚的财富。这里也是画家图卢兹-洛特雷 克的家族发迹的地方,阿尔比城有这位画

卢兹,从地中海沿岸一直延伸到洛拉盖

洪亮的居民……更重要的,它还是长寿之

家的博物馆。

(Lauragais),贯穿整个朗格多克。在很长

乡!

一个时期内,运河在货运方面发挥着重 “天际之绳”(Cordes sur Ciel)

要的作用。今天,运输已经不再是它的使

欧什(Auch)

这座中世纪小城高据Cérou峡谷之巅,由

命,人们更欣赏的是它两岸的美景和静静

欧什是加斯科涅的首府,历史上剑客辈

于山谷里经常云雾低垂,小城仿佛隐现于

流淌的河水。运河工程宏伟,沿途共设有

出。剑客们往往身手敏捷,武艺高强,鲜

流云之上。因城里有无数尖顶房子,小城

91道船闸,1996年被联合国教科文组织

有敌手。平日就已相当热闹的市井到周末

被冠以“百塔之城”的美称,古朴典雅,

列为世界遗产。

因市场的开放而更加人声鼎沸。纵横交错

似乎不受时代变迁的沾染,用加缪的话来

的街巷俨如迷宫,仿佛隐藏着无数秘密,

加斯科涅(La Gascogne)

在鲜花的装点下更显中世纪市镇的魅力。

“你可曾见过卡彭率领的加斯科涅兵?

闲时徜徉其中,不光能体会到无尽的乐

南运河(Canal du Midi)

打仗不要命,

趣,还有机会尝到极品的肥鹅肝和陈酿的

开凿运河将大西洋与地中海联起来这个

说谎不脸红,

阿马尼亚克酒。

宏伟构想早在古罗马人占领的时期就有

这就是加斯科涅的兵。”

了。法王弗朗索瓦一世、亨利四世和黎世

罗斯丹《西哈诺·德·贝尔热拉克》第二

达达尼昂到底是谁?

留都曾进行过相关研究,但始终未能将

幕,第七场

达达尼昂确有其人,他生于1615年前后,

其实现。最终是Bonrepos男爵皮埃尔-保

用这段话作为介绍加斯科涅的开始恐怕

是真实的阿塔尼昂伯爵。最先发现他的才

罗·里凯(Pierre-Paul Riquet)将这一梦想变

是最适合不过的了。加斯科涅是达达尼昂

能的是首相马萨琳,之后路易十四对他宠

成了现实。1667年,人们开始挖掘运河。

(小说《三个火枪手》中的人物)的故乡,

信有加,曾多次派他执行艰巨任务,在国

完工之后的运河始于塞特(Sète),终于图

它的盛誉绝非虚名:这里有美食,有嗓音

王建立第一剑客营时,他被任命为副指

说,它“被搁置在另一个空间之外”。

挥。1673年达达尼昂在马斯特里赫特围城

养鸽场遗迹

战役中殒命。当时有人为他写了传记,题

在加龙河流域肥沃的土地上,随处可见鸽房的遗迹。过去,鸽子是传递 信息的使者和重要的肥料来源。而今天这些鸽房已经破败不堪,似乎对 周围所发生的一切都无动于衷,只是静静地映衬着乡村生活的变化。

可这本书很快就被人遗忘了,直到有一天

为《回忆达达尼昂先生》,1700年出版。 被大仲马发掘出来,之后就成了家喻户晓 的名字。现在达达尼昂的塑像就立在欧什 城的台阶下。

80  Connexions


橄榄球:一项绅士热爱的痞子运动

© E. Laribée / MICHELIN

地区的法国人的标志之一。这项 运动所需要的勇气、智慧和力量 提升了加斯科涅人的形象,让他 们体 格 健壮、举止庄重、声音宏 亮,颇有旧日贵族剑客的风范。南 部—比利牛斯大区最杰出的Stade Toulousain橄榄球队是法国最好 的球队,在整个欧洲也是名列前 茅。

在图卢兹乃至整个法国南部,橄 榄球 都是人们热衷的运动,也是 奥克西坦地区的居民区别于其他

中世纪的“游客”—长途跋涉的艰辛。他 们或者为了清洁灵魂,或者出于虔诚的信 仰,毅然踏上前往圣地亚哥·德·孔波斯 特拉的险途。为讨生活,一些杂耍艺人跟 随他们一同前行,晚上圣徒们在修道院 的客房休息时,他们献上各种节目为其消 遣。不是所有朝圣者都能坚持走到圣地 亚哥·德·孔波斯特拉,有些修道院,只 要朝圣者给够了钱,就为他颁发朝圣归来 的证明。历尽艰辛坚持到底的朝圣者身上 都带着象征朝圣的贝壳——这些贝壳在 西班牙加利西亚的海滩上非常多,因此这 种贝壳一直被称为“Saint-Jacques”(圣雅

葡萄,并将其广泛种植于附近的丘陵上。

各)。

和塔恩河沿岸、图卢兹周边、比利牛斯山

孔克的彩绘玻璃

埃斯帕里翁(Espalion)

麓、加斯科涅左近的丘陵,还是在富瓦和

来自罗德兹的一个年轻人在造访修道院

埃斯帕里翁位于奥布拉克(Aubrac)平原的

洛拉盖,都建有很多古堡,总数达300有

时被它优美的造型、石料的原始质感和光

入口,周围是一片洛特河水浇灌着的肥沃

余。古堡一般呈正方形或长方形,整齐划

线的明暗变化所震撼,萌生了“艺术是唯

盆地,Calmont-d’Olt的封建建筑遗址俯

一的布局与古镇的杂乱无章形成鲜明对

一值得为之献身的事业”的念头。于是他

瞰着它。埃斯帕里翁城景色秀丽,洛特河

比。这些古堡还经常在中心位置安排一片

留在了孔克,并为修道院设计出了美妙绝

安详地穿城而过,古老的皮革作坊特有的

空地,用作市场。古堡严整的布局及建筑

伦的彩绘玻璃。

宽大木头阳台和11世纪保留至今的小桥

古堡群 在南部-比利牛斯地区,无论是加龙河

倒映在河面之上。

材料的独特使其成为中世纪建筑艺术的 瑰宝。

奔向圣地亚哥·德·孔波斯特拉

热尔省还是电影导演们钟情的地方

今天的人们无法想象当年的朝圣者——

技术上的创举— —米约(Millau)的栈

以下著名影片就是在加斯科涅拍摄的: 路易·马莱(Louis  Malle)的《五月傻瓜》 (Milou en Mai, 1989) 艾蒂安·沙蒂利耶(Etienne Chatiliez)的 《幸福在草原》(Le bonheur est dans le pré, 1995) 克里斯托夫·甘斯(Christophe Gans)的 《狼族盟约》(Le Pacte des Loups, 2001)

鲁埃格(Le Rouergue) 孔克(Conques) 孔克这座静谧的小村子好像挂在乌什山 口陡峭的岩壁上,得天独厚。村里的道路 都向下倾斜,一座宏伟且藏品丰富的罗马 院,当年络绎不绝的前往西班牙圣地亚 哥·德·孔波斯特拉的朝圣者都在此停 留。小村处于未开发的原始景观当中,宁 静怡人。这里的僧人最先发现了阿韦龙的

© Colorise Gers / MICHELIN

式教堂立于其中。教堂的前身是一座修道

Connexions 81


聚焦法国 桥

19世纪的奢华之风兴起后,几乎全欧洲

式、等待圣灵救赎的病人给小镇营造出神

这座横跨塔恩河的栈桥出自英国建筑师

的上流人士都慕名到吕颂(Luchon)、科特

圣而凝重的氛围,亲历现场的人无不为之

诺曼·福斯特(Lord Norman Foster)之手。

雷(Cauterets)

