Revue de presse - Carolyn Carlson Company - 2014-2021

Revue de presse

« Carlson, empreintes de pas et de papier », Marie- Christine Vernay in Libération – 2/02/14

Télérama – 14-20 mars 2015

Reportage présenté par Claire Chazal dans « Entrée Libre » sur France 5 le 11 février 2016 Supplément des Inrocks – juin 2015

Polka Magazine – mars-mai 2015

Date : 26 SEPT 16 Page de l'article : p.21 Journaliste : Julie Briand

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 36931

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DANS NOW, LES RÔLES SONT STRICTEMENT RÉPARTIS ENTRE LES DANSEURS ET LES DANSEUSES. PHOTO PATRICK BERGER

CHOREGRAPHIE

La danse pour le temps présent de Carolyn Carlson L'immense chorégraphe américaine présente New jusquau 30 septembre à Chaillot. Du théâtre dansé pour évoquer la force de l'instant et prendre la mesure du monde qui nous entoure.

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Date : 26 SEPT 16 Page de l'article : p.21 Journaliste : Julie Briand

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L

e Théâtre de Chaillot ouvre sa saison rapproche Carolyn Carlson de la grande dame avec la reprise de Wow, un specde Wuppertal. La chorégraphe américaine tacle que Carolyn Carlson avait raille avec malice l'idéal du foyer familial.

CAROLYN CARLSON créé sur cette même scène en On rit franchement lorsque le danseur (et ÉCRIT RITUEL POUR 2014. Depuis, il a fait le tour du excellent comédien) Juha Marsalo nous UN RÊVE MORT, monde, suscitant partout le même enexplique, d'abord très calme, puis de plus MANIFESTE POÉTIQUE gouement. Il faut dire que Wow parle de en plus fébrile, jusqu'à entrer dans une FONDATEUR nos vies, du temps qui passe, de notre colère noire, qu'il est essentiel de construire DE SON TRAVAIL. rapport à la nature. Bien loin d'un courant une maison confortable et sûre pour installer abstrait et expérimental de la danse contemsa famille. Toujours avec la même ironie, les poraine, Carolyn Carlson raconte une histoire et rôles sont strictement répartis entre les quatre touche à l'universel. danseurs et les trois danseuses. Les hommes construiÀ l'origine de Wow, il y a la lecture de la Poétique de sent la maison sur fond de bruits de visseuses, de scies et l'espace de Gaston Bachelard, qui analyse comment le de marteaux. Les femmes courent après les 24 heures du microcosme de la maison peut s'ouvrir sur l'immensité cadran, dans une pantomime frénétique qui évoque les du dehors par la force de l'imagination poétique. « Le menus gestes du quotidien. minuscule et l'immense sont consonants. Le poète est toujours prêt à lire le grand dans lepetit », écrit Bachelard.

Pour Carlson, le foyer c'est simplement En grande poétesse, Carolyn Carlson commencera donc « ce qui est ici et maintenant » Le spectacle se construit en zoom arrière sur nos lieux par le plus petit, la maison, avant d'ouvrir progressivement de vie. Après la maison, il y a la nature, et au-delà de la l'espace à l'immensité de la nature. nature, notre planète. Wow est aussi, à sa manière poétique Elle recherche avant tout la « poésie visuelle ». et spirituelle, un manifeste écologique. Les projections vidéo de maisons laissent place aux arbres et à la forêt. Mais la furie Elle n'écrit pas les scènes, elle les dessine La premiere image a quelque chose de tchekhovien. Une de propriété, elle, ne cède jamais sa place. Un danseur s'élance maison sous la neige, un homme derrière les fenêtres dans une danse de la déforestation, violente et machinale, faiblement éclairées, une musique nostalgique et belle où les bras sont des haches. (signée René Aubry, fidèle compositeur de Carolyn CarlCette traversee de nos espaces, du plus intime au plus partage, son) . Arrive ensuite une femme qui fait glisser une porte se termine sur un retour à « la maison ». Une maison qui a sur toute la largeur de la scène en nous parlant d'une voix dorénavant une connotation beaucoup plus ouverte et unidouce, en italien. Aujourd'hui, à 73 ans, Carolyn Carlson verselle. Pour Carolyn Carlson, le foyer c'est simplement « ce recherche avant tout la « poésie visuelle ». Elle n'écrit pas qui est ici et maintenant ». Un peu vague, certes. Mais, à les scènes, elle les dessine. l'heure où toutes les portes se ferment, on accueille à bras Le théâtre se mêle à la danse dans un geste artistique à ouverts le contre-pied humaniste de Carolyn Carlson. * la fois très libre et très simple. Il y a du Fina Bausch dans JULIE BRIAND cette manière de toucher le spectateur au plus intime, à l'endroit de la mémoire, de la mélancolie et du temps qui Now au Theâtre de ChailloT jusquau 30 septembre passe, inexorablement. Mais c'est aussi l'humour qui www Thearre-chaillor fr

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Lemonde.fr – 28 Janvier 2016

Danse : les belles du senior LE MONDE CULTURE ET IDEES | 28.01.2016 à 12h37 • Mis à jour le 28.01.2016 à 13h18 | Par Rosita Boisseau

A 71 ans, Carolyn Carlson sur la scène de Chaillot, en 2015, pour les 30 ans des Centres chorégraphiques nationaux. LAURENT PHILIPPE/DIVERGENCE

Carolyn Carlson ne tient pas en place. Assise, debout, assise, debout. Debout ! Dans le salonstudio de son appartement, près de Paris, elle se dresse, longue tige tendue vers le ciel, étire ses bras en tous sens, devant, derrière, croisés, décroisés. Elle incarne ce qu’elle dit, et inversement, signant d’un geste la dynamique anguleuse et souple qui a bâti son style. Elle s’impose, sans y penser le moins du monde, comme une femme faite danse, un point c’est tout.

