VOYAGER ICI ET AILLEURS 44

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Nº44

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L’ÉVASION DES SENS — WEEK-END / CITY BREAK / SÉJOUR — PRINTEMPS 2024 — N°44

Les adresses incontournables de

MARRAKECH LA CIOTAT Focus sur l’une des plus belles baies du monde !

BHOUTAN Le pays le plus secret de la planète !

EURE-ET-LOIR Du Perche à la Beauce, un département méconnu

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TRIMESTRIEL — MARS - AVRIL - MAI 2024


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éDITO

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Édito Revenir En matière de voyage, c’est la découverte qui est excitante. Mais parfois, revenir dans une contrée que l’on a déjà visitée est aussi exaltant. On retrouve des repères, on retourne aux endroits que l’on aime, les vacances deviennent alors faciles, et reposantes. C’est ce que nous avons fait dans ce numéro. Nous sommes retournés à Marrakech, car c’est une ville que l’on aime et qui change. Nous y avons retrouvé certains de ses codes, de ses merveilles, et avons aussi passé du temps à dénicher plein de nouvelles adresses. Mais dans le reste de ce 44e numéro, vous découvrirez aussi La Ciotat et l’Eureet-Loir, des coins de France qui méritent qu’on s’y attarde, histoire de sortir des sentiers maintes fois battus. Enfin, ce magazine de printemps vous emmène bien loin de chez nous, dans l’un des pays les plus secrets de la planète. Le Bhoutan vous ouvre ses bras, pour une virée merveilleuse en plein cœur de l’Himalaya, loin du monde moderne. Du Maghreb à l’Asie, en passant par la Beauce et la Provence, bienvenue dans notre édition du printemps, que l’on vous souhaite joyeux ! La rédaction

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Bienvenue à Cognac, au cœur de la création Là où se révèle le savoir-faire de Mathieu et Wassim, Agents de Chai RESERVEZ VOTRE VISITE SUR HENNESSY.COM L’A B U S D ’A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É , À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N


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OURS

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VOYAGER ICI & AILLEURS CAPITALE TRAVEL 55, boulevard Pereire, 75017 Paris Standard : 01 58 88 37 00 Directeurs de la rédaction : Pauline et Yann Crabé (redaction@viea.fr) Direction artistique : Grand National Studio (hello@grandnationalstudio.com) Journalistes & photographes : Clotilde Boudet, Lucas Lahargoue, Léonore des Cèdres et Philippe Guillaume Photos de couverture : Marrakech : VSM Fotografia La Ciotat : Sina Ettmer Photography Eure-et-Loir : Altosvic Secrétaire de rédaction : Isabelle Calmets Publicité et partenariats : Pauline Crabé (pauline.c@viea.fr)

­­ ABONNEMENTS :

Abonnez-vous directement sur www.viea.fr CAPITALE TRAVEL / VOYAGER ICI & AILLEURS Marjorie Batikian (marjorie@viea.fr) Distribution France : MLP – Distribution Export : Export Presse Voyager Ici & Ailleurs est édité par CAPITALE TRAVEL SARL au capital de 1 000 euros RCS 793 525 007 BORDEAUX Gérant / Directeur de la publication : Yann Crabé Numéro commission paritaire: 0918 K 91970 N° ISSN 2268-0799 Imprimerie : ROTIMPRES – Girona – Espagne © Capitale Travel. Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun élément de ce magazine ne peut être reproduit ni transmis d’aucune manière que ce soit, ni par quelque moyen que ce soit, y compris mécanique et électronique, on-line ou off-line, sans l’autorisation écrite de Capitale Travel. Ce magazine comprend un supplément de 16 pages spécial MSC Croisières.


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SOMMAIRE

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Sommaire 012 NEWS

Nouveautés dans le monde de l’hôtellerie

038 L’EURE-ET-LOIR

“Let it slow” à une heure de Paris

054 LA CIOTAT

104 BHOUTAN

Une cité bien provençale

Le dernier paradis himalayen

072 MARRAKECH

125 TENDANCES

Bouquet d’adresses dans la ville ocre

Automobile, livre et application


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© Matthias Koch

SOMMAIRE


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Consommation mixte WLTP (l/100 km) : 0. ( ) 1 De série ou en option selon les versions. (2) pour une version Allure (3): pour une version Allure, en cours d’homologation. (2)(3):Norme WLTP en cycle mixte. L’autonomie de la batterie peut varier en fonction des conditions réelles d’utilisation. Commandez la version avec 527 km d’autonomie maintenant ou pré-réservez la version avec 680 km d’autonomie disponible à la commande ultérieurement (4) Voir conditions Programme Allure Care sur Peugeot.fr. Automobile PEUGEOT 552 144 503 RCS Versailles.

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012

NEWS

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Hôtels PaRis Quoi de neuf à Paris ? Des ouvertures, encore, en ville ou pas loin !

É Kraft Hôtel

© Yves Colas

Le Machefert Group annonce l’ouverture d’une nouvelle adresse. Le Kraft Hôtel est un quatre-étoiles imaginé par la décoratrice Katya Goncharova comme une ode à la créativité. Les 43 chambres s’inspirent des premiers pas de la démarche artistique. Croquis et esquisses s’invitent donc sur les murs, se marient avec des matières nobles et des meubles artisanaux ; une jolie fusion entre l’artisanat et l’élégance contemporaine. Installé à proximité du Parc des expositions de la porte de Versailles, cet hôtel tout neuf ravira les touristes comme les travailleurs en déplacement. D’ailleurs, il propose à la fois des espaces de travail et une salle de cinéma. Côté restauration, son restaurant baptisé La Bonne Table sert une cuisine française traditionnelle qui marie le bon, le beau et l’authentique.

La Sève 7 ARRONDISSEMENT e

Une nouvelle marque est née ! Elle s’appelle 1.75 Paris. Son nom n’a pas été choisi au hasard : « 1,75 m, c’est l’envergure moyenne des bras ouverts, autrement dit le symbole archétypal de l’hospitalité. » La collection ouvre sa première adresse d’un nouveau genre ce printemps. La Sève est un hôtel quatre étoiles situé rue Lowendal dans le 7e arrondissement. Sa déco est signée Daphné Desjeux. Il comprend 17 suites, 5 appartements et offre plusieurs possibilités d’hébergement. Vous pouvez par exemple réserver un appartement entier ou une suite en mode co-living, pour partager un moment convivial avec d’autres résidents. On trouve aussi un concept de restauration imaginé par la chef deux étoiles Stéphanie le Quellec. La collection devrait ensuite continuer de s’étendre avec quatre nouveaux hôtels à Paris d’ici fin 2024 !

kraft-hotel-paris.com

© FID - Domaine du Montcel

15e ARRONDISSEMENT

Dolce Versailles YVELINES

Direction Jouy-en-Josas ! À 25 minutes de Paris, un grand domaine boisé du XVIIIe siècle accueille un nouvel hôtel de luxe. Le Dolce by Wyndham Versailles a ouvert ses portes début mars en lisière de la forêt domaniale de Versailles, dans la vallée de la Bièvre. Cet écrin exceptionnel de 14 hectares de verdure a inspiré Sébastien Flamant, architecte d’intérieur, et Élodie Lefèvre, artiste contemporaine, dans la création des 150 chambres, 14 suites et 14 appartements de l’hôtel. Chacune des habitations reflète l’histoire du domaine à travers les peintres et artistes qui ont, un jour, franchi ses portes. On trouve aussi deux restaurants : la brasserie chic La Toile, puis La Manufacture exclusivement réservé aux clients de ce nouveau quatre-étoiles immergé en pleine nature. dolcehotelversailles.com

© DR

175paris.com


UNE FENÊTRE UNIQUE SUR LES TOITS DE LYON ...

Partez à la découverte de notre nouvelle collection d’appartements, pour des séjours d’exception. 29 chambres & suites 5 appartements d’exception Restaurant étoilé « Les Terrasses de Lyon » Espaces bien-être • 25, montée St-Barthélémy - 69005 Lyon • 04 72 56 56 56 • florentine@relaischateaux.com • www.villaflorentine.com • ©Alexandre Moulard ©Joann Pai


NEWS

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EKLO PORTE DE VERSAILLES VANVES

C’est le nouveau flagship parisien de la marque. Eklo vient d’ouvrir un nouvel hôtel, à peine au-delà du périphérique, face au Parc des expositions de la porte de Versailles. On y trouve 304 chambres, de sept catégories différentes, et dont certaines ont un belvédère, une terrasse ou une vue sur la tour Eiffel. Bien que cet hôtel s’adresse d’abord aux visiteurs de passage sur des salons, le nouveau concept de « fooding et entertainment » devrait plaire aussi aux Parisiens du coin. French Kiss est sur le rooftop de l’hôtel. C’est un lieu de rencontre où l’on peut venir faire une pause et partager un moment convivial. Spectacles vivants, retransmissions sportives, sessions de DJ… l’endroit s’annonce bien sympathique. On peut aussi venir y grignoter ou boire un cocktail dans une atmosphère très guinguette. Tout cela en admirant les toits du sud de Paris, et sans perdre la Dame de fer de l’œil !

© DR

eklohotels.com/fr/paris-versailles


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NEWS

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Hôtels FRaNCE Comme chaque année, le printemps est synonyme de vitalité dans le monde de l’hôtellerie en France. Partout des adresses éclosent ou sont rénovées. Tour d’horizon des actualités.

É Château Sainte-Sabine

Surplage Hôtel CÔTE D’AZUR

Bienvenue sur l’une des plus belles plages de la Côte d’Azur ! Sur la commune du Lavandou, entre Bormes-les-Mimosas et Saint-Tropez, la plage de Cavalière s’étend sur 1,3 km. Construit dans les années 40, le Surplage Hôtel est tourné vers la mer. Récemment repris par le groupe Dokhan Luxury, il vient d’être rénové. La plupart des 52 chambres et 6 suites ont une vaste terrasse. Au rez-de-chaussée, les parties communes donnent sur la Méditerranée, que ce soit les salons, la piscine ou le restaurant. Inspirée par le style bohème chic de l’hôtel, la plage privée de l’hôtel allie élégance décontractée et raffinement. Enfin, l’établissement s’accompagne d’une triple offre de restauration, adaptée à tous les moments de la journée. Au déjeuner comme au dîner, le Surplage Grill fait honneur à la cuisine méditerranéenne. Au Beach bar et sur le Rooftop, l’ambiance est plus festive : entre cocktails et tapas, chacun trouve de quoi se régaler. surplagehotel-cavaliere.com

saintesabine.com

© Château Sainte-Sabine

© DR

© DR

BOURGOGNE

Et de cinq ! Ce bel hôtel de charme installé entre Beaune et Dijon vient d’obtenir sa cinquième étoile. Cette acquisition, synonyme de qualité, souligne l’engagement constant du château à offrir une expérience inoubliable à ses visiteurs. Immergé dans un parc de 8 hectares, il compte 23 chambres et suites et a su, à travers les âges, conserver son charme du XVIe siècle. Mais cette nouvelle distinction est le fruit d’intenses travaux d’embellissement. La cour intérieure a été agrémentée d’un jardin à la française. La piscine est désormais dotée d’une agréable pool-house et la terrasse a été repensée. Enfin, l’ancienne salle des Gardes a été transformée en une suite majestueuse de 110 m2. Sa belle cheminée est une fidèle reproduction de celle de la salle des Gardes du palais des Ducs de Bourgogne, à Dijon.

Domaine de Locguénolé MORBIHAN

Après près de trois ans de rénovation, le domaine de Locguénolé accueille à nouveau ses clients depuis quelques mois. Cet hôtel emblématique du Morbihan situé à Kervignac, à moins de 20 minutes de Lorient, s’est réinventé. Le bâtiment principal qui date du XIXe compte désormais 13 chambres à la déco très orientale. Le Manoir, de style breton, compte quant à lui 20 chambres à l’ambiance plus contemporaine. Enfin, le Club abrite 11 chambres décorées sur la thématique équestre, entre cuir et bois, rappelant les anciennes écuries de la propriété. Parmi les nouveautés, le domaine accueille le Meilleur Ouvrier de France Cuisine 2023. Rendez-vous à La Maison Alyette, le nouveau bistrot assumé de ce 4-étoiles breton pour découvrir les créations du chef Yann Maget. Il dirige également la deuxième table de Locguénolé, L’Inattendu. Les desserts sont signés Annabelle Lévêque. domaine-locguenole.com


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MAS RE.SOURCE GARD

Le Mas Re.Source est lové au cœur de trois hectares de terrain. Face à une nature encore sauvage et préservée, le repaire se décline en cinq chambres et deux maisons d’hôtes. Chacune allie l’art, le confort et l’authenticité. Rémy et Marc Étienne, les propriétaires, sont deux passionnés de vieilles pierres, d’architecture et de photographie contemporaine. Leur Mas est une véritable extension de leur personnalité. Cette nouvelle adresse qui ouvre ce printemps propose également une table d’hôtes pour partager des dîners aux couleurs locales. Une piscine extérieure panoramique ainsi que des expériences sur mesure complètent l’offre. Aux portes des Cévennes, loin de la surenchère touristique, le Mas Re.Source s’adresse aux amoureux des refuges secrets. C’est un écrin destiné aux adultes en quête de déconnexion ; à toutes celles et ceux qui cherchent à ralentir le temps, amis des arts ou amateurs d’authenticité et d’espace.

© Mr-Tripper

masresource.fr


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© Paul Brechu

NEWS

VILLA CAMILLE PYRÉNÉES ORIENTALES

Bâtie en 1888, cette villa emblématique de la Côte Vermeille surplombe le port de plaisance de Banyuls-sur-Mer. Devenue aujourd’hui une adresse Assas Hotels, la villa Camille Hôtel & Spa, fraîchement rénovée, rouvre ses portes ce printemps. La bâtisse, historique, accueille désormais un bar-restaurant et 42 chambres élégantes, dont la majorité possède un balcon. On trouve aussi un spa lumineux avec piscine, qui garantit de bons moments de détente. Au final, cet hôtel restauré est une adresse chaleureuse et décontractée qui sent bon l’esprit catalan ! Il est par ailleurs tout proche de Collioure, mais aussi de la réserve naturelle marine Cerbère-Banyuls, première réserve naturelle exclusivement marine de l’Hexagone ! Bref, ce coin de France plein de vignes, où les montagnes tombent dans la mer, est à découvrir. hotelvillacamille.com


© Touristinfo Stadt Ettenheim, Peter Kees

BIENVENUE DANS LE SUD DE L’ALLEMAGNE !

Venez-vite ! Le Bade-Wurtemberg vous réserve plein de surprises : des destinations touristiques célèbres dans le monde entier et de nombreux lieux insolites. Vous pourrez voir de vos propres yeux tout ce qui a fait la renommée de la Forêt-Noire, du lac de Constance et des grandes villes

comme Stuttgart ou Baden-Baden. Vous pourrez découvrir les trésors cachés du Bade-Wurtemberg dans les paysages de la vallée de la Tauber, du Stromberg ou de la HauteSouabe. tourisme-bw.fr


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© Gaelle Le Boulicaut

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MONDRIAN BORDEAUX LES CARMES GIRONDE

Quartier des Chartrons. Derrière une belle et étonnante façade crénelée du XIXe siècle se tient le nouvel hôtel Mondrian ouvert il y a quelques mois à peine. Le groupe immobilier Pichet a collaboré avec Philippe Starck pour imaginer cet hôtel original et plein de couleurs chaudes dans ce quartier tranquille de Bordeaux. Partout les couleurs sont douces et évoquent la terre ou la blondeur des pierres locales. Le célèbre concepteur a créé 97 chambres et suites comme des cocons baignés de lumière tendre, avec des assises en cuir, des portes en bois, ou des rideaux en laine bouillie. Plusieurs d’entre elles s’ouvrent sur des terrasses végétalisées. Ailleurs dans l’hôtel, on note des touches japonisantes. Le restaurant est d’ailleurs clairement japonais, tenu par Masaharu Morimoto. Le chef y a créé une carte qui allie des saveurs nippones et françaises. Sur la carte, sushis, makis ou canard laqué côtoient des huîtres du bassin d’Arcachon dans une ambiance feutrée mais festive où l’on sirote quelques verres du Château les Carmes Haut-Brion, le vin issu de la propriété du groupe Pichet. Une expérience gastronomique réussie, dans ce cinq-étoiles flambant neuf qui rehausse d’un cran supplémentaire le niveau de l’hôtellerie bordelaise. all.accor.com


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SOFITEL AJACCIO CORSE

Voilà un hôtel emblématique du paysage corse qui rouvre ses portes après plusieurs mois d’embellissement. Idéalement situé sur la presqu’île de Porticcio, ce cinq-étoiles du groupe Accor offre une vue panoramique sur le golfe d’Ajaccio. Dans un esprit « croisière chic », ses 98 chambres et suites orientées vers la mer invitent à la détente. On y séjourne entre les odeurs de maquis et le clapotis des vagues. Pour cette saison 2024, les clients retrouvent les deux restaurants de l’hôtel : La Carte postale revisite le terroir corse, quand Côté jardin veille à proposer une offre continue et accessible à tout moment de la journée et en terrasse. En cuisine, le chef Stéphan Remon et sa brigade proposent des suggestions saisonnières et locavores. Enfin, difficile de ne pas évoquer la plage privative de l’hôtel, sa piscine d’eau de mer chauffée, son solarium, ses salons ombragés et son spa marin qui propose de nombreuses offres de remise en forme et une belle carte de soins.

© DR

sofitel-golfe-d-ajaccio-thalassa-sea-spa.com


testé & APPROUVé

MARTY HOTEL Bordeaux Il a un an ! Le Marty a ouvert ses portes en avril 2023. Quelques mois plus tard, il s’est fait une place sur la carte des lieux de vie à Mériadeck. Situé à l’arrière du quartier d’affaires, il occupe un immeuble discret de la rue Georges Bonnac. Nous y arrivons par le tramway A qui marque un arrêt à quelques mètres seulement. La réception nous paraît grande et lumineuse. Même constat dans le salon qui lui fait face, baigné de lumière grâce aux baies vitrées orientées sur la rue. Une chose se remarque de suite : l’omniprésence du street art. Dès nos premiers pas dans l’hôtel, nous apercevons des œuvres qui habillent les murs. Sur les tables du bar, des catalogues sont éparpillés. C’est le registre des œuvres présentes dans l’hôtel, choisies par l’Artillerie, une galerie spécialisée dans la promotion d’artistes et la mise en valeur d’espaces. Les toiles ou sculptures disséminées ici sont toutes à vendre et font de l’hôtel un incubateur d’art urbain. Le reste de la déco mêle des bois anciens comme le desk de réception, ou des pièces d’inspiration plus industrielle. On aime surtout le long bar, ses hautes chaises et ses tables de café aussi, le tout irrigué de nombreuses couleurs vives. L’hôtel n’a pas de restaurant mais sert des petits déjeuners frais et gourmands en partie concoctés par Maison Lamour, une boulangerie déjà sacrée la meilleure de France. Le soir, avant de sortir en ville, nous sirotons un cocktail dans ce cadre moderne qui donne un coup de fouet à l’hôtellerie bordelaise. Après le dîner, nous rentrons au Marty pour une nuit douce dans notre chambre. La 305 est petite mais très fonctionnelle, joliment décorée de luminaires très contemporains, et de dessins épurés. Un cocon feutré, dans cet hôtel membre de la Tapestry Collection du groupe Hilton, idéal pour un séjour urbain tout près du cœur battant de Bordeaux. LL marty-hotel.com

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© Marty Hotel

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MOB HOTEL CANNES CÔTE D’AZUR

La nouvelle adresse du groupe fondé par Cyril Aouizerate ouvre ce printemps. Ce nouveau Mob Hotel propose 43 chambres et appartements installés dans une ancienne résidence. Fidèle au slogan de la marque, « l’écologie sociale en action », cette résidence a été réhabilitée en veillant à préserver au maximum les matériaux existants. Par souci d’économie d’énergie, la façade est blanche, pour gagner quelques degrés en plein été. Les espaces extérieurs sont doublés de rideaux pour éviter le rayonnement direct du soleil. Cinquante-cinq panneaux photovoltaïques occupent la toiture de l’hôtel. Dans les chambres, les matières naturelles sont privilégiées. Les têtes de lit, par exemple, sont en paille de riz, bois et jute. Des ventilateurs sont aussi utilisés pour réduire l’utilisation de la climatisation. Enfin, qui dit hôtel écoresponsable dit aussi jardin, potager, et cuisine bio… Chapeau ! mobhotel.com/cannes


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PIC DU MIDI DE BIGORRE HAUTES-PYRÉNÉES

2 877 mètres de haut ! Le pic du Midi de Bigorre est surmonté d’une antenne relais et surtout d’un célèbre observatoire astronomique. Il faut dire que dans ce coin des Pyrénées, le ciel est particulièrement clair. Il s’agit même d’une Réserve internationale de ciel étoilé, la plus grande en Europe. Et quel meilleur moyen de profiter du ciel que de dormir au sommet du pic, la tête dans les étoiles ? Il est possible de passer la nuit dans l’observatoire ! Il abrite des chambres avec, évidemment, une vue imprenable. Assister au coucher de soleil depuis la terrasse panoramique, déguster un dîner traditionnel finement élaboré par le chef, visiter les quartiers scientifiques fermés au grand public et observer les constellations qui éclairent la nuit profonde : voilà le programme. La nuit promet d’être courte, mais inoubliable, avec en cerise sur le gâteau un lever de soleil tout aussi grandiose !