和巴来热(Barèges)来泡温

感动。卢尔德因位于比利牛斯山麓而尽得

米约栈桥长2460米,高悬于塔恩河之上

泉。今天泡温泉已不再是少数富人的特

地利,与它比邻的是另一处圣地——加瓦

343米处,是当今世界上离水面最高的桥,

权,每天都有大量游客涌向这里,借温泉

尔尼冰斗,不过去那里的不是圣徒而是游

金属的桥面由七尊混凝土桥墩支撑,桥上

治疗各种疾患。温泉对呼吸系统不适和

客,他们期望见到的也不是圣灵而是美景

立有七座金属塔。米约栈桥于2004年12月

关节疾病颇具疗效。同巴涅尔德比戈尔

和古建筑。

建成通车,不仅在技术上创造了多项桥梁

(Bagnères de Bigorre)一样,阿科斯莱泰尔

最出名的卢尔德人无疑要数贝尔纳黛

史上的纪录,从美学的角度讲也堪称一件

姆(Ax-les-Thermes)也是一处度假胜地,

特·苏比鲁(Bernadette Soubirous,1844-

杰作。它的现代造型与米约城的古老风貌

不仅有舒适的宾馆、设备齐全的温泉浴

1879),她曾18次看见圣母,并给城市带来

形成一幅美丽画卷,为周围的自然景观增

场,还能进行多项有趣的冬季运动。阿科

荣誉和财富。

添了淡雅的一笔。

斯莱泰尔姆还是一个了解本地历史的理想

卢尔德仅次于罗马的天主教朝圣第二大圣

之地:仅一箭之遥就坐落着多座卡塔尔城

城,从世俗的角度讲,卢尔德也是法国旅

拉吉奥尔的刀具

堡。

馆业最兴旺的城市之一——旅馆床位数

拉吉奥尔刀(laguiole)是一种精美的刀具,

曾经来这一带享受温泉的大人物不计其

居第二(拥有旅馆350家,共40,000个床

最引人注目的是刀把,用牛角、木、铝、象

数:常到吕颂泡温泉的有诗人拉马丁、作

位),仅次于巴黎。

牙等材料制成,别具一格。刀具的驰名使

家福楼拜和都德、普鲁士首相俾斯麦、荷

得拉吉奥尔这座过去依靠牲畜交易过活

兰女间谍玛塔·哈里、剧作家罗斯丹等。

阿列日(Ariège)— — 卡塔尔教 派的保

的小城变成一个响当当的名字。过去人们

作家蒙田和乔治·桑、意大利作曲家罗西

护地

会问: “拉吉奥尔是什么?”今天人们会

尼以及拿破仑的皇后欧也妮则经常光顾

富瓦地区的上空总是笼罩着一圈神秘

说: “拉吉奥尔就是拉吉奥尔。”

巴涅尔德比戈尔的温泉。

的光环。这 种神秘可能 来自那些狭窄 陡峭、长年云雾缭绕、令人心神不安的

比利牛斯山

比利牛斯山脚下的卢尔德 (Lourdes)

峡谷;也可能 来自于关于此 地 的人物

冰川运动形成的形状各异而连绵不断的

卢尔德的名声就没必要重复了吧,大家都

(比如勇猛的战士加斯通·费比[Gaston

山谷、片片广阔的牧场、座座耸立的山峰

知道圣母曾数次在这个城镇显灵。卢尔德

Fébus])和事件

和夹杂其间的清澈碧蓝的湖泊构成比利

位于波城近旁,每年从复活节到万圣节期

Montségur被屠杀)的传说。与罗克菲萨

牛斯山的基本面貌;山颠的白雪、山腰的

间来此朝圣的人摩肩接踵,蔚为壮观。五

德(Roquefixade)一样,在1272年十字军

羊群、山脚的湖泊成为比利牛斯山的点睛

花八门的盛大活动、连绵不断的宗教仪

征讨阿尔比的时候,Montségur作为皇

(比如卡塔尔派教徒在

之笔。上阿列日省和安道尔嵌在起伏的山 峦上,山间隐藏着不少空间不大却气候宜 人的好地方。 认识几座高峰 Perdu峰,山上有著名的加瓦尔尼冰斗 (cirque de Gavarnie);

Balaïtous峰

(海拔3 146 m)和Vignemale峰(海拔 3 298 m); Midi d’Ossau(海拔2 884 m)和Bigorre (海拔2 865 m)火山以及 Néouvielle 高原上的Long 峰(海拔3 192

温泉 比利牛斯地区蕴藏丰富的矿泉和温泉自 古就颇负盛名,18世纪末开始风靡于世。 82  Connexions

© Office du tourisme

m)。


家城堡曾向卡塔尔派教民提供过庇护。

加瓦尔尼山谷和它南部的冰斗举世闻名。

Montségur建在海拔1216米的山峰上,站

1997年联合国教科文组织将它和比利牛

在山上极目远眺,山区的美景尽收眼底。

斯山西班牙一侧的Ordesa国家公园以及

Chambre d’hôte Château des Varennes

mont Perdu一起列入了人类世界遗产。

地址:31450 Varennes(图卢兹以东18公

史前遗迹

面积不大,但温馨舒适。

里,走St-Orens-de-Gameville公路后转D

值得 一 看 的 有:勒马兹达齐 尔 ( M a s-

Midi峰

2高速路可到达)

d’Azil)的史前洞窟、尼欧(Niaux)的岩洞

此峰形状优美,远远高出附近的其他山

电话:05 61 81 69 24

壁画、塔拉斯孔(Tarascon-sur-Ariège)和

峰,峰顶视野绝佳。山上又设有多个科研

网址:www.chateaudesvarennes.com

它的比利牛斯史前艺术园以及隆布里沃

机构,是众多游客所向往的游览胜地。峰

营业时间:11月至2月不营业

(Lombrives)和贝德拉克(Bédeilhac)的岩

高2877米,登上峰顶,绵延起伏的远近山

房间:5间

洞。.

峰,神秘莫测的沟壑山谷一览无余。山上

房价:80-135€,早餐5€,餐厅用餐价格

建有一道玻璃观景廊和多个观景平台,比

35 €

利牛斯群山的美景尽可一网打尽。

这是一座16世纪的红砖古堡,有一个迷人

黄金河 阿列日河含金沙,从中世纪到19世纪,一

的庭院,酒窖拱顶很古典,花园里长着多

直有很多人不遗余力地在河沙里寻找宝

魅力不减的比利牛斯山

贵的沙金。产金的河段在富瓦的上游,

布鲁斯南出演的首部邦德影片有相当一部

最大的金粒(有时能重达15克)都是在

分是在比利牛斯山上拍摄的,因为山中景

Hôtel Mermoz

Varilhes至Pamiers一段河床里找到的。快

色与阿富汗的山景极为相象。

地址:50 r. Matabiau

拿起你的筛子吧!

株百年古树。

电话:05 61 63 04 04 你知道奥克西坦是什么吗?

电邮:reservation@hotel-mermoz.com

安道尔(Andorre)

奥克西坦(Occitan)就是今天被称为“奥克

房间:52 间

安道尔公国面积468 平方公里,是个独立

语”的语言的古名。罗马人征服高卢之后,

房价:101€,早餐10€

的主权国家,在自身的努力之下,国际地

拉丁语同当地的高卢语融合,形成两种不

靠近市中心,花草繁茂的花园增添了几分

位不断提高,现已成为联合国正式成员。

同的语言,它们最具代表性的区别是分别

宁静。客房宽敞明亮,家具是20世纪30年

这个小国长期靠农牧业生存,向世界开放

以“oc”和“oil”来表示“是”,因此分别

代的风格。

时间不长,1931年才修筑了第一条通向法

被称为奥克语和奥依语。

国和西班牙的可供车辆通行的道路。 自

餐饮

那以后,安道尔逐渐活跃起来,旅游业发

实用信息

Le Mangevins

展迅速,游客到那里一是欣赏美景,二是

图卢兹

地址:46 r. Pharaon

尽情购买免税商品。

图卢兹旅游局

电话:05 61 52 79 16

地址:

营业时间:周日及8月不营业

自然遗产

Donjon du Capitole, 31000 Toulouse,

价格:10.30-38€

拉布伊什(Labouiche)的地下河

电话:05 61 11 02 22

这是一家图卢兹风味餐厅,肥鹅肝和牛

拉布伊什的地下河不是单独一条而是多

网址:www.toulouse-tourisme.com

肉都称重出售,没有套餐,但菜品既味美

条河流,呈网状,其成因是多条小溪的流

又实惠。气氛非常轻松,有时还有歌手助

水腐蚀了地下的石灰岩层。这个地下河网

住宿

于1908年被发现,尔后人们修建了一些小

Hôtel des Beaux Arts

水坝,游客们可以乘船在这些深埋于地下

地址:1 pl. du Pont-Neuf

Le Châteaubriand

70米处的神秘河流上巡游,任凭自己的想

电话:05 34 45 42 42

地址:42 r. Pargaminières

象驰骋,将奇形怪状的石笋和钟乳变成形

网址:contact@hoteldesbeauxarts.com

电话:05 61 21 50 58

态各异的飞禽走兽、锦簇花团或是蜃楼仙

房间:19间

网址:www.restaurant-lechateaubriand.

