Rapport des Rencontres de Caux 2011

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RencontRes

internationales de caux 2011 www.caux.ch

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Combattre la désertification 4 Des jeunes musulmans créateurs de paix 8 Quand la théorie rejoint la pratique

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les défis pour un avenir durable 16

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sommaire eDitorial

Les Rencontres internationales sont organisées chaque année à Caux-sur-Montreux par CAUX-Initiatives et Changement et Initiatives et Changement International. Depuis 1946, elles explorent des voies pour transformer la société à travers le changement des individus et des relations. Ce rapport rassemble des articles et des interviews sur les conférences et les ateliers de la saison 2011. Vous trouverez des informations, des photos et des vidéos complémentaires sur www.caux.ch/2011

Éditorial

Formation

Du personnel à l’universel

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Femmes – artisans de paix : des Cercles de paix pour briser les barrières de la différence 12 Mary Ella Keblusek : une mise en pratique immédiate 13

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Caux Scholars

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Quand la théorie rejoint la pratique 20 ans déjà !

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CAUXexpo

Sécurité humaine Nous pouvons combattre la désertification Yacouba Savadogo : le savoir-faire des anciens pour combattre la désertification Quels défis pour l’islam au lendemain du Printemps Arabe ? Département des Affaires Étrangères et Forum de Caux : un partenariat complémentaire

Diversité Des jeunes musulmans créateurs de paix La diversité est une chance Zahra Hassan : dans les diasporas, travailler pour la réconciliation

Sans les femmes, pas de paix 8 9 10

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Économie Göran Carstedt : les défis pour un avenir durable Jane Royston : j’ai rêvé de créer une entreprise équitable ; cela a plutôt bien réussi !

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Caux et I&C Mis en page et imprimé par Brunner AG, Druck und Medien, CH-6010 Kriens Edition : Chris Breitenberg, Adriana Borra, Andrew Stallybrass, Philipp Thüler Traduction : Geneviève Beauregard, Luca Borra, Philippe Lasserre, Jean-Jacques Odier, Eliane Stallybrass Photos : Abdullah Alwazeen, Maha Ashour, Jean Fichery Dukulizimana, Salim Kassam, Christoph Kaufmann, Raluca Carmen Ocean, Charlotte Sawyer, Kismet Waked, Kosima Weber Liu, Yaya

Voulez-vous participer ? Les Rencontres de Caux et Initiatives et Changement

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Caux 2012 Dates des Rencontres internationales de Caux 2012

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éDitorial

Du personnel à l’universel Göran  Carstedt,  orateur  principal  de  la  rencontre  confiance et inté­ grité dans une économie mondialisée a cité Václav Havel : « C’est comme  si  quelque  chose  était  en  train  de  s’effriter, de se délabrer, de s’épuiser ;  mais,  qu’en  même  temps,  quelque  chose,  encore  indéfinissable, surgissait de cette ruine. » Les  Rencontres  de  Caux  ont  pour  but  de soutenir cette renaissance.

ance et intégrité dans une économie mondialisée a rassemblé 200 entrepreneurs,  industriels,  économistes  et  des  militants  écologistes  pour  participer  à  la  création  d’une  économie juste et équitable.

structurelle  du  DFAE,  qui  soutient  le  Forum pour la sécurité humaine  depuis  ses  débuts  en  2008,  ainsi  que  les  initiatives  de  réconciliation  menées  par  Initiatives  et  Changement (I&C) au Burundi.

Alors qu’une surface équivalant à 3  fois celle de la Suisse en terres agricoles  disparaît  chaque  année  à  cause  de  l’érosion  des  sols,  le  Fo­ rum pour la sécurité humaine a  mis  en avant des initiatives qui combattent  ce  fléau  mondial.  Luc-Marie  Gnacadja,  Secrétaire  exécutif  de  la  Convention  de  l’ONU  pour  le  combat  de  la  désertification  a  appelé à une approche holistique.

La spécificité de Caux est de lier le  personnel  à  l’universel.  I&C  reconnaît  que  les  changements  durables  surgissent  toujours  quand  des  vies  et des relations sont transformées.  Ce mouvement rassemble des personnes  motivées  par  le  désir  d’apporter  la  compassion  et  la  justice  dans le monde, et par la recherche  de  la  sagesse  intérieure  qui  guide  chaque  être  humain  dans  son  humanité.

Cette  année,  l’actualité  était  au  cœur  du  programme  des  Rencontres. Des acteurs du Printemps  Arabe  ont  pu  communiquer  leur  énergie  lors  de  deux  jours  passés  avec  les  hommes  politiques  européens pour étudier comment soutenir  la  transition  vers  des  démo- La  particularité  de  Caux  est  de  se  craties durables. concentrer  sur  la  dimension  humaine. L’ambassadeur Claude Wild,  Au  moment  où  la  Norvège  était  Chef  de  la  division  politique  IV  du  ébranlée  par  le  massacre  perpétré  Département  fédéral  des  affaires  par  un  extrémiste  de  droite,  45  étrangères  (DFAE)  l’explique  dans  jeunes européens musulmans assis- son  interview :  « Les  Rencontres  taient à une formation sur l’instau- ont  une  approche  très  orientée  ration de la paix et de la confiance. vers  les  expériences  personnelles,  la  responsabilité  individuelle  et  le  Dans  un  contexte  de  crise  finan- savoir  être. »  Cette  approche  est  cière  mondiale,  la  rencontre confi­ complémentaire  de  celle,  plus

Edward A. Peters,  Vice-président exécutif Initiatives et Changement   International

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séCurité humaine

nous pouvons combattre la désertification L’érosion et la dégradation des sols détruisent chaque année une surface équivalant à 3 fois la Suisse.

«L

’espèce humaine est la seule qui exploite la terre jusqu’à la désertification. Nous sommes l’acné de la planète » a commencé par dire M. Luc-Marie Gnacadja, Secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification. Les terres les plus vulnérables à l’érosion sont les zones arides et celles qui connaissent déjà des stress hydriques. Elles représentent 1/3 de la surface du globe et produisent 44% de l’alimentation de la planète. Ce fléau est une cause majeure de conflits, car des milliers de personnes sont forcées de se déplacer vers des terres plus fertiles. « L’équilibre est précaire, mais nous ne nous sommes pas encore attaqués aux racines du problème » a-t-il continué. Il faut doubler la production alimentaire pour nourrir 9 milliards de personnes, alors que le « cercle vicieux de la pauvreté » empire et que 8 conflits sur 10 surviennent dans des régions arides. « La bonne nouvelle est que les gens se mobilisent sur le terrain. » La situation s’améliore dans certaines zones arides car les habitants s’efforcent de s’adapter. Luc Gnacadja a appelé à une gouvernance fondée sur « un management holistique » et à concentrer nos actions sur les plus pauvres : « le milliard oublié. » « Le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de la mobilisation » a-t-il mis en garde.