A 72 ans, « la Carlson » est toujours là. « C’est ce qu’on me dit lorsque je fais mon marché, s’exclame-t-elle en riant. Vous dansez encore ? » Eh bien oui, plus que jamais même. Celle qui a mené une carrière à rebours de toute logique – elle prend la direction du Centre chorégraphique national de Roubaix Nord-Pas-de-Calais en 2004, à l’âge de 61 ans – s’apprête à attaquer un mois de représentations au Théâtre national de Chaillot, avec rien de moins que deux solos dont l’un, Dialogue with Rothko, dure plus d’une heure. C’est tout ? « Evidemment, je suis stressée par ce spectacle, glisse-t-elle. C’est une responsabilité énorme d’aller jusqu’au bout de ces deux productions. Je ne sais pas si je pourrai continuer longtemps à faire des solos aussi longs, mais pour le moment… » Tout va bien. La preuve : son apparition, en février 2015, toujours à Chaillot, pour l’anniversaire des 30 ans des Centres chorégraphiques nationaux. Quelques minutes de pure intensité, suspendues à une silhouette aiguisée, une grâce intemporelle. « Je suis mon âge, je suis mon corps, même si lorsque je danse j’ai l’impression d’avoir 30 ans, blague Carlson.

C’est la vie, je suis une pêche bien mûre qui va tomber un jour. Je l’accepte. »

« Chaque âge a ses qualités et ses valeurs » En attendant, le mouvement l’emporte. Et Carlson n’est pas seule en scène. Alors qu’il y a cinq ans on comptait sur les doigts d’une seule main les danseurs de plus de 60 ans, ils sont de plus en plus nombreux aujourd’hui. En tête de pont, plus débordés que jamais depuis leur retour sur les plateaux en 2000, Françoise et Dominique Dupuy, respectivement 90 et 85 ans, soit « quarante-cinq ans de retraite : vingt pour elle et vingt-cinq pour moi », calcule en riant Dominique. Mais aussi Germaine Acogny, 72 ans, Mariko Aoyama, ex de chez Pina Bausch, 65 ans, Raimund Hoghe, 66 ans, Ana Laguna, 60 ans, qui continuent à faire le job comme une évidence. « Et j’ai envie que ça dure, assène Germaine Acogny, qui vient de créer un nouveau solo, A un endroit du début. Je ne veux pas m’arrêter. Je pense que nous apportons encore des choses au public. » Pas de limite de péremption pour se produire sur scène quand on est danseur ! Tous le clament haut et fort. Ils s’insurgent contre les préjugés qui piègent l’art chorégraphique dans un monde de jeunes gens techniques et virtuoses. Une vision très « occidentale », selon Carlson, férue de bouddhisme et de spiritualité orientale, qui évoque immédiatement les « trésors nationaux » du spectacle vivant au Japon et en Corée. Le nom de Kazuo Ohno (1906-2010), qui conçut son solo emblématique La Argentina, en 1980,à l’âge de 74 ans et dansa jusqu’à 90 ans, est régulièrement cité en exemple. « Ce que le grand âge nous donne, c’est l’opportunité d’être “en scène” de façon plus profonde et moins dans la brillance du spectacle où le chorégraphique a toujours tendance à prendre le dessus sur la danse », résume Dominique Dupuy. « Chaque âge a ses qualités et ses valeurs, ajoute le chorégraphe allemand Raimund Hoghe. Nous devrions accepter les différentes étapes de la vie sur un plateau. Pourquoi les gens ont-ils si peur d’y voir des corps âgés ? Je me souviens des 90 ans du musicien Pablo Casals. On lui demanda pourquoi il continuait à travailler et il répondit : “Parce que je fais

des progrès.” Pour moi, c’est la même chose. Nous donnons quelque chose que l’on ne peut pas transmettre lorsqu’on est jeune. » Si l’âge officiel de la retraite dans le ballet de l’Opéra national de Paris est de 42 ans, les interprètes s’arrêtent en moyenne, selon les statistiques, à 40 ans. La star Sylvie Guillem, 50 ans, a choisi de faire ses adieux à la scène en 2015. Une décision non négociable pour celle qui a enjambé avec maestria tous les styles et voulait partir « en pleine forme ».« J’ai tellement d’énergie et de plaisir que je ne pourrais pas me contenter de faire moins bien, confiait-elle en juin 2015. Mon corps m’a donné des sensations incroyables que je veux conserver. »

« Trouver une autre forme de beauté » Formée, comme Guillem, à l’école de l’Opéra national de Paris, également sacrée danseuse étoile, Marie-Claude Pietragalla, 53 ans, continue à se produire. En duo avec son mari, Julien Derouault, avec lequel elle tient la scène depuis seize ans, elle s’affiche du 9 au 21 février dans Je t’ai rencontré par hasard, aux Folies-Bergère. Un exploit. « Je n’ai pas de problème avec le temps, l’âge et les rides, affirme-t-elle. Je ne ressemble plus à la danseuse que j’étais il y a dix ans, mais je l’accepte. Notre travail chorégraphique avec Julien privilégie d’abord l’être humain. Nous sommes un homme et une femme avant d’être des danseurs, et nous nous situons au-delà de la performance et de la technique. La danse n’est pas du sport. » « Il faut savoir négocier avec l’âge, mais je dois dire que c’est la première fois de ma vie, moi qui suis pudique, que j’ose me mettre en soutien-gorge sur scène » Germaine Acogny, 72 ans.