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picdumidi.com


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Hôtels EUROPE En manque d’inspiration pour vos citybreaks du printemps ? Voilà six nouvelles adresses aux quatre coins de l’Europe !

É Torre Melina Gran Meliá

Palazzo Cordusio MILAN

Deuxième hôtel Gran Meliá et quatrième propriété de luxe du groupe Meliá en Italie, ce nouveau palais moderne renforce la présence de la marque dans la botte. Il est idéalement situé sur l’emblématique Piazza Cordusio à Milan. À cet emplacement privilégié s’ajoute une offre remarquable d’expériences gastronomiques. Le nouveau Palazzo Cordusio est un véritable havre épicurien installé dans un somptueux édifice du XIXe siècle. On y trouve 84 chambres et suites. Elles allient des finitions délicates aux textiles exquis Rubelli. Certaines proposent même un balcon. Mais l’une des forces de l’hôtel est son restaurant en rooftop avec vue sur le Duomo ! Il est dirigé par le chef Francesco Bagnato qui y propose une cuisine italienne d’un grand raffinement. Enfin, l’hôtel dispose aussi d’un spa comprenant une piscine intérieure, un sauna, un hammam et un salon de relaxation.

melia.com

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BARCELONE

C’est l’un des hôtels emblématiques de la capitale catalane. Conçu par l’architecte Carlos Ferrater et inauguré lors des JO de 1992, l’hôtel Fairmont Rey Juan Carlos I devient le Torre Melina Gran Meliá. Le groupe espagnol a décidé de transformer cette adresse historique en oasis urbaine cinq étoiles, ouverte sur la ville. Situé à quelques pas du Polo Club de Barcelone, du David Lloyd Club Turó et du mythique Camp Nou, son emplacement est idéal. Contemporain et fonctionnel, l’hôtel compte 391 chambres, dont 61 suites. Il possède également plusieurs piscines et une terrasse privée offrant une vue à 360º. Les clients ont accès aux équipements haut de gamme emblématiques des établissements Gran Meliá : un salon exclusif RedLevel, un spa, des installations de bien-être et plusieurs restaurants dont l’un mené par le chef Íñigo Urrechu.

Dorothea Hotel BUDAPEST

Conçu par l’éminent architecte et designer italien Piero Lissoni, le Dorothea Hotel incarne une fusion remarquable entre l’architecture et le design. Inspiré par la vie de l’archiduchesse Dorothea, personnalité influente du XIXe siècle, l’hôtel 5 étoiles est une vitrine du néo-renaissance, de l’Art nouveau et du modernisme. L’établissement désormais membre de l’Autograph Collection du groupe Marriott a conservé des pièces uniques, comme un escalier d’époque ou une colonnade impressionnante. Les 216 chambres et suites s’habillent de tons lumineux et apaisants, de parquets en bois sombre et de rideaux bleu paon. La touche moderne se concentre dans les œuvres du photographe hongrois Zoltán Tombor. Courant 2024, deux restaurants devraient voir le jour dont l’un dirigé par le chef triplement étoilé Dani García. En attendant, BiBo, la brasserie andalouse, vous attend sur le toit de l’hôtel. marriott.com

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melia.com


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PALAZZO MATTEO ITALIE

Retour à Nardò. Après avoir investi et restauré deux magnifiques palais dans cette jolie ville des Pouilles, Guy Martin en ouvre un troisième. Dans ce nouveau Palazzo Matteo, le chef du Grand Véfour a aménagé six suites sur un espace d’environ 1 000 m2. Chacune de ces suites est particulièrement grande, et à l’intérieur chaque pièce a été pensée pour accueillir une ou plusieurs œuvres de la collection d’art personnelle du chef. Ici des meubles d’Alvar Aalto ou d’Ettore Sottsass, là une lampe 70s d’Albert Tormos, mais aussi des photographies originales de Giacomelli ou des miroirs de Ponti ou Fasano. L’ensemble du palais est très personnalisé. La déco est travaillée dans les moindres détails mais jamais chargée pour laisser l’édifice diffuser son âme sur les hôtes qui y posent leurs valises. Une nouvelle pépite cachée dans ce recoin d’Italie peu connu, mais proche de Lecce ou Gallipoli déjà célèbres.

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palazzomaritatiemuci.com


© Manolo Yllera

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CANFRANC ESTACIÓN, A ROYAL HIDEAWAY HOTEL Aragon Longtemps cet hôtel fut l’arlésienne ; un projet, une idée vague dont tout le monde avait entendu parler mais qui ne voyait jamais le jour. Il aura fallu des années et des milliers d’euros pour que le gouvernement aragonais réalise cette prouesse, en partenariat avec le groupe Barceló : ouvrir un hôtel dans la gare de Canfranc. L’édifice immense inauguré en 1928 est l’un des plus grands complexes ferroviaires d’Europe, construit à une époque où les États français et espagnol voulaient développer leurs échanges en passant par les Pyrénées. Après un siècle de vicissitudes, d’arrêts et de reprises du trafic inter-frontalier, la gare finit par tomber à l’abandon pendant au moins trente ans. La voilà à nouveau resplendissante, entièrement restaurée. Le studio Ilmiodesign et le designer industriel Andrea Spada se sont attelés à redonner du lustre à ce monument historique, sans le dénaturer. À notre arrivée dans le village de Canfranc, difficile de manquer la gare qui impose sa masse dans le creux des montagnes. Le grand hall des passagers est devenu le lobby de réception de l’hôtel, immense, resplendissant de lumière. Le personnel de l’accueil nous reçoit dans des costumes verts rappelant les uniformes des employés de chemin de fer. Ils ont été créés spécialement pour l’hôtel par le créateur aragonais Nacho Lamar. Un valet nous mène à notre chambre qui porte le numéro 101. Elle est plutôt grande, haute sous plafond, décorée de bois clair et d’autres nuances agréables de vert. La vue extérieure porte sur les montagnes qui forment ici un mur naturel des deux côtés de cette vallée profonde. Au rez-de-chaussée, nous profitons d’un temps de repos au spa, dans sa belle piscine allongée. Et quand vient le soir, direction le bar. L’extrémité de l’aile nord correspond à un espace salon aux tonalités bleutées et orangées baptisé « la bibliothèque ». C’est le bar à cocktails, où un mixologue nous prépare deux créations douces et acidulées qui nous mettent en appétit. L’hôtel a la chance d’avoir trois restaurants. Le Canfranc Express est étoilé au Michelin, situé dans un ancien wagon, tout comme le 1928 qui sert de la cuisine d’inspiration française. Le soir de notre passage, nous dînons à l’International. Sa carte aligne des spécialités plutôt locales. Après quelques croquettes de jambon au lait frais, nous tentons un salmorejo de tomates saupoudré de copeaux de jambon ibérique, puis un merlu confit accompagné de piquillos et d’un consommé d’agneau aux poivrons. Ce repas agréable nous donne un petit aperçu des possibilités de la cuisine aragonaise avant de filer nous coucher dans cet hôtel unique en son genre, perdu quelque part dans le nord de l’Espagne. LL barcelo.com/fr-fr/canfranc-estacion-a-royalhideaway-hotel/


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© George Apostolidis

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MANDARIN ORIENTAL SAVOY ZURICH

Et de trois ! Le groupe Mandarin Oriental triple la mise en Suisse avec l’ouverture de ce nouvel hôtel dans la plus grande ville du pays. Situé sur la Paradeplatz, tout près de la célèbre Bahnhofstrasse et des berges du lac, il occupe l’édifice de l’ancien hôtel Baur qui existait depuis 1838. Tristan Auer s’est chargé de la rénovation. L’architecte d’intérieur parisien a réussi à garder des éléments historiques en les mêlant à des touches clairement contemporaines. La plupart des 36 chambres et 44 suites ont des grandes terrasses ou des rooftops privatifs. Et puis l’hôtel compte quatre restaurants et bars dirigés par le chef exécutif Benjamin Halat habitué des Mandarin Oriental. Le Savoy Brasserie & Bar propose une cuisine d’inspiration française toute la journée, et l’Orsini est une table gastronomique italienne plus sophistiquée. Quant au 1838, c’est un bar situé au sommet de l’hôtel pour profiter d’un cocktail avec une vue panoramique sur la ville. mandarinoriental.com


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LE DUNE PISCINAS SARDAIGNE

Ce n’est pas le désert mais ça y ressemble. Ce splendide hôtel rouvre ses portes fin avril sur une immense plage dunaire et sauvage au sud-ouest de la Sardaigne. On dit que cette côte est verte, car longue de 47 kilomètres et encore très préservée. L’endroit est propice à la déconnexion totale, et la reconnexion avec la nature. Le Dune a subi d’intenses rénovations pendant trois années. Le voilà de nouveau accessible, avec 28 chambres et suites seulement. On y trouve aussi trois restaurants, un American Bar, un spa et une salle de gym et une piscine extérieure. Le design contemporain et très épuré de l’hôtel est fait pour aller avec le décor dans lequel il se trouve. L’une des grandes nouveautés est la gastronomie dont le niveau a été élevé grâce à l’arrivée du chef Fabio Ciervo déjà étoilé pour son restaurant à Rome. Ici il conjugue la simplicité de la cuisine locale avec son flair créatif. Une transformation réussie pour ce beau cinq-étoiles loin de tout, mais près de la mer.

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ledunepiscinas.com


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Hôtels MONDE Thaïlande, Maldives, Maurice, Dubaï… voici quelques belles adresses et nouveautés sur la scène de l’hôtellerie mondiale.

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Centara Ayutthaya THAÏLANDE

Centara Hotels & Resorts élargit sa présence en Asie du Sud-Est avec l’ouverture de deux nouveaux établissements. L’un est à Vientiane au Laos, et l’autre à Ayutthaya, ancienne capitale du Royaume de Siam située à 80 km au nord de Bangkok. Ce dernier compte 224 chambres et suites, des installations de loisirs et des espaces pour les événements. Pour le plaisir de ses hôtes, l’hôtel dispose de restaurants, ouverts toute la journée, et d’un rooftop avec piscine. Aux menus du Centara Ayutthaya, on découvre la cuisine thaïlandaise et japonaise. Sinon, les marchés locaux regorgent d’arômes exotiques, offrant une expérience sensorielle unique. Ils sont un lieu idéal pour découvrir une cuisine thaïlandaise authentique. Et si vous avez le mal du pays, l’hôtel propose aussi à ses hôtes les plaisirs simples d’une bonne boulangerie !

sunsiyam.com/fr/sun-siyam-iru-fushi

centarahotelsresorts.com/ centara/cay

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MALDIVES

Bienvenue sur l’atoll de Noonu. Cet hôtel cinq étoiles s’étend sur 21 ha et compte 221 villas et suites. Le complexe a tout d’un village, qui comprend 14 restaurants et bars et un spa by Thalgo France qui a déjà été primé. Au-delà de tout ça, il y a quelques semaines, le resort a recruté la biologiste marine Caitlin Rentell. Elle dirigera les efforts de restauration des coraux. Elle s’engagera, avec les hôtes et les membres de l’équipe, dans des programmes de sensibilisation éducatifs. L’objectif : sensibiliser à la conservation de la vie marine et favoriser les initiatives d’écotourisme aux Maldives. Son travail apportera une contribution significative au renforcement de l’écosystème du récif, améliorant ainsi la santé écologique globale de la région. Ces initiatives permettront aux clients d’apprendre et d’apprécier l’environnement marin unique des Maldives.

Marriott Mauritius OCÉAN INDIEN

Le grand groupe américain a deux beaux cinq-étoiles sur l’île Maurice. Chacun de ces hôtels propose une expérience de restauration remarquable. Il y a le JW Marriott d’abord, cet établissement centenaire de style colonial, situé sur la plage du Morne. Son restaurant Atsuko, dont le nom signifie calme, sérénité ou chaleur, sied aux amateurs de cuisine japonaise. Mais pour des plats plus épicés, direction Simply India, la table indienne de l’hôtel dont la carte aligne des plats traditionnels revus à la sauce moderne. Au Westin Turtle Bay Resort, l’expérience gastronomique se poursuit grâce à quatre restaurants dont le Fusion aussi japonais mais plus innovant. Le Mystique, quant à lui, est orienté vers l’Asie du Sud-Est avec des plats tels que le Nasi Goreng d’Indonésie ou le Geang Kew Waan Goog-Yai, ce plat de curry vert thaïlandais à base de homard grillé.

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marriott.com


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THE LANA DUBAÏ

Début février, le groupe Dorchester Collection inaugurait The Lana, seul établissement dubaïote de la marque. Il est situé en plein cœur de Business Bay, le nouveau coin à la mode de la ville, près du Burj Khalifa. Pensé par le cabinet d’architectes britanniques Foster + Partners, l’édifice de 30 étages comprend un podium central appelé « The Lana Promenade » et abrite des boutiques, des restaurants, et une piscine à débordement sur le toit. L’aménagement intérieur est, quant à lui, signé Gilles & Boissier. Le célèbre duo parisien a choisi plus de 50 œuvres d’artistes locaux et internationaux pour habiller le lobby et les salles de réception. Les 225 chambres et suites ont toutes une terrasse extérieure. Et puis l’hôtel abrite le premier spa Dior des Émirats. Sans parler de Jean Imbert qui signe la carte du restaurant Riviera pour ajouter une touche de luxe et de branchitude à tout ça !

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dorchestercollection.com/dubai/the-lana


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testé & APPROUVé

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THE CLARIDGES New Delhi C’est une institution. Voilà bientôt 70 ans que le Claridges fait partie des adresses prestigieuses à Delhi. Installé entre le Khan Market et le musée Indira Gandhi, cet hôtel inauguré en 1955 est le premier cinq-étoiles du pays inauguré après l’indépendance ! Dès notre arrivée sur le perron et dans la réception, nous sentons le poids de l’Histoire. L’accueil est distingué, le marbre omniprésent, le service déjà dévoué. Dans les 132 chambres et suites, la décoration respire fort l’élégance architecturale britannique du XIXe siècle. La nôtre a une petite atmosphère rococo grâce à de grands tapis au sol, un lit à baldaquin et des lustres en cristal. On peut trouver cela chargé ; nous préférons nous prendre au jeu de ce décor épais, à l’anglaise, mais bien confortable. Une fois installés, nous profitons de la belle piscine creusée au centre de l’hôtel, dans une sorte de vaste patio. Mais le soir venu, le choix d’un restaurant pour dîner se pose. Le Claridges est connu dans toute la capitale indienne pour son offre gastronomique. Des huiles, des diplomates, des expatriés défilent sans cesse sur le perron de l’hôtel pour déjeuner ou dîner à l’une de ses tables. Le premier soir, nous optons pour le Pickwick dont la carte mêle des plats venus du monde entier sous le thème « cuisine sans frontières ». Mais le second soir de notre passage, après avoir âprement négocié pour réserver une table dans ce restaurant si prisé, nous voilà au Dhaba. Ici, la décoration de bric et de broc évoque un village du nord de l’Inde. La carte propose des traditionnels butter chicken, ou chicken tandoori entre autres évidences de la gastronomie indienne, mais aussi divers plats représentatifs de la cuisine du Penjab. Le décor et les goûts dans l’assiette nous suffisent à nous plonger dans l’Inde profonde et véritable, pleine de couleurs et de saveurs. Ces saveurs, nous les digérons enfin autour d’un gin tonic à l’Elephant Bar de l’étage. Fauteuils club, lumière tamisée, et déco très « nature sauvage » finissent de nous envelopper dans cet hôtel haut de gamme bien placé pour rayonner dans New Delhi. LL claridges.com


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HÔTEL ROYAL EVIAN RESORT HAUTE-SAVOIE

Métamorphose ! Après un an de travaux, l’hôtel Royal d’Evian-les-Bains vient de rouvrir son spa dédié à une expérience globale de bien-être. Le voilà baptisé evian©SPA, premier du genre en Europe ! Sur 1 700 m2, il déploie son concept qui se base sur le cycle de l’eau dans la nature. Ce cycle se divise en quatre phases de l’existence d’une goutte d’eau, de sa création dans les nuages à son jaillissement dans la source, en passant par son infiltration dans les roches de montagne et sa longue décantation dans le sous-sol. Derrière cette image, l’evian©SPA offre une expérience immersive. Les salles de soins sont ouvertes sur la nature, partout les sons et les éléments sont primordiaux. Parcours hydro-contact en extérieur, bassin froid, hammam, sauna, piscine intérieure… l’eau est omniprésente dans ce spa de luxe flambant neuf d’où la vue sur le lac Léman accentue encore plus la sensation de bien-être. hotel-royal.evianresort.com/fr



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Nature & culture en

EURE -ETLOIR Envie d’une échappée verte ? À moins de cent kilomètres de Paris, ce département rural du cœur de la France déploie une belle palette d’activités pour qui veut s’aérer l’esprit sans trop s’éloigner de la Capitale. De forêts en châteaux, nous avons parcouru les routes d’Eure-et-Loir, pour dénicher quelques pépites et secrets, à visiter maintenant que le printemps est arrivé !

