Le rapport de find'étude

Résilience des villes

face à la montée des eaux RAPPORT

DE

Juillet 2020 Licence 3 - ENSAP VS Christl-Irène Lussner Enseignant Laurent Gaissad

FIN D’ETUDE

sommaire

INTRODUCTION 4 1. LA VILLE ET L’EAU 7 Eau et genèse de la ville 7 Eau et valeur sociale, Venise 8

2. CULTURE DU RISQUE 10 Sociologie et culture du risque 10 Quand la ville est fondée sur le risque, Singapour 11 Le risque à petite échelle, Paris 13

3. DETERMINISME CLIMATIQUE 14 Héritage et amalgames 14 Composer avec l’existant, stratégie des villes du Nord 15

Construire la baie, New York 15

Digue conservatrice, Amsterdam 16 Recomposer, Stratégie des villes du Sud 17

Tabula rasa, Singapour 17

A l’écoute des cycles, Bengladesh et de l’Indonésie 19

CONCLUSION 20 BIBLIOGRAPHIE 22

3

INTRODUCTION Ces derniers jours sont emprunts d’une puissance urbaine forte et volontaire. Face au choc mondial engendré par l’épidémie, le système urbain doit assurément emprunter la voie de la résilience. La résilience permettant d’interroger la capacité à intégrer les questions de rupture dans la manière de penser l’avenir des territoires et des villes. Le concept appliqué à la ville permet d’analyser la capacité d’une ville à absorber une perturbation pour retrouver ses fonctions. La résilience étant un concept issu de la mécanique repris par la psychologie et ensuite l’écologie. Par définition, la résilience est la capacité d’un être vivant ou d’un système à absorber un choc à retrouver ensuite ses fonctions initiales. L’analyse porte sur la reconstruction de l’urbain suite à la perturbation majeure ou à venir des modalités de gestion de crise en intégrant les difficultés du territoire. Ainsi, la résilience des villes se traduit par des politiques nouvelles, notamment en matière de services urbains qui répondent aux bouleversements liés aux aléas naturels. La stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations unies (UNISDR) définit l’aléa naturel comme un phénomène naturel qui peut causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, la perte de moyens de subsistance et de services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement. En se calquant sur les deux définitions des deux concepts de résilience et d’aléas naturels appliqués au système urbain, la volonté de la thèse est de questionner la façon dont la résilience opère sur les villes face aux aléas climatiques afin de proposer des outils et des stratégies contribuant à la résilience de la ville dans une logique de survie, puis d’en étudier leurs limites.

La ville confinée est mon laboratoire. Aujourd’hui, le territoire national est confronté à un véritable traumatisme. Le confinement est le levier psychologique permettant de bousculer nos dogmes.

Je souhaite analyser ce que nous avons à retenir de ses temps troubles. Le débat entre lanceurs d’alerte perdure depuis 70 ans maintenant. Aujourd’hui, nous devons plus que jamais saisir l’événement afin de réinventer des nouveaux imaginaires, de nouveaux paradigmes. Il s’agit là de remodeler la ville de demain dans un système politique et sociétal bousculé. Les champs d’application se divise en trois catégories ; l’industrie, la construction et l’agriculture. Aujourd’hui, les intentions urbaines deviennent évidentes, la ville de Paris confinée apporte une meilleure compréhension de ces intentions originelles. La révision de l’espace-temps accompagne la ville en résilience, car elle 4

permet d’interroger la capacité à intégrer les questions de rupture dans la manière de penser son avenir.

Le rapport s’inspire de mon analyse de la ville de Paris en crise face au Covid-19, et la stratégie des villes pauvres ou riches faces à une catastrophe naturelle et plus particulièrement à la montée des eaux. J’analyse les phénomènes à l’origine des inondations afin de comprendre les préventions, les réactions, et les réparations. La confrontation des expériences permet de saisir les limites des stratégies adoptées. L’idée étant de confronter différents modèles de ville urbaine et d’en faire ressortir des idéaux-type fondés sur des caractéristiques et phénomènes propres aux territoires. Il s’agit donc de souligner certains éléments communs liés à des phénomènes donnés. Max Weber théorise la notion d’idéal qui fait référence au monde des idées, soit au Gedankenbilder qui signifie image mentale. Les “types idéaux” sont donc des constructions d’idée qui structurent et mettent de l’ordre dans le chaos de la réalité sociale.

Le changement climatique à l’horizon 2050 est un phénomène irréversible. Les cartes de l’Agence européenne pour l’Environnement révèle les conséquences désastreuses de la montée des eaux sur le littoral. En 2050, plus de 20 % de la population vivra en zone côtière à risque. La résilience des milieux urbains confrontés au changement climatique et à la montée des eaux dans le monde est une préoccupation contemporaine. Il s’agit d’analyser comment le concept de résilience a été adopté dans les politiques urbaines et les projets d’urbanisme dans la perspective d’un changement climatique.

La confrontation des villes côtière des différents continents permet d’étudier les armes déployées en situation de crises. C’est de la survie des populations qu’il en retourne. Certaines métropoles disposent d’analyses poussées sans vraiment apporter de solution, comme ça peut être le cas à Hambourg. Tandis que d’autres communes pratiquent des techniques ancestrales. Or, les dérèglements climatiques sont par définition incompatibles avec l’accoutumance.