L’espoir se transforme en résultats Clare Short, Secrétaire d’Etat du Royaume Uni pour le développement international de 1997 à 2003, a confirmé avoir vu des signes de la détérioration de la terre, de la sécheresse et du changement climatique partout dans le monde : cela mène à la famine, comme celle qui sévit en ce moment dans la Corne de l’Afrique. « Il y a des solutions qui peuvent inverser ce que nous avons fait. Nous devons commencer à réparer les dégâts » a appelé Mme Short. Chris Reij, spécialiste de l’agriculture durable et professeur au  Centre  for  Inter­ national Cooperation  de la Vrije Universi­ teit  d’Amsterdam, a aussi parlé des réussites. Il a donné des exemples du Sahel,

une région qui couvre 3 millions de kilomètres carrés au sud du Sahara. Elle est très affectée par le changement climatique et l’augmentation du prix de la nourriture. « Mais l’espoir est là » a-t-il affirmé. Le travail des paysans du Niger en est un bel exemple : « Ces vingt dernières années, 5 millions d’hectares ont reverdi. Ils nourrissent 2,5 millions de personnes » a-t-il expliqué. Le défi est maintenant de faire connaître les réussites du Niger pour adapter et mettre en pratique ces méthodes dans d’autres pays. L’évènement a rassemblé de nombreux experts, des personnes engagées sur le terrain et des agriculteurs – une diversité qui est l’un des points forts de Caux. Martin Frick, venu d’Allemagne et responsable de programme sur la diplomatie climatique chez E3G, a conclu : « Cette journée nous a permis de nous faire une idée de la situation, elle nous a inspirés et nous a mis au défi. Ici, j’ai réalisé que nous pourrons assurer notre production alimentaire seulement si elle respecte l’environnement, que nous devons réduire la dégradation des terres à zéro, et que les acteurs les plus importants sont ceux dont on n’a pas encore demandé l’avis : ceux qui sont en bas de la pyramide. » Andrew Stallybrass

luc-marie Gnacadja

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le savoir-faire des anciens pour combattre la désertification Yacouba Savadogo, agriculteur au Burkina Faso, personnage principal du documentaire L’homme qui arrêta le désert, raconte comment il est parvenu à faire reverdir certaines zones jusque là considérées comme perdues. Âgé de 65 ans, il a sans doute été l’homme le plus applaudi du Forum de Caux sur la sécurité humaine.

Q

u’est ce qui vous a motivé à pratiquer l’agriculture ? J’ai commencé ce travail en 1979. Quand j’étais encore jeune, j’étais commerçant. Ma famille et moi-même souffrions beaucoup de la faim. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour lutter contre cette situation. C’est pourquoi j’ai quitté le commerce pour mieux travailler la terre. Aujourd’hui, je produis bien et tous ceux qui m’ont imité travaillent et produisent mieux. Ma famille n’a plus faim. Il ne se passe pas un jour, sans qu’un groupe de 5 ou 10 personnes ne vienne me demander comment j’ai réussi. Alors nous parlons et j’apprends également beaucoup. Cela m’encourage à persévérer dans mon travail.

« Savoir d’où tu viens et où tu vas »

Yacouba savadogo, « l’homme qui a repoussé le désert »

Parlez-nous des techniques que vous avez utilisées. J’utilise essentiellement deux techniques traditionnelles : le ZAÏ et les cordons pierreux. J’ai aussi bénéficié des échanges avec d’autres paysans de la région. J’essaie de collecter les graines d’arbres qui ne figurent pas dans mon champ pour les y semer. C’est important de diversifier les espèces car cela augmente la variété et les possibilités. Puis je regarde comment la terre répond. Plus il y a de variété d’arbres, mieux c’est.

Pensez-vous que votre travail a eu un impact sur les relations entre les gens ? Oui, il faut parler de l’impact sur les relations sociales, la façon dont les gens vivent et se soutiennent mutuellement. Par exemple, si tu travailles bien pendant la saison des pluies, tu auras assez de céréales pour manger toute l’année, tu pourras aussi partager avec les autres personnes démunies. Ceux qui ont adopté les techniques anciennes peuvent mieux produire et partager, ce qui augmente la solidarité entre eux.

Vous n’êtes pas allé à l’école, comment est-ce que vous saviez que vous étiez sur le bon chemin ? Il ne suffit pas d’aller à l’école pour acquérir le savoir-faire. Il faut savoir d’où tu viens et où tu vas. C’est une question de vision, d’observation et de constat. Aussi, j’ai bénéficié de l’encadrement de techniciens d’ONGs.

Jean Fichery Dukulizimana

Sécurité Humaine Le 4ème Forum de Caux pour la sécurité  humaine a eu lieu du 10 au 17 juillet. L’objectif de cette session est de mettre en place un cadre d’apprentissage focalisé sur les besoins humains fondamentaux et de promouvoir des collaborations entre la société civile, les institutions multilatérales et les gouvernements. Peter Maurer, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères est intervenu lors du lancement de la rencontre pour affirmer que le gouvernement suisse est fier de soutenir les efforts de dialogue interculturel ainsi « qu’une initiative innovante dans le domaine de la sécurité humaine ». Quelques 300 participants venus du monde entier – diplomates, scientifiques et militants – ont discuté des moyens de faire progresser ce thème central pour la paix dans le monde.

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séCurité humaine

le journaliste tunisien lotfi hajji

Quels défis pour l’islam au lendemain du Printemps arabe ? La place de l’islam dans la sphère politique en Égypte et en Tunisie était au cœur des débats d’un programme spécial de 2 jours lors du Forum de Caux pour la sécurité humaine. Les 40 participants se sont exprimés avec sincérité et confiance.

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es diplomates, des militants des droits de l’homme et des journalistes ont exposé les défis auxquels fait face le monde arabe. L’égyptienne Anissa Hassouna a parlé de la nécessité dans son pays de se réconcilier avec ceux qui sont encore liés à l’ancien régime. Le journaliste Lotfi Hajji a insisté sur le besoin de réformer les systèmes policiers et judiciaires tunisiens et sur le rôle des partis politiques. M. Abdelfattah Mourou, fondateur du parti tunisien Ennahda, a dit que le grand défi pour les peuples arabes est d’établir une démocratie pour tous, et non une démocratie avec acteurs et sujets. « Certains pensent que les tunisiens sont des islamistes, ennemis de la liberté, mais ils ont été bafoués, emprisonnés, forcés de s’exiler par des régimes autocrates » a rappelé M. Mourou. Etienne Pinte, membre du parlement français présent lors des discussions, a répondu : « Votre destin est entre vos mains, c’est à vous de choisir votre constitution, de construire votre démocratie. Nous sommes là pour vous accompagner, et non pour nous imposer. »

Les intervenants ont insisté sur la volonté des musulmans arabes de construire une vraie démocratie. « Ils ne pratiquent pas la polygamie, ne demandent pas l’application de la charia sur le plan pénal et ne prônent pas un retour aux siècles précédents » a dit M. Mourou. « Si on oblige les islamistes à quitter la vie politique, on les oblige à se marginaliser » a-t-il insisté.

