Rapport des Rencontres de Caux 2011

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séCurité humaine

nous pouvons combattre la désertification L’érosion et la dégradation des sols détruisent chaque année une surface équivalant à 3 fois la Suisse.

«L

’espèce humaine est la seule qui exploite la terre jusqu’à la désertification. Nous sommes l’acné de la planète » a commencé par dire M. Luc-Marie Gnacadja, Secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification. Les terres les plus vulnérables à l’érosion sont les zones arides et celles qui connaissent déjà des stress hydriques. Elles représentent 1/3 de la surface du globe et produisent 44% de l’alimentation de la planète. Ce fléau est une cause majeure de conflits, car des milliers de personnes sont forcées de se déplacer vers des terres plus fertiles. « L’équilibre est précaire, mais nous ne nous sommes pas encore attaqués aux racines du problème » a-t-il continué. Il faut doubler la production alimentaire pour nourrir 9 milliards de personnes, alors que le « cercle vicieux de la pauvreté » empire et que 8 conflits sur 10 surviennent dans des régions arides. « La bonne nouvelle est que les gens se mobilisent sur le terrain. » La situation s’améliore dans certaines zones arides car les habitants s’efforcent de s’adapter. Luc Gnacadja a appelé à une gouvernance fondée sur « un management holistique » et à concentrer nos actions sur les plus pauvres : « le milliard oublié. » « Le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de la mobilisation » a-t-il mis en garde.

L’espoir se transforme en résultats Clare Short, Secrétaire d’Etat du Royaume Uni pour le développement international de 1997 à 2003, a confirmé avoir vu des signes de la détérioration de la terre, de la sécheresse et du changement climatique partout dans le monde : cela mène à la famine, comme celle qui sévit en ce moment dans la Corne de l’Afrique. « Il y a des solutions qui peuvent inverser ce que nous avons fait. Nous devons commencer à réparer les dégâts » a appelé Mme Short. Chris Reij, spécialiste de l’agriculture durable et professeur au  Centre  for  Inter­ national Cooperation  de la Vrije Universi­ teit  d’Amsterdam, a aussi parlé des réussites. Il a donné des exemples du Sahel,

une région qui couvre 3 millions de kilomètres carrés au sud du Sahara. Elle est très affectée par le changement climatique et l’augmentation du prix de la nourriture. « Mais l’espoir est là » a-t-il affirmé. Le travail des paysans du Niger en est un bel exemple : « Ces vingt dernières années, 5 millions d’hectares ont reverdi. Ils nourrissent 2,5 millions de personnes » a-t-il expliqué. Le défi est maintenant de faire connaître les réussites du Niger pour adapter et mettre en pratique ces méthodes dans d’autres pays. L’évènement a rassemblé de nombreux experts, des personnes engagées sur le terrain et des agriculteurs – une diversité qui est l’un des points forts de Caux. Martin Frick, venu d’Allemagne et responsable de programme sur la diplomatie climatique chez E3G, a conclu : « Cette journée nous a permis de nous faire une idée de la situation, elle nous a inspirés et nous a mis au défi. Ici, j’ai réalisé que nous pourrons assurer notre production alimentaire seulement si elle respecte l’environnement, que nous devons réduire la dégradation des terres à zéro, et que les acteurs les plus importants sont ceux dont on n’a pas encore demandé l’avis : ceux qui sont en bas de la pyramide. » Andrew Stallybrass

luc-marie Gnacadja

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