Deux courant de penser se distinguent ; concevoir des protections anti-inondation ou bien s’adapter et accepter les aléas et la ville inondée. La question de l’aléa naturel lié à la montée des eaux dans le milieu urbain comprend d’une part la gestion des usages de l’eau dans l’objectif de préserver une 5

eau de qualité et d’autre part les stratégies de prévention des montées des eaux pour la protection des populations à risque.

Force est de constater que les politiques mis en place sont en lien avec la richesse des pays, les Pays-Bas par exemple préservent ces terres agricoles avec des protections coûteuses. Les pays asiatiques laissent immanquablement leur métropole s’inonder par manque de moyens (cycles des moussons). Tandis que le Bangladesh voit tous les ans 70 % de son territoire inondé avec une population pas prise au dépourvu et qui s’adapte avec peu de moyens. Dans ce cas, faut-il renforcer la digue ou bien devons-nous déménager la métropole ? L’héritage occidental des villes remonte aux premières villes grecques où l’eau est évacuée des rues. Or, cette solution n’est pas valable, car 1.

On assiste à une augmentation de l’intensité des phénomènes naturels 2. L’urbain est trop grand et de plus en plus complexe 3. Les coûts sont disproportionnés. C’est donc la totalité du paysage urbain côtier qui doit être repensé.

Nous verrons dans un premier temps le dialogue qu’entreprennent l’eau et la ville dans un contexte de résilience. Dans un second temps, il sera question de l’intégration de la culture du risque. Puis, nous verrons de quelle manière le déterminisme climatique influe sur le devenir de nos villes.

6

1. EAU et VILLE Eau et genèse de la ville Les cataclysmes liés à l’eau menacent 570 villes qui pourraient disparaître sous les eaux et provoquer la migration de près d’un demi-milliard d’individus. Depuis l’ère industrielle de 1900, le niveau de la mer a augmenté de près de 20 cm en moyenne. Les phénomènes naturels se sont amplifiés avec le réchauffement climatique qui participe à la fonte des glaces, à la dilatation des eaux plus chaude et donc plus volumineuse, aux précipitations et catastrophe naturelles excessives. D’ici la fin du siècle Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) évalue une montée des eaux planétaire de 1.1m. On prédit également 2.5 mètres le long des côtes d’après les résultats des chercheurs du National Oceanic and Athmospheric Administration. Les multiples calculs scientifiques amènent tous à de funestes perspectives, il est donc intéressant de se demander pour quelle raison la ville est liée à l’eau.

L’eau, composante de la vie, est intrinsèquement liée à la genèse de la cité. Les terres urbaines ont besoin d’eau. L’eau constitue une implantation stratégique servant la sédentarité. Le commerce dépend des eaux et participe au rayonnement des cités. L’élément eau a donc cette valeur nourricière, mais également protectrice et militaire. Toutefois, le dialogue entre l’eau et la ville amène à des rapports de force. L’homme doit pouvoir résister à la nature tout en y décelant les avantages et en contournant les contraintes. Ainsi, des édifices protecteurs maintiennent souvent les villes côtières. Au cours du temps, de nombreuses réponses urbanistiques ont vu le jour, nous pouvons voir de plus en plus de barrages, de digues, ou de réseau de canalisation permettant de contenir cette nature débordante. De plus, le réchauffement climatique accentue l’impossibilité de canaliser les eaux. La résilience doit faire en sorte que la ville intègre la nature dans son aménagement. Il s’agit de passer de la confrontation à l’accueil positif des éléments naturels. L’idéologie de la résilience adopte le concept d’aller “avec” plutôt que “contre”. La puissance de l’eau avait une connotation plus positive au commencement des villes. En effet, l’homme utilisait la force physique afin de maintenir les eaux et les exploiter. Dans l’imaginaire collectif la notion du risque n’est pas tout à fait intégrée.

L’eau inoffensive a changé de statut ces 20 dernières années. L’eau est de moins en moins contrôlable, la notion de résilience doit pouvoir être intégrée dans l’urbanisme.

Le covid-19 est révélatrice d’une prise de conscience mondiale des conséquences du réchauffe7

ment climatique. En effet, la société n’aura jamais été autant à l’écoute des scientifiques durant cette pandémie. Un nouveau rapport de confiance s’est établi entre la science, ces prognostiques et la population. Les villes sont alors confrontées à un bouleversement et à une nouvelle réalité qui implique un changement radical. Au-delà de la pandémie, l’eau constitue une problématique fondamentale du maintien de nos villes. En effet, la ville doit s’acclimater aux sècheresses, aux précipitations extrêmes, aux sols perméables et à la montée des eaux marines. Les connaissances Mémoire "Vers des villes plus durables au regard des inondations" by Lisa Piquemal - issuu

scientifiques ont pris de l’ampleur et permettent ce changement de paradigme. La science permet à Find creators and content

READ

RESOURCES

SUPPORT

PRICING

la fois de prévoir les catastrophes encourus, mais aussi de proposer des outils capables de résorber les risques grâce à la technique.

Fig1. Typologie des natures des inondations

Eau et valeur sociale Les eaux régissent les villes médiévales, on parle alors d’”eau urbaine”, soit des eaux extraites de

9 / 109

HARE

leur milieu naturel. L’eau participe grâce au réseau hydraulique aux activités artisanales et porSAVE LIKE 2 à partir du réseau hydraulique.