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Texte & photos \ Lucas Lahargoue (sauf mention)

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ne cathédrale grandiose, des forêts touffues, des châteaux qui ont traversé les âges, des champs à perte de vue et des rivières tranquilles… C’est un peu tout ça l’Eure-et-Loir. En plein centre de la France, dans ce qu’on appelle grossièrement le Bassin parisien, ce département méconnu vante les mérites d’un tourisme lent et réfléchi, pour s’imprégner de nature et de patrimoine historique. Bien sûr, il y a Chartres et sa cathédrale, qui irradie le monde chrétien de son architecture gothique extraordinaire. Mais derrière cette vitrine mondiale classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, il faut s’enfoncer sur les petites routes départementales pour découvrir les sites historiques moins connus, les petits villages agrippés autour de leurs églises et les gens qui font vivre ce territoire rural tout proche de Paris. Du domaine royal de Dreux au château de Châteaudun, nous avons parcouru l’Eure-et-Loir du nord au sud en faisant escale dans le Perche et en marchant dans les pas de Marcel Proust à Illiers-Combray. Voilà donc un éventail de surprises et de suggestions pour un séjour au vert, dans un coin de France encore loin des clichés et des flux touristiques habituels. Un parcours idéal pour aller voir ailleurs, entre Paris et la Loire. —


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PREMIÈRE DÉCOUVERTE À MAINTENON

© Sam Fait Voyager

Moins d’une heure ! Grâce à des trains directs qui arrivent de Montparnasse en 52 minutes (en moyenne), Maintenon est l’une des portes d’entrée de l’Eure-et-Loir. Une fois à la gare, direction le château. Il se dresse fièrement au bord de la rivière. Son allure médiévale et moderne à la fois le fait autant passer pour une forteresse que pour un château de plaisance. Sa construction démarre au Moyen Âge comme en atteste sa corpulente tour carrée du XIIIe siècle. Mais l’allure qu’il a aujourd’hui commence à prendre forme au début du XVIe. Les propriétaires se sont succédé au cours de l’histoire, dont la famille de Noailles durant 300 ans ; mais celle que l’on retient d’abord est Françoise d’Aubigné dite Madame de Maintenon, favorite, puis épouse de Louis XIV après la mort de Marie-Thérèse en 1683. En vingt-neuf ans, la marquise agrandit et embellit le château. Elle n’y vient qu’épisodiquement, trop occupée à gérer ses affaires à Versailles, mais elle s’investit dedans. Le Roi aussi donne argent, hommes et idées pour améliorer le domaine. Il fait canaliser l’Eure et confie les plans du jardin à

Le Nôtre. C’est de ce jardin à la française que l’on mesure la splendeur du château piqueté de hautes cheminées, de tours et tourelles de briques ocre s’illuminant au soleil. À l’intérieur, la visite évoque surtout les propriétaires suivants, dont la famille de Noailles qui restaura et remeubla l’ensemble. En déambulant dans les appartements ouverts à la visite, on découvre des salons tapissés de papier chinois de la fin XVIIIe, le salon du Roi qu’occupait Louis XIV lors de ses passages, mais aussi une bibliothèque Second Empire et une belle galerie aux plafonds à caissons peints, et dont les murs sont ornés de peintures retraçant les faits d’armes de la famille de Noailles. Visiter le château de Maintenon, c’est faire plusieurs sauts dans l’histoire, traverser plusieurs époques, dans un lieu resplendissant et parfaitement entretenu. Une des pépites d’Eure-et-Loir où faire impérativement escale avant de prendre la route vers d’autres découvertes. — LE CHÂTEAU DE chateaudemaintenon.fr

MAINTENON PARAIT FLOTTER SUR LES EAUX IMPASSIBLES DE L’EURE


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VUE PANORAMIQUE SUR LE CENTRE DE DREUX

1 PATRIMOINE MAISON VLAMINCK Quelques kilomètres à l’ouest de Dreux, à l’écart du petit village de Rueil-la-Gadelière, se trouve la maison de Maurice de Vlaminck. Le peintre né en 1876 est connu pour avoir été l’un des initiateurs du fauvisme au début du XXe siècle. Bourvil, Joséphine Baker, Georges Simenon ou Marc Chagall défilèrent dans cette longère familiale qui s’ouvre désormais tous les mois pour des visites à thèmes dans lesquelles des toiles sont présentées. Elles appartiennent à un fonds de dotation qui comprend aussi des céramiques décorées par l’artiste, et une collection de 250 objets d’art premier dont des masques et statues africaines. Une visite étonnante, en plein cœur de la campagne.

ESCALE À DREUX Descendons la vallée de l’Eure. Une départementale rectiligne traverse une épaisse forêt flamboyante et mène jusqu’à Dreux. Une fois la voiture posée, c’est à pied que l’on mesure mieux les charmes de cette petite ville agréable, parcourue par le cours de la Blaise. De la vaste place Mésirard, on distingue le marché couvert avant de suivre les rues piétonnes du cœur historique. Le beffroi du XVIe siècle se dresse fièrement sur la place Métézeau, et derrière lui l’église Saint-Pierre impose sa masse gothique. Mais à déambuler dans les ruelles de Dreux, c’est surtout le Domaine royal qui attire l’œil. Perché sur une colline rocheuse, il domine toute la ville. Au sommet du domaine, la chapelle royale Saint-Louis est érigée depuis 1816 à l’endroit d’une ancienne forteresse et d’une autre chapelle primitive. À partir de 1839, Louis-Philippe, devenu roi des Français, l’agrandit et en fait la nécropole de la famille d’Orléans. L’édifice n’est pas grand mais très harmonieux grâce à sa symétrie et sa décoration. Douze grandes fenêtre ogivales sont garnies de vitraux, et Eugène Viollet-le-

DREUX EST UNE VILLE CHARMANTE ET TRANQUILLE, TRAVERSÉE PAR LE COURS DE LA BLAISE Duc dessina même des pinacles gothiques. Plus de vingt gisants de la famille ponctuent le magnifique déambulatoire. On y trouve par exemple le tombeau d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale, bien connu pour avoir redonné sa splendeur au château de Chantilly. Le gisant de Sophie-Charlotte de Wittelsbach, duchesse d’Alençon, sœur cadette de Sissi et fiancée de Louis II de Bavière, rappelle sa mort dans l’incendie du Bazar de la Charité le 4 mai 1897. Et puis au centre, trône le tombeau de Louis-­ Philippe Ier et de Marie-Adélaïde de Bourbon. Le souverain, transféré ici vingt-huit ans après sa mort en exil en Angleterre, est représenté debout, vêtu d’un manteau royal, avec la main sur l’épaule de son épouse qui le soutient. C’est la pièce maîtresse de cette nécropole étonnante, petite rivale de Saint-Denis.


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LE DÉAMBULATOIRE DE LA CHAPELLE ROYALE DE DREUX

SAINT-LOUIS GARDE L’ESCALIER MENANT AU DÉAMBULATOIRE DE LA CHAPELLE


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© Francois Boizot

LE CHÂTEAU D’ANET VU DU CIEL

Au nord de Dreux, la petite commune d’Anet apparaît toute tranquille, pelotonnée autour de son fameux château hérité du milieu du XVIe siècle. Henri II, alors roi de France, met la main à la poche pour aider sa favorite à construire l’édifice. Les plus grands artistes du moment viennent à Anet pour ériger la belle demeure de celle qui se nomme Diane de Poitiers. La belle, évincée de Chenonceau à la mort du Roi en 1559, termine ensuite sa vie ici jusqu’à y passer l’arme à gauche en 1566. Le château que l’on voit aujourd’hui est bien maigre par rapport à la merveille qu’il fut à l’époque. Ne restent qu’une aile modifiée au XVIIe siècle, la chapelle et sa magnifique coupole à caissons, ou encore le beau portail d’entrée surmonté d’un cerf de bronze fièrement orienté vers le nord. La famille qui en est propriétaire depuis cinq générations s’occupe de l’entretenir. Des visites guidées ont lieu l’après-midi, mais pour mieux compléter l’expérience, il faut pousser la porte du Centre d’interprétation de la Renaissance qui lui fait face. Cet espace scénographié vous replonge cinq siècles en arrière grâce à des maquettes, des projections d’images ou des bornes interactives accessibles à tous les âges. De quoi s’immerger dans l’époque d’Henri II et Diane de Poitiers par le biais de technologies bien d’aujourd’hui.

DIANE DE POITIERS FUT FAVORITE D’HENRI II DURANT PLUS DE VINGT ANS. ELLE MOURUT EN 1566 DANS SON CHÂTEAU D’ANET

© Mary Evans / SIPA

SE SOUVENIR DE DIANE À ANET


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2 ARTISANAT CHOCOLATERIE Anaïs descend d’une famille de chocolatiers. Son grand-père était installé à Paris. Sa maman reprit l’affaire et s’installa à Anet, avant qu’Anaïs ne reprenne le flambeau. Son laboratoire est installé à l’arrière de sa maison d’enfance. Depuis fin 2018, elle travaille seule, et fait évoluer le savoir que lui a transmis son grandpère et celui acquis lors de son CAP de pâtisserie. Dans sa petite boutique, chacun vient piocher et constituer son ballotin de truffes, de rochers, de liégeois ou encore de feuilletines. Praliné, chocolat noir, au lait, avec ou sans alcool, Anaïs sait tout faire et tient seule le rythme des commandes et de son stock. En période de Noël ou de Pâques, place aux sapins, aux œufs ou aux cloches moulées. Tout est fait main, artisanalement et avec passion pour délecter les palais des Anétais et des visiteurs de passage. pausechocolat.fr


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LE VAISSEAU AMIRAL

CHARTRES RAYONNE DANS LE MONDE ENTIER GRÂCE À SA CATHÉDRALE, L’UNE DES PLUS BELLES DE FRANCE

3 PORTRAIT ARTISAN VERRIER Le travail des maîtres verriers a évolué. Il s’ouvre à toutes les idées, proches ou lointaines du domaine religieux. Dans leur longère de la rue du Bourgneuf reconvertie en atelier depuis une quinzaine d’années, les hommes de la famille Picol travaillent le verre.

© Valérie 2000

Au cœur du département, Chartres rayonne. La préfecture d’Eureet-Loir est une agglomération à taille humaine. Ses racines sont dans la vieille-ville. Un brin d’atmosphère médiévale subsiste dans ce quartier où l’on trouve encore quelques maisons à encorbellement, des façades à pans de bois ou des escaliers finement travaillés. Toute cette ville haute s’est développée au pied de la cathédrale qui jaillit littéralement au-dessus des toits. Devant elle, une vaste esplanade donne le recul suffisant pour admirer sa façade gothique et ses deux tours. L’une culmine à 112 mètres de haut. Plusieurs fois détruite et sans cesse reconstruite, la cathédrale de Chartres brille par son homogénéité architecturale unique en France. Elle apparaît aujourd’hui à peu près ressemblante à ce qu’elle était au XIIIe siècle. L’intérieur a été restauré à partir de 2008 et il reste encore quelques morceaux de chantier à accomplir. On est ébahi devant la clarté de la nef qui s’étire sur 44 mètres de long. À l’entrée, dans toute la largeur de son pavage, a été dessiné un étonnant labyrinthe qui est dégagé tous les vendredis. Sur 261,55 mètres, il symbolise le cheminement des pèlerins sur leur chemin vers Dieu. Mais si la cathédrale resplendit, c’est surtout grâce à ses vitraux. Rarement endommagés, ils ont traversé des siècles entiers et la plupart sont d’origine. Difficile de décrire les 176 verrières qui comptent plus de 5 000 personnages. La plupart représentent des scènes bibliques qui servaient de livre d’images aux fidèles ne savant pas lire à l’époque. Ces œuvres sont régulièrement restaurées. Les maîtres

verriers réussissent à redonner de l’éclat aux rouges, aux verts, aux jaunes et au fameux bleu de Chartres si caractéristique. Chartres est une des capitales de cet art du verre. Près de la cathédrale, un centre international du vitrail fait office de musée. On y glane des détails sur les techniques anciennes et contemporaines de cet art qui n’est plus aujourd’hui qu’un art religieux mais un art complet et transversal utilisé dans bien d’autres domaines.

Denis, le père, a été formé aux Beaux-Arts avant de devenir maquettiste en publicité pour enfin rentrer dans un atelier de vitrail où il peignait sur du verre. Son fils, Kevin, travaille avec lui depuis 25 ans après un passage au Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers situé près de Nancy. « Nous fabriquons des

vitraux selon la méthode traditionnelle » explique Denis en assemblant les morceaux d’une vieille fenêtre multicolore. « Nous assemblons du verre de couleur, serti et monté au plomb. Les soudures sont ensuite réalisées avec des baguettes d’étain » précise-t-il. Ils créent des œuvres selon les commandes précises de certains clients, et

rénovent de vieilles pièces devenues fragiles. Kevin, lui, s’est spécialisé dans le fusing, une technique de fusion de verres de différentes couleurs. Le procédé est précis et très ancien, mais permet des créations particulièrement modernes et abstraites, loin des vitraux figuratifs qui habillent de nombreuses églises. atelierpicol.fr


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© Coralie Daudin

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LES TOURS DE LA CATHÉDRALE CULMINENT JUSQU’À 112 MÈTRES DE HAUTEUR

© Isogood Patrick

4 INSOLITE MAISON PICASSIETTE Raymond Isidore était un balayeur de cimetière. Celui qu’on surnommait « Picassiette » passa les trente dernières années de sa vie à recouvrir sa maison de mosaïques, du sol au

plafond, en passant par le jardin. Petits et gros bouts de faïence, de porcelaine, ou de terre cuite brisée habillent l’ensemble de cette maison située dans un quartier tranquille de Chartres. Un chef-d’œuvre d’art naïf et d’art brut. maison-picassiette-chartres.com


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LE PERCHE N’EST PAS QUE NORMAND. L’EURE-ET-LOIR PARTAGE UNE PARTIE DE CETTE GRANDE RÉGION VALLONNÉE EN ÉQUILIBRE ENTRE LA SARTHE ET PARIS SUR LES ROUTES DU PERCHE Le Perche n’est pas que normand. L’Eure-et-Loir partage une partie de cette grande région vallonnée en équilibre entre la Sarthe et Paris. Bocages préservés, forêts séculaires et rivières paisibles font le Perche euralien qui s’étire sur tout l’ouest du département. On y entre par la Ferté-Vidame, une commune rurale qui s’organise autour d’une longue rue principale menant au célèbre château. À l’orée d’un immense parc, se dressent les fières ruines d’un château du XIVe siècle, reconstruit au XVIIIe. Seule l’impressionnante façade a survécu aux pillards et spéculateurs l’ayant démantelé dès 1798. Bien heureusement, à l’entrée du site, un intéressant espace muséographique s’étend sur la vie de Saint-Simon, le plus illustre propriétaire du château. Car c’est dans les murs de cette ruine imposante que le duc rédigea ses célèbres Mémoires. Avec ses 7 203 pages, l’œuvre est ardue, mais reste un chef-d’œuvre de la littérature française ; un

témoignage précis et monumental de la vie à la cour de Louis XIV entre 1691 et 1723. La maison Saint-Simon présente une scénographie ludique qui rend l’auteur accessible. Elle fait office d’introduction avant d’aller se balader dans le parc du château. De la Ferté-Vidame, une route départementale traverse les bois plantés de chênes et de hêtres avant d’arriver à Senonches. Dans le château de la ville, un parcours de visite pédagogique apprend aux visiteurs qu’avec ses 4 286 hectares, la forêt domaniale de Senonches est l’une des plus grandes du Perche, et même de France ! La visite est très interactive. Elle permet de découvrir les richesses d’un tel écosystème, mais aussi la manière dont il est exploité par l’homme avec une dimension durable. Des expositions temporaires, des concerts et des événements ponctuels viennent étoffer la programmation de ce château-musée assez vivant, véritable centre d’interprétation de la forêt.


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Plus qu’un simple animal, c’est un emblème. La figure du Perche n’est pas un homme mais un cheval, souvent noir, toujours puissant, imposant et élégant. Le Percheron est ce cheval autochtone, connu pour sa force et utilisé surtout dans le travail. Depuis l’ouverture de son registre généalogique en

© David Darrault

© David Darrault

1883, il est devenu le cheval de trait le plus célèbre et le plus utilisé au monde. « Après les débuts de la motorisation, il a été mis à l’écart, puis a été sauvé grâce à… la boucherie » explique Emmeline Cartron, éleveuse installée à Lamblore. Mais la race s’est à nouveau développée à partir des années 60 aux États-Unis, puis en France. Ici dans le Perche, Emmeline

utilise ses percherons pour des cours d’équitation ou de l’attelage. Elle propose par exemple des balades dans le parc du château de la Ferté-Vidame. « Mais ces chevaux calmes, posés, larges et dociles sont aussi de bons outils pour l’équi-thérapie, du soin aux personnes avec l’aide du cheval » explique-t-elle dans son club situé en lisière de forêt.

LES VESTIGES DU CHÂTEAU DE LA FERTÉ-VIDAME SUBSISTENT À L’ENTRÉE D’UN PARC DE 60 HECTARES

© Francois Boizot

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5 TRADITION LE PERCHERON


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6 PATRIMOINE CHÂTEAUDUN Avant que le Loir ne file dans le département voisin, il éventre la cité de Châteaudun. Au-dessus du pont qui joint les deux rives, une muraille se dresse. C’est celle du château érigé à soixante mètres en surplomb de la rivière. Il faut rejoindre la hauteville et son étonnant plan quadrillé pour atteindre l’entrée du château. De la magnifique cour centrale, on ne peut qu’être subjugué par la rondeur presque parfaite du donjon cylindrique du XIIe siècle, l’un des mieux conservés au monde ! Une belle Sainte-Chapelle lui est accolée. On y trouve une belle fresque murale du XVe siècle représentant le jugement dernier, et quinze statues représentant les saints préférés de la famille Dunois. C’est cette famille qui transforma le château devenu propriété de l’État depuis bientôt 90 ans. À l’intérieur, la salle d’apparat est habillée d’impressionnantes tapisseries. Ses deux escaliers monumentaux, ses cuisines voûtées et son jardin suspendu achèvent d’en faire une magnifique demeure, considérée par certains comme l’un des châteaux de la Loire. chateau-chateaudun.fr

C’est ici qu’il prend sa source. Là où le Perche rencontre la Beauce, le Loir s’élance en finesse et coule impassiblement vers le sud. Alors qu’il n’est encore qu’un maigre filet d’eau, il traverse le joli village d’Illiers-Combray. De loin, à travers les champs et les herbes folles, on voit déjà apparaître le clocher de l’église Saint-Jacques qui coiffe ce gros bourg plein de charme. Le jeune Marcel Proust y venait en vacances, entre ses 6 et ses 9 ans. Que l’on soit amateur de l’écrivain ou pas, une halte y est nécessaire pour s’imprégner de cette atmosphère de petite ville isolée en pleine campagne. En longeant la rue des Lavoirs puis le cours du Loir, on atteint le Pré Catelan. Ce parc paysager exotique créé par l’oncle Jules Amiot est devenu celui de Swann sous la plume de l’auteur. Plus loin, à quelques kilomètres, le château de Villebon est cette forteresse de briques rouges où vécut Sully au XVIIe siècle. Proust y situait là son Côté de Guermantes. Au cœur d’Illiers-Combray, le musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie permet une plongée plus profonde dans l’univers proustien. Entièrement rénovée et agrandie, la demeure rouvre au

public ce printemps 2024. C’est un lieu vivant sur l’œuvre de l’auteur et ses liens avec la commune. L’exposition permanente qui s’y tenait y reprend donc place, avec un agencement repensé, de nouvelles salles, un accès aux personnes à mobilité réduite, pour un meilleur parcours de visite et une meilleure immersion dans l’œuvre monumentale de Marcel Proust. Près de là, en descendant la vallée du Loir, Bonneval respire aussi les charmes des hameaux de la Beauce. C’est même une petite ville, enserrée dans un bras de la rivière et quelques fortifications toujours debout. Elle s’est développée à partir du IXe siècle grâce à son abbaye bénédictine Saint-Florentin, transformée aujourd’hui en hôpital. Dès les beaux jours, des petits bateaux électriques se louent sur la promenade de la grève. Il est possible de voguer sur le Loir, tout autour de l’enceinte de la ville. On passe quelques ponts, et on observe les jardins des maisons léchés par les flots. Pas étonnant que Bonneval soit surnommée « la petite Venise de Beauce », jolie ville d’eau entre champs et rivière. —

ILLIERS-COMBRAY ENTRETIENT LE SOUVENIR DE MARCEL PROUST QUI PASSA QUELQUES VACANCES DE SON ENFANCE DANS LE VILLAGE CHEZ SA TANTE LÉONIE ET SON ONCLE JULES

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AU FIL DE LA VALLÉE DU LOIR


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NAVIGATION SUR LE LOIR À BONNEVAL

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CARNET D’ADRESSES É SE LOGER

Hôtel le Beffroi 12 place Métézeau, 28100 Dreux 02 37 50 02 03 hotelbeffroi.fr Un trois-étoiles agréable en plein centre de Dreux, face à l’église Saint-Pierre. Il est facile de se garer à proximité. À partir de 95 € la nuit. Le Bœuf couronné 12 place Châtelet, 28000 Chartres 02 37 18 06 06 leboeufcouronne.com Difficile de faire mieux placé que cet ancien relais de poste devenu un agréable boutique-hôtel trois étoiles. Après une grosse rénovation en 2021, il est désormais un hôtel chic et branché. Dans les parties communes et les 17 chambres, la décoration est très actuelle. Le restaurant l’Amphitryon fait partie des bonnes tables de la ville. À partir de 87 € la nuit. Hostellerie du Bois Guibert 15 Guibert, 28800 Bonneval 02 37 47 22 33 boisguibert.com Cette belle demeure est immergée dans un joli parc arboré, à quelques kilomètres du centre de Bonneval. 19 chambres sont disponibles, toutes dans un style château

assez contemporain. Pas de restauration sur place mais des planches de fromages ou de charcuterie sont proposées. Le buffet des petits déjeuner est plutôt copieux. Une bonne adresse trois étoiles, au calme. À partir de 79 € la nuit.