Bâtir ensemble quelque chose de nouveau Le sourire aux lèvres, Slim Bouaziz a fait ses bagages après une semaine riche en rencontres. C’était la première fois qu’il venait en Europe. Il espère que l’avenir sera meilleur. « Ils [les occidentaux, Ndlr] ont compris que nos révoltes se sont faites au-delà de l’identité religieuse et que nous ne voulons que la démocratie. C’est le début d’une nouvelle ère » dit ce jeune tunisien étudiant en droit.

gement  France  confirme : « Les conversations étaient franches. Les Nord-Africains ont pu exprimer leurs sentiments aux occidentaux. » Pour lui, la peur de l’islam pourrait mener ces révolutions à l’échec, mais il espère que le parti islamiste tunisien saura montrer au monde que le mariage entre l’islam, la démocratie et l’état de droit est possible. « Nous avons tous été surpris par la révolution tunisienne qui nous révèle une autre image du monde arabe. Nous leur faisons confiance » a-t-il dit avant d’exprimer sa satisfaction par rapport aux résultats des discussions. Jean­Fichery Dukulizimana

Frédéric Chavanne, responsable Afrique et Méditerranée pour Initiatives et Chan­

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DFAE et Forum de Caux : un partenariat complémentaire Interview de M. Claude Wild, ambassadeur et chef de la Division politique IV du Département Fédéral des Affaires Etrangères suisse (DFAE), qui soutient le Forum de Caux pour la sécurité humaine depuis ses débuts en 2008. Pourquoi le DFAE soutient-il le Forum de Caux pour la sécurité humaine ? Le DFAE soutient ce Forum depuis 2008, d’une part parce que la thématique de la sécurité humaine rejoint son propre mandat, et d’autre part dans la perspective de poursuivre la collaboration opérationnelle débutée en 2005 au Burundi entre la Divi­ sion  politique  IV (DPIV) et Initiatives  et  Changement (I&C). Cette collaboration est importante pour la mise en œuvre de certaines activités des programmes de politique de paix de la DPIV en Afrique (région des Grands Lacs, Afrique de l’Ouest et centrale). Au Burundi, I&C a soutenu les efforts de paix et de dialogue entre la rébellion du Palipehutu-FNL et le gouvernement depuis 2003 et continue à appuyer le dialogue démocratique entre l’opposition extraparlementaire et le gouvernement. Ce projet est financé par la DPIV depuis novembre 2005. En Afrique de l’Ouest et centrale, la DPIV collabore avec I&C depuis 2007, notam-

ment dans le domaine du renforcement des capacités des praticiens africains dans le domaine de la médiation et sur la question de la guérison des blessures du passé. Que peut apporter I&C à la politique étrangère suisse ? Les Rencontres de Caux ont une approche très orientée vers les expériences personnelles, la responsabilité individuelle et le « savoir être ». Cela représente une approche intéressante pour le DFAE, dans la mesure où notre approche de la sécurité humaine tend, elle, à être plus structurelle. La DPIV trouve ainsi en I&C un partenaire avec une complémentarité intéressante, notamment dans une perspective de collaboration plus opérationnelle. Claude Wild

Comment I&C pourrait-il améliorer le Forum ? Le lien entre les acteurs politiques et les acteurs « sociaux » pourrait être renforcé, de manière à permettre un suivi plus actif sur le plan opérationnel de la rencontre dans les différents pays dont sont issus les participants. Que changeriez-vous dans le Forum pour la sécurité humaine ? Pourquoi changer une initiative qui marche très bien ? La qualité des échanges durant les Forums successifs l’a démontré. Cependant, il serait utile et intéressant – à l’issue du Forum de 2012 qui sera le der-

nier d’une série de cinq sous la forme actuelle – de capitaliser les expériences faites et les leçons apprises durant ces différentes éditions, et de mobiliser davantage de personnalités politiques sur ces questions. Philipp Thüler

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Diversité

Des jeunes musulmans créateurs de paix 45 jeunes musulmans venus d’Allemagne, d’Autriche, de Bosnie, de France, de GrandeBretagne, de Norvège, de Suède et de Suisse se sont réunis dans le centre de rencontres de Caux pour participer du 20 au 31 juillet à la session : Devenir un artisan de paix. C’est la deuxième fois qu’une telle formation a lieu, animée par l’imam anglais Ajmal Masroor.

«C

e que propose Ajmal Masroor est très courageux », déclare d’emblée Peter Riddell, coordinateur du programme. « Beaucoup de jeunes musulmans britanniques considèrent que le pays où ils vivent est en guerre avec les pays d’où viennent leurs parents. Le monde musulman n’est plus en dehors de l’Europe, il en fait désormais partie intégrante. Il y a quelques dizaines d’années, être européen allait encore de pair avec une culture blanche et chrétienne ; mais maintenant, cela peut signifier être d’une toute autre culture ou religion. Les Européens sont embarqués ensemble dans la création d’une nouvelle culture. S’ils font l’effort de comprendre le parcours de chacun et s’ils s’engagent entièrement dans ce processus, l’aventure sera prometteuse. C’est dans ce cadre qu’un programme comme celui-ci prend de l’importance » assure-t-il. Les participants sont venus pour s’enrichir de l’expérience de l’imam Masroor,

mais aussi les uns des autres. Les buts de cette session sont de permettre à chacun de comprendre sa foi et de la vivre dans le contexte européen, pour promouvoir la paix là où il vit. Après les quatre jours de formation sur l’approche islamique de l’instauration de la paix, les participants avaient la possibilité de participer à la rencontre Apprendre  à  vivre  dans  un  monde  multiculturel : le rôle de la diaspora dans la  création de la paix en Europe. Sabina Ali vient du Royaume Uni. Parlant avec une autorité naturelle, elle affirme : « Ce séjour m’a permis de vivre les idéaux que j’ai reçus de ma religion, et je pourrai utiliser dans mon environnement professionnel ce que j’ai expérimenté. C’est grâce à ce que j’ai vécu ici que je me sens en confiance en tant que femme musulmane. » Pour elle, les religions ont toutes des points communs. Il est important de les célébrer, tout en respectant les différences.

Suleyman Sakha, dentiste, également du Royaume Uni, attendait des résultats tangibles de la session de formation. « Je ne cherche pas seulement une transformation intérieure, mais un changement qui se prolonge en dehors de moi. » Il espère que ce séjour aidera les jeunes musulmans à faire entendre leur voix sur ce qui se passe dans le monde, de façon à créer une meilleure compréhension entre les religions et les cultures. « On n’a pas besoin, ajoute-t-il, d’être musulman pour comprendre la beauté de l’islam. Nous devons chercher les points communs entre les valeurs et les croyances des uns et des autres, afin de faire ce qui est le mieux pour tous, sans empiéter sur les droits humains ou les droits civiques. » Tanya Wood

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la diversité est une chance La migration est une réalité. Que faire de la diversité culturelle qui en résulte ? Cette question était au cœur du panel de discussions sur Le nouveau « Nous » : visions d’un environnement interculturel inclusif qui a conclut la rencontre Apprendre à vivre dans un monde multiculturel.