DOWNLOAD tuaires. La ville de Venise a construit toute son organisation Jusqu’au

XIXe siècle, le réseau permet à la ville de Venise d’assurer l’artisanat, l’industrie et sa protection

moire "Vers des villes plus durables au regard des inondations"

hed on Oct 4, 2018 militaire.

Le réseau urbain est dense. Le modèle vénitien du XIIIe siècle inspire Louis XI qui déploie

le cadre les du Master dans le domaine à l'ENSAPL de Lille. mêmes réseaux aux"Matérialité" seins des villes du Nord.

En effet, Venise les canaux et les grands fossés de

com/lisapiquemal0/docs/lisa_piquemal_m_moire_recherches_aj

protection encadre et protège la ville. Venise reste aujourd’hui encore un modèle car la structure hydraulique est plus conservée que les autres villes médiévales. Venise est située au milieu du lagune Vénète, la ville a été construite à l’aide de pieux en chênes qui constituent les fondations sue 550 km². La grille urbaine doit pouvoir s’adapter aux fluctuations des marées. Chateaubriand décrivait Venise comme étant “une ville contre nature”. Il faut comprendre que l’eau s’infiltre dans la ville 60 8

PUB

fois par mois, ainsi la ville doit pouvoir répondre aux problèmes d’érosion, de montée des eaux et de l’humidité. Le paysage urbain est alors en constante transformation dû à la fois aux variations naturelles et artificielles, à savoir les phénomènes naturels ainsi que l‘entretien et la réhabilitation de la ville. La montée des eaux ainsi que l’érosion menacent la ville. D’ailleurs Venise a supprimé pendant 30 ans son entretien, ce qui a provoqué l’effondrement des murs de soutènement, les chaussées érodés, des bâtiments délabrés. Venise est un modèle de ville résiliente qui pourtant subit les aléas.

En effet, les eaux ont submergé la ville de 1.5 mètres. Les autorités ont pour projet de construire 73 digues flottantes afin de préserver la lagune et font appel aux dons.

La culture de la mémoire de l’eau est l’identité de la ville. Les Vénitiens se transmettent la culture de l’eau depuis maintenant 1500 ans. La ville a conservé ses réseaux d’évacuation antique et reste quelque part est un modèle de résilience. Les nouveaux plans de planification urbaine s’inspirent de ceux du passé, il s’agit donc de restaurer au lieu de reconstruire. De nombreuses villes du monde empruntent des surnoms évoquant Venise, nous connaissons Bruges et Amsterdam comme les Venises du Nord. Mais il y a également les Venise asiatique ou d’Amérique latine tel que Ayuthia, Bangkok. Venise est une référence dans l’imaginaire collectif et détient une planification urbaine des eaux efficace et unique. La ville s’inscrit dans l’imaginaire comme une utopie ou dystopie sur laquellle les urbanistes et architectes se réfèrent tout naturellement. Les grandes crues parisiennes de 1910 sont comparées aux eaux vénitiennes tandis que la projection futuriste de New York se calque à nouveau sur la logique vénitienne. L’imaginaire de la ville de Venise permet d’adopter une nouvelle “école de la résilience” qui intègre la culture du risque afin de consolider sa propre culture du risque. Le concept de résilience permet d’interroger la capacité à intégrer les questions de rupture dans la manière de penser son avenir. En effet, une contradiction est à soulever ; l’inimagibilité de la ville médiévale qu’est Venise permet de diffuser un nouvel imaginaire pour le monde entier et d’intégrer le risque de la montée des eaux dans les aménagements urbains futurs.

9

2 . C U LT U R E D U R I S Q U E Sociologie et culture du risque La culture du risque se traduit par une connaissance des acteurs et des phénomènes naturels afin de mieux appréhender la vulnérabilité des aléas naturels. La culture du risque passe par l’information des populations dans l’éducation ainsi que par la sensibilisation des individus. L’objectif est de prévoir les risques et de protéger les populations. La société industrielle fondée sur les moyens de production, le progrès et la science considère les aléas naturels comme étant plus prévisibles et maîtrisables. Nous pouvons également constater de nouveaux stratagèmes de prédiction, de prévention, d’assurance et de réparations permettant de préserver les individus en faisant progresser la culture du risque. Les acteurs publics participent à la résilience des territoires. Toutefois, les pouvoirs publics doivent être soutenus par d’autres protagonistes afin d’assurer la sécurité des populations. La pluralité des acteurs est nécessaire. Ainsi, on remarque plusieurs micro-interventions entreprises à l’échelle locale. Les habitants des zones à risque participent souvent à la gestion des crises. Une autoprotection et auto-gestion des aléas à venir sont sous-jacentes. Le niveau d’implication citoyen dépend de la conscience du risque, cette même conscience étant fortement liée à la transparence et l’information des risques.

Fig. 2 La résilience de court terme ou la résilience spécifique d’un service urbain à une perturbation

Une étude établie par Polytech Tour met en exergue quatre réactions des populations face aux aléas naturels. L’étude sociologique indique qu’une population non-informée ignorera les risques et les actions à entreprendre. La deuxième catégorie d’habitants est dans le déni et refuse d’admettre 10

les risques encourus ainsi que les réflexes à adopter en cas de crises. Puis l’étude indique qu’un autre groupe délègue la responsabilité aux politiques. Tandis que la dernière catégorie accepte les risques et adapte les habitations ainsi que les habitudes aux risques à venir. L’objectif est que tous les habitants appartiennent à la dernière catégorie des acteurs de la résilience urbaine. La conclusion est que l’information détermine le dévouement des populations. La planification de l’évacuation permet l’implication des citoyens qui intègrent la possibilité d’une crise. De ce fait, l’action publique a un rôle à jouer et influe sur l’implication des individus. C’est depuis les années 1990 que les collectivités locales intègrent la culture du risque dans sa politique. L’idée étant de réduire les risques et d’intégrer l’eau dans son aménagement urbain.