SE RESTAURER

L’auberge de la Rose 6 rue Charles Lechevrel, 28260 Anet 02 37 48 05 13 lauberge-de-la-rose.eatbu.com Une bonne table en plein centre d’Anet. Cuisine bien française, concoctée par Yann et servie par sa compagne Ludivine. L’accueil est agréable et les saveurs bien dans l’assiette. Ouvert tous les midis du mardi au dimanche. Service le soir uniquement mardi-mercredi et vendredi-samedi. Menu en deux temps : 23,50 € Menu en trois temps : 28 €. Market Pub 19 rue Mérigot 28100 Dreux 02 37 46 18 44 restaurant-marketpub.fr La table la plus sympathique de Dreux ? En tout cas l’accueil est chaleureux dans ce restaurant du centre-ville où l’on vous sert sur plusieurs niveaux. La carte oscille entre des plats de brasserie et certains autres plus travaillés.

À tester les yeux fermés, pour la qualité du menu, et de l’ambiance. Ouvert du lundi au samedi de 11 h 45 à 21 h. Plats à partir de 18,90 €. Menu royal à 36,90 €. La Cour 22 place des Epars, 28000 Chartres 02 37 18 15 07 grand-monarque.com Il s’agit de la brasserie de l’hôtel Le Grand Monarque, situé en plein centre de Chartres. Sous le ciel ou la verrière du patio, le service est raffinée et la cuisine gourmande, à base de produits frais et de saison. Ouvert tous les jours de 12 h à 14 h et de 19 h à 23 h. Plats à partir de 20 €. Formule déjeuner à 38 €. Café Bleu 1 cloître Notre-Dame, 28000 Chartres 02 37 36 59 60 cafebleu-chartres.com Dans ce bistrot contemporain situé au pied de la cathédrale, le chef est originaire du Sud-Ouest. Mais la plupart des ingrédients qu’il utilise viennent des environs de Chartres et les vins sont engagés. La carte évolue en permanence. Ouvert tous les jours de 8 h à 22 h 30. Plats à partir de 19 €. Menu à 34 €. Ateria 4 rue Saint-Lubin, 28200 Châteaudun

02 37 98 60 29 Une table agréable dans le centre historique de Châteaudun, tout près du château. Cuisine traditionnelle plutôt bien exécutée. Ouvert du mardi au samedi de 12 h à 13 h 30 et de 19 h à 21 h. Plats à 14 €. Menu à 34 €. Auberge de la Pomme de pin 15 rue Michel Cauty, 28250 Senonches 02 37 37 76 62 restaurantpommedepin.com Cet ancien relais de poste a gardé une jolie façade à colombages et son enseigne en fer forgé. À l’intérieur, l’ambiance est conviviale. Le chef-traiteur Rémy Bauer propose des plats simples mais savoureux. Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 14 h 30 et de 18 h à 21 h. Formule à 19 € et menu à 26 € en semaine. Les Vergers de Beauce 8 rue du Bas de l’Église, 28800 Bonneval 02 37 98 64 16 produits-locaux-28.fr Derrière l’église de Bonneval, face à l’Office de tourisme, cette épicerie est tenue avec amour et volonté depuis 2014 par Benjamin et Pauline, un couple originaire du coin. Ils ne promeuvent que des produits de la région, et mettent en valeur des circuits courts. Fruits, légumes, épices, bières, jus, cidre,


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EURE-ET-LOIR

fromages… tout vient de Beauce ! Ouvert les lundi, mercredi, vendredi et samedi de 9 h à 12 h 30 et de 15 h à 19 h. Le jeudi l’après-midi uniquement.

À FAIRE — À VOIR

Château d’Anet 2 place du Château, 28260 Anet 02 37 41 90 07 chateau-d-anet.com Tous les jours sauf le mardi, de 14 h à 18 h. Entrée 11 € par adulte, et 6,50 € par enfant. Visites guidées uniquement. Centre d’interprétation de la Renaissance 1 place du Château, 28260 Anet 02 37 41 49 09 cir-anet.fr Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h. Entrée 6,50 € par adulte, et 4 € par enfant. Domaine royal de Dreux 2 square d’Aumale, 28100 Dreux 02 37 46 07 06 domaine-royal-dreux.com Tous les jours sauf le mardi, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30. Entrée à 9,50 € par adulte et 5,20 € par enfant. Château de Maintenon Place Aristide Briand, 28130 Maintenon 02 37 23 00 09 chateaudemaintenon.fr

Du mardi au dimanche, de 10 h 30 à 19 h. Entrée à 8,50 € par adulte et 4 € par enfant. Maison Picassiette 22 rue du Repos, 28000 Chartres 02 37 34 10 78 maison-picassiettechartres.com Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 18 h. Compter 9 € pour un adulte, et 4 € pour les enfants de 6 à 18 ans. Centre international du vitrail 5 rue du Cardinal Pie, 28000 Chartres 02 37 21 65 72 centre-vitrail.org Ouvert du lundi au vendredi de 10 h 15 à 12 h 15 et de 14 h à 17 h 30. Les week-ends l’aprèsmidi uniquement. Compter 7 € pour un adulte, et 5,50 € pour les enfants. Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie Rue des Trois Mariés, 28120 Illiers-Combray 02 37 24 30 97 amisdeproust.fr Ouvert du mardi au vendredi de 14 h 15 à 17 h. Entrée à 5 € par personne. Château de Chateaudun, Place Jehan Dunois, 28200 Châteaudun chateau-chateaudun.fr Ouvert tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h. Entrée à 7 € par adulte. Gratuit pour les mineurs.

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Capitainerie de Bonneval Parking de la grève, 28800 Bonneval 06 22 91 63 82 otdubonnevalais.com Location de bateaux : tous les jours en été, seulement les mercredis, week-ends et jours fériés au printemps et automne. De 10 h à 12 h et de 13 h 30 à 18 h. Circuit de 30 min (5 pers./bateau max) : 17 €. Nocturnes à 22 € les samedis de septembre. Réservation conseillée. Château de la Ferté-Vidame Place du Vieux Marché, 28340 La Ferté-Vidame 02 37 37 68 59 Le parc du château est en accès libre et gratuit tous les jours de 9 h à 19 h. Maison Saint-Simon Pavillon Saint-Dominique, 28340 La Ferté-Vidame 02 37 37 68 59 maisonsaintsimon.fr Du mardi au dimanche de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h. Billet adulte à 6 €, et billet enfant/jeune à 4 €. Château-Musée de Senonches 1 rue du Château, 28250 Senonches 02 37 37 80 11 chateau-senonches.fr Du mardi au dimanche de 10 h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h. Entrée pour l’exposition permanente : 6 € par adulte, 4 € par enfant de 7 à 17 ans.

INFOS PRATIQUES

Y ALLER L’Eure-et-Loir est accessible en train depuis Paris en 1 heure grâce à la ligne Paris-Le Mans. Les gares desservies sont Maintenon, Chartres et Nogent-le-Rotrou. Par la route, l’A11 traverse le département en plein centre, via Chartres, IlliersCombray et le Perche. Sinon la N12 relie Paris à Dreux.

RENSEIGNEMENTS Eure-et-Loir Tourisme tourisme28.com

À LIRE Les Nouveaux Mystères de Chartres, par Christophe Ferré (éd. Salvator, 2023) Du côté de chez Swann, par Marcel Proust (éd. Gallimard) Louis-Philippe, le dernier roi des Français, par Arnaud Teyssier (éd. Perrin, 2010)


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Cap au sud

LA CIOTAT À l’entrée du parc national des Calanques, La Ciotat a des voisines renommées : Marseille, Cassis, Bandol… Du coup, on passe parfois à côté de cette ville côtière sans se douter un instant des trésors qu’elle renferme. Ce « petit » port pittoresque, construit comme un amphithéâtre sur la mer, est le berceau de la pétanque, le gardien des souvenirs du cinéma d’antan… Depuis quelques années, La Ciotat se réveille, valorise son patrimoine et, croyez-nous, c’est un spectacle qui vaut le détour.

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Texte & photos \ Clotilde Boudet (sauf mentions)


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epuis la gare de La Ciotat, pour rejoindre le port, on longe un littoral qui sent bon les vacances. Quand enfin sa silhouette se dessine à l’horizon, c’est la surprise : un large portique en métal, des grues, des yachts aux mensurations impressionnantes… Les novices s’étonnent : c’est donc ça, La Ciotat ? Pas le genre de carte postale qu’on imaginait. Et pourtant, si l’on marche jusqu’à l’Office de tourisme, que l’on dépasse l’ancien Hôtel de Ville… la voilà, la carte postale ! Le soleil se reflète dans les eaux du Port-Vieux où flottent de petites barques colorées. Face à nous, le quai Ganteaume étale ses terrasses. Avis aux amateurs d’ambiances authentiques, d’accent chantant et de nature : « la cité » est un diamant brut qui mérite notre attention. —

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En parlant d’accent chantant, commençons par préciser un « détail » qui nous a été plusieurs fois répété : non, les Ciotadens n’ont pas le même accent que les Marseillais. Cela étant dit, comme la cité phocéenne, La Ciotat est 100 % tournée vers la Méditerranée. C’est bien simple : la renommée du chantier naval de la ville est internationale. Ce sont environ une centaine de méga-yachts (plus de 50 m) qui y transitent chaque année. Mais l’histoire du lieu remonte au XIXe siècle. C’est là, dans le port de La Ciotat, qu’est né en 1826 le premier paquebot à vapeur français de la Méditerranée : le Phocéen I. Fermé en 1988, le chantier naval doit son présent florissant à la détermination de 105 irréductibles ouvriers. Leurs dix années de lutte sont la preuve ultime de la fierté qu’éprouvent les Ciotadens pour leur patrimoine.

1 RESTAURANT AU CHANTIER Lorsqu’on arrive sur le vieux port de La Ciotat, on ne peut pas rater le restaurant Au Chantier et son immense terrasse surplombant les bateaux. Été comme hiver, le spectacle nous ferait presque oublier ce

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EN 2022, LE CHANTIER NAVAL A INAUGURÉ « ATLAS », UN ASCENSEUR À BATEAU CAPABLE DE SUPPORTER 4 300 TONNES

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HISTOIRE(S) DE BATEAUX

qu’il y a dans nos assiettes : une cuisine de bistro simple et généreuse. Qu’on vienne pour cette cuisine faite à partir de produits locaux ou pour les cocktails signatures, Au Chantier, tout s’assaisonne d’une vue imprenable sur la mer. Service du mardi au samedi, midi et soir & le dimanche midi.


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Rassurez-vous, si la proximité d’une telle entreprise a causé quelques remous (littéralement) dans le passé, ça n’est plus le cas aujourd’hui. En quatre jours sur place, nous n’avons pas entendu le moindre coup de marteau ! Aux abords de la marina, la mélodie la plus persistante reste celle du Mistral sifflant entre les mats des voiliers. En fait, La Ciotat est une terre de contrastes. Agréable toute l’année, elle est particulièrement paisible hors saison. Il suffit de se promener au hasard dans ses ruelles

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ombragées pour le comprendre. Assurez-vous d’aller sur la place Sadi Carnot, avec son magnolia centenaire adossé à l’église de l’Assomption, mais aussi sur la place Évariste Gras où trône l’ancien marché couvert. Un passage par la chapelle des Pénitents bleus s’impose, elle accueille des expositions gratuites toute l’année. Ne reste ensuite qu’à vous attabler au café de l’Horloge pour profiter de l’atmosphère de la rue des Poilus, artère commerçante principale du Vieux-La Ciotat.

LA CIOTAT EST UNE CITÉ PORTUAIRE AVANT D’ÊTRE UNE STATION BALNÉAIRE. ÉTÉ COMME HIVER, SON AGENDA CULTUREL EST DONC BIEN REMPLI !


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2 CULTURE LES BARQUETTES La barquette en bois est LE bateau provençal par excellence ! Incarnation d’un savoir-faire naval ancestral, bien sûr qu’elle occupe une place de choix dans le Port-Vieux de La Ciotat ! Avec leur coque pointue, à la proue comme à la poupe, les barquettes arborent des couleurs chatoyantes. Ce patrimoine maritime est notamment protégé par l’association Carènes. Avec le soutien des collectivités locales, elle organise régulièrement des sorties en mer et des événements festifs.

3 RENCONTRE LE GARDIEN DU GOLFE On dit souvent que les rencontres font les voyages. Des personnages aux destins fascinants, prêts à vous raconter mille et une anecdotes, La Ciotat n’en manque pas ! Gérard Carrodano, Premier prud’homme de pêche de La Ciotat, est un de ceux-là. Ancien champion de chasse sous-marine, il s’est reconverti dans la capture de spécimens vivants. Il

les acclimate puis les vend à des établissements publics. Paul, le poulpe devin du mondial de football 2010, c’est lui ! « J’ai passé la moitié de ma vie à flinguer des poissons, nous explique-t-il, aujourd’hui, la seule fois où je pique un poisson c’est avec une aiguille, pour le soigner pendant la remontée. » Véritable lanceur d’alerte, Gérard connaît le golfe par cœur. Il a notamment lutté contre l’amarrage aléatoire dans la baie de La Ciotat.


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TERRE D’INSPIRATION On ne sait pas si c’est le bon air de la mer ou les paysages grandioses des Calanques, mais nombreux sont les habitants, permanents ou passagers, a avoir été inspirés par La Ciotat. Saviez-vous que la ville héberge le plus vieux cinéma en activité du monde ? Logique, puisque c’est ici que les frères Lumière ont testé pour la première fois leur cinématographe. L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, mini-documentaire de 50 secondes tourné en 1896, est un des premiers films de l’histoire. Si La Ciotat est le lieu de naissance du cinéma, l’Éden Théâtre est son berceau. Cette salle obscure a accueilli sa première séance en 1899 ! Autant dire qu’elle en a vu passer des spectateurs… On nous affirme même que « la moitié de La Ciotat a rencontré l’autre sur le balcon de l’Éden ». Aujourd’hui, ce petit cinéma classé Art et Essai est géré par l’association Les Lumières de l’Éden. Projections quotidiennes, ateliers pour enfants, visites guidées, lieu d’accueil de plusieurs festivals… C’est certain, l’Éden Théâtre n’a pas fini de faire se rencontrer voyageurs et locaux.

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AUJOURD’HUI, LA SALLE DE CINÉMA DE 208 PLACES DE L’ÉDEN THÉÂTRE EST CLIMATISÉE ET JOLIMENT HABILLÉE DE ROUGE.

4 SHOPPING QUEL POT ! Romain et Marie ont été entrepreneurs à Paris avant de fondre pour La Ciotat. D’un côté, Romain a fondé Vuur, un « labo créatif de bougies et parfums d’intérieur » ; de l’autre, Marie a imaginé Odile Atelier, un atelier (créatif lui aussi) de plantes d’intérieur. Le couple a réuni ses deux ­bébés

dans une même boutique : Quel pot ! Pour ses créations, dont l’odeur est divine, Romain utilise des matières premières biosourcées. Quant à Marie, elle transforme des contenants chinés chez Emmaüs en terrariums. Deux esprits inspirés unis par la même passion : concevoir de la décoration vivante et colorée. 1 rue des Combattants, 13600 La Ciotat


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Lorsque vous déambulerez dans le jardin public de la ville, vous tomberez nez-à-nez avec des sculptures retraçant l’histoire de La Ciotat. Cette histoire, elle vous emmène sous les platanes du fameux Jules dit « Lenoir », commerçant à La Ciotat, où l’on tire et où l’on pointe avec dextérité. Ici, on ne rigole pas avec la pétanque ! Née à La Ciotat au début du XXe siècle, ce sport doit son invention aux rhumatismes du fameux Jules Le Noir. Contraint de rester assis, l’homme joue les pieds « tanqués », un mot provençal signifiant « immobile ». Pour les plus impatients « d’aller au bouchon », le boulodrome le plus proche du Port-Vieux se trouve juste derrière l’Office de tourisme, au niveau du parking Bérouard, face à la Méditerranée.

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L’ASSOCIATION JULES LE NOIR ORGANISE DE NOMBREUX TOURNOIS DE PÉTANQUE SOUS LES PLATANES DU BOULODROME OÙ EST NÉ CE SPORT 100 % PROVENÇAL

5 HÉBERGEMENT MAISON ACACIA Elle a le confort d’un hôtel, la convivialité d’un gîte et ce petit quelque chose de « comme à la maison ». Imaginez : deux anciens Parisiens achètent en 2020 une superbe demeure du XVIIIe située au cœur du quartier historique de La Ciotat. Aujourd’hui le cachet de l’ancien y rencontre le confort contemporain. Ici, c’est le charme que l’on retrouve dans

les détails… Impossible de rester insensible à la décoration choisie par Léa et Tom ! Leur Maison Acacia comprend quatre chambres (bientôt cinq), trois étant pensées comme des studios. Vous ne vous sentez pas de cuisiner ? Pas de souci, le couple vit avec ses deux enfants aux derniers étages de la maison et n’est avare ni en sourires ni en bonnes adresses ! 9 rue Maréchal Joffre 13600 La Ciotat


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LA BAIE DE LA CIOTAT A ÉTÉ ÉLUE “PLUS BELLE BAIE DU MONDE” EN 2019 PAR LE CLUB DU MÊME NOM


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BAINS DE NATURE Porte d’entrée aux 520 km² du parc national des Calanques, La Ciotat s’entoure de paysages renversants. Directement accolée à la ville, la calanque du Mugel abrite un « Jardin remarquable » de 12 hectares, le parc du Mugel, dans lequel le maquis fait la rencontre d’une forêt de chênes verts, d’un jardin exotique ou encore d’une palmeraie… Accessible à pied depuis le Port-Vieux (comptez vingt minutes de hauts et de bas), l’endroit accueille un belvédère culminant à 82 mètres. Ce lieu hors du temps offre l’occasion d’un têteà-tête avec l’horizon, entre le vert profond de la végétation, les teintes chaudes des falaises et les bleus changeants du ciel et de la mer. Figuerolles, dont le nom désigne en provençal la culture de figuiers, est encore plus proche :

LES CALANQUES DE LA CIOTAT SE DISTINGUENT DE CELLES DE MARSEILLE ET CASSIS PAR LA ROCHE QUI LES COMPOSE : LE POUDINGUE. dix minutes de marche et un grand escalier plus tard, les eaux turquoise de la Méditerranée viennent lécher une petite plage de galets. Vous en voulez encore ? À moins de deux kilomètres à l’ouest, un petit chemin mène à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Garde. La vue plongeante sur le port de La Ciotat, le Bec de l’Aigle et l’archipel du Riou y est époustouflante.


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6 HÔTELRESTAURANT CHEZ TANIA Deux hectares de nature et un petit hôtel-restaurant au panorama sublime… Bienvenue dans la République indépendante de Figuerolles ! Cette folle aventure a débuté en 1956, quand Tania et Igor, les grands-parents exilés russes de l’actuel propriétaire, ont posé leurs valises dans la calanque. La république autoproclamée persiste depuis, gardienne des beautés fragiles de la calanque. Chez Tania, le cadre est magique, l’ambiance familiale, la cuisine régionale… D’ailleurs, la légende raconte que l’on peut payer son repas en figues. Côté logement, ils sont simples mais parfaits pour déconnecter du quotidien ! Ouverture de la saison estivale en avril 2024

© Moreno 01

7 POINTS DE VUE LA ROUTE DES CRÊTES Cette longue route sinueuse traverse le parc national des Calanques, de La Ciotat à Cassis. Les nombreux belvédères et points de vue qui la jalonnent invitent les voyageurs à ralentir. On ne se lasse jamais de ce genre de panorama. Pour les marcheurs, cet itinéraire s’entoure de nombreuses randonnées au niveau varié. Celle des Falaises Soubeyrannes est facile, avec ses 2,6 km et ses 150 m de dénivelé. Pour les plus courageux, la Boucle 394 serpente sur 9 km avec 460 m de dénivelé.