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ibyesh Anand, Professeur associé du département de politique et relations internationales de l’Université de Westmins­ ter à Londres, a insisté sur le fait que l’Europe ne subit pas uniquement des problèmes, mais elle en est également la cause : « C’est problématique, car les valeurs européennes sont perçues à la fois comme universelles (droits de l’homme, démocratie, ...) et uniquement européennes. » D’après lui c’est dangereux, car la démocratie est un idéal pour lequel les peuples doivent constamment se battre – et l’Europe pourrait même s’inspirer sur certains points des autres continents. La vraie démocratie n’est pas une tyrannie des nombres, a-t-il poursuivi, mais elle devrait plutôt protéger les droits des minorités. Tout le monde doit comprendre que chacun fait partie d’une minorité : « Il n’y a pas de majorités, mais une multitude de minorités. » Cette prise de conscience apporterait au final plus d’humilité. Si nous remplaçons l’orgueil identitaire par de l’humilité, nous ouvrirons la voie vers un nouveau « Nous » et ferons de l’Europe une entité qui, non seulement tolère la diversité culturelle mais qui l’embrasse pleinement et s’enrichit à son contact.

« Nous devrions considérer les sociétés comme des écosystèmes qui s’enrichissent au contact de nouveaux éléments » Oliver Freeman, ancien co-président de la Conférence suisse des commissions d’intégra­ tion, et actuellement engagé en tant qu’expert dans le programme Cités  Intercultu­ relles  du Conseil de l’Europe, affirme quant à lui que les migrations et la diversité culturelle causent des incertitudes. Il est alors en même temps facile et dangereux pour les hommes politiques de les transformer en peur et d’en profiter.

oliver Freeman, expert pour le programme Cités interculturelles du Conseil de l’europe

M. Freeman a exposé plusieurs stratégies différentes pour faire face aux migrations et aux différences : l’assimilation (a + b = a) mène à une intégration complète du groupe « b » dans la société existante « a ». Le multiculturalisme (a + b = a + b) est la coexistence paisible entre le groupe « b » et la société existante « a ». Une 3ème voie, la Trans- ou Interculturalité correspond à la solution mise en avant par le Conseil de l’Europe : la société existante « a » intègre le groupe « b » pour devenir à terme une nouvelle entité, la société « c ». « Nous ne devrions pas considérer les sociétés comme des machines qui tombent en panne dès qu’un corps étranger entre à l’intérieur. Nous devrions plutôt les considérer comme des écosystèmes qui s’adaptent aux nouvelles situations et qui s’enrichissent même au contact de nouveaux éléments. » Le « c », a ajouté Freeman, pourrait aussi être remplacé par un « h », pour humanité.

L’Homme en tant qu’élément fédérateur principal a aussi été au centre de la conclusion de John Battle. Cet ancien membre du Parlement britannique a constaté que dans son quartier de Leeds, au sein duquel on parle 21 langues différentes, où se côtoient mosquées, églises et cultures issues du monde entier, il avait été indispensable de créer un « nouveau Nous ». Cela nous concerne tous. Il a conclu : « Nous devons nous affranchir du « je ». Au lieu de « je pense, donc je suis » (cogito, ergo sum), cela devrait être « tu es, donc je suis ». » Philipp Thüler

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Diversité

Zahra hassan , un engagement remarquable auprès de la diaspora somalienne

Dans les diasporas, travailler pour la réconciliation Née en Somalie, aujourd’hui résidente en Angleterre, Zahra Hassan milite auprès des réfugiés originaires de Somalie, d’Ethiopie et de Djibouti. Elle est convaincue que les femmes ont un rôle spécial à jouer dans les diasporas.

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arlez-nous des organisations avec lesquelles vous êtes engagée. Toutes trois s’adressent aux membres des diasporas, toujours dispersés et visent à les réunir. Par exemple, l’Association  des  femmes de la Corne de l’Afrique agit sur le terrain, particulièrement auprès des femmes seules ou des familles monoparentales. Nous visons à réunir tous les membres d’une même communauté en Grande-Bretagne de façon à aider l’ensemble du groupe. La Communauté soma­ lie pour le dialogue et la démocratie et Ini­ tiatives et Changement  (I&C) poursuivent des objectifs semblables : essayer de rétablir la confiance d’une communauté à l’autre. En Somalie, la guerre civile fait encore rage ; nos problèmes sont immenses et bien que nous ne souffrions pas de rivalités de clans dans notre diaspora, nous sommes confrontés aux problèmes du « vivre ensemble dans un monde multiculturel », comme les barrières de langues et de compréhension, la connaissance de nos droits, etc. … Ces problèmes, il faut les résoudre. De quelle façon vous impliquez-vous ? Pour ce qui est d’I&C, je travaille avec le

programme Agenda pour la réconciliation,  qui organise des réunions portant sur la réconciliation, le pardon et l’établissement de liens de confiance entre tous les groupes participants. Pour nous Somaliens, le principal problème ce sont les haines au sein même de notre diaspora, ce qui affecte toute notre communauté. Nous apprenons à nous pardonner les uns aux autres et créons ainsi le terrain sur lequel les gens peuvent se rencontrer et se réconcilier et préparer les conditions du dialogue. Je suis aussi facilitatrice de groupes de parole. Je m’occupe particulièrement des femmes. Je les réunis, nous échangeons sur nos vies et sur ce qui ne va pas et sur ce que nous devons entreprendre pour que les choses changent. On ne peut pas laisser de côté le combat pour la paix. Quelles sont vos motivations ? En tant que mère et formatrice, je dois être un modèle. Je veux montrer aux gens de notre diaspora qu’en agissant ensemble nous pouvons améliorer les relations au sein de notre communauté. Si notre diaspora change, cela nous aidera à apporter

notre soutien à ceux qui souffrent dans la Corne de l’Afrique. Avez-vous vous-même expérimenté le pardon ? Ma force me vient aussi de ma religion, qui m’enjoint d’aider ceux qui sont dans le besoin. Le fait de me référer à ma religion me donne la paix. Allah a dit : « Si tu ne peux pas pardonner aux autres êtres humains, je ne pourrai pas te pardonner. » C’est pour cela que nous devons pardonner à ceux qui nous haïssent ; en tout cas, c’est comme cela que j’ai été éduquée. Dans notre communauté, nous discutons par exemple des différences entre générations et du besoin d’améliorer les échanges entre celles-ci. Nous animons aussi des ateliers intergénérationnels. Y-a-t-il une démarche de pardon que vous sentez devoir faire ? Le mot pardon a un sens très profond car il est difficile, et de pardonner, et de demander pardon. Durant mes animations, je dis parfois que le mot pardon, avec ses six lettres, n’est pas un mot difficile à dire, mais que de le dire du fond de son cœur, c’est une autre affaire ! Je suis toujours