山。

价格:92-192€,早餐16 €

com

这是一栋建于18世纪的老房子,位于加龙

营业时间:7、8月的周末不营业

河的岸坡上,外形很美。房间布置细致,

价格:12-35 €

加瓦尔尼冰斗(cirque de Gavarnie)

兴。

Connexions 83


聚焦法国 这是一家不大的图卢兹老餐馆,环境舒适

精心烹制出出乎客人意料的美味佳肴。

宜人。供应法国西南地区风味的套餐。

一个大酒桶。菜品口味清淡,价格合理。 Le Robinson

Hôtel Mercure

地址:142 r. Édouard-Branly

阿尔比

地址:41 bis r. Porta

电话:05 63 46 15 69

阿尔比旅游局

电话:05 63 47 66 66

网址:robinsonalbi@yahoo.com

地址:Palais de la Berbie, pl. Ste-Cécile,

网址:h1211-gm@accor-hotels.com

营业时间:11月至来年2月周一全天和周二

81000 Albi

房间:56间

中午不营业

电话:05 63 49 48 80

价格:74-92€,早餐10€,餐厅用餐18-

价格:12-42€

32€

餐馆位于塔恩河畔一个花繁叶茂的静谧

旅馆的建筑是一座18世纪的红砖磨坊,位

小岛上,沿着河岸走或走新桥都能到达。

于塔恩河畔,已经被列为历史遗迹,现在

菜品既传统又新颖。

网址:www.albi-tourisme.fr

(法语、英

语、西班牙语) 住宿

装饰为现代风格,不乏创意。客房设施一

Chambre d’hôte Le Moulin d’Ambrozy

应俱全,能看到河岸和大教堂的景色。

地址:81120 Lombers(阿尔比以南14 公

罗德兹 罗德兹旅游局

餐饮

地址:Pl. Foch, 12005 Rodez

电话:05 63 79 17 12

Le Poisson d’Avril

电话:05 65 75 76 77

网址:moulin.ambrozy.free.fr

地址:17 r. d’Engueysse

网址:www.ot-rodez.fr(法语、英语)

房间:3 间

电话:05 63 38 30 13

价格:47-62€,餐厅用餐22 €

营业时间:10月至次年4月周一中午和周日

住宿

这家旅馆是由一座17世纪风格的磨坊改

不营业

Hôtel du Midi

建而成的,周围是宁静的田园。客房整洁

价格:11.5-30 €

地址:1 r. Béteille

舒适,设施齐全,各有特色。老板娘亲自

这 家 餐 馆 是 座 老 房 子,距 大 教 堂 仅

电话:05 65 68 02 07

打理餐饮,她善于发挥想象,用时令物产

200米,屋内是木头拱顶,让人感觉钻进了

网址:hotel.du.midi@wanadoo.fr

© G. Battistella / MICHELIN

里,经112国道转 D 71公路可到达)

84  Connexions


营业时间:12月20日至1月6 日不营业

房间:7 间

客间:34间

价格:66-72€,10€,餐厅用餐价格16-

价格:42-50€,早餐:7.50€,餐厅用餐价

24 €

餐饮

格15-26€

这家不大的旅店装饰得像是山间松林里

Papillon

大教堂对面,房间简朴、舒适。有两间餐

的木屋,房间朴实无华,家具均为松木。

地址:32810 Montaux-les-Crénaux

厅,供应传统地方菜。

务质量出色。

电话:05 62 65 51 29 餐饮

价格:14-40€

餐饮

Le Phœbus

餐厅位于国道边上一栋新建的房子里,菜

La Taverne

地址:3 cours Irénée-Cros

品丰富实惠,极具地方特色,将加斯科涅

地址:23 r. de l’Embergue

电话:05 61 65 10 42

地区物产的特色发挥到极致,在周围地区

电话:05 65 42 14 51

营业时间:7月18日至8月18日、周日中午及

享有极好的口碑。

网址:www.tavernerodez.com

周一不营业

营业时间:5月停业1周,9月停业2周, 周

价格:24-45 €

孔东(Condom)

六中午、周日及节假日不营业

老板专门为盲者准备了盲文菜单,值得其

住宿

价格:11-16€

他餐馆学习。餐厅刚刚重新装修过,敞亮

Chambre d’hôte Au Vieux Pressoir

这家“城里的乡村馆子”,供应正宗的阿

且舒适。从窗子可以看到阿列日的风景和

地址: St-Fort - 32100 Caussens(位于孔

韦龙地方菜。

Gaston Phœbus城堡。

东以东11公里处,经7号高速可到达,走右 边的公路)

富瓦(Foix)

Ferme-auberge de Mailhac

电话:05 62 68 21 32

富瓦旅游局

地址:Mailhac - 09000 Loubières

电 子 邮 箱 :p e r s o . w a n a d o o . f r /

地址:r. Delcassé, 09000 Foix

电话:05 61 05 29 51

vieuxpressoir

电话:05 61 65 12 12

网址:info@mailhac.com

营业时间:2月的假期休息

网址:www.ot-foix.fr (法语)

价格:约20 €

必须预定

供应传统的家常菜,天好的时候可以在露

房间:4间

台上用餐。

价格:40-49€,餐厅用餐价格:16-26€

住宿 Lons

这是一座17世纪宅邸,最大的好处是可以

地址:6 pl. Georges-Dutilh

欧什(Auch)

饱览乡间和葡萄园的美景。房间里配放着

电话:05 34 09 28 00

欧什旅游局

老式家具,整洁舒适。餐厅供应以当地时

网址:hotel-lons-foix@wanadoo.fr

地址:1 r. Dessoles, 32000 Auch

鲜物产烹制的菜肴。

营业时间:12月21日至1月 5日休息

电话:05 62 05 22 89

房间:38 间

网址:www.auch-tourisme.com (法语、

餐饮

价格:52-65€,早餐:8,餐厅用餐价格

英语、西班牙语)

Moulin du Petit Gascon

13.60-30€

地址:Eauze-Écluse-de-Gauge

旅馆位于富瓦伯爵城堡高耸的老城区,建

住宿

电话:05 62 28 28 42

筑古老,房间布置比较实用,高高的天花

Chambre d’hôte Le Castagné

营业时间:11月停业3周,除夏季外周日晚

板和精致的墙壁突饰颇有特点。

地址: Rte de Toulouse

和周一不营业

电话:05 62 63 32 56 / 06 07 97 40 37

价格:12.5-36€

Auberge Les Myrtilles

网址:lecastagne@wanadoo.fr

这家餐馆躲在乡间的一角,带有露台,菜

地址:位于col des Marrous(富瓦以西19

房间:4间

品具浓重地方特色美味诱人,夏季晚餐时

公里处,走D17公路可到达)

价格:35-44€

有爵士乐队晚会。n

电话:05 61 65 16 46

这是一栋重新修过的19世纪房子,是休

网址:aubergelesmyrtilles@wanadoo.fr

闲下榻的好去处,有游泳池和小型高尔夫

营业时间:11月3日至3月3日、9月至5月每

场,还可以进行湖上垂钓和脚踏船。房间

周二、3月至5月每周三不营业

里家具齐备,窗外是热尔的乡村景色,服

本专栏内容由米其林旅游出版公司提供

Connexions 85


L’entreprise

Une PME française dans les sillons chinois Stéphane Testa développe son réseau de vente de matériel agricole depuis vingt ans pour rester au plus près des besoins des fermes chinoises.