Evidemment, on ne lève plus la jambe à 60 ans comme à 20. Pour fêter les adieux du chorégraphe Mats Ek, 70 ans, Ana Laguna, qui se consacre aussi au théâtre, a interprété, en janvier, au Théâtre des Champs-Elysées, un nouveau pas de deux, Hâche. En répétitions, elle pointait combien les enchaînements de pas, guirlandes de gestes sautés, étaient loin de la complexité des spectacles de sa jeunesse. « On ne va pas danser les mêmes choses, c’est clair, déclare Mariko Aoyama, qui vient de créer un solo, Tsunemasa, dans la mise en scène d’Eric Oberdorff. Je n’ai plus rien à prouver. Je suis plus proche du théâtre ou du butô maintenant, mais j’ai encore des choses à transmettre sur scène. J’essaye surtout de rester amicale avec la vieille dame que je vais devenir. J’ai de l’admiration pour ce que fait la nature, et le vieillissement en fait partie. » « Trouver une autre forme de beauté », comme le résume Raimund Hoghe, fait partie des priorités de ces artistes. Si la haute technique n’est plus de mise, elle évolue vers des formes hybrides, parfois plus théâtrales, plus ramassées dans l’espace, tout aussi fortes et précises.

L’âge n’entame pas la signature artistique. La gestuelle de Carlson, très verticale et sophistiquée dans les mouvements des bras, s’est concentrée sur ses extrémités en restant fidèle à son essence. « Comme je n’ai jamais travaillé au sol, ce n’est pas maintenant que je vais commencer », commente-t-elle. Enraciné, solidement tendu sur un travail de colonne vertébrale, le style de Germaine Acogny, qui dévoile aussi un talent de comédienne, est empreint de netteté. La contempler dans le solo Mon élue noire (2015), d’Olivier Dubois, est une leçon. « Il faut savoir négocier avec l’âge, mais je dois dire que c’est la première fois de ma vie, moi qui suis pudique, que j’ose me mettre en soutien-gorge sur scène, confie-t-elle.

J’ai de la chance d’avoir un bon corps, comme on dit, même si mon ventre n’est plus lisse et que je n’ai plus mes tablettes de chocolat. En Allemagne, un critique a dit que j’avais le dos

"Pneuma" de Carolyn Carlson : une esthétique parfaite ...

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demeure parfois assez simpliste, n’offrant rien en outre de franchement novateur, ni de particulièrement saisisCULTURE sant. Carlson y fait du Carlson, ce qui est logique. Mais elle est d’une efficacité prodigieuse, elle coule, fluide et bondissante, comme un cours d’eau cristallin, et il est difficile de ne pas succomber à la séduction.

Des interprètes proprement magnifiques Cette séduction, ceux qui la dénigrent, pourraient la reprocher à Carolyn Carlson. Mais si son écriture séduit, ce n’est jamais par calcul, par complaisance de sa part. Cela vient tout naturellement, comme produit par une inspiration qui peut paraître candide à des yeux de cyniques, mais qui n’en est pas moins authentique et sincère. Et magnifiquement maîtrisée. S’il y a chez Carlson des naïvetés de jeune fille, des rêves adolescents, la chorégraphe offre de ces fulgurances, de ce savoir-faire qui disent les grands artistes.

Au bout d’une heure, et peut-être parce que le rythme imposé par son chef, Pieter-Jelle de Boer, à l’Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, a légèrement fléchi, les deux derniers tableaux du spectacle ont paru s’étirer et le spectacle s’essouffler quelque peu. Mais la chorégraphie, malgré des répétitions, s’intègre si parfaitement à un tout, à la musique, au décor, aux costumes, à la lumière (Rémi Nicolas), que l’ensemble flatte immanquablement le regard. A quoi bon alors résister ? D’autant que "Pneuma", vaste fresque onirique imaginée pour le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, a trouvé dans les danseurs de la compagnie des interprètes proprement magnifiques.

Raphaël de Gubernatis-Le Nouvel Observateur "Pneuma", chorégraphie de Carolyn Carlson pour le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux. Les 17, 18, 19 et 20 février au Théâtre national de Chaillot (http://theatre-chaillot.fr/) 01-53-65-30-00.