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La Ciotat et ses calanques s’admirent aussi depuis la mer. En partant vers le large, on prend toute la mesure de la beauté de la baie. Le littoral s’étale d’est en ouest, du chantier naval de La Ciotat aux plages de Saint-Cyr-sur-Mer, dans le Var. À l’extrémité méridionale des falaises Soubeyranes, le Bec de l’Aigle et son profil, ciselé par le vent, veillent sur ce joli tableau. À portée de ses serres rocheuses, l’île Verte semble flotter sur l’eau. « Une forêt en pleine mer », voilà comment nous est dépeinte cette petite île dont les seuls habitants sont les « gabians » (les goélands en provençal). D’avril à octobre, une navette fait la traversée quotidiennement depuis le Port-Vieux en seulement quinze minutes. Les plus audacieux tenteront la traversée en canoë-kayak ou en paddle. Sur place, on se laisse émerveiller par la richesse de cet éden miniature : des petites criques, deux plages, un restaurant et des chemins de randonnée… N’oubliez pas masque et tuba pour découvrir les riches fonds marins de l’île !

LE SÉMAPHORE DU BEC DE L’AIGLE DOMINE LA CIOTAT ET L’ÎLE VERTE. GARDIEN DU LITTORAL PROVENÇAL DEPUIS DES SIÈCLES, C’EST AUJOURD’HUI LE SEUL ENCORE EN ACTIVITÉ DANS LE PARC NATIONAL


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8 ACTIVITÉ LES PLAGES

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Si les Calanques de La Ciotat accueillent des plages de galets, les 7 kilomètres de littoral de la ville offrent de nombreuses plages de sable et de graviers. Elles se suivent, mais ne se ressemblent pas ! La Grande Plage est mi-publique mi-privée, la plage Lumière est idéale pour les enfants en bas âge, on peut louer des kayaks sur celle de Saint-Jean et celle de Cyrnos se distingue par son label Pavillon bleu obtenu l’année dernière. Vous voulez éviter la foule ? La plage Arène Cros, avec sa roche lisse, est sans doute la moins fréquentée.

L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DEL’ASSOMPTION, VÉRITABLE EMBLÈME DE LA VILLE, VEILLE SUR LE PORT-VIEUX DE LA CIOTAT DEPUIS LE XVIIe SIÈCLE

Celles et ceux qui ont la chance d’habiter ce port de caractère vous le diront : La Ciotat n’a eu de cesse de se réinventer. Avec la nomination de Marseille, en 2013, comme Capitale européenne de la culture, la ville a entamé une nouvelle transformation. Elle laisse derrière elle des années compliquées pour ouvrir une nouvelle page de son histoire. L’objectif était clair : valoriser le patrimoine et donner à voir le

vrai visage de La Ciotat, celui d’une ville attrayante, authentique et en mouvement. Au fil de notre séjour, de la Voie douce aux plages, en passant par les Calanques et les chapelles du Port-Vieux, nous avons été témoins de cet élan de vie. La Ciotat parait renaître, se rapprochant de celle qu’elle fut autrefois. Celle qu’Alphonse de Lamartine décrivait en 1835 comme « un mélange de grâce et de force ». —


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CARNET D’ADRESSES É

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Chez Tania figuerolles.com À partir de 150 € la nuit.

puristes se rassurent, les deux compères proposent tout de même une petite sélection de vins ! Menu à partir de 42 €, accord mets-cocktails à partir de 21 €. © DR

SE LOGER

Vieux Port détient le label Clef verte, le premier label de tourisme durable pour les hébergements touristiques. À partir de 115 € la nuit.

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Best Western Premier Hôtel Vieux Port bestwestern.fr Cet hôtel 4 étoiles jouit d’une situation idéale, il vous accueille sur le Port-Vieux, offrant à certaines chambres une jolie vue mer. Mais le panorama le plus convoité de l’établissement se trouve au dernier étage, sur le toit-terrasse, où une piscine extérieure chauffée vous offre toute l’année une vue plongeante sur la Méditerranée. L’hôtel Best Western Premier

SE RESTAURER

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Maison Acacia Curiosity & town house maison-acacia.com À partir de 90 € la nuit.

Osmose osmose-restaurant.fr Le restaurant des jeunes chefs Gabriel Mietz et Johan Combes a un an depuis le début de l’année. Le concept de ses amis de dix ans est original : en plus de proposer des accord « mets et cocktails », leur carte est un mystère. Ici, on se laisse guider par les inspirations gourmandes de Gabriel. En cuisine, il concocte à ses convives des plats de saison élégants tandis que, derrière le bar, Johan fait « de la cuisine liquide ». Il conçoit ses cocktails avec des sirops faits maison. Que les

Le Rose Thé hotel-rosethe.com Cet hôtel-restaurant emblématique de La Ciotat se trouve à deux pas des plages. Depuis les années 30, il cultive l’art de vivre à la ciotadenne. Une terrasse arrondie face à la mer, une décoration vintage et végétalisée, une cuisine gourmande et colorée, un caractère affirmé… Le Rose Thé est un de ces établissements dans lequel on sent vibrer une âme ancienne. On y a mangé un poulpe grillé généreusement accompagné de légumes rôtis aux saveurs méditerranéennes, mais on aurait aussi bien pu se contenter d’un des cocktails « créations singulières » de la maison. Plats à la carte à partir de 25 €.

Dit-Vin leditvin-desflotsbleus.fr Ce sont Léa et Tom, de Maison Curiosité, qui nous ont conseillé cette adresse. Un bar à vin installé dans les halles des Flots bleus, cet ancien casino transformé par la ville en 2022 en un vivier de gourmandises. Parmi elles, les planches de tapas du Dit-Vin, qui accompagnent parfaitement les nombreux vins proposés à la dégustation. On y déguste des crus renommés et l’on y découvre des pépites méconnues. Au Chantier auchantier.fr Plat à la carte à partir de 27 €.

À FAIRE — À VOIR

Arpenter l’île Verte laciotat-ileverte.com En juillet et août, les traversées ont lieu toutes les heures de 9 h à 18 h. En avril, mai, juin


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INFOS PRATIQUES

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et septembre, la plage horaire est restreinte de 10 h à 17 h. Comptez 14 € par adulte et 9 € par enfant de moins de 10 ans pour un aller/ retour avec la navette.

Aller au cinéma edencinemalaciotat.com Impossible de résister à l’envie de s’asseoir dans les fauteuils en velours rouge de l’Éden Théâtre. Les films mis à l’affiche changent toutes les semaines. Le billet plein tarif vous coûtera 7,50 €. Les visites d’1 h 30, organisées les mercredis et samedis à 14 h 30, sont gratuites pour les moins de 12 ans. Pour les autres, le billet est à 5 €.

Acheter du savon artisanal lsdcby1688.com L’atelier-boutique de Philippe Stettler vous attend sur le port de La Ciotat. Dans cette savonnerie artisanale baptisée Le Savonnier des Calanques, on achète des savons solides ou liquides réalisés exclusivement à l’huile d’olive. Philippe collabore avec des domaines viticoles et des producteurs d’huile d’olive et d’huiles essentielles, en leur fabriquant des gammes cosmétiques à partir de leurs ingrédients et à leur nom. Faire de la plongée sous-marine gpes.fr Nombreux sont les clubs de plongée installés à La Ciotat, mais le GPES est à part… Il a intégré le Guinness Book en 2022

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comme « plus vieux centre de plongée du monde » ! Envie de faire votre baptême de plongée dans les riches eaux de la baie de La Ciotat ? Il vous en coûtera 45 € tout compris.

Le trajet en train le plus rapide, au départ de Paris, vous amène à la gare de La Ciotat-Ceyreste en moins de 4 heures. On prend le TGV jusqu’à Marseille, puis l’on rejoint La Ciotat en TER.

RENSEIGNEMENTS destinationlaciotat.com

À LIRE

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Y ALLER

Visiter les Calanques On ne vient pas à La Ciotat sans visiter les Calanques ! Elles sont libres d’accès toute l’année (sauf conditions météorologiques défavorables). Vous pouvez également opter pour une découverte par bateau, ou avec un guide. Rendez-vous à l’Office de tourisme pour en savoir plus.

Pour se mettre l’eau à la bouche, vous pouvez feuilleter La Ciotat Instantanés publié aux éditions Hervé Chopin en mars 2023. Ce joli livre coloré est une véritable ode à La Ciotat créée par soixante photographes inspirés.


© Matej Kastelic

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Redécouvrir la ville ocre

MARRAKECH À l’ombre de la Koutoubia, fière et permanente, la cité impériale du centre du Maroc change. Marrakech est en transformation perpétuelle sans jamais laisser tomber son âme profonde. Sur une trentaine de pages, voici en quoi cette ville bouillonnante n’en finit pas d’évoluer, et en quoi elle est toujours la même.

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Texte & photos \ Léonore des Cèdres (sauf mention)


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Rabat Casablanca MAROC

Marrakech ALGÉRIE

© Jon Chica

Désert d’Agafay

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l n’y a pas que Rome d’éternelle. Marrakech l’est aussi. Telle une toile aux teintes chatoyantes, elle offre une expérience sensorielle inoubliable. Les ruelles labyrinthiques de la médina dévoilent des trésors cachés, des échoppes d’épices aux étals de tissus multicolores, où les parfums envoûtants de la menthe fraîche se mêlent aux effluves sucrés des fruits séchés. Chaque pas résonne comme une invitation à découvrir l’âme de la ville, entre modernité émergente et héritage préservé. Étendue au pied des sommets enneigés de l’Atlas, elle est une oasis culturelle, où l’hospitalité chaleureuse des habitants se mêle à la splendeur des traditions ancestrales. Mais Marrakech est aussi une ville qui bouge, où tout évolue en permanence. L’hôtellerie y est plus vivace que partout ailleurs dans le pays, la restauration se métamorphose au fil des nouvelles tables qui éclosent. Revenir à Marrakech pour la deuxième ou la énième fois se transforme alors en un jeu de piste pour rechercher les nouveautés qui en font une destination branchée. C’est pourquoi nous revenons vers elle une nouvelle fois. Depuis la reprise du tourisme après la pandémie, la scène gastronomique et hôtelière a repris de l’ampleur. De nouvelles adresses apparaissent sans cesse, et de grands sites comme le palais de Bahia, les Tombeaux saadiens ou la medersa Ben Youssef ont été rénovés ces dernières années. L’occasion de repasser du temps dans la ville ocre, en s’imprégnant de nouveau de son atmosphère unique et de sa richesse culturelle. De la médina au désert d’Agafay en passant par Guéliz et la palmeraie, ces pages vous délivrent tout un tas de nouveautés, de belles adresses presque jamais vues, histoire de vous donner une nouvelle vision de la plus célèbre ville du Maroc ! —


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La médina a tenu bon. Elle qu’on croit si vieille et fragile a peu souffert du séisme du 8 septembre 2023. À peine quelques murs fendus, déjà raccommodés. Enfermée dans une ceinture de hauts remparts, on y entre par des portes monumentales qui mènent à ce lacis de ruelles célèbre dans le monde entier. La médina de Marrakech est la plus grande du Maghreb. 230 000 personnes vivent dans ce dédale qui s’étend sur 600 hectares. Tout commence souvent sur la place Jemaa-el-Fna. Cette vaste esplanade triangulaire est un théâtre à ciel ouvert où se croisent des charmeurs de serpents, des vendeurs de jus de fruit et des diseuses de bonne aventure. Les premières rues qui partent de la place sont investies par les souks, interminable marché couvert où tout se vend et s’achète à des prix rarement fixes. Il en faut, du caractère, pour tenir tête aux marchands locaux prêts à vous vendre tout et n’importe quoi à des prix parfois un peu fous. À Marrakech, le marchandage est un sport, aussi fatiguant qu’amusant. Mais plus on s’enfonce dans la médina, plus l’atmosphère se détend et la foule s’amenuise. Il faut errer jusqu’à loin dans cet entre-

© Raul Cacho

UN LABYRINTHE BIEN SOLIDE

lacs de ruelles pour trouver un peu de tranquillité et quelques adresses intéressantes. Le jardin secret en est une, sorte d’oasis de verdure bien cachée derrière de hauts murs dans la rue Mouassine. On aime aussi jeter un œil à la charmante maison de la photographie. Elle occupe un ancien foundouk (caravansérail) et expose de vieilles images du Maroc de 1880 à 1960.


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1 HÉBERGEMENT RIAD LE RIHANI

famille, la vie s’organise autour de la piscine rafraîchissante de son patio central, sous de superbes orangers, ou sur son rooftop où vous adorerez lézarder sur les deux grands sunbeds à disposition tout en profitant des couchers de soleil et d’une vue

imprenable sur les toits de Marrakech. Après une longue journée de marche, les rituels du hammam et les soins proposés au spa garantissent des moments de détente et de relaxation dans un cadre authentique. Le soir venu, à la lueur des bougies, la chef

Habiba prépare des plats typiques du Maroc à partir de produits frais et locaux. Pour éviter d’attendre lors du service, on vous demandera sûrement de commander en avance certaines spécialités qui nécessitent un temps de cuisson plus long. riad-rihani.com

© Martin Kloster

© Riad Le Rihani

© Alami Photography

© Coralie Rabadan

Situé au cœur de Marrakech, le Rihani offre une expérience authentique et apaisante au cœur de la médina, au fond d’une impasse éloignée du tumulte des souks et des

échoppes. Dès votre arrivée, les équipes de Coralie, directrice de l’établissement, sont aux petits soins pour vous. Le riad dispose de dix chambres, dont une suite familiale tout en longueur que nous avons testée… et approuvée ! Pensé comme une maison de

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2 EXPÉRIENCE MARRAKECH INSIDERS

© Simon Saliot

Voilà quelques années que l’on croise en ville de jolis side-cars arrimés à de vieilles motos. La société Marrakech Insiders propose des visites guidées, à moto donc, pilotées et guidées par de bons connaisseurs capables de se faufiler dans les ruelles sans jamais perdre leur chemin. Deux nouveaux itinéraires sont lancés au printemps 2024. Le premier est un Iconic Ride de trois heures sur les pas d’Yves Saint Laurent. Il passe par un lieu de rencontre de la jet set des années 70 dans le quartier de Guéliz, ou par une étonnante maison Art déco cachée dans la palmeraie. Le nouveau Jewish Heritage Ride, quant à lui, dure aussi trois heures et croise une ancienne école juive de Guéliz et une ancienne synagogue du Mellah (toutes deux habituellement fermées au public) et vous immerge dans l’histoire de la communauté séfarade de la ville. Marrakech Insiders continue son exploration des petits recoins méconnus et devient chaque jour un peu plus pointue sur la qualité de ses visites. marrakechinsiders. com/fr/


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© Atosan / Shutterstock.com

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LE RENOUVEAU DE LA MEDERSA Même les locaux n’y croyaient plus. Pourtant, la voilà de nouveau accessible ! En plein cœur de la médina, la medersa Ben Youssef a fini par rouvrir ses portes après plusieurs années de rénovation. Fondée au XVIe siècle, c’était à l’époque la plus grande école coranique d’Afrique du Nord. Près de 900 étudiants s’entassaient et étudiaient le livre saint dans cet édifice resplendissant qui méritait une profonde restauration. On le redécouvre aujourd’hui plus lumineux qu’avant. Une fois sorti du sombre couloir d’entrée, apparaît une magnifique cour intérieure centrée sur un bassin rafraîchissant. Les colonnes massives, les murs de zelliges, les linteaux de bois de cèdre et les stucs ciselés sont une illustration de l’architecture arabo-andalouse à son firmament. Au fond se trouve le mirhab, dans un

APRÈS DE LONGS TRAVAUX DE RÉNOVATION, LA MEDERSA BEN YOUSSEF A ROUVERT AUX VISITEURS, PLUS SPLENDIDE QU’AVANT angle central de la salle de prière. À l’étage, on déambule de cellule en cellule. C’est dans ces pièces minuscules et fermées par de lourdes portes de bois que vivaient les étudiants. La plupart ont des petites fenêtres donnant sur la cour centrale qui fait aussi office de puits lumineux. La finesse des restaurations a rendu sa splendeur à la medersa, qui a été inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1985 avec toute la médina de Marrakech.


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3 HÉBERGEMENT RIAD XO

© Riad XO

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Tout beau tout neuf, ce magnifique riad vient d’ouvrir sa belle porte en décembre 2023. Elle donne sur une petite rue très calme dans le Derb Hart-Essoura. Ici, au beau milieu de la médina, on croise peu d’étrangers, surtout des locaux qui vivent en famille, loin du brouhaha du souk et de la place Jemaa-el-Fna. Patrick Artaud et Stéphane Dollmann, les deux nouveaux propriétaires, ont voulu faire de cet endroit un repère lumineux et original. Pari gagné. Une fois passé le beau tunnel qui amène vers l’intérieur du riad, la lumière apparaît. On découvre alors deux patios arborés, séparés par un salon d’accueil qui sert de réception. Une atmosphère de maison traditionnelle marocaine se dégage. Mais le designer marocain Soufiane Aissouni a réussi à mêler l’ancien et le nouveau sans surcharger l’ensemble. Les murs blonds, les angles ronds et la verdure omniprésente donnent une agréable sensation de sérénité. Les douze chambres et suites sont réparties autour des deux patios. La suite n° 7 qui nous est attribuée est située à l’étage. Elle revêt des tons jaunes qui donnent de la chaleur à la pièce, et la tête de lit inspirée des moucharabiehs est là pour ajouter une ambiance clairement orientale. Pour grimper dans les étages du riad, divers escaliers qui s’entremêlent ajoutent du mystère à l’endroit. Un petit bassin permet de se rafraîchir lors des journées les plus chaudes, et de larges sofas invitent à une sieste à l’ombre des palmiers. Au dernier étage, d’autres espaces de détente sont disséminés, ainsi qu’un jacuzzi pour d’autres moments de relaxation. C’est aussi au dernier étage que se trouve le restaurant. Nous y prenons nos petits déjeuners traditionnels marocains, mais il est aussi possible d’y dîner. La carte propose une sélection de plats typiques concoctés par Abdel Hafid Aitchiba, ancien chef du célèbre riad El Fenn. Il ne cuisine que des produits frais et bio, ce qui rend ses tajines, couscous et pastillas remarquables, surtout dans ce cadre surélevé, un peu plus près des étoiles. riadxo.com


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© It’s Me Louis Photography

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4 RESTAURANT DARDAR Son entrée est très discrète. À égale distance de la place Jemaa-el-Fna et de la place Mellah, il faut avoir l’œil pour trouver la porte qui mène à ce restaurant divisé en plusieurs

niveaux. Les cuisines sont au premier étage. Une jolie salle déjà panoramique est au deuxième niveau, avec son plafond blanc, ses couvertures de femmes du sud du pays transformées en assises, et des haïks colorés en guise de coussins. Tout ici respire le Maroc tradi-

tionnel, avec un twist bien d’aujourd’hui. Mais la vraie surprise est au dernier étage. Un magnifique toit-terrasse offre une vue à 360° sur toute la médina. On s’installe sur des tables en zelliges, éclairées par des lustres finement ciselés, pour déguster un Kulchi ou un Yallah parmi

les cocktails signatures de la carte. Au son du DJ qui ambiance toute la terrasse, il est agréable de manger avec la Koutoubia en ligne de mire. Le menu aligne un tartare de thon rouge ou un ceviche aux agrumes. Nous avons opté pour un joli assortiment de briouates, suivi d’un tajine

de poulet au citron avant de terminer par un fondant au chocolat. Un grand écart des saveurs entre le Maroc et la France, dans un cadre dingue, en lévitation au-dessus des toits du tout-Marrakech. L’un des plus beaux rooftops de la ville. rooftopdardar.com


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© Mazel

5 RESTAURANT MAZEL Pour un déjeuner rapide dans une ambiance survoltée, optez pour Mazel. Ici la carte est concise, le service souriant et efficace. Sur une terrasse à l’ombre mais en pleine effervescence, on grignote surtout des pitas ou des bowls, auxquels s’ajoutent quelques plats plus habituels. Le pita falafel est très épais et gourmand, avec des falafels heureusement peu secs et presque fondants. Les tajines sont parfaitement dosés pour un déjeuner. L’addition est inoffensive dans les deux Mazel de la ville, l’un sur la place des Ferblantiers, et l’autre rue Fatima Zahra entre Dar el Bacha et la Koutoubia.