D

ans le plus grand marché du monde, la moitié des consommateurs sont des paysans. On l’aurait presque oublié. Mais pas Stéphane Testa qui visite les fermes chinoises depuis 11 ans pour vendre du matériel agricole fabriqué en Europe. Il fournit des charrues pour labourer la terre au Shandong, des semoirs pour les tomates du Heilongjiang, des pulvérisateurs pour le coton du Xinjiang ou encore des ramasseuses pour les betteraves de Mongolie Intérieure… la PME d’Aubagne répond aux besoins de chaque province chinoise, et propose des machines conçues par une dizaine de petites entreprises françaises spécialisées, « des sociétés qui, seules, n’auraient pas la capacité d’aller sur le marché chinois », précise l’homme d’affaires. À force d’arpenter les vastes plaines du Nord-Est, Stéphane Testa connaît bien les grandes exploitations agricoles d’Etat qui sont aujourd’hui ces principaux clients, « nous sommes même une des seules entreprises étrangères à fournir le réseau des fermes militaires. » Ces exploitations géantes peuvent 86  Connexions

couvrir plusieurs dizaines de milliers d’hectares, des dimensions inconnues en Europe. Cette année AgriFrance devrait vendre en Chine pour 1,3 million d’euros de matériel agraire. Le marché est vaste car la mécanisation de l’agriculture est une des clés de l’équation chinoise : peu de terres, beaucoup de bouches à nourrir. « Dans le Nord du pays, la terre est bonne, mais le climat est horrible, explique le patron d’AgriFrance. Il faut récolter et semer en très peu de temps et au Xinjiang par exemple, on manque de main d’œuvre pour ramasser. » Le matériel chinois n’est pas à la hauteur de ces défis : « Depuis la fin des années 80, témoigne Stéphane Testa, les autorités ont abandonné la recherche dans le domaine agricole fermant le robinet des subventions. Aujourd’hui, c’est trop tard, les fabricants chinois ont vingt ans de retard et personne ne veut investir dans le machinisme agricole. Les seuls acteurs qui sont restés sur le marché, ce sont les militaires. » Un des rares créneaux où les entreprises chinoises se sont imposées est celui des tracteurs de petites cylindrées. En revanche, la concurrence américaine est sévère pour les machines agricoles. Et la hausse irrésistible de l’euro face au dollar est donc un sérieux handicap pour la PME française. Ce n’est pourtant pas ce qui empêche AgriFrance d’avoir des objectifs ambitieux. Le bureau de représentation devrait se transformer en société à capitaux étrangers d’ici la fin de l’année. Dans le même temps, l’entreprise va créer son premier magasin agricole dans la capitale du Xinjiang. « Ouvrir un point de vente à Pékin c’est difficile pour une

© AgriFrance

Agrifrance


PME mais à Urumqi, c’est encore plus compliqué, s’amuse Stéphane Testa. Il faut traduire les brochures en ouighour, connaître les autorités locales… Ce magasin, c’est le résultat de vingt ans de travail ! » D’autres « concessions agricoles  » AgriFrance devraient ouvrir dans six villes du Nord de la Chine d’ici 2009 pour employer, à terme, 60 personnes.

Ce réseau doit permettre d’offrir un service d’assistance et de pièces de rechange aux clients de la PME. Un service de proximité pour des agriculteurs chinois quelque peu oubliés dans les marches de l’Empire du Milieu. n Mathieu Baratier

阿利芳公司

中国田野里的法国中小企业 斯坦芬·特斯塔(Stéphane  Testa)为与中国农民的需求保持最近距离,二十 年来精心经营着他的农具销售网络。

这个世界最大的市场上,有一半的消费者是农

来,”斯坦芬·特斯塔证实, “政府以停止补助发放的方式,放

民。人们几乎把他们遗忘了,但斯坦芬·特斯

弃了在农业领域的研究。现在已经太晚了。中国制造商落后了二

塔却没忘,他来到中国销售欧洲产的农具已有

十年,并且没有人愿意在农机设备上投资。唯一还活跃在市场上

11年了。给山东的土地提供犁具,给黑龙江的番茄提供播种

的只有军方。”中国企业占据的唯一一个细分市场是小汽缸拖

机,给新疆的棉花提供喷雾器,还给内蒙古的甜菜提供捡拾

拉机。另一方面,来自美国的农机设备竞争也非常激烈,而且欧

器……这个来自欧巴涅的中小企业配合中国各个省份的需求,提

元对美元的高汇率更是成为法国中小企业的不利条件。但阿利

供由法国专业公司设计的机器, “是那些无法独自进入中国市

芳公司的宏伟目标并未因此受到妨碍。今年年底之前他们的办

场的公司”,他说。走遍东北宽阔的平原,斯坦芬·特斯塔与国

事处即将转换成外资公司。同时,公司还将在新疆省会开办第

家农业开发商非常熟悉,他们也是他目前的主要客户, “我们还

一个农业销售店。 “对于一个中小企业,要在北京开设一个销售

是军用土地的少数外国供应商之一”。这些巨型开发项目覆盖

点是非常困难的,而在乌鲁木齐就更加复杂,”斯坦芬·特斯塔

几万公顷的土地,在欧洲简直不可想象。今年,阿利芳公司应该

笑道, “介绍手册必须翻译成维吾尔语,我们必须结识当地政

能在中国售出一百三十万欧元的农耕用具。市场非常广阔,因为

要,等等,这家店是二十年工作的成果!”其他阿利芳公司将在

农业机械化是解决中国地少人多问题的密钥之一。 “在中国北

2009年前在中国北方六个城市开设,将雇佣60名员工。这个销

方,土地非常肥沃,气候却很糟糕,”阿利芳老板解释说, “因

售网络能够为公司客户提供协助和零件替换服务。在中国的前

此需要在短期内完成收割和播种,比如说新疆就缺乏劳动力来

进之路上,这种为农民提供的就近服务已有些被遗忘了。n

© AgriFrance

收割。”中国产品达不到接受这个挑战的高度: “从80年代末以

Connexions 87


Ecole du village Yao de Qiuka (province du Guizhou) construite grâce à DV8, une entreprise française mécène de Couleurs de Chine.

Les enfants Madaifu Couleurs de de Chine

Allez les filles ! Dans la province reculée du Guangxi, au Sud de la Chine, les paysans des minorités ethniques Miao, Yao et Dong vivent dans une pauvreté telle qu’il leur est souvent impossible d’assumer les frais de scolarité de leurs enfants. Couleurs de Chine lutte pour que les filles ne soient plus les premières victimes de cette situation.

Q

uand en 1997, Françoise Grenot-Wang part dans cette région de montagnes comme interprète pour Médecins sans Frontières, elle apprend de la bouche des instituteurs que presque aucune petite fille n’est scolarisée. En Chine, pourtant, neuf ans de scolarité sont obligatoires (6 ans d’école élémentaire plus 3 années de collège) et l’accès à l’éducation est officiellement gratuit. Les familles doivent prendre à leur charge les « frais de livres et autres frais divers », un coût en réalité bien trop lourd pour des populations rurales dont le revenu annuel 88  Connexions

par tête est inférieur à 50 euros. Un coût dont on estime qu’il a plus que doublé en vingt ans. Alors, quand une famille n’arrive plus à payer, les enfants sont retirés de l’école, les filles d’abord. La priorité à l’éducation est donnée aux garçons, les fillettes, elles, aident aux travaux des champs en attendant de se marier. Pour venir en aide à ces fillettes, la sinologue française fonde dès 1998 Couleurs de Chine, une association à vocation culturelle rapidement devenue une entreprise humanitaire. Son objectif principal : donner accès à l’éducation aux fillettes Miao, seul moyen de rom-

© Couleurs de Chine

Association


© Couleurs de Chine

Elèves du village de Shangang (province du Guizhou) où l’association a financé un des bâtiments de l’école.