Quand la ville est fondée sur le risque, Singapour Singapour fait partie de ces villes-palimpseste qui réécrit son territoire après avoir effacé l’ancienne frontière. Pourtant, le régime singapourien ne laisse pas de place au hasard. L’accident architectural qui sculpte largement les villes occidentales a disparu. Le chaos est orchestré et la nature est maîtrisée. Singapour n’est plus influencé par l’urbanisme européen, car elle émane d’autres cultures. La ville de Singapour s’est construit sur un territoire hostile, au milieu de la jungle et cerné d’eaux. La conception de la ville a donc intégrée dès sa genèse la culture du risque. Ainsi, son architecture, sas philosophie, sa politique, sa communauté a intégré la culture du risque dans son fonctionnement.

Singapour offre à cet effet un exemple de ville résiliente.

Fig 3. Proportion des religions au sein de la Population singapourienne Singstat. Department of Statistics Singapore.

11

En effet, Singapour est d’origine multiple de par sa localisation, son activité et son histoire. La population est majoritairement constituée de malais, chinois, anglais et expatriés. Malgré tout, Singapour a suivi le parcours de villes occidentale et s’inscrit dans la liste des villes globalisées. C’est un pays multiculturel et multireligieu qui contient une des sociétés les plus plurielles au monde. Parmi les résidents (citoyens et résidents permanent), 74 % sont chinois, 13 % sont malais, 9 % sont indiens et 3,3 % est constitué d’expatriés d’autres origines. Une cohésion communautaire est maintenue par un intérêt commun : la modernisation du pays. L’idéologie officielle du multiculturalisme suit une perceptive confucéenne. Singapour cultive la diversité culturelle considérée comme une valeur sociale permettant l’égalitarisme culturel. l’Etat souhaite unir son peuple par l’intermédiaire du concept d’un «destin partagé» mentionné par Sigal Ben-Porath¹. Cette stratégie marque le passage d’une communauté libérale à une communauté belligérante, il est question de promouvoir des valeurs civiques de paix dans une situation de crise. L’Etat participe au maintien de l’appartenance et de l’implication collective. L’éducation est portée sur des valeurs civiques et adopte l’idéologie confucéenne², à savoir l’identité de groupe, conscience du devoir, discipline personnelle, honneur, primauté de l’intérêts collectifs et pragmatisme. L’Etat interventionniste permet la connivence entre les différentes communautés tout en préservant les différences religieuses et culturelles. La conséquence est la création de l’identité singapourienne dans un objectif de survie et réussite en tant que nation. Ces valeurs confucéenes règnent au sein même des sociétés, car elles sont laïques, car elles ne contiennent aucune croyance en Dieu. La première des cinq valeurs partagées étant «Nation avant communauté et société avant soi », soit la valeur fondamentale dont découle les quatre autres valeurs (suite). La valeur de «nation avant communauté» signifie qu’aucun groupe ethnique ou religieux ne priorise ses intérêts au-dessus de l’intérêt commun. L’intérêt national est la priorité³.

-------------------1.Sigal Ben-Porath, spécialiste de la citoyenneté en temps de guerre et chercheuse à l’Université de Pennsylvanie 2. Grandes école philosophiques, morales, politiques de Chine qui s’est largement rependu en Asie. Il est bien évident qu’il s’agit également de valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles et surtout religieuse.

3. Bruce Maxwell théorise le modèl emulticulturalisme et interculturalisme au Quebec, notamment par le maintien d’une culture sociétale commune par le dialogue, la compréhension mutuelle et le contact interculturel

12

Le risque à petite échelle, Paris Face à la crise de la pandémie du coronavirus, Paris se vit à l’échelle locale. L’expérience de la ville cède la place à l’expérience du quartier. La catastrophe naturelle à laquelle nous avons fait face n’a fait qu’exacerber les inégalités. Le concept de résilience est différent selon les quartiers.

L’action publique n’agit pas de la même manière sur toutes les populations. A Paris, l’architecture impose une lutte visuelle des classes. La perspective et les lignes de fuite offrent des cadres dans le cadre, un esthétique singulier comme véritable signe de richesse. Les bâtiments qui nous entourent dictent complètement notre psychologie. La lutte des classes se dessine jusque dans la géométrie des villes. La violence des classes est inexorablement exacerbée par l’architecture.

Il est intéressant de remarquer que cette violence, traduit par le rejet de l’autre permet d’apaiser les tensions internes. On peut se demander si la ville ne serait pas porteuse d’une trop grande hétérogénéité en tension les uns avec les autres. Si l’on ne côtoie que son semblable, les conflits sont moindres. L’homogénéité des lieux et des populations apaise les tensions. Le territoire est moins hostile. L’homogénéité des rues et des habitats dans un même quartier est génératrice d’un microcosme, l’entre-soi est à son paroxysme. Je suis dans une meilleure compréhension de son quartier, du sol, et de ses habitants (différent de la ville-dortoir). Mon lieu de vie est devenu un lieu de culte du corps et de l’esprit. La culture du risque dépend alors de l’appartenance sociale des habitants. Le lieu d’habitat définit les gens que l’on côtoie. Mes voisins sont la composante de mon environnement. En choisissant son lieu de vie, j’ai la possibilité de définir les contours de mon entourage. Mon quartier est également une image symbolique extérieure forte et riche.