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prête à demander pardon. Nous sommes humains et il nous arrive toujours des choses très difficiles à supporter. Je prends la peine de m’asseoir avec la personne concernée pour découvrir où le pardon est nécessaire. Il y a toujours une raison de pardonner et une raison de demander pardon. Pouvez-vous donner un exemple ? Récemment, dans un de nos groupes de parole, une anecdote nous a tous beaucoup touchés. Une femme, qui avait suivi notre formation et reçu son diplôme est rentrée chez elle très émue. Le même soir, elle a entendu au-dessus de son appartement les éclats de voix d’une dispute. Elle s’est rendue chez ses voisins et a frappé à leur porte. La femme a ouvert et notre amie lui a demandé ce qu’il se passait. L’homme et la femme se sont mis à parler tous les deux à la fois. Notre amie leur a parlé de la formation de huit jours qu’elle venait de suivre et a précisé que les deux mots les plus importants de cette formation avaient été « ouverture » et « écoute » et que, dans tout dialogue, on écoute sans interrompre. Elle a alors proposé au

couple de s’asseoir pour une tasse de café et de s’écouter l’un l’autre. En moins d’un quart d’heure, le problème était résolu. La pratique de l’écoute est très importante et joue un grand rôle dans les groupes de parole. Jean­Fichery Dukulizimana

Diasporas pour la paix La rencontre Apprendre à vivre dans un  monde multiculturel : diaspora et promo­ tion de la paix en Europe a eu lieu du 26 au 31 juillet. C’était la 3ème session de ce cycle qui se fonde sur la riche expérience de CAUX­Initiatives  et  Change­ ment dans la transformation des relations, le dialogue et l’instauration de la confiance, avec une attention particulière au rôle des diasporas dans l’instauration de la paix. Anne Catherine Ménétrey-Savary, ancienne membre du parlement suisse, a inauguré la session

en dénonçant les tendances xénophobes et islamophobes qui résultent du manque de confiance entre les communautés migrantes et les pays d’accueil. « La montée des mouvements nationalistes transformera l’Europe en une forteresse qui se protège de la menace de l’invasion des migrants venus du sud » a-t-elle prévenu. L'objectif de cette rencontre est de créer une vision commune pour un environnement interculturel inclusif et de réfléchir à sa mise en œuvre.

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Formation

Des Cercles de paix pour briser les barrières de la différence Dans le cadre de la rencontre Transformez-vous – changez le monde, 35 femmes de génération, religion et origine différentes se sont réunies pour étudier les défis de la création de la paix dans le monde et du développement personnel avec la méthode des Artisans de paix.

L

a formation a permis aux femmes de faire l’expérience d’un Cercle  de  paix  puis de se former pour animer un cercle dans leur pays. Au cours de l’atelier, chacune a été invitée à partager son histoire personnelle avec les autres, comme l’explique Jean Brown qui a élaboré cette méthodologie et animé l’atelier. « Les femmes ont un besoin spécial de laisser leur cœur s’exprimer. Cela fait partie du processus de libération et de guérison. » « Beaucoup d’entre elles ont dit qu’elles n’avaient jamais eu la chance de raconter leur histoire » ajoute-t-elle. C’est la première fois qu’Esther Zando, jeune femme originaire de Côte d’Ivoire, participe à une formation sur les Cercles de  paix. « Je venais pour apprendre afin de contribuer à la paix, mais j’ai découvert que je dois, moi-même, trouver la paix in-

térieure. L’ambiance de Caux est conviviale et humaine. C’est vraiment ce dont j’avais besoin. » Son pays vient de connaître un conflit sanglant et dévastateur. Elle dit qu’elle retourne à Abidjan pour contribuer à briser les barrières qui divisent les Ivoiriens. « Même dans certaines familles, il y a eu une fracture entre deux camps. Aujourd’hui, dans les quartiers, il y a de la méfiance. Il faut briser ces barrières, en nous réunissant, en utilisant les outils des Artisans  de  paix,  pour amener les gens à se libérer et dire que les différences ne doivent pas nous diviser » ajoute-t-elle. « J’ai fait le premier pas, le deuxième sera de travailler au sein de ma famille, avec des amis et des collègues de mon quartier. » Esther n’est pas un cas isolé. Beaucoup de femmes rentrent ayant pour objectif

d’améliorer les relations dans leur famille, constate Jean Brown. « C’est le début de la guérison. Beaucoup de femmes veulent améliorer les relations qu’elles entretiennent avec leur mari et leurs enfants. Cela aura un grand impact au niveau de la communauté, et, pourquoi pas, au niveau national. » Les séminaires des Cercles de paix sont organisés par Femmes – Artisans de paix, un programme conçu par les femmes et lancé lors d’une rencontre d’Initiatives et Chan­ gement à Caux en 1991. Actuellement, les Artisans  de  paix jouissent d’un réseau dynamique sur les cinq continents. Des Cercles de paix sont actifs dans plus de 30 pays. Jean Fichery Dukulizimana

Transformez-vous – changez le monde Cette rencontre a eu lieu du 3 au 8 juillet. Quelques 100 participants, venus des quatre coins du monde ont suivit l’une des 6 formations proposées. Ces cours ont abordé des thèmes tels que Vivre et animer un Cercles de Paix,  Fonction publique et leadership – inspiré

par l’ancien secrétaire général des Nations Unies Dag Hammarskjöld, La méditation  et  gestion  de  conflit,  Réagir  aux  conflits  de  manière constructive et Femmes en position  de  leadership. En plus de ces formations, les participants ont pu écouter des conférences avec des intervenants de premier

plan tels que Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité international de la Croix-Rouge et Jörg Eggimann, joaillier suisse et pionner de la bijouterie équitable.

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Une mise en pratique immédiate « Mon ordinateur est en panne, mon loyer augmente, mes relations sont mal en point. Comment est-ce que je peux devenir un artisan de paix alors que je ne peux même pas trouver la paix intérieure ? » L’américaine Mary Ella Keblusek raconte sa première expérience de Caux et des Cercles de paix. L’idée que « la transformation personnelle amène au changement global » est séduisante, mais comme il s’agit de mes premières aventures avec Initiatives et Chan­ gement, j’ai toujours du mal à incarner les principes essentiels et la sagesse qui m’ont attirés vers ce mouvement. Cette semaine a permis de changer tout cela. Dans la première partie du cours, nous avons mis en pratique un Cercle de paix avec les 11 participantes et 4 animatrices. A travers les sessions successives appelées « points de rencontre », nous avons compris ce qui apporte la paix et ce qui la détruit, au sein de nous-même et chez les autres. Nous avons utilisé des outils comme la réflexion et l’écoute intérieure. Nous avons partagé nos différentes histoires, ce qui a ouvert nos cœurs à la compassion et au pardon, et trouvé l’inspiration dans les témoignages de femmes ve-

nant de partout dans le monde, qui ont surmonté conflits et injustice en utilisant ces principes de paix. La deuxième partie du cours était consacrée à la formation pour la mise en place de Cercles de paix. Les animatrices nous ont guidées à travers le manuel et encouragées à apporter notre propre personnalité et vision dans le programme.