© Otto

6 RESTAURANT OTTO À deux pas du palais de la Bahia, ce petit restaurant tout neuf est déjà sur la carte des spots les plus branchés de Marrakech. Ici aussi l’entrée est discrète, et tout se passe à l’étage. Un long escalier mène à une première salle centrée sur un jeune bananier éclatant. Au-dessus, un rooftop accueille d’autres tables avec une vue agréable sur la médina. La déco très douce et épurée, sans angle droit, vous fait presque vous sentir en Grèce. La carte respire d’ailleurs la Méditerranée avec des aubergines gratinées persillade au zaatar, ou un risotto à l’encre de seiche et noix de Saint-Jacques. Une originale sélection de mocktails arrose le tout. Nous avons aimé.


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7 HÔTEL VILLA DES ORANGERS C’est une merveille bien cachée. En lisière de la médina, à deux pas de la Koutoubia, ce magnifique cinq-étoiles est une sorte de palais qui vit hors du temps. Un notable de Marrakech fit construire

cette grande maison dans les années 30 et y resta jusqu’en 1998. Descendre ici c’est faire un pas de côté, sans quitter le cœur battant de la ville. Un premier patio planté de magnifiques orangers nous fait comprendre le nom de l’hôtel exploité par le groupe Millésime. Derrière, une grande cour intérieure

comprend un second jardin verdoyant et surtout une belle piscine centrale. 32 chambres et suites sont réparties dans ce grand riad que l’on met du temps à apprivoiser tellement il contient de recoins cosy, de replis charmants ou de salons presque cachés. La carte du restaurant peut se déguster à l’ombre

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des orangers ou au bord de la piscine. Nous nous sommes installés dans l’un des salons d’hiver avec cheminée pour goûter à une raviole de langoustine et pomme sur un jus émulsionné, puis à un filet de Saint-Pierre cuit à la vapeur de citron confit avant de terminer par un tartare de fruits rouges

à l’estragon. Le chef sait parfaitement entremêler les saveurs françaises et marocaines pour créer des plats pleins de couleurs et de parfums. Si l’on ajoute le service irréprochable, on comprend que cette belle Villa des orangers soit un fier membre du réseau Relais & Châteaux. villadesorangers.com

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© Hamza Makhchoune / Shutterstock.com

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© Rumman Amin

LE MINARET DE LA KOUTOUBIA SE DRESSE AU CŒUR DE MARRAKECH DEPUIS LA FIN DU XIIE SIÈCLE LA KOUTOUBIA, UN PHARE POUR TOUTE LA VILLE Au cœur de la vibrante Marrakech se dresse la mosquée de la Koutoubia, témoin silencieux de l’histoire riche du Maroc. Cette merveille architecturale est un rappel de la grandeur passée de la dynastie almohade. Sa construction remonte au XIIe siècle. Elle doit son nom à sa situation centrale dans la ville, à l’endroit d’un ancien marché de manuscrits. Koutoubia signifie « livres » en arabe. Ce lieu autrefois entouré de librairies et de vendeurs de parchemins était un centre intellectuel animé. Aujourd’hui, la mosquée est surtout le nœud de toute la ville. Elle est au croisement de la médina et de la ville nouvelle. Le minaret perce le ciel avec ses 77 mètres de haut. Construit en grès rouge, il est richement décoré de motifs géométriques et de calligraphies gravées, témoignant du raffinement a­ rtistique

de l’époque almohade. Il vient de subir quelques travaux après avoir souffert de dommages lors du séisme de septembre 2023. L’intérieur de la mosquée est tout aussi impressionnant, avec ses vastes espaces, ses colonnes finement sculptées et ses arches élégantes. L’atmosphère paisible qui règne à l’intérieur invite à la réflexion et à la spiritualité, mais seuls les musulmans y ont accès. Pour le reste des visiteurs, il n’y a qu’à l’admirer de l’extérieur. Depuis le parc Lalla Hasna, on obtient de belles vues sur le minaret qui jaillit d’entre les palmiers. Sur les bancs bordés par des orangers touffus, des Marrakchis s’accordent une pause à l’ombre. Celle que l’on dit être une ville ocre est aussi verte, pleine de parcs dans ce genre-là pour faire le plein de fraîcheur les jours où la chaleur devient trop forte.


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DEPUIS LE PARC LALLA HASNA, ON OBTIENT DE BELLES VUES SUR LE MINARET DE LA KOUTOUBIA QUI JAILLIT D’ENTRE LES PALMIERS


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Longtemps, cet hôtel a été le Pearl. Fin mai 2023, il rouvrait ses portes sous la marque Nobu, menée par le célèbre chef Nobu, Robert de Niro et le producteur américain Meir Teper. L’hôtel a gardé son originale enveloppe tubulaire, dressée près de la place Bab Jdid, à l’entrée du quartier d’Hivernage. Le lobby d’accueil est un grand et large puits de lumière très contemporain, avec quelques touches arabisantes dans la décoration. Notre suite est la 201, située dans les coursives circulaires. Sa décoration qui mêle des touches marocaines et japonaises nous interpelle, mais nous retenons surtout l’espace. Elle se révèle particulièrement grande, avec une véritable séparation entre le côté nuit et le salon. Une petite terrasse extérieure est même accessible, protégée du soleil par des panneaux évoquant les moucharabiehs traditionnels. Au-delà de ses vastes chambres et suites, l’hôtel a l’argument de posséder trois piscines. L’une est souterraine, reliée au spa, idéale pour nager. La seconde est extérieure, au rez-dechaussée, idéale pour les jours de grandes chaleurs car pleinement ombragée. Mais le clou de l’hôtel est sans doute sa dernière piscine, circulaire, flanquée sur le toit de l’établissement. Le rooftop arrondi déploie une vue à 360 degrés sur les remparts de Marrakech, la cime des arbres qui la font passer pour une ville particulièrement verte, et le minaret de la Koutoubia qui coiffe l’ensemble. Sur cette incroyable terrasse, on déjeune, on dîne, on sirote des cocktails ou on peut simplement lézarder au soleil, entre deux baignades au son du DJ qui remue l’endroit. En moins d’un an, ce rooftop panoramique et circulaire fait déjà partie des repères branchés de la ville nouvelle de Marrakech. L’établissement tout entier a bien réussi sa transformation et ne fait pas mentir sa place dans le cercle des Small Luxury Hotels. marrakech.nobuhotels.com slh.com

© Nobu Marrakech

8 HÔTEL NOBU MARRAKECH

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LES ÎLES LAVEZZI NE SONT QUE CET AMAS DE ROCAILLES ARRONDIES ÉMERGEANT AU-DESSUS DE FLOTS TURQUOISE


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© Robson90 / Shutterstock.com

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DANS LES GALERIES DE GUÉLIZ

L’ARTISTE SÉNÉGALAIS SOLY CISSÉ EXPOSÉ À LA GALERIE 38 DE MARRAKECH

C’est le cœur moderne de Marrakech. Guéliz représente un contraste fascinant avec la médina historique. Ce quartier connu pour son architecture coloniale et ses avenues bordées de palmiers est le centre de la vie contemporaine et artistique de la ville. Les galeries d’art de Guéliz, dispersées entre des cafés branchés et des boutiques de designers, présentent un panorama exceptionnel de la scène artistique marocaine et africaine en particulier. Ici, les amateurs d’art profitent d’expositions variées, allant de l’art traditionnel berbère à l’art contemporain avant-gardiste. La David Bloch Gallery, la Matisse Art Gallery ou la Galerie 127 sont des incontournables pour qui cherche à explorer le dynamisme culturel et la richesse artistique de Marrakech. Inaugurée en février 2023 dans la rue Tariq Bnou Ziad, la Galerie 38 est une jumelle de sa sœur éponyme de Casablanca. Elle représente des artistes dont la renommée est en expansion comme Abdoulaye Konaté ou Fathiya Tahiri. Dans la même rue, à peine plus loin, le L’Blassa Art Space est une adresse comprenant des salles d’exposition investies par des galeristes, mais aussi un espace de coworking qui s’adresse aux entrepreneurs, créateurs et startuppers. L’objectif est de connecter des digital nomades et des artistes pour créer une émulsion intellectuelle. Cette émulsion a longtemps manqué à Marrakech mais s’installe désormais dans Guéliz grâce à des lieux hybrides de ce genre. Ce quartier moderne devient alors un passage obligé pour les visiteurs désireux de plonger dans un monde où l’art et la modernité se rencontrent, créant un espace unique où chaque rue et chaque vitrine racontent un peu le Maroc d’aujourd’hui.


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9 RESTAURANT PÉTANQUE SOCIAL CLUB

© Petanque Social Club

Parmi les adresses toutes neuves de Guéliz, il y a ce restaurant un peu secret où l’on entre par le jardin, centré sur de beaux ficus caoutchouc. Un terrain de pétanque rappelle

l’époque où se trouvait ici le club du quartier, dans les années 30. La décoration est signée du duo Diego Alonso et Alexeja Pozzoni. Les architectes venus d’Ibiza ont cherché à donner une âme d’antan à ce restaurant sans enseigne, où l’on entre en ayant réservé par WhatsApp

auparavant. Si le jardin revêt une allure presque méditerranéenne avec ses fauteuils en rotin ou ses lustres en osier, la salle de bar respire les codes Art déco, et puis la bibliothèque arbore quelques portraits des anciens membres du club, le tout dans une ambiance rétro pleinement

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assumée et réussie. On vient au Pétanque Social Club pour goûter les cocktails signés Giles Locker, le fondateur de Soulshakers qui insuffle des saveurs locales dans ses créations. La carte propose une cuisine très orientée sur les légumes, avec une claire ligne tournée vers

la Méditerranée. Nous avons aimé le tartare d’avocat à l’huile d’olive et aux herbes fraîches ou le poulpe grillé sur un ragoût de pois chiches avec aïoli et légumes verts. Une table rafraîchissante, dans un lieu qui respire la détente, en plein cœur de Guéliz. pscmarrakech.com


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UNE PALMERAIE CINQ ÉTOILES Le « Beverly Hills » de Marrakech. Ainsi surnomme-t-on la palmeraie qui occupe près de 15000 hectares sur tout le pourtour est et nord de la ville. Cette oasis créée au XIe siècle est plantée de centaines de milliers de palmiers. Elle a longtemps servi à la production de dattes, d’huile et de vin de palme ou de bois. Depuis une trentaine d’années, c’est le tourisme qui a pris le dessus. La palmeraie a vu progressivement bourgeonner de grands hôtels, des quartiers résidentiels et des villas privées la transformant en une destination à part entière, en périphérie de la ville, avec vue sur les sommets de l’Atlas. Les plus beaux hô-

tels et les demeures les plus incroyables sont éparpillés dans ce paysage aride, piqueté d’arbres semblant faire de la résistance sous les assauts du soleil. Depuis plusieurs années, les autorités locales travaillent à la sauvegarde de cet écosystème. Elles mettent en place des campagnes de plantation de nouvelles pousses, des programmes d’agro-écologie pour les familles de cultivateurs, et de nouveaux moyens d’irrigation. La fondation Mohammed VI qui pilote ces projets fait même de la palmeraie de Marrakech un exemple d’où des leçons sont tirées et répliquées ailleurs dans le pays.

AU-DELÀ DES FAUBOURGS DE MARRAKECH, LA PALMERAIE CACHE LES PLUS BELLES VILLAS ET CERTAINS DES PLUS BEAUX HÔTELS DE LA RÉGION


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10 INSOLITE DAR EL SADAKA Ce n’est pas une maison comme les autres. Au cœur de la palmeraie, sur un domaine privé de onze hectares, Jean-François Fourtou a investi une ancienne ferme fortifiée pour en faire l’antre de ses rêves. L’artiste y a créé une drôle de villa fantastique, faite de sculptures géantes, de petits personnages et de passages secrets. On entre sur le domaine par un premier jardin et la grande piscine au bord de laquelle est posée une brebis géante hyper-réaliste. Viennent ensuite le salon où des orangs-outans sculptés jouent avec les luminaires

alors qu’en face, une sculpture de girafe grandeur nature est arc-boutée sur la longue table à manger. Tout est comme ça chez Jean-François Fourtou, en équilibre entre le réel et l’irréel. La villa compte sept suites et deux chambres doubles réparties autour d’un beau patio. Toutes ont une salle de bain attenante, et chacune tourne autour d’un thème animal représenté par une sculpture de l’artiste. Le décorateur Philippe Forestier a aussi mis sa patte pour créer un cocon de luxe et de sérénité qui se loue pour deux nuits minimum et qui peut accueillir jusqu’à 24 personnes. Madame Hassna est la cheffe de la maison. En cuisine, elle concocte

des plats marocains ou d’influences internationales. Elle utilise des légumes et des herbes aromatiques issus du potager. Sous les oliviers, ou entre les rangées de carottes et de navets, Jean-François Fourtou a disséminé des Nanitos, ses petits personnages qu’il représente avec des têtes de courges, et qui paraissent travailler la terre ou entretenir le jardin. Dar El Sadaka est un monde à part, qui se privatise pour passer des vacances originales et reposantes en famille ou entre amis. Une villa pleine d’espace et de surprises pour vivre Marrakech différemment, mais avec un service hôtelier haut de gamme. darelsadaka.com

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© Stéphane Aboudaram | WE ARE CONTENT(S)

© Maxime Dufour Photographies

DAR EL SADAKA EST L’ŒUVRE DE L’ARTISTE JEAN-FRANCOIS FOURTOU QUI S’EST ALLIÉ AU DÉCORATEUR PHILIPPE FORESTIER POUR CRÉER UNE VILLA DE RÊVE, PLEINE DE POÉSIE


© Domaine des Remparts

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11 HÔTEL DOMAINE DES REMPARTS Plus qu’une rénovation, c’est une vraie cure de jouvence. Après une série de travaux, cet hôtel indépendant situé au beau milieu de la palmeraie a rouvert ses portes en 2022 sous un nouveau jour. Dans un parc verdoyant de deux hectares, le domaine des Remparts est comme une grande maison centrée sur une magnifique piscine d’un bleu éclatant. Une fois passée la réception, on entre dans ce parc comme on entre dans un palais moderne des mille et une nuits, plein de palmiers et de pavillons dans lesquels sont réparties les chambres. Elles sont 32 précisément. La 129 est la nôtre, située au fond du jardin, dans un coin très calme, près de la tente bédouine dressée pour passer des moments conviviaux à l’abri du soleil. Il y a quelque chose de chic et de rustique à la fois dans la décoration de cette suite ouverte sur le jardin grâce à une terrasse plutôt agréable. Mobilier en bois, cheminée, lumière tamisée… l’atmosphère est aussi simple que raffinée, et confortable surtout. Mais poser ses valises quelques jours au domaine des Remparts c’est d’abord profiter d’être dehors, se reposer au bord de la piscine, sur l’un des lits balinais, ou allongé sur un transat près du second bassin, chauffé, et situé près du spa. Le service est assuré toute la journée où que l’on soit. On peut se désaltérer sans bouger, ou venir s’attabler à l’Olivier, le restaurant ouvert à l’heure du déjeuner. Le soir, en revanche, nous prenons la direction du Tibipt lorsque sonne l’heure du dîner. Le chef est aussi à l’aise avec des spécialités marocaines qu’avec des plats plus internationaux. Le ceviche de bar de ligne au citron vert et à la mangue est parfaitement acidulé, et le couscous de poulet aux sept légumes remplit parfaitement son rôle de madeleine de Proust sous nos palais alléchés. De quoi placer le domaine des Remparts parmi nos cinq-étoiles préférés de la palmeraie ! domainedesremparts.com


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ESCAPADE NATURE À AGAFAY Après un séjour à Marrakech, le corps et l’esprit peuvent avoir besoin d’une pause. Il faut rouler moins d’une heure depuis le centre-ville pour atteindre le petit hameau d’Agafay s’ouvrant sur un paysage qui s’aridise d’un coup. À partir de là plus rien ne pousse sur plusieurs kilomètres carrés. Le paysage n’est soudain plus que beauté et désolation. Le désert d’Agafay est ce petit désert situé au sud-ouest de Marrakech, où pas grand monde ne mettait un pied il y a quelques années, et devenu une destination idéale pour faire le vide, après des jours bien pleins. Plusieurs campements se sont progressivement ­installés dans

ce secteur fait de collines rondelettes, contournées par des oueds asséchés 80 % de l’année. Les maigres arbustes qui réussissent à pousser dans cet environnement hostile sont des résistants. Il n’y a que les tentes qui poussent facilement et sont toutes orientées vers les monts de l’Atlas qui se dressent au loin, saupoudrés de neige durant tout l’hiver. Le désert d’Agafay invite au calme et à la méditation. Entre ces collines de rocaille fine, l’homme se sent petit. Il peut s’asseoir et contempler à quel point la Terre est belle, à quel point le grand vide peut remplir tout un esprit. —

© Kostas Fotiadis

LES PAYSAGES VIDES DU DÉSERT D’AGAFAY RESPIRENT LA BEAUTÉ ET INVITENT À LA MÉDITATION PERMANENTE


© Marcial Gamma

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12 EXPÉRIENCE LES ROCHES NOIRES Les Roches noires, une oasis de sérénité au cœur du désert d’Agafay. Dans le paysage aride du Maroc, où le désert étend ses dunes infinies, se niche un havre de paix d’une beauté saisissante, le tout nouveau camp Les Roches noires. Situé à seulement une heure de route de Marrakech, il offre une expérience unique et authentique aux voyageurs en quête de dépaysement, loin du tumulte de la médina. Dès l’instant où l’on pose le pied dans ce campement, on est transporté dans un monde à part. L’accueil se fait autour d’un bar en plein air et, surprise, en plein milieu de ce désert aride, une jolie piscine vous tend les bras dès votre arrivée ! Les tentes berbères, élégamment décorées dans un style sorti tout droit du film Indiana Jones, offrent un univers atypique au milieu du désert. Lits douillets, poêles à bois, nattes africaines, lanternes marocaines, vieilles valises d’explorateurs et meubles en bois sculpté. Ces tentes invitent à la détente et à la contemplation. Adossées à une colline de rochers noirs, d’où le camp tire son nom, le panorama qui s’offre à vous est tout simplement magique. Quand la nuit tombe, les sommets de l’Atlas se dessinent en toile de fond. On vous garantit un moment inoubliable face au coucher du soleil, paisiblement installé sur votre propre terrasse ou confortablement lové à siroter un cocktail dans

un des vieux canapés en cuir de la tente commune. En prime et pour compléter ce moment suspendu, un feu de bois viendra réchauffer l’atmosphère. Côté restauration, la cuisine propose un véritable voyage des sens. Les chefs talentueux préparent sur place des plats à base de produits frais et locaux, mettant en valeur les saveurs authentiques de la cuisine marocaine. Les repas sont servis dans un cadre enchanteur, sous le ciel étoilé du désert, créant une atmosphère magique et romantique. Le retour à votre chambre est guidé par des chemins de lanternes qui illuminent le trajet jusqu’à votre tente dans laquelle le personnel aura pris soin d’allumer le poêle pendant le repas. Le camp Les Roches noires propose une multitude d’activités pour explorer cet environnement spectaculaire. Des excursions en dromadaire à travers les dunes, des balades en quad, des randonnées à pied pour découvrir la faune et la flore locales, des séances de yoga au lever du soleil, des soins spa traditionnels, des massages revitalisants et des séances de hammam pour apaiser le corps et l’esprit. Vous y rendre : Programmez un transfert directement avec le camp qui vous enverra un 4x4 adapté aux pistes du désert et à un tarif correct car tous les taxis marrakchis ne connaissent pas la route et n’ont pas de véhicules pour rouler sur les pistes. Scarabeo Camp reservation@scarabeocamp.com

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CARNET D’ADRESSES É Riad le Rihani 52 Derb El Arsa, quartier Kennaria riad-rihani.com La maison est située à deux pas de la place Jemaa-el-Fna. Les chambres doubles standard (18 m2) démarrent à 100 € la nuit. La suite familiale (35 m2) démarre à 200 €. Au restaurant, menu en trois services à 25 €, en deux services à 20 € et plat seul à 15 €. Hammam ouvert tous les jours de 11 h à 20 h. Soins au spa à partir de 20 €. Riad XO 12 Derb el Baroud riadxxo.com Chambres standards à partir de 95 € la nuit. Le restaurant sert les petits déjeuners puis est ouvert de 19 h à 22 h. Plats à partir de 12,50 €. Des hammams et rituels orientaux sont proposés. Soins à partir de 27 €. Nobu Hotel Avenue Echouhada marrakech.nobuhotels. com Sur les 71 suites de l’hôtel les plus petites sont les Junior, avec 46 m2 tout de même. Compter à partir de 398 € la nuit. Au restaurant du fameux

© Philippe Doignon

SE LOGER

Domaine des Remparts km 4 route de Fès vers Tallaght domainedesremparts.com Les suites Junior sont les plus petites et démarrent à 50 m2. Compter environ à partir de 260 € la nuit. Le midi à l’Olivier, plats à partir de 9 €. Le soir au Tibipt, plats à partir de 13 €. L’hôtel a aussi un spa avec des soins à partir de 22 € et massages à partir de 45 €. Dar El Sadaka darelsadaka.com La villa est privée et ne se visite pas. Elle se loue, en entier, pour des séjours de minimum trois nuits. Il y a 24 couchages répartis en sept suites et deux chambres. Un service hôtelier complet est proposé, incluant la restauration à la carte. Le site web détaille très clairement toutes les prestations. Compter 4 300 € la nuit.