Une forte homogénéité sociale constitue le paysage urbain. Mais cela ne signifie pas que toute la population est riche. A l’intérieur même de l’arrondissement on y trouve une très forte ségrégation. Des lieux de micro-ségrégation constitunt une irrégularité dans l’homogénéité globale. Par exemple, la villa Montmorency est inaccessible et ultra sécurisée. Le micro-quartier est alors en exergue. La consommation locale est également de mise. Peu à peu le circuit court, le commerce de proximité, ainsi que l’esthétique français se renforce. Peut-être que la résilience devrait agir à l’échelle locale et ignorer l’échelle de la Nation sans céder au phénomène de ghettoïsation ?

13

3. DETERMINISME CLIMATIQUE Héritage et amalgames Un certain déterminisme climatique s’est profondément ancré dans l’imaginaire collectif. On constate une tendance à dépeindre de manière négative les prévisions climatiques selon les zones géographiques stigmatisées. Certains pays seraient plus affectés par le dérèglement climatique, or les pays riches ne sont pas épargnés par ces aléas. On sous-estime souvent la capacité de résilience, l’intelligence, et la culture des zones géographiques du Sud. Les pays arides africains, les îles de l’Océan Pacifique, ou les inondations des villes d’Asie ne constitue pas les seules zones affectées par les dérèglements climatiques. Une pensée courante est que les pays tropicaux sont des victimes incapables de prévoir les aléas climatiques. Le déterminisme climatique est corrélé à un héritage raciste qui consiste à penser que l’intelligence humaine ainsi que de développement dépend de la situation géographique des villes. C’est en se penchant sur l’étymologie du mot climat que la source de ce déterminisme est perceptible. En effet, “climat” signifie en grec ancien klima, qui veut dire latitude. Les penseurs grecs avaient conclu que le climat variait en fonction de la latitude et que la Grèce se trouvant dans un climat moyen avait les meilleures facultés de développement.

L’argument qui défend la supériorité de la civilisation grecque était fondé leur climat plus sain et favorable à l’intelligence, la compétence et à la créativité. La pensée de Platon, Aristote soutient que les populations du Nord “pleins d’esprits manquent d’intelligence et de compétences” tandis que le climat du Sud ne permettait pas la créativité. Cette pensée a inéluctablement influencé les courants de pensée médiévaux en Europe et au Moyen-Orient, puis le siècle des lumières, et aujourd’hui le déterminisme est implicitement ancré dans la culture populaire. Or, nous savons que le danger de la montée des eaux menace des dizaines de métropoles riches et occidentalisées tel que New York, Miami, Abidjan, Rio de Janeiro... La France à elle seule compte 1.4 millions d’individus menacés par la submersion. En effet, « La France fait partie des pays européens les plus vulnérables à la submersion marine, avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas. », confirme le rapport de la Fabrique de l’écologie. Aujourd’hui, le problème du déterminisme climatique lié au racisme persiste dans l’aménagement des territoires. Pourtant, la science a cette capacité de rationaliser et de prévoir le risque de la montée des eaux. Cependant, l’action et le concept de résilience ne sont pas quantifiables, ainsi des préjugés peuvent largement influencer des hypothèses sur les populations 14

capables ou non de résilience. La plupart des prévisions concluent à la violence et au déséquilibre inévitable qui marquera les pays du Sud. L’accès à la résilience serait donc un privilège. A cet effet, les investissements internationaux, des subventions, des prêts ne sont destinés aux zones géographiques stigmatisées sous prétexte du fatalisme de certaines communautés considérée comme étant condamnées.

Composer avec l’existant, stratégie des villes du Nord Construire la baie, New York

Le 29 octobre 2012, la tempête Sandy atteint l’Etat du New Jersey. Une onde de tempête s’abat sur New York et crée un tsunami qui submerge 17 % de la ville. L’onde de tempête est formée par de vents qui soufflent à la surface de l’Océan. Cette eau périphérique monte et finit par déferler et submerger l’intérieur des terres. D’autres paramètres ont augmenté l’intensité de la catastrophe ; le niveau de la marée et la pleine lune. 19 Million de dollars de perte ont été évalués, il y a eu autant de dégâts à cause de l’épicentre du vent au sud, le vent a tourné et à formé un cyclone dans l’Océan qui par la suite atteindra le littoral.

La construction de digue est de barrage peut-être une solution, mais voulons-nous vraiment nous barricader derrière de grands murs de 10 mètres ? De plus que construire des protections demande du temps et n’est pas entièrement fiable. Par exemple, Londres a inauguré la construction de sa digue en 1982 en réaction à la tempête de 1953. Le processus a donc duré 29 ans. Cela montre que la planification se fait sur le long terme et demande 20 à 30 ans. Le projet Big U est prévu pour 2024, une ceinture de 16 km permettra d’absorber la montée des eaux. Cette zone tampon détient des espaces de balades, des terrains de jeu et des pistes cyclables. Le projet adopte une stratégie de résilience en créant une hyperstructure sur la ville existante.