« La meilleure contribution à la paix du monde que je peux faire est de maintenir ma paix intérieure » La surprise ? Avoir réalisé que mon ordinateur en panne était aussi pour moi un grand cadeau, une opportunité pour mettre en pratique des outils des Cercles de paix et reconnaître que la vie repose sur l’art d’affronter les défis quotidiens, tout en suivant ce que l’on s’est fixé comme objectif.

mary ella Keblusek

paix sont des outils pour créer et transmettre la paix. J’ai pris conscience que la meilleure contribution à la paix du monde que je peux faire est de maintenir ma paix intérieure. Maintenant renouvelée et inspirée, je peux retourner chez moi, prête à mettre en place des Cercles de paix. Ce sera ma contribution pour le changement.

Je quitte Caux avec une profonde amitié avec ces femmes venant de partout dans le monde. J’ai la certitude que les Cercles de

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Caux sCholars

tom Duncan (à droite) lors d’un atelier

Quand la théorie rejoint la pratique Tom Duncan, originaire d’Australie, est consultant en gestion de l’environnement. Il a été Caux Scholar en 2009 et depuis, il est membre de l’équipe qui organise le Forum de Caux pour la sécurité humaine.

C

omment avez-vous décidé de suivre ce programme ? Je travaille dans le domaine de l’environnement depuis 2000. En 2004, j’ai travaillé en Chine avec une agence australienne sur un projet concernant la sécurité de l’eau et l’agriculture. J’ai pu constater que malgré les meilleures intentions, on en revient souvent aux facteurs humains. J’ai pensé que le Caux  Scholars  Program pouvait me fournir davantage de compétences dans ce domaine, mon intention étant de me servir de ces compétences avancées dans mon travail. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de la formation ? Cela a été franchement extraordinaire. Les enseignants avaient énormément d’expérience, et j’ai rencontré des quantités de gens intéressants. C’était vraiment magique, parce que lorsqu’un Caux Scholar rencontrait quelqu’un de passionnant, il l’invitait à dîner avec les autres. Il est sûr que plus ce programme se développe, plus les contacts se créent. Si des problèmes surgissent, on aura plus de chances d’éviter des conflits, du fait que les gens, issus de pays, races ou religions différentes, se connaissent.

Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Personnellement, bien des conceptions erronées ou des préjugés que j’avais sur le monde et sur moi-même ont été ébranlés. J’ai été obligé de me remettre en question. J’ai pu rencontrer les gens, leur parler et leur poser des questions. Je me suis senti bien mieux informé, et c’est comme cela qu’on peut corriger nos idées toutes faites.

suivre. En temps que Caux Scholar, on apprend la théorie de l’instauration de la paix et de la résolution de conflits, et au Forum de Caux, on la voit en pratique. On ne peut pas faire cela dans une université. C’est unique, et c’est ce qui fait que le Caux Scholars Program fonctionne. Adriana Borra

En 2009, j’ai rejoint l’équipe qui anime la partie sur l’environnement et l’économie du Forum. C’est une manière de maintenir ma passion pour le service des autres. C’est aussi en nourrissant notre enthousiasme et en restant en contact avec des gens qui renouvellent constamment leur inspiration et leur foi dans l’homme, que nous pouvons trouver des solutions aux questions majeures auxquelles nous sommes confrontés. Que voudriez-vous dire à quelqu’un qui envisage de participer à ce programme ? Je lui dirais qu’en venant ici, on redécouvre des tas de choses que l’on connaît déjà, mais on les approfondit. Et si on a envie d’agir pour le monde, et d’être de ceux qui aident à trouver des solutions, alors, c’est ce programme-là qu’il faut

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Cauxexpo

Caux Scholars – 20 ans déjà ! Depuis 1991, plus de 300 étudiants issus de 86 pays ont participé au programme, qui a lieu chaque année en juillet. Grâce aux cours théoriques, aux échanges et en participant aux Rencontres de Caux, ils apprennent comment favoriser les transformations individuelles dans le but d’initier un changement global en faveur de la paix. Le programme donne aux étudiants les outils d’analyse ainsi que les compétences nécessaires pour la résolution des conflits en se concentrant sur les dimensions morales et spirituelles de l’instauration de la paix. « Pour les 20 ans du Caux Scholars Pro­ gram,  nous sommes fiers de la façon dont nos étudiants s’engagent dans le monde. Ils sont médiateurs en République démocratique du Congo, ont fondé des ONGs en Afghanistan, à Gaza ou au Kosovo, travaillent pour leur pays, pour l’ONU au Sri Lanka, au Darfour, en Serbie et au Rwanda, pour des ONGs ou dans le monde des affaires. Ils enseignent dans des écoles et des universités » confie Kathy Aquilina, coordinatrice du programme. Pour plus d’infos : www.cauxscholars.org

sans les femmes, pas de paix La féministe et militante pour les droits de l’homme Ruth-Gaby VermotMangold a inauguré cette exposition temporaire dont le public a pu profiter durant tout l’été au musée CAUXexpo.

Deux des 1000 Femmes de paix présentées dans l’exposition

«C

e n’est pas un secret : le monde de la prolifération d’armes, des budgets de guerre, c’est un monde d’hommes » a déclaré Madame VermotMangold, qui fut membre du Parlement suisse et du Conseil de l’Europe. « Les femmes ne sont pas meilleures que les hommes, elles soutiennent souvent la guerre et se fichent des conséquences » a-telle tout de même concédé. Mais ce sont surtout les femmes qui « reconstruisent les sociétés détruites et prennent soin des personnes traumatisées. Elles travaillent pour réconcilier les communautés dans environ 160 zones de conflit existantes. » Elles ont peu de moyens à disposition. Il n’y a pas de budget pour l’instauration de la paix, bien que la reconstruction et la paix prennent de plus en plus de temps, a-t-elle plaidé.

Elles fournissaient de la nourriture et des médicaments, recherchaient les personnes disparues, s’occupaient des orphelins et des prisonniers, signalaient les meurtres, viols et enlèvements. Elles organisent des manifestations et des tables rondes. Et elle conclut : « Nous sommes convaincus qu’elles ne doivent pas rester dans l’anonymat. Il en va de notre responsabilité à tous. Le travail pour la paix ne s’arrête jamais, il recommence, encore et encore. »

En temps que présidente de l’ONG Femmes de paix autour du monde ainsi que dans son travail au Conseil de l’Europe et dans de nombreuses zones de conflit, Mme Vermot-Mangold a rencontré des femmes travaillant pour la paix dans un environnement extrêmement dangereux.

Andrew Stallybrass

Avec d’autres, elle a lancé le projet de présenter 1000 femmes militantes pour la paix lors du prix Nobel de la paix 2005. La tentative a échoué, mais ce fut le premier pas vers le développement d’un réseau de femmes au niveau mondial – et de plus de 1000 expositions comme celle qui s’est tenue à Caux.