Les Roches noires scarabeocamp.com Dans ce nouveau camp, il faut compter à partir de 220 € la nuit en suite supérieure double, ou à partir de 250 € en suite familiale (en demipension, c'est-à-dire avec dîner et petit déjeuner inclus). Le camp propose aussi des transferts pour Marrakech ou même Essaouira ou Casablanca, ainsi que de nombreuses activités (tour en dromadaire, balade à cheval, marche guidée, yoga, astronomie, etc.).

SE RESTAURER

Dardar Rooftop 4 Riad Zitoun Kedim rooftopdardar.com Ouvert tous les jours de midi à 2 h du matin. Réservation conseillée si vous voulez profiter du rooftop supérieur. Plats à partir de 16,50 €. Mazel 8 place des Ferblantiers ou 10 rue Fatima Zahra Ouvert tous les jours de 10 h à 20 h 30. Pitas à 4 €, bowls à 7 €. OTTO 229 rue Riad Zitoun el Jdid Ouvert de 11 h 30 à minuit. Plats à partir de 15 €. Mocktails à 7 €.

NOMAD 1 Derb Aarjane nomadmarrakech.com Un bon restaurant perché au-dessus de la place des Épices, donc une bonne alternative à l’éternel café des Épices 100 fois vu et revu. La terrasse supérieure est magnifique. Cuisine variée, soit marocaine soit méditerranéenne. Plats à partir de 12 €.

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chef Nobu Matsuhisa, une tenue correcte est exigée. Plats à partir de 20 €, sushis ou sashimis à partir de 6 € l’unité.

Azalai Urban Souk 67 boulevard el Mansour Eddahbi Un mini-restaurant dans Guéliz, mais agréable car un peu confidentiel. Le chef, Faiçal Zahraoui, est assez talentueux. Il propose des plats traditionnels marocains. Ouvert tous les jours de 9 h à 22 h. Plats autour de 12 €. Pétanque Social Club 70 boulevard el Mansour Eddahbi pscmarrakech.com Ouvert tous les jours de 8 h 30 à 1 h du matin. Le week-end jusqu’à 2 h. Plats à partir de 8,50 €.


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Blue Ribbon Guéliz Magasin #12, 96 rue Mohammed el Beqal blueribbonmarrakech.com Il s’agit du coffee shop d’une nouvelle galerie rénovée récemment. On y trouve des boissons healthy, des pâtisseries et des pains fabriqués sur place. On peut aussi y déjeuner des plats conçus uniquement à base de légumes issus d’une ferme. Une boulangerie hybride ! Ouvert de 9 h à 18 h en semaine, de 10 h à 16 h le dimanche. Casa Lalla Takerkoust Ce nouveau restaurant est situé au sud du désert d’Agafay, dans le village de Takerkoust, près du lac retenu par un barrage. Compter 40 minutes de taxi depuis

Comptoir des Mines 62 rue de Yougoslavie, Guéliz comptoirdesminesgalerie. com La galerie est ouverte du lundi au vendredi de 10 h à 13 h puis de 15 h à 19 h. Entrée libre et gratuite.

la ville. Magnifique terrasse ombragée avec vue sur le lac et les montagnes. Pizzas à partir de 16 €. Pas mal de plats à partager et d’entrées sympathiques. Atmosphère de vacances assurée. Ouvert tous les jours de 13 h à 16 h.

À FAIRE — À VOIR

Marrakech Insiders marrakechinsiders.com/fr/ Plusieurs rides sont possibles, en ville ou à l’extérieur, dans le désert ou l’Atlas. À partir de 178 € le ride d’une heure et demie en ville. Les casques sont évidemment fournis. Une expérience originale pour voir la ville autrement. Medersa Ben Youssef Depuis sa réouverture, le site est très fréquenté. Prévoir d’y aller tôt le matin pour éviter la foule qui est assez insupportable quand on fait la visite en plein milieu de la journée. L’entrée coûte environ 4 €. Maison de la photographie Rue Ahl Fes, 46 rue Bin Lafnadek maisondelaphotographie.ma Ouvert tous les jours de 9 h 30 à 19 h. Entrée 5 euros, à partir de 15 ans.

© DR / Hôtel des Princes

Plus 61 96 rue Mohammed el Beqal plus61.com L’une des tables les plus branchées de Guéliz. Tout est fait maison, même le pain, les pâtes, les yaourts ou encore le fromage. Le menu change souvent, mais en gros on y trouve des plats de diverses origines comme des gyozas à l’aubergine miso, ou une escalope de poulet au chou et à la menthe. Ouvert de midi à 15 h puis de 19 h à 22 h 30. Plats autour de 10 euros.

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Musée Macma Passage Ghandouri, 61 rue Yougoslavie, Guéliz museemacma.com Le musée d’Art et de Culture de Marrakech est bien caché au fond d’une impasse résidentielle et très tranquille. Il a ouvert ses portes en 2016. Il présente le travail d’artistes de Marrakech ou qui évoquent la ville, ou plus largement marocains. On y trouve certaines toiles intéressantes, anciennes ou contemporaines, mélangées à du mobilier ancien. Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 19 h. Entrée 6 €. L’Blassa Art Space 38 rue Tariq Bnou Ziad, Guéliz. lblassa.art Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h. Entrée libre et gratuite.

INFOS PRATIQUES Y ALLER Marrakech est à environ 2 500 km de Paris. Évitez la Royal Air Maroc. De nombreuses compagnies low cost relient la France à Marrakech toute l’année, dont Transavia, Easyjet, Rayanair ou Air Arabia. Une fois sur place, l’aéroport de Marrakech Menara est à moins de 15 km du centre-ville. Le transfert en taxi est très rapide et coûte autour de 5 € à peine.

RENSEIGNEMENTS Aucun visa n’est nécessaire pour entrer au Maroc mais il est obligatoire d’avoir un passeport. Une autorisation de séjour de 90 jours est délivrée à l’arrivée sur le territoire.

MONNAIE Le dirham marocain (1 € = 11 MAD)

À LIRE Soul of Marrakech, Fabrice Nadjari & Zohar Benjelloun (éd. Jonglez, 2022) L’Absent de Marrakech, Thierry de Beaucé (éd. Du Rocher, 2006)


© Nima Phuntsho Sherpa

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Un secret himalayen

LE BHOUTAN Beaucoup en rêvent, mais peu y vont. Blotti entre l’Inde et le Tibet, le Bhoutan est l’un des pays les plus discrets sur Terre, mais aussi l’un des plus heureux. Du moins le dit-il. Le meilleur moyen de comprendre ce qui fait des Bhoutanais un peuple du bonheur est d’aller voir. Voilà donc, en quelques pages, les merveilles que l’on croise lors d’un séjour dans ce sage royaume bouddhiste, au plus loin des tumultes du monde.

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Texte & photos \ Lucas Lahargoue (sauf mention)


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TIBET

Thimphou Paro

Punakha Gangtey BHOUTAN

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INDE

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ls sont rares, ces pays, qui font baver le voyageur, et excitent l’aventurier. Le Bhoutan est de ceux-là, petit royaume himalayen perdu entre l’Inde et le Tibet, où pas grand monde n’accourt. La faute certainement à cette taxe quotidienne prohibitive de 100 $ par jour que le gouvernement impose à tout étranger qui met un pied sur le territoire. Par ce biais, les autorités réussissent à préserver le Bhoutan de tout afflux débordant de visiteurs. Mieux encore, les sommes récoltées par cette taxe de séjour (la plus élevée au monde) servent à faire fonctionner les hôpitaux, les écoles et le développement durable. Voyager au Bhoutan, c’est donc parcourir un pays pauvre, mais qui souffre très peu d’inégalités ; un pays où les citoyens sont considérés, et vivent simplement de leur terre, qu’ils soient dans le fond des vallées ou loin sur les sommets. Car la richesse du Bhoutan est contenue dans les forêts qui tapissent toute la bande sud frontalière de l’Inde, et dans les hautes montagnes qui se hissent jusqu’à 7 553 mètres d’altitude au nord, près du Tibet. Ce pays est une réserve naturelle à lui tout entier, le seul sur Terre au bilan carbone positif. En une dizaine de jours à travers ces montagnes encore presque vierges, nous avons découvert quelques joyaux et modes de vie d’une population accueillante dont on dit qu’elle est la plus heureuse au monde. Lors de notre voyage au pays du bonheur, nous avons écumé quatre des cinq adresses du groupe Aman regroupées dans un itinéraire idéal baptisé Amankora. Grâce aux excursions et expériences proposées dans chacun des hôtels, nous avons pu explorer les vallées de Paro, de Thimphou, de Punakha et de Gangtey. Partout le Bhoutan nous a ébahis, par son patrimoine, ses traditions, ses sourires et ses paysages. —


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PREMIÈRES DÉCOUVERTES La plupart des voyageurs qui débarquent au Bhoutan arrivent à Paro. Il n’y a que dans cette large vallée qu’il a été possible de construire un aéroport international digne de ce nom. Une fois atterri dans le creux des montagnes, la petite ville de Paro n’est qu’à quelques kilomètres. Sa longue rue principale est assez animée, garnie de restaurants et de boutiques où faire le plein de souvenirs. La marché se déploie à l’entrée de la ville. On y trouve un tas de produits locaux comme du miel bio, du riz rouge, du poivre sauvage, ou des carrés de chugo, sorte de bonbons sucrés rassemblés en grappes qui sont en fait des morceaux de fromage de yack séché que les Bhoutanais mâchent comme du chewing-gum. Au-dessus du marché se dresse le « dzong ». Chaque région du Bhoutan a son dzong, grande forteresse-monastère qui sert autant à la prière des moines qu’il ne servait auparavant aussi à la défense des h ­ abitants.

Celui de Paro date de 1646, et sa construction en argile et en bois n’a nécessité aucun clou ! Reconstruit après un dramatique incendie en 1907, il abrite le siège du gouvernement du district (comparable à une préfecture en France), et une communauté de plus de deux cents moines spécialisés dans le travail du bois. Comme tous les dzongs, il est une vitrine pour l’art et l’architecture bhoutanaise traditionnelle. Les boiseries sont finement sculptées et colorées de motifs géométriques ou figuratifs représentant des animaux. Les murs sont blanchis à la chaux, les salles de classe et de prière des moines sont éclatantes de dorures et de fresques, et l’ensemble est centré sur une tour qui coiffe l’ensemble de l’édifice. Par sa position de « Forteresse sur un monceau de joyaux », le dzong de Paro est une vigie dont la vue porte sur toute la vallée, et qui elle-même se repère des quatre coins de la région.

DANS LA COUR DU DZONG DE PARO

LE TIR À L’ARC EST LE SPORT NATIONAL AU BHOUTAN


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LE NID DU TIGRE EST UN COMPLEXE DE PLUSIEURS TEMPLES PERCHÉS À 3 120 MÈTRES D’ALTITUDE. L’UNE DES IMAGES D’ÉPINAL DE TOUT L’HIMALAYA

1 IMMANQUABLE TAKTSHANG La France a sa tour Eiffel ; le Bhoutan a son Nid du tigre. Agrippé dans le sillon d’une haute falaise, en équilibre au-dessus du vide, le Tiger’s Nest est ce monastère célèbre qui

sert d’image d’Épinal à tout le pays. Les locaux l’appellent Taktshang. La randonnée qui y mène est ardue, sur un chemin forestier parfaitement balisé mais d’une raideur intense. Au fil de la montée, des drapeaux de prière donnent de l’espoir

aux visiteurs impatients d’en voir le bout. Puis quand le dénivelé se calme, la merveille apparaît, cramponnée à la paroi grâce aux cheveux des déesses qui transportèrent les matériaux jusqu’ici. C’est ce que raconte la

légende. Guru Rinpoché, fondateur du bouddhisme tibétain, aurait atterri ici, sur le dos d’une tigresse, pour combattre un démon, avant de s’installer et méditer dans la falaise. Le monastère est un agglomérat de plusieurs chapelles et

édifices sacrés, dédiés à plusieurs divinités bouddhiques, où il est important d’arriver tôt le matin pour être presque seul dans ce cadre mystique. Assurément l’un des monastères les plus extraordinaires de l’Himalaya.


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2 HÔTEL AMANKORA PARO Au nord de la vallée, à l’endroit où la montagne se resserre, Amankora Paro s’éparpille dans une belle forêt de pins. C’est le plus grand lodge du groupe Aman au Bhoutan. On y entre en zigzaguant entre les arbres, sur un doux tapis d’aiguilles. L’architecte australien Kerry Hill a imaginé ici 24 suites réparties dans six bâtiments à la silhouette typiquement bhoutanaise. Comme les suites de tous les lodges Amankora, elles sont habillées de bois clair et comprennent un lit king size, une grande baignoire en terrazzo, ainsi qu’un bukhari traditionnel dans lequel chaque hôte peut faire du feu. Les lignes droites et épurées donnent de la légèreté et un sentiment d’espace. L’édifice principal est en pierres patinées à la chaux. On y trouve une bibliothèque, une boutique, le restaurant, et une terrasse extérieure orientée vers le majestueux Drukgyel Dzong qui apparaît entre la cime des arbres et des montagnes. Dans le sous-bois, un bâtiment décalé du reste de l’hôtel abrite le spa où l’on peut profiter d’un massage ku nye. Cette technique héritée du Tibet ancien permet de stimuler les muscles grâce à des gestes d’acupression, de pétrissage de la peau en profondeur, avec des extraits d’ambre, de rose et de bois de santal. Mais l’Amankora de Paro est surtout le refuge où se baser pour grimper au Nid du Tigre. Après l’ascension et la redescente qui prennent une bonne demi-journée, les hôtes Aman peuvent opter pour un déjeuner relaxant dans une maisonnette isolée au beau milieu d’une clairière, au pied du nid. Des plats typiquement bhoutanais sont servis après un agréable massage des pieds. Un moment de pur confort après une randonnée qui peut être éprouvante. Le luxe Aman poussé à sa quintessence.


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LE BOUDDHA DORDENMA EST HAUT DE 51 MÈTRES

THIMPHOU, UNE CAPITALE D’ALTITUDE Dans ce pays qui n’est que montagnes, même la capitale a dû se frayer une place entre les sommets. Thimphou est blottie dans le creux d’une longue vallée, à 2 300 mètres d’altitude. Depuis l’immense Bouddha qui surplombe l’entrée de la ville, on peut facilement en prendre les mesures. Elle n’est pas grande bien sûr. À peine 120 000 habitants. Mais c’est assez pour que les Bhoutanais la trouvent étouffante. En revanche, tout Occidental qui débarque ici voit une petite ville de province, sans charme fou, mais déjà exotique après la sortie de l’avion. La loi locale impose que tous les édifices du pays soient construits dans le style traditionnel, donc le moindre immeuble arbore des motifs bouddhiques. On trouve à Thimphou toutes les institutions du pays comme le Parlement national, la Cour de justice, la Bibliothèque nationale ou le palais du Roi. Dans les rues, la plupart des hommes portent le gho, ce vêtement local et coloré, à la frontière entre le kimono et le kilt, agrémenté de longues manches blanches et de hautes

THIMPHOU EST ENSERRÉ DANS LES DEUX PANS D’UNE VALLÉE ÉTROITE À 2 300 MÈTRES D’ALTITUDE. ELLE FAIT PARTIE DES CAPITALES LES PLUS HAUTES DU MONDE chaussettes noires. Les femmes quant à elles portent la kira, une longue jupe en soie, tout aussi colorée. Le driglam namzha, sorte de code de bonne conduite du citoyen bhoutanais, a été assoupli il y a quelques années, mais les fonctionnaires, les élèves de toutes les écoles ou encore les guides touristiques sont tous tenus de porter l’habit traditionnel, au moins durant les horaires de travail. Dans cette capitale de poche, l’installation de l’unique feu tricolore du pays fut un échec. C’est désormais un policier, installé sur le principal carrefour de la ville, qui fait la circulation. Ainsi, le Bhoutan se targue encore d’avoir maintenu cette technologie, pourtant bien pratique, à distance de ses frontières.


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3 HÔTEL AMANKORA THIMPHOU

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Il faut se hisser sur les dernières hauteurs de la ville pour atteindre l’Amankora Thimphou. Dans le quartier résidentiel de Motithang, sa grande silhouette blanche se détache de l’intense verdure environnante. Cet hôtel est souvent le premier où les hôtes Aman font escale avant de lancer leur tournée dans les autres lodges du groupe. Ses hauts murs blanchis à la chaux et ses lignes d’une pureté sans égale donnent une atmosphère de sérénité absolue à l’endroit. Le génie de Kerry Hill a été de créer un complexe de bâtiments clairement contemporains mais qui ne trahissent jamais les codes de l’architecture locale. Cet hôtel impressionnant par ses dimensions est tout aussi étonnant par sa légèreté. Seize suites sont réparties dans deux bâtisses autour d’une cour rectangulaire. Sur réservation, un entretien avec un lama très respecté permet de répondre à toutes les questions que l’on se pose sur le bouddhisme tibétain. Cette rencontre avec Mynak Trulku Rinpoché, ancien directeur du musée national de Paro et de la bibliothèque nationale de Thimphou, est une excellente introduction culturelle et spirituelle à tout voyage au Bhoutan.


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4 INSOLITE VILLAGE FERTILE Drôle de croyance. Au Bhoutan, l’image du phallus est vouée à un culte. Selon des croyances locales installées par un célèbre moine du XVe siècle plutôt bien membré, le pénis en érection est un symbole sacré qui protège contre les mauvais esprits. C’est aussi un signe de fertilité. Aux quatre coins du pays, on croise des maisons arborant de gros sexes peinturlurés sur les murs, des sculptures de phallus sur les toits ou des boutiques de verges de toutes formes en bibelots, pendentifs ou porte-clés. Dans la vallée de Punakha, le village de Sopsokha est plein de fiers chibres rupestres exhibés sur la plupart des habitations. Sur une butte en surplomb de la rivière, le Chimi Lhakhang est même un temple dédié à la fertilité. Des couples du monde entier viennent prier ici pour s’attirer de bonnes chances procréatrices et envoient leurs remerciements que l’on consulte dans des classeurs poussiéreux. Un drôle d’endroit immergé dans un beau paysage de rizières en terrasses.