© Couleurs de Chine

pre la spirale de la pauvreté. L’association est composée de 9 membres permanents et d’un réseau de bénévoles qui servent de relais locaux. Elle fonctionne grâce à des dons (de particuliers et d’entreprises) et un système de parrainage. Une personne, le « parrain », s’engage à assumer les frais de scolarité d’un enfant en particulier, son « filleul », pour plusieurs années. Échange de courriers, de photos tissent entre eux une relation qui conduit parfois à la rencontre. Couleurs de Chine compte aujourd’hui plus de 2300 parrains et donateurs, principalement en France et en Chine. Grâce aux parrainages, plus de 5115 enfants ont ainsi pu rejoindre les bancs d’école à la rentrée 2007 : 4215 en primaire, 677 au collège et 177 au lycée, 46 à l’université. Couleurs de Chine accompagne les plus doués le plus loin possible (l’entrée au lycée chinois est conditionnée par un examen difficile) et investit sur le long terme en participant à l’amélioration globale des conditions d’études. En Chine, la construction des écoles comme le salaire des enseignants relèvent des gouvernements locaux. Or dans ces zones reculées, la plupart des écoles sont vétustes ou délabrées et les instituteurs, rarement titulaires, parviennent à peine à nourrir leur famille. « Couleurs de Chine » se bat donc sur ces deux fronts. Elle finance des études pour les enseignants afin d’accroître leurs compétences ce qui leur permet de toucher un salaire plus élevé. Elle subventionne la réfection ou la construction et l’équipement d’établissements. 59 écoles et dortoirs en bois et 4 en briques, ainsi que 24 cours d’écoles bétonnées, 13 WC d’écoles, ainsi que le mobilier scolaire pour 28 écoles ont ainsi été financés par l’association entre 1998 et 2007. Enfin, Couleurs de Chine participe activement à la préservation de la culture traditionnelle des populations locales, à la construction ou

restauration de bâtiments communautaires dans les villages, tels que les « tours du tambour » des Dong. Beaucoup de filles partent travailler très loin de chez elles, dans les usines du Guangdong, pour rapporter un peu d’argent à leur famille. Certaines abandonnent l’école à 12 ou 13 ans. Seules celles qui auront obtenu le diplôme du lycée peuvent espérer échapper à leur condition et trouver un travail décemment rémunéré. Pour cela, elles ont plus que jamais besoin de notre aide. Dans une récente interview, Françoise Grenot-Wang s’inquiétait : « Le seul trésor des Miaos, c’est leur culture. Seuls ceux qui auront de l’éducation sauront la préserver. S’ils ne préservent pas leur culture, il ne leur restera que la pauvreté. » n Sophie Lavergne

50 euros par an suffisent à subventionner une année de scolarité à l’école primaire. Site : www.couleursdechine.org Série de conférences de Françoise Grenot-Wang et Jean Paul Lajoinie organisée par Couleurs de Chine et la Chambre de commerce française en Chine : -A Canton le lundi 3 décembre à 16h dans les locaux de la CCIFC -A Shanghai le mercredi 5 décembre à 8h30 (à confirmer) -A Pékin le jeudi 6 décembre à 8h30 dans les locaux du Centre Culturel Français, salle du 3ème étage.

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© Imagine China

Culture

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La Chine veut se faire un nom dans le dessin animé

Industrie à forte valeur ajoutée, la production de films d’animation fait partie de ces secteurs que le gouvernement souhaite développer. Pourtant, de la conception des personnages à la distribution des produits dérivés, la chaîne industrielle n’est pas encore bien huilée.

Une industrie protégée Secteur d’avenir peut-être, secteur soutenu par le gouvernement à coup sûr. Industrie qui cumule une forte valeur ajoutée et un faible coût énergétique, la production de films d’animation s’inscrit parfaitement dans la volonté de « développement scientifique » chère au président de la République, Hu Jintao. En 2006, l’Administration générale d’État de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision (SARFT) a annoncé la mise en place de politiques fiscales spéciales pour le secteur de l’animation. Auparavant, cette même administration s’était surtout appliquée à protéger l’industrie nationale de la concurrence étrangère et les enfants chinois de l’influence extérieure essentiellement américaine et japonaise. En 2004, la SARFT publiait un document

obligeant chaque chaîne à diffuser moins de 40% de produits importés par trimestre. Depuis septembre 2006, les dessins animés étrangers sont interdits d’antenne entre dix-sept heures et vingt heures sur les chaînes nationales et provinciales. Pour promouvoir les créations nationales, la ville de Hangzhou dans la province du Zhejiang, s’est dotée d’un festival du film d’animation, avec une première édition en 2005. L’initiative a été largement inspirée par le gouvernement central qui veut faire de Hangzhou la capitale de l’animation chinoise. « Nous bénéficions d’un cadre de vie attractif, d’une longue histoire qui peut inspirer des créateurs et d’un important réservoir de talents », énumère Chen Jian Yi, le directeur du bureau municipal «Les lacunes de l’animation de la culture. « Nous chinoise ne concernent pas s o mm e s p ass é s d e la capacité à calquer et à 1000 minutes produites mettre en mouvement des e n 2 0 0 5 à 15 0 0 0 personnages mais plutôt le minutes pour cet te manque de vrais créateurs» année, nous espérons atteindre les 30 000 d’ici 2010 ». La municipalité a créé une zone industrielle consacrée à l’animation, la centaine d’entreprises qui y sont installées bénéficient d’aides financières conséquentes. Le gouvernement municipal offre par exemple 1000 RMB par minute aux studios dont le dessin animé est diffusé sur une télévision nationale ou internationale. L o i n d e r ri è r e l e s Japonais En Chine, l’industrie du dessin animé est encore jeune et les créations locales ont encore du mal à s’imposer sur le marché international. Chez les professionnels, la comparaison avec le voisin japonais est omniprésente et jamais

Le téléphone portable est un créneau rentable pour le dessin animé.

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W

u Jianrong connaît bien la France. Le PDG du groupe Zhongnan était à Cannes en septembre pour le MIPCOM, le marché international des programmes et des films pour la télévision et à Annecy en juin pour le festival international du film d’animation. C’est dire s’il a des ambitions internationales pour la branche animation de son groupe. Zhongnan Cartoon est le plus important producteur de dessins animés chinois. En trois ans d’existence, sept films et séries télévisées sont sorties des studios de Hangzhou et trois autres sont en cours de fabrication. Le plus célèbre « Tian yan, l’œil céleste », a été diffusé par les télévisions du monde entier et se décline en une multitude de produits dérivés : teeshirt, chaussures, cahiers, figurines… « Avant de faire des dessins animés, nous savons faire de l’argent, explique Wu Jianrong”. La branche animation de son entreprise s’appuie sur les capacités financières de sa maison mère, un important conglomérat dont les intérêts s’étendent du secteur immobilier à la vente de deux roues, en passant par l’import-export d’outils électriques. La clé de son succès se trouve dans l’attention portée à l’ensemble de la chaîne: conception, diffusion, vente des droits pour l’édition et les produits à l’effigie des personnages. Selon les mots de l’entrepreneur, l’animation serait en Chine un « secteur d’avenir ».

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© Emilie Torgemen

Le dessin animé est une industrie naissante qui vit grâce aux subventions publiques.

t r è s f l a t te u s e pour les Chinois. « Les lacun es de l’animation chinoise ne concernent pas la capacité à calquer et à mettre en mouvement des personnages mais plutôt le manque de vrais créateurs. Peutêtre est-ce aussi une question Yang An, directeur de la faculté d’animation d e cul t ure», de Hangzhou s’interroge Yang An, le directeur de la Faculté d’animation de Hangzhou. Ce calligraphe de formation tente d’inculquer la créativité à ses étudiants en mêlant apprentissage technique et leçons d’art en insistant sur l’héritage traditionnel chinois. Près de deux cents écoles forment les jeunes Chinois au métier de l’animation mais, explique Yang An, « ce n’est pas toujours facile de trouver des professeurs qualifiés, les générations précédentes comptent très peu de professionnels ». La filière manque aussi de moyens : les investisseurs ne se bousculent pas pour soutenir les projets chinois, or l’animation coûte cher : environ 25 000 RMB par minute pour un dessin animé en 2D, trois fois plus pour une animation en 3D. Et par rapport à ce qui existe aux Etats-Unis, au Japon 92  Connexions

ou en Europe, en Chine, la chaîne industrielle est encore peu développée. Les créateurs de contenu sont rares à s’intéresser aux produits dérivés. Ces « babioles » sont pourtant souvent le chaînon le plus lucratif de l‘industrie du cinéma d’animation sachant que les chaînes de télévision nationales ne paient que 1000 RMB la minute pour un dessin animé. Beaucoup de promesses « C’est justement parce que nous ne sommes pas encore forts que toutes les possibilités sont ouvertes, renchérit le très combatif PDG de Zhongnan Cartoons ». Les arguments sont connus, la Chine représente le plus important marché du monde et offre une main d’œuvre à moindre coût. Le marché chinois est évidemment alléchant. Sur 1,3 milliard de Chinois, on estime à 300 millions le nombre de jeunes de moins de 14 ans. Peluche à l’image de Snoopy, porte-clés où figure Mickey Mouse, T-shirt à l’effigie de Hello Kitty..., les produits dérivés des dessins animés se vendent bien sur le marché chinois et ne concernent pas que les enfants. Un des créneaux les plus intéressants est celui des contenus pour téléphone portable. « Nous comptons déjà China mobile et une compagnie australienne parmi nos clients. Les animations sur mobile se vendent peu cher mais nous parions sur une forte croissance pour les années à venir », explique Wu Jianrong. Ils sont quelques uns à espérer que la Chine passe directement de l’édition papier à l’édition numérique en sautant la case cinéma. n Emilie Torgemen

