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Le Temps du Voyage - automne 2009

mence alors le rituel (certes long !), mais amusant, du marchandage, et nous craquons, bien entendu. Nous retrouverons souvent ces nuées de vendeuses à la sauvette aux plateaux remplis de bracelets et gris-gris. “D’autres se regroupent en coopérative” nous explique Ali, un journaliste mauritanien qui nous accompagne, ce qui leur assure des revenus plus réguliers et permet d’éviter la concurrence. “Le marchandage est plus qu’une coutume, ajouteil. Même si pour vous les prix sont très bas, il faut négocier pour ne pas provoquer une envolée des prix qui nuirait à la population.” De jeunes enfants se pressent également autour de nous. “Madame, tu me donnes un stylo ?” Ali, fait un signe négatif de la tête et les repousse gentiment. “Il ne faut pas que ces enfants vous voient comme des portefeuilles. Sinon très vite, ils penseront que mendier vaut mieux que travailler…”

Initiation désertique

Notre initiation au désert commence par l’ascension d’une immense dune. Le souffle court mais le sourire aux lèvres, nous gravissons cette colline vertigineuse au pied de laquelle émergent quelques grandes tiges vert anis. “Ce sont des calotropis-procera, nous explique Mohammed, notre guide. On l’appelle aussi le pommier de Sodome. Ils annoncent le début de la désertification. Pour contenir le sable, l’homme a tout essayé, souffle-t-il. Mais à part planter des arbres, il n’y a rien à faire…”

Nous sommes au sommet. Sous les rayons orangés du soleil, des vagues de dunes s’étendent à perte de vue. Le sentiment que l’on ressent face à cette mer dorée est difficile à décrire. Une bouffée de joie gonfle nos poitrines, tandis que le vent, puissant, finit de nous étourdir. On a envie d’écarter les bras, de humer l’air jusqu’à perte conscience, d’avaler du regard toute cette beauté… et de rire, de rire à gorge déployée. Nous nous promenons pendant plusieurs heures dans les pleins et déliés du Sahara. Sur le sable, il n’y a que les traces de pas de nos compagnons de voyage et ça et là quelques croisillons laissés par un scarabée. La vie se fait rare dans le sable chaud. Perchés sur notre dune, nous nous allongeons un instant avant de repartir. L’occasion de discuter avec Mahmoud, qui possède l’auberge “Eden”. Mahmoud a longtemps travaillé à la célèbre auberge “Le Bien-être” où logèrent les premiers passionnés de désert, comme Théodore Monod. Jusqu’à ce qu’il décide de se mettre à son compte et rencontre Frédérique Ribeaucourt, fondatrice d’Acabao, un tour opérateur spécialiste du désert. Grâce à un micro-crédit octroyé par le voyagiste, Mahmoud a pu construire sa belle et confortable auberge. C’est la seule à Chinguetti avec celle de Sylvie. Cet homme au turban bleu et aux yeux rieurs est plein de rêves et de projets. “J’ai acheté un terrain de 25 000 m2 en plein milieu du désert, souffle-t-il. J’ai déjà construit six lodges aux

Au milieu du désert, des plantations de carottes, d’orge, de navets... Mais le manque d’argent empêche les agriculteurs d’acheminer ces denrées vers les villes et la production reste tristement en terre.

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