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d’un homme de 45 ans. Pas mal ! Mais pourquoi pas d’une femme de 45 ans ? De toute façon, le jour où je serai ridicule, mon mari me le fera savoir ! »

« Le mental prend le pas sur le physique » Si la nature fait parfois bien les choses, il n’empêche qu’au jour le jour les soins, la routine et le training évoluent. Certains danseurs n’aiment pas évoquer leurs blessures et faiblesses – problèmes de hanches typiques du danseur, arthrose, etc. Mais garder une bonne condition physique exige une hygiène de vie méticuleuse. Séances d’ostéopathie, massages, acupuncture, rendez-vous avec le nutritionniste et prises de sang régulières s’enchaînent dans les agendas. « Je chouchoute mon corps », souligne Germaine Acogny. Elle qui habite au bord de la mer, au Sénégal, marche aussi tout simplement chaque matin dans l’océan pour le bien de ses genoux.

Des pratiques comme le yoga, le tai-chi, le qi gong et la méditation sont évoquées par Carolyn Carlson et Sylvie Guillem. Celle-ci confiait en 2015 avoir compensé le vieillissement par « plus de travail, plus d’échauffements, plus d’écoute de soi, plus de raison aussi ». « Le mental prend le pas sur les possibilités physiques », précise-t-elle. Un point de vue que Carlson et Acogny partagent.

Pour Françoise et Dominique Dupuy, l’analyse lucide de leur potentiel entraîne des ajustements permanents. « Nos danses ont du mal à envisager une course, car les jambes ne les portent plus, mais il faut chercher d’autres chemins praticables, pointe avec humour Dominique Dupuy. Nous ne pouvons travailler qu’une heure trente à deux heures par jour en studio pour trouver des idées nouvelles, et c’est déjà beaucoup. » Au Théâtre de Chaillot, en 2010, dans le spectacle Solo-Solo, Françoise pointait ses difficultés. Les changements rapides de rythme, autrefois sa marque, sont devenus impossibles. « C’est surtout que mon corps n’en a plus très envie, expliquait-elle. Passer sec d’un ralenti à un accès de vivacité est assez difficile. La mémoire des mouvements aussi n’est plus la même. Autrefois, mon corps imprimait immédiatement tous les pas et s’en souvenait sans faillir. Aujourd’hui, il ne veut plus, c’est comme ça ! » En direct, lors d’une des représentations, Dominique lui avait tapé affectueusement sur la tête car elle avait fait un pas de travers. La vie ne se laisse pas oublier.

Si le trac ne diminue apparemment pas avec l’âge, le plaisir de la scène, sa jouissance même, eux, restent entiers. « Je suis une nomade, j’adore le plateau, j’y suis chez moi, dit Germaine Acogny. Quand je danse, je suis au-delà de moi-même et je ressens une telle joie que je veux redonner ce cadeau aux autres. » Plaisir d’offrir et joie de recevoir. « Dialogue with Rothko », de Carolyn Carlson. Théâtre de Chaillot (Paris), du 5 au 7 février. « Double vision », de Carolyn Carlson. Théâtre de Chaillot (Paris), du 10 au 12 février. « Pneuma », de Carolyn Carlson, avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Théâtre de Chaillot (Paris), du 17 au 20 février. « A un endroit du début », de Germaine Acogny. Mise en scène de Mikaël Serre. La Ferme du Buisson, Noisiel (Seine-et-Marne), les 29 et 30 janvier.

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Rosita Boisseau Journaliste au Monde

« Pneuma », le ballet blanc de Carolyn Carlson, Les Ech...

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Philippe Noisette / Critique Danse | Le 18/02 à 07:00, mis à jour à 17:38

« Pneuma », le ballet blanc de Carolyn Carlson Pneuma © Sigrid Colomyès

La chorégraphe américaine livre une jolie pièce , comme un hymne au souffle, servie par les danseurs du ballet de l’Opéra de National de Bordeaux. Un moment d’émotion, à partager quelques jours au Théâtre National de Chaillot.

Final d’un copieux programme Carlson au Théâtre National de Chaillot, « Pneuma » est une pièce d’envergure réunissant plus d’une vingtaine d’interprètes en scène. La chorégraphe américaine s’y montre à son aise dans un registre où la grâce le dispute à la sérénité. « Pneuma », son titre, s’inspire de « L’Air et les Songes. Essai sur l’imagination du mouvement » de Gaston Bachelard.

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chorégraphique de Carlson cela donne des danseurs plus légers que l’air -bel effet de porté avec les solistes femmes qui semblent courir au ralenti- ou des métaphores de la chute. Ou de l’élévation. On porte des ailes noires -ou de couleur- ou des jupes à panier garnies de coussins en forme de... petites nuages.

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GESTE JUSTE

Pneuma © Sigrid Colomyès

Dans un décor épuré où le blanc domine (Rémi Nicolas) -un peu comme un salon zen- les danseurs tracent des diagonales ou improvisent des pas sur un tapis de (faux) gazon. Dame Nature est depuis quelque temps omniprésente chez Carolyn Carlson et dans cette pièce les clins d’oeil sont évidents. Ce vent artificiel qui fait frémir les chevelure est il celui de Zeus ou d’une éolienne ? La terre qui semble garnir des totems de verre est-elle souillée par l’homme?

Pour autant « Pneuma » n’est pas une chorégraphie à thèse plutôt une rêverie où le charme du style de la créatrice fait effet.

Il manque sans doute une tension à ce ballet que l’on sent poindre dans le passage au noir. Reste que l’ensemble a belle allure, magnifié par une compagnie peu présente dans la capitale. Formés au classique ses danseurs ont le soucis du geste juste. Jusqu’aux saluts que Carolyn Carlson a joliment réglés. Sur des musiques de Gavin Bryars « Pneuma » raconte un monde évanescent où l’imaginaire vagabonde. Une rareté par les temps qui courent.