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les défis pour un avenir durable Le Suédois Göran Carstedt préside Natural Step International, une ONG qui promeut le développement durable auprès des entrepreneurs. Sa conférence lors de la session Confiance et intégrité dans une économie mondialisée a conquis l’assemblée.

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tes-vous un idéaliste ? Oui, dans la mesure où je crois à la force des idées. Ce sont elles qui me font avancer. Idéaliste, je le suis également, dans le sens où les idées auxquelles je crois me passionnent, que j’aime les partager avec d’autres et que je crois que le leadership consiste à rassembler des gens autour d’idées directrices. Qu’est-ce qui vous a conduit vers le développement durable ? Cela a été un long cheminement. Originaire du nord de la Suède, je me sens très proche de la nature. La Suède se range depuis longtemps parmi les pays engagés en faveur du développement durable. En 1972, c’est à Stockholm que s’est tenue la première conférence des Nations Unies sur l’environnement humain. Non sans raison. J’appartiens à la génération qui était à l’université à la fin des années soixante et au début des années soixantedix, précisément à l’époque où a commencé à se développer la conscience environnementale. J’ai débuté chez Volvo parce que le PDG d’alors s’intéressait à cette question. Pour un PDG comme lui, c’était un acte courageux que de s’exposer ainsi et affirmer que nous sommes tous responsables du problème. Lorsqu’il y a vingt ans j’ai entendu parler pour la première fois de Natural Step, j’ai découvert la pensée de ce mouvement et je me suis familiarisé avec les notions de cellule verte, de photosynthèse, d’écosystème, toutes des réalités non négociables. Celui qui comprend ces enjeux ne peut plus faire comme si de rien était. Du moins, cela a été mon expérience. Vous avez ensuite travaillé chez IKEA puis, soudainement, vous êtes parti. Pourquoi ? Je me suis toujours intéressé au contexte, au tableau d’ensemble et j’ai eu le sentiment qu’IKEA pourrait se passer de moi. Je me suis dit que ma vie était trop brève pour ne pas être là où est ma passion et pour ne pas m’ouvrir à tout ce qui est nouveau et intéressant. Comme l’a dit

Vaclav Havel en 1994 : « C’est comme si un monde s’effondrait, se délitait et s’épuisait et que simultanément, confusément, quelque chose s’élevait au-dessus des ruines. » C’est ma curiosité pour ce qui est en train de disparaitre et ce qui est en train de naître qui m’a fait quitter le monde de l’entreprise.

« Le vrai défi est de comprendre ce que l’on doit conserver » Vous considérez-vous comme faisant partie de « ce qui est en train de naître » ? Est-ce que tout le monde en fait partie ? Pouvez-vous expliquer davantage votre décision ? Bien sûr qu’il faut se demander : qu’est-ce qui fait partie de quoi ? Mon sentiment est que nous faisons tous partie à la fois de l’ancien et du nouveau. Si je travaille pour une compagnie pétrolière, je fais partie principalement de l’ancien, puisque j’ai à défendre un bilan et une conception ancienne de l’entreprise. Mais, si je suis parmi vous à Caux, j’ai des chances de faire partie de ce qui est nouveau, parce qu’ici nous n’avons pas besoin de défendre d’anciennes conceptions de l’entreprise. C’est un enchaînement logique. En fait, je crois que nous faisons partie des deux, et que nous avons un combat intérieur à mener. En quittant le monde de l’entreprise et en travaillant avec des ONG, je fais clairement partie de ceux qui essaient de créer du neuf. Tenez-vous en même temps à conserver un peu de l’ancien ? Naturellement, et c’est là que je dis aux gens : « Prudence ! » Parce que je n’aime pas qu’on dise qu’il faut tout changer, tout renouveler. C’est très dangereux. Le vrai défi est de comprendre ce que l’on doit conserver. C’est plus difficile que de décider ce que l’on doit changer. Dans ce torrent de nouveautés, il sera important de définir l’essentiel que nous voulons garder.

Göran Carstedt a quitté le monde des affaires pour s’engager dans des onGs.

Ethique et affaires La rencontre Confiance  et  intégrité  dans  une  économie  mondialisée c’est déroulée du 2 au 8 août. Elle a exploré les voies permettant de créer une économie mondiale juste et équitable, avec pour toile de fond la crise économique grecque, son impact sur l’économie de l’Union Européenne et le débat sur le plafond de la dette américaine. 200 personnes ont participé à la rencontre. Parmi elles, des entrepreneurs, des industriels, des économistes, des militants écologistes, des étudiants et des activistes. Ils ont pu choisir l’un des 4 groupes de travail proposés : l’éthique dans le monde des affaires, deux approches différentes du leadership ou alimenta­ tion et développement durable.

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Où puisez-vous votre inspiration ? Dans le monde qui m’entoure : livres, musique, théâtre et, naturellement, mon cercle d’amis. Je ne regarde jamais la télévision, sauf les nouvelles et un peu de sport. Je ne lis ni fiction, ni science-fiction et je ne vais pas au cinéma pour ce genre de films. Le thriller, pour moi, c’est ma propre vie. Je veux rester au courant de ce qui se passe, alors je lis des journaux du monde entier, y compris la presse locale, pour me rendre compte de ce que pensent les gens de la base. J’aime travailler avec les jeunes, qui m’ouvrent de nouvelles perspectives. Et je suis très heureux de voir tant de jeunes ici à Caux. Quelle a été votre réaction quand vous avez été invité à Caux ? L’invitation m’est parvenue par Michael Smith (un des organisateurs de la rencontre, Ndlr). Il a assisté à une de mes conférences à Londres et m’a dit que ce que j’avais à dire serait très apprécié ici. Initiatives  et  Changement est une institution assez intéressante. J’aime la façon dont cela a commencé, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, avec l’idée de la réconciliation franco-allemande. C’est bien d’aborder un problème aussi réel par des conversations, par un dialogue franc

Paul moore (à droite), ancien directeur de la gestion des risques de la halifax Bank of scotland (hBos) et reconnu au niveau mondial comme étant le « dénonciateur d’hBos » a appelé à un « Printemps arabe » de la finance. a sa gauche, alain Berset, membre du Conseil des etats suisse, qui a rappelé : « les seuls qui ne payent pas le prix de la crise sont ceux qui l’ont déclanchée. »

et honnête. Ce qui était valable à l’époque l’est encore aujourd’hui. Il nous faut toujours mettre en place ce type de dialogue qui permet aux gens de s’écouter les uns les autres. Donnons-nous de l’espace les uns les autres. Il faut que les gens se sentent vus, entendus et respectés. Votre pro-

grammation est vraiment d’actualité, et l’on rencontre des personnes extraordinaires. Christoph Kaufmann

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J’ai rêvé de créer une entreprise équitable ; cela a plutôt bien réussi ! Peut-on faire marcher une entreprise en faisant ce qui nous semble juste ? Jane Royston, femme d’affaires suisse, qui a animé un atelier sur la responsabilité sociale des entreprises dans le groupe de travail sur le monde des affaires, répond par un oui catégorique.