« The Big U est un exemple de ce que nous appelons une infrastructure sociale. Nous nous sommes

dit : et si nous pouvions créer une infrastructure résiliente qui ne soit pas un mur entre la ville et l’eau, mais plutôt un collier de perles d’équipements sociaux et environnementaux adaptés à chaque quartier (…) ? Ce projet ne devrait pas seulement rendre le front de mer plus résilient, il devrait le rendre plus accessible et accueillant pour les citoyens. »

15

Le big U est le bassin de rétention qui constitue une infrastructure de refuge permettant de sécuriser la population. New York sensibilise à la question de la montée des eaux à l’échelle internationale sensibilisation. La nouvelle infrastructure résiliente offre vue panoramique sur le territoire tout en pratiquant le réemploi d’éléments originels. Cette infrastructure lourde s’inscrit dans l’école de l’économie du projet qui fait appel à de grands investisseurs. Il s’agit de recomposer encore une fois de recomposer avec l’existant en intégrant l’eau dans la composante du territoire, et de réparer des espaces inondables.

Digue conservatrice, Amsterdam

La ville d’Amsterdam possède un réseau de piétons développé. Le périurbain conserve sa vivacité et doit être relié de manière fluide aux pôles d’activité qui sont eux-mêmes générateur d’activité.

L’approche résiliente intéressante, car la stratégie est de composer avec les aléas tels que la montée du niveau de la mer, afin de protéger les cultures de fleurs. L’infrastructure coûte plus cher que la culture des fleurs elle-même. En effet, la culture fait partie de l’identité du pays, ainsi la ville se plie au devoir de mémoire, quoi qu’il en coûte.

Les grands investissements se manifestent en général après une catastrophe contrairement à Amsterdam qui témoigne de l’anticipation des catastrophes naturelles. La mobilisation de l’action publique ne s’effectue pas obligatoirement après la catastrophe. Les risques sont prévisibles, il est donc possible d’anticiper les aléas naturels à venir. Cet exemple de la ville d’Amsterdam rend compte des dispositifs de résilience très onéreux pouvant être appliqué dans les pays du Nord après une catastrophe traumatisante. Il s’agit souvent d’accepter l’inondation et de sensibiliser la population à la stratégie d’identification et d’analyse des risques à venir. La communauté résiliente est alors moins vulnérable.

Il est important de comprendre que l’onde de tempête est l’un des facteurs des grandes catastrophes en zones côtière. L’affaissement des villes contribue à la disparition des zones côtière indépendante des aléas climatiques

16

Recomposer, Stratégie des villes du Sud Tabula rasa, Singapour

Singapour offre une nouvelle substance urbaine, elle a été détruite et repenser en 1960. Singapour illustre le principe de tabula rasa¹, car la ville est construite au milieu de la jungle est sur l’eau dansun territoire hostile à la vie humain. La ville témoigne en 1960 de l’émergences d’architecte non occidentaux, on assiste alors à un renversement critique des idéaux. La ville suit la politique de l’urbanisme propre au ville chinoise, on pourrait même affirmer que la cité-Etat est le paroxysme du fonctionnel. L’Etat doit répondre à la pression démographique, à la précarité, à la tuberculose, au chômage, et aux bidonvilles. Une révolution urbaine en autre, qui à cette époque est la seule à inclure la notion de croissance démographique dans l’aménagement des villes. En effet, l’Occident ayant déjà connu une croissance démographique un siècle auparavant ne croit pas encore à la stratégie du tabula rasa. L’Occident a eu très peu d’influence dans ces grands travaux. Singapour a pour singularité de contenir une population disparate. En effet, la ville s’est construite sur d’ancien quartiers malais, chinois, anglais et indien. La compréhension architecturale de la Cité-état est difficilement saisissable car elle présente une grande typologie architecturale. La stratégie de Singapour a été d’introduire des paysagistes dans l’aménagement urbain². En effet, le travail paysagiste a pour particularité d’être moins onéreux, plus concilient avec son environnement originel, et permet aussi de mieux traduire les intentions. L’eau est une composante de la ville, Singapour a ses sampans déguisés en faux paysans, ainsi les éléments naturels deviennent les outils du concept de résilience. La végétation luxuriante et l’eau sont maîtrisés et exploités. Les autorités publiques prônent alors une écologique unique et contemporain pourtant le milieu naturel difficile d’où émerge la ville reste hostile en raison de sa surprotecteur qui aseptise la ville.

-------------------1.KHOOLAAS Rem, novembre 2017. La ville ou ce que l’on appelait autrefois la ville, collection Manuels Payot, p182 2. LEE SING Kong and CHUA SIAN Eng, 1992. More than a garden city, The Next Lap, Singapour, time international press édition Ng Kay Siang, p66

17

A l’écoute des cycles, l’exemple de Bangladesh et de l’Indonésie

Le Bangladesh adopte une autre stratégie. En effet, 70 % de son territoire est inondé. Dhaka contient 13 millions d’habitants, et c’est la totalité de la ville qui risque d’être inondé de 2.5 mètres de profondeur dans un futur proche. Toute la question est de savoir s’il faut ériger une protection anti-inondation ou bien s’il faut accepter l’inondation et concevoir un système urbain recevant les eaux. La population suit depuis des siècles les cours des moussons et elle se retire dans les terres en fonctions de l’arrivage des eaux². Tandis que les pays riches auraient probablement créé une digue, car dans l’imaginaire collectif occidental, l’eau doit être évacuée des rues. Pourquoi ne pas adapter la ville à ses moussons et créer des infrastructures en accord avec la nature et ses cycles ? La culture du risque influe sur les stratégies adoptées par les autorités publiques. Dhaka, exposé aux trois phénomènes récurrents propres aux villes côtières à savoir 1.la montée du niveau de la mer 2.augmentation des précipitations 3.enfoncement progressif en raison de l’augmentation du poids propre de la ville.