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Culture


中国预备在动画领域一展宏图 动画是一个附加值很高的产业,动画电影的生产属于中国政府希望发展的 领域。然而从人物设计到衍生产品的发行,中国动画产业链尚未理顺。 局长陈建一说道, “2005年我们生产了1000分钟的动画作品, 而今年我们已经生产了15000分钟。我们希望到2010年能达到 30000分钟的产量。”杭州市开辟了一个动画产业区,在此入住

© Emilie Torgemen

的100多家企业能够得到持续的财政支持。例如,市政府会给 与其动画作品能在国家或国际电视台播放的创作工作室每分钟 1000元的赞助。

建荣很了解法国。作为中南建设集团的董事长,

与日本相差甚远

他在今年9月份参加了嘎纳的MIPCOM  -  世界

在中国,动画产业依然年轻,本土创作还难以在国际市场立足。

视听内容交易会,并于6月份在安纳西参加了世

在动画业内,与邻国日本的比较无所不在。 “中国动画的缺陷不

界动画电影节。这表明其集团下属的动画公司具有走向世界的

在于模仿能力和人物的能动性,而是缺乏真正的创作者。这也

志向。中南卡通是中国最重要的动画生产商。在其成立后的3年

许是一个文化问题。”杭州中国美术学院传媒动画学院办公室

中,位于杭州的总部共推出了7部电影及电视动画系列,还有三

主任 安说道。这位书法教育家向他的学生们一再强调在继承

部处在生产过程中。其中最著名的《天眼》,被全世界的电视台

中国传统文化的基础上,通过技术学习和艺术课程进行创作。

转播,而且有了衍生出多种产品的倾向:T恤,鞋子,练习本,肖

中国有将近20 0家学校向年轻人传授动画职业,然而

像…“在制造动画之前,我们已经创造了财富。”吴建荣说道。他

道: “具备专业资质的老师还是比较难找,在上一代人中很少

的动画公司依赖于总公司的财务支持,这是一个强大的集团,其

有职业动画人士。”该行业还缺乏资金:投资者对支持中国动画

业务涵盖了房地产领域,两轮车销售,以及电力工具的进出口。

项目表现不积极,而且动画成本很高:2D动画每分钟的成本是

他的成功秘诀在于:关注整个动画产业链 -设计,发行,出售发

25000元,是3D动画的3倍。而与美国、日本或欧洲的情况相比,

行权和动画人物像产品。按照这位企业家的说法,动画将会在

中国的动画产业链还没有得到发展。动画内容的创作者很少关

中国成为一个有前途的行业。

心衍生产品。而这些看似“不值钱的东西”却经常是动画电影产

安说

业最盈利的环节,要知道播放动画片的国内电视台每分钟只需 被保护的产业

支付1000元。

在政府的明确支持下,这也许真是个有前途的行业。这项产业 含有很高的附加值,很低的能源成本-几乎不产生废物;动画电

大有希望

影的生产完全符合胡锦涛主席“科学发展”的愿望。2006年,中

“正因为我们还不强大,所以会有各种可能。”充满斗志的中南

国广电总局宣布执行对动画行业的税收优惠政策。在这之前,

董事长信心十足。其理由是众所周知的,中国是世界最重要的

广电总局主要致力于保护民族产业,对抗外来竞争,而中国儿

市场,能够提供最低廉的劳动力。中国市场无疑是充满诱惑的。

童受到的外来影响主要是美国和日本动画。2004年,广电总局

在13亿中国人当中,14岁以下年轻人的数量估计为3亿。带史努

发布了一项文件,要求每家电视台每季度播放的进口产品不能超

比形象的长毛绒玩具,米老鼠钥匙链,印有凯蒂猫的T恤衫...动

过40%。2006年9月以来,在17-20点之间禁止在国家和省级电视

画衍生产品在中国市场上很畅销,而且不仅只面向儿童。最令人

台播放外国动画节目。为了促进民族动画创作,浙江省杭州市在

感兴趣的领域之一就是为移动电话制作的动画内容:“我们的客

2005年举办了第一届中国国际动画电影节。这一创举极大地启

户当中已经有了中国移动和一家澳大利亚公司。手机动画的销售

发了中国中央政府,他们想把杭州打造成中国的动画之都。 “我

价格很低,但我们肯定在未来几年它们会有迅速的增长。”吴

们可以从中受益的是:引人入胜的生活环境,能够激发创作者

建荣说道。他们是希望中国能够跳过电影这一步,直接从纸版

灵感的悠久的历史,以及大量的人才储备。”(杭州)市文化局

发行过渡到数字发行的一些人。n Connexions 93


Culture

« Un secteur en ébullition mais encore immature »

© Anne Severine Douard

Jean Chalopin est une légende du dessin animé, depuis plus de vingt ans, il a produit des séries en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Installé en Chine depuis deux ans, il porte un regard d’expert sur le marché du dessin animé. Connexions : Vous avez ouvert vos bureaux à Pékin depuis deux ans mais en Chine, le dessin animé ne représente qu’une partie très marginale de votre activité, pourquoi ? Jean Chalopin : Tout simplement parce qu’il n’y a pas de vrai marché pour le dessin animé en Chine. Les télévisions chinoises achètent très peu de séries d’animation et à des prix très bas. Nous avons quelques projets de séries pour la Chine en trois D, mais nous savons déjà que nous ne pourrons pas couvrir les frais de développement. Il n’y a pas de demande et l’offre est inadaptée, de médiocre qualité. Les méthodes de travail des entreprises chinoises ne sont pas en adéquation avec les standards internationaux, il n’y a pas d’approche marketing. La Chine produit des millions de minutes chaque année, mais elles n’ont aucune valeur sur le marché international. C. : Il existe pourtant des studios chinois, que produisent-ils ? J.C. : Oui, il existe des studios qui travaillent pour le marché intérieur et qui subsistent surtout grâce aux subventions ou à des investissements sporadiques. Un magnat de l’immobilier peut, par exemple, décider de financer le dessin animé, soit pour se conformer à une directive du gouvernement, soit pour assouvir une passion personnelle. Mais cela ne correspond pas à une vision ou à une stratégie sur le long terme. Ces investissements sont donc sans lendemain. A Shenzhen, par exemple, sous l’impulsion du gouvernement local, plusieurs dizaines d’entreprises se sont créées pour profiter des mesures incitatives : les bâtiments étaient fournis gratuitement, sans facture d’électricité, etc… mais aujourd’hui, c’est déjà fini ! Seules deux ou trois entreprises ont survécu. Il ne suffit pas de monter des 94  Connexions

studios, encore faut-il du travail et donc un marché pour les faire tourner. Pour l’instant, l’animation est donc un secteur en ébullition qui brasse de l’argent mais qui ne produit pas de résultats solides. C. : Quelle est l’ampleur de la sous-traitance effectuée en Chine, est-ce important ? J.C. : La Chine, avec Taiwan, l’Inde et les Philippines, fait partie des lieux de fabrication des dessins animés dans le monde. Il existe des studios qui sous-traitent les dessins animés qui seront diffusés en Europe ou aux Etats-Unis. La plupart de ces entreprises sont détenues par des Taiwanais, elles sont souvent installées dans les villes de Suzhou ou Hangzhou pour profiter des subventions publiques. Mais ces studios ne travaillent pas pour le marché chinois, d’ailleurs, pour un étranger, c’est très difficile de vendre des séries en Chine, l’ouverture du marché est encore limitée. C. : Le marché chinois du dessin animé n’est donc pas mûr selon vous. Mais c’était un peu la même situation en France au début des années 80 quand vous avez commencé à produire des séries pour la télévision, quelle est la différence ? J.C. : C’est vrai, à l’époque, en France, il n’y avait pas de marché et nous l’avons crée en demandant aux télévisions de libérer des créneaux pour le dessin animé. Quand j’ai fait Bof avec Hélène Fatou en 1972-73, c’était un des tous premiers programmes pour enfants, mis à part « le manège enchanté ». En Chine, il y a des programmes pour enfants mais il n’y a pas de marché pour soutenir ces programmes, donc ils ne génèrent pas de revenus à la télévision. Le seul marché qui s’est bien développé en Chine, c’est celui de la sous-traitance pour les productions