J

ane Royston se souvient clairement du moment où sa carrière a pris un tournant. C’était à Paris en 1986. Elle avait 28 ans et dirigeait pour la France le secteur informatique de la multinationale chimique américaine DuPont, pour qui elle travaillait depuis 6 ans. Elle était à une réception organisée par le chef européen de DuPont, qui voulait féliciter les employés pour une croissance et des bénéfices records. Afin de continuer à atteindre ces résultats, il mentionna en passant que 20% des employés allaient être mis à la porte. Peu de gens réagirent. Elle était furieuse. Elle rêva cette nuit-là qu’elle créait une compagnie travaillant sur la base de l’équité. « Je me suis dis que je ne pouvais pas continuer avec DuPont. » Elle donna sa démission le lendemain. Elle retourna chez ses parents à Genève où elle créa sa propre compagnie d’informatique, NatSoft SA, pour offrir des solutions informatiques pour de grandes compagnies. Une compagnie qu’elle voulait équitable, où les décisions seraient prises en commun ou en consultation avec les employés.

nous avons tenu parole avec tout le monde et n’avons jamais abusé de quiconque. » Royston affirme « qu’en affaires, c’est une bonne tactique de faire ce qui est juste : en traitant bien ses employés, on fait des économies parce qu’il y a moins de changement dans le personnel ; en prenant les décisions ensemble, on ne perd pas de temps à persuader les gens d’accomplir des choses contre leur volonté ; en étant dans les temps et en respectant les budgets, on fait des économies sur le marketing et la recherche de clients parce qu’ils reviennent ».

versités suisses. Elle est aujourd’hui membre du conseil de 7 compagnies et fondations, et présidente de PRO qui emploie 200 handicapés à Genève. Mike Smith

« En affaires, c’est une bonne tactique de faire ce qui est juste » Pourtant, après que son mari l’a quittée, elle a vendu la compagnie en 1996. Elle avait deux enfants en bas âge et ne pouvait s’occuper d’eux et de l’entreprise. « J’ai dû faire un choix et j’ai choisi les enfants. » Après quelques années de bénévolat, elle a commencé à enseigner dans plusieurs uni-

Jane royston

En mars 1987, le Département fédéral des finances l’appelle. Il voulait savoir si sa compagnie pouvait mettre à jour tout leur système informatique. D’autres clients suivirent : Roche, Nestlé, Dow, des banques privées, L’OMS et même des boat people vietnamiens sous les auspices du Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. La compagnie devint la plus grande entreprise de solutions informatiques en Suisse romande, avec 120 employés de 27 nationalités et un chiffre d’affaire de 15 millions CHF. 50% des bénéfices étaient distribués en bonus aux employés. « Ce n’est pas seulement pour sa manière de prendre les décisions que NatSoft était différent » précise Royston. « C’est aussi parce que 18  RAPPORT DE CAUX  2011

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Caux et i&C

voulez-vous participer ? Nous remercions chaleureusement tous les bénévoles sans qui les Rencontres de Caux ne pourraient avoir lieu. Ils travaillent en cuisine, préparent les chambres, assurent le service technique, accueillent les gens à la réception et bien plus encore. En 2011, 60 jeunes venus du monde entier ont participé au Caux Interns Program tout en aidant au fonctionnement de la maison. Chaque rencontre a aussi bénéficié de l’aide de nombreux assistants. 19 artistes ont participé au Caux Artists Pro­ gram, organisé par des artistes professionnels. Les participants des Rencontres ont pu apprécier leurs concerts lors des sessions et en soirée. 8 jeunes passionnés de photo et de film ont pris part à la formation en média Caux­Créatifs. Vous pouvez voir leurs films des rencontres sur www.

caux.ch. Plusieurs de leurs photos sont également utilisées dans ce rapport. Nous pouvons également compter sur de nombreux bénévoles, dont certains reviennent à Caux régulièrement depuis plusieurs années, assurant le bon fonctionnement du centre. Aimeriez-vous rejoindre cette équipe en 2012 ? De nombreuses possibilités existent, que vous trouverez sur www.caux.ch. Nous nous réjouissons de vous rencontrer !

les rencontres de Caux et initiatives et Changement Les Rencontres internationales de Caux sont organisées chaque année depuis 1946 par CAUX-Initiatives et Changement et Initiatives et Changement International. Initiatives  et  Changement (I&C) est un mouvement mondial. Il rassemble des personnes de diverses cultures et origines qui s’investissent pour transformer la société, à travers des changements au niveau personnel et dans les relations, en commençant par eux-mêmes. I&C est actif dans 60 pays. Des organisations nationales sont implantées dans 39 pays. I&C International travaille en priorité sur le lien entre le changement personnel et le changement politique et social. Il vise à soutenir et équiper chacun pour qu’il puisse apporter sa pierre à la construction d’un monde juste, pacifique et durable. Depuis 60 ans, I&C fonde sa démarche autour de 4 idées centrales : rechercher la sagesse intérieure, commencer par soimême, écouter l’autre et mener des actions ciblées. Le travail d’I&C international s’est depuis développé avec, parmi d’autres, des initiatives comme des dialogues pour la paix, des formations en leadership pour des jeunes professionnels et des campagnes pour des « élections propres ».

Les initiatives actuelles visent à renforcer les fondations éthiques et spirituelles de la société avec le souci de : • promouvoir la réconciliation et faire progresser la paix dans les conflits • construire des relations de confiance au sein des communautés nationales et entre les pays • enraciner l’éthique, la justice et la transparence à tous niveaux de la vie économique I&C International est une ONG dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil Economique et Social (ECOSOC) des Nations Unies et du statut participatif auprès du Conseil de l’Europe. CAUX­Initiatives  et  Changement est une fondation suisse d’utilité publique, qui travaille pour la promotion de la paix, la prévention des conflits, l’instauration de la confiance, le dialogue interculturel et l’éthique dans le monde des affaires. Elle est membre d’I&C International.

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Caux 2012 rencontres internationales de Caux 2012 1er au 6 juillet Apprendre à vivre dans un monde multiculturel Les diasporas comme acteurs sociopolitiques 8 au 15 juillet 5ème Forum de Caux pour la sécurité humaine Une ressource pour les artisans  de paix du monde entier 17 au 23 juillet Confiance et intégrité dans une économie mondialisée Créer une économie intégrante  et durable

25 au 31 juillet Explorer les liens entre le personnel et l’universel 2 au 8 août Formations par Initiatives et Changement

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Contact CAUX-Initiatives et Changement Boîte postale 3909 CH-6002 Lucerne E-mail : info@caux.ch Web : www.caux.ch Tél. : +41 41 310 12 61 Fax : +41 41 311 22 14 Initiatives et Changement International 1, rue de Varembé, Boîte postale 3 CH-1211 Genève 20 E-mail : iofc-international@iofc.org Web : www.iofc.org Tél. : +41 22 749 16 20 Fax : +41 22 733 02 67

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