LE DZONG DE PUNAKHA

LE DZONG DES ROIS Du creux de Thimphou, une route file vers l’est et se cabre dès la sortie de la ville. Elle grimpe sec sur une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre le célèbre col de Dochula perché à 3 100 mètres d’altitude. Au sommet, une auberge permet une pause et, sur une butte de terre, 108 chörtens sont dressés vers le ciel. Ces stupas représentent les soldats bhoutanais morts pour la patrie en décembre 2003 lors d’une opération militaire contre des insurgés indiens de l’Assam voisin. Le col est souvent embrumé mais les jours où le ciel est clair, on peut apercevoir au loin tous les hauts sommets himalayens du pays. La route dégringole ensuite pour atteindre la vallée presque tropicale de Punakha, en un peu plus de trois heures. Ici se trouvait la capitale du Bhoutan jusqu’en 1955. Le dzong de Punakha est toujours le plus important du pays. C’est derrière ses hauts murs qu’ont lieu les couronnements des rois depuis 1907. En 2008, le cinquième et actuel roi Dragon du Bhoutan y reçut la couronne surmontée d’un corbeau, avant de rejoindre le couronnement officiel à Thimphou. Le dzong est l’un des plus beaux du pays. Posté à la confluence des rivières Mo Chhu et Pho Chhu, sa construction remonte à 1637 et beaucoup de modifications s’en sont suivies. On y accède par un pont de bois et une volée d’escaliers bien raide. Au fil des trois cours successives, on découvre les quartiers monastiques et des salles de prière flamboyantes, pleines de couleurs et de fresques représentant des scènes de la vie du bouddha ou d’anciens dignitaires religieux. Certaines statues remontent au milieu du XVIIIe siècle. Mais ce dzong, comme tous les autres, est un lieu de vie. Il se visite, et il fourmille de moines. Dans tous les coins, des silhouettes drapées de pourpre se déplacent, rigolent ensemble, observent les rares étrangers qui passent par ici et prient surtout, psalmodiant des mantras dans un brouhaha censé mener à l’élévation.


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LES CHÖRTEN DU DOCHULA PASS


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5 HÔTEL AMANKORA PUNAKHA Bienvenue au cœur des rizières. Dans un paysage bucolique de terrasses à perte de vue, cet hôtel Amankora a une touche traditionnelle un peu plus prononcée. On y arrive en traversant la rivière Mo Chhu par un pont suspendu typiques des régions himalayennes. On découvre ensuite une belle et grande ferme traditionnelle construite par un ancien kempo, sorte d’abbé bhoutanais. Sur trois étages elle comprend la réception, des salles à manger et une petite salle de prière. Les huit suites sont réparties dans trois habitations en terre à pisé et offrent des vues dégagées sur la vallée. À l’intérieur, on retrouve toujours le même design, les mêmes dimensions que dans les autres lodges Amankora ; l’hôte ne perd ainsi pas ses repères. L’atout supplémentaire de cet hôtel est sa magnifique piscine à débordement, où l’on nage au ras des brins de riz qui poussent en silence. Cours de cuisine, rafting sur la rivière, leçon de tir à l’arc… les expériences au menu donnent de nouvelles occasions de s’imprégner de la culture locale. La plus exclusive est sans doute le petit déjeuner face au stupa de Khamsum. Une marche matinale à travers les rizières est nécessaire pour rejoindre la colline où est planté ce majestueux stupa à la robe dorée. Après un léger effort de grimpe sur les derniers mètres, un petit déjeuner frugal est servi sur une table panoramique en surplomb du monument. Autour, c’est toute la vallée de Punakha qui se déploie à 180°.

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MONGKOK BY NIGHT

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6 BIODIVERSITÉ RÉSERVE FAUNIQUE

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La vallée de Gangtey est le refuge d’une colonie de plus de 400 grues à cou noir. Leur population augmente très légèrement mais l’espèce, originaire du Tibet, reste très rare et menacée. En lisière de forêt, un joli centre d’information sur les grues a été créé par la Société royale de

protection de la nature. On y apprend qu’elles s’installent dans la vallée à la fin de l’automne avant de s’envoler de nouveau vers le Tibet, plus au nord, à l’arrivée du printemps. Au-delà de cet « oiseau de paradis », comme il est surnommé par les Bhoutanais, la vallée est aussi le refuge de cerfs aboyeurs et même d’ours noirs ou de léopards bien plus difficiles à observer.

DANS LA VALLÉE DES GRUES Poussons plus loin encore. Au centre du pays, le groupe Aman a installé un magnifique hôtel dans la vallée de Phobjikha. Cette large vallée glaciaire est plus souvent nommée Gangtey, du nom du monastère qui se dresse sur une crête et qui domine toute la région. Une fois passé le col de Lowa La qui culmine à 3 360 mètres d’altitude, on croise quelques yacks au bord de la route. La sensation d’entrer dans un recoin fermé et idyllique du Bhoutan est présente. Les hivers y sont rudes. Le creux de la vallée est tapissé d’un immense marécage où seules les grues à cou noir sont à l’aise. Tout autour, des petits villages ou des maisons isolées sont disséminées dans le paysage qui a de vraies allures de paradis himalayen. Les 4 700 habitants de la vallée parlent un dialecte bhoutanais qu’on appelle le henke. La plupart vivent de la pomme de terre, qui est cultivée en abondance et même exportée jusqu’en Inde. L’une des expériences signature Amankora est une grande randonnée, de niveau facile, qui dessine un grand tour de la vallée.

LA VALLÉE DE PHOBJIKHA EST ÉMAILLÉE DE PETITS VILLAGES ET DE MAISONS ISOLÉES DANS LE PAYSAGE QUI A DE VRAIES ALLURES DE PARADIS HIMALAYEN Depuis l’hôtel, un chemin se faufile à travers de vieilles fermes traditionnelles habillées de bois peint et de chaux blanche. Il faut ensuite traverser une longue portion de forêt de sapins pour descendre dans le creux de la plaine marécageuses où paissent quelques chevaux dans l’herbe humide. Sur certains pans de la montagne, des drapeaux de prière flottent au vent, en souvenir des êtres disparus. Dans le ciel, des grues planent et virevoltent alors que dans la cour du monastère perché de jeunes moines se chamaillent entre deux sessions de prière. Il flotte une atmosphère de paix dans cette vallée perdue au cœur de l’Himalaya, pourtant encore accessible comparativement à d’autres recoins bien plus esseulés. —


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7 HÔTEL AMANKORA GANGTEY Pour une vue, c’en est une belle. Le lodge est construit sur une hauteur d’où le panorama porte sur toute la vallée de Phobjikha. Kerry Hill a construit un seul édifice, allongé, qui comprend un grand salon et salle à manger, puis huit suites où l’on retrouve des lambris couleur caramel mais aussi le bukhari traditionnel pour réchauffer l’air les soirs d’automne ou d’hiver. L’Amankora de Gangtey est une excellente base pour randonner partout dans la vallée. Le matin, avant d’entamer les premiers pas, un jeune lama du monastère vient donner sa bénédiction. Le soir, après une journée de marche, il est agréable de prendre un bain de pierres chaudes dans l’une des cahutes du village. Des sortes de petites bergeries en pierre abritent des baignoires dont l’eau est chauffée par des rochers incandescents, sortis d’un brasier attisé par un homme du coin. À la lueur de quelques bougies, on admire les étoiles scintiller dans le ciel de la vallée en se relaxant dans ce bain d’herbes aromatiques qui infuse tout le corps. Toujours dans les champs qui environnent l’hôtel, une autre cahute de pierres, plus grande, servait à entreposer des pommes de terre. Amankora l’utilise désormais pour y servir des dîners traditionnels dans une ambiance aussi chic que champêtre. Au menu : de l’Ema Datshi, ce plat national qui correspond à une potée de fromage au piment, mais aussi du Norsha Laphu Paa, un bœuf émincé et mélangé à des radis locaux. Du riz rouge est aussi sur la table, comme à tous les repas bhoutanais, ainsi que des gyozas de porc ou des œufs frits, le tout arrosé d’un verre d’ara, un alcool local. Au fil des repas d’un voyage au Bhoutan, les mets se ressemblent, mais sont toujours concoctés avec soin, et présentés avec un raffinement qui en dit long sur l’état d’esprit des Bhoutanais, et leur envie de faire bien.


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SORTIE DE PRIÈRE DANS LE DZONG DE SIMTOKHA, PRÈS DE THIMPHOU


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CARNET D’ADRESSES É FORMALITÉS

Un e-visa est nécessaire pour entrer en Inde. Il est valable 6 mois. Compter 37 € pour un visa à multiples entrées (nécessaires si l’on va au Bhoutan). Le visa bhoutanais se demande minimum 15 jours à l’avance, par le biais de votre touropérateur. Le visa d’une durée de deux semaines est ensuite délivré à votre arrivée à l’aéroport de Paro moyennant 20 $. Durant la procédure de demande de visa, il est demandé de régler le fameux « Sustainable development fee ». Cette taxe de séjour est fixée à 100 $ par jour.

AVEC QUI Y ALLER

Exclusif Voyages est une agence créatrice de voyages d’exception. Elle propose des voyages privés et sur mesure au Bhoutan à partir de 18 260 € par personne (sur une base double). Ce tarif inclut les vols A/R pour Delhi sur Air France et les vols pour Paro sur Druk Air, tous en classe économique, mais aussi les transferts A/R en fast

track à Delhi, une nuit de transit dans la capitale indienne à l’hôtel The Claridges, tous les transferts privés au Bhoutan, un chauffeur et un guide anglophone durant toute la durée du séjour. Les frais de visa bhoutanais et la taxe gouvernementale obligatoire sont aussi compris. Enfin, sont aussi incluses deux nuits dans chacun des cinq lodges Amankora au Bhoutan, dans une « Luxury suite », en pension complète, avec les boissons non alcoolisées. exclusifvoyages.com

SE LOGER

- Amankora aman.com/resorts/ amankora Aman dispose de cinq lodges au Bhoutan qui sont généralement proposés ensemble. L’expérience Amankora consiste à construire un circuit idéal, en passant une, deux ou trois nuits dans chacun des cinq lodges, selon la durée de séjour choisie. Dans chacun des lodges, les repas sont inclus, ainsi que les divers encas au fil des journées, mais aussi les boissons non alcoolisées et les vins

de la maison. Le wi-fi et la blanchisserie font aussi partie de l’offre Amankora. Chaque lodge propose une sélection d’excursions et d’activités dont la plupart son incluses. Enfin, à partir de sept jours, des prestations supplémentaires sont offertes comme un soin spa, ou un bain de pierres chaudes. L’idéal est de construire son séjour avec une agence comme Exclusif Voyages, mais à titre indicatif, un nuit en « Luxury Suite » dans les lodges Amankora démarre à 1 836 € pour une personne, ou 2 035 € pour un couple.

QUAND Y ALLER

Les mois de mars, avril, mai, puis octobre, novembre, décembre sont les plus indiqués pour un voyage au Bhoutan. Le climat varie beaucoup en fonction des régions de ce pays pourtant pas grand. Mais, en règle générale, le sud subit plutôt les influences tropicales venues d’Inde, et le nord (uniquement accessible aux grands randonneurs ou alpinistes) profite d’un climat alpin.

INFOS PRATIQUES Y ALLER Paris-Delhi avec Vistara, à partir de 307 € l’aller simple. Compter environ 8 h 30 de vol. airvistara.com Des vols directs existent aussi avec Air France ou Air India par exemple. Il faut ensuite patienter 24 h à Delhi avant de prendre un vol DelhiParo avec Druk Air, la compagnie nationale du Bhoutan. Compter autour de 600 € A/R pour 2 h de vol en longeant tout l’Himalaya. drukair.com

MONNAIE Le ngultrum bhoutanais, dont la valeur est indexée sur la roupie indienne (1 € = 90,5 BTN)

À LIRE Bhoutan, les cimes du bonheur, par Sabine Verhest (éd. Nevicata, 2017) Bhoutan, royaume hors du temps, par Robert Dompnier (éd. Picquier, 2010) Le Bhoutan à contrecourant du monde, par Jérôme Monod (éd. L’Archipel, 2011)


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et de rectification des informations qui vous sont demandées pour le traitement de votre abonnement.)


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TENDANCES

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Tendances P — 126 LIVRES/APPLI

P — 128 AUTO

P — 130 TEASING


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Appli Une appli toute neuve propose des contenus exclusifs et des adresses méconnues pour qui veut voir l’Italie loin des foules. Texte \ Lucas Lahargoue

© Ecstk22

TENDANCES

Qui n’a jamais rêvé de détenir tous les secrets de l’Italie dans sa poche ? Claire Genty l’a fait. Cette spécialiste de la Botte vient de lancer une application pour smartphone qui fait office de guide confidentiel, mais plus encore. Forte de 15 ans d’expérience avec son agence de voyage baptisée Qui la Terra, elle a collecté des dizaines d’adresses presque secrètes aux quatre coins du pays. Son appli conçue en français est construite comme si une amie fictive, « Gigi », vous donnait ses bons plans. Accessible sur IOS ou Android, elle comprend une partie magazine avec des actualités, une rubrique d’inspiration qui s’adapte au profil de chaque utilisateur en fonction de ses préférences, un carnet d’adresses confidentiel, une carte géolocalisée et même un service d’assistance qui vous connecte avec des experts de la destination si vous avez des besoins spécifiques. Pour le moment, Grazie Gigi c’est 2 300 adresses à Venise, Rome, Florence, en Toscane, Campanie, Sicile orientale et dans les Pouilles. Le téléchargement est gratuit mais l’interface fonctionne ensuite avec des formules d’engagement allant d’un mois (15 €) à un an (10 € par mois). Désormais, trouver des repères exclusifs, sortir des sentiers battus, dénicher des coins secrets se paye. Mais passer des vacances idylliques en Italie sans être collé à des hordes de touristes n’a pas de prix. Raison de plus pour choisir Grazie Gigi ! graziegigi.com


TENDANCES

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Livre Deux femmes on the road, sur la trace imaginaire de deux grandes héroïnes du cinéma. Un livre d’aventures, pour lever un peu plus le voile sur l’Amérique d’aujourd’hui.

© David Butow

Texte \ Lucas Lahargoue

Elles récidivent ! Après nous avoir emmenés dans les dunes du Sahara il y a quelques années, Catherine Faye et Marine Sanclemente ont repris la route. Leur nouvelle épopée se déroule aux États-Unis, entre l’Arkansas et l’Arizona, sur les traces hypothétiques de Thelma et Louise. Hypothétiques car le film de Ridley Scott sorti en 1991 ne donne que peu d’indications géographiques. Après avoir scruté chaque image pour trouver des indices, et épluché le scénario méticuleusement, les deux journalistes ont filé un long parcours les menant de Little Rock à Yuma, en passant par le Panhandle de l’Oklahoma, le plateau du Colorado ou la zone des Four Corners. Mais bien plus qu’un simple road-trip dans l’ouest américain, leur voyage est une véritable étude sociétale des États-Unis d’aujourd’hui, sous le prisme des deux héroïnes du film, et de leur histoire rocambolesque qui s’achève… en voiture volante. Voyant Thelma et Louise armées à l’écran, Marine et Catherine vont à la rencontre d’une bimbo caricaturale et fervente promotrice du deuxième amendement. À Tulsa, ville au passé chargé et toujours gangrenée par la violence, elles s’interrogent sur l’étonnante absence de personnages de couleur dans le film. En pays Navajo, elles suivent les pas d’un représentant de cette nation indienne dont les terres ont servi en grande partie au tournage. Ce livre est d’abord un récit de voyage en duo, plein de péripéties dans des coins plus ou moins connus de l’Amérique. Mais c’est aussi le portfolio écrit d’un pays que l’on sait bourré de contrastes et de paradoxes. Au fil des pages, on est embarqués dans une aventure contemporaine où l’on sourit souvent, et où l’on est atterré, parfois, par la folie et l’absence de complexes d’un peuple qui n’a peur ni honte de rien. Revoir le film et plonger dans ce récit ensuite permet d’aller plus loin que l’histoire de ces deux courageuses féministes de la fin du XXe siècle, qui tracent leur route sur l’écran, coûte que coûte, jusqu’à la mort.

— À la vie à la mort Catherine Faye et Marine Sanclemente (éditions Paulsen) paulsen.com


TENDANCES

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MOTEUR

Range Rover Sport P550e

Il est gros, il est costaud, mais grâce à sa motorisation hybride rechargeable, le Range Rover Sport P550e est capable d’évoluer en ville, en silence et pendant longtemps, tout en se révélant être une redoutable machine à avaler du kilomètre. Une véritable prouesse… Texte \ Philippe Guillaume — Photos \ DR


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TENDANCES

C

ombien de marques ont su créer un univers à part et, surtout, le conserver au fil des décennies ? Nul doute : Range Rover est de celles-ci. Dès 1970, le premier Range Rover réussit l’exploit d’être adopté tant par les gentlemen farmers que par les têtes couronnées (la très regrettée Queen Elizabeth était une vraie fan du Range) et les stars du show-biz. En plus de cinquante ans de carrière, seulement cinq générations se sont succédé, ce qui montre le bien-fondé de l’idée de départ. Le Range Rover, c’est le mix improbable et parfaitement réussi entre le confort d’une Rolls Royce sur la route et les aptitudes d’une Jeep en tout-terrain. Le Range Rover a su évoluer avec son temps : si le confort reste toujours une valeur impériale de la marque, la technologie a su se mettre à la page, tant au niveau de l’info-divertissement que de la qualité du système audio, une valeur forte dans l’écosystème Jaguar Land-Rover.

LE MOT QU’IL FAUT…

En 2013, la marque se démarque : le Range standard se dédouble d’une version Sport. L’idée : un peu moins grande, un peu moins chère, un peu plus dynamique, mais toujours Range Rover, c’est-à-dire avec cet équilibre surnaturel que les concurrents ont bien du mal à atteindre, entre sérénité et performances. Quand le « gros » Range Rover s’autorise encore des moteurs V8, le Sport en reste à des six cylindres en ligne de 3 litres, associé à des unités électriques. Selon les versions, cela nous donne une puissance cumulée

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de 460, 550 (notre version d’essai) ou 635 chevaux. Dans tous les cas, la puissance est « suffisante », comme l’on disait à l’époque chez Rolls-Royce. Sur notre P550e d’essai, le couple de 700 Nm garantit des reprises éclair, sans forcer, en silence, ce qui sied bien à l’esprit de notre auto. Nous avons eu le privilège de pouvoir conduire les deux versions : outre le Sport, le Range Rover « historique », classique. La dénomination Sport n’est pas usurpée : on gagne en toucher de route, en précision de conduite, sans perdre beaucoup dans le confort ouaté de conduite. Si le « vrai » Range est un pur tapis volant, le Sport reste éminemment confortable tout en offrant un plaisir de conduite accru. Sous le capot, un six-cylindres en ligne de 3.0 travaille de concert avec un moteur électrique, alimenté par des batteries de plus de 38 kWh, qui garantissent plus de 100 kilomètres en ville, en mode zéro émission. De quoi rabattre le caquet à ceux qui se prétendent « anti-SUV » et pensent ainsi sauver la planète. En réalité, on fera un peu moins, mais plus de 90 kilomètres, c’est envisageable. Ensuite, il faudra aller sur une autoroute allemande pour dévoiler son potentiel (le 0 à 100 km/h est couvert en 4,9 secondes et l’engin pointe à 242 km/h – on vous l’accorde, cela n’a aucun intérêt en France). Ce qui compte vraiment, c’est que l’on arrive à rester sous la barre des 10 l/100 en usage normal, voire moins en rechargeant dès que c’est possible. Et que l’écran central de 13,1 pouces sait gérer votre itinéraire, montées, descentes, virages, pour vous aider à moins consommer… — Gamme Range Rover Sport à partir de 95 100 €

DANS UN MONDE AUTOMOBILE OÙ LES SUV ONT PRIS LE POUVOIR, MÊME CHEZ LES MARQUES PREMIUM, RANGE ROVER PARVIENT À CONSERVER CETTE AMBIANCE INIMITABLE QUI LES REND UNIQUES.

1 \ Là où le Range Rover classique intègre ses

feux dans le prolongement du hayon, la version Sport propose des épaulements plus marqués.

2 \ L’intérieur offre une ambiance remarquable, avec des équipements pléthoriques mais une atmosphère néanmoins épurée. Mention spéciale à la sono.

3 \ Avec 4,94 m de long, le Range Rover Sport est un beau gabarit. Ses formes cubiques le rendent toutefois facile à manier en ville.


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© Jacob Lund

TEASER

Prochain numéro mi-juin 2024

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CUVÉE LOUISE 2006 L’EXCEPTION PAR POMMERY

L ’ A B U S

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