© Imagine China

Culture Les gens

étrangères. Les tâches d’exécution peuvent donc être réalisées en Chine et il y a des formations pour les métiers en bout de chaîne : des centaines d’animateurs sortent chaque année des universités chinoises -il s’agit d’ailleurs presque uniquement d’animateurs formés pour les images 3D- mais ce sont des exécutants. Il n’y a pas de véritable formation professionnelle pour les auteurs, les réalisateurs ou les storyboardistes. Résultat, aucune production nationale de qualité n’a émergé. C. : Il y a quand même une forte volonté politique de développer l’industrie nationale du dessin animé. A t-elle porté ses fruits ? J.C. : L’objectif des autorités chinoise est louable, mais la méthode n’est pas la bonne. L’idée, c’est d’utiliser le dessin animé comme vecteur de diffusion de la culture chinoise dans le monde. C’est tout à fait logique puisque

la culture chinoise est l’une des plus riches du monde et qu’elle est encore mal connue en Occident. En plus, avec le dessin animé vous n’avez pas la barrière de l’origine ethnique des acteurs, le message fonctionne partout dans le monde. L’Inspecteur Gadget, pour prendre une de mes créations, n’est ni Français ni Chinois, il passe partout. En Chine, il y a donc une volonté politique forte pour soutenir cette industrie et beaucoup d’argent public est injecté, directement ou indirectement, dans les studios, mais il y a une méconnaissance du marché. Du coup, à mon sens, tout cet argent n’aura pas les effets attendus. La montagne va accoucher d’une souris. Par contre, si on arrive à créer un vrai marché en Chine, qui génère des bénéfices pour les professionnels, avec 400 millions d’enfants en dessous de 15 ans, il y a un potentiel gigantesque… n Propos recueillis par Mathieu Baratier

Portrait

Jean Chalopin, l’alchimiste

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© Anne Severine Douard

S

on nom figure au générique de presque tous les dessins animés diffusés en France au cours des années 80. Pionnier de l’animation, autodidacte et entrepreneur à succès, Jean Chalopin est un mythe pour tous les enfants de la télévision. Dès l’âge de 17 ans, alors qu’il distribuait des prospectus dans les boîtes aux lettres, il décide de produire lui-même les publicités qu’il colporte : c’est le premier pas dans le monde

Jean Chalopin


du dessin qui, poussé par son appétit de création, deviendra très vite animé. A 18 ans, Jean Chalopin a déjà établi son entreprise, DIC, qui deviendra, pour un temps, le plus grand studio mondial de dessin animé. En France, il signe ses premières séries pour la 3ème de l’ORTF (qui deviendra France 3) au début des années 70, à une époque où les séries pour enfants sont quasiinexistantes. Très vite à l’étroit sur le Vieux Continent, son équipe va d’abord travailler au Japon pour mener des co-productions avec des réalisateurs locaux, avant de s’installer à Los Angeles. Il reconnaît avoir beaucoup appris au contact des maîtres de l’animation japonaise. Les Etats-Unis lui apporteront les moyens à mettre au service de son ambition. Son entreprise américaine est pendant une décennie un des poids lourds de l’animation qui inonde les télévisions du monde entier. Ulysse 31, les Cités d’or et l’Inspecteur Gadget ont fasciné plusieurs générations d’enfants et les épisodes de ces sagas sont encore diffusés, vingt ans après leur création. La marque de fabrique de Jean Chalopin est d’associer un projet éducatif et le divertissement. Au début des années 80, « Archibald le magi-chien » apprend aux enfants français les méfaits de la cigarette et d’une exposition prolongée au soleil. La même formule assure le succès d’audience

phénoménal d’Ulysse 31 : « il fallait répondre aux attentes des parents qui voulaient un programme culturel pour leurs enfants et proposer un vrai divertissement pour les jeunes, explique Jean Chalopin ». Aujourd’hui, il a vendu son entreprise et s’est installé à Pékin avec sa femme, chinoise, et ses enfants. En Chine, sa société Medias Plus mène de front une vingtaine de projets très variés où le dessin animé occupe une place marginale, faute de débouchés. Le plus ambitieux de ces projets est l’ouverture, l’an prochain, d’un parc d’attractions dans un village, à Badaling, près de la Grande Muraille. « Nous voulons proposer un voyage au temps de la dynastie Ming, dans un décor authentique et en costume d’époque. Le public doit s’y distraire tout en découvrant quelques aspects d’une extraordinaire culture de plus de 4000 ans, s’enthousiasme Jean Chalopin ». Encore une fois, éducation et divertissement. Après avoir consacré 40 ans de sa vie au dessin animé, Jean Chalopin connaît bien la formule pour captiver les spectateurs. Pour lui, le goût des jeunes est universel, et « les grandes différences culturelles ne s’imposent qu’à l’adolescence ». Jusqu’à l’âge ingrat, il suffit donc de faire rêver pour conquérir son public. n M.B.

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Culture lire La sélection de Laurent Ballouhey

PHOTOGRAPHIE

Chine, l’empire du gris Photos par Bogdan Konopka, récit de Pierre Haski Editions Marval, 120 pages, 49 € Une Chine en noir et blanc qui révèle l’image d’un pays où la tradition semble s’affaisser bien malgré elle et s’effacer peu à peu devant l’emprise croissante de la modernité ou de ce qui parfois en tient lieu en brisant le passé sans créer le nouveau. L’originalité de ce livre est de nous montrer un environnement urbain, mais aussi rural, en cours de transformation, pris entre déconstruction et reconstruction et dont l’avenir reste comme en suspens entre les deux moments dont on ne sait encore lequel l’emportera sur l’autre.

une langue élégante, l’architecte, devenu écrivain, se fait chroniqueur de son travail pour nous présenter en de courts chapitres les étapes de la construction et la vie du chantier. Il nous livre ses propres réflexions de créateur confronté aux doutes qui l’assaillent sans passer sous silence les critiques souvent violentes suscitées par ce projet gigantesque et moderne, mais contesté car situé au cœur de la partie ancienne de la capitale chinoise. Des photographies, des esquisses et graphiques ainsi que des plans accompagnent ses propos.

JEUNESSE

ARCHITECTURE

L’opéra de Pékin : le roman d’un chantier par Paul Andreu, préface Olivier Poivre d‘Arvor Editions du Chêne, 240 pages, ill , en noir et en couleurs, 39,90 € L’opéra national de Pékin, à la construction duquel le français Paul Andreu a consacré 7 ans de son activité internationale, achevé pour l’essentiel depuis déjà deux ans, a été officiellement inauguré en octobre 2007. Dans ce beau livre écrit dans

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Petit Tang : histoire d’un petit garçon chinois Par Frances Lattimore, illustrations Tony Ross Editions Gallimard-Jeunesse , Folio cadet n°496, 137 pages, 5,60 € Voici le récit de la vie d’un petit garçon chinois dans un village de Chine au début du XXe siècle, raconté à travers plusieurs petites histoires. Sa sœur aînée joue le rôle de la maman pour s’occuper de lui et sa sœur cadette partage volontiers ses jeux de garçon. Accompagné de son copain Dragon d’or, il fait souvent les quatre cents coups, en prenant des risques qui inquiètent ses parents. A suivre ses aventures, on apprend à connaître un peu mieux la vie quotidienne dans les campagnes chinoises.