PNEUMA, chorégraphie de Carolyn Carlson; Paris, Théâtre National de Chaillot (01 53 65 30 00), jusqu’au 20 février.

@philippenoisett

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CULTURE

"Pneuma" de Carolyn Carlson : une esthétique parfaite Par Raphaël de Gubernatis

Publié le 21-03-2014 à 12h40 Mis à jour le 17-02-2016 à 12h34

Inspirée par "L'Air et les songes", essai philosophique de Gaston Bachelard, la chorégraphe américaine crée un ballet d'un grande beauté qui ressemble à un rêve éclatant de blancheur.

Une scène paraissant immense dans son dépouillement et baignée dans l’éclat d’une lumière parfaitement irréelle ; un arbre qui flotte dans les airs, et sur un praticable transparent comme du cristal, un homme en habit noir dans l’attitude du penseur, cependant que la silhouette obscure et tragique d’un ange aux ailes repliées erre à l’horizon : les premières images de "Pneuma" (le souffle, l’esprit aérien, en grec ancien) sont très wilsoniennes, ce qui veut dire très carlsoniennes, tant la chorégraphe Carolyn Carlson est depuis toujours la sœur en esthétique du metteur en scène et scénographe américain Robert Wilson.

Même ivresse, même fascination Sur le plateau qui paraît n’être en fait que le fragment visible d’un espace infini, les danseurs, vêtus de blancs, glissent par vagues, par vagues venues de très loin, volent comme les nuées, balayent l’espace comme des courants d’air. Carolyn Carlson qui s’est dite fascinée par l’ouvrage de Gaston Bachelard, "L’Air et les songes", est là dans son élément : le rêve, la poésie pure, la spiritualité, l’aspiration vers l’au-delà, le mouvement. Et même si les motivations, les écritures chorégraphiques, les arcanes de la pensée sont totalement différentes chez les deux artistes, ces images magiques de "Pneuma" ne peuvent que faire songer à celles de "Dance" de Lucinda Childs.

Pour le spectateur, c’est la même ivresse, la même fascination qui s’imposent à lui. Et nul doute que la musique composée par Gavin Bryars pour "Pneuma" à la demande de la chorégraphe, joue le même rôle que celle de Phil Glas pour "Dance". Elle offre un climat qui exalte la chorégraphie, la plonge dans un climat d’irréalité, la porte parfois avec vigueur.

Fluide et bondissante Les images sont belles, la chorégraphie lumineuse, les gestes suspendus dans le temps, l’espace aérien, transparent, les apparitions étranges et relevant du songe. Jamais Carolyn Carlson n’aura été plus Carlson que dans "Pneuma", superbe production conçue pour 26 danseurs du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux. A telle enseigne que l’on croit revoir les envoûtants spectacles qu’elle concevait sur la scène de l’Opéra de Paris, du temps qu’elle y était étoile-chorégraphe et qu’elle révolutionnait alors le public si conservateur de l’Académie nationale de Musique et de Danse.

Dans "Pneuma", l’esthétique n’est pas nouvelle. Mais elle est parfaite. Et trop habitée, trop poétique pour apparaître comme un vain exercice de beauté plastique. Certes la chorégraphie, si on en décompose les mouvements,

19/02/2016 11:20

Nouvel Obs - 21 janvier 2016

Nouvelobs.com – 19 avril 2015

Télérama sortir – 17/23 juin 2015

Le Figaro du 9 octobre 2015 – Arianne Bavelier

le 7 septembre 2018

39

« Carolyn Carlson à la recherche du geste parfait au musée Toulouse-Lautrec », Crystel Chabert in Franceinfo – 31/03/18

France Inter - « Embers to Embers », Le nouveau rendez-vous par Laurent Goumarre 04/09/18

« Carolyn Carlson, le geste poétique « , Olivia Gesbert in France Culture – 26/03/19

« Carolyn Carlson : « Ma poésie est ce que je ne peux pas danser » « , Delphine Peras in L’Express Styles – 31/03/19

« Carolyn Carlson : le jour où on a dansé pieds nus à l’opéra », Arte – 27/03/19

Carolyn Carlson reçoit le « Lifetime achievement award » lors du 48ème Prix de Lausanne le 8 février 2020 ! ARTE

Sujet « Coulisses – Une américaine à Paris » par Anna Reinhardt, Télématin sur France 2, émission du 4 novembre 2020

Au théâtre de Chaillot, les danseurs émus de retrouver enfin leur public | AFP, 20 mai 2021

Communiqué de presse 2 décembre 2020

La chorégraphe Carolyn Carlson élue membre de l’Académie des beaux-arts

Au cours de sa séance plénière de ce mercredi 2 décembre 2020, l’Académie des beaux-arts a élu Carolyn Carlson au fauteuil IV de la section de chorégraphie. Cette élection sera soumise dans les prochains jours à l’approbation de Monsieur le Président de la République, protecteur de l’Académie.

La section de chorégraphie est ainsi désormais composée de 4 membres : Thierry Malandain, Blanca Li, Angelin Preljocaj et Carolyn Carlson.