Jakarta est une ville côtière d’Indonésie située sur le point de rencontre de 13 rivières. Le terrain est sur une zone à risque élevé d’inondation. On compte 40 % de la ville situé en dessous du niveau de la mer. La région concernée par les autorités provinciales comprend 110 îles. Les aléas hydrométéorologiques ont causé de nombreux dommages dans les zones à proximités des berges des rivières. Des milliards de dollars d’investissements dans la construction ont été perdus pour la ville de Jakarta en raison des inondations annuelles ainsi que des cycles de cinq ans d’inondation importantes. Un système d’alarme rapide a été mis en place et prévient les habitants de la montée des eaux à venir. Le processus est multipartite et a fait intervenir les autorités publiques en accord avec des partenaires locaux. La modernisation du système d’alarme rapide résulte de l’intérêt et des rôles des acteurs divers directement impliqués. La première démarche consistant à créer de l’aménagement urbain a provoqué de nouveaux schémas d’organisation.

-------------------1.GOURBESVILLE Philippe, 2013. Organiser la résilience des territoires, Arte Prima , AAM Editions, AREP

18

La préparation aux inondations a été rationalisée, des centres de coordinations ont armé les institutions et la société civile de procédures à suivre en cas d’alerte. Les pratiques appliquées témoignent de l’importance des institutions locales qui diminue les risques liés aux catastrophes naturels. L’impact immédiat des engagements politiques locaux permet la résilience de la ville de Jakarta. On remarque que la collaboration entre les gouvernements locaux, les organisations de la communauté et les agences internationales a permis de développer plus d’intérêt pour les sociétés vulnérables à des risques naturels.

Le Bangladesh se prépare à la mousson

-------------------1.Stephan Hymer, dans son ouvrage World System Value paru en 1972, soutient la théorie selon laquelle l’influence des villes du Sud est sous-éstimé. Le philologue Stephan Hymer considérait que le pôle de décision s’effectuerait uniquement dans les pays occidentaux, laissant le tiers-monde en périphérie. Prisonnier d’une réflexion traditionnelle qui conçoit l’hégémonie des villes du Nord au détriment du reste du monde soumis aux activités de basse qualification.

2. Géographe allemand Fred Scholz théorise de la fragmentation et du «dualisme».

19

CONCLUSION Aujourd’hui, la ville traditionnelle n’est plus adaptée au phénomène naturel. Il est illusoire de vouloir construire une protection pour la totalité de la population face aux risques. La ville doit pouvoir s’adapter aux crises. Et, la crise doit permettre d’améliorer son organisation ainsi que ses fonctions et services. Une cartographie a donc été élaborée et permet de simuler une inondation. Il est donc possible d’anticiper la modification des activités urbaines et les de ses fonctions ; distribution de l’énergie, distribution et collecte d’eau, transports, collecte des déchets, réseaux de communications. Le système de réglementation européen consistant à classifier les risques par niveau est trop rigide. Les réglementations actuelles sont incompatibles avec les aléas de forte intensité. Or, les catastrophes naturelles s’intensifient du fait du règlement naturel. La violence des aléas semble dépasser les politiques d’anticipation et la jurisprudence qui se base sur des généralités immuables.

Le système statique ne correspond pas à la réalité dynamique du monde. Le risque partagé doit être pris en considération contre la déresponsabilisation.

Ce rapport témoigne des transformations imposées par les aléas naturels en essayant de les interpréter. Paris confiné s’est présenté à moi comme un laboratoire sémantique. La ville est analysée dans notre enseignement à la manière d’un anthropologue, elle est archivée et clonée à partir de ses rues, ses parcs, ses boulevards. Nous ignorons les villes modernes situées en Afrique, dans le monde arable et en Asie qui n’ont plus rien à envier aux villes du Nord. La définition des nouveaux contours des pôles d’influence modifie le statut intrinsèque des villes. L’urbain post-confinement offre des outils de compréhension. Je souhaitais m’aventurer dans des territoires inconnus et explorer d’autres systèmes, et évoquer la mort du territoire et la profusion du non-démocratique. Dans quelle mesure peut-on parler de la mort du territoire ? On assiste à la dispersion planétaire de la production et à la concentration du pouvoir. Il est clair qu’il y a une concentration des activités de prise de décision, et de relation entre les marchés des capitaux. Tandis que le reste du monde se consacre à l’économie de production. Le contrôle de ces villes, de ces centres névralgiques de décision influe à l’échelle mondiale sur la structure et la dynamique des domaines de la production et de l’emploi. La mondialisation a causé la mutation des villes. Le dualisme urbain marque la fin des espaces, de ces frontières et de ces limites.

Il est difficile de définir les conséquences directes du monde globalisé sur nos villes, en revanche 20

certains constats sont évidents : le déclin de l’influence occidentale sur la conception des villes de demain permet la croissances de villes géantes dans des pays moins développés. Les pays témoignent d’un détachement des villes de l’arrière-pays, et l’ébranlement des centres industriels des pays riches. Les villes semblent s’entrelacer entre elles, et à cet effet renforcer l’hétérodoxie d’un monde globalisé où le contrôle s’exerce par le biais de la production des services (banque, finance, pôle d’innovation et savoir). La mort du territoire se traduit également par une structure fragmentée.