ROMANS

Mon cher ennemi par Yang Zhengguang, traduit du chinois par Raymond Rocher et Chen Xiangrong Editions Bleu de Chine, 127 pages, 16 € Lao Dan, un homme veuf et qui ressent le poids de l’âge et se morfond, vit avec son fils unique, comme c’est encore souvent la tradition dans la Chine rurale. Il décide de redonner sens à sa vie en déclarant une haine acharnée et irrationnelle à son voisin, un trafiquant connu qui a réussi à s’enrichir. L’arrivée au village d’une jeune femme lui permet de mener son dessein jusqu’à son terme.

Vent d’est, vent d’ouest par Pearl Buck traduit de l’anglais par Germaine Delamain, préface Parc Chadourne Editions LGF, Livre de poche no 912, 156 pages, 4,50 € Il s’agit bien sûr d’une nouvelle


édition en poche de ce classique de la littérature américaine sur la Chine qui a largement contribué à l’obtention par l’auteur du Prix Nobel de Littérature en 1947. Ce roman, assez autobiographique puisque Pearl Buck, fille d’un missionnaire, a passé une grande partie de sa jeunesse en Chine avant la Révolution. Il décrit le conflit souvent dramatique entre la vieille Chine et la nouvelle qui pointe, à travers les réactions des membres d’une grande famille attachée aux traditions, mais au sein de laquelle les valeurs d’hier, comme le culte des ancêtres, l’autorité du père et l’omnipotence de la mère, sont contestées et mises en pièces par la jeune génération.

PENSEE

La pensée en Chine aujourd’hui Collectif sous la dir. d’Anne Cheng Editions Gallimard, Folio essais no 486, 350 pages, 8,70 € Un mythe concernant la Chine hante les élites et les intellectuels : les Chinois penseraient d’une façon différente des

autres, affichant une altérité radicale. C’est dès l’Europe des Lumières que s’est construite cette image qui s’est ensuite figée d’un monde immobile, despotique et autocentré, ignorant ou refusant le dialogue des autres cultures. Cette vision du monde a exercé en retour une influence profonde sur la façon dont les Chinois ont envisagé leur propre culture, dénigrée pour son retard, ou exaltée encore aujourd’hui comme la manifestation d’une identité nationale forte et à nulle autre pareille. Cet ouvrage collectif qui fait appel aux meilleurs spécialistes européens se propose d’offrir un état des lieux de la pensée aujourd’hui en Chine sur trois grands thèmes : le rapport entre tradition et modernité ; l’invention de

Coup de cœur

Les peuples oubliés du Tibet par Constantin de Slizewicz Editions Perrin, 310pages, 20,5 euros Pour quelques-uns, le Tibet réel ou fantasmé fut longtemps un moyen d’échapper à leur époque. Les figures de ces réfractaires sont connues ou pas : Alexandra David Néel ou Alexandre Csosma de Korös (1784-1842), vagabond hongrois de l’Himalaya et fondateur de la tibétologie. Ma Jian, peintre et poète chinois qui fuyait la campagne contre la « pollution

spirituelle » déclenchée au début des années 1980 et s’en alla chercher au Tibet la fleur du bouddhisme — il faut lire son récit Chemin de poussière rouge, édité par les éditions de l’Aube. Ou encore, Guibaut et Liotard, deux explorateurs français qui montèrent des expéditions vers le cœur du Pays des neiges dans les années 1940. L’un des chapitres les moins connus de ces épopées souvent tragiques est celui des dizaines de pères français et suisses, qui furent envoyés au nord du Yunnan pour fonder la mission du Tibet. Aujourd’hui, dans les vallées profondes du Mékong ou du Yangtsé, se trouvent encore leurs tombes de pierre, quelques églises et des carrés de vignes qu’entretiennent toujours les milliers de tibétains catholiques qui vivent là. Ce sont quelques-unes de ces histoires, en plus de celles qu’il a vécues, que Constantin de Slizewicz relate dans un livre très beau et très

personnel, Les Peuples oubliés du Tibet. Un des passages les plus émouvants est celui où l’auteur raconte comment il découvrit, dans une vieille maison tibétaine, des numéros antédiluviens de l’Illustration. Ce furent ces mêmes exemplaires de la revue française qu’André Guibaut tint fébrilement entre ses mains soixante ans plus tôt, en pensant au missionnaire français qui les avait apportés là, et qui était déjà mort depuis longtemps. Les Peuples oubliés du Tibet est un tunnel secret entre les époques. En mettant ses pas dans ceux qui l’ont précédé, l’auteur nous révèle un Tibet unique, brutal et fervent, à mille lieux des clichés sur le Shangri-la paradisiaque. C’est ce monde à part, en train de disparaître, qu’il nous fait partager. Robert Neville

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Culture lire catégories modernes qui font encore problème aujourd’hui comme la philosophie, la religion et la médecine traditionnelle ; les questions de l’identité chinoise qu’elle soit culturelle ou nationale comme l’écriture, la langue et l’histoire. Cette quinzaine de contributions permettent ainsi de mieux cerner la question de la fameuse altérité chinoise pour conclure qu’il convient de la dépasser, en s’appuyant sur une critique en règle de Marcel Granet, un des éminents sinologues du XXe siècle qui a renforcé de son autorité cette vision figée et anti-moderniste de la Chine.

rôle déterminant dans les relations diplomatiques et politiques entre la Chine et les huit puissances européennes présentes alors dans le pays. Une attention toute particulière est accordée à la place et au rôle de la France.

SOCIETE

HISTOIRE

Le mouvement des Boxers en Chine (1898-1900) par YAN Yan, préface de Hugues Tertrais Editions Librairie You-feng, 273 pages, 25 € Dans l’histoire du début du vingtième siècle, le mouvement des Boxeurs, société secrète chinoise à l’idéologie rétrograde et xénophobe, prend pour cible en 1900 la présence étrangère économique, diplomatique et religieuse. Il est considéré par l’historiographie chinoise traditionnelle comme le premier grand mouvement contre le colonialisme occidental, imposant ses traités inégaux. Vision contestée par les nouveaux historiens qui voient plutôt ce mouvement comme un vecteur du refus de la modernité et un rejet de l’étranger comme en témoigne leur mot d’ordre de ralliement « protéger la dynastie et exterminer les étrangers  ». Quoi qu’il en soit, ce mouvement joua un

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L’ouvrage ne cache pas qu’il veut nous présenter un Pékin aux mille visages dans la perspective de la tenue des Jeux Olympiques en août 2008. Les photos en couleurs balayent cette mégapole hors de mesure, avec ses 7 millions d’habitants du Pékin urbain, en donnant à voir son héritage culturel ancien comme le dynamisme d’une ville résolument tournée vers l’avenir et vers la préparation de cet évènement dont elle attend une reconnaissance internationale de son nouveau rôle de grande puissance.

Les voyageurs français en Chine aux XVII et XVIIIe siècles par Bai Zhimin Editions de l’Harmattan, 417 pages, 33 € Fruit d’une thèse de doctorat, cet ouvrage est consacré aux premiers contacts entre la Chine et l’Europe depuis le Moyen Age jusqu’au XVIIe siècle. L’envoi par Louis XIV en particulier de six missionnaires jésuites, actifs dans la rédaction de lettres et de publications, eut une profonde influence dans la construction d’une première « vision » de la Chine dans l’imaginaire européen. Les notions de pouvoir et de religion telles qu’elles sont perçues par les voyageurs français sont ainsi analysées en détail, en même temps que la découverte de la société chinoise, de ses mœurs et de la vie quotidienne et intellectuelle de l’époque.

Pékin Par Marco Paoluzzo et Myriam Meuwly Editions Favre, 176 pages, 39 €

Libertés et droits fondamentaux des travailleurs en Chine Par Zheng Aiqing préface de Mireille Delmas-Marty et Jean-Maurice Verdier Editions de L’Harmattan, Points sur l’Asie, 467 pages, 35 € Malgré les progrès obtenus sur les plans économique et social, la protection juridique et la garantie des droits des travailleurs se heurtent à la logique de la productivité avant tout et aux contraintes du système politique. L’auteur dresse un bilan de la situation dans ce domaine et pointe les possibilités et les obstacles pour que le développement économique chinois s’accompagne d’une reconnaissance d es   v al eur s   fo n dam ent al es   d e l’homme. n




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