Carolyn Carlson

© Jean-Louis Fernandez

Née en Californie en 1943, Carolyn Carlson se définit avant tout comme une nomade. De la baie de San Francisco à l’Université d’Utah, de la compagnie d’Alwin Nikolais à New York à celle d’Anne Béranger en France, de l’Opéra de Paris au Teatrodanza La Fenice à Venise, du Théâtre de la Ville à Helsinki, du Ballet de l’Opéra de Bordeaux à La Cartoucherie de Paris, de la Biennale de Venise à Roubaix, Carolyn Carlson est une infatigable voyageuse, toujours en quête de développer et faire partager son univers poétique.

Héritière des conceptions du mouvement, de la composition et de la pédagogie d’Alwin Nikolais, elle est arrivée en France en 1971. Elle a signé l’année suivante, avec Rituel pour un rêve mort, un manifeste poétique qui définit une approche de son travail qu’elle n’a pas démenti depuis : une danse assurément tournée vers la philosophie et la spiritualité.

Au terme « chorégraphie », Carolyn Carlson préfère celui de « poésie visuelle » pour désigner son travail. Donner naissance à des œuvres témoins de sa pensée poétique, et à une forme d’art complet au sein de laquelle le mouvement occupe une place privilégiée.

Depuis quatre décennies, son influence et son succès sont considérables dans de nombreux pays européens. Elle a joué un rôle clef dans l’éclosion des danses contemporaines françaises et italiennes avec le Groupe de Recherches Théâtrales de l’Opéra de Paris et le Teatrodanza à La Fenice. Elle a créé plus d’une centaine de pièces, dont un grand nombre constituent des pages majeures de l’histoire de la danse, de Density 21,5 à The Year of the horse, de Blue Lady à Steppe, de Maa à Signes, de Writings on water à Inanna. En 2006, son œuvre a été couronnée par le premier Lion d’Or jamais attribué à un chorégraphe par la Biennale de Venise.

Fondatrice de l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson à La Cartoucherie en 1999, elle a été, de 2004 à 2013, directrice du Centre Chorégraphique National Roubaix Nord-Pas de Calais et artiste associée au Théâtre National de Chaillot de 2014 à 2016 avec la Carolyn Carlson Company. En 2017, en parallèle du cœur d’activité de la compagnie axé sur la diffusion, de nouvelles formes de créations voient le jour : une exposition, un long-métrage… En 2019, la chorégraphe obtient la nationalité française.

L’Académie des beaux-arts L’Académie des beaux-arts est l’une des cinq académies composant l’Institut de France. Elle encourage la création artistique dans toutes ses formes d’expression par l’organisation de concours, l’attribution de prix qu’elle décerne chaque année, le financement de résidences d’artistes, l’octroi de subventions et veille à la défense du patrimoine culturel français. Instance consultative des pouvoirs publics, l’Académie conduit également une activité de réflexion sur les questions d’ordre artistique.

Afin de mener à bien ces missions, l’Académie des beaux-arts gère son patrimoine constitué de dons et legs, mais également d’importantes fondations culturelles telles que le Musée Marmottan Monet (Paris) et la Bibliothèque Marmottan (Boulogne-Billancourt), la Maison et les jardins de Claude Monet (Giverny), la Villa Ephrussi de Rothschild (Saint-Jean-Cap-Ferrat), la Maison-atelier de Jean Lurçat (Paris), la Villa les Pinsons (Chars) et la Galerie Vivienne (Paris) dont elle est copropriétaire. L’Académie comprend statutairement 63 membres et 63 correspondants répartis au sein de 9 sections artistiques ainsi que 16 membres associés étrangers.

Secrétaire perpétuel : Laurent Petitgirard Président pour l’année 2020 : Jean Anguera Vice-président pour l’année 2020 : Alain Charles Perrot Section de peinture : Pierre Carron • Guy de Rougemont • Yves Millecamps • Philippe Garel • Jean-Marc Bustamante • Gérard Garouste • Fabrice Hyber • Catherine Meurisse Section de sculpture : Claude Abeille • Antoine Poncet • Brigitte Terziev • Pierre-Edouard • Jean Anguera • Jean-Michel Othoniel Section d’architecture : Jacques Rougerie • Aymeric Zublena • Alain Charles Perrot • Dominique Perrault • Jean-Michel Wilmotte • Marc Barani • Bernard Desmoulin • Pierre-Antoine Gatier Section de gravure : Erik Desmazières • Astrid de La Forest • Pierre Collin Section de composition musicale : Laurent Petitgirard • François-Bernard Mâche • Edith Canat de Chizy • Michaël Levinas • Gilbert Amy • Thierry Escaich • Bruno Mantovani • Régis Campo Section des membres libres : Michel David-Weill • Pierre Cardin • Henri Loyrette • François-Bernard Michel • Hugues R. Gall • Marc Ladreit de Lacharrière • William Christie • Patrick de Carolis • Muriel Mayette-Holtz • Adrien Goetz Section des créations artistiques dans le cinéma et l’audiovisuel : Roman Polanski • Régis Wargnier • Jean-Jacques Annaud • Jacques Perrin • Coline Serreau • Frédéric Mitterrand Section de photographie : Yann Arthus-Bertrand • Sebastião Salgado • Jean Gaumy Section de chorégraphie : Blanca Li • Thierry Malandain • Angelin Preljocaj • Carolyn Carlson Membres associés étrangers : S.M.I. Farah Pahlavi • Leonard Gianadda • Seiji Ozawa • Woody Allen • SA Karim Aga Khan IV • SA la Cheikha Mozah • Sir Norman Foster • Philippe de Montebello • Antonio Lopez Garcia • Jiří Kylián