Cette violente fraction est présente au sein même des villes et elle prend le dessus sur la scission entre “ villes du Nord ” et “ villes du Sud ”. Le tissu social urbain est intrinsèquement déséquilibré.

En effet, la fragmentation s’effectue entre villes concurrentes soumises à la loi du marché, mais également au sein même de la ville où est orchestré une polarisation sociale. Le clivage entre zones riches et pauvres se propage et s’accentue. La géométrie des villes reflète ce déséquilibre entre zone de surabondance et zone de survivance qui malgré tout participe au maintien du marché. Des morceaux de territoire sont impénétrables et s’opposent au gated communities planétaires. Le territoire fragmenté contient de multiples enclaves contrastées. “Manhattan a besoin du Bronx”

Le rapport est certainement la résultante d’un parcours personnel qui s’est enrichi de nombreuses expatriations. Mon expérience de l’international m’a permis d’analyser les villes de les confronter entre elles. J’apprécie le travail consistant à analyser et à déconstruire les villes me permettant d’explorer les stratégies gouvernementales différentes que celles de l’Europe. Le confinement offre une nouvelle substance urbaine et exacerbe le déclin de l’influence urbaine des villes occidentales sur le monde. En effet, le rapport m’a permis une immersion dans les mécanismes urbains et sociologique face aux crises. Je souhaitais explorer les psychologies, les cultures et les moyens déployés selon le niveau de richesse des pays. Ce rapport a été pour moi l’occasion de nourrir mon envie d’appréhender l’après, et de comprendre les façons dont nous pouvons résorber les bouleversements afin de survivre à cette période étrange déterminée par la pandémie du COVID-19. Cependant, ce travail a permis une remise en question quant à mon choix d’orientation. Persuadée de ne plus vouloir entreprendre des études d’urbanisme pur, ces derniers jours ont été révélateurs quant à mon orientation. En effet, je souhaite désormais poursuivre un Master d’architecture et étudier la typologie des édifices à une échelle plus restreinte. Aujourd’hui, je souhaite pouvoir me consacrer à l’architecture durable. J’ai choisi le DE Ecologie qui aborde le sujet de la durabilité et explore les manières de promouvoir la durabilité par des théories de projet architecturaux et contemporain.

21

BIBLIOGRAPHIE .Cyrulnik Boris. 1999, Un merveilleux malheur, Editions Odile Jacob, Poche. .Foucault M., 1978, Sécurité, Territoire, Population Cours au Collège de France .GOURBESVILLE Philippe, 2013, Organiser la résilience des territoires, Arte Prima , AAM Editions, AREP .HIMMER Stephan, World System Value .KHOOLAAS Rem, novembre 2017. La ville ou ce que l’on appelait autrefois la ville, collection Manuels Payot .LEE SING Kong and CHUA SIAN Eng, 1992. More than a garden city, The Next Lap, Singapour, time international press édition Ng Kay Siang .November V., 2006, Le risque comme objet géographique, Cahiers de Géographie du Québec, vol.50, n°14, p.289-296 .Serre D., 2011, La ville résiliente aux inondations Méthodes et outils d’évaluation. Architecture, aménagement de l’espace. Mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches, Université Paris-Est .Theys J., 2000, Développement durable, villes et territoires ; Innover et décloisonner pour anticiper les ruptures, n°13, Publications du centre de prospective et de veille scientifique sur le thème du développement durable. .U.S. Department of Homeland Security, 2006, National Infrastructure Protection Plan, http://www.dhs.gov/files/programs/editorial_0827.shte

TABLE DES ILLUSTRATIONS .Figure 1. Typologie des natures des inondations .Figure 2. La résilience de court terme ou la résilience spécifique d’un service urbain à une perturbation .Figure 3 .Proportion des religions aux sein de la Population singapourienne Singstat. Department of Statistics Singapore.

.Figure 4. Le Bengladesh se prépare à la mousson

22

Résilience des villes

face à la montée des eaux

Le rapport s’inspire de mon analyse de la ville de Paris en crise face au Covid-19, et la stratégie des villes pauvres ou riches faces à une catastrophe naturelle et plus particulièrement à la montée des eaux. J’analyse les phénomènes à l’origine des inondations afin de faire émerger l’analyse des préventions, des réactions, et des réparations. La confrontation des expériences permet de comprendre les limites des stratégies adoptées. L’idée étant de comparer différents modèles de ville urbaine et d’en faire ressortir des idéaux-type fondés. Aujourd’hui, la ville traditionnelle n’est plus adaptée au phénomène naturel. Il est illusoire de vouloir construire une protection pour la totalité de la population face aux risques. La ville doit pouvoir s’adapter aux crises. Et, la crise doit permettre d’améliorer son organisation ainsi que ses fonctions et services. C’est par le biais du concept de résilience que j’aborde la problématique de la montée des eaux. En effet, la résilience s’offre comme une solution permettant d’interroger la capacité à intégrer les questions de rupture dans la manière de penser l’avenir des territoires et des villes.

RAPPORT

DE

FIN D’ETUDE

Juillet 2020 Christl-Irène Lussner Enseignant Laurent Gaissad

aléas naturels - territoire - résilience - durabillité - sociologie - prévention