Hermine Videau Responsable du service de la communication et des prix tél : 01 44 41 43 20 mél : com@academiedesbeauxarts.fr

Pauline Teyssier Chargée des relations presse tél : 01 44 41 44 58 mél : pauline.teyssier@academiedesbeauxarts.fr

Académie des beaux-arts 23, quai de Conti - 75006 Paris

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JOURNALISTE :Ariane Bavelier

PERIODICITE :Quotidien

3 décembre 2020 - N°NC

CAROLYN CARLSON LA CHORÉGRAPHE AMÉRICAINE, QUIA CHOISI LA FRANCE DEPUIS LESANNÉES 1970,A ÉTÉ PAGE 35 ÉLUEÀ L’ACADÉMIE DESBEAUX-ARTS

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3 décembre 2020 - N°NC

ÀL’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS ENFIN, ELLE A ÉTÉ ÉLUE AU DERNIER DESQUATRE SIÈGES DECHORÉGRAPHIE OUVERTS EN 2018.

NATURALISÉE FRANÇAISE, LADANSEUSE AMÉRICAINE A MENÉ UNE VRAIE RÉVOLUTION DELADANSE CONTEMPORAINE.

ARIANE BAVELIER

@arianebavelier

e ne sais pas ce que ça représente, mais c’est un honneur !» , lance Carolyn Carlson. La plus célèbre des dames de la danse en France a été enfin élue à l’Académie des beauxarts. Au dernier des quatre sièges de chorégraphie ouverts voici deux ans par son président, Laurent Petitgirard, sensible à la cause parce qu’il est compositeur et que son épouse Sonia Petrovna a été danseuse avant d’être actrice.

En avril 2019, Angelin Preljocaj et Thierry Malandain ont été élus. On cherchait des femmes. Maguy Marin ne se sentait pas d’enterrer ses révoltes sous la coupole. Blanca Li a été élue.

Mais on a gardé à l’époque le quatrième siège pour Carolyn Carlson. Au vrai, c’était une des premières femmes de

«

J

danse que l’Académie avait voulu honorer. Mais elle n’avait pas encore demandé la nationalité française. C’est désormais chose faite et la dame est élue. Les académiciens ont de la suite dans les idées.

En interaction avec la nature « C’est fantastique que la chorégraphie ait sa place à côté des arts visuels» , dit Carlson qui calligraphie et poétise quand elle ne chorégraphie pas.

Aujourd’hui, elle expose à la galerie Gounod à Paris et prépare The Tree pour janvier, saprochaine création avec neuf danseurs. Elle l’a longuement mûrie en dessins et en poèmes. Tout est surgissement du geste, énergie puisée au plus vibrant de soi dans le travail de cette longue américaine qui se définit volontiers comme une « chamane » en interaction avec la nature. L’eau, le feu, l’air et la terre de Gaston Bachelard lui servent de source d’inspiration perma-

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nente. De même que les chemins du Yi King dont elle consulte régulièrement les oracles.

Voilà des années que Carolyn Carlson, née à Oakland le 7 mars 1943, de parents d’origine finlandaise, mène son parcours en France. « J’ai fait une révolution dans les années 1970. Rolf Liebermann, patron de l’Opéra de Paris, m’avait demandé d’y apporter quelque chose. Au premier cours, il y avait trente danseurs, au second dix, et puis trois. Il m’a dit que nous allions ouvrir les portes et m’a donné le titre d’étoile. Jedonnais une classe ouverte à qui voulait, parfois des artistes rencontrés dans le métro.

Bientôt, les danseurs intéressés par une autre forme de danse que le classique sont venus à moi et mon cours au Palais Garnier était plein. Pour apporter quelque chose de nouveau, on peut dire que j’ai apporté quelquechose de nouveau ! Je crois même que je suis la grand-mère de la danse contemporaine française », explique-t-elle.

Elle sortait alors de chez Alwin Nikolaïs dont elle dit qu’il fut son maître. À la fois pour ses leçons sur l’abstraction et sur la puissance émotionnelle du seul mouvement. Elle fera son chemin de manière plus personnelle, au plus près de la spiritualité. Un chemin qui, après l’Opéra de Paris, lui ouvre les portes de la Fenice à Venise. C’est là qu’elle signera son autoportrait Blue Lady, une des plus belles pièces du répertoire contemporain. Invitée par Hugues Gall et Brigitte Lefèvre à l’Opéra de Paris, elle créa Signes dans des toiles d’Olivier Debré en 1997, qui reste un des « classiques» de la compagnie. De grandes dates dans un chemin dont la créativité semble intarissable.

Sousla Coupole, Carlson vient grossir les rangs des femmes qui ne sont pas plus de six ou sept. L’Académie des beauxarts n’a cependant pas souhaité attribuer les prochains sièges à pourvoir systématiquement à des femmes. On ignore si les chorégraphes élus sous la Coupole seront installés ensemble et s’ils exécuteront pour la circonstance un pas de quatre.

Pour l’instant, le Covid a gelé l’installation des trois premiers.

Carolyn Carlson sur scène en septembre au Théâtre de l’Aquarium, à La Cartoucherie de Vincennes, pendant le prologue de la pièce The Seventh Man. LAURENT PHILIPPE/ DIVERGENCE-IMAGES.COM

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PORTRAIT

Carolyn Carlson. Toujours à la barre.

L'une des plus grandes danseuses-chorégraphes du monde a choisi la France depuis les années soixante-dix. Elle entre à 77 ans à l'Académie des beaux-arts.

Carolyn Carson (ïoO) Par Sabine Delanglade Publié le 3 déc. 2020 à 16:19Mis à jour le 3 déc. 2020 à 16:36 Elle le dit elle-même : « Je crois que je suis la grand-mère de la danse contemporaine française » comme le rapporte le « Figaro ». Carolyn Carlson n'évoquait pas là seulement son âge mais l'apport décisif qu'elle apporta à cet art. L'avis est partagé par l'Académie des beaux-arts qui a décidé de ne pas laisser mamie à la cuisine pour Noël. Quatre sièges de chorégraphie avaient été ouverts en 2018. Trois avaient été pourvus dont un pour Angelin Preljocaj. Le quatrième attendait que la grande Carolyn demande la nationalité française pour pouvoir l'inviter à s'y asseoir. Née à Oakland en 1943 de parents d'origine finlandaise, elle aurait pu le faire depuis longtemps tant sa carrière est liée à notre pays.

Après une enfance californienne, la danseuse épanouit ses qualités de soliste à New York, rejoint la France en 1970. « Depuis elle saisit toutes les occasions de faire son métier » écrit le « Monde ». Sa silhouette longiligne, si vive est partout. A Paris, à Venise, à Helsinki, à Roubaix. La chorégraphe-étoile de Rolf Liebermann, « artiste plurielle » prétend à l'art total, du théâtre, du ballet, de la calligraphie… Elle anima le mythique GRTOP (Groupe de recherche théâtrale de l'Opéra de Paris) : « A l'époque, l'Opéra est un bordel sans

nom ». Tiens, déjà ? Ses spectacles feront les grandes heures du Théâtre de la Ville. Star elle suscitera nombre de vocations. Au royaume de la légèreté, ses inspirateurs sont des poids lourds, Nietzsche, Bachelard… Son enfance fut marquée par les grands espaces de l'Ouest américain et les soleils de minuit finlandais. Dans sa dernière création « Tree » elle lance un « cri d'amour » à la Terre : « La Terre nous demande de ralentir ». Elle est plus que jamais d'actualité.

Cliquez ici pour retrouver la galerie complète des « En vue » Sabine Delanglade

L'OBS > CULTURE

« Une tempête silencieuse », par Carolyn Carlson SOS SPECTACLE. Comédiens, metteurs en scène, musiciens, techniciens... restent profondément touchés par la crise qu’a provoquée le coronavirus. « L’Obs » a invité quinze grands artistes à exprimer leur colère et, parfois, leurs espoirs. Ici, la chorégraphe Carolyn Carlson, qui nous a répondu par un poème.

Par Carolyn Carlson Publié le 17 juin 2020 à 15h00

Carolyn Carlson, danseuse et chorégraphe de renommée internationale, est aussi poétesse. (JeanFrancois Robert / modds)

Une tempête silencieuse En tant qu’artistes nous avons la responsabilité d’explorer les profondeurs, d’accéder à nos forces et fragilités.

Ma mission a toujours été de pénétrer l’obscur, où une lumière brille, même faiblement. Flammes de l’imaginaire.

Nous sommes assis sur une mine d’or, leçon de l’histoire et de ses évolutions.

Notre environnement est sur le point de basculer, terribles seront les conséquences de la prochaine crise à prévoir.

Une tempête silencieuse fait le tour du monde tandis que nous donnons forme à la lune et récoltons les fruits de notre intériorité visages dans le vent.

Le Monde entier est une Scène Acte 1–Incertitude. Hésitation entre communion et dislocation Acte 2–L’isolement devient loi Acte 3–Réduction collective de la fracture Nous n’avons pas besoin d’être divertis, nous avons besoin de messages profonds qui nourrissent l’âme, d’un échange entre celui qui voit et celui qui est vu.

Les arts ont transformé les sources de l’inspiration dans nos vies linéaires offrant à qui veut bien chercher l’occasion d’atteindre le lieu de l’être essentiel.

Un poète investit l’impermanence se soumet à l’hiver glacial se réchauffant au thé matinal tandis que le vent souffle une vision Il médite, réfléchit, tourne un stylo dans sa main dans le silence des langues C’est l’heure du courage moment précieux pour aller de l’avant.

Voir cela et créer c’est partout où vous êtes Présence s’engageant dans la Lumière écritures sur l’injonction de l’âme.

Seule dans une pièce…

Traduit de l’américain par Véronique Cassarin-Grand et Jean-Pierre Siméon

Carolyn Carlson, bio express Née en 1943 à Oakland, en Californie, Carolyn Carlson est danseuse, chorégraphe et poétesse. Elle a fondé sa propre compagnie, la Carolyn Carlson Company, en 2014. Ses poèmes sont publiés aux éditions Actes Sud.

https://www.nouvelobs.com/culture/20200617.OBS30162/une-tempete-silencieuse-parcarolyn